Tag: littérature

  • Nina Yargekov – double nationalité

    Nina Yargekov – double nationalité

    Nous revoici à la Librairie Kyralina, parmi les livres. Des livres tous en français, mais dans certains cas traduits d’autres langues… Précisément, notre invitée d’aujourd’hui s’interroge sur la mécanique de la traduction, sur les ressorts et dans certains cas sur le comportement limite schizophrénique que peut sous-tendre une telle démarche. Y a-t-il un drame dans tout cela ? Peut-être, mais il y a aussi beaucoup d’humour…



    Nina Yargekov a bousculé la scène littéraire et les milieux de la traduction en exposant et en disséquant, à la vue de tous, une problématique sociétale aussi actuelle qu’évitée — l’entre-deux (deux pays, deux langues, deux cultures). C’est tout l’enjeu du roman « Double Nationalité », paru en 2016 chez POL, en France, roman que lécrivaine présente ces jours-ci en Roumanie, à Bucarest, Timisoara, Arad et Cluj. L’entre-deux est partout, mais de quoi a-t-il l’air vraiment ? Pour nous aider à explorer autant de dimensions que possible de ce phénomène, nous avons avec nous aussi Lavinia Braniste, écrivaine et traductrice, et Sever Ioan Miu, journaliste, un des fondateurs de la plate-forme de dialogue roumano-hongroise MaghiaRomania.





  • La semaine de la littérature et de l’illustration pour la jeunesse

    La semaine de la littérature et de l’illustration pour la jeunesse

    C’était une première pour nous – RRI et la librairie française Kyralina, puisque nous sortions du studio ad hoc mis en place dans une salle de la librairie. Cette première, nous la faisons aujourd’hui, en parlant de la nouvelle édition de la Semaine de la littérature et de l’illustration pour la jeunesse (organisée, en partenariat, par le Lycée français, l’Institut français de Bucarest, la Délégation Wallonie-Bruxelles). Nous avons à nos côtés quatre auteurs et illustrateurs de livre pour les jeunes, qui nous aiderons à mieux comprendre en quoi se distinguent la littérature et l’illustration de livre jeunesse des autres genres littéraires, à mieux comprendre leur travail : Kitty Crowther, François Place, Fanny Chartres et Cristina Radu.



  • Jean Bofane – cette Afrique comme un jeu vidéo…

    Jean Bofane – cette Afrique comme un jeu vidéo…

    Il y a ces livres que l’on a du mal à classer, qui exposent la tragédie, le cynisme et le désespoir tout en gardant un sens de l’humour sain et contagieux. « Congo Inc. » de Jean Bofane – Grand Prix du roman métisse et Prix des cinq continents de la francophonie – est une telle création… Jean Bofane est un écrivain belge originaire de la République démocratique du Congo. Il était à Bucarest à linvitation de la Délégation Wallonie-Bruxelles et de lInstitut français de Roumanie. Quelle littérature congolaise? Comment le RDC se voit depuis la Roumanie?



    Nous voyagerons aujourd’hui en terre plutôt méconnue qu’inconnue, en avant-première à la parution de la version roumaine de « Congo Inc. » de Jean Bofane qui paraîtra aux éditions Casa Cartii de Stiinta de Cluj. Et pour nous aider à comprendre comment cette terre africaine se voit aussi depuis la Roumanie, nous avons Damiana Otoiu, chargée de cours à la Faculté de sciences politiques de l’Université de Bucarest, experte en politique et politiques urbaines en Afrique australe et notamment en RDC. Une émission enregistrée en public, à la Librairie française Kyralina de Bucarest, et animée par Valentine Gigaudaut (Kyralina) et Andrei Popov (RRI)




  • Max Blecher – la dissection de la maladie

    Max Blecher – la dissection de la maladie

    Redécouvert depuis peu de temps par les critiques littéraires et par les lecteurs, l’écrivain Max Blecher est rapidement devenu un nom important pour le public amoureux de littérature, tant par la valeur de son œuvre que par sa destinée tragique. Né en 1909 à Roman, Blecher apprend, à 19 ans, qu’il souffre de tuberculose osseuse, le mal de Pott. Suite à cette maladie incurable, l’écrivain a passé les dix autres années de sa vie immobilisé au lit ou dans des sanatoriums roumains et étrangers, avant de s’éteindre à 29 ans. Ses expériences liées à la maladie, et non seulement, figurent dans ses romans « Aventures dans l’irréalité immédiate » et « Cœurs cicatrisés » ainsi que dans l’ouvrage posthume « La tanière éclairée ».



    Son nom était déjà bien connu des cercles littéraires, car Max Blecher avait débuté en 1930, dans la revue « Bilete de papagal » dirigée par le poète Tudor Arghezi et il était associé à l’avant-garde. Quoique immobilisé à cause de la maladie, se trouvant parfois à des centaines de km du pays, Max Blecher a publié de manière assez intense tant des vers que de la prose. Il a également entretenu une correspondance avec des hommes de culture roumains et étrangers tels que les avant-gardistes Geo Bogza, Ilarie Voronca et Saşa Pană, mais aussi avec André Breton et André Gide.



    Sa souffrance, connue de son vivant, a également marqué la manière dont ses écrits ont été perçus. Les questions suivantes se posent : dans quelle mesure son destin tragique a-t-il influencé son accueil par la critique, mais aussi par les lecteurs, et dans quelle mesure ses écrits sont autobiographiques ou vont au-delà de cette caractéristique.



    Doris Mironescu, auteure du livre « La Vie de M. Blecher. Contre la biographie », essaie de fournir quelques réponses : « En fait, que fait Blecher, en étant parfaitement conscient de cela ? Ses livres sont, en partie, autobiographiques, ce sont des journaux de sanatorium ou en dehors du sanatorium. Mais ce côté autobiographique est beaucoup modifié et transformé en quelque chose de différent. Il y a, dans une certaine mesure, une sorte d’identification sentimentale avec l’auteur et cela peut en quelque sorte influencer son choix comme auteur de prédilection ou comme héros littéraire. Mais cela ne suffit pas. L’identification avec un auteur ne peut pas suppléer à la valeur d’une œuvre…



    La fable biographique aide, dans une certaine mesure, à accueillir l’œuvre, dans le sens qu’elle inculque aux lecteurs de toutes les époques une volonté d’être du côté de l’auteur. C’est bien ce qui s’est passé avec Blecher. Les chroniqueurs qui lui étaient favorables à l’époque de l’entre-deux-guerres ont l’impression de faire un acte de justice. La même chose se répète en 1970, lorsque Blecher est réédité. Les critiques roumains le récupèrent. Tous veulent le sauver de l’agression de l’oubli qui l’avait recouvert pendant 30 ans, qui avait écarté ce grand écrivain de la littérature roumaine. S’il y a une influence de la biographie de Blecher sur sa réception, elle n’est pas professionnelle, mais c’est bien qu’elle existe ».



    Les personnages principaux des livres de Max Blecher, qui apparaissent comme un alter-ego de l’auteur, semblent percevoir la réalité sous l’angle de la maladie, mais cette perception n’est nullement viciée par la pathologie, elle est extrêmement originale et indépendante de la maladie. Blecher, comme Emanuel, son personnage de « Cœurs cicatrisés », par exemple, regarde autour de lui avec une grande soif de vivre, en dépit de sa maladie, remarque Marieva Ionescu, un des rédacteurs récents de l’œuvre de Blecher : « Le regard du narrateur des romans de Blecher est un regard très attentif. Il considère le tout d’un œil de poète. Emanuel, le héros de Cœurs cicatrisés, est attentif à tout ce qui se passe autour de lui, à commencer par les objets, les gens, son propre corps, ses sensations, la nature… Il regarde d’abord comme un étranger ce monde du sanatorium, puis il commence à s’identifier peu à peu aux autres patients. »



    Max Blecher a essayé de participer — tant que la maladie le lui permettait — aux questionnements sociaux et politiques de son époque. Doris Mironescu, chargée de cours :: « Blecher participe à la vie politique de son époque. Ce côté existe dans une moindre mesure dans sa littérature, mais elle existe dans la correspondance. Toute cette quantité de nouvelles informations qui se sont fait jour sur Blecher este immense. Tout cela nous donne une image quelque peu corrigée sur Blecher, peut-être moins pure que nous ne le pensions. Blecher était un homme de son temps. »



    Combien Blecher était intéressé par les idées de son époque, on peut le voir aussi dans le film réalisé par Radu Jude en 2016 et inspiré de son œuvre, Cœurs cicatrisés. Les lecteurs étrangers peuvent également entrer dans l’univers de Max Blecher grâce aux traductions en français, anglais, italien et aussi en polonais. (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Dans Bucarest, sur les traces de Mircea Eliade

    Dans Bucarest, sur les traces de Mircea Eliade

    Pour marquer le 110e anniversaire de la naissance de l’écrivain et philosophe Mircea Eliade, nous vous proposons aujourd’hui un itinéraire culturel qui vous fera découvrir des rues bucarestoises dont l’auteur parle dans ses romans. A compter du 30 mars dernier, les itinéraires culturels « A travers le Bucarest de Mircea Eliade » se poursuivront pendant tous les week-ends jusqu’au 27 avril. En 2015, ce projet a attiré plus de 5 mille participants pendant seulement quelques week-ends de promenade à travers la ville.



    Edmond Niculuşcă, président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité (ARCEN) nous parle de ce projet: « Nous venons de fêter le 110e anniversaire de la naissance de Mircea Eliade, ce qui nous a incité à un retour sur son œuvre littéraire, pour la regarder, pourquoi pas, sous un nouvel angle. Notre projet — « Eliade 110 » comporte deux conférences et 6 itinéraires culturels, « A travers le Bucarest de Mircea Eliade », comme nous les avons appelés.



    La première conférence, déjà tenue à l’Institut français de Bucarest, a porté sur 7 endroits dont Eliade parle dans ses romans et qui sont à retrouver presque tous dans la capitale roumaine d’aujourd’hui. La dernière conférence portera sur un personnage féminin: Ileana — qui apparaît parfois sous les noms dérivés de Leana, Lena, Elena, mais qui est la même représentante de la féminité. Elle porte également d’autres noms dans ses nouvelles fantastiques et dans ses romans « La nuit bengali » et « Forêt interdite »



    Les « Promenades à travers le Bucarest de Mircea Eliade » réunissent des histoires sur les anciens faubourgs et sur l’architecture de la ville, sur l’enfance de Mircea Eliade et des fragments de prose fantastique datant de la période de son exil. Le point de départ en est à chaque fois le même : 20, rue Mântuleasa, tout près de l’église Mântuleasa. Nous avons demandé à Edmond Niculuşcă si les rues de Bucarest gardaient encore leur charme pittoresque d’autrefois : « Il y a des maisons qui gardent encore leur ancienne peinture. Ce sont des veilles maisons, bâties avant la première guerre mondiale et qui ont une cour profonde, plantée de vigne et d’arbres fruitiers.



    D’autres parties de cette zone ont été mutilées, comme toutes les zones historiques de la capitale, d’ailleurs. Nous avons choisi à dessein, pour ces promenades, des rues qui gardent encore de nombreux endroits précieux, où le paysage culturel et l’identité du quartier restent assez proches du Bucarest tranquille d’autrefois, du Bucarest des faubourgs et des quartiers résidentiels du début du 20e siècle. »



    Ce projet est une invitation à mieux connaître la ville et, en même temps, une invitation à la lecture : « C’est une invitation à regarder la ville sous un autre angle. Les personnages de Mircea Eliade ont tous une relation affective avec la ville. C’est pourquoi, lors de nos promenades, nous souhaitons justement découvrir comment on peut vivre la ville et comment la ville peut vivre à travers nous.



    Et c’est aussi une invitation à la lecture, car tout l’itinéraire, toutes les haltes correspondent à un passage d’un récit ou d’un roman de Mircea Eliade. C’est aussi une invitation à se rapprocher davantage de la ville. Car, de nos jours, la relation entre les Bucarestois et leur ville n’est pas saine. Or, cette relation toxique se reflète dans ce qui se passe dans les rues anciennes de la capitale, soit les mutilations de la ville et la perte de son identité ou de sa mémoire. »



    Au-delà des détails concernant les particularités de la zone où Eliade a passé son enfance, les deux guides, Alberto Groşescu et Edmond Niculuşcă, ont enchanté les participants en leur présentant des histoires, des mémoires, en évoquant des concepts propres à l’époque et en dressant un portrait de l’habitant des faubourgs d’antan.



    Et puisque le projet s’achève fin avril, Edmond Niculuşcă lance une dernière invitation: « Nous attendons les Bucarestois samedi et dimanche, 20, rue Mântuleasa, pour une promenade d’une heure à travers le Bucarest de l’enfance de Mircea Eliade. Enfant, il allait à l’école Mântuleasa, il se rendait chez ses grands-parents, dont la maison se trouvait dans l’impasse Mătăsari, il allait voir sa sœur, rue Traian. C’est là tout un espace de l’enfance, un espace mythique, qui se retrouvera plus tard dans ses écrits fantastiques. »



    La série d’événements « Eliade 110 » est organisée en collaboration avec l’Institut français de Bucarest, car la France a joué un rôle décisif dans la vie de Mircea Eliade: elle a été son premier pays d’adoption, c’est là qu’il a enseigné à l’École pratique des hautes études, c’est elle qui lui a frayé la voie de l’universalité, qui a traduit et publié ses livres. (trad. : Dominique)

  • Barbara Abel, plume aiguisée

    Barbara Abel, plume aiguisée

    Le magazine littéraire de RRI réalisé en partenariat avec la Librairie Kyralina de Bucarest accueille une rencontre de Barbara Abel, figure de marque du polar francophone, avec le public de Roumanie. Avec Valentine Gigaudaut, directrice de Kyralina, et Andrei Popov de RRI, elle parle de roman policier au féminin, au masculin et tout court, en avant-première à la parution de la version roumaine de son roman « L’instinct maternel ».


    Lécrivaine sest d’ailleurs trouvée à Bucarest dans le cadre du programme sur polar belge en Roumanie, déroulé par la Délégation Wallonie Bruxelles à Bucarest, dont le chef, Eric Poppe, a levé le voile sur les nouveautés 2017 de ce projet. Cette émission est enregistrée en public.





  • Essayez-vous à “l’Encre noire”

    Essayez-vous à “l’Encre noire”

    Après le succès remporté en 2016 par le projet « Focus sur le roman policier belge», la Délégation générale Wallonie-Bruxelles à Bucarest, les éditions Crime Scene Press et le Romanian Crime Writers Club (RCWC) organisent un nouveau concours décriture créative de littérature policière, à lattention cette fois des étudiants roumains. Une compétition à laquelle RRI se réjouit de s’associer et qu’elle recommande, en attendant d’accueillir à son micro les nouveaux Georges Simenon en herbe.



    Tous les étudiants de nationalité roumaine peuvent y participer, à condition quils soient inscrits dans une université de Roumanie, publique ou privée.



    Le candidat na le droit de déposer quun seul texte, au choix en roumain ou en français. Les textes feront au maximum 5 pages (10.000 caractères en police Times New Roman, taille 12) et pourront être rédigés soit en roumain, soit en français. Les textes doivent être transmis avant le 23 avril à minuit, uniquement en format électronique, à ladresse : concursromanpolitist@gmail.com



    En fonction du succès remporté par le concours, les 15 meilleures nouvelles pourraient être compilées et publiées dans un recueil de nouvelles édité par les éditions Crime Scene Press.



    Des prix récompenseront les trois meilleurs textes en français et les trois meilleurs textes en roumain. Le règlement complet du concours, les documents nécessaires à linscription et davantage dinformations sont disponibles sur le site – www.cernealaneagra.com – ou sur Facebook – https://www.facebook.com/events/262174510873733/


    Les membres du jury pour le concours en français sont : Andreï Popov (journaliste à Radio Roumanie Internationale), Mihaela Dedeoglu (journaliste à RFI Roumanie), Valentine Gigaudaut (Directrice de la Librairie française Kyralina), Sylvain Audet (professeur de français et traducteur), Cyrielle Diaz (Responsable du Bureau du livre et de lécrit à lInstitut français) et Eric Poppe (Délégué général Wallonie-Bruxelles à Bruxelles).



    Les membres du jury pour le concours en roumain sont : George Arion (auteur de romans policiers et éditeur), Alexandru Arion (journaliste et éditeur – Crime Scene Press), Stelian Țurlea (écrivain et journaliste), Caius Dobrescu (écrivain et professeur universitaire) et Gabriel Bota (écrivain, directeur artistique et co-fondateur du Festival International du Livre Transilvania).



    Des informations relatives à ce concours décriture sont disponibles sur le site officiel du concours : http://www.cernealaneagra.com



    Organisateurs : la Délégation générale Wallonie-Bruxelles à Bucarest, les éditions Crime Scene Press et le Romanian Crime Writers Club (RCWC).



    Partenaire : la librairie française Kyralina.



    Partenaires médias : Regard, RFI Roumanie et Radio Roumanie Internationale.



    Personne de contact : Gabriela Dobre, Chargée de la Culture et de la Communication à la Délégation générale Wallonie-Bruxelles à Bucarest, gabrielawbb@rdsmail.ro, tél.: 021 314 06 65.

  • Le Festival international de littérature de Bucarest

    Le Festival international de littérature de Bucarest

    Au programme cette année – deux soirées de lectures publiques et de débats au Club du Paysan, ainsi qu’un événement consacré aux étudiants, réalisé en collaboration avec le Département des sciences de la communication de la Faculté de lettres de l’Université bucarestoise. La soirée de lectures publiques et de débats du 8 décembre a offert aux passionnés de littérature la chance de rencontrer les écrivaines Irina Teodorescu (France), Veronica D. Niculescu, Lavinia Branişte et Irina Georgescu Groza. La traductrice et écrivaine Veronica D. Niculescu nous raconte comment est né son roman « Vers les vallées de jade et d’ivraie » , paru cette année aux Editions Polirom. C’est le deuxième livre publié par Veronica D. Niculescu cette année, après « Hibernalia », une suite de la « Symphonie animalière » : « Le roman « Vers les vallées de jade et d’ivraie », que j’ai mis 3 ans à écrire, a été au début, une sorte de jeu. C’est l’histoire d’une très jeune fille qui écrit un livre. Or, mon personnage écrit un livre complètement différent de ce que j’écris, moi, normalement. J’ai choisi cette formule, car j’ai souhaité depuis toujours d’inclure, dans un livre que je suis en train d’écrire, le livre d’un personnage. Et j’attends d’ailleurs aussi le jour où je pourrais inclure dans un de mes livres les poèmes d’un personnage qui soit un homme ou un animal. Pour en revenir à l’histoire qu’écrit cette très jeune fille, il s’agit d’un conte de fées en vers. Au moment ou j’ai terminé ce conte, je ne savais même pas qu’il allait être intégré à ce roman. Après avoir fini de l’écrire, je me suis rendu compte que je souhaitais que mon roman soit l’histoire de cette fille. J’ai donc ébauché mon personnage à partir du conte en vers. »

    Lavinia Branişte a débuté par un volume de poésie, elle a continué par deux volumes de récits et un livre pour enfants. Comment en est-elle arrivée à écrire un roman, « Intérieur zéro », publié cette année aux Editions Polirom ? « J’ai été pendant longtemps une passionnée du récit – et je le suis encore. D’ailleurs, initialement, ce livre devait être un livre de récits. Pourtant, les différents fragments ont commencé à se lier les uns aux autres plus que je ne l’aurais imaginé et j’ai fini par accepter cette structure en train de se créer. C’est une histoire qui a traversé mon esprit pendant que je discutais avec un de mes amis, le poète Vasile Leac, qui se trouvait en Allemagne et qui récoltait des poireaux et des citrouilles. Moi, je le jalousais pour son expérience exotique sur laquelle j’étais sûre qu’il allait écrire. Le motto du livre a découlé de cette conversation avec mon ami ; c’est, en fait, une interrogation de Vasile Leac: « Pourquoi ne comprenons-nous pas la vie ? » La façon dont il a formulé sa question m’a beaucoup plu et alors l’idée m’est venue d’écrire un livre sur notre incompréhension de la vie. C’est que je me trouvais justement moi-même dans une situation où tout semblait bien se passer, j’étais un être accompli, pourtant j’étais horrifiée en pensant que c’était cela, le bien dans la vie. Et je ne comprenais pas si je devais, oui ou non, souhaiter autre chose. »

    Avec son livre « La malédiction du bandit moustachu », Irina Teodorescu a décroché en France le Prix André Dubreuil du premier roman. La version roumaine, que nous devons à la traductrice Mădălina Vatcu, a été publiée cette année aux Editions Polirom : « En France, ce roman a été très bien accueilli, notamment par la presse et la critique. Pourtant, j’ai également eu des réactions de lecteurs français, qui n’ont pas manqué de se sentir parfois perdus devant la multitude de noms roumains, la plupart inhabituels pour eux. Mes personnages auraient néanmoins pu exister n’importe où, car l’action du roman se déroule quelque part dans l’Est de l’Europe, il n’est précisé nulle part que c’est en Roumanie, les noms des personnages étant les seuls à le faire soupçonner. »

    Lors des soirées de lectures publiques organisées dans le cadre du Festival international de littérature de Bucarest, Irina Georgescu Groza a proposé un fragment de son premier livre : « Au-delà des fenêtres » – un volume de récits publié par la Maison de paris littéraires. Irina Georgescu Groza parle de son retour à la littérature : « L’envie d’écrire m’est revenue quand j’étais en Belgique, pays que j’ai habité, pendant un certain temps, avec ma famille. C’est peut-être à cause du fait que je n’avais pas d’amis, que j’avais assez de temps et mon travail ne m’attirait pas. Il m’arrivait même d’écrire de la littérature tout en étant au bureau. J’écrivais en roumain et mon chef flamand s’imaginait peut-être que ces longs emails étaient écrits pour sa corporation. De retour en Roumanie, j’ai décidé, à un moment donné, que le temps était venu pour moi de faire ce que j’aimais, c’est-à-dire d’écrire. J’ai participé à un atelier d’écriture créative organisé par la Revue de contes – un très bon cours consacré au récit. J’ai commencé à aimer le récit – alors que j’avais déjà écrit deux romans. J’ai rencontré des écrivains que je ne connaissais pas, j’ai beaucoup lu et j’ai commencé à écrire des récits. Et j’ai oublié la croissance économique qui hantait mes pensées lorsque je travaillais dans cette entreprise de Belgique. »

    Les lectures publiques durant lesquelles les écrivaines invitées dans notre émission ont présenté des fragments de leurs plus récents livres ont été suivies d’un débat sur « l’écriture féminine ». ( Trad.: Dominique)

  • Simenon par Simenon

    Simenon par Simenon

    Nous accueillons un enfant de la littérature. C’est quelqu’un qui porte un nom très sonore mais qui, dit-il, n’est surtout pas « le gardien d’un temple ». A la Librairie francophone Kyralina de Bucarest, John Simenon, fils de Georges Simenon, auteur repère de la littérature belge et mondiale -, a parlé, avec le public roumain, dhéritage dans tous les sens du terme, mais surtout littérature et roman policier. 2016 était d’ailleurs l’année du polar belge en Roumanie, un programme déroulé par la Délégation Wallonie Bruxelles à Bucarest. Le chef de cet organisme, Eric Poppe, était également de la compagnie pour évoquer – au micro de Valentine Gigaudaut, directrice de Kyralina, et dAndrei Popov – ce programme dans le cadre duquel John Simenon sest trouvé dans la capitale roumaine.




  • 07.12.2016 (mise à jour)

    07.12.2016 (mise à jour)

    Loi — La Cour constitutionnelle de Roumanie a ajourné au 14 décembre le débat sur les saisines déposées par le Parti national libéral et par le gouvernement au sujet de la loi modifiant le décret gouvernemental relatif aux salaires du personnel rémunéré par des fonds publics. Le 7 novembre, le plénum de la Chambre des Députés avait adopté cette loi ainsi que l’intégralité de ses amendements élaborés par les commissions spécialisées et qui prévoient des majorations de 15% des salaires dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Le premier ministre technocrate Dacian Ciolos a annoncé par la suite que le gouvernement était obligé de demander un contrôle de constitutionnalité de la loi adoptée par le Parlement.



    Ukraine — Le ministre roumain des Affaires étrangères, Lazăr Comănescu, a réitéré, mercredi, le soutien sans équivoque de Bucarest pour l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ainsi que pour le développement de la coopération entre les autorités de Kiev et l’Alliance de l’Atlantique Nord. Présent à Bruxelles, à la réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats de l’OTAN, Lazăr Comănescu a encouragé les efforts de réforme interne en Ukraine. Les participants ont également examiné la situation en Afghanistan ; dans ce contexte, le chef de la diplomatie de Bucarest a présenté la contribution significative de la Roumanie aux engagements de l’Alliance dans ce pays.



    Festival — Coup d’envoi ce mercredi de la 9e édition du Festival international de littérature de Bucarest, qui doit s’achever le 9 décembre, annonce Agerpres. A l’affiche de l’édition 2016 figurent aussi deux soirées de lectures publiques et de débats au Club du paysan roumain ainsi qu’un événement dédié aux étudiants, réalisé en collaboration avec le Département de sciences de la communication de la Faculté de lettres de l’Université de Bucarest. Durant ses neuf années d’existence, le Festival international de littérature de Bucarest a facilité les rencontres de 114 écrivains de 25 pays. Un projet réalisé avec l’appui du ministère de la Culture et de l’Institut culturel roumain, le festival est l’unique événement de ce genre de Roumanie, pays qui a été présent au plus important festival de littérature au monde, celui d’Edimbourg, en Ecosse, en août 2015.



    Tennis de table — Les joueuses roumaines de tennis de table Adina Diaconu et Andreea Dragoman ont conquis, mercredi, au Cap, en Afrique du Sud, la médaille d’or à l’épreuve de double des Championnats du monde de juniors. Dans la finale, les Roumaines ont dépassé par 4-2 dans les matches les Japonaises Hina Hayata et Miyu Kato. A l’épreuve individuelle, Adina Diaconu a remporté la médaille de bronze, après avoir perdu, dans les demi-finales, par 0-4 devant Mak Tze Wing (Hong Kong).

  • Le flash – 07.12.2016

    Le flash – 07.12.2016

    Loi – La Cour constitutionnelle de Roumanie a ajourné pour le 14 décembre le débat sur les saisines déposées par le Parti national libéral et par le gouvernement au sujet de la loi modifiant le décret gouvernemental relatif aux salaires du personnel rémunéré par des fonds publics. Le 7 novembre, le plénum de la Chambre des Députés avait adopté cette loi ainsi que l’intégralité de ses amendements élaborés par les commissions spécialisées et qui prévoient des majorations de 15% des salaires dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Le premier ministre technocrate Dacian Ciolos a annoncé par la suite que le gouvernement était obligé à demander un contrôle de constitutionnalité de la loi adoptée par le parlement.

    Festival de littérature – Coup d’envoi aujourd’hui de la 9e édition du Festival international de littérature de Bucarest, qui doit s’achever le 9 décembre, annonce Agerpress. A l’affiche de l’édition 2016, figurent aussi deux soirées de lectures publiques et de débats au Club du paysan roumain ainsi qu’un événement dédié aux étudiants, réalisé en collaboration avec le département de sciences de la communication de la Faculté de lettre de l’Université de Bucarest. Durant ses neuf années d’existence, le Festival international de littérature de Bucarest a facilité le rencontre de 114 écrivains de 25 pays. Un projet réalisé avec l’appui du Ministère de la Culture et de l’Institut culturel roumain, le festival est l’unique événement de ce genre de Roumanie, pays à avoir été présent au plus important festival de littérature au monde, celui d’Edimbourg, en Ecosse, en août 2015.

    Handball – La sélection nationale de handball féminin de Roumanie doit affronter aujourd’hui la Russie, championne olympique, dans le deuxième match du groupe D du Championnat européen, en Suède. Ce sont les trois premières équipes de chaque groupe qui se qualifient dans la phase suivante du tournoi. Notons que la sélection féminine de handball de Roumanie est entraînée par l’Espagnol Ambros Martin qui a remplacé le Suédois Tomas Ryde, artisan du bronze remporté par la sélection roumaine au Championnat du Monde de 2015.

    Bruxelles – La situation en Ukraine et les plus récentes évolutions en Afghanistan sont les principaux thèmes à l’agenda d’aujourd’hui de la réunion de Bruxelles des ministres des Affaires Etrangères des pays membres de l’OTAN. Selon l’envoyée spéciale de la Radio publique roumaine, l’OTAN devrait réitérer son appui envers Kiev. Mardi, le secrétaire américain d’Etat, John Kerry a souligné que les alliés ne reconnaitront jamais l’annexion illégale de la péninsule de Crimée et n’ignorera par les actions agressives de la Russie dans l’est de l’Ukraine.

  • Construire le détail – Veronica D. Niculescu

    Construire le détail – Veronica D. Niculescu

    « Mon écriture se construit avec imagination, autour d’un facteur déclencheur, quel qu’il soit. « Vers des vallées de jade et de nielle » fait, par la voix de Miranda Dortloft, un plaidoyer pour ce type d’écriture, pour l’imagination et la construction. » C’est la déclaration de Veronica D. Niculescu concernant son roman « Vers des vallées de jade et de nielle », paru cette année aux Editions Polirom. Voici sa présentation : « Un roman sur les départs, les pertes et le vide, écrit avec tendresse et parsemé de surprises. Un livre à structure circulaire, renfermant un conte en un millier de vers. Loin de la ville natale, de la famille et de celui qu’elle aime, Miranda Dortloft écrit un conte à rimes. La prose dense qui entoure ce jeu imaginaire révèle la vie réelle de l’héroïne : des années d’enfance sous le communisme, dans une famille mixte, passant par une histoire d’amour, jusqu’au présent ravagé et affaibli par la dépression. »



    Veronica D. Niculescu : « Cette fois-ci, il était clair que je devais écrire une histoire longue, parce que c’était l’idée du livre et, d’autre part, j’avais très envie d’un verbe plus ample, élaboré, après des livres très courts qui étaient un plaidoyer pour les petites choses. Etre petit, être caché, le monde intérieur peut être immense quand vous êtes petit et vous vous tapissez sur une petite chaise, au théâtre, par exemple, le dos tourné vers la scène. C’est à peu près ce qui est arrivé avec le premier roman. Point de vue structure, ce n’est peut-être pas le plus classique des romans possible, la forme peut être déroutante, mais moi, j’estime avoir écrit un roman qui comprend un conte en vers.



    Certes, quand on commence à construire autour d’un conte la vie réelle de l’auteure du conte, on finit par développer toute sorte de contrastes. Car c’est cela, le plaidoyer en faveur de l’imagination : ce qui se passe dans sa vie est une chose, ce qui se passe dans le conte en est une autre, et pourtant il y a des éléments communs. L’auteure du conte fait une déprime après un échec amoureux, elle quitte sa ville, elle n’a plus de maison, plus de famille — alors que dans le conte, ce sont les richesses qui arrivent, les pierres précieuses, des prétendants, une noce se prépare. Comme dans les contes de fées. Pourtant, dans sa propre vie, il n’y a rien de tout cela. Ce serait là le plaidoyer en faveur de l’imagination. C’est pour cela que j’ai eu besoin d’une construction ample, car on ne saurait raconter la vie d’un être humain en toute tranquillité seulement. Pourtant, je voulais que cela se déroule sur des rythmes et des tonalités différentes. »



    « Adeb », le premier livre de Veronica D. Niculescu, un volume de prose courte publié en 2004 aux Editions Limes, décroche le Prix de Début de l’Union des écrivains de Roumanie. Ses prochains volumes de prose — « L’Orchestre orange », « Rouge, rouge, velours », « La symphonie animalière » – sont récompensés de nombreux prix et nominations. Veronica D. Niculescu a également écrit deux livres en collaboration avec le poète Emil Brumaru: « Le conte de la princesse Vite-Vite » (publié en 2009) et « Les châtaignes tombent des châtaigniers » (paru en 2014), les deux aux Editions Polirom.



    Dans une interview accordée après la publication de son roman « Vers des vallées de jade et de nielle », Veronica D. Niculescu affirmait que le lecteur l’intéresse toujours : « Je rêve d’un lecteur attentif, dédié, qui se réjouisse en découvrant les ponts, les noyaux, les inversions. Qu’il crie de joie, qu’il soupire et qu’il reprenne la lecture depuis le début, qu’il saisisse la façon dont tout est agencé et que cela le rende heureux. S’il y a un seul lecteur de ce genre, je dois écrire pour lui de la façon dont je le fais. Et il existe, il m’a écrit une lettre. »



    Veronica D. Niculescu : « Cette affirmation, de souhaiter avoir un lecteur attentif et patient, pourrait être considérée comme une preuve d’orgueil de ma part. Pourtant, je pense que c’est ce que nous souhaitons tous, lorsque nous écrivons un livre et glissons de petites choses. Parce que ça fait plaisir d’écrire en glissant de petits détails censés faire les délices du lecteur. Et quand on a fini de jouer à ce jeu, quand le livre est prêt, on se demande s’il y aura au moins une personne qui aille en profondeur et trouve toutes ces traces, ces détails. Puis, en recevant des messages et des lettres, on constate que les gens ont bien remarqué ces détails qui risquaient, à votre avis, de passer inaperçus. Je pense que pour l’instant tout va bien. »



    Veronica D. Niculescu est également une des meilleures traductrices roumaines de langue anglaise. Elle a traduit une partie de l’œuvre de Vladimir Nabokov et de Samuel Beckett, ainsi que des romans de Don DeLillo, Siri Hustvedt, Eowyn Ivey, Lydia Davis, Tracy Chevalier, E. B. White.



    Comment ces « rencontres littéraires » ont-elles aidé Veronica D. Niculescu dans son travail de création ? « Ça aide énormément ; c’est à peine maintenant, après de nombreuses traductions, que je peux le dire. Au début, je sentais seulement qu’elles me tuaient, car, dans une première étape, on a la sensation que cela vous tue. Et après, on ressuscite et en ressuscitant, on se retrouve enrichi. On a l’impression que ça vous tue, parce qu’on ne peut jamais écrire durant les périodes pendant lesquelles on traduit. On est dans une autre tonalité, dans une autre musique, dans un autre langage. Pourtant, une fois la traduction terminée — et je parle ici des traductions de grands auteurs — il est impossible de ne pas en sortir enrichi. Evidemment, on s’approprie un langage, une musique, on apprend en approfondissant la structure intime de leur texte. Et cela n’est pas vrai uniquement pour les traducteurs. Toute lecture nous change, nous enrichit et nous sommes faits de tout ce que nous lisons, de la musique que nous écoutons, des pièces de théâtre et des films que nous allons voir. Traduire est une forme intense de lecture et l’on en sort, inévitablement, enrichi. » (trad. : Ligia Mihăiescu, Dominique)

  • Irina Ionescu

    Irina Ionescu

    C’est une femme de lettres exceptionnelle que nous accueillons dans cette édition. Irina Ionescu est une spécialiste réputée des langues et des cultures slaves, et notamment tchèques, qu’elle a apprivoisées par curiosité et par esprit de contradiction, et qu’elle a fini par enseigner à l’Université de Bucarest. Irina Ionescu est aussi une traductrice très appréciée d’ouvrages scientifiques, historiques et littéraires, écrits en tchèque, bien sûr, mais aussi en polonais, russe, bulgare, anglais, italien, espagnol et… français. Pour sa contribution remarquable à la diffusion de la culture tchèque dans le monde, Irina Ionescu a été récompensée, par la République tchèque, d’une distinction qui n’est pas conférée, d’habitude, à des étrangers. Je vous propose, donc, de faire la connaissance de cette personnalité, remarquable et attachante, dont l’interview sera entièrement disponible sur notre site Internet et sur nos profils Facebook.




  • La rentrée littéraire francophone

    La rentrée littéraire francophone

    La saison des rentrées bat son plein et la Roumanie ne fait pas exception à cette règle; la rentrée culturelle affiche des couleurs particulièrement intéressantes et s’exprime en différentes langues, mettant dans l’embarras le public. RRI Spécial a tout naturellement fait le choix de la francophonie : théâtre, littérature, musique, rencontres sous le signe de la culture s’exprimant en français, à Iaşi et à Bucarest. La rentrée littéraire 2016 inclut un moment anniversaire : la librairie française Kyralina de Bucarest fête quatre ans d’activité.Nous évoquons ce passé récent mais aussi l’avenir proche avec la directrice de Kyralina. Un voyage facilité par les invités de ce RRI Spécial: Raluca Vârlan, chargée de mission culturelle et communication à l’Institut français, Valentine Gigaudaut, directrice de la librairie Kyralina et Philippe Forcioli, guitariste, poète, primé à deux nombreuses reprises.





  • Ecrire au féminin dans l’espace public roumain

    Ecrire au féminin dans l’espace public roumain

    La librairie Humanitas Cişmigiu de Bucarest a récemment accueilli un débat intitulé « Femmes dans lespace public », dont lorganisateur a été le PEN Club Roumanie, avec comme invités : la poétesse Magda Cârneci, présidente du PEN Club Roumanie ; les écrivaines, journalistes et traductrices Svetlana Cârstean, Adina Diniţoiu, Ioana Bâldea Constantinescu et lécrivain, traducteur et chroniqueur Bogdan Ghiu.



    Le thème de ce débat a inspiré RRI, qui a proposé à Svetlana Cârstean et Adina Diniţoiu de parler de la présence des auteurs femmes dans lespace public de Roumanie. Svetlana Cârstean a publié deux volumes de poèmes – « La fleur denclume » (paru en 2008, aux Editions Cartea româneasca, et récompensé des plus importants prix littéraires roumains) et « Gravitation » (paru aux Editions Trei en 2015 et nommé aux prix de Radio Roumanie Culture et de lhebdomadaire Observator Cultural). Critique littéraire, journaliste culturelle et traductrice de langue française, Adina Diniţoiu a publié chez « Tracus Arte » louvrage « La prose de Mircea Nedelciu. Les pouvoirs de la littérature face au politique et à la mort ».



    Les deux dames se sont exprimées sur leur condition décrivaine. Svetlana Cârstean : « Je garde en mémoire un article du ‘Scottish Pen, que jai lu récemment et qui mobsède parce que jy ai trouvé des chiffres. Bref, lauteure, une femme, met ensemble des statistiques et des citations et tire la conclusion que les actions dun homme sont représentatives de lhumanité, alors que les actions dune femme sont représentatives de cette femme-là. Autrement dit, tout ce quécrivent les hommes parle pour lhumanité entière, tandis que ce qui est écrit par nous, les femmes, na de poids que pour les femmes. Lauteur de cet article en donne un exemple : une écrivaine a envoyé, à différents éditeurs, 100 emails avec un texte qui lui appartenait. Elle a signé dun nom masculin la moitié des messages, et dun nom féminin lautre moitié. Elle a reçu 7 réponses aux courriels signés au féminin, mais 17 aux autres. A vous den tirer les conclusions. »



    Adina Diniţoiu : « En général, la critique littéraire est une zone de pouvoir à lintérieur de lespace de la littérature ; par leur discours, les critiques littéraires valident ou invalident un texte, et en même temps ils commettent un acte de pouvoir culturel, dessinant une hiérarchie littéraire. Moi, jai débuté avec linnocence de celui qui écrit sur la littérature, qui fait de la critique sans penser à lidentité de genre. Cela ma semblé naturel dignorer le genre, cest un premier pas vers un discours critique et littéraire normal. Je souhaite que, hommes et femmes, arrivent tous à se parler normalement, sans que nous, les femmes, luttions pour une cause, sans que nous nous sentions marginalisées dans un discours public, y compris parce quon nous fournit trop de politiquement correct quand on est dans la ligne de mire publique. »



    La perte de linnocence vient tout de suite après le début littéraire, considère Adina Diniţoiu : «Après avoir fait mon début littéraire, je me suis rendu compte que les choses nétaient pas simples. Jai été obligée de prendre acte de lidentité de genre, jai compris que je suis aussi femme, en plus dêtre critique littéraire, et que de ce fait je dois faire face à des difficultés plus grandes que celles que javais anticipées. Ce nétait pas vraiment un sentiment de marginalisation, mais plutôt la compréhension du fait que cette réalité complique la situation dans lespace public des idées, surtout dans le climat social plus traditionnel de Roumanie. Je lisais lautre jour que, dans un Indice européen dégalité de genre de 2015, la Roumanie occupait la dernière place. Dans les conclusions, il était dit que lUE entière navait parcouru que la moitié du chemin de laffirmation de genre, de la représentation publique équilibrée des hommes et des femmes. Aujourdhui, en tant que femme, je dois batailler plus pour que mon discours soit entendu. »



    Svetlana Cârstean: « Moi, je crois quil ne faut même pas quil y ait marginalisation. Il suffit de mettre une étiquette, qui est une façon très subtile – je ne dirais pas perverse – déviter une marginalisation ouverte, plus facile à combattre ou à pointer. Ce sont des étiquettes, des préjugés, des concepts que nous utilisons et qui ont leurs racines dans la zone de la critique littéraire, la zone de pouvoir. »



    Le débat reste ouvert. Gardons en mémoire les propos de Mihaela Ursa, qui écrivait dans son ouvrage « Le divan de lécrivaine » (Editions Limes, 2010): « Il est important de voir si, en matière de projection du soi, les écrivaines de Roumanie se perçoivent de manière harmonieuse ou antagoniste et surtout sil leur semble nécessaire de problématiser la relation entre leurs existences publique et privée, entre la création artistique et la vie domestique – des relations aux complications et nuances infinies ». (trad.: Ileana Ţăroi)