Tag: littérature

  • La Foire du livre Gaudeamus

    La Foire du livre Gaudeamus

    Un des trophées Gaudeamus, décidés par vote du public, est revenu à la maison d’édition Humanitas (1ère place), qui s’est également adjugé le prix du « Livre le plus convoité », à savoir le volume « L’Homme qui déplace les nuages. Sept histoires », de Radu Paraschivescu. Les deux autres trophées sont allés chez Polirom (2e place) et le Groupe éditorial ART (3e place). « Les Livres d’Apollodore » portant la signature de Gellu Naum ont été publiés en format audio par la Maison de la Radio. Les petits vont entendre la voix inégalable de la comédienne Alexandrina Halic et suivre le récit grâce aussi aux illustrations réalisées par Alexandru Ciubotariu.

    La Maison de la Radio a également accueilli un atelier d’illustrations de livres pour enfants. Invitée à cet événement spécial, Alexandrina Halic déclarait: « Je me réjouis d’être parmi vous, d’avoir un public si intelligent, amoureux du livre et du dessin, prêt à me poser des questions auxquelles j’espère répondre comme il se doit. Comme vous l’avez déjà appris, le célèbre personnage de Gellu Naum, le pingouin Apollodore, n’était ni prestidigitateur ni acrobate ni danseur. Apollodore chantait dans le chœur, il était ténor. Mais je ne vais pas m’attarder sur son histoire, car si vous ne la connaissez pas encore, je voudrais que vous l’appreniez en écoutant ce livre audio. Cette fois-ci, j’ai préparé pour vous une autre histoire avec deux pingouins, car c’est la journée des pingouins. Ces deux-là sont des mélomanes et je suis certaine qu’après avoir découvert leur histoire vous allez vous inscrire dans le club des pingouins mélomanes. »

    « Le Monde merveilleux de Disney » d’Elena Vlădăreanu est un des volumes récemment parus dans la collection Vorpal des Editions Nemira et lancé lors de la Foire Gaudeamus. « La photographie me dit la mort au futur », affirmait Roland Barthes. C’est justement cette phrase qu’Elena a prise pour point de départ de son écriture performative, qui n’a pas sa pareille dans la poésie roumaine contemporaine. Elle y reconstruit l’univers de l’enfance sous un angle sombre et doux à la fois, tout en ramenant le débat sur le terrain du genre, de la pauvreté, des classes sociales. Et cela parce que, « en fin de compte, l’art, quel qu’il soit, est politique », écrit la poétesse Alexandra Turcu à propos du « Monde merveilleux de Disney ». Ecoutons maintenant l’auteure de ce volume de poésies, Elena Vlădăreanu : « Le texte s’est en quelque sorte construit parallèlement à tout ce que j’ai écrit au fil de toutes ces années. L’an dernier, lorsque j’ai remis le manuscrit, je voulais bien qu’il soit publié. J’avais l’impression que je devais y mettre un point final, me débarrasser de ce projet. Et voilà que cette année-ci, au moment du BAT (bon à tirer), j’ai été saisie par une sorte d’angoisse. A la question de savoir si je considère cet ouvrage comme un intermède, je répondrais que c’est plutôt une fin. Je ne sais pas si je continuerai à écrire de la poésie et encore moins, si c’est le cas, dans quelle direction elle ira. Il y a de grands thèmes qui m’habitent et que je ne cesse de creuser dans mes écrits, quel que soit le genre littéraire auquel ils appartiennent. »

    La collection Junior de la Maison d’édition Polirom s’est enrichie d’un nouveau titre portant la signature de Flavius Ardelean. Il s’agit de « Mecanopolis. Les aventures d’Oliver Rock dans le Monde sous le Camion », enjolivé par les dessins d’Ecaterina G et qui a eu son lancement à la Foire du livre Gaudeamus. Oliver (Ollie, pour les amis) est féru de musique rock. Il joue de la guitare comme son père, mort dans un accident de moto, quelques années auparavant. Ollie vit avec sa mère et sa sœur. Il n’a qu’un ami. Les deux se cachent pour échapper à Tommy Lames de rasoir Ramirez, le cogneur de l’école. Lors d’une bagarre avec Ramirez, Ollie s’évanouit. Il va se réveiller au milieu d’un monde magique, près de la ville fantastique de Mecanopolis. Avec ses nouveaux amis, les squelettes du groupe The Bones, Ollie partira pour sauver la ville du monstre dénommé Mille et Une lames de rasoir et pour trouver son père dans le Monde sous le Camion. « Mecanopolis. Les aventures d’Oliver Rock dans le Monde sous le Camion » parle de la force de la passion capable de changer des vies. Flavius Ardelean, l’auteur du roman, nous en dit davantage: « La genèse de ce roman est intimement liée à la musique rock. Le rock, ma passion depuis toujours, m’a sauvé dans bien des moments de la vie. Ce qui a débuté comme une incursion inoffensive, drôle, dans l’histoire du rock, sous la forme de l’histoire d’un gamin et de quelques squelettes, qui, en véritable groupe de rock en tournée, sillonnent des terres magiques, cela a acquis des dimensions beaucoup plus profondes que je ne m’y attendais. Je suis content d’avoir donné le meilleur de moi-même, d’avoir abordé ce sujet qui m’est très familier pour l’avoir si souvent rencontré autour de moi. Je ne voudrais pas attrister mes lecteurs, mais il arrive que certains de mes confrères ou des musiciens de rock aient vécu des moments difficiles ou bien qu’ils soient morts. Leurs enfants se sont sans doute demandé ce qu’il allait se passer par la suite. Mon livre se veut donc une tentative d’offrir à ces enfants aussi un monde magique auquel ils puissent s’accrocher pour retrouver ce qu’ils ont perdu. Ce livre me tient à cœur et j’espère que vous serez nombreux à le lire », a conclu l’écrivain Flavius Ardelean au micro de RRI.(Trad. Mariana Tudose)

  • Le Festival international de littérature de Timișoara

    Le Festival international de littérature de Timișoara

    Lors de la 8e édition du Festival international de littérature de Timișoaran un débat entre le dissident anticommuniste polonais Adam Michnik et l’historien roumain Adrian Cioroianu a ouvert une série de rencontres avec de grands écrivains contemporains. Le président du Festival, l’écrivain Robert Șerban : « C’était une soirée extraordinaire ! La rencontre a duré trois heures, soit une heure de plus par rapport à ce que l’on avait prévu, mais le public est resté avec nous. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu autant d’effervescence à un événement et je ne le dis pas en ma qualité de directeur, mais en tant que journaliste. Adam Michnik a raconté plein de choses, il a parlé des rencontres avec Vladimir Poutine et avec l’ancien président de la Roumanie, Ion Iliescu. Il a aussi parlé de ses années en prison. Il ne faut pas oublier, comme l’a rappelé l’écrivain Mircea Mihăieș lors de cette rencontre, qu’Adam Michnik est un héros. C’est un homme qui a fait plus de six ans de prison sous le régime communiste, mais il n’a pas faibli, il a eu la force de protester et de lutter pour la liberté. C’est une personne qui a compté énormément pour le moment 89. Je le répète : ça a été une soirée formidable. »



    La deuxième soirée au Festival international de littérature de Timișoara a proposé un débat sur le roman Frankenstein : trois états de la littérature qui voit le jour au cimetière de l’histoire. Robert Șerban, le président du Festival : « Nous avons invité trois écrivains de trois espaces littéraires distincts. L’un est très connu et très aimé en Roumanie, l’auteur russe Evguéni Vodolazkine. Quatre de ses romans sont sortis en Roumanie, aux éditions Humanitas : « Les Quatre vies d’Arséni», « L’Aviateur », « Soloviev et Larionov » et « Brisbane ». Beaucoup de monde à Timișoara nous a suggéré de l’inviter au Festival car ils voulaient le rencontrer. Y a participé aussi José Luís Peixoto, du Portugal, un écrivain formidable, considéré comme le nouveau José Saramago. Ses livres sont traduits en roumain aux Editions Polirom. Et le représentant de la littérature roumaine à cette rencontre a été Lucian Dan Teodorovici. Il n’est pas non seulement un excellent prosateur et un des auteurs roumains les plus traduits à l’étranger, mais c’est aussi quelqu’un qui contribue énormément à la littérature roumaine, en tant que directeur du FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iași, et du Musée national de la littérature de Iași. J’étais présent à FILIT il y a un mois et cet événement est une vraie réussite. Les festivals comme FILIT arrivent à accomplir un exploit prodigieux : être l’intermédiaire entre ceux qui font la littérature et ceux qui la lisent. »



    Le programme du Festival de littérature de Timișoara « A l’Ouest de l’Est « A l’Ouest de l’Est / A l’Est de l’Ouest » a compris des lectures publiques en première et des débats avec pour sujet de départ le thème de l’édition de cette année « La liberté. Entre histoire et littérature », choisie pour marquer les 30 ans écoulés depuis la révolution anticommuniste de 1989. Un autre moment à part a été cette soirée dédiée aux écrivains de Timișoara, Daniel Vighi, Viorel Marineasa et Petru Ilieșu, qui ont débattu de la liberté, de la liberté d’expression et du rôle de l’écrivain dans la cité, plus précisement à Timișoara, la première ville roumaine à s’être libérée du communisme. Le directeur de l’événement, l’écrivain Robert Șerban: « Les festivals de littérature ont un rôle très important en ce moment, surtout que la consommation de livres est très faible en Roumanie. Je ne me rends pas compte des effets à long terme, mais c’est déjà extraordinaire que l’on puisse écouter des écrivains dans la magnifique Salle baroque du Musée d’art de Timișoara. L’on peut participer aux débats, poser des questions, demander des dédicaces. C’est ce qu’il y a de plus beau pour quelqu’un qui aime la littérature. Même si les statistiques ne sont pas encourageantes, il faut être actif et défendre, en fin de compte, l’art auquel nous croyons. Et ce qui est encourageant, c’est justement de voir tous ces gens qui viennent à Timișoara pour rencontrer les écrivains, pour assister aux lectures publiques. Il y a eu des salles combles pour cette édition aussi, des personnes qui n’ont pas trouvé où s’asseoir et sont restées debout pour le seul amour de la littérature. J’avais participé à des rencontres avec des lycéens au Festival de littérature de Iași et ils m’avaient adressé des questions formidables. Je l’affirme du point de vue du journaliste qui sait ce qui implique de poser une question pertinente. Les interrogations de ces lycéens montraient leur curiosité profonde pour la littérature et l’écriture. Pour conclure, il faut vivre avec l’espoir que ce type d’événement fait s’élargir le public passionné de littérature et le fait continuer à croire au pouvoir des histoires. C’est de notre devoir, de ceux qui croyons en la littérature, de continuer à organiser ces rencontres. »



    Le Festival de littérature de Timișoara est un projet initié en 2012 qui continue, à destination du grand public, la tradition des études de littérature comparé initiées par la Fondation « La troisième Europe ». (Trad. Elena Diaconu)

  • Geneviève Tricottet – Maison d’écrivain ou maison mémorielle ?

    Geneviève Tricottet – Maison d’écrivain ou maison mémorielle ?

    Comment faire vivre le patrimoine littéraire ?

    Que permet de garder vivante la mémoire d’un écrivain ?

    Comment on s’y prend dans différents pays ?


    Une conversation avec la présidente du Réseau des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires des Hauts-de-France sur la colaboration entre leur Réseau et celui du Musée national de la litérature de Iaşi, en Roumanie


    Une interview réalisée par Elena Diaconu dans le cadre du Festival de litétrature et de traduction FILIT.



  • Le Festival international de littérature et de traduction de Iaşi (FILIT)

    Le Festival international de littérature et de traduction de Iaşi (FILIT)

    Organisé par le Musée national de la littérature roumaine et financé par le Conseil départemental Iaşi, FILIT est considéré comme un des plus grands festivals littéraires dEurope. Des dizaines dévénements se sont enchaînés, durant les cinq jours du festival : rencontres avec des personnalités de la scène littéraire mondiale, nuits blanches de la poésie et de la musique, ateliers et tables rondes réunissant des professionnels de la littérature et de la traduction, concerts, lectures publiques etc. Au fil des années, le festival a pris de lampleur. Florin Lăzărescu, coordinateur de programmes:« Puisque la salle du Théâtre National « Vasile Alecsandri » de Iaşi compte une centaine de places seulement, les billets pour les soirées du festival sont vite épuisés. FILIT nest pas uniquement destiné aux vedettes. Nous organisons, entre autres, la Nuit blanche de la poésie, déjà traditionnelle, un marathon de lectures publiques auquel participent, à chaque édition, au moins cinquante décrivains et auquel assistent 500 personnes environ. Jai voulu le préciser, car on dit dhabitude que la poésie ne suscite pas trop dintérêt. Après avoir participé au Festival de Iaşi, des écrivains mont dit quils nimaginaient pas que des événements similaires, organisés à Paris ou à Londres, attireraient un public si nombreux. A lune de nos éditions, nous avions invité lécrivaine Svetlana Aleksievici, prix Nobel de littérature, qui na pas pu venir, pour des raisons indépendantes de sa volonté. Nous avons pensé que cela allait être un désastre. Pas du tout. FILIT est un festival dune telle ampleur, que même labsence dun lauréat du prix Nobel peut passer inaperçue. Cest pourquoi je disais que ce festival nest pas destiné à une élite. Lors de cette édition, nous avons organisé des événements dans 16 lycées et il faut dire que tous les lycées de la ville et des environs souhaitent être pris en compte pour ce festival. Cette année, pour la première fois, nous avons organisé des rencontres à Hârlău et à Târgu Frumos, car les professeurs de ces localités ont souhaité vivement accueillir des écrivains dans leurs établissements, après avoir participé, eux et leurs élèves, à des rencontres similaires organisées dans dautres lycées, pendant le Festival. »



    De grands auteurs, dont les livres se vendent à des millions dexemplaires dans le monde, lauréats ou nommés aux Prix Pulitzer, PEN/Faulkner Award for Fiction, Goncourt, Russian Booker Prize, Russian National Bestseller ou bien aux Prix de la Paix-Erich-Maria-Remarque ou Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, ont été présents à cette VIIe édition du Festival international de littérature et de traduction de Iași – FILIT. Lécrivain Florin Lăzărescu, coordinateur de programmes en dresse un compte-rendu: «En parlant des littératures les plus en vue actuellement, on peut dire quelles se sont toutes données rendez-vous à Iași. Cette année, nous avons accueilli lAméricain Richard Ford, Mikhaïl Chichkine, lécrivain russe le plus connu actuellement, María Dueñas, une des auteures contemporaines dEspagne les plus lues, Mathias Énard, écrivain français lauréat du prix Goncourt. Le public a pu les rencontrer au Théâtre National, lors des soirées du festival. Pourtant, pour vous rendre compte de lampleur du FILIT, je rappelle que sous la grande tente dressée Place de lUnion, le public a pu rencontrer lIslandais Sjón, auteur de nombreuses chansons du répertoire de la célèbre Björk, nommée aux Oscar pour les paroles de la bande son du film « Dancer in the Dark » du réalisateur danois Lars von Trier. Cette année, nous nous sommes rendu compte quil y avait de nombreux écrivains qui auraient pu être invités aux soirées du FILIT, mais ils étaient trop nombreux et nous avons dû les intégrer à dautres programmes. Je mentionnerais seulement deux autres auteurs : Kim Leine (du Danemark), dont le roman « Les Prophètes du fjord de lEternité » a été vendu dans plus de 20 pays, et Herman Koch, un des écrivains néerlandais les plus populaires, auteur du roman « Le dîner », traduit en 21 langues. Quant aux écrivains roumains, 90 dentre eux – débutants ou auteurs consacrés – sont invités au festival de Iaşi. Je ne pense pas quil y ait de lecteur, aussi chicanier soit-il, qui ne trouve au moins une dizaine dévénements à son goût sur les 130 organisés durant les 5 jours du festival. »



    Cinq écrivains contemporains ont accepté le défi décrire une suite à un conte de Ion Creangă, dans le cadre du projet « Creangă 2.0 ». La collection est illustrée par lartiste Adrian Serghie et son but est dattirer lattention sur lœuvre de ce narrateur, tout en mettant en valeur de manière créative les musées littéraires de Iaşi. Florin Lăzărescu explique :« Chaque année, nous proposons un projet éditorial dont le but est daccorder aux écrivains classiques une place au festival. La ville de Iaşi compte 11 musées littéraires subordonnés aux Musée National de la Littérature Roumaine, organisateur du FILIT. Lannée dernière, nous avons invités les écrivains à écrire 11 biographies décrivains classiques roumains. Cette année, le projet visait le narrateur Ion Creangă, le fruit en étant une collection de cinq volumes signés par des écrivains contemporains : Matei Vișniec, Bogdan Alexandru Stănescu, Veronica D. Niculescu, Lavinia Braniște, Alexandru Vakulovski, qui ont accepté le défi. « La Maison de lenfance », ouverte dans le cadre du festival, a accueilli, pendant 5 jours de suite, la présentation des 5 volumes. »



    Enfin, lexposition darts visuels « Lettres à Julien lHospitalier » a réuni des œuvres signés par une vingtaine dartistes de France, Italie et Roumanie. (Trad. : Dominique)

  • Un Filit 2019 très francophone

    Un Filit 2019 très francophone

    L’automne est la saison littéraire par excellence. Lancements de livres, prix de création, festivals se succèdent à un rythme qui met à défi même la résistance physique des auteurs, des critiques et des lecteurs ! Celle des journalistes aussi ! C’est sous cet angle que nous pourrions aborder l’édition de cette année du Festival international de littérature et de traduction de Iaşi, FILIT, un des plus importants d’Europe. Cinq jours de rencontres et de débats qui ont rassemblé les professionnels et les amateurs, les vedettes et les fans de ce secteur culturel, apparemment mis à mal par l’apparition des nouvelles technologies.

    Au micro d’Ileana Ţăroi, Elena Diaconu, qui a couvert le Festival de Iaşi pour la rédaction française de Radio Roumanie Internationale.






  • La passion de la littérature – Le festival FILIT de Iaşi

    La passion de la littérature – Le festival FILIT de Iaşi

    Elena Diaconu s’est entretenue avec Monica
    Salvan, Responsable des relations internationales au Festival international de
    littérature et de traduction FILIT de Iaşi.

    Après avoir été dans le public lors
    des deux premières éditions du Festival, Monica Salvan a souhaité, tel qu’elle
    le confie, « participer à ce miracle qui s’accomplit chaque année à Iaşi ».



  • « Melancolia / Mélancolie »

    « Melancolia / Mélancolie »

    Après avoir connu un extraordinaire succès national et international avec son roman « Solénoïde », Mircea Cărtărescu signe un nouveau livre. C’est le triptyque « Melancolia/Mélancolie », une évocation nostalgique d’une enfance et d’une adolescence bercées par une atmosphère de rêverie profonde. Réaliste et onirique en égale mesure, frappé de l’empreinte unique de son auteur et pourtant différent de tout ce qu’il a déjà écrit, ce livre, en tête des ventes de son éditeur « Humanitas » au Salon Bookfest 2019, parle de solitude, d’abandon, d’amour et d’héroïsme. Pour le critique littéraire Cosmin Ciotloș, le volume propose « une aventure existentielle ». Dans « Melancolia », Mircea Cărtărescu « nous invite à un exercice de sincérité immense et de vécu authentique éblouissant, il nous ouvre sa sensibilité bien particulière », ajoute Cosmin Ciotloș.

    Lors du lancement de « Melancolia », Mircea Cărtărescu a parlé de la naissance du volume, qu’il a mis dans le contexte de l’ensemble de son œuvre : «Ce n’est pas un livre qui tente d’ajouter un autre niveau à mon écriture, qui se place dans la continuité de l’histoire intime de mon écriture. « Melancolia », tout comme mes autres livres, est un ouvrage indépendant, qui n’a pas de liens progressif avec les autres. Ce n’est ni le sommet de ma création ni la chose la plus importante que j’aie réussie au bout de dizaines d’années travail. C’est un livre comme tous mes autres livres, De ce iubim femeile/ Pourquoi nous aimons les femmes, Frumoasele străine/Les Belles étrangères, Nostalgia/La nostalgie, Travesti. Mes livres ne vont pas vers un point idéal. Mes forces ne grandissent pas avec le temps. J’ai écrit pendant quarante ans, mais je n’ai rien appris de la littérature, je ne me suis pas perfectionné. Je suis resté le même qu’au début et j’ai eu une zone que j’ai ressentie comme mienne et que j’ai essayé d’explorer et de conquérir avec chacun de mes livres. Chaque livre couvre une petite parcelle de cette planète que j’ai reçue. »

    Lors du lancement du livre de Mircea Cărtărescu, l’auteure Ioana Pârvulescu affirmait que Melancolia était un livre parfait et qu’elle avait fascinée par les différences entre un conte habituel et ceux très personnels de Mircea Cărtărescu. Elle a aussi rappelé la manière dont Mircea Cărtărescu réussit, dans tous ses livres, à enrichir les mots de ses nouveaux, une performance que seuls les grands écrivains atteignent. Le noyau du volume Melancolia est né deux ans seulement après la parution du roman Solenoid.

    Mircea Cărtărescu : «C’était un récit intitule « Jocul/Le jeu », que je n’ai pas vu comme quelque chose de sérieux, mais plutôt comme un petit jouet banal. Sauf que, juste après, j’ai écrit le premier récit inclus dans le livre et qui s’appelle Punţile/Les ponts, l’histoire d’un enfant abandonné par sa mère. Il est difficile d’écrire quarante pages sur un enfant de cinq ans, un récit sur la séparation d’avec la mère, un des premiers traumas que nous vivons tous. Nous vivons le trauma de la naissance, l’abandon du ventre physique, réel, et ensuite le trauma de l’abandon du ventre psychologique. Car jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans, on continue d’être entièrement dépendant de la mère. Même quand on est à l’extérieur de son corps, la mère continue à nous garder dans un ventre psychologique. Nous éprouvons tous ce trauma extraordinaire du deuxième sevrage, notre sevrage psychologique, c’est ça le sujet de ce premier récit. C’est une exagération de cet abandon. D’habitude, la mère nous abandonne tout en restant proche de nous, mais, après l’âge de 5 ans, ce n’est plus la même chose. Dans mon récit, la mère part pour de vrai et l’enfant reste seul à faire face à ce trauma effrayant. Car, en l’absence de la mère, nous sommes comme un adulte sans Dieu. C’est là le point de départ de la mélancolie, le début de notre sentiment, qui ira en croissant à travers la vie, le fait que personne ne nous tient plus par la main. La mère d’abord, la bien-aimée ensuite, et puis Dieu lui-même. Nous sommes laissés seuls, c’est ça le sentiment central du livre, cette solitude métaphysique essentielle, fondamentale. »

    Les livres de Mircea Cărtărescu ont reçu de nombreuses récompenses de la part, entre autres, de l’Académie roumaine, de l’Union des écrivains de Roumanie et de la République de Moldova, ou de l’Association des éditeurs de Roumanie. Mircea Cărtărescu a aussi reçu de nombreux prix internationaux, dont le prix international de littérature « Haus der Kulturen der Welt », Berlin (2012), le prix Spycher – Literaturpreis Leuk, Suisse (2013), le prix du livre pour l’entente européenne de la ville de Leipzig (2015); le prix d’Etat de l’Autriche pour la littérature européenne, 2015 ; le prix Leteo, Espagne (2017), le prix Formentor de las Letras (2018). (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • 22.05.2019

    22.05.2019

    Syndicats – Les syndicats des travailleurs des pénitenciers roumains ont suspendu les protestations démarrés début mai, après avoir reçu une invitation du gouvernement pour des discussions ce mercredi 22 mai. Les syndicalistes ont toutefois l’intention de reprendre les protestations si le résultat des négociations ne leur est pas favorable. Ils demandent, principalement, que le Statut du policier des prisons soit adopté et la publication d’urgence de l’ordre du ministre portant paiement des heures supplémentaires. Par ailleurs, des dizaines d’employés du métro de Bucarest ont protesté mardi devant le siège du ministère des Transports, accusant la direction de la compagnie qui gère le métro de désintérêt face aux problèmes du réseau, ce qui perturbe leur activité. Pour sa part, le leader du Syndicat Libre Métro, Ion Radoi, affirme que le déficit de personnel et la sous-qualification des employés mettent en danger la sécurité des passagers et de la circulation du métro de la capitale roumaine.

    Forum – Constanta, la plus grande ville-port roumaine, accueille ces mercredi et jeudi le Forum des Investissements à la mer Noire, un événement organisé par le ministère des Transports en collaboration avec la Commission européenne. Selon un communiqué du ministère, ce forum est une continuation de la réunion ministérielle consacrée à l’Agenda maritime commun pour la Mer Noire, qui s’est tenue mardi à Bucarest, dans le cadre du mandat de la Roumanie à la tête du Conseil de l’UE. L’Agenda adopté à la fin de cette réunion permettra aux pays participants d’attirer et de mieux hiérarchiser le financement international, européen, régional et national pour les projets et les actions de différents domaines, tels les affaires maritimes, la pêche, l’aquaculture, la recherche et l’innovation, la connectivité, la protection de l’environnement, le tourisme et l’éducation. A la réunion de Bucarest participaient des représentants des pays riverains de la Mer Noire (Bulgarie, Géorgie, Roumanie, Fédération de Russie, Turquie, Ukraine) ainsi que ce de la République de Moldova. Dans ce contexte, le Forum des Investissements à la mer Noire qui se tient ces jours-ci à Constanta, représente une opportunité importante pour dérouler des affaires et faire des investissements dans la zone.

    Littérature – Les gagnants des Prix de l’UE pour la littérature seront annoncés aujourd’hui, à Bruxelles par le ministre roumain de la Culture, Valer-Daniel Breaz, et le commissaire européen à l’éducation, à la culture et au multilinguisme, Tibor Navracsics. Soutenus par le programme Europe Créative, ces prix mettent en lumière la créativité, la diversité et la richesse de la littérature européenne contemporaine. Leur rôle est aussi de promouvoir la circulation de la littérature au sein de l’UE, avec un accent mis sur les jeunes auteurs. Les pays dont les auteurs sont récompensés par cette prestigieuse distinction sont établis annuellement en suivant le principe de la rotation. Par conséquent, cette année, la liste des 14 lauréats comportera aussi le nom d’un écrivain roumain. Puis, jeudi, toujours à Bruxelles, le ministre roumain de la Culture présidera la section Culture et Audiovisuel du Conseil Education, Jeunesse, Culture et Sport. Ce sera l’occasion d’adopter plusieurs recommandations politiques censées soutenir d’une part la créativité des jeunes et les co-productions européennes de l’autre. Le Conseil se penchera également sur les nouvelles mesures à prendre au niveau communautaire afin de lutter contre la désinformation et regagner la confiance des citoyens Européens dans les médias.

    Gaudeamus – Une nouvelle édition de la Foire du Livre Gaudeamus, un projet de Radio Roumanie, a lieu jusqu’à dimanche à Timisoara (ouest). Cinq jours durant, des maisons d’édition de Roumanie et des distributeurs de livres étrangers présenteront leurs meilleurs titres. Au programme également : une tombola, un concours de lecture pour les adolescents et des invités très intéressants.

    Tennis – La joueuse de tennis roumaine Ana Bodgan (n° 126 WTA) affronte aujourd’hui Veronica Cepede Royg du Paraguay (n° 160 WTA) dans le tour préliminaire des qualifications au tableau principal du tournoi de Roland Garros, le 2e tournoi du Grand Chelem de l’année. La Roumanie compte déjà 4 joueuses au tableau principal de cette compétition : Simona Halep (n° 3 mondiale), Mihaela Buzarnescu (n° 30 WTA), Sorana Carstea (n° 93 WTA) et Irina Begu (n° 118 WTA). Dans la compétition masculine la Roumanie est représentée par Marius Copil (n° 81 mondial) à l’épreuve de simple. Les matchs au tableau principal de Roland Garros démarreront dimanche.

    Météo – Il fait chaud aujourd’hui en Roumanie, mais la météo est toujours capricieuse. Des pluies à verse et avec de la grêle sont signalées au centre du pays et dans les montagnes. Ces derniers jours, 32 localités de 10 départements du sud, du centre et du nord-est, ainsi que Bucarest, la capitale, ont été touché par des pluies abondantes et le vent fort. Les sapeurs – pompiers de l’Inspection pour les situations d’urgence ont aidé à évacuer l’eau de plus de 300 habitations inondées. Le trafic routier a été temporairement bloqué en raison des arbres tombés ou des alluvions. Ce mercredi, les températures maximales iront de 18 à 26 degrés. 22 degrés et du soleil à midi à Bucarest.

  • L’illustration jeunesse avec Hervé Le Goff

    L’illustration jeunesse avec Hervé Le Goff

    Hervé Le Goff, illustrateur (ou dessinnateur, comme il aime encore dire) de livres et magazines pour la jeunesse, est diplômé des
    Beaux-arts de Quimper et de Caen. Il a publié de nombreux titres pour de nombreuses maisons
    d’édition et est venu en Roumanie pour animer des ateliers avec
    les élèves du Lycée français Anna de Noailles, mais aussi à l’Institut français
    de Bucarest.

    Recontre à la librairie française Kyralina de Bucarest.




  • La Roumanie aux salons du livre de Paris et de Londres

    La Roumanie aux salons du livre de Paris et de Londres

    Produit d’exportation impérissable, la
    littérature roumaine était présente aux plus importants salons du livre européens
    ce mois-ci. C’est à Londres qu’a eu lieu un débat sur le thème de la
    littérature roumaine en tant que littérature européenne, avec, pour
    intervenants, les lauréats du Prix de littérature de l’Union européenne, Ioana
    Pârvulescu et Claudiu Florian. C’était le premier jour de la Foire du livre de
    Londres, qui a eu lieu du 12 au 14 mars. Dans le public : des traducteurs,
    des écrivains, des journalistes, des personnalités du monde académique, des
    officiels britanniques et des écrivains intéressés par la littérature roumaine.
    Andrei Codrescu a été le personnage principal d’un autre événement déroulé à
    Londres. Réputé prosateur, poète et chroniqueur américain d’origine roumaine,
    Andrei Codrescu y était invité au lancement de son dernier recueil de poésie,
    « no time like now ». Cela a pris la forme d’une lecture-récital de
    musique, où les vers entraient en dialogue avec les compositions interprétées
    par la pianiste Mina Beldimănescu.

    « La
    présence de la Roumanie au Salon du livre de Londres est devenue – c’est ce que
    l’on a pu constater dans les prises de parole de nos partenaires britanniques -
    une vraie référence, pas seulement pour les personnes passionnées par la
    culture roumaine, mais aussi pour les intellectuels qui s’intéressent à
    l’Europe d’une manière plus large »
    , soutient le
    critique littéraire Răzvan Voncu, un des moteurs du programme roumain à la
    Foire du livre de Londres.


    La Roumanie n’a pas raté non plus le Salon du
    livre de Paris, entre le 15 et le 18 mars. Cette année, plus de 1.200 exposants
    représentant 35.000 auteurs de près d’une centaine de pays y ont rencontré
    quelques 180.000 visiteurs. Livre Paris 2019 a fait une exception par rapport
    aux salons des autres années. En lieu et place d’un seul pays mis à l’honneur,
    le salon a mis tout un continent à l’honneur cette année, à savoir l’Europe. 35
    maisons d’édition roumaines ont exposé leurs titres à Paris. Des colloques et
    des lancements de livres ont été organisés sur le stand de l’Institut culturel
    roumain, sous la devise « 2019 – L’année de la Roumanie en Europe ».

    La relation féconde entre la Roumanie et la France et entre la Roumanie et le
    continent européen a été la trame du débat « 30 ans après le retour à
    l’Europe », dédié aux trois décennies postcommunistes. Une autre rencontre
    de succès au stand roumain a été celle où Estelle Cantala, voyageuse, conteuse
    et amoureuse de la Roumanie, a retracé son périple dans le Maramureş, dans le
    nord du pays, à la recherche de contes traditionnels. Une table ronde a
    également été consacrée à l’écrivain roumain Panaït Istrati, célébré notamment
    comme écrivain de langue française. Militant gauchiste, proche des communistes,
    surnommé « Le Gorki des Balkans », il a visité l’URSS dans les
    premières années du règne de Staline et a été un des premiers intellectuels à
    dénoncer les horreurs du régime soviétique.


    Le commissaire européen aux Affaires
    économiques et financières, Pierre Moscovici, lui-même avec des racines
    roumaines, a tenu une conférence de presse au Salon du livre de Paris. C’était
    l’occasion de réaffirmer le soutien de l’exécutif communautaire aux maisons
    d’édition et au livre, en général. (Trad. Elena Diaconu)

  • Yamen Manaï, Prix des cinq continents de la Francophonie 2017

    Yamen Manaï, Prix des cinq continents de la Francophonie 2017

    Notre invité est né en 1980, à Tunis, où il fait toute
    la première partie de sa scolarité. La seconde partie, il la fait à Paris. Un
    diplôme d’ingénieur en poche, il travaille dans le domaine des nouvelles
    technologies de l’information. On aurait pensé que cela allait occuper tout son
    temps (on connait parfaitement la capacité de séduction de ces technologies !).
    Eh bien non. Notre invité se met à écrire et publie son premier roman « La
    Marche de l’incertitude » en 2010, récompensé par le Comar d’or, prix
    littéraire de Tunisie. En 2011, parait son deuxième roman, « La sérénade
    d’Ibrahim Santos », récompensé lui aussi du Prix Alain-Fournier. Et puis,
    vient 2017, l’année de la parution du troisième roman, « L’Amas
    ardent », couronné du Prix des cinq continents de la Francophonie, du
    Grand Prix du roman métis et, à nouveau, du Comar d’or. Il vit presqu’en même
    temps en France et en Tunisie et ce soir se trouve à Bucarest. Yamen
    Manaï est l’invité d’Ileana Taroi et de Virgile Prod’homme.

  • François-Henri Désérable

    François-Henri Désérable

    Jeune auteur prodige de l’effervescente vie littéraire française, notre invité dit avoir rencontré l’écriture par ennui. En 2017, son troisième livre, Un certain M. Piekielny, s’est retrouvé dans les sélections de tous les prix littéraires français importants et il a été le choix Goncourt de la Roumanie. François-Henri Désérable est l’invité de cette édition de l’émission Le son des mots.

  • FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    La VIe édition du Festival international de littérature et de traduction, intitulé FILIT, et qui s’est déroulé du 3 au 7 octobre à Iasi, a été l’occasion de présenter au public assoiffé de littérature des auteurs de best-sellers internationaux, des lauréats ou des nominés du National Book Award, du Man Booker Prize, ou encore du Prix de littérature de l’UE ou du Grand prix de littérature du Conseil nordique, voire du prix Goncourt. Parmi les invités de marque de cette édition, mentionnons les Français Sylvie Germain, Catherine Gucher et Yannick Haenel, l’Américain Jonathan Franzen, l’Islandais Jón Kalman Stefánsson, les Espagnols Eduardo Caballero et Lluis-Anton Baulenas et bien d’autres écrivains, originaires bien de pays et exprimant leur art dans toutes les langues de la Terre.

    L’écrivain et metteur en scène Florin Lăzărescu, l’un des fondateurs du festival FILIT, parle de la dimension internationale de ce festival pas comme les autres : « FILIT est un festival tellement complexe qu’il s’agit pratiquement d’une synthèse de plusieurs projets, chaque projet pouvant revendiquer le titre de festival à part entière. Depuis les soirées FILIT, accueillies par le Théâtre national de Iasi, et jusqu’aux événements organisés sous le chapiteau central, en passant par les 40 événements différents déroulés tout au long des cinq jours que dure le festival. A titre d’exemples, voyez le projet la « Maison de l’enfance », accueillie par la Maison Fantasy, ou encore le projet tant apprécié par les principaux bénéficiaires, « Les écrivains au lycée ». Ce sont, comme je vous le disais, des événements à part, avec, chacun, sa propre structure et son organisation propre. L’on parle en tout et pour tout de 130 événements, déroulés pendant les 5 jours de festival. Prenons la Soirée de la Poésie, là où nous retrouverons 50 des meilleurs poètes contemporains. Ils sont peut-être moins connus du grand public que d’autres invités, tels l’Américain Jonathan Franzen, la Française Sylvie Germain, ou encore Éric Vuillard, le dernier Goncourt. Mais les poètes attirent le public, et c’est au fond là que réside la particularité et le secret du succès de ce festival : rapprocher la grande littérature de son public. L’écrivain russe Evgueni Vodolazkin nous a fait un vrai compliment lorsqu’il a caractérisé notre festival comme un festival extraordinaire. »

    Mais FILIT représente par ailleurs la grande messe des professionnels du domaine de l’écriture : maisons d’édition, traducteurs, organisateurs de festivals, critiques littéraires, libraires, distributeurs, managers et journalistes spécialisés. Florica Ciodaru – Courriol est traductrice du roumain en français, et c’est bien à elle que l’on doit les versions en langue française des écrivains roumains Hortensia Papadat-Bengescu, Rodica Drăghincescu, Marta Petreu, Iulian Ciocan, Ioan Popa, Cătălin Pavel, Horia Ursu, parus aux maisons d’édition Jacqueline Chambon, Non Lieu, L’Âge d’Homme, Autre Temps, Autrement, ou encore Didier Jeunesse. Voici le ressenti qu’elle nous livre au sujet du festival FILIT : « Je suis venue pour présenter au public roumain une écrivaine francophone, Catherine Lovey, publiée par l’une des grandes maisons d’édition française, et que j’ai traduite en roumain. A part cela, j’anime des ateliers de traduction ici même, dans le cadre du festival, un atelier intitulé Ars Traducendi, destinés aux lycéens des années terminales, au Collège national de Iasi. C’est un atelier ouvert aux élèves de tous les lycées, et l’on attend les meilleurs. J’avais déjà rencontré certains lors de l’édition précédente, lorsque j’avais proposé un atelier captivant, avec mon mari, qui est aussi le traducteur Jean-Louis Courriol. C’est toujours avec lui que je prendrai part à une conférence organisée par la Chaire de Langue française de l’Université Alexandru Ioan Cuza, et modérée par la professeure et traductrice Simona Modreanu. J’avais retenu pour l’occasion un bref fragment du roman « La Casemate », de Tudor Ganea, un écrivain promis à un bel avenir. Un autre événement auquel je prendrai part, c’est le rendez-vous des éditeurs français et roumains, intitulé « S’en fout-on de la littérature roumaine ? ». Moi, je ne m’en fous pas, et c’est pour cela que j’y serai ».

    Le festival sera encore l’occasion pour certaines premières, tel le lancement de la collection « Ecrivains de légende », une bonne occasion pour ramener sous les feux des projecteurs les classiques roumains : Ion Creangă, Mihai Eminescu ou encore Mihail Sadoveanu. Il s’agit d’écrivains moldaves, dont les musées qui font partie de l’ensemble du Musée national de la littérature roumaine de Iasi portent les noms. L’écrivaine et journaliste Adela Greceanu, aux côtés de dix autres écrivains roumains contemporains, a accepté le défi de prendre part à l’initiative « Ecrivains de légende », et c’est elle qui a rédigé la « Vie romancée de Vasile Alecsandri »: « Le personnage de Vasile Alecsandri est forcément inséparable de sa génération, ce qu’en Roumanie on a appelé les « pasoptisti », les révolutionnaires de 1848, une génération fondatrice de l’Etat roumain moderne. C’est une génération formée pour l’essentiel des fils de boyards, moldaves et valaques, à l’esprit libre et aux idées illuministes. Des boyards qui, alors qu’ils s’habillaient toujours à la turque, comme on le voit dans les tableaux de l’époque, envoyaient leurs enfants étudier à Paris notamment, mais aussi dans d’autres grandes capitales européennes. Et ces jeunes, dont Vasile Alecsandri, vont à Paris, et c’est là qu’ils apprennent et qu’ils comprennent ce qu’est le progrès, la modernité, ou encore, élément essentiel, comment fomenter une révolution. Puis ils rentrent dans leurs pays respectifs, en Moldavie ou en Valachie, et s’essayent à mettre en ouvre ce qu’ils avaient appris des révolutionnaires français. Et c’est encore en France qu’ils prennent contact avec cette idée d’Etat-nation, concept qu’ils désirent mettre en pratique, transposer dans le contexte d’alors des Principautés roumaines. Mais le plus drôle, c’est qu’ils y sont parvenus. Ça fait rêver, ces temps d’alors ».

    Le Festival international de littérature et de traduction FILIT est chapeauté par le Musée national de la littérature roumaine de Iași et sa cuvée 2018 a bénéficié du patronage de la Commission européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Augustin Buzura et la censure communiste

    Augustin Buzura et la censure communiste

    Comme dans tout régime totalitaire, dans la Roumanie communiste, la censure était omniprésente et visait notamment les créations intellectuelles. Nombre d’écrivains se sont retrouvés dans le collimateur des autorités, étant obligés à modifier leurs textes ou tout simplement à renoncer à faire publier leurs livres. Augustin Buzura a été un des auteurs qui ont dû se battre contre la censure communiste, ayant fini par gagner la sympathie des lecteurs et l’appréciation des critiques.

    Né le 22 septembre 1938 et décédé le 10 juillet 2017, Augustin Buzura a étudié la médecine et il a même flirté avec l’idée de devenir psychiatre. Pendant ses années d’études, il a pourtant commencé à publier des articles dans d’importantes revues culturelles et il a fini par opter définitivement pour la littérature, ne pouvant pas pratiquer deux métiers très prenants en même temps.

    Dans une interview à Radio Roumanie Culture et conservé dans la phonothèque de la Radio, Augustin Buzura évoquait, en 2008, ses débuts littéraires : « Mon premier livre est sorti alors que j’étais étudiant en 3e année. J’avais écrit de la prose. Je travaillais pendant la nuit, lorsque les salles de lecture du foyer étudiant commençaient à se vider. C’est la nuit que j’ai réussi à écrire le volume de récits « Le cap de bonne espérance », qui a eu du succès auprès des lecteurs. Les récits réunis dans ces volumes ont été publiés dans la revue Tribuna ou dans d’autres revues culturelles. Le livre est paru dans la collection « Luceafărul » des Editions d’Etat pour la littérature et l’art. J’ai donc fait mon entrée dans le monde littéraire sous la pression des études de médecine. »

    Le premier livre d’Augustin Buzura, « Le cap de bonne espérance », était publié en 1963. Les années suivantes ont été marquées par une certaine détente et libéralisation du régime communiste, ce qui a permis à la littérature de s’éloigner de la doctrine du « réalisme socialiste » et de s’exprimer plus librement. Cela n’a pourtant pas duré. En 1971, Nicolae Ceauşescu lançait la « mini-révolution culturelle » conçue selon le modèle maoïste.

    Augustin Buzura : « La censure n’était pas aussi sévère qu’elle allait le devenir après la mini-révolution culturelle opérée au début des années ’70. Il y avait certaines règles, que l’on ne devait pas ignorer, mais à l’époque, cela ne m’intéressait pas de le faire. Par exemple, on ne devait pas écrire « allemand » mais « est-allemand » ou « ouest-allemand », on ne devait pas donner des noms de fabriques, de produits ou de tout ce qui entrait dans cette zone de protection primitive. Pourtant, on pouvait écrire presque tout ce que l’on souhaitait, à condition de ne pas s’en prendre directement au régime. En échange, on pouvait le décrire – ce qui me paraissait encore plus nocif que de l’attaquer ouvertement par les mots. Moi, j’ai choisi de le décrire et de parler de l’être humain dans le contexte d’une histoire brutale. J’ai écrit le roman « Les Absents ». Je l’ai écrit plutôt facilement et, à mon grand étonnement, une fois réalisée la mini-révolution culturelle, je fus frappé d’une interdiction de publier. Par la suite, j’ignore en vertu de quelle logique, le roman fut interdit de publication à nouveau en 1988, alors que dans les librairies et les bibliothèques il n’y en avait plus aucun exemplaire. »

    Malgré ses nombreuses tentatives, Augustin Buzura n’a pas réussi à apprendre la raison de cette interdiction. Finalement, on lui donna une explication plutôt vague : il paraît qu’il y avait dépeint le régime dans des couleurs trop sombres.

    Malgré l’interdiction de publier, Augustin Buzura n’a pas changé de style et ses autres romans ont eu quasiment le même sort : ils ont dû passer par les nombreux filtres de la censure : « C’était d’une importance vitale, pour moi, d’arriver à parler à un censeur. Cela prenait moins de temps d’écrire un livre que de lutter pour le faire publier. J’ai connu des censeurs en tout genre … Certains d’entre eux étaient des personnes cultivées, ce n’était pas des dilettantes. Prenons, par exemple, mon roman « Orgueils », qui a été mon livre le plus critiqué. Il est passé par de nombreuses censures, avant d’être envoyé à la censure de la Securitate, la police politique du régime communiste. Là, on me demanda comment je savais que les détenus politiques portaient des lunettes en tôle, comment je savais quelles étaient les méthodes de torture, comment je connaissais ce qu’il se passait dans les camps de travaux forcés. C’était le genre de discussions pour lesquels il fallait s’armer de patience. J’ai eu en échange des livres – comme « Refuges » par exemple – qui n’auraient jamais été publiés sans la contribution du censeur. Il a compris dès le début de quoi il s’agissait. Avec les plus âgés, qui n’étaient plus au début de leur carrière, on pouvait encore négocier. »

    Après la chute du communisme, en décembre 1989, Augustin Buzura a continué à participer à l’activité culturelle du pays, éditant des revues spécialisées et assumant la direction de la Fondation Culturelle Roumaine, qui allait devenir, toujours grâce à sa contribution, l’actuel Institut culturel roumain. (Trad. : Dominique)

  • La romancière Gabriela Adamesteanu primée par la publication Observatorul Cultural

    La romancière Gabriela Adamesteanu primée par la publication Observatorul Cultural

    Traduites en 15 langues et récompensées de nombreuses distinctions littéraires, ses oeuvres en prose et en vers ont fait de Gabriela Adamesteanu l’une des figures emblématiques de la littérature contemporaine. Nominée au prix Jean Monnet pour littérature européenne pour « La Monotonie de chaque jour », la romancière a figuré aussi sur la liste des nominés aux prix de l’Union latine pour son roman « Une matinée perdue », tandis que sa « Situation provisoire » a été consacrée best-seller lors du Salon du Livre de Paris, en 2013. Paru en 1975, le roman « Une matinée perdue » a poussé le chroniqueur Alan Brownjohn du Times Literary Supplement d’écrire : « il s’agit, d’une part, d’une étude merveilleusement étrange et originale des promesses oubliées et des rêves inassouvis, et de l’autre d’un regard audacieux, d’un modernisme tardif, posé sur la société tout entière. Un panorama extraordinaire sur la vie roumaine contemporaine ». Sorti en 2010, « Situation provisoire » est considéré par le critique Alex Goldis comme « le roman le plus spécifique de Gabriela Adamesteanu qui, pour une fois, s’est laissé totalement entraîner par la mise en équation de l’individuel et du politique. Avec ce roman, la romancière s’est définitivement tournée vers la littérature pour contribuer à l’épopée troublante de l’individu sous l’aile du temps », écrit M. Goldis.

    Les recueils « L’Obsession de la politique » (1995) et « Les deux Roumanies » (2000) renvoient à la carrière journalistique que Gabriela Adamesteanu a menée 13 années durant, à la tête de la Revue 22, et 7 ans, à la tête de la publication « Bucarest culturel ». Une activité pour laquelle Mme Adamesteanu s’est vu distinguer, en 2002, du Prix Hellman-Hammett remis par l’ONG Human Rights Watch.

    Vice-présidente entre 2000 et 2004 du Centre PEN de Roumanie avant d’en devenir la présidente et présidente d’honneur de la première édition des Prix Goncourt en Roumanie, Gabriela Adamesteanu s’est vu remettre de la part de la France le titre de Chevalier des Arts et des Lettres. Carmen Musat, rédactrice en chef de la publication Observatorul cultural, disait à propos de Gabriela Adamesteanu: « c‘est une romancière d’une force extraordinaire dont la carrière a commencé bien avant 1989 et qui pourtant n’a pris aucune ride depuis. Sa prose, toujours d’actualité, se concentre sur Monsieur tout le monde, surpris dans des situations de vie ordinaires. C’est une écriture que la romancière construit en posant un regard attentif sur le quotidien et en étant à l’écoute des moindres nuances de l’existence humaine. C’est une plume qui se sent à l’aise aussi bien dans l’univers plutôt étroit des petits récits qu’au sein des romans de longue haleine. C’est une romancière qui s’enorgueillit d’avoir écrit des romans comme Une matinée perdue, La Monotonie de chaque jour, Eté-printemps, Situation provisoire, mais aussi des essais à grande enjambées ou encore des interviews d’une grande diversité avec des interlocuteurs issus de différents milieux. On se retrouve devant un auteur qui a construit non seulement une oeuvre littéraire, mais aussi une revue qui a perdu de sa gloire au moment où Mme Adamesteanu est partie. »

    ors de la remise du prix pour l’ensemble de son oeuvre, Gabriela Adamesteanu a évoqué une rencontre qu’elle avait faite, en 2005, avec le feu écrivain Gheorghe Craciun. C’était à l’époque où elle avait participé, aux côtés d’autres écrivains roumains au Festival Les Belles Etrangères de France lors duquel son oeuvre a commencé à être traduit en français. Dans son discours, Gabriela Adamesteanu est revenue sur ses débuts littéraires pour remercier tous ceux qui l’ont épaulée: « Je voudrais saluer la présence de Mircea Martin, l’un des critiques qui ont lu mon tout premier roman. Le premier livre est extrêmement important. Car il peut vous pousser en avant ou vous faire reculer. Et puis, il y a pas mal de personnes qui me reviennent à l’esprit, même si on ne s’est plus rencontré. Et je pense, par exemple, à Nora Iuga, à Paul Goma ou encore à mes éditeurs. Vous savez, à chaque fois que je voyage en Occident pour accompagner mes livres, on me demande: mais comment avez-vous fait pour publier vos romans à l’époque de Ceausescu? Je ne sais pas l’expliquer. En revanche, je sais que l’on a fait de la littérature même sous les communistes. Moi, à l’époque, je publiais aux plus grandes maisons d’édition de Bucarest: Cartea Romaneasca, dirigées par deux grands prosateurs que je tiens à mentionner: Marin Preda et George Bălăiţă. Et puis, je ne saurais oublier de mentionner le nom de mon éditeur, Silviu Lupescu, qui a encouragé toute une nouvelle vague de littérature roumaine parue après 2003. Je voudrais mentionner aussi le nom de Catalina Buzoianu qui a signé la mise en scène d’un spectacle inspiré d’un de mes romans. Un spectacle magique réalisé par une grande réalisatrice dans un pays où être femme et artiste n’est pas toujours facile. Et puis, je voudrais remercier aussi bien ma famille pour les normes horriblement intellectuelles qu’elle m’a imposées et qui m’ont beaucoup servi et que tous ceux qui m’ont encouragée à faire ce métier pas forcément recommandé aux femmes. Et pourtant, qu’est-ce que les romancières exceptionnelles sont nombreuses! »
    En 2008, les Maisons d’édition Polirom ont initié la série d’auteur « Œuvres » de Gabriela Adamesteanu. (trad. Ioana Stancescu)