Tag: littérature

  • Le Prix européen Casino de Santiago pour la romancière moldave Tatiana Țîbuleac

    Le Prix européen Casino de Santiago pour la romancière moldave Tatiana Țîbuleac

    La traduction en espagnol du roman « Lété où maman a eu les yeux verts » de Tatiana Ţîbuleac, parue en 2019 aux Editions Impedimenta et portant la signature de Marian Ochoa de Eribe a remporté le prix européen Casino de Santiago. Le jury la préférée aux romans dEric Vuillard, Paolo Giordano et Pedro Feijoo aux côtés desquels la traduction du livre de la romancière moldave sest trouvée sur la liste courte des nominations. Ce prix a été déjà accordé par le passé à des auteurs importants tels Jonathan Coe, Kazuo Ishiguro, John Lanchester et Emmanuel Carrère. Précisons que la même traduction en espagnol a été récompensée en 2019 du prix Cálamo, remis par la librairie homonyme de la ville de Saragosse. Tatiana Ţîbuleac est une ancienne journaliste de Chişinău qui vit maintenant à Paris.



    Lancé en 2016, en roumain, le micro-roman de Tatiana Țîbuleac décrit la relation tendue entre une mère mourante et son fils, adolescent. En 2019, la même romancière sétait vu décerner le Prix de littérature de lUnion européenne, cette fois-ci pour son deuxième roman, « Le jardin de verre » paru en 2018, à la maison déditions moldave Cartier. Davantage sur lécriture de Tatiana Țîbuleac et sur limpact que son premier roman a eu sur le public espagnol, avec la traductrice Marian Ochoa de Eribe : « Lhistoire qui se cache derrière cette traduction est absolument magnifique. Cétait en 2018, au moment du Salon du livre de Madrid, avec la Roumanie comme invité dhonneur. Moi, jai présenté la cérémonie douverture, en présence de lécrivain roumain Mircea Cartarescu. Une très belle cérémonie ! Eh bien, durant cet événement, jai trouvé dans une publication un article sur la littérature roumaine contemporaine, avec plusieurs photos à lappui. A lexception de deux noms de romancières, tous les autres métaient connus. De ces deux femmes, lune était Tatiana Țîbuleac. Je me souviens davoir pris larticle en question en photo pour lenvoyer à une amie de Constanta, la professeure Eta Hrubaru. Je lui ai demandé si elle savait quelque chose sur cette écrivaine et elle ma répondu quen fait, elle avait son roman « Lété où maman a eu les yeux verts ». Et comme je me suis rendue à Constanta début juillet, la première chose que jai faite a été de plonger dans la lecture de ce livre que jai trouvé exceptionnel. Jai déjà raconté à plusieurs reprises aussi bien devant la presse que devant les lecteurs, que ce livre, je lai fini sur une plage, à Mamaia, et que dès que je suis rentrée à la maison, jai ouvert lordinateur pour chercher un contact de Tatiana Ţîbuleac. Je lui ai donc écrit pour lui dire que je me trouvais toujours sous limpact de la lecture de son roman et que jaimerais bien le traduire en espagnol. Une fois quelle ma répondu quelle acceptait, jai contacté Enrique Rebel, le fondateur des Editions Impedimenta pour lui dire que je venais de découvrir une écrivaine et que peu importe sil voulait ou pas de ma traduction, moi, jallais traduire en espagnol « Lété où maman a eu les yeux verts ». Enrique ma fait confiance et voilà comment sexplique cette magnifique trajectoire que Tatiana Ţîbulesc a empruntée vers lunivers hispanique. »





    Marian Ochoa de Eribe a découvert la littérature roumaine au milieu des années 90. A lépoque, elle enseignait la littérature comparée à lUniversité Ovidius de Constanţa. Les premiers romans roumains quelle avait traduits en espagnol ont été « Kyra Kyralina » et « Père Anghel » de Panait Istrati et le « Roman dun adolescent myope » de Mircea Eliade. En 2009, sur proposition de léditeur Enrique Rebel, elle commence à traduire en espagnol lœuvre de Mircea Cartarescu. Entre 2010 et 2013, les Editions Impedimenta allaient publier « Le joueur de roulette », « Travesti », « La Nostalgie » et « Les belles étrangères ». En 2018, une année après la parution dans lespace littéraire hispanique de la traduction en espagnol de son roman « Solénoïde », Mircea Cartarescu se verra accorder le prestigieux Prix Formentor de las Letras pour lensemble de son œuvre « destiné à encourager la transformation radicale de la conscience humaine ».



    Nous avons discuté avec la traductrice littéraire Marian Ochoa de Eribe sur les traductions des œuvres de Mircea Cărtărescu et de Tatiana Țîbuleac. « En fait, je traduis presque tout le temps des œuvres de Mircea Cartarescu. Dernièrement, jai travaillé sur une Anthologie de poésie censée paraître en automne. Je dois avouer quaprès avoir traduit lŒil en feu, deuxième partie de la trilogie Orbitor, un ouvrage particulièrement difficile, jai senti le besoin de faire une petite pause pour plonger ailleurs dans ma tête. Mais bon, « Le Jardin de verre », le deuxième roman de Tatiana Tîbuleac, non plus, na pas été un livre facile, vu la complexité du langage. Pour revenir à votre question, je pense que je ne me libérerai jamais de Mircea Cartarescu, tant je vis dans son univers et parmi ses obsessions. »




    La maison dédition Impedimenta a récemment annoncé la parution de la traduction en espagnol de Marian Ochoa de Eribe du « Jardin de verre » de Tatiana Ţîbuleac. Une bonne nouvelle pour les lecteurs, cest que les Editions Acantilado vont également publier cette année la traduction en espagnol du roman « Provisorat » de Gabriela Adameșteanu, signée par la même Marian Ochoa de Eribe. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Des vins franco-roumains qui font rêver (II)

    Des vins franco-roumains qui font rêver (II)

    Sur ces mêmes terres, le prince roumain francophone Anton Bibescu (Antoine Bibesco) avait un vignoble de 100 ha au siècle dernier. Il dégustait les vins de Corcova en France en compagnie de son grand ami, Marcel Proust. Proust faisait vœu de venir passer quelques mois à Corcova, mais sa santé défaillante len a empêché. Au XXIe siècle, trois Français partent à la recherche du temps perdu ; pour le domaine, cest le temps retrouvé.

  • “Anansi”, une belle collection de traductions

    “Anansi”, une belle collection de traductions

    Le
    marché du livre de Roumanie vit des temps difficiles à cause de la chute des
    ventes, plusieurs maisons d’édition ayant dû restreindre ou carrément arrêté la
    production de livres en format papier. Pourtant, c’est précisément dans cette
    conjoncture que les Editions Pandora M, membre du Groupe TREI, propose aux
    lecteurs une nouvelle collection de traductions d’œuvres de la littérature
    universelle. La collection, appelée « ANANSI. World Fiction », est
    coordonnée par l’écrivain Bogdan-Alexandru Stănescu, un des éditeurs roumains
    les plus appréciés, avec 15 ans d’expérience dans le domaine des traductions
    littéraires.






    La
    nouvelle collection, placée sous le signe du dieu africain des contes, Anansi,
    est structurée en cinq séries: « Anansi. Contemporan », dédiée à la
    littérature actuelle, « Anansi. Clasic », consacrée aux auteurs
    classiques du 20-e siècle, « Anansi. Mentor », la série des essais
    littéraires, « Anansi. Ego » rassemblant les volumes de mémoires, et
    « Anansi. Blues », pour la poésie. Des titres et des auteurs de
    premier rang du paysage littéraire international ont déjà été publiés, dans le
    cadre de cette collection, tels l’écrivaine syrienne Samar Yazbek, très
    critique à l’égard du régime Assad, l’Américain Ben Lerner, finaliste des prix
    Pulitzer et National Book Award, ou encore le Turc Ahmet Altan, qui est aussi
    un journaliste redoutable, tous traduits pour la première fois en Roumain.






    L’écrivain
    Bogdan-Alexandru Stănescu, coordonnateur de la collection ANANSI, avoue que
    c’est un projet éditorial qu’il nourrissait depuis un certain temps déjà : « De nombreux éditeurs rêvent d’un tel
    projet ou d’une collection d’auteur, mais il arrive souvent qu’ils ne trouvent
    pas du soutien. J’ai été moi-même surpris de voir que les six premiers titres
    de la collection sont en rupture de stock. La nouveauté et la qualité des
    œuvres traduites y ont joué, sans aucun doute, mais aussi la beauté des
    couvertures des livres, réalisées par le graphiste Andrei Gamarț. En fait, je
    dirais que c’est une sélection subjective, puisque j’ai inclus dans cette
    collection des auteurs que j’aime et que je voulais, depuis longtemps, voir
    traduits en roumain. Il m’était impossible d’accepter le fait que l’œuvre de José
    Luís Peixoto, un des plus importants écrivains portugais contemporains, que les
    critiques qualifient de « nouveau Saramago », ne soit pas
    intégralement traduite en roumain. Je me souviens d’un groupe sur les réseaux
    sociaux qui s’était proposé de convaincre les maisons d’éditions, sans succès
    d’ailleurs, de traduire Peixoto. Donc, pour moi, la parution de son roman
    « Autobiografia/Autobigraphie », traduit par Simina Popa, dans la
    première vague de la collection, a été un rêve accompli. Même chose pour Martin
    Amis, une des voix les plus influentes et innovantes de la littérature
    britannique contemporaine. Dans le cas de Paul Auster, je dois reconnaître
    qu’un de mes romans préférés est « Moon Palace », dans la traduction
    de Michaela Niculescu, un roman picaresque, une preuve de virtuosité artistique.
    Je crois qu’une maison d’édition a aussi ce rôle, de former le goût du lecteur.
    Et, à mon avis, ce n’est pas normal que des chefs-d’œuvre littéraires soient
    absents du marché parce qu’ils ont été traduits il y a une vingtaine d’années
    et qu’une nouvelle édition ne se justifie pas. Malheureusement, de nombreux
    gens du secteur ne saisissent pas l’importance de la réédition. Son but et de
    préserver la présence de chefs-d’œuvre sur la marché et dans les options du public.
    Voilà, donc, par exemple, l’explication de la nouvelle édition du roman de
    Robert Graves « Moi, Claude, empereur », traduit par Silvian
    Iosifescu. »







    Aux
    yeux du critique littéraire Mihai Iovănel, le recueil de poèmes signés par
    Ruxandra Novac, et publié dans la collection « Anansi. Alwarda », est « le
    come-back le plus attendu de la poésie roumaine ». C’est le deuxième
    volume de la poétesse qui a marqué la création poétique des années 2000.






    Bogdan-Alexandru
    Stănescu, coordonnateur de la collection « ANANSI. World Fiction »,
    des Editions Pandora M, explique: « Ruxandra
    Novac est en quelque sorte la raison d’existence de la série Anansi Blues,
    consacrée à la poésie. Pourquoi ? Parce qu’au moment où nous avons décidé
    de publier ce volume de poèmes, Alwarda, la collection était déjà esquissée,
    mais nous avons pensé produire une série dédiée à la poésie. C’est une série
    qui connaît une évolution plutôt bonne, surtout qu’en 2021, nous allons publier
    l’œuvre poétique de Louise Glück, Nobel
    de littérature 2020. Quand elle avait eu le prix, un grand nombre d’internautes
    disaient ne rien savoir d’elle, alors qu’elle est un des grands noms de la
    poésie américaine des cinq dernières décennies. Je promets que nous entendrons
    parler de plus en plus de Louise Glück en Roumanie aussi. »






    Parmi
    les parutions qui se préparent dans la collection « ANANSI. World Fiction »,
    il y a des titres récompensés d’importants prix littéraire en 2020, dont le
    roman « L’Anomalie » du Français Hervé Le Tellier, qui a reçu le prix
    Goncourt, le roman « The Discomfort of Evening » de la
    Néerlandaise, Marieke Lucas Rijneveld, récompensé du International Booker
    Prize, le roman « Shuggie Bain »,
    qui a marqué le début de l’écrivain écossais Douglas Stuart, le Booker Prize
    2020. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • Une autre histoire de la littérature roumaine

    Une autre histoire de la littérature roumaine

    En 2020, en pleine pandémie, un effort collectif considérable et précieux s’est matérialisé à travers le vaste ouvrage en cinq volumes intitulé «Encyclopédie des imaginaires» et publié aux Editions Polirom. Réalisée par des écrivains et des universitaires, l’ouvrage prend la perspective de l’imaginaire pour traiter de cinq domaines de la culture roumaine : la littérature, l’histoire, la religion, la linguistique et les arts. Concept qui dépasse la notion d’imagination ou de fantaisie – considérée comme créatrice d’illusions, de fictions ou de mondes fictifs – l’imaginaire est devenu un objet d’étude académique depuis de nombreuses années en Roumanie ; on l’apprend de Corin Braga, le coordonnateur du volume consacré à la littérature: « L’imaginaire est une fonction qui structure nos formes de connaissance, comme le font la raison et les sens. Il est très important pour comprendre comment nous nous rapportons au monde. Il y a un imaginaire social, il y en a un collectif, mais il existe aussi des imaginaires individuels. À leur tour, ces imaginaires collectifs peuvent être divisés en catégories: imaginaire littéraire, historique, du théâtre, artistique. Il existe même un imaginaire religieux et un autre géographique, voire même un imaginaire linguistique. C’est ainsi que nous avons structuré cette encyclopédie en ses cinq volumes. Le premier volume renvoie à l’imaginaire littéraire, donc aux représentations qui structurent les visions et les univers imaginaires des pièces de théâtre, romans et poèmes qui constituent la littérature roumaine. »

    Le volume sur l’imaginaire littéraire contient 20 chapitres écrits par 20 auteurs différents, sous la coordination de Corin Braga. Le premier chapitre fait référence au folklore, à une littérature décrite du point de vue des images qui créent l’univers particulier des créations populaires. Il s’agit donc d’une approche différente de l’histoire littéraire traditionnelle, ordonnée selon le critère chronologique, ou de celle thématique, ordonnée autour de quelques idées, explique Corin Braga. « Les histoires littéraires couvrent généralement des périodes plus ou moins longues, selon les centres d’intérêt – des siècles ou des courants littéraires – et on parle ainsi de la littérature ancienne, de la littérature du XVIIIe siècle, de l’illuminisme, du romantisme et de la littérature de la période de la Révolution de 1848, pour en arriver à l’époque des grands classiques et à la littérature de l’entre-deux-guerres et à celle de l’après-guerre. Mais, dans la perspective de cette encyclopédie d’imaginaires et de concepts, sans laisser de côté la chronologie traditionnelle, nous avons structuré la matière d’une manière différente: en constellations de symboles qui circulent à travers les époques, passant d’un courant littéraire à l’autre et que l’on retrouve aussi bien au XVIIIe siècle qu’au XXe. Par exemple, après ce premier chapitre consacré à l’univers du folklore, nous avons un autre article consacré à l’imaginaire religieux dans la littérature roumaine. Et nous partons de textes qui sont plus religieux que littéraires, écrits par Dosoftei et Antim Invireanul aux XVIIe et XVIIIe siècles, et nous arrivons jusqu’au XXe siècle avec tous les écrivains qui ont trouvé l’inspiration dans la religion. Là, je fais référence aux «Psaumes» de Tudor Arghezi, aux poèmes de Lucian Blaga, d’Ioan Alexandru ou de Vasile Voiculescu. Nous nous sommes intéressés aux constellations de symboles qui composent un système, car ils ne sont pas rassemblés au hasard, pour voir comment ils évoluent jusqu’à présent. »

    La littérature d’inspiration historique, par exemple, bénéficie de la même approche que la littérature religieuse dans «L’Encyclopédie des imaginaires roumains». La diachronie n’est pas totalement abandonnée, l’évolution dans le temps est également observée, mais les catégories trop limitatives – qui ne permettent pas la transgression de certains concepts – sont brisées, explique le professeur des universités Corin Braga: Nous avons plusieurs articles consacrés à l’illuminisme et à l’imaginaire rationnel et culturel des illuministes. Un autre chapitre traite de l’imaginaire levantin, balkanique, d’inspiration orientale de notre littérature, un autre qui renvoie à l’imaginaire romantique ou un autre qui renvoie à l’imaginaire du décadentisme. Prenons, à titre d’exemple, le courant romantique et ses phases: il a une forme de préromantisme, une forme de romantisme militant ou de la Révolution de 1848, avec Eminescu nous atteignons le grand romantisme, ayant en lui un grand romantique de la taille de Novalis ou de Byron. Mais ensuite les influences ou les thèmes romantiques – comme le rêve, la bien-aimée ou les fantômes – se retrouvent toujours dans notre littérature, même après la dissipation du romantisme. On les retrouve, par exemple, chez l’écrivain contemporain Mircea Cărtărescu. Il utilise une imagination onirique et des représentations de rêves qui dérivent quelque part d’Eminescu. De la même manière, il y a eu un groupe de poètes oniriques qui, à travers Leonid Dimov et Dumitru Țepeneag, revendiquait la grande rêverie romantique, même s’il avait ses propres définitions.

    Par conséquent, «L’Encyclopédie des imaginaires roumains» offre non seulement une nouvelle approche de l’histoire de la culture roumaine, mais aussi de nouvelles interprétations du lien entre le présent et le passé dans la littérature, et bien plus que cela. (Trad. : Felicia Mitraşca)

  • 09.12.2020 (mise à jour)

    09.12.2020 (mise à jour)

    Politique
    – Le Bureau électoral central de Roumanie a annoncé les résultats des élections
    législatives du dimanche dernier, après décompte final des suffrages, mais
    avant traitement des contestations. Le Parti social-démocrate (PSD) a remporté
    les élections avec 29,32% des voix au Sénat et 28,9% à la Chambre des députés.
    Il est suivi par le Parti national libéral (PNL), avec 25,58% des voix au Sénat
    et 25,19% à la Chambre des députés. En 3e position arrive l’alliance Union
    sauvez la Roumanie (USR)-PLUS, avec 15,86% des suffrages au Sénat et 15,37% à
    la Chambre des députés. Suivent l’Alliance pour l’union des Roumains (AUR) avec
    9,17% des voix au Sénat et 9,08% à la Chambre des députés, et l’Union démocrate
    magyare de Roumanie (UDMR) avec 5,89% des suffrages au Sénat et 5,74% à la
    Chambre des députés. Le Parti du mouvement populaire et PRO România n’ont pas
    dépassé la barre électorale des 5%.


    Les
    négociations pour former un nouveau gouvernement sont toujours en cours à
    Bucarest. Les partis de centre droit tentent de sceller un accord avant les
    consultations avec le président Klaus Iohannis. Les libéraux, actuellement au
    pouvoir et arrivés en deuxième position aux élections législatives, veulent
    constituer une majorité avec l’Union Sauvez la Roumanie-PLUS et l’Union
    démocrate magyare de Roumanie. Selon les calculs politiques des libéraux, une
    majorité confortable de 244 élus nationaux peut être constituée. L’actuel
    ministre des Finances, Florin Cîţu, est la proposition des libéraux pour le
    poste de premier ministre. De l’autre côté, le Parti social-démocrate, gagnant
    des élections, souhaite également constituer un gouvernement. Les sociaux-démocrates
    ne soutiendront pas un exécutif constitué autour du Parti national libéral, car
    ils estiment que le premier ministre devrait être choisi dans leurs rangs, pour
    respecter le choix des Roumains. Ils proposent pour la fonction le professeur
    des universités et médecin Alexandru Rafila, expert de l’Organisation mondiale
    de la Santé. Le PSD a déjà annoncé qu’il négociera uniquement deux scénarios avec
    le chef de l’Etat : soit un gouvernement minoritaire social-démocrate,
    soit un gouvernement d’union nationale, constitué d’experts et coordonné par un
    premier ministre social-démocrate. Le Parlement roumain compte, par ailleurs, un
    autre parti politique, la nouvelle l’Alliance pour l’union des Roumains, d’extrême
    droite et qui est devenue, à la surprise générale, la 4e force du
    législatif de Bucarest.




    Défense
    – L’accord de coopération entre les Etats-Unis et la Roumanie pour le
    développement des projets nucléaires et énergétiques à Cernavodă, situé dans le
    sud-est de la Roumanie, a été signé mercredi à Bucarest par le ministre roumain
    de l’Economie Virgil Popescu et l’ambassadeur des Etats-Unis à Bucarest Adrian
    Zuckerman. Le premier ministre roumain par intérim Nicolae Ciucă, par ailleurs
    ministre de la Défense, était présent à la signature et il s’est également entretenu
    avec l’ambassadeur américain sur la coopération politique, militaire,
    énergétique et économique entre les deux pays. Nicolae Ciucă a aussi réitéré le
    soutien des autorités roumaines pour l’Initiative des trois mers, soulignant que
    le support américain pour les projets prioritaires d’inter connectivité en lien
    avec cette initiative peut constituer un levier important dans le redressement
    économique post-pandémie. D’après le premier ministre roumain par intérim, la
    présence économique solide des Etats-Unis en Roumanie peut constituer un fort signal
    d’encouragement et de stimulation pour d’autres investisseurs étrangers. De son
    côté, l’ambassadeur américain a remarqué le caractère spécial de la relation
    entre les deux Etats, ainsi que l’important rôle que joue la Roumanie au plan
    régional.




    Recherche
    – Le Conseil européen de la recherche a annoncé ce mercredi les gagnants de son
    plus récent appel Consolidator Grant, destiné aux jeunes chercheurs, sept à
    douze ans après l’obtention de leur thèse. Parmi les lauréats compte le Roumain
    Andrei Terian-Dan de l’Université Lucian Blaga de Sibiu, du centre de la
    Roumanie, dont le projet « Une histoire transnationale de la littérature
    roumaine » (TRANSHIROL) sera financé à hauteur de 1,45 millions d’euro. D’après
    un communiqué de la Commission européenne, le professeur Andrei Terian-Dan et
    son équipe se proposent de documenter cinq siècles de littérature roumaine et l’augmentation
    progressive de son champ d’existence. L’histoire transnationale de la
    littérature roumaine qui en résultera vise à devenir, en fin compte, une
    histoire de la littérature mondiale rédigée sous un angle roumain, précise la
    Commission. Docteur en littérature, le professeur Terian-Dan a été chercheur invité
    en Grande-Bretagne, en Espagne et en Slovénie, et travaille actuellement à
    Sibiu.




    Handball
    – L’équipe de Roumanie féminine de handball rencontrera jeudi la Croatie dans
    son premier match du tour principal de l’Euro féminin de handball 2020 au
    Danemark. Les deux autres adversaires de la Roumanie seront les championnes en
    titre, la sélection des Pays-Bas (dans un match disputé le 14 décembre) et la
    Hongrie (dans une rencontre qui aura lieu le 15 décembre). La Norvège et l’Allemagne
    font également partie de ce groupe principal. L’autre moitié du tableau principal
    compte la Russie, la France, le Danemark, la Suède, l’Espagne et le Monténégro.
    A l’issue de cette phase, les deux premières équipes accèderont aux
    demi-finales. La finale de l’Euro 2020 se disputera le 20 décembre. La Roumanie
    avait fini 4ème lors de l’Euro féminin de hand 2018.




    Météo
    – D’importantes chutes de neige sont prévues jusqu’à vendredi après midi sur
    les Carpates Méridionales et de Courbure, placées sous vigilance jaune. Le vent
    sera également au rendez-vous, avec des rafales dépassant les 90-100 km/h sur
    les crêtes. On annonce des pluies sur le centre, le sud et le sud-ouest du pays,
    avec un ciel généralement couvert et des températures à la hausse sur le reste
    du territoire. Des pluies verglaçantes sont également attendues sur l’est de la
    Roumanie et localement ailleurs dans le pays. Les températures maximales iront
    de 0 à 15 degrés.

  • La première pièce de théâtre en réalité virtuelle de Roumanie

    La première pièce de théâtre en réalité virtuelle de Roumanie

    Par ces temps
    difficiles du point de vue sociale et culturel aussi, le théâtre « Andrei
    Mureșanu » de Sfântu Gheorghe (dans le centre de la Roumanie) fait une
    proposition inédite aux amateurs de spectacles du genre : du théâtre en
    ligne, et pas n’importe comment. Une pièce de théâtre en réalité
    virtuelle ! La réalité virtuelle permet de vivre une expérience immersive.
    Vous, spectateur, vous êtes au cœur de l’action et pouvez regarder à 360 degrés
    autour de vous. Imaginez être au centre d’une sphère à l’intérieur de laquelle
    sont projetées des images. C’est à vous de choisir où regarder, ce qui rend l’expérience
    très personnelle.




    Nous avons
    discuté avec Eugen Gyemant, le metteur en scène du « Vol au-dessus d’un
    nid de coucou ». Ce spectacle, une adaptation du roman homonyme de
    l’Américain Ken Kessey, est le premier projet en réalité virtuelle du théâtre
    de Sfântu Gheorghe. Eugen Gyemant : « Notre projet de théâtre en
    réalité virtuelle sortira bientôt. La pièce « Vol au-dessus d’un nid de
    coucou » a eu sa première en avril 2018, mais à présent vous pourrez avoir
    une expérience théâtrale tout à fait nouvelle. La personne derrière ce projet,
    c’est Ana Maria Popa, la directrice du Théâtre « Andrei Mureșanu » de
    Sfântu Gheorghe. Le spectacle dure deux heures et 40 minutes, mais pour pouvoir
    le regarder le plus confortablement possible, il est divisé en épisodes brefs.
    C’est comme une série, vous pouvez la
    regarder intégralement d’un seul coup ou trouver un autre rythme. Vous pourrez
    voir le spectacle à l’aide de tout casque de réalité virtuelle ou directement
    sur un écran. Bien évidemment, l’expérience de la réalité virtuelle est
    immersive. Vous aurez la sensation de vous trouver à l’intérieur du spectacle
    et de prendre part à l’action. »




    Ce projet pilote
    fait du théâtre « Andrei Mureșanu » un des premiers au monde à
    s’ouvrir à cette nouvelle technologie. Nous avons posé la question à Eugen
    Gyemant, le metteur en scène du spectacle en réalité virtuelle, sur les difficultés
    à créer un tel projet : « Ça a été très intéressant de filmer ce
    spectacle en réalité virtuelle, tout a dû être repensé comme un spectacle pour
    un seul spectateur. C’est une expérience intéressante, surtout, car, à la
    différence d’un tournage « normal », on sent beaucoup plus que l’on
    est présent et que l’on prend part à ce qui se passe. Ça n’a pas été facile
    d’adapter le spectacle, les choses sont racontées un peu différemment en
    réalité virtuelle. Ce n’est pas du théâtre et ce n’est pas du film, tout doit
    être pensé du point de vue du spectateur qui est libre de regarder partout. En
    tant que spectateur, c’est comme si l’on était devant une vraie pièce, on peut
    regarder là où on choisit de regarder. Les acteurs interagissent directement
    avec vous, ce qui peut être très intéressant. »


    Pour finir, nous
    étions curieux d’avoir l’opinion du metteur en scène sur l’expérience du
    théâtre en réalité virtuelle. Fera-t-il partie de l’avenir du théâtre,
    notamment dans le contexte actuel ? Eugen Gyemant : « Je ne crois pas que la réalité
    virtuelle pourra jamais remplacer l’expérience directe d’un spectacle. Je ne
    crois pas non plus que ça soit une solution d’urgence durant la période de
    crise que nous traversons. Pour moi, c’est un langage tout autre et c’est une
    grande opportunité de pouvoir l’explorer. »




    Certes, pour le
    moment, le théâtre en réalité virtuelle n’est pas une activité bien économique,
    sachant que peu de monde a un casque de réalité virtuelle chez soi. Si ce n’est
    pas votre cas, pourquoi ne pas lire ou relire le roman qui a inspiré cette
    pièce de théâtre, « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Ken
    Kessey ? Sur papier ou sur liseuse, il reste fabuleux ! (Trad. Elena
    Diaconu)

  • L’écrivain Alexandru Odobescu

    L’écrivain Alexandru Odobescu

    Le 10 novembre 1895, un des premiers écrivains modernes de la littérature roumaine, Alexandru Obodescu, se suicidait par overdose de morphine. De nos jours, il est surtout connu comme auteur de récits historiques, ainsi que du premier livre d’essais de notre littérature : « Pseudokinegeticos ou Faux traité de chasse ». A l’époque de sa mort, les détails sentimentaux de son acte suicidaire ont éclipsé son activité en tant que savant, professeur et homme politique. Il faut d’ailleurs préciser que son suicide n’a pas été exclusivement lié à son aventure avec une femme plus jeune que lui de 30 ans, à savoir Hortensia Racoviță, professeur de géographie et, à son tour, écrivaine. Né en juin 1834 dans une famille de boyards, Alexandru Obodescu était un être talentueux. Ses contributions à l’histoire et à l’archéologie roumaine sont extrêmement importantes. Alexandru Odobescu a été une personnalité complexe qu’il ne faut pas traiter à la légère en raison de son suicide, estime Andi Mihalache, chercheur à l’Institut d’Histoire A.D. Xenopol.

     

    L’histoire s’est toujours trouvée au centre de son activité, surtout l’archéologie, dont il a d’ailleurs été un des pionniers en Roumanie. Son nom est notamment lié au cours d’archéologie qu’il a tenu à l’Université de Bucarest. Pour ce cours, il souhaitait réaliser, dans un but didactique, un musée des moulages, réunissant des copies de sculptures célèbres du monde gréco-romain. Ce rêve allait avoir des conséquences néfastes pour Odobescu, menant à un épisode dramatique de sa vie, car un soutien financier ne pouvait lui arriver que des autorités, qui étaient à l’époque tantôt d’orientation libérale, tantôt d’orientation conservatrice, en fonction des partis qui se succédaient au pouvoir. Initialement proche du Parti Libéral, Alexandru Odobescu s’en est éloigné à cause des tensions nées entre lui et certains membres du parti – dont, notamment, Dimitrie Alexandru Sturdza. Il s’est ensuite rapproché des conservateurs réunis autour de l’organisation Junimea. Ses hésitations politiques ainsi que ses relations avec les différends gouvernements qui se sont succédés au pouvoir ont contribué aux malheurs qui ont marqué la fin de sa vie. Andi Mihalache.

    Le premier épisode malheureux est lié à la participation de la Roumanie à l’Exposition internationale de Paris, en 1867, où Alexandru Odobescu avait amené le fameux trésor de Pietroasa. Ce trésor a capté son attention toute sa vie et il lui a d’ailleurs dédié une ample monographie en français. Or, il a été accusé d’avoir emprunté le trésor au musée South Kensington de Londres, dans l’intention cachée d’en vendre plusieurs pièces aux Anglais. Odobescu s’est disculpé, ce qui n’a pas effacé l’animosité que cet événement avait suscité. Au fil des années, Odobescu a occupé plusieurs fonctions gouvernementales, entre autres celle de ministre des Cultes et de l’Instruction publique pendant le règne d’Alexandru Ioan Cuza. Il éprouve toutefois le sentiment d’un manque de réalisation personnelle et de reconnaissance de la part de ses contemporains, vu qu’il ne se considérait pas qu’un écrivain de récits, il était aussi archéologue, esthéticien, folkloriste, écrivain de contes littéraires et auteur de manuels.

     

    Alexandru Odobescu était donc une personnalité complexe, dont on peut découvrir l’envergure en lisant attentivement sa correspondance avec sa femme, Sașa Prejbeanu. Cette correspondance a la valeur d’un journal intime, enregistrant dans les moindres détails ses états d’âme, souvent contradictoires. C’est là aussi que se trouve la clé de sa décision de mettre fin à ses jours. Ce suicide a été expliqué par une affaire sentimentale, qui y a contribué, peut-être, mais sa vie compliquée y est aussi pour beaucoup. Sa vie a été involontairement politisée, alors qu’il n’était pas, à proprement parler, un homme politique, oscillant entre les sphères d’influence libérale et conservatrice. Le suicide d’Alexandru Odobescu a été le résultat d’une dépression aggravée par le sentiment de l’échec professionnel, plutôt que sentimental. Des pressions financières s’y sont ajoutées – estime Andi Mihalache. Il était perçu comme un gaspilleur, qui passait facilement de l’élégance à l’extravagance, qui dépensait plus qu’il ne pouvait se permettre, qui a gaspillé la fortune de sa femme et qui, ignorant les questions financières, a engagé l’Etat roumain dans deux projets qu’à partir d’un certain moment les autorités de Bucarest n’ont plus accepté de financer. Le premier était la publication en France de la monographie consacrée au Trésor de Pietroasa. Le nombre de pages de la monographie ne cessait d’augmenter, Odobescu y ajoutant de nouveaux textes, et les coûts de sa publication, hérités d’un gouvernement à l’autre, augmentaient aussi. Le second projet était celui du musée des modelages, qui a joué un rôle décisif dans son suicide.

     

    Au moment où son rival, Dimitrie Alexandru Sturdza, fut nommé à la tête du gouvernement, Odobescu s’est rendu compte que tout était compromis. Il commence à recevoir des sommations. On lui demandait de justifier cette dépense de l’argent public pour acheter des moulages au musée du Louvre. Dans ce contexte, Odobescu a envoyé à un autre savant une lettre où il reconnaissait qu’il ne pouvait pas justifier la somme due et qu’il entendait la payer de sa propre poche, pour anticiper, ensuite, le geste qu’il allait faire le 10 novembre 1895. Il a légué à la postérité une œuvre littéraire intéressante, ainsi qu’une contribution importante au développement de l’archéologie roumaine. Andi Mihalache. Possédant une vaste culture et ayant beaucoup voyagé en Occident, Odobescu a essayé d’attirer l’attention de ses contemporains sur le niveau que l’archéologie et l’esthétique avaient atteint en Europe Occidentale et surtout de les persuader que l’étude du passé ne commençait pas par l’Antiquité greco-romaine, mais par l’histoire primitive de l’humanité. En résumant sa contribution, on pourrait dire qu’il a éveillé une certaine sensibilité vis-à-vis de la méthode de travail, tâchant d’imposer certaines exigences et de combattre l’amateurisme des premiers passionnés d’archéologie. Il n’a pourtant pas réussi franchir le pas vers une archéologie professionnelle, comme Vasile Pârvan allait le faire, au début du 20e siècle.(Trad. : Dominique)

  • Gaudeamus 2020 – le retour à la lecture.

    Gaudeamus 2020 – le retour à la lecture.

    La foire internationale du livre Gaudeamus Radio România se déroule ces jours-ci dans une formule adaptée à la pandémie et aux restrictions en place actuellement. Plus précisément, l’événement se déroule exclusivement en ligne, une formule censée assurer la pérennité de ce projet culturel ayant déjà une tradition de plus d’un quart de siècle. Le président honoraire de la 27-e édition de la foire est l’écrivain d’origine roumaine Norman Manea, établi depuis plus de 30 ans aux Etats-Unis et proposé à plusieurs reprises au Nobel de la littérature. Ecoutons Norman Manea : « Dans cet état de tension dans lequel vit tout le monde, la promotion de la culture est un geste qui mérite d’être loué et je me réjouis que les organisateurs aient pensé à un exilé comme moi, qui, tout le monde le sait, est toutefois très lié à son pays, à sa langue, qu’il considère sa patrie personnelle. », a déclaré Norman Manea.

    Une centaine d’entreprises participent à l’événement, y compris les maisons d’éditions les plus prestigieuses de Roumanie, des distributeurs de livres roumains et étrangers, des distributeurs de musique et de jeux éducatifs. Ils se retrouvent tous sur le nouveau site www.gaudeamus.ro, dans la section Catalog, avec des pages de présentation individuelles dédiées justement à cette édition, organisée en partenariat avec le site www.elefant.ro, un des plus important magasins virtuels de livres de Roumanie.

    En outre, plusieurs centaines d’événements organisés par la radio publique roumaine et par les participants à cette édition seront disponibles en ligne ou enregistrés dans la section dédiée au programme figurant sur le site de la foire. Des dizaines de lancements et de présentations de livres ont eu lieu dès le premier jour de l’événement. Cette édition en ligne est synonyme d’adaptation et comme dans le cas de tous les événements réunissant un public important, à l’avenir les éditions en présentiel seront sans aucun doute doublées d’éditions en ligne, affirmait lors de l’inauguration du Salon, Georgică Severin, PDG de la radio publique roumaine: « Cette pandémie a fait revenir la soif de culture. Les auto-isolements, la quarantaine, nous ont obligés à nous tourner vers le livre, soit en format classique, sur papier, soit en format électronique. Ces éléments nous ont fait redécouvrir les petites joies qui viennent s’ajouter à la grande joie de savoir que nous sommes tous sains et saufs. Et toutes ces choses-là ensemble ont créé une atmosphère favorable à une foire du livre, même dans cette variante électronique. », a déclaré le PDG de la radio publique roumaine.

    Plusieurs projets spéciaux se déroulent dans le cadre du Salon du livre Gaudeamus. Parmi eux, le concours « Je veux une école idéale », dans le cadre duquel, les élèves et les enseignants peuvent décrire dans des messages comment ils arrivent à étudier actuellement, en pleine crise sanitaire, et comment ils souhaitent que l’école se déroule pour qu’ils puissent se sentir en sécurité, motivés et appréciés.

    Les témoignages seront ensuite réunis dans de brefs reportages, dont les meilleurs seront primés par la radio publique roumaine, qui allouera au Grand Prix une partie de l’argent provenant des taxes de participation à l’événement. Les exposants feront également don de livres et de matériels éducationnels afin de créer une bibliothèque au bénéfice des établissements scolaires participant au concours.

  • La troisième édition du Gala des Prix „Sofia Nădejde” pour la littérature écrite par des femmes

    La troisième édition du Gala des Prix „Sofia Nădejde” pour la littérature écrite par des femmes

    Fin septembre, l’Association indépendante ART NO MORE avec le concours de l’Administration du Fond culturel national, a organisé la troisième édition du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes. Plusieurs romancières et poétesses se sont vu récompenser lors d’un événement accueilli par le Théâtre Apollo 111 de Bucarest – Gabriella Eftimie pour son recueil de poèmes « Sputnik dans le jardin », Lavinia Branişte pour son roman « Sonia lève la main » ou encore la journaliste radio Ema Stere pour son roman de début « Les enfants de Marcel ». Portant le nom de la première femme de Roumanie autorisée à passer le baccalauréat dans un lycée réservé aux garçons, les prix pour la littérature féminine Sofia Nădejde ont été précédés d’une soirée de courts-métrages signés par des réalisatrices de Roumanie.

    La poétesse et journaliste, Elena Vlădăreanu, initiatrice du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes raconte :« Dès le début, on a été attiré par cette idée de rencontre entre les différents arts. Or, cette année, suite à un partenariat avec l’Association roumaine des femmes au cinéma, on est arrivé à mettre en place une série de rencontres des romancières nommées dans les sections Prose et Début en prose avec les réalisatrices de film choisies par l’association. Ensuite, depuis une année déjà, on a mis en place un partenariat avec Scena.ro, la plus importante plate-forme de théâtre de Roumanie, ce qui fait qu’à partir de 2019, on décerne un prix spécial pour la Dramaturgie. Cette année, ce fut le tour d’Alexandra Pâzgu de se voir remettre ce prix. Il s’agit d’une dramaturge extrêmement intéressante qui vit à Vienne et qui, dernièrement, s’est mis à écrire en allemand. Et puisque j’ai invoqué cette rencontre entre différents arts, je voudrais mentionner aussi le partenariat avec transit.ro, une collaboration de longue durée qui nous a permis de mettre en place une série de débats. Transit.ro a d’ailleurs figuré parmi les partenaires de l’édition 2020 et il nous a aidés à financer un de nos prix. Personnellement, je trouve toutes ces rencontres extrêmement importantes. J’espère pouvoir organiser aussi l’atelier proposé par l’artiste Liliana Basarab, un atelier qui tourne autour du livre en tant qu’objet et qui part des œuvres littéraires sélectionnées. »

    Lors du Gala de cette année, l’écrivaine Sanda Cordoș a reçu le prix spécial « Une chambre à soi», qui récompense l’effervescence avec laquelle elle soutient depuis des décennies la littérature roumaine contemporaine. Grațiela Benga-Țuțuianu, critique et historienne littéraire, membre du jury des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes :« Personnellement, je considère le choix de Sanda Cordoş comme étant très juste, puisque personne ne pourrait reprocher quoi que ce soit aux ouvrages critiques qu’elle laisse derrière. En plus, par le fait d’avoir choisi Sanda Cordos, on donne aussi une réplique à une réalité souvent bien triste. Parce qu’on continue de voir différents critiques et historiens littéraires s’embrouiller en toute sorte de stéréotypes thématiques ou de style et employer des termes inappropriés à chaque fois qu’ils parlent de la littérature ou de la critique faites par les femmes. Or, par tout ce que Sanda Cordoş a écrit, en admettant qu’on fait une lecture honnête de ses œuvres, on arrive à donner la réplique à tous ces préjugés. Malheureusement, on a à faire à une littérature partagée en deux catégories – masculine et féminine- et je trouve complètement inadéquate cette délimitation, puisque la littérature devrait refléter le monde entier, l’humanité dans son ensemble, ce qui est beaucoup plus qu’une limitation en fonction d’un schéma fixé d’avance. »

    La poétesse et traductrice littéraire Alexandra Turcu et l’artiste visuelle Liliana Basarab font partie, toutes les deux, de l’équipe à laquelle nous devons l’initiative des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par les femmes. Nous avons voulu apprendre pourquoi une telle idée était si importante et quelles ont été les réactions que cette démarche a provoquées. Alexandra Turcu. « Je me suis rendue compte que, pour ma part, encore plus fort que le désir d’écrire était celui de donner un coup de main à la littérature, notamment à celle écrite par les femmes. Ce fut la raison qui m’a poussée à rejoindre Elena Vlădăreanu dans cette initiative. Les réactions lors de la première édition ont été de très diverses, parfois négatives et, sur le coup, je me suis sentie découragée. Mais, petit à petit, j’ai remarqué que ces prix ont leur place et qu’ils gagnent de l’importance d’une édition à l’autre. Malgré les réactions négatives qui persistent, je pense que ce projet vaut vraiment le coup d’être continué. D’ailleurs, c’est ça le principal enjeu de tous ces Prix. Pas forcément d’accorder des distinctions, mais de lutter contre les préjugés envers la littérature écrite par des femmes et envers la place des femmes dans le monde. »

    A la fin, l’artiste visuelle Liliana Basarab ajoute :« J’ai l’impression d’apprendre énormément de choses à force de travailler dans l’équipe organisatrice des Prix Sofia Nadejde. Comme on l’a déjà dit, cette initiative ne se résume pas à accorder quelques distinctions. Les Journées Sofia Nădejde comportent plusieurs activités dont le but est de reconnaître la valeur des créations des femmes et j’espère que de telles démarches se poursuivent. Je pense que ce gala est arrivé à produire des changements de mentalité. Voilà pourquoi il est impératif de le continuer et de chercher d’autres moyens censés mettre en valeur l’art fait par les femmes, trop souvent méconnu ou considéré comme un art mineur. »

  • La traductrice littéraire Mihaela Buruiană

    La traductrice littéraire Mihaela Buruiană


    Contexte pandémique oblige, lédition de cette année du Festival international de littérature et de traduction, en abrégé FILIT, est plutôt atypique. Sans participation internationale et avec un agenda dévénements déroulés pour la plupart en ligne, FILIT 2020 a quand même mis au point une série de surprises pour les épris de la littérature et des traductions. Quatre jours durant, les événements littéraires senchaînent. Parmi eux, plusieurs portent sur le métier de traducteur littéraire. Quest-ce quune telle profession suppose? Quels sont les défis que le traducteur doit relever ? Voilà des questions auxquelles on répondra avec notre invitée, la traductrice littéraire Mihaela Buruiană.






  • Avoir des enfants atypiques en Roumanie

    Avoir des enfants atypiques en Roumanie

    Et là, on fait référence aux familles avec des enfants qui ont des besoins éducatifs particuliers (BEP) et qui, en vertu de la législation actuelle, doivent être intégrés à l’enseignement de masse. La loi existe sur papier, mais, en pratique, il arrive souvent que cette intégration n’ait pas lieu. C’est ce vécu qu’Anemari-Helen Necșulescu relate dans son livre paru récemment chez Cartex sous le titre « Le journal d’une mère. Séquences urbaines avec enfants, trafic routier, parents, devoirs et autres ».

    Anemari est mère de deux enfants adoptés, dont le garçon, Emi, a reçu un diagnostic de trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention ou TDAH. Le livre ne raconte pas que le mal qu’Anemari a eu à intégrer Emi à l’école. Comme l’auteure le déclare elle-même, « le livre ne vise à rien résoudre, il vise à ouvrir des thèmes de débat. (…) Ne pas parler de nos problèmes ou, pire encore, les cacher, c’est beaucoup plus dangereux pour notre santé mentale. »Un des sujets longtemps cachés sous le tapis, c’est la réaction du système éducatif à l’égard des élèves aux besoins éducatifs particuliers. Au bout de huit ans de tourments, Anemari-Helen Necșulescu résume les types de résistance que l’école lui a opposés. « ll existe plusieurs formes de résistance. C’est l’opposition claire, quand on dit « non », carrément : « ce n’est pas possible », « on n’a pas », « ça n’existe pas ». C’est le genre d’attitude qui me pousse à agir. Mais il y a aussi l’opposition silencieuse, dans laquelle les gens font semblant de respecter la loi et de l’appliquer. Je n’étais pas au courant de cela. Voilà pourquoi, dans mon livre, j’ai consacré beaucoup d’espace à ce sujet et à la façon dont un parent vit cette expérience. D’une part, j’aimerais que les enseignants lisent le volume et puissent trouver en eux l’empathie qui leur permette de voir dans les enfants, au-delà des noms inscrits dans le catalogue, des êtres humains qui ont une histoire. D’autre part, je voulais que les parents se trouvant dans la même situation que la mienne comprennent que ce n’est pas facile. Certains me demandent mon avis. Alors, je leur explique la législation, mais aussi comment ils devraient aborder le problème. Là encore c’est pas facile du tout, car il est question d’un tas de choses, qui vont de la rédaction d’un formulaire d’inscription en double exemplaire à déposer au secrétariat de l’école jusqu’au fait qu’il faut revenir pour savoir quel est le sort de votre requête. Vous devez aussi lire la législation. Si vous avez des amis ayant des connaissances juridiques, demandez-leur de vous aider à traduire la législation dans votre langue. Ensuite, il faut insister et contacter la hiérarchie, systématiquement, jusqu’au niveau du directeur d’école et à celui de l’inspection scolaire. Il ne faut pas lâcher, car on n’a pas le choix. Mon message aux parents dans ma situation est le suivant : Vous êtes le seul espoir de votre enfant. Je sais que, de toute façon, c’est dur de vivre son quotidien, mais, en tant que parent, vous êtes son unique chance. C’est ainsi que j’ai obtenu, pour mon enfant, le maximum que l’on peut obtenir dans la Roumanie d’aujourd’hui. »

    Les péripéties d’adaptation d’un enfant BEP et les efforts des parents à cet égard sont décrits dans le livre Le journal d’une mère avec minutie, humour, mais aussi avec l’énergie d’un parent qui sait que, au moins au début, il ne doit compter que sur lui-même dans ce combat contre l’inertie. Anemari-Helen Necșulescu: « Dans mon livre, il y a un chapitre où j’explique comment nous avons commencé l’année scolaire, au cours préparatoire, et comment à la fin, nous avons été expulsés de la classe. C’était douloureux, évidemment, mais j’ai essayé de me concentrer sur ce que j’avais appris de cette leçon et sur la façon dont j’avais décidé d’aborder le problème. La plupart du temps, lorsque nous avons de tels problèmes, nous nous mettons en colère et voulons que justice soit faite. Cette justice, à laquelle nous avons droit, on ne peut pas l’obtenir de cette manière. Si, en tant que parent dans cette situation désespérée, vous vous détachez un peu et prenez du recul, vous pourrez regarder les autres parents comme des personnes non informées, pas nécessairement dépourvues d’empathie. Ils aiment tout autant leurs propres enfants et ne voient peut-être que les besoins de ceux-ci. C’est ainsi que vous réalisez que la réponse est toujours dans l’éducation. Et c’est à vous d’éduquer ces parents, car c’est la seule façon d’intégrer votre enfant. Il n’y a pas de système à l’école pour vous faciliter la tâche. Il n’y a pas de réunions avec les parents où l’on discute de la diversité, des besoins spéciaux, de l’intégration et de l’empathie. C’est à vous d’endosser ce rôle. Vous devez chercher et vous faire des alliés. Et pour cela, j’ai dû me rendre vulnérable, raconter aux parents les difficultés auxquelles j’étais confrontée, à quel point c’était difficile pour moi, ce que signifiait le diagnostic de mon fils, quelles en étaient les manifestations et les défis. Je leur ai dit que je comprenais qu’il leur était peut-être difficile d’accepter que le rythme de la classe soit ralenti par la présence d’un tel élève. J’ai fait tout ça pour trouver un moyen qui nous permette de coexister. »

    Comme elle était déjà habituée à élever un enfant atypique, Anemari-Helen Necșulescu en a adopté un autre : une fillette de cinq ans, maintenant âgée de neuf ans. Voici l’histoire de cette adoption, racontée par notre interlocutrice : « J’ai trouvé Rebeka sur la liste des enfants difficiles à adopter. Dans son dossier, il était écrit qu’elle était ethnique rom. On peut soupçonner que c’est la raison pour laquelle elle n’avait pas été adoptée plus tôt. Un enfant se retrouve sur la liste des enfants difficiles à adopter pour plusieurs raisons. Il se peut qu’une fois ouvert le processus d’adoption, plusieurs parents potentiels refusent d’aller plus loin. Autre cas de figure : l’enfant se retrouve plus de six mois dans le registre national des adoptions. Évidemment, il y a des enfants avec différents diagnostics, mais l’appartenance ethnique surtout est un facteur déterminant. Quand j’ai vu que son appartenance ethnique était inscrite sur la fiche, même si c’était illégal, je me suis mise en colère, car je me fâche à chaque fois qu’on me dit que « ce n’est pas possible ». Rebeka a changé ma vie et m’a beaucoup aidée dans ma relation avec Emi. Le fait qu’elle soit d’ethnie rom était juste une information sans importance pour nous. Cependant, elle est très brune, et cela fait que les gens se comportent de manière extrêmement inappropriée. C’est un autre défi à relever. Par exemple, comme je teins mes cheveux en blond et que ma peau est très blanche, le contraste avec Rebeka est saisissant. ll m’est arrivé, un jour, qu’une vendeuse en charcuterie nous regarde longtemps pendant que nous faisions nos courses. À un moment donné, elle n’a pas pu s’empêcher de demander si Rebeka était ma fille. J’ai dit « oui » et j’ai continué : « Mais à qui ressemble-t-elle ? ». « A son père ! », ai-je répondu calmement. Ces dernières années, toujours plus de parents qui adoptent des enfants roms se sont heurtés à la ségrégation, car le problème n’est pas seulement celui de l’enfant, mais de la famille élargie. Par exemple, cela touche Emi aussi. Quand un enfant crie à Rebeka qu’elle est Tsigane et qu’Emi se trouve à côté d’elle, il se sent mal à l’aise lui aussi. »

    L’histoire d’Emi, de Rebeka et de leurs parents, racontée dans le livre « Le journal d’une mère », n’est qu’un défi parmi tant d’autres que pose la vie trépidante à Bucarest. Anemari-Helen Necșulescu nous les décrit avec humour et empathie pour prouver qu’en adoptant la conduite appropriée on peut surmonter les difficultés.

  • Muriel Augry Merlino

    Muriel Augry Merlino

    Principal promoteur de la francophonie dans la région de la
    Moldavie, comme peut-on le lire sur son site, l’Institut français de Iaşi avec
    à sa tête, Mme Muriel Augry Merlino, s’ouvre cet automne à plusieurs manifestations
    culturelles parmi lesquelles mentionnons le Festival international de
    littérature et de traduction, FILIT ou encore le Festival du film français.
    Nous avons invité par téléphone la directrice de l’Institut pour passer
    brièvement en revue l’agenda de l’Institut dans les semaines à venir.

  • L’autrice, traductrice et féministe Sofia Nădejde

    L’autrice, traductrice et féministe Sofia Nădejde

    A partir de la seconde moitié du 19e
    siècle, lorsque la société roumaine est entrée dans une phase de modernisation
    et d’occidentalisation soutenue, la presse de l’époque a commencé à parler des
    droits des femmes. C’étaient des associations féminines qui mettaient ce sujet
    à l’ordre du jour et qui militaient surtout pour le droit à l’éducation et pour
    le droit de vote. Les femmes ont ainsi commencé à remettre en question leur
    rôle traditionnel qui se limitait à la sphère privée et ont cherché à élargir
    leur influence à la sphère publique. Parmi les intellectuelles qui ont porté ce
    mouvement compte aussi la journaliste, traductrice et féministe Sofia Nădejde,
    née en 1856 à Botoșani (nord).

    La Maison d’édition Paralela 45 a récemment
    publié ses articles de presse dans un recueil intitulé « Sur le cerveau
    féminin et d’autres démons ». Le volume est paru sous la coordination
    d’Adina Mocanu et de Maria Cernat, et c’est cette dernière qui nous parle de
    Sofia Nădejde dans le contexte de son époque : « Elle
    a combattu sur plusieurs fronts. Sa famille nombreuse serait vue aujourd’hui
    comme un modèle de réussite – elle a eu quatre filles et deux garçons, ainsi
    qu’une autre fille morte pendant son jeune âge, et tous ses enfants ont eu des
    carrières remarquables. Mais en dehors de cela, Sofia Nădejde était une
    militante et elle n’aurait pas aimé être dépeinte comme une femme à succès dans
    les pages des magazines people. C’était une femme sérieuse, très appliquée dans
    ses observations et études, et très proche des gens simples ou pauvres. Elle
    aurait aimé que son émancipation ait lieu en même temps que celle de toutes les
    femmes de Roumanie et ne combattait pas particulièrement pour les droits des
    femmes privilégiées. Cela peut sembler bizarre, par exemple, qu’elle ne
    militait pas pour le droit de vote des femmes. Mais dans le contexte de
    l’époque, où le suffrage censitaire était en vigueur et seulement les gens les plus
    fortunés pouvaient voter, cela aurait donné le droit de vote à un nombre très
    limité de femmes. C’est pourquoi Sofia Nădejde affirmait sa volonté de lutter
    pour toutes les femmes, pas seulement pour les privilégiées. »


    Certaines militantes intellectuelles du
    19e affirmaient qu’il fallait que la femme préserve malgré tout son rôle
    traditionnel, mais qu’elle bénéficie, en plus, de certains droits. Sofia
    Nădejde, à l’opposé, souhaitait un changement radical de paradigme. Et elle
    avait bien d’autres points de différence avec la plupart des intellectuels de
    son époque. Elle et son mari, Ioan Nădejde, étaient adeptes du socialisme, une
    idéologie alors peu populaire en Roumanie. Maria Cernat détaille : « Elle
    a débuté dans des magazines socialistes qui aujourd’hui seraient caractérisés
    de féministes. Un qui s’appelait « La Femme roumaine ». Ensuite, elle
    a écrit longtemps pour la publication « Contemporanul ». C’était dans
    sa jeunesse, quand elle écrivait notamment des textes militants pour les droits
    des femmes. Par la suite, elle s’est orientée vers la littérature. Elle a fait,
    avec des moyens littéraires, de l’art engagé. Sofia et Ioan Nădejde assumaient
    très bien leurs positions militantes et leurs sympathies socialistes. Pour
    résumer, Sofia Nădejde s’est d’abord concentrée sur les droits des femmes, la
    place de la femme dans le christianisme, la prostitution, la famille, donc
    plutôt des questions de philosophie politique. Après, ses préoccupations
    littéraires ont pris le dessus, sans que son orientation idéologique socialiste
    soit perdue de vue. Elle soutenait le droit des femmes à l’éducation, dont le
    but allait au-delà de rendre les mères capables d’élever les fils de la nation.
    Elle militait aussi pour l’indépendance juridique et économique des femmes,
    pour leur droit de travailler et pour leur autonomie financière. »


    Mais il y avait d’autres idées et
    positions qui démarquaient Sofia Nădejde de ses contemporaines. Maria Cernat
    continue : « C’est
    drôle de voir que certains de ses articles font état de principes très
    conservateurs. Elle était, par exemple, contre la danse, une coutume primitive,
    selon elle, héritée des « sauvages ». Elle était aussi contre la
    coquetterie. Nous dirions, peut-être, aujourd’hui qu’elle était contre les
    standards de beauté, tous relatifs. Elle critiquait également les bals, où les
    gens allaient danser pour ensuite sortir transpirés dans l’air froid et
    attraper des pneumonies. Ces principes peuvent sembler aujourd’hui très
    conservateurs, mais elle y tenait. Pour elle, l’émancipation, ce n’était pas de
    se mettre à fumer des cigares, d’aller dans les bars pour se saouler ou avoir
    beaucoup d’amants. Autrement dit, ce n’était pas de se mettre à faire ce que
    faisaient les hommes. Ce n’était pas ça, la libération des femmes. Eduquer ses
    enfants très sérieusement était, en revanche, un exemple d’émancipation. »


    Inévitablement, ses idées ont fait
    entrer Sofia Nădejde dans différentes polémiques, dont une, célèbre, avec Titu
    Maiorescu. Ministre, parlementaire conservateur, philosophe et critique
    littéraire, il était et il est toujours une autorité absolue de la culture
    roumaine. Maria Cernat : « Une
    histoire intéressante est celle où Sofia Nădejde contredit Titu Maiorescu
    concernant le poids du cerveau des femmes. Il n’adhérait pas à l’idée que le
    sort des peuples soit laissé dans la responsabilité d’êtres avec un cerveau 10%
    plus léger que celui des hommes. Un cerveau plus petit indique, de toute
    évidence, que les femmes sont moins dotées intellectuellement que les hommes.
    Par conséquent, selon Maiorescu, il fallait adopter le principe de la
    séparation des sphères : la sphère domestique pour les femmes et celle
    publique pour les hommes. Sofia Nădejde a alors souligné le sophisme de
    Maiorescu : si le poids est équivalent de l’intelligence, on pourrait
    alors conclure que la baleine est l’être le plus intelligent de la planète, car
    elle a le cerveau le plus grand et le plus lourd. »


    Sofia Nădejde a reçu en 1903 le prix du
    journal Universul – une importante récompense pour les romanciers – qui prenait
    également en compte le succès auprès du public. Sofia Nădejde est décédée en
    1946 et beaucoup de ses idées sont toujours d’actualité. (Trad. Elena Diaconu)

  • 12.09.2020 (mise à jour)

    12.09.2020 (mise à jour)

    Rentrée – Dernier weekend de vacances en Roumanie, car la rentrée scolaire
    démarre lundi le 14 septembre. Plus de 70% des établissements scolaires reprendront
    les cours normalement. Elèves et professeurs iront tous les jours en classe. Quelque
    5.000 établissements, soit environ 28% du nombre total, s’inscrivent
    actuellement dans le scénario mixte qui implique la présence physique à l’école
    de tous élèves du cycle primaire et de ceux en année terminale au collège et au
    lycée, alors que les autres élèves vont alterner présence à l’école et cours en
    ligne. Pour ce qui est des écoles restantes, une école sur dix se trouve dans
    une commune où la circulation du virus est considérée comme trop importante et,
    pour le moment, l’enseignement y sera délivré uniquement en ligne.






    UE – La Roumanie ne soutient pas le changement du mode de vote de l’unanimité
    à la majorité qualifiée pour adopter des décisions dans le domaine des impôts
    au niveau de l’Union européenne. C’est la déclaration du ministre roumain des
    Finances Florin Cîţu, dans le cadre du Conseil pour les affaires économiques et
    financières. Alors que les ministres européens des Finances débattaient de la
    nécessité d’une réforme du système fiscal pour arriver à une imposition
    équitable et efficace, Florin Cîţu a rappelé que les Etats européens étaient
    souverains en matière de politique fiscale, car elle permetait à chaque Etat de
    fixer ses politiques nationales. De même, le ministre roumain a exprimé son
    soutien pour améliorer les règles européennes en matière de coopération administrative
    entre les Etats membres. La Roumanie accorde une grande importance à ce que le
    poids financier soit réparti de manière équitable entre les pays de l’UE, a ajouté
    Florin Cîţu, en soulignant que l’utilisation de l’imposition comme levier pour
    une transition vers l’économie verte devait prendre en compte les spécificités
    économique de chaque Etat.




    Musique – La compétition de piano du concours international de musique
    classique « George Enescu 2020 » se déroule en ce moment-même, en ligne, et prendra
    fin le 15 septembre. Le jury se réunira par la suite et annoncera les résultats
    le mercredi 16 septembre. Seuls 12 des 55 concurrents seront sélectionnés pour
    participer à la demi-finale de la compétition, qui aura lieu en mai 2021, à
    l’Athénée roumain de Bucarest. La compétition du Festival George Enescu
    comprend en tout quatre sections : violon, violoncelle, piano et composition. Les
    55 mini-récitals donnés par des pianistes du monde entier, dont le cadet a 15
    ans et le plus âgé, 33, sont accessibles sur le site www.festivalenescu.ro.




    Littérature & droits de l’Homme – L’Union des écrivains de Roumanie a rendu public samedi un message
    de solidarité avec la lauréate du prix Nobel de littérature de 2015, Svetlana
    Aleksievitch, ouvertement opposée au régime de Biélorusse. « Le grand
    prestige de l’écrivaine, doublé par la force de son courage civique en tant que
    membre de la présidence du Conseil de coordination de l’opposition de
    Biélorussie, transforment Svetlana Aleksievitch, alors qu’elle est harcelée
    tous les jours et menacée de prison, en emblème de l’esprit libre » – peut-on
    lire dans le communiqué de presse de l’Union des écrivains de Roumanie. Mercredi,
    l’ambassadeur roumain à Minsk Viorel Moroşanu et autres ambassadeurs des Etats membres de l’UE se
    sont rendus chez l’écrivaine Svetlana Aleksievitch pour s’assurer que ses
    droits étaient respectés. Les abus du président Alexandre Loukachenko, à la
    tête de la Biélorussie depuis 26 ans et souvent qualifié du dernier dictateur d’Europe,
    ont également été condamnés par le Parlement de Bucarest. Les deux chambres du Parlement
    ont récemment adopté des déclarations pour demander aux autorités biélorusses
    de respecter les droits de l’Hommes et d’arrêter la répression contre ses
    propres citoyens.

  • Des lycéens s’essaient à la traduction littéraire

    Des lycéens s’essaient à la traduction littéraire

    Des
    jeunes de quatre lycées de la ville de Iaşi essaient pour la première fois de
    traduire un texte littéraire. Comme guides, deux traductrices professionnelles,
    Marily Le Nir et Mirela Ferraiuolo, et une professeure de français passionnée,
    Lorina Iacob.