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  • La maison musée « Mihai Eminescu » d’Ipoteşti

    La maison musée « Mihai Eminescu » d’Ipoteşti

    Nous pénétrons dans la maison de Mihai Eminescu, le poète national de la Roumanie, maison qui se trouve dans le village d’Ipoteşti. Une fois sur place, le touriste a l’occasion d’admirer des objets ayant appartenu à la famille Eminovici, comme la boîte à bijoux de la mère du poète, la boîte de maquillage du poète de la période où il jouait dans des pièces de théâtre, de la vaisselle en argent, des armoires en bois de rose ainsi que de nombreux livres. Notre guide d’aujourd’hui est la muséographe Elena Smaranda Berescu.



    « Cette maison a été détruite en 1924, les derniers propriétaires n’ayant pas réussi à l’entretenir. C’est ainsi que deux reconstructions ont eu lieu. La première a été réalisée entre les années 1934-1936. C’était une belle maison, solide, mais qui ne correspondait pas aux plans initiaux. Ainsi, après beaucoup d’insistances de la part des « eminescologues » et des autorités locales, la deuxième reconstruction a été décidée. Les travaux ont débuté en 1976 et la maison a été inaugurée en juin 1979. Sa forme actuelle respecte intégralement le projet original. La maison dispose de trois chambres, d’un hall, d’un salon, d’un cabinet pour le père, qui servait auparavant de chambre à coucher pour lui puis pour le dernier nouveau-né. Il y avait aussi la chambre des filles. Les garçons quant à eux dormaient dans un autre bâtiment qui n’existe malheureusement plus aujourd’hui. »



    La famille Eminovici, nombreuse, était aisée. Les deux époux, Raluca et le dignitaire Gheorghe Eminovici, ont eu onze enfants : sept garçons et quatre filles. Pourtant, dans le salon ne figurent que sept photos, ajoute Elena Smaranda Berescu, muséographe.



    «Quatre de leurs enfants n’ont pas été photographiés, car ils sont morts prématurément. Dans le salon de la famille, on peut voir des photos de cinq garçons et deux filles au-dessus du piano, Aglaia et Harieta. Aglaia est la seule à s’être mariée, c’est pourquoi elle n’était que de passage à Ipoteşti. Harieta est celle qui est restée le plus longtemps à Ipoteşti, car à 5 ans elle a développé un handicap moteur suite à une poliomyélite. Elle y a passé presque toute sa vie, en ne déménageant à Botoșani que vers la fin. C’est aussi à Botoșani qu’elle a pris soin de notre poète dans ses dernières années de vie. Dans le salon, vous pouvez observer la table de la famille, avec les six chaises enveloppées de cuir de Cordoue. Dans les vitrines on remarque aussi quelques petites cuillères retrouvées dans les fondations de l’ancienne maison. Celles-ci portent le initiales « RE » pour la mère ainsi que les initiales du poète et de son frère, Matei. À côté du poêle et dans le cabinet du père on retrouve des morceaux de terre cuite d’une couleur plus claire. Ces fragments ont aussi été retrouvés dans les fondations de la maison et ont ensuite été réutilisés dans la structure des poêles à bois d’après le modèle original. »



    Dans le cabinet du père se trouvent encore son bureau et son encrier, la chaise et la boite métallique dans laquelle le dignitaire rangeait ses documents. Ce cabinet servait auparavant de chambre à coucher des parents et du dernier nouveau-né. Elena Smaranda Berescu précise :



    « Parmi les cinq photos des garçons exposées dans le salon, vous reconnaîtrez celle du poète Mihai Eminescu. La première photo, la plus emblématique, fut prise à ses 19 ans, en 1869, pendant un voyage à Prague. Dans le cabinet vous verrez des photos de lui prises à différents âges: à 24, 28, 34 et 37 ans, deux ans avant sa mort. À côté de ses photos se trouvent celles de ses parents, nés dans des villes et des milieux sociaux tout à fait différents. La mère était issue de la haute société. Fille d’un haut dignitaire, elle est née dans un village du département de Botoşani. Elle avait une dot assez importante – de 2500 pièces d’or. Le père est né dans le département de Suceava, dans une famille nombreuse et modeste. C’est de là que lui est venue son ambition d’atteindre le même niveau financier que celui de Raluca. Il a réussi en obtenant un poste important. C’était un rang princier obtenu par décret, qui impliquait la perception des impôts sur l’alcool. Grâce à cette fonction, il put acquérir 420 hectares. Dans la maison se trouve également un petit corps de mobilier où l’on garde toujours quelques exemplaires de la grande bibliothèque familiale, la troisième ou la quatrième plus importante de Moldavie. Cette bibliothèque se trouvait dans le salon. Par ailleurs, dans le hall se trouve le coffre de dot de la mère, fabirqué à la main en bois de chêne, à Florence. On disait de tels coffres que plus ils étaient richement et joliment sculptés, plus ils montraient que la jeune fille provenait d’une famille fortunée. »



    Mentionnons que cette rubrique a été réalisée avec l’aide du Département des relations interethniques du Gouvernement roumain.


    (Trad. : Rada Stănică)

  • Réouverture du Musée de la Banque nationale de Roumanie

    Réouverture du Musée de la Banque nationale de Roumanie

    Cest à la fin de lannée dernière que le Musée de la Banque nationale de Roumanie a rouvert ses portes aux visiteurs, qui peuvent y admirer de nombreuses nouveautés, dont un lingot dor de la réserve de la banque centrale. Les expositions, aussi bien la permanente que les temporaires, sont le résultat dapproches muséales modernes, mais le public a aussi loccasion dadmirer le très beau bâtiment néoclassique du Vieux Centre de Bucarest qui les abritent.



    Ruxandra Onofrei, experte dans le cadre de la Direction « Musée et éducation financière » de la BNR, rappelle lhistoire de lédifice et de la banque centrale. « La Banque nationale a été fondée en 1880, en tant quélément constitutif dune grande modernité de lÉtat roumain de lépoque. Elle était aussi la seizième banque centrale créée dans le monde. Durant sa première décennie dexistence, elle avait fonctionné dans un bâtiment différent, mais en 1882 linstitution achète à lÉtat un terrain ayant appartenu à une ancienne auberge, lAuberge Șerban Vodă, sur les ruines de laquelle allait être érigé lédifice actuel. En 1884, la Banque nationale fait appel à deux architectes français particulièrement appréciés à lépoque, Cassien Bernard și Albert Galleron, qui proposent ce style néoclassique avec des éléments éclectiques, inspiré par larchitecture française de la fin du XIXe siècle et de la première partie du XXe. Notre musée occupe une des plus importantes salles de la Banque nationale, la « Salle de marbre », qui accueille dailleurs en ce moment une exposition temporaire dédiée au roi Michel I. En 1890, lorsque linstitution a emménagé dans ce bâtiment, on lappelait la « Salle des guichets », car, à cette époque-là, la banque avait aussi des Relations avec les clients. Sous chaque arcade, on apercevait un fonctionnaire assis derrière un pupitre, le milieu de la salle était occupé par une longue table entourée de chaises, sur laquelle des formulaires étaient mis à la disposition de la clientèle. La salle a une acoustique assez spéciale, produisant un écho qui empêche une personne dentendre ou de comprendre une conversation en train de se dérouler à côté. Chaque fonctionnaire avait son propre coffre-fort, où il gardait largent et les valeurs avec lesquels il travaillait dans la journée. Ces douze coffres-forts sont exposés dans notre exposition permanente, avec des pièces de monnaie, des coupures et dautres objets précieux et très intéressants de la collection de notre musée. »



    Ruxandra Onofrei a également parlé de lexposition permanente du Musée de la Banque nationale de Roumanie: « Notre exposition permanente inclut, outre les salles spectaculaires de lAncien Palais de la Banque nationale, lhistoire de la circulation monétaire sur le territoire actuel de la Roumanie, depuis le Ve siècle av. JC et les monnaies frappées dans la Citadelle Histria, jusquà lintroduction du système monétaire roumain en 1867. Une autre section de lexposition permanente est consacrée à lhistoire du leu, notre monnaie nationale, depuis 1867 jusquaux pièces et billets de banque daujourdhui. Et nous avons aussi une sélection de monnaies ayant circulé sur le territoire de notre pays. »



    Lexposition temporaire « Cent ans depuis la naissance du Roi Michel I (1921-2017) » attire les visiteurs vers lespace central de la Salle de marbre ». Ruxandra Onofrei nous en parle: « Cette exposition a été réalisée en collaboration avec la Maison royale de Roumanie, avec les Archives nationales, le musée du village « Dimitrie Gusti » et le Musée militaire « Ferdinand I ». Dédiée au centenaire de la naissance du roi Michel I, elle a été inaugurée le 25 octobre 2021 et restera en place jusquau 31 mai 2022. Nous nous sommes proposé de faire une incursion dans la vie du dernier souverain de notre pays, depuis la première enfance jusquau grand âge. La vie du roi Michel et de très nombreux moments importants de notre histoire nationale se superposent, pratiquement. Nous avons évoqué ces moments dans cette exposition, où nous présentons aussi des objets moins conventionnels, comme par exemple lextrait de naissance du roi, exposé en public pour la première fois. Nous avons des photos inédites, des épreuves scolaires du roi Michel. Le point final de notre incursion est lémission spéciale de la Banque nationale à loccasion du centenaire, une pièce de monnaie de 500 lei, frappée en or dune pureté de 999,9, ainsi quune réplique de la médaille « Ardealul Nostru/Notre Transylvanie », frappée en 1945, dont le nom populaire est « Cocoșel/Le coquelet ». Par cette médaille, le gouvernement de lépoque essayait de protéger les épargnes de la population, mais aussi de calmer linflation, qui a accompagné tout naturellement la fin de la guerre. », a conclu sa présentation Ruxandra Onofrei, experte dans le cadre de la Direction Musée et éducation financière de la BNR.

  • Essence dobrogéenne

    Essence dobrogéenne

    14 minorités ethniques cohabitent en Dobroudja, entre le Danube et la mer Noire (sud-est de la Roumanie). Cette région accueille la minorité turco-tatare la plus importante du pays, vu que pendant plus de 4 siècles, la province a été sous administration ottomane. Il existe aussi des localités avec un grand nombre de Russes lipovènes et dUkrainiens.



    Notre histoire commence sur les rives du lac Goloviţa, près de la côte roumaine de la mer Noire, où se trouve un village qui se démarque par les événements culturels organisés là ; jai nommé Vişina. Tout a commencé après quune citadine a acheté une maison de vacances dans ce village ; la nouvelle propriété a suscité sa passion pour promouvoir les traditions de cet endroit. Bianca Folescu, la nouvelle propriétaire, a déclaré :



    « Dune certaine manière, les choses sont venues en temps et lieu, cela na pas été pas une décision immédiate. Le premier pas a été franchi quand jai trouvé cet endroit tranquille pour me réfugier le week-end avec les enfants et acheté la petite maison dans le village de Vişina. Et, peu à peu, jai commencé à aimer lendroit, les us et coutumes, à comprendre la vie à la campagne et à réaliser que la simplicité de la vie ici est une richesse que jai découverte à peine maintenant. Et à ce moment-là, je me suis dit de métablir effectivement ici. Bien sûr, le ménage a grandi pendant ce temps et jai ressenti non seulement le désir, mais aussi la nécessité dêtre ici jour après jour, et demménager ici pour de bon. Évidemment, sinstaller à la campagne nest pas une décision facile à prendre ; cela a entraîné beaucoup de transformations, mais je pense que cétait une des meilleures décisions de ma vie. »



    Bianca Folescu est passée du confort de la ville à la vie simple, mais après en avoir appris les secrets, à commencer par faire le feu dans le poêle avec des éclats de bois, à lachat « sur le cahier » au magasin du village ou à demander un peu de tout aux voisins, notre interlocutrice a commencé à marquer lendroit de son empreinte. Aujourdhui, sa maison au village a bien une centrale thermique parce quelle souhaitait le confort quelle connaissait, mais son impact sest étendu à la communauté :



    « Ce village navait pas de visibilité, et alors je suis intervenue dans la vie dun ensemble de danses bulgares, qui préservait les traditions du village. Peu à peu, la composition de lensemble, sa visibilité, toute son activité a changé. Les choses ont pris une autre ampleur au fil du temps. Cest maintenant un groupe dune beauté extraordinaire. Ce groupe étant composé de femmes et denfants du village, javais clairement une interaction sociale avec une partie représentative des villageois. »



    Bianca Folescu est devenue la promotrice de la cuisine du terroir :



    « Jai participé à certains événements et jen ai créé dautres, où nous avons tenu à mettre en exergue la gastronomie locale. Nous savons que la population est mixte, cest-à-dire que je ne pouvais pas me borner uniquement à la cuisine dinfluence bulgare, étant donné que Vişina a encore une communauté restreinte de Bulgares dobrogéens. Bien sûr, nous avons ici aussi la gastronomie tatare, dobrogéenne, roumaine, recueillie de partout. La gastronomie est constituée ici d’un bouquet très riche de produits à mettre sur la table pour le plus grand plaisir du palais. Et, oui, le défi, cétait de trouver toute sorte de produits, avec des noms différents, des produits qui peuvent être préparés rapidement, qui peuvent être servis en peu de temps. Noublions pas que les Bulgares étaient de bons maraîchers, donc ici, cest clair, la zacuscă (faite de légumes cuits, hachés à la main, notamment daubergines, de poivrons, doignons, et tartinable) est reine. Ce sont des produits préparés avec des légumes, tels que les cherdele (sorte de galettes) à loignon, par exemple. Il y a une multitude de produits de la cuisine locale que nous avons souvent mis en avant. Noublions pas la galette dobrogéenne, qui est limpératrice dans ma maison. »



    La restauration de la maison achetée et surtout de son intérieur a constitué pour Bianca Folescu la première étape dans lorganisation dune autre maison du voisinage comme un petit musée vivant, nous a-t-elle expliqué :



    « Il y a les 5 chambres, chacune avec une spécificité différente, parce que je pensais représenter Vişina dans son ensemble. Elle est représentée par la pièce du milieu, qui est la chambre bulgare, et dans le voisinage, nous avons la chambre russe lipovène, la chambre dobrogéenne, parce que la population roumaine est dominante, la chambre orientale, pour contenter tant les Turcs que les Tatars, et la chambre aroumaine. Chaque pièce est ornée dans son style spécifique, combinant les objets anciens que nous avons trouvés dans les localités avec une population prédominante de ces ethnies, mais aussi avec de nouveaux objets imitant des objets anciens. »



    Les meubles, les rideaux, les serviettes traditionnelles et les différents objets ménagers proviennent de dons faits par les villageois. Bianca Folescu a fait les modèles de fleurs chantournées elle-même, car elle sest plu à apprendre des artisans locaux. Puis notre interlocutrice a également appris des choses sur la broderie dobrogéenne, sur lartisanat de la région, sur larchitecture traditionnelle, et elle a commencé à collaborer avec les musées dart traditionnel de Constanţa et de Tulcea (les deux dans le sud-est).


    (Trad. : Ligia)


  • Nicolae Iorga, un siècle et demi depuis sa naissance

    Nicolae Iorga, un siècle et demi depuis sa naissance

    Le nom de Nicolae Iorga est très présent dans l’espace public, attaché à des rues, des places publiques, des institutions d’enseignement et de recherche. Il est un des plus importants historiens roumains du XXe siècle, voire le plus important, selon certaines opinions. Nicolae Iorga s’est attiré les éloges de ses contemporains grâce à une œuvre impressionnante, d’environ 20 000 livres, conférences et articles, mais aussi par son ambition d’être une autorité incontestable dans le domaine de l’histoire. Spécialiste du Moyen Âge et de l’Empire byzantin, il a aussi été romaniste, slaviste, historien de l’art et philosophe de l’histoire, professeur des universités et membre de l’Académie roumaine. Outre son domaine de prédilection, Iorga s’est également essayé à la critique littéraire, à la dramaturgie, à la poésie, il s’est voulu encyclopédiste et mémorialiste. Ses mandats parlementaires et ministériels l’on placé au centre de la vie politique. D’autre part, son immense popularité est liée à sa mort tragique, qui est arrivée dans la nuit du 27 novembre 1940, lorsqu’il fut assassiné par des membres de la Garde de fer, le parti fasciste de la Roumanie de l’entre-deux-guerres.



    Nicolae Iorga est né dans la ville de Botoșani (nord-est de la Roumanie), en 1871. Très doué, il impressionnait par sa mémoire prodigieuse. Polyglotte, il a choisi de faire des études d’histoire à la Faculté de Lettres de l’Université de Iași (est de la Roumanie). En 1890, il part continuer ses études en Italie et puis en France. En 1892, Iorga se rend en Angleterre, pour retourner ensuite en Italie. En 1893, il s’arrête en Allemagne et s’inscrit au doctorat à l’Université de Berlin, mais il finit par soutenir sa thèse à l’Université de Leipzig, où le célèbre historien allemand Karl Lamprecht fait partie de la commission doctorale. Nicolae Iorga rentre en Roumanie en 1894, réussissant à faire son entrée dans le milieu universitaire à l’âge de 23 ans. En parallèle, cette même année, il entame l’activité journalistique et politique et se noue d’amitié avec l’avocat et professeur de droit A. C. Cuza, homme politique nationaliste et antisémite qui partage avec Iorga une carrière politique agitée. Nicolae Iorga a été une figure de proue du conservatisme, du nationalisme et de l’agrarisme, ainsi que le fondateur de la revue populiste « Sămănătorul ». En même temps, Iorga a été le modèle de l’intellectuel qui s’est frotté à l’extrémisme, en en étant aussi bien l’inspirateur que la victime. Il a cultivé le nationalisme dont il est tombé victime en 1940.



    Pour marquer le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Nicolae Iorga, le Musée national d’histoire de la Roumanie a organisé une exposition, la deuxième dédiée à l’historien au cours de la dernière année, après celle de l’Académie roumaine. Selon le directeur du musée, Ernest Oberlander-Târnoveanu, l’exposition est une occasion, pour le grand public, de prendre la mesure du personnage.



    « Cette exposition est consacrée à « une vie d’homme telle qu’elle fut », pour citer Iorga lui-même. C’est une sélection, parce que nous n’avons pas souhaité exposer davantage d’objets. D’une part, l’espace est limité, d’autre part, l’activité de Iorga et les traces qu’il a laissées dans l’histoire contemporaine sont immenses. Nous ne pouvons qu’espérer de pouvoir créer un jour, dans l’espace virtuel, des archives documentaires Nicolae Iorga. Le Musée national d’histoire de la Roumanie est en mesure de présenter au public, pour la première fois, des documents essentiels ayant appartenu à Iorga, depuis son extrait de naissance jusqu’à sa fiche de fonction à l’Université de Bucarest, ainsi que de nombreux diplômes remis par des académies et sociétés scientifiques. Nous avons aussi exposé de la correspondance, des documents de famille, des photos, des objets et une impressionnante série de distinctions. Nicolae Iorga a été la personne civile la plus décorée de tous les temps en Roumanie. »



    L’historien, professeur et académicien Andrei Pippidi, petit-fils de Nicolae Iorga, est le propriétaire de la plupart des objets présentés dans l’exposition accueillie par le Musée national d’histoire de la Roumanie. Andrei Pippidi, tout comme d’autres personnes, a fait don de plusieurs objets ayant appartenu à Nicolae Iorga, qui seront présentés dans le cadre de l’exposition permanente ainsi que dans des expositions thématiques futures.



    ” Ce sont des manuscrits, éparpillés partout, des livres d’histoire, des articles de presse quasi quotidiens ou des pièces de théâtre, des poèmes qui ont exprimé sa sensibilité, des lettres gribouillées sur un petit morceau de papier. Ils témoignent, tous, de sa dimension intellectuelle. Ses admirateurs ont du mal à prendre la mesure de ce qui a été imprimé, il existe même des monologues enregistrés. Ses conférences, nous les devons à des sténographes diligents. De son vivant, il avait pu écouter ses mots dits sur scène par les personnages historiques dans lesquels il s’était retrouvé. »



    La personnalité de l’historien Nicolae Iorga est un repère important de la culture roumaine des XIXe et XXe siècles. Les expositions thématiques ont pour but de montrer aussi le côté familier, humain, de ceux que nous considérons comme importants à un moment donné. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’abandon…

    L’abandon…

    Trop denfants roumains sont victimes dabandon ! Quils grandissent dans un orphelinat, au sein dune famille daccueil ou encore dans une branche de leur famille éloignée, pour tous lexpression « chez soi » a disparu ou du moins perdu tout sens.



    Si lon en croit les statistiques, aujourdhui, près de 76 mille enfants ont des parents partis travailler à létranger. Renate Weber, Avocate du Peuple, affirme que ce nombre sélèverait en fait à près de cent mille, un chiffre bien funeste.



    Parmi ces dizaines de milliers denfants, près de 4 000 sont répartis entre 140 centres de placement. Pourquoi ? Robert Ion, directeur chargé du développement au sein de lONG « Hope and Homes for Children », explique :



    « En Roumanie, un enfant sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Cest à cause de cette pauvreté que beaucoup arrivent aujourdhui dans les centres de placement. Ce sont généralement les quatrièmes, cinquièmes ou sixièmes enfants dune fratrie, issus de milieux ruraux, que les parents nont plus les moyens délever à la maison. Mais il existe beaucoup dautres facteurs qui expliquent larrivée de ces enfants en centre de placement. Par exemple, lorsque les deux parents sont partis travailler à létranger, lorsque lenfant a été abandonné à lhôpital ou encore lorsque la justice a décidé de léloigner de sa famille car il est victime dabus. Mais parmi tous ces facteurs, cest bien la pauvreté qui reste la principale cause. »



    Lhistoire a prouvé que les chances de se faire une place dans la société pour ces enfants sont très minces. Comment faire pour que cela change ? Robert Ion explique :



    « La première chose serait dallouer un budget permettant dempêcher la séparation de lenfant et de sa famille. Aucun des gouvernements daprès la Révolution na pris de telles mesures budgétaires. Alors quil en existe pour les centres de placement, donc une fois les enfants séparés de leurs familles, cest terrible ! Il faudrait agir en amont, et aider les parents et les enfants de milieux modestes afin quils ne soient pas séparés. La séparation est une véritable tragédie, aussi bien pour lenfant que pour la famille dans son ensemble. Il en résulte un placement de lenfant, qui ny est pour rien dans cette affaire. Les programmes permettant dintervenir pour empêcher une telle séparation dépendent souvent dONG comme la nôtre. Sur le long terme, nous devons remettre en question la notion déducation : léducation des parents issus de milieux vulnérables, et léducation de la société dans son ensemble. De même, nous devons, en tant que pays, cesser denvisager le placement comme moyen de protection de lenfant. Jamais nous ne laisserions nos propres enfants dans un centre de placement. Alors comment pouvons-nous lenvisager comme une solution viable pour les autres ? Il nous faut développer les services de prévention, augmenter le nombre de familles daccueil et dassistantes maternelles professionnelles, capables daccompagner les parents afin de maintenir les enfants au sein du foyer. »



    Le directeur chargé du développement détaille pour nous les trois étapes mises en place par « Hope and Homes for Children » pour endiguer ce phénomène :



    « Nous accompagnons chaque famille de manière personnalisée, en fonction de ses besoins et de ceux de lenfant. Cela peut prendre la forme dun traitement médical, dun accompagnement pour éviter la déscolarisation de lenfant, ou encore dachat de vêtements, de matériel ou de biens de première nécessité que la famille nest pas en mesure de soffrir, et ce pour différentes raisons. Nous œuvrons pour la fermeture des centres de placement que nous souhaitons remplacer par ce que nous appelons la « prise en charge alternative », à savoir des familles daccueil, des assistantes maternelles professionnelles etc. Enfin, nous accompagnons aussi les jeunes qui, une fois atteint lâge de 18 ans, sortent de ce système et doivent se débrouiller seuls. Par exemple, en payant leur loyer, car ils sont considérés comme une population vulnérable. Ils devraient normalement avoir accès aux logements sociaux, mais il en existe très peu en Roumanie. Alors, lorsquils quittent le système, sils ne sont pas pris en charge, la seule alternative reste la rue. Ensuite, nous devons rester à leurs côtés lorsque se pose la question de leur parcours scolaire ou de leur expérience professionnelle. Pour nous, la protection de lenfant est absolument primordiale, et cest à ce moment-là que nous sommes le plus impliqué. Tout le monde peut simpliquer dailleurs, il suffit de se rendre sur notre site departedefrica.ro pour voir comment vous pouvez aider les enfants que nous accompagnons. Vous pouvez aussi envoyer « hope » par sms au 8864 pour faire un don de 4 euros par mois. »



    Oana Drăgulinescu, fondatrice du Musée numérique de lAbandon, sest aussi impliquée. Le siège virtuel du musée nest autre que le dortoir de lancien foyer-hôpital pour enfants atteints de handicaps graves de Sighetu Marmației (dans le nord de la Roumanie) – lun des symboles les plus frappants du phénomène dabandon de la Roumanie communiste davant 1989. Fermé depuis maintenant 20 ans, les images de cet hôpital ont marqué à jamais les mémoires après la Révolution. Nous aimerions faire de ce musée un espace permettant à ces communautés traumatisées et oubliées de tous de sexprimer.

    Un lieu pour que ces centaines de milliers denfants, abandonnés sous le communisme ou plus récemment, puissent guérir cette blessure, précise Oana Drăgulinescu : « De quelle guérison parle-t-on ? De la nôtre, en tant que nation probablement. Nous devons nous soigner face à lindifférence. Il existait des centaines dinstitutions comme celle-ci en Roumanie, et au moins une dizaine étaient aussi épouvantables que celle de Sighet. Ces institutions se trouvaient au cœur de nos villes, et des gens comme vous et moi y travaillaient. Et pourtant, il semblerait que personne, pas même ceux qui travaillaient dans le système social, navait connaissance des horreurs qui avaient lieu à Sighet. Pour moi cest un moyen de se protéger. Lorsque lon constate de telles horreurs, on détourne le regard. Cest aussi plus facile sur le court terme ! Sur le long terme en revanche… le nombre denfants abandonnés en Roumanie na ni diminué après 1989, ni après labrogation du décret 770 interdisant lIVG et toute forme de contraception. Pour nous, il serait salvateur de parler de tous ces aspects. Nous nous rendrions compte que partir à létranger pour trouver du travail et offrir une vie meilleure à nos enfants peut sapparenter, certes dans une moindre mesure, à un abandon. »



    Noubliez pas : labandon est la forme la plus grave de négligence envers lenfant ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Attractions touristiques au département de Dolj

    Attractions touristiques au département de Dolj

    Son chef-lieu – la ville de Craiova – est idéal pour les amateurs d’histoire, d’architecture et d’art, pour ceux qui veulent se prélasser près d’une piscine ou pour les familles à la recherche d’aires de jeux pour les enfants. De Craiova, nous nous dirigerons vers la partie rurale du département et découvrirons à la fois d’anciennes traditions et coutumes ainsi que des monuments de la nature. Mihai Neaţu, vice-président du Conseil départemental de Dolj, nous parle de Craiova, autrefois capitale de l’aristocratie du sud de la Roumanie :



    « La ville porte encore aujourd’hui l’empreinte d’une époque où des architectes renommés, roumains ou occidentaux, aux côtés de maçons, de charpentiers, de peintres et de décorateurs habiles ont façonné le style impressionnant de la ville. Les touristes sont invités à découvrir tout d’abord son centre historique récemment rénové. Vous ne pouvez pas passer par Craiova sans visiter et admirer, par exemple, le somptueux palais Jean Mihail, qui accueille le Musée d’art de Craiova. Par l’opulence des détails architecturaux qui comprennent des stucs dorés, des lustres avec des ornements en cristal de Murano, des escaliers en marbre de Carrare ou des murs tendus de soie de Lyon, on voit que ce palais a appartenu autrefois à l’un des boyards les plus riches de Roumanie. Il s’était même porté garant pour les prêts de l’État roumain dans les années de la grande crise économique. Actuellement, ce palais est parfaitement restauré. Le musée d’art qui y est accueilli contient un patrimoine inestimable, composé de 9 000 pièces, dont six œuvres originales signées par l’illustre sculpteur Constantin Brâncuşi. De même, des pièces rares peuvent également être découvertes dans les collections du Musée de l’Olténie. Je mentionnerais deux épées romaines, de type Spatha, les seules du genre dans l’aire de l’ancien Empire romain, et qui sont en parfait état. On peut encore voir l’épée du haïdouk Iancu Jianu ou les Quatre Evangiles byzantines, écrites sur parchemin. C’est l’un des trois exemplaires qui existent encore dans le monde. »



    Toujours dans la zone centrale de Craiova et toujours ancrée dans son histoire laïque, se trouve la plus ancienne construction civile de la ville, un monument d’architecture médiévale : Casa Băniei, poursuit Mihai Neaţu, vice-président du Conseil départemental de Dolj.



    « Elle a été reconstruite par le prince Constantin Brancovan en 1699. Là, les visiteurs de notre ville trouveront des expositions représentatives des occupations traditionnelles, du costume traditionnel, de la poterie, des tissus, des icônes, des objets de culte ainsi que de précieux tapis, dont certains appelés « scoarţe ». 120 ont été sélectionnés pour être inclus au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce sont des éléments à l’appui du dossier commun de candidature pour les techniques traditionnelles de fabrication de ce type de tapis en Roumanie et en République de Moldova. »



    Craiova n’est pas seulement synonyme d’architecture, elle dispose aussi de paysages naturels. Mihai Neaţu explique :



    « Si le cœur de Craiova est l’ancien centre-ville, son poumon vert est sans aucun doute le Parc Nicolae Romanescu. C’est un parc de 100 hectares, aménagé dans un style romantique. Il s’inscrit dans la galerie des lieux de la ville qui porte la signature de personnalités marquantes de l’époque. Il est réalisé selon les plans du paysagiste français Édouard Redont, médaillé d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1900. C’est un paradis vert et une oasis de tranquillité au milieu de l’agitation urbaine, aux côtés du Jardin botanique Alexandru Buia, modernisé et enrichi de nouvelles espèces ces dernières années. C’est un lieu de détente très recherché par les habitants de Craiova et les touristes, où la diversité des fleurs constitue un spectacle vivant. Je dois également mentionner une attraction importante du Conseil départemental de Dolj, dans la cour du Palais Jean Mihail, du Musée d’art. Nous surprenons déjà les visiteurs avec une création architecturale sans équivalent dans le monde entier. Il s’agit d’un prisme en verre de 12 mètres de haut comprenant des représentations à grande échelle des œuvres de Constantin Brâncuşi « L’Œuf » et « La Maïastra ».



    L’offre touristique de la partie rurale du comté de Dolj est également très riche. Mihai Neaţu, vice-président du Conseil du département de Dolj :



    « Si nous devions sortir de Craiova et aller à la campagne, il convient de mentionner les cule (maisons fortifiées) du comté de Dolj, également remises à neuf. Nous avons le corridor de la rivière Jiu, avec une faune et une flore spectaculaires, nous avons le Danube sur une centaine de km aux confins de notre département. C’est un comté qui offre à la fois des paysages de plaine et des paysages avec de hautes collines boisées avec des cours d’eau rapides et une faune et une flore riches. Par exemple, la localité de Cetate est un pôle d’attraction touristique permanent. Là, on peut retrouver une ancienne gare portuaire reconditionnée et une vue imprenable sur le Danube. C’est là que j’ai vu les plus beaux couchers de soleil sur le fleuve. »



    Le Conseil départemental a investi et continue d’investir dans de très nombreux objectifs culturels, artistiques, mais aussi dans des projets qui encouragent le tourisme dans le comté de Dolj. Mihai Neaţu revient au micro :



    « Nous avons commencé par le Musée d’art, un projet financé de fonds européens. Nous pouvons également parler du Musée d’art contemporain dont nous nous occupons en ce moment. Dans un mois, je pense qu’il sera finalisé. Nous avons le musée Casa Dianu à Craiova. C’est un bâtiment avec le statut de monument historique, récemment restauré. Nous avons un axe qui traverse le comté du nord-est au sud-ouest, sur lequel un circuit culturel et touristique se dessine, des vestiges du camp romain de Răcarii de Jos jusqu’à la rive du Danube, dans le port culturel de Cetate. Il y a aussi un circuit qui passe par les cule de Cernătești et Brabova. Ce sont des cule récemment rénovées et spectaculaires. Nous proposons aussi à nos touristes un itinéraire qui se déroule dans la partie sud du comté, le long de la véloroute cyclable européenne EuroVelo 6. Il part de Rast et mène les touristes au cœur de l’une des plus grandes aires protégées du réseau Natura 2000 en Roumanie, à savoir le corridor de la rivière Jiu. C’est un sanctuaire d’oiseaux migrateurs et il fait partie du corridor vert du Danube inférieur. Notons aussi la réserve naturelle de la Forêt de Zaval. Il y a beaucoup de sites touristiques. »



    L’aéroport international de Craiova a connu un processus complexe de modernisation et d’expansion au cours de la dernière décennie, et a des vols vers 32 destinations européennes. La destination touristique de Dolj est donc accessible et vous attend pour une expérience inoubliable.


    (Trad. : Ligia)

  • Le Musée de l’Abandon

    Le Musée de l’Abandon


    Récemment lancé dans l’espace public, le Musée de l’Abandon se veut un
    projet participatif et un espace censé contribuer à l’exploration du trauma de
    l’abandon. 21 courts-métrages consacrés au phénomène de l’abandon et à la
    manière dont ce trauma nous a marqué en tant que société ont été produits dans
    le cadre de ce projet. Nous nous sommes entretenus sur cette idée avec Simina
    Badica, commissaire d’exposition et historienne :




    « Le Musée de l’Abandon est une initiative récente qui date de cette
    année. C’est un projet financé par l’Association du Fonds culturel national et
    il s’agit d’un musée numérique qui récupère une partie difficile et
    traumatisante de notre histoire et de nos vies. D’habitude, les gens évitent
    les sujets douloureux, sauf que ça ne sert à rien de les éviter, car ils
    restent là, ils ne se dissipent pas et ils continuent à nous hanter. Bien qu’il
    s’agisse d’un musée virtuel, on l’a ouvert dans un endroit bien réel : l’Etablissement
    pour mineurs en situation de handicap irrécupérable de Sighetu Marmatiei dont
    le bâtiment a été scanné sur support numérique. C’est sous ce titre que cette
    institution fonctionnait en 1989. Elle a été fermée en 2003 et elle est restée
    comme une sorte de capsule temporelle. Du coup, à force de l’avoir scanné, les internautes
    du monde entier pourront la découvrir de la même manière que nous, on l’a fait
    l’été dernier, avec tous ses drames et ses histoires. On a donc ouvert un musée
    virtuel dans un endroit réel que les visiteurs peuvent découvrir virtuellement
    et où des expositions seront organisées comme dans n’importe quel musée du
    monde. Une visite du musée ne se réduit pas à une balade à l’intérieur d’un
    bâtiment abandonné, c’est une occasion d’apprendre l’histoire de l’abandon et
    des enfants institutionnalisés. Par ce musée, on essayera de répondre à la
    question : comment un tel drame a-t-il pu avoir lieu dans les années 90 quand
    les images des orphelinats roumains ont fait le tour du monde ?
    »




    C’est un musée qui raconte l’histoire des enfants abandonnés de la Roumanie
    communiste et post-communiste, une histoire que nombre de Roumains ont préféré
    ignorer, affirme notre interlocutrice qui passe en revue les incontournables
    d’une visite de ce musée virtuel :




    « Le musée comprend beaucoup de choses. Des objets de la vie de tous
    les jours des personnes institutionnalisées là. Ses portes ont définitivement
    fermé en 2003, mais beaucoup d’objets – meubles, lits, jouets, bureaux,
    dessins, décorations, panneaux avec les noms des enfants ou avec le nom de
    différentes sections – sont toujours là et contribuent à refaire virtuellement
    cette ambiance pesante. Dans chaque salle, on a fait en sorte qu’il existe au
    moins un objet à même de raconter une histoire, de témoigner du sort de tous
    ces enfants délaissés pas forcément par leurs parents, que par l’Etat, par la société
    tout entière qui normalement aurait dû les protéger. Dans chacune des pièces,
    une histoire se tissera à partir d’un seul objet. Cela pourrait être un vêtement,
    car de nombreux articles d’habillement sont restés sur place, un jouet, une
    cuillère tordue qui servait pour nourrir les enfants ou une assiette en
    inox »
    .


    Nous
    avons demandé à Simina Badica de nous raconter l’une des histoires que ce musée
    raconte et elle a eu du mal à en choisir parmi tous les témoignages
    présents :




    « L’une
    des raisons pour lesquelles on a choisi de présenter toutes ces histoires dans
    le cadre d’un musée, c’est parce que ce sont des histoires difficiles à
    entendre. Parmi les documents trouvés ici, il y avait un procès-verbal dans
    lequel un atelier de lingerie expliquait comment il avait utilisé les 30 mètres
    de tissu qu’il s’était vu attribuer. Et on apprend qu’il les a employés pour en
    faire des camisoles de force de trois tailles : petite, moyenne et
    universelle. On a donc pensé que puisque de telles camisoles avaient été
    fabriquées, elles devraient être quelque part dans le bâtiment, car ce n’était
    pas le genre d’article que l’on aurait eu envie de garder pour soi. Et
    effectivement, on a fini par trouver les camisoles de force de taille moyenne
    . »




    Nous
    avons voulu apprendre si Simina Badica était au courant de ce que tous ces
    enfants sont devenus.




    « Oui,
    on a retrouvé la trace d’une grande partie d’entre eux et le musée présentera
    aussi des histoires à fin heureuse de certains survivants, comme on a
    l’habitude d’appeler tous ceux ayant survécu à ce système de soi-disant protection
    de l’enfance. Ceux qui ont été adoptés ou qui ont été placés dans des familles
    d’accueil à un âge tendre, ils ont fini par surmonter leurs traumas. Lors d’une
    visite du musée vous pourriez, par exemple, apprendre l’histoire de Robi, placé
    à l’âge de 5-6 ans chez une assistante maternelle qui a fini par l’adopter, ce
    qui lui a permis de se transformer en un brave jeune homme, âgé actuellement
    d’une vingtaine d’années, au discours équilibré, qui a un emploi et qui est
    très peu traumatisé par tout ce qu’il a subi, vu l’âge qu’il avait à l’époque.
    En revanche, à le regarder, on ne saurait ne pas se demander comment ce fut
    possible qu’un tel enfant soit enfermé dans un établissement pour mineurs en
    situation de handicap irrécupérable
    ».




    Le Musée de l’Abandon se veut une invitation à connaître, ne serait-ce que
    virtuellement, une page douloureuse de l’histoire communiste qui ne devra
    jamais se répéter. (trad. Ioana Stancescu)







  • Le musée d’histoire de la vie quotidienne

    Le musée d’histoire de la vie quotidienne

    Tunnel du temps, refuge ou lieu de pèlerinage, les visiteurs lui franchissent le seuil pour combler leur curiosité, pour se plonger dans la vie d’antan ou pour trouver des réponses. En effet, les musées constituent souvent des conserves de la mémoire, des écrins du quotidien de ceux qui nous ont précédé, où l’on retrouve des collections d’objets personnels, appartenant à une réalité aujourd’hui disparue, mais tellement significative pour la mémoire d’une communauté, voire d’une nation. Fondé en 1970, le Musée national d’histoire de la Roumanie, abrité dans l’un des bâtiments les plus représentatifs de la capitale, l’ancien Palais des Postes, est l’héritier d’une longue tradition muséale historique et archéologique, débutée en Roumanie dans la seconde moitié du XIXe siècle.

    Si la prestigieuse institution recèle et met en valeur quelques-uns des plus importants trésors historiques de Roumanie, il commence aussi à accueillir des collections privées, qui viennent compléter le patrimoine muséal national. C’est ainsi que, récemment, Corina Chiriac, une des artistes pop les mieux connues de Roumanie, fit don au Musée national de certains objets appartenant à sa collection personnelle. Née en 1949 dans une famille de musiciens, avec un père compositeur et professeur à l’Académie de musique de Bucarest, avec une mère pianiste et enseignante dans la même académie, l’artiste était présente à la cérémonie de signature de l’acte de donation. C’était l’occasion pour qu’Ernest Oberlander-Târnoveanu, le directeur du Musée national d’histoire, nous parle de son attachement aux collections privées et de l’importance de ces objets du quotidien d’un autre temps. « L’histoire, au fond, c’est le récit de notre vie. Avec le passage du temps, notre quotidien, notre vie de tous les jours, aussi banale qu’elle puisse nous sembler aujourd’hui, se mue en histoire. Je sais que la plupart d’entre nous ignorent cette réalité, mais je suis persuadé que Mme Corina Chiriac a, elle, cette conscience historique. Je me range parmi ses fans d’ailleurs. Ses chansons, celles qui ont bercé ma jeunesse, celles qui se sont hissées dans les hitparades des années 70, 80 ou 90, sont plus que des chansons, elles sont un morceau de notre histoire récente. Et ces chansons mêmes laissent entrevoir le personnage si peu conventionnel qu’a toujours été Corina Chiriac. »

    La donation faite par Corina Chiriac bénéficie sans doute de la notoriété dont dispose l’artiste roumaine, une voie que le directeur du Musée national, Ernest Oberlander-Târnoveanu, souhaite voir emprunter par d’autres détenteurs de patrimoine récent.« Madame Corina Chiriac fait partie de cette génération qui avait réussi à réaliser beaucoup de choses dans des temps souvent difficiles. Au-delà de son talent, au-delà de son travail acharné, Corina Chiriac a une autre qualité bien à elle : elle est une citoyenne responsable et assumée, une personne qui connaît le devoir de mémoire qu’elle a envers ses aïeux, envers sa famille, envers sa carrière aussi. Car, voyez-vous, il n’existe pas de meilleur endroit qui puisse accueillir une telle collection personnelle, les documents et les artefacts qu’elle recèle. Dorénavant, notre musée sera leur maison, et je ne puis que souhaiter que le geste consenti par Corina Chiriac soit suivi par d’autres personnalités. Madame Chiriac est une personne libre et entière, une grande artiste, certes, mais aussi une personnalité responsable, dotée d’un sens aigu de l’histoire et du devoir de mémoire. »

    Corina Chiriac a témoigné de ses liens d’attachement avec les musées et leurs collections, un attachement qui trouve sa source dans ses souvenirs d’enfance. C’est bien là que réside la raison qui l’avait déterminée à procéder au don de sa collection personnelle au Musée d’histoire nationale de Roumanie. « J’attendais ce moment depuis un an. Ces objets, ces souvenirs, c’est ce que j’ai de plus cher. Et je me suis rappelé mes visites aux musées et aux collections, des visites anciennes, lorsque j’accompagnais mes parents, et je me suis dit qu’il n’y avait qu’une chose à faire de ces objets très chers, que leur place n’est pas dans une boîte en carton dans ma maison, mais plutôt ici, dans ce musée. C’est moi qui ai frappé à la porte du musée pour leur demander s’ils ne voulaient pas d’un acte de donation datant de 1915, frappé d’un timbre à l’effigie du roi Ferdinand. Ou du diplôme de baccalauréat de ma grand-mère arménienne, délivré en 1901 par le lycée de la ville d’Adapazari, sise en Turquie. Et puis, petit à petit, je suis parvenu à susciter l’intérêt du musée, et une équipe est venue chez moi cet été, en pleine période de canicule, et ils ont choisi les pièces qui les intéressaient. Je suis comblée de pouvoir offrir aux autres la possibilité de voir à quoi ressemblaient ces objets d’un autre temps, les documents de mes aïeux. »

    Le Musée national d’histoire de Roumanie commence donc à prendre le tournant, pour devenir aussi l’endroit d’élection des collections de la vie quotidienne de l’histoire contemporaine, dépassant ainsi le classicisme quelque peu poussiéreux des seules collections de l’histoire ancienne. Ce qui est sûr c’est que par son geste, la chanteuse pop Corina Chiriac vient juste d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de ce prestigieux musée d’histoire nationale. (Trad Ionut Jugureanu)

  • La restauration : un métier et une passion

    La restauration : un métier et une passion

    L’occasion pour les visiteurs de découvrir les laboratoires de restauration des peintures et des objets en métal, bois, céramique, papier ou textile. Une incursion dans le passé et, en même temps, un clin d’œil dans les coulisses du musée, là où les objets sont gardés, entretenus et restaurés par des gens passionnées.



    Pour mieux connaître ces gens et le métier de restaurateur, nous avons invité au micro Sorina Gheorghiță, collaboratrice du Musée national d’histoire de la Roumanie, au sein du laboratoire de restauration des peintures. Quelles toiles sont passées par son laboratoire ? Sorina Gheorghiță répond :



    « Depuis 2013, lorsque le laboratoire de restauration des peintures sur chevalet fut accrédité, environ 25 œuvres ont été restaurées. La plupart appartiennent à des maîtres roumains, tels Luchian, Tonitza, Ressu, Stoica ou Teodorescu-Sion. Ces toiles représentent notamment des scènes de guerre, dont celle d’indépendance ou la Première Guerre mondiale. Un autre ouvrage important que nous avons restauré est la très connue « Proclamation de l’Union », de (Theodor) Aman —- il s’agit de l’Union des Principautés roumaines. »



    Quel effort derrière les peintures restaurées et en quoi consiste concrètement le travail d’un restaurateur ? Quels sont les pas concrets à parcourir ? Sorina Gheorghiță répond :



    « Au moment où l’on prend la décision de restaurer une toile, celle-ci a déjà été examinée par la personne en charge du dépôt de peintures et par le restaurateur. Au moment où le tableau arrive au laboratoire de restauration, il subit tout un processus de vérification à l’aide de différents moyens : lumière directe, lumière latérale, lumière ultraviolette, des fois on utilise de la lumière infra-rouge ou des rayons X. Le laboratoire d’investigations du musée est très bien équipé… Puis, une fois toutes ces investigations finies, on établit très clairement la composition de la couche de vernis, ainsi que les dégradations subies par l’œuvre et leur origine. Ensuite, on fait un plan très détaillé, réunissant toutes les opérations nécessaires pour restaurer le tableau, et on le soumet à une commission appelée à donner son avis. Evidemment, à la fin du processus de restauration, l’œuvre est à nouveau présentée à la commission, qui vérifie l’application du plan mentionné et l’état de la toile après la restauration. Après, le tableau rentre au dépôt ou bien il est exposé. Les plus belles surprises apparaissent durant le nettoyage, qui est une action spectaculaire. On y met au jour de nombreux détails qui n’étaient plus visibles ou bien on ravive les couleurs de la peinture. De même, si au fil du temps la toile en question a été couverte de plusieurs couches de vernis, nous avons souvent la surprise de découvrir des détails qui étaient devenus invisibles, voire des signatures. »



    L’exposition « Fragment. L’expérience de la restauration » nous invite à découvrir aussi le laboratoire de la restauration des objets en métal, une des sections les plus spectaculaires. Plus encore, le public peut y admirer en première des objets en bronze et en fer découverts en 2012 sur le site archéologique de Tărtăria, dans le département d’Alba, au centre de la Roumanie. Une découverte importante et impressionnante dont nous parle l’archéologue Corina Borș :



    « Le site archéologique de Tărtăria a été découvert au printemps 2012 dans le contexte d’amples fouilles archéologiques préventives, réalisées en liaison avec la construction d’une autoroute longeant la vallée de la rivière Mures. Les deux dépôts d’objets en bronze et en fer ont été découverts dans un contexte archéologique tout à fait spécial (…). Le premier contient plus de 400 vestiges, la plupart datant des IXe-VIIIe siècles avant Jésus-Christ. Le second contient une cinquantaine d’objets de la même période. »



    Corina Borș nous présente les objets les plus importants découverts sur le site de Tărtăria et exposés au Musée national d’histoire de la Roumanie :



    « Parmi les pièces d’exception, je mentionnerais un collier pour homme, un harnais et plusieurs médailles en or qui étaient offertes aux soldats romains en guise de prix et qui étaient portées autour du cou. S’y ajoutent d’autres accessoires en bronze. Le collier pour homme, avec ses 7 composantes, est exposé sur un buste grandeur nature, tout comme le harnais. Pas en dernier lieu, on expose aussi un collier pour femme, également en bronze, une pièce très rare datant de la période appelée le Hallstatt moyen et située dans le bassin du Danube. Vu que les archéologues ont fait très attention au moment où ils ont recueilli ces objets, il a été possible de dater avec beaucoup de précision ces vestiges, grâce au matériel organique qui a été récolté en même temps. »



    Tous ces objets fascinants, dont certains récemment restaurés, d’autres découverts lors de fouilles archéologiques, sont exposés au Musée national d’histoire de la Roumanie, à Bucarest. Mais vous pouvez aussi y jeter un coup d’œil sur internet. N’hésitez pas, c’est vraiment impressionnant. (Trad. Valentina Beleavski)



    https://www.mnir.ro/index.php/expozitia-temporarafragment-experienta-restaurarii/

  • La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești

    La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești

    Nous sommes à
    Ploieşti, importante ville du sud de la Roumanie, à une soixantaine de km de la
    capitale. Près du centre-ville, cachée derrière des immeubles à l’architecture spécifique
    de l’époque communiste, il y a une maison historique, toute blanche, bâtie au
    début des années 1900, qui abrite un petit musée. C’est la maison-musée d’Ion
    Luca Caragiale, le plus grand dramaturge roumain. Il est célèbre pour pièces de
    théâtre satyriques, qui critiquaient durement les mœurs et les pratiques
    politiques de leur époque. Ses textes décrivent la société roumaine du début du
    20e siècle, mais ils ont dépassé leur temps, s’avérant très actuels
    de nos jours encore. Pour son humour, son ironie fine et ses personnages hors
    du temps, Ion Luca Caragiale est considéré comme un des 4 grands classiques
    roumains, aux côtés du poète Mihai Eminescu et des prosateurs Ion Creangă et
    Ioan Slavici.








    Nous franchissons
    le seuil de la maison-musée de ce grand dramaturge roumain aux côtés de la
    muséographe Monica Bostan. Pour commencer, elle nous parle de l’histoire de cet
    endroit : « Il a ouvert ses portes le 30 janvier 1962, grâce aux
    efforts du professeur Nicolae Simache, qui a ouvert la plupart des musées du département
    de Prahova. Ce musée est un hommage rendu par les habitants de Ploieşti à notre
    grand dramaturge, 110 ans après sa naissance. Caragiale est né le 30 janvier
    1852, dans la localité de Haimanale, au département de Dâmboviţa, une localité
    qui aujourd’hui porte son nom. A l’âge de 6 ans sa famille déménage à Ploieşti.
    Il passe donc toutes ses années d’école, pratiquement les plus belles années de
    sa vie, ici, à Ploieşti. »






    Avant de visiter
    la maison-musée de Caragiale, Monica Bostan nous fournit plus d’explications
    sur la jeunesse de ce grand dramaturge roumain : « Lorsqu’il est en 2e
    année de l’école primaire, Ploieşti accueille la visite mémorable du prince
    régnant Alexandru Ioan Cuza. Celui-ci visite justement la classe de Caragiale,
    dont l’instituteur était Vasil Drăgoșescu. C’est un moment que Caragiale évoque
    dans son ouvrage intitulé « 50 ans plus tard » (Peste 50 de ani),
    où il décrit son instituteur comme son parent spirituel, disant c’est grâce à
    lui qu’il a tout appris sur la langue roumaine. Dans le même ouvrage, il parle
    de Zaharia Antinestu, son professeur de français, qui va lui servir de modèle
    pour le célèbre personnage Zaharia Trahanache de la pièce de théâtre « Une
    lettre perdue » (O scrisoare pierdută). Puis, Caragiale suit les cours
    du collège Saints Pierre et Paul, créé en 1864. Il termine le collège en 5e
    position sur 8 collégiens. A regarder le catalogue de notes, qui existe
    toujours, on constate que l’élève Caragiale n’était pas le meilleur de sa classe,
    il n’a pas eu les meilleures notes en roumain, comme on aurait pu le croire. En
    revanche, il excellait en français, en maths et en histoire. En fait, plus tard,
    il enseigne le français dans un lycée privé de Bucarest. Aujourd’hui, le bâtiment
    qui accueillait à l’époque le collège de Caragiale est le siège du Musée
    départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Une plaque commémorative fait
    état de la période où le dramaturge a fréquenté cette l’école. Caragiale fait
    aussi une année de collège à Bucarest, puis il étudie la mimique et l’art de la
    déclamation au Conservatoire d’art dramatique de Bucarest, avec un de ses oncles,
    Costache Caragiali. Ses oncles avaient organisé les premières troupes de
    théâtre de la Roumanie de l’époque, pouvant être considérés comme les
    fondateurs du théâtre roumain moderne. Le poète national des Roumains, Mihai
    Eminescu lui-même, a été souffleur pour les troupes de théâtre des oncles de
    Caragiale. C’est à ce moment-là qu’Eminescu et Caragiale deviennent amis. »






    Ce n’est donc pas
    un hasard que Caragiale soit devenu un grand dramaturge : le théâtre a
    fait partie de sa vie dès sa jeunesse. Entrons maintenant dans sa maison de
    Ploieşti, aujourd’hui un très beau musée.






    Notre invitée,
    Monica Bostan, nous y guide : « Dans la 2e salle on a
    reconstitué l’univers des maisons où Caragiale a vécu. Il n’a jamais eu une
    maison à lui. Toute sa vie, il a loué des habitations. En témoigne la nouvelle « Je
    cherche une maison » (Caut casa). Il semble qu’il était en permanence à la
    recherche de la maison idéale. Sur le mur de cette salle, il y a un miroir en cristal
    avec un cadre en bois de rosier qui avait appartenu à l’écrivain ainsi qu’une
    petite table ronde à un seul pied. Les meubles, la table, les chaises, le canapé,
    le tapis attaché au mur – tout cela a appartenu à Caragiale. S’y ajoutent les
    deux tableaux originaux, le bol en faïence ou encore le boc de bière à couvercle.
    Il y a aussi un portrait orignal d’Eminescu, qui est très intéressant, puisqu’il
    est réalisé sur verre, une technique spéciale pour cette époque-là. Bien que
    les divergences qui ont existé à un moment donné entre les deux soient connues
    de tous, les deux grands écrivains ont été amis dès leur adolescence. Lorsqu’Eminescu
    est mort, le 15 juin 1889, Caragiale lui a dédié l’article « Nirvana », où
    il a décrit le poète comme un bel ange descendu d’une icône ancienne. Les
    photos d’Eminescu et Caragiale lorsqu’ils étaient adolescents nous accueillent
    dans le hall du musée. S’y ajoute une photo moins connue de Caragiale, lorsqu’il
    avait 20 ans et fréquentait les cours de ses oncles au Conservatoire d’art
    dramatique. Il y a aussi un buste du dramaturge réalisé par le célèbre sculpteur
    roumain Ion Jalea, des caricatures, des esquisses de costumes, une galerie de
    portraits de différents acteurs qui ont interprété au fil du temps les
    personnages de Caragiale, ainsi que le portrait de sa fille, Ecaterina Caragiale,
    à l’âge de la maturité, peint par Rodica Maniu. Au-dessus du portrait, il y a un
    autre tableau, de la maison de Bucarest du dramaturge, qui existe de nos jours
    encore, rue Maria Rosetti, et vis-à-vis de laquelle il y a la statue de
    Caragiale et une plaque commémorative rappelant aux passants que c’est là que
    Caragiale et sa famille ont vécu en l’an 1900. »








    Avant de
    terminer notre visite à Ploieşti, Monica Bostan nous dit où l’on peut se renseigner
    davantage sur la maison-musée de Caragiale : « Toutes
    les informations sur les activités du musée ou sur les objets qui y sont
    exposés sont à retrouver sur notre page Facebook et sur le site du Musée
    départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Et nous vous
    attendons nombreux à franchir notre seuil pour entrer dans le monde fascinant de
    Caragiale et de ses personnages mémorables ».









    Sur ce prend fin
    notre visite virtuelle de la maison de Ploieşti où a vécu le plus grand dramaturge
    roumain de tous les temps, Ion Luca Caragiale. Recherchez-la sur Internet pour
    mettre de images sur les mots que vous venez d’écouter et si jamais vous
    arrivez à Ploieşti, n’hésitez pas à la visiter. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le Musée Nichita Stanescu de Ploiesti

    Le Musée Nichita Stanescu de Ploiesti

    C’est dans une petite ruelle de la ville de Ploieşti, à une soixantaine de kilomètres de Bucarest, que se trouve, dans le quartier du « Marché serbe », au fond d’un jardin, à l’ombre de quelques arbres, la maison- musée Nichita Stănescu. Poète de génie, considéré par certains critiques comme le poète phare du XXe siècle, Nichita Stănescu, auteur des « Non-paroles », selon le titre d’un de ses volumes, est né en 1933 dans cette maison coquette aux murs blancs et à l’architecture spécifique au département de Prahova. Mort prématurément à l’âge de 50 ans, Nichita Stănescu est resté dans la mémoire collective et dans celle des habitants de la ville de Ploieşti comme un véritable sorcier des mots et des phrases. Davantage sur ce sorcier de la plume qui a malheureusement quitté ce monde en 1983, avec Ioana Roşu, conservatrice du patrimoine :

    « Je voudrais rappeler qu’à Ploieşti, les gens s’enorgueillissent de dire que leur ville a fourni à la Roumanie non seulement des ressources importantes d’or noir, mais aussi des valeurs artistiques et littéraires telles le dramaturge Ion Luca Caragiale, le comédien Toma Caragiu ou encore le poète Nichita Stănescu. La Roumanie a commencé à lui rendre hommage depuis 1986, année de la première édition du Festival de poésie homonyme, organisé chaque année le 31 mars, jour de la naissance de Nichita. En 2000, la maison familiale du poète a été achetée par le Ministère de la Culture, ce qui nous a permis d’y aménager le musée, en aidant le poète à rentrer chez lui, dans la maison où il est né. On a eu de la chance car à l’époque, sa sœur, Mariana, était toujours en vie et elle nous a conseillés pour arriver à refaire l’ambiance de sa maison familiale. »

    Dans les minutes suivantes, Ioana Roşu nous invite à une incursion dans l’univers de la famille Stănescu et de l’enfance du poète :

    « Nous avons exposé plusieurs manuscrits, des données biographiques, des photos, des diplômes que Nichita Stănescu s’est vu remettre, mais à part tout cela, la maison refait l’univers de l’enfance du poète. On y trouve la chambre à coucher du petit Nichita, avec son nounours qui trône sur le lit. On y trouve son bureau et son piano dont il jouait en rentrant de l’école. Tous ces objets ayant appartenu à la famille Stănescu nous ont été généreusement offerts par Mariana, la sœur du poète et la gardienne de ce patrimoine familial. Il convient de préciser que son frère a décidé d’emménager à Bucarest pour y passer dans un premier temps sa jeunesse et, plus tard, toute sa vie de poète, sans changer pourtant d’adresse sur sa carte d’identité. Parmi les objets offerts par la sœur de Nichita, les plus précieux sont des livres dédicacés et les prix – dont deux sont particulièrement importants, à savoir le prix Herder décerné en 1976, à Vienne, pour son volume « 11 Elégies », et le prix décroché en 1982, lors des Soirées de poésie de Struga, en Macédoine du Nord, et consistant en une jolie couronne en or exposée dans une armoire avec vitrine et que les visiteurs aiment bien admirer. Je suis certaine que ce prix a été convoité par de nombreux autres poètes, mais ce fut Nichita qui l’a obtenu. A part ces deux prix, il en reste beaucoup d’autres, car chacun de ses volumes de vers a été primé par l’Union des écrivains de Roumanie.Dans son enfance, Nichita Stănescu avait une gouvernante, Ana Silaghi. Elle était chargée de son éducation et de ses sorties. A six ans, il commence à apprendre à jouer du piano. Sa mère, Tatiana Stănescu, a remarqué que le petit Nichita avait l’oreille musicale. Un constat tout à fait vrai, puisque même Nichita disait plus tard, dans un entretien à la radio dans les années 1975, que s’il n’avait pas emprunté la voie de la poésie, il serait certainement devenu un grand musicien. Surtout qu’il a bénéficié de toutes les conditions nécessaires, notamment du soutien maternel. Sa première poésie date, selon sa mère, de l’époque où il était à la maternelle. C’était un jour d’automne et Tatiana se trouvait dans la cour, en train de faire cuire de la marmelade quand elle a entendu son fils balbutier quelque chose. Elle lui a demandé de dire à haute voix ce qu’il était en train de murmurer, elle a pris un bout de papier et a tout noté. Des années plus tard, elle lui a montré ce premier poème en rimes et d’une rythmicité surprenante pour un gamin. Il était un enfant futé, le jeune Nichita. A l’école, son prof de maths écrivait des épigrammes. Il a donc compris le talent du gamin et même si les maths n’étaient pas le point fort de Nichita, il s’en est inspiré pour écrire plus tard ses poésies La leçon du cube, La leçon du cercle ou encore Géométrie. Véritable signe de feu selon l’astrologie, ce Bélier a eu une enfance heureuse jusqu’au moment où les Américains ont bombardé les raffineries de Ploieşti et la famille s’est vu contrainte de fuir la maison et de se réfugier ailleurs. Par chance, la maison a échappé aux bombes et la famille a pu y revenir. Pourtant, des images de cette période néfaste sont restées figées dans la tête du garçonnet dont les poèmes reprennent souvent le symbole du soldat ou de l’arbre en feu. »

    A la fin de notre visite, Ioana Roşu a précisé :

    « J’espère avoir réussi à vous convaincre que cette maison-musée est un endroit accueillant dont la visite vaut le coup. Une fois sur place, de nombreux visiteurs affirment avoir le sentiment que le poète se cache quelque part et qu’il pourrait même être leur guide. Nichita a mené une vie intense. Il est mort très jeune, mais dans les 50 années de sa vie, il a vécu plus profondément que d’autres ne le feraient en 150 ans d’existence. C’est tout ce qui compte », a ajouté Ioana Roşu, conservatrice du patrimoine à la Mason-musée Nichita Stănescu de Ploieşti. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Le Musée Zambaccian de Bucarest

    Le Musée Zambaccian de Bucarest


    Au nord de Bucarest, dans un quartier résidentiel, dont la construction remonte à lentre-deux-guerres, se trouve un intéressant musée dart: le Musée « Krikor H. Zambaccian ». Installé dans le bâtiment spécialement conçu pour abriter une collection dart, le musée est la création dun commerçant passionné dart et désireux daider les artistes. Né en 1889 à Constanța, Krikor Zambaccian est issu dune famille dorigine arménienne dont il a poursuivi la tradition commerciale, dabord dans sa ville natale, ensuite à Bucarest, après 1923 quand il y emménage. Cependant, sa passion a toujours été orientée vers les arts, nous explique Ilinca Damian, muséographe au Musée des Collections dart de la capitale. Une fois installé à Bucarest, Krikor Zambacciany ramène également lentreprise familiale. Il sest occupé toute sa vie de limpression textile et en général du commerce textile. En plus de ça, sa grande passion a été de collectionner des objets dart, notamment de lart plastique roumain et français. Il a découvert sa passion lors de ses études à Paris où, entre cours de comptabilité et déconomie, il a trouvé le temps daller visiter des galeries et des musées et dassister à des conférences et des débats. Krikor Zambaccianest devenu ainsi un autodidacte dans le domaine de lart. Il est parvenu également à se lier damitié avec des artistes français, comme Henri Matisse, et, à son retour en Roumanie, il sest également lié damitié avec des artistes roumains de sa génération. Tout doucement, il a commencé à constituer sa collection.




    Cela sest produit après avoir déménagé à Bucarest en 1923, car les objets achetés auparavant, dans une première tentative de constituer une collection, ont été perdus pendant la Première Guerre mondiale. Les premières œuvres dart collectionnées à Bucarest appartenaient aux artistes avec lesquels Zambaccian sétait lié damitié; nous allons tout découvrir avec Ilinca Damian: Toute sa vie, il a noué une très étroite amitié avec le peintre Gheorghe Petrașcu. Il achetait périodiquement des œuvres créées par ce maître, quil visitait tous les dimanches, mais il entretenait également une étroite amitié avec Theodor Pallady, qui lui rendait visite dans son bureau. Il a aussi été ami pendant un certain temps avec Nicolae Tonitza et Francisc Șirato. En fait, il était ami avec presque tous les artistes de lépoque et les a soutenus tout au long de sa vie. Ainsi, au-delà de son travail de collectionneur, il était aussi mécène des artistes. Comme tous les collectionneurs de lépoque, Zambaccian a su apporter dans sa collection des œuvres appartenant aux soi-disant «pères de lart moderne roumain»: Nicolae Grigorescu, Ion Andreescu, Ștefan Luchian, ainsi que Theodor Aman. La sélection de tableaux de Luchian achetés par Krikor Zambaccian a été appréciée dès le début et il a même déclaré avoir dédié à Ștefan Luchian un autel dans sa collection. De plus, il était assez généreux concernant le prix auquel il achetait les tableaux soit directement à lartiste, soit à dautres collectionneurs. Il considérait quune œuvre dune qualité particulière valait un bon prix, donc il préférait toujours donner plus que négocier.




    Parce quau fil des ans, la collection sagrandissait et avait besoin dun espace de stockage et de présentation sur mesure, au début des années 1940, Krikor Zambaccian a construit une maison conçue à la fois comme un musée et comme une habitation. Cest le siège actuel du musée Zambaccian. Ilinca Damian: En 1942, la maison était déjà finie et pouvait être visitée une fois par semaine. Bien que Zambaccian lait pensée comme un musée, il y a vécu jusquen 1962, quand il est décédé. La maison a été conçue dans un style moderniste. En fait, plusieurs éléments peuvent être discernés: à la fois du style néo-roumain et du style minimaliste, avec également des influences mauresques. Donc la maison a plutôt un style éclectique. Zambaccian a envisagé douvrir un musée dès 1932-1933. Avant même la construction de la maison, il a commencé à discuter avec la mairie de Bucarest, mais aucun accord na été conclu sur lespace où les œuvres dart allaient être exposées. Le plan initial était de faire don de la collection dart qui se trouvait dans sa maison de lépoque, un espace dexposition inadapté aux visiteurs. Les négociations avec la mairie ne se sont pas concrétisées, mais le désir de Zambaccian était de réaliser un musée ouvert au grand public. Ainsi, dans les années 1940, il a fait construire sa propre maison à cet effet et en 1947 il a réussi à faire don à lÉtat de sa collection dart roumain. La donation complète sest finalementfaite en trois étapes: en 1947, en 1957 et en 1962, au décès du collectionneur. Actuellement, elle contient 300 œuvres de peinture et de sculpture roumaines et européennes.




    Malheureusement, pendant le régime communiste, la collection a été déplacée dans un autre bâtiment, dans un musée abritant plusieurs collections dart, et la maison de Zambaccian a été utilisée à des fins différentes de celles souhaitées par le collectionneur. Au début des années 2000, après de longs travaux de restauration, la collection a été ramenée dans le bâtiment qui lui avait été destiné à lorigine, et aujourdhui la maison et la collection Zambaccian peuvent être visitées, tel que leur créateur et propriétaire dorigine la désiré. (Trad. : Felicia Mitraşca)




  • Le musée de l’Horloge

    Le musée de l’Horloge

    Madame,
    Monsieur, cette semaine, nous prenons la route en direction de la ville de
    Ploieşti, pour y découvrir l’un des musées les plus beaux de Roumanie : le
    Musée de l’Horloge. Sise à seulement 60 kilomètres de la capitale, Bucarest,
    Ploieşti s’enorgueillit d’abriter ce musée rare, créé il y a plus d’un
    demi-siècle par les soins de l’historien Nicolae Simache.

    On vous propose donc
    de faire le tour virtuel de ce petit joyau, en compagnie de la commissaire
    d’exposition Carmen Banu : « Nous voilà arrivés au Musée de
    l’Horloge, « Nicolae Simache »
    din Ploiești. Fondé en 1963, le musée doit son existence au professeur émérite
    d’histoire Nicolae Simanche. Directeur, à l’époque, du Musée régional d’Histoire
    de la ville, Simanche a ouvert 18 sections muséales, dont ce musée qui,
    apparemment, lui a été le plus cher parmi tous les autres. L’édifice est un
    joyau d’architecture, un bâtiment dressé à la fin du XIXème siècle par Luca
    Elefterescu, homme politique, chef du Parti conservateur, magistrat et pétrolier,
    qui était à l’époque le préfet du département de Prahova dont Ploieşti est le chef-lieu.
    C’est une des bâtisses les plus belles de la ville. Construite en style
    néoromantique, elle se trouvait à l’époque dans la zone résidentielle sud de
    Ploiesti. »



    Voici ce que Carmen Banu nous a raconté sur les débuts du musée et les
    collections qu’il renferme : « Le Musée de l’Horloge de Ploiesti
    renferme une riche collection. Les premiers objets exposés ont été procurés
    dans les années 1954. Une année plus tard, s’y ajoutent les premières pendules dites
    « transylvaines » parce qu’elles provenaient de foyers de
    Transylvanie, quoique de fabrication allemande. La collection s’enrichit
    davantage au moment de l’achat d’un lot de 55 montres issues de la collection
    du fameux horloger de Bucarest, Sebastian
    Sașa. Et c’est à partir de ce moment-là que l’idée d’un Musée de l’Horloge
    commence à se crayonner. Les acquisitions ont continué et de nos jours, les
    collections permanentes renferment 4000 objets auxquels s’ajoutent 500 présentés
    dans les expositions temporaires. Le musée met en évidence l’évolution
    enregistrée dans la mesure du temps. Les visiteurs peuvent admirer des objets
    allant des cadrans solaires, en passant par des clepsydres, des horloges
    hydrauliques pour arriver aux montres réalisées manuellement et datant du début
    du XXème siècle. On y trouve aussi quelques objets exceptionnels tels plusieurs
    horloges en style Renaissance, fabriquées vers la seconde moitié du XVIème
    siècle par des horlogers de France ou d’Allemagne. Parmi ces exposés, le plus
    ancien est une horloge de Blois, datant de 1544 et portant la signature du
    maître-horloger Jakob Acustodia. C’est une de nos pièces de résistance, voir
    même la plus importante. S’y ajoute une autre, une horloge fabriquée en 1562
    par le fameux horloger allemand Jeremias Metzker. C’est une série limitée à
    trois objets seulement dont celui de Ploieşti est apparemment le plus ancien. »





    Le tour du musée commence dans une toute première salle où Carmen Banu
    nous emmène : « Parmi les objets qui font la particularité de cette salle
    consacrée aux premiers dispositifs pour mesurer le temps, on trouve une horloge
    hydraulique. Il parait que c’est la seule collection de ce type à détenir un
    tel objet. Appelées comme ça en raison de leur ressemblance à des lampes-
    torche, les horloges- torche ont été fabriquées pour la première fois au
    XVIIème siècle, en Angleterre, et leur succès leur a assuré la survie jusqu’au
    XIXème. Nos collections en possèdent deux.
    »





    C’est le moment
    de découvrir la salle des grandes horloges. Carmen Banu : « La deuxième salle est consacrée aux
    différents dispositifs de mesure du temps datant du XVIIIème au début du XIXème
    siècle. Ces objets impressionnent notamment par leurs dimensions, mais aussi
    par leur beauté. C’est le cas, par exemple, des pendules du XVIIIème siècle.
    D’autres objets qui attisent notre curiosité sont les montres de poche, dont
    les plus anciennes datent de la fin du XVIIème siècle et jusqu’au début du
    XIXème, et qui portent la signature d’horlogers anglais, français ou suisses.
    Le patrimoine du Musée de l’Horloge n’a rien à envier à celui des musées
    similaires d’Allemagne, Suisse ou Etats-Unis. Par exemple, nous avons quelques
    objets créés par le célèbre horloger Abraham Louis Breguet, dont les montres
    sont exposées au Musée Topkapî de Turquie. Il est considéré comme l’horloger le
    plus célèbre de tous les temps.
    »



    Et nous voilà arrivés dans la troisième salle, en compagnie de notre
    guide, la commissaire d’exposition, Carmen Banu : « Les montres de poche que l’on retrouve
    exposées dans cette troisième salle datent des XIXème et XXème siècles. Outre
    leurs qualités techniques, ces montrent impressionnent par leurs qualités
    artistiques et par leurs propriétaires: des personnalités de la vie politique
    ou culturelle de Roumanie. Un tout premier exemple en ce sens serait les deux
    montres ayant appartenu au roi Carol I. On a encore une montre de la collection
    du Tsar Alexandre II de Russie dont nous a fait don, en 1992, une Roumaine
    établie en Suisse. Dans la catégorie des montres aux propriétaires célèbres, on
    en a, par exemple, une ayant appartenu au diplomate roumain Nicolae Titulescu.
    Il s’agit d’un modèle Reverso, créé en
    1931 par la marque LeCoultre. Les collections se complètent par d’autres
    montres tout aussi belles, des montres étranges, fixées dans un lorgnon par
    exemple, ou gravées d’inscriptions maçonniques.
    »



    A la fin, notre
    guide, Carmen Banu nous attire l’attention sur d’autres exposés : « Nos collections comportent aussi
    des pendules de cheminée, d’origine française pour la plupart, dont les
    décorations, notamment en bronze doré, indiquent leur période de création. On a,
    par la suite, des horloges murales. Originaires notamment d’Allemagne, de la
    région du Massif de la Forêt Noire, ce sont surtout les horloges à coucou qui
    attirent l’attention du visiteur. Nos collections renferment des horloges de
    table ou de mur, telle celle issue du patrimoine du prince régnant Alexandru
    Ioan Cuza. C’est une horloge au mécanisme astronomique, qui indique les jours,
    les solstices, les équinoxes et les années bissextiles. S’y ajoute la
    collection de montres ayant appartenu à l’homme politique Mihail Kogalniceanu,
    ou encore au romancier Duiliu Zamfirescu, au peintre Theodor Aman ou encore au
    poète George Coşbuc. En cette période de pandémie, on attend les visiteurs dans
    un endroit beau, unique et sûr »
    . (Trad. Ioana Stancescu)



  • Les archives du rock roumain

    Les archives du rock roumain

    Art et parfois manifeste politique, le rock roumain apparaît vers la fin des années 60. Comme à l’époque l’accès à la musique d’Europe Occidentale était limité, les musiciens roumains ont adapté et récréé, dans un style local, musique, partitions, instruments et mode du courant rock. La volonté de préserver l’histoire de ce phénomène a récemment donné naissance au Musée du rock roumain. Un projet en ligne, pour le moment, mais qui serait amené à évoluer.

    Cosmin Năsui, historien d’art et commissaire d’exposition, nous parle de la genèse du projet : « Avant de décider de constituer ce musée, il y a eu une longue étape de documentation réalisée par notre collègue, le musicologue Doru Ionescu. Lui, il est réalisateur d’émissions sur le rock pour la télévision publique, il a aussi publié des livres sur des musiciens roumains partis vivre à l’étranger. Le Musée du rock est donc son idée. Doru Ionescu a commencé par documenter maints aspects de ce phénomène musical pour ses émissions et ses livres. Avec le temps, ces éléments de patrimoine immatériel et matériel demandaient à être placés dans un contexte muséal, pour donner une vue d’ensemble du phénomène. »

    Cosmin Năsui, aujourd’hui notre guide, nous fait visiter le Musée du rock: « Mettre quelque chose dans un musée, ce n’est pas l’ossifier, au contraire. Pour ce projet, nous avons considéré l’évolution de la musique rock en Roumanie – de la fin des années 60 et jusqu’après la révolution anticommuniste de 1989. Il y a, par exemple, tout un débat sur les guitares électriques en Roumanie. Le rock, c’est la guitare électrique, comme le folk, c’est la guitare sèche. Or on ne pouvait pas fabriquer une guitare électrique durant l’époque communiste en Roumanie. On ne pouvait pas les importer non plus, alors on les bricolait de toutes pièces, à partir de photos, en suivant les dessins techniques d’instruments publiés dans les magazines étrangers que l’on se procurait. Pour revenir, le projet a démarré avec l’initiative de Doru Ionescu et il a grandi peu à peu. Nous avons élargi la recherche à d’autres directions et commencé à utiliser les instruments de la muséographie, les fiches spécifiques et les fiches d’inventaire, entre autres. Le défi était de se servir de ces outils pour un domaine qui est par définition éphémère et plutôt proche du support audio ou vidéo. Mais voilà qu’il y a aussi un patrimoine matériel associé au rock, des instruments de musique aux tenues vestimentaires, la correspondance de ces artistes mythiques, les partitions, les brouillons de textes enfin. Tout cela montre le processus de création de l’intérieur. Il y a même toute une infrastructure culturelle de l’époque communiste, les clubs, souvent destinés aux étudiants, voire les clubs emblématiques de Bucarest, Club A ou Preoteasa. Cela montre la caractéristique première du rock roumain, né du mouvement de la jeunesse et des étudiants. »

    Cosmin Năsui, historien d’art et commissaire d’exposition, un des fondateurs du site postmodernism.ro, qui accueille pour le moment le Musée du rock, poursuit :« Avant d’aller vers une forme physique du musée, nous voulions constituer des archives et dresser les inventaires de façon précise. Pour ce faire, nous avons emprunté des objets de collections privées, nous les avons scannés, répertoriés, photographiés. Une partie de ces objets sont scannés en 3D, donc on peut les tourner sur notre plateforme en ligne, on peut zoomer dessus etc. Une partie de ces objets sont encore utilisés, en concert ou en studio, d’autres ne sont plus fonctionnels et d’autres sont perdus, car beaucoup de rockers roumains ont émigré et les ont pris avec eux. »

    La collection du Musée du rock de Roumanie comprend aussi des cartes postales et des lettres échangées entre les artistes, mais aussi des albums accessibles aux non-voyants. Cosmin Năsui : « Un musée ne doit pas seulement regarder vers l’âge de pierre, le Moyen-Âge ou la Roumanie moderne. Nous croyons qu’il est tout aussi nécessaire d’étudier le passé récent. Une partie de ces groupes de musique ont disparu, une partie de ces scènes musicales aussi. Ces choses sont fragiles, on peut en perdre la trace facilement. On peut noter l’histoire orale liée à ces musiciens légendaires. Après la disparition des artistes et de leurs instruments, je crois qu’il serait assez difficile pour quelqu’un d’entreprendre une chose pareille – récupérer, redécouvrir ce que l’on n’entend pas dans la musique. Musique qui reste, naturellement, en première position. »

    Le projet continue. L’étape suivante serait de regarder du côté des spécificités régionales des scènes rock et de la portée de cette musique dans différentes villes estudiantines. Ensuite, des sortes de capsules-musées pourraient voir le jour, qui mettraient en avant une partie de la collection du Musée du rock. Elles voyageraient à travers le pays, en lien avec des concerts ou des festivals, comme une sorte de laisser-passer en coulisses offert aux passionnés de musique. Des coulisses historiques, évidemment. (Trad. Elena Diaconu)

  • Art et tradition 2021

    Art et tradition 2021

    L’exposition Art et tradition 2021, initiée par la Galerie Arhiva de Arta, l’Archive d’art inaugurée à la mi-mai fermera ses portes le 23 mai. Il s’agit d’un événement à but caritatif qui se déroule en partenariat avec la Société nationale de Croix rouge de Roumanie, sous le haut patronage de sa majesté Margareta, gardienne de la couronne de Roumanie et membre du mouvement international de la Croix Rouge. Une quarantaine d’artistes contemporains – peintres, sculpteurs, dessinateurs – ont répondu au défi lancé par la Galerie l’Archive d’art.

    L’exposition est organisée exclusivement afin d’aider les enfants démunis des centres E.G.A.L. ouverts par la Croix rouge en Roumanie. D’ailleurs, ce n’est pas pour la première fois que cette galerie d’art contemporain indépendant, fondée par Ingrid Stegaru et dédiée à la promotion des artistes à la recherche d’un débouché sur le marché mondial de l’art, organise un événement à but caritatif. Ingrid Stegaru donne quelques détails sur l’exposition Art et Tradition 2021 ouverte au Musée du paysan roumain : « Nous avons fondé la Galerie de l’archive d’art pour aider les enfants. Ce fut un projet que j’ai eu au cœur, et une des raisons pour laquelle j’ai lancé ce projet est le fait que je ne peux pas avoir d’enfants. Une autre raison est le fait que les artistes ne sont pas soutenus comme il le faut et nombre d’entre eux n’ont pas le courage de frapper aux portes d’institutions roumaines pour présenter leurs projets et expliquer qu’ils souhaitaient organiser une exposition. Nous essayons de monter ces expositions surtout dans les institutions d’Etat, dans les musées, où les œuvres peuvent être exposés dans des conditions adéquates. Nous collaborons avec nombre d’artistes membres de l’Union des plasticiens, tels Mircea Muntenescu, Dan Băncilă, Alina Băncilă, Dorina Șuteu, Dorin Apreutesei, Magda Urse. Ils ne sont d’ailleurs que quelques-uns des près de 200 artistes membres de l’Union avec lesquels nous avons collaboré. Par les événements organisés, la galerie de l’archive d’art se propose de venir en aide des enfants démunis et cette coopération avec la Croix rouge nous réjouit beaucoup, puisque c’est elle qui a initié les centres E.G.A.L. Avec l’argent que nous avons remporté ces derniers mois suite à l’organisation de tels événements, nous avons réussi à acheter aux enfants des jouet et des sucreries, bref toute sorte de cadeaux à Pâques ». a expliqué Ingrid Stegaru, fondatrice de la Galerie de l’archive d’art.

    N’oubliez pas donc, en visitant cette exposition ouverte jusqu’au 23 mai au musée national du paysan, vous aurez l’occasion non seulement d’admirer des œuvres d’art contemporain, toiles et sculptures, inspirées de l’art traditionnel, mais aussi de faire le bonheur de plusieurs enfants démunis de Roumanie. Mentionnons aussi que la Croix rouge roumaine a fondé quatre centres d’accueil appelé les centres E.G.A.L, acronyme d’Education, Générosité, Habiletés et Liberté à l’intention des enfants qui ont besoin de chances égales à une vie normale. Dans chaque centre, une cinquantaine de bénéficiaires – enfants, jeunes et leurs parents sont inclus chaque jour dans un programme intégré de développement, déroulé avec l’appui de bénévoles.