Tag: traditions

  • Visite au Banat

    Visite au Banat

    Partons à la découverte de l’un des lieux les plus isolés du pays, un petit village juché au sommet des monts Cerna, et que seule une échelle de bois d’une centaine de mètres relie au monde extérieur. C’est aussi là que se cachent les moulins à eau de Rudăria, uniques en Europe de l’Est. Nous parlerons aussi du Festival de Jazz de Gărâna, un évènement culturel international, mais qui parle aussi de traditions et de folklore authentique. Partout en Roumanie, y copris dans le Banat, on cherche à développer le tourisme sous plusieurs formes, nous explique Dan Mirea, Manager au sein du Centre de création et de promotion de la culture de Caraș Severin : Si l’on fait référence au tourisme authentique, que nous pratiquons déjà dans la région, je pense que je commencerais par me rendre directement à la cascade Bigăr dans la vallée de l’Almăj (Valea Almăjului). Cette cascade est très connue. Elle fait partie des sept plus belles cascades du monde. Il existe une autre région très visitée, surtout par les touristes étrangers, celle qui renferme les moulins à eau ce Rudăria. Ces moulins ont été construits au 18ème siècle. Ce qui est incroyable, c’est qu’ils sont encore en activité aujourd’hui, et les habitants de la région viennent y moudre leur blé et leur maïs. De nombreuses chaînes de télévision sont venues des quatre coins du monde pour effectuer des reportages sur ces moulins. Un autre point d’intérêt unique de la région montagneuse du Banat est le village de Ineleț, qui n’est accessible que par une échelle très abrupte. Comme le disait l’un de nos grands poètes roumain, ce village est le plus proche de Dieu. Il n’existe aucune route dans ce village. Les habitants emmènent leurs enfants à l’école ou chez le médecin en les portant sur leur dos.»

    Ineleț, ce village le plus reculé de Roumanie, compte une centaine de maisons alignées, adossées à la colline. Parmi elle, seules 33 sont encore habitées. Preuve que les touristes sont arrivés jusqu’ici : l’église en bois érigée sur la colline en 1973 par les habitants du village. Le village de Gărâna, lui aussi magnifique, a été construit au 19ème siècle par une communauté de saxons, nous raconte explique Dan Mirea, Manager au sein du Centre de création et de promotion de la culture de Caraș Severin : « A l’heure actuelle, le village accueille chaque année l’un des plus importants festival de jazz du monde. Le temps d’une semaine, l’été, à la fin du mois d’août, de nombreux touristes étrangers font le voyage pour y participer. Les billets sont en vente deux ans à l’avance. Cette année, contrairement aux années précédentes, les billets étaient épuisés 14h après l’ouverture des ventes. Un autre élément inédit, celui des monts Semenic, qui sont en constante évolution. Beaucoup d’investissements y ont été faits en termes de logistique et d’infrastructures. Deux pistes sont en cours d’installation, dont une rivalisant avec la célèbre station autrichienne d’Innsbruck. C’est d’ailleurs une entreprise autrichienne qui est en charge des travaux. Il est certain qu’au moment de son inauguration, fin 2023, de nombreux touristes feront le déplacement. La Vallée de Bistra, au cœur du Banat, accueille aussi de nombreuses activités artistiques, tel que le Festival international de Băile Herculane. Cette ville fait non seulement honneur au département de Caraș-Severin et à la région du Banat, mais aussi à la Roumanie toute entière à l’époque où elle était une station thermale prisée dans toute l’Europe. »

    Le centre historique de Băile Herculane est sans nul doute le point fort de la station thermale. On y trouve des monuments historiques tels que le Casino ou les Bains impériaux autrichiens, ainsi que la villa dans laquelle résidait l’impératrice austro-hongroise Sissi, qui avait une vraie passion pour Baile Herculane et ses environs. Dan Mirea : « Le centre historique vient d’être complètement remis à neuf et la fameuse statue d’Hercule, symbole de la ville connue et reconnue en Roumanie et ailleurs, a retrouvé sa splendeur du 19e siècle. Băile Herculane accueille un festival international depuis plus de 30 ans. Il s’agit du Festival international Hercule. Chaque année, des représentants de 40 pays représentent le folklore et les traditions de leurs pays. Plusieurs régions du Banat préservent des éléments de folklore authentique : la Valée du Caras, la valée de la Bistrita et la Valée de l’Almaj, auxquelles s’ajoute la région montagneuse du Banat. C’est ici que les danses et surtout les costumes traditionnels sont à l’honneur. Les habitants des environs apprécient les vêtements traditionnels plus que tout. On dit que dans la région du Banat, les personnes âgées pourraient tout vendre, même leurs tombeaux, mais pas leurs vêtements. En tant que manager du Centre de création et de promotion de la culture traditionnelle du Caraș-Severin, j’ai envisagé plusieurs projets pour l’année prochaine. Nous essayons de nous associer en quelque sorte à la ville de Timisoara, dans le sud-est, capitale culturelle européenne en 2023. L’un des projets prévus l’année prochaine est une exposition de plus de 1 000 vêtements de toutes les régions du Banat. »

    A l’exception de la station thermale de renom Băile Herculane, une autre région commence à constituer un pôle d’attraction pour les touristes : celle de Muntele Mic (en français « La petite montagne »). La station est située à une quelque 1550 mètres d’altitude et est déjà la destination des vacanciers qui pratiquent les sports d’hiver. Par ailleurs, aux pieds des montagnes, vous retrouverez des artisans traditionnels. Dan Mirea, manager du Centre de création et de promotion de la culture traditionnelle de Caraș Severin nous en dit plus : « Tout près de Resita se trouve un village représentatif non seulement de la région du Banat, mais aussi de Roumanie. Il s’agit du village de Biniș, où un maître artisan potier qui a perpétué la tradition de ses ancêtres, a représenté la Roumanie dans les salons les plus importants au monde. Elément inédit de cet épisode : quatre présidents des Etats-Unis ont décoré cet artisan. Son unicité réside dans le fait qu’il n’a jamais changé sa roue de poterie. C’est un tour utilisée depuis plus de 200 ans et qui possède un charme à part, affirment les anciens de la région. Tous ceux qui se sont assis pour faire tourner ce tour réussissent à le manier.» Voici donc une destination où les sites naturels se combinent harmonieusement à l’héritage culturel. Et tout cela est complété par d’autres évènements culturels qui se déroulent tout au long de l’année.

  • Escapade en nature dans le département de Sibiu

    Escapade en nature dans le département de Sibiu

    Le département de Sibiu est une destination parfaite pour profiter des
    escapades dans la nature. Les offres de vacances mises à disposition par les
    maisons d’hôtes de Roumanie se diversifient chaque année davantage et le
    département Sibiu ne fait pas exception. Vous y trouverez des prix, des menus,
    des traditions et des loisirs pour tous les goûts et les budgets. Même si vous
    n’êtes pas passés par une agence pour réserver un séjour inédit, les hôtes de
    Sibiu vont sans doute très bien vous accueillir, avec des offres complètes qui
    vous feront découvrir le plus de traditions locales possible.


    L’Association Départementale de Tourisme Sibiu a mis en place un projet spécial,
    intitulé « Les années des randonnées ». Grâce à ce programme, les
    touristes ont pu parcourir chaque semaine, de façon organisée, les sentiers de
    randonnée en montagne qui les intéressaient. Et même plus que ça, ils ont été encouragés
    à explorer eux-mêmes la région, à poser plein de questions, à découvrir les
    environs accompagnés par les habitants du coin, et bien sûr, à profiter des spécialités
    locales.

    Adela Dadu, représentante de l’Association Départementale de Tourisme Sibiu,
    nous en dit davantage : « En faisant
    ce type d’activités, nous essayons de réunir et de rapprocher les touristes des
    communautés locales et de la nature. Nous tentons de faire cela de manière très
    responsable. Nous avons également des offres de vacances qui impliquent la participation
    du touriste aux vraies activités rurales. Par exemple, ils se rendent chez les
    hôtes de la région de « Mărginimea Sibiului » et participent
    activement aux activités. Ils découvrent ainsi les traditions et les coutumes
    de manière originale. De nombreux villages ont adopté cette forme de tourisme,
    tant au nord qu’au sud du département. Ces offres représentent beaucoup plus
    qu’une pension complète ; en plus de l’hébergement et de la gastronomie,
    qui est bien évidemment très riche et délicieuse, les touristes peuvent faire
    aussi des dégustations au sein d’une bergerie. Ils peuvent prendre un « brunch »
    local avec les villageois et participer à des ateliers locaux. L’année dernière
    nous avons organisé un atelier avec les enfants et les avons emmenés à l’étable
    pour observer comment traire les vaches. Notre ouverture d’esprit est donc
    assez conséquente et nous sommes ravis que les habitants et les touristes puissent
    profiter ensemble de tous ces beaux moments. »





    Actuellement, la ville de Sibiu organise le fameux Marché de Noël, une
    tradition qui remonte maintenant à 15 ans. Du 11 novembre 2022 au 2 janvier
    2023, ceux qui n’auront pas l’occasion de se perdre dans l’univers rural de
    Sibiu pourront quand même rencontrer les artisans sur le marché. Les organisateurs
    s’assurent toujours que le marché ait des produits de haute qualité, fait à la
    main, spéciaux et inédits.


    Adela Dadu, représentante de l’Association Départementale de Tourisme
    Sibiu, nous emmène maintenant dans une autre commune, située cette fois en région
    montagneuse, dont l’on remarque très vite les ruelles très étroites. Elle nous
    y fait découvrir un ancien moulin et une église orthodoxe en brique, avec un
    clocher en bois, les deux remontant à plus de 100 ans. C’est un endroit caché
    qui survit grâce à ses traditions vivantes.




    « Les communes de
    Râul Sadului et de Țara Colibelor attirent depuis quelques temps un nombre
    croissant de visiteurs et d’amateurs de randonnées dans la nature. Râul Sadului
    est une commune de la région appelée « Mărginimea Sibiului » qui conserve
    encore très bien son authenticité. On peut encore y voir de véritables huttes
    de bergers, construites en bois, en haut des montagnes. Même si beaucoup
    d’entre elles ne sont plus utilisées, elles restent très pittoresques. Personnellement,
    c’est là-bas que je me sens le mieux : sur le pâturage, entourée d’herbe fauchée
    et de nature, avec la brise qui caresse mon visage et qui apporte avec elle un
    doux parfum de sapin. Je sais que cela pourrait paraitre un peu trop romantique, mais comme je
    suis née dans cette région, j’aime la montagne plus que tout ! »





    En espérant vous avoir convaincu de visiter cette région
    spectaculaire, à bientôt avec une nouvelle destination ! (Trad. Rada Stanica)



  • Escapade à Câmpulung Muscel

    Escapade à Câmpulung Muscel

    Aujourd’hui,
    nous vous invitons dans le département d’Argeş, pour découvrir ensemble la région de Muscel, un
    coin de nature paradisiaque rempli d’histoire, situé à environ 160 km de
    Bucarest. Bogdan Răcășanu, agent de tourisme, nous donne plus de détails sur
    cette région: « C’est ici que la famille des Basarab a fondé
    la Valachie. Et c’est dans la ville de Câmpulung Muscel que l’activité a
    commencé à se développer. C’est là que le nombre de lieux de culte par habitant
    est le plus élevé au monde, avec 150 églises pour une population de 20 000
    habitants. »





    Le Monastère Negru Voda est l’un
    des attractions touristiques les plus importantes de Câmpulung Muscel. C’était
    le siège de la première cour princière de la Valachie, fondée par le Voïvode
    Radu Negru en 1215 et reconstruite par Basarab I et par son fils, Nicolae
    Alexandru, dont le tombeau se trouve à l’intérieur de l’Église. Le premier
    palais princier de la Valachie – datant d’avant celui de Curtea de Argeș – est situé au même endroit. En 1635, le monastère a été entièrement
    reconstruit par l’ordre de Matei Basarab, sur la même base. Le clocher haut de
    35 mètres a été construit à la même époque avec un rôle stratégique de défense.
    C’est toujours ici qu’a été imprimé le premier livre en roumain et, en 1669, le
    boyard Radu Năsturel a fondé la première école princière avec enseignement
    en langue roumaine, qui accueillaient tous les enfants, y compris ceux
    provenant des familles pauvres.


    Bogdan Răcășanu, agent de
    tourisme de la région, nous a présenté quelques attractions supplémentaires: Câmpulung présente une
    kyrielle d’opportunités ; à part le castrum romain Jidova qui date de 203 et les
    monastères rupestres, l’on peut organiser beaucoup d’excursion sur une journée.
    Nous invitons donc les touristes à venir profiter de l’hospitalité des
    habitants, à admirer leurs costumes traditionnels et à découvrir leurs
    coutumes, musique et plats. Les hôtes seront ravis de vous accueillir et nous
    vous attendons avec un grand plaisir !





    Les monastères de Cetățuia
    Negru-Vodă, Nămăiești et Corbii de Piatră se situent à seulement quelques kilomètres
    de la ville de Câmpulung et font partie de soi-disant « triangle sacré »
    des demeures rupestres de Muscel, étant fondés sur des anciennes colonies daces.
    En ce qui concerne les costumes folkloriques de la région, ils peuvent être admirés
    au Musée de l’Ethnographie du Monastère Nămăieşti, qui compte 200 costumes,
    certains vieux de 200 ans. Dans ce même musée, on retrouve également la blouse
    roumaine tissée par les religieuses de ce monastère, qui a été décernée à
    Paris en 1889, lors de l’Exposition Universelle. Au Musée de l’ethnographie,
    certains costumes sont groupés dans des chambres qui mettent en scène le rituel
    du mariage ; ainsi, des mannequins désignant les maris, leurs parents et grands-parents,
    les parrains et marraines, le prêtre et le diacre, ont été vêtus de habits de fête
    et regroupés dans deux chambres pour mettre en scène la cérémonie du mariage. (Trad. Rada Stanica)

  • Les saints médécins sans argent

    Les saints médécins sans argent

    Le début du mois de novembre est marqué par une fête moins connue dans l’espace roumain. Il s’agit de la fête du Vracel, un personnage mythologique au sujet duquel les Roumains d’antan affirmaient qu’il maitrisait l’art de guérir par des moyens non-conventionnels. Le fonds commun des cultures archaïques, de toutes les régions habitées actuellement par les Roumains a acquis à travers le temps des valences régionales spécifiques.

    Les communautés traditionnelles ont adopté certaines pratiques et rituels anciens de guérison, une partie d’entre eux étant reconnus même dans la société moderne. Explication avec Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare : « Sur l’ancienne fête préchrétienne est venue se superposer une fête chrétienne, celle des saints Cosma et Damian, surnommés « médecins sans argent ». Voilà donc une nouvelle et très belle superposition entre les fêtes préchrétiennes et celles instaurées par l’Eglise. Le Vracel est représenté dans la mythologie populaire par un vieil homme aux cheveux longs et blancs, qui tenait à la main un long bâton. Au bout du bâton se trouvait un sachet contenant neuf plantes magiques. Ces plantes magiques pouvaient guérir toute maladie. C’est pourquoi cette fête était soigneusement respectée parce qu’on disait que ceux qui y croyaient allaient être protégés par toute maladie. Ceux qui ne respectaient une seule et unique interdiction, celle de ne pas labourer la terre étaient vulnérables à toute sorte de maladies. De nos jours, à l’intérieur de l’arc des Carpates roumaines, cette fête est connue sous le nom de Cosmandin, par l’agglutination des noms des deux saints Cosma et Damian. Cette union reprend pratiquement l’ancienne fête du Vracel. »

    Depuis des siècles, la médecine empirique a joué un rôle à part dans la vie des communautés traditionnelles. Les gens mettaient toute leur confiance dans les soins naturels, transmis d’une génération à l’autre. Malheureusement, la fête du Vrăcel se retrouve uniquement dans la mémoire collective, mais la pratique de la récolte des plantes médicinales durant cette période de l’année est toujours présente dans les régions de l’arc des Carpates. On dit que les plantes médicinales cueillis durant les équinoxes sont les meilleures.

    Cette interférence avec le soleil, avec le rapport d’égalité entre la nuit et le jour a la capacité de transférer une partie de sa puissance sur les plantes. Le maintien du lien permanent entre l’Homme et l’environnement a conféré aux paysans d’antan la confiance dans la force régénératrice de la nature. De nos jours encore, les produits naturels aux capacités curatives bénéficient d’un réel succès non seulement dans le milieu rural, mais aussi dans le milieu urbain.

  • Accents traditionnels dans les vetêments contemporains

    Accents traditionnels dans les vetêments contemporains

    Mettre des accents paysans et même porter des pièces vestimentaires traditionnelles signifie que le succès est garanti sur Instagram et Facebook. Et c’est aussi sur les réseaux de partage que l’on peut trouver des groupes de personnes passionnés par les pièces vestimentaires traditionnelles, dont on peut apprendre toute sorte d’astuces sur la manière de porter, d’entretenir, de laver de tels objets de valeur. Explication avec l’artiste Lila Passima, responsable de la section d’éducation muséale du Musée national du paysan roumain : « Une des premières visites sur le terrain a eu lieu en 1997, lorsque j’ai découvert un endroit susceptible d’accueillir une exposition consacrée à la blouse roumaine et à la relation entre le peintre roumain Theodor Pallady et Henri Matisse. J’ai également découvert un couturier qui travaillait pour Jean-Paul Gaultier et qui avait copié quelques éléments figurant sur la blouse roumaine pour les mettre sur des robes de soirée. Ce sont autant d’informations qui nous parviennent difficilement, mais qui nous parviennent par le biais des communautés en ligne, par les groupes tels « Semne cusute » et « Ia aidome ». Ces petites associations et ONGs récupèrent d’une manière ou d’une autre la source traditionnelle des vêtements. Nous sommes donc heureux de posséder une collection merveilleuse. Nous comptons parmi les musées les plus importants, ayant 90 mille objets d’art paysan, qui ont trouvé leur place dans nos collections à commencer par celle d’Alexandru Tzigara Samurcaş, le premier directeur du musée. La collection de vêtements paysans comporte plus de 20 mille pièces : blouses, chemises, vestes. »

    La blouse roumaine est un des éléments de la culture traditionnelle les plus spectaculaires. Il n’y a qu’un pas pour que la blouse soit incluse dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle n’est plus un simple objet vestimentaire, mais une extension symbolique du corps humain, qui semblait jadis relier les plans terrestre et céleste. Portée quotidiennement dans les communautés traditionnelles, mais aussi dans des moments importants qui marquent des rites de passage, lors des fêtes de baptême, de mariage ou bien à l’occasion de funérailles, la blouse a été et sera toujours un élément identitaire incontestable. Lila Passima revient au micro de RRI : « Toute une série d’éléments décorent la partie inférieure du vêtement traditionnel roumain. Il s’agit des tabliers, qui complètent les foulards traditionnels brodés. Un tel costume de la région d’Argeş (sud) est désormais plus connu par la présence aristocrate de la broderie, par l’ingéniosité et par la complexité extraordinaire de la composition qui l’orne. Et cela est valable notamment pour le tablier décoré de compositions végétales. Y sont présentes transfigurées et synthétisées des fleurs des plus diverses, réalisées avec des fils métalliques et des paillettes. »

    Les blouses roumaines sont désormais des pièces de résistance sur les podiums du monde et les grands créateurs de mode incluent des éléments traditionnels authentiques dans les collections qu’ils présentent.

  • Traditions pascales en Roumanie

    Traditions pascales en Roumanie



    Pâques est la fête la plus importante du christianisme. Les chrétiens orthodoxes et catholiques la célèbrent chaque année à des dates différentes, calculées en fonction de deux phénomènes astronomiques. En lan 325, le Concile œcuménique de Nicée fixait Pâques au premier dimanche après la pleine lune suivant léquinoxe de printemps. Chaque année, le Patriarcat orthodoxe dAlexandrie calcule la date des fêtes pascales et la communique aux autres églises chrétiennes du même rite. Cela nest quun repère pour comprendre la variation de cette date, car, après le Concile de Nicée, tant le calendrier chrétien que linterprétation du cycle cosmique ont subi de nombreuses modifications.



    Delia Suiogan, ethnologue à lUniversité du Nord, de la ville de Baia Mare (nord-ouest de la Roumanie) explique : « Léquinoxe de printemps est lélément commun du calcul de la date des fêtes pascales, quel que soit le calendrier : le julien utilisé par les orthodoxes, ou le grégorien utilisé par les catholiques. Les deux calendriers sont séparés par un écart de 13 jours. Dans les deux calendriers, léquinoxe de printemps a donc lieu à deux dates différentes, le 8 et le 21 mars, ce qui joue dans le calcul de la pleine lune et, par conséquent, de la date de la fête de Pâques. Ce que nous devons retenir de tout ça cest quà la différence de Noël, Pâques est une fête qui se rapporte à la Lune et non pas au Soleil. »



    Les préparatifs pour la Résurrection du Christ commencent avec le Carême, qui est la période de dévotion à Dieu, de jeûne et dabstinence la plus longue et la plus sévère imposée par lÉglise orthodoxe. Ces préparatifs font référence aux quarante jours passés par le Christ dans le désert, avant de commencer son activité messianique. La Pâque juive, Pessah, célèbre la délivrance de lasservissement du peuple juif à lÉgypte et sa fuite vers la terre promise, Canaan. La fête de Pâques chrétienne est une célébration de lespoir, une promesse de résurrection spirituelle et de vie éternelle après la mort.



    Sabina Ispas, directrice de lInstitut dethnographie et de folklore « Constantin Brăiloiu » de Bucarest, ajoute des détails : « Le Jeudi saint est le dernier jour de commémoration des morts. Autrefois, dans certaines zones du sud de la Roumanie, les habitants se rendaient au cimetière où ils pleuraient les défunts, encensaient les tombes et allumaient des feux, qui évoquaient la lumière. Le feu était une expression de lénergie divine, qui se manifestait à travers les événements des jours et des nuits à venir. Durant cette période, chaque soir, après le coucher du soleil, dans les églises, lon assiste aux Denii (n.a. services religieux spécifiques de la Semaine Sainte). Le Jeudi saint, lon officie Denia des 12 Évangiles. Ce même jour, la tradition voulait que dans chaque maison lon peigne les œufs, que lon sacrifie lagneau pascal et que lon prépare la pasca (une tarte au fromage doux et aux raisins secs, spécifique pour cette fête). Tout cela avait une charge symbolique et allégorique, qui annonçait la lévénement de la Résurrection. Le Vendredi saint marquait la Mise au tombeau. Les gens mangeaient peu ou jeûnaient. Des feux étaient allumés dans les cours des églises, comme durant la nuit de la Résurrection. »



    Bien que solennelle, Pâques reste une fête de la joie. Le sacrifice du Christ Rédempteur, pour offrir à lhumanité la vie éternelle, est un événement qui a changé lhistoire de lhumanité et que les fidèles chrétiens assument chaque année, en célébrant la Résurrection.



    Le repas pascal a une charge rituelle et symbolique, rappelle Sabina Ispas : « Dans la société roumaine traditionnelle, personne ne travaillait plus le Samedi saint. Les gens se préparaient moralement et spirituellement, pas pour faire la fête, mais pour vivre cet événement exceptionnel. Ils remplissaient aussi le panier de Pâques. Dans la tradition roumaine, la nourriture préparée pour une fête devait absolument être bénie avant de la consommer. Ce panier de Pâques était donc une forme de bénédiction de tous les plats qui allaient être servis au repas pascal, un repas festif et rituel, dont la composition devait respecter un code alimentaire particulier, et inclure bien évidemment les œufs durs peints. »



    Lœuf peint est parvenu aux temps modernes par la filière judaïque. Un œuf jaune et des herbes amères étaient mis au centre du plateau posé sur la table de Pessah. Lœuf de Pâques est traditionnellement peint en rouge vif. On pouvait le décorer aussi de petites croix, dépis de blé, de poissons stylisés, ou, plus récemment, de feuilles de plantes diverses. À présent, latmosphère pascale urbaine est complétée par des décorations de plus en plus inventives – des couleurs telles que vert, bleu, violet, doré ou argenté, des motifs et des dessins surprenants – mais qui nont rien à voir avec la fête de Pâques. (Trad. Ileana Ţăroi)




  • Le mois d’avril – traditions et symboles

    Le mois d’avril – traditions et symboles

    Dans le calendrier traditionnel roumain, le mois d’avril s’appelle « prier», le mois bénéfique. En roumain « a prii» signifie être bénéfique, propice. Et pour cause : c’est un mois propice pour les travaux agricoles, pour démarrer les semailles, pour nettoyer les constructions servant à l’agriculture ou encore pour réparer les outils agricoles. A compter de ce mois-là, les moutons ne pouvaient plus paître tout seuls, alors que les fermiers commençaient à les tondre avant de remonter vers les pâturages des montagnes. Cette période de l’année a aussi une dimension cosmique, surtout qu’elle est assez instable du point de vue de la météo.

    Détails, avec l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu: « Le mois d’avril se situe au milieu du printemps astronomique. Dans le calendrier traditionnel roumain, il existe une multitude de fêtes et de traditions liées à cette période de l’année. Elles concernent principalement les travaux agricoles, le pâturage, la pomiculture, la viticulture – des occupations que l’on retrouve dans toutes les régions habitées par les Roumains. Comme son nom l’indique, c’est un mois propice pour les semailles et pour les travaux de la ferme. C’est le moment où l’on nettoie les vignes et les vergers. En raison de la météo instable, on dit que, si les températures sont basses et que le temps soit mauvais, le mois de mai sera ensoleillé. Par contre, si en avril il fait beau temps, alors on peut s’attendre à ce qu’il neige au mois de mai. »

    Voici maintenant une tradition spécifique au mois d’avril dans toutes les contrées de Roumanie : la Journée des farces. En fait c’est la version roumaine du Poisson d’avril, dont les origines sont à retrouver dans la France du 16e siècle. A ce moment-là, par l’adoption du calendrier grégorien, la Nouvelle année, célébrée auparavant le 1er avril, fut déplacée le 1er janvier. Et comme, à l’époque, les nouvelles circulaient beaucoup moins vite qu’aujourd’hui, pendant un certain temps, il y a eu des personnes qui célébraient toujours la Nouvelle année le 1er avril. Cette fête des farces a traversé le continent pour arriver dans l’espace roumain, notamment au Banat (dans l’ouest) et en Transylvanie.

    Comment cela se passe en terre roumaine ? Explication avec notre invité, l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu : « Le mois d’avril commence par la Journée des farces. Le 1er avril, les gens jouent des tours les uns aux autres. On dit que celui se laisse tromper le sera toute l’année. Puis, c’est toujours au mois d’avril que l’on célèbre Pâques et le Dimanche des Rameaux, car c’est le moment où fleurissent les vignes et arbres fruitiers. Et puis, on ne saurait oublier les légendes, dont une compare le mois d’avril à un jeune homme qui travaillait pour un patron très riche. Cela dépend de la manière dont ce jeune homme travaille pour son maître, s’il est productif ou non : le mois d’avril en sera de même.»

    Enfin, une dernière tradition répandue sur le territoire roumain est celle des « feux vivants » allumés à l’aide de deux morceaux de bois seulement. Un rituel de purification des champs et des fermes, ainsi que des gens qui osaient sauter par-dessus le feu. Dans la spiritualité roumaine, les « feux vivants » du mois d’avril symbolisaient la régénération de la lumière et son triomphe définitif sur l’hiver qui venait de s’achever. (Trad. Valentina Beleavski)

  • L’école des anciens

    L’école des anciens

    Mariana Mereu a grandi dans le village de Geoagiu de Sus, dans le département d’Alba (centre), au sein d’une communauté attachée aux traditions, dans laquelle la couture, le tissage, les danses et les chants traditionnels avaient une place centrale. Aujourd’hui elle continue de promouvoir ces traditions. Pour ce faire, elle a participé à des foires du tourisme, des expositions et conférences thématiques et a fait l’acquisition d’une importante collection ethnographique. Mariana Mereu a aussi organisé « l’Ecole des anciens » (Şcoala bunicilor), où ceux qui le désirent peuvent apprendre l’art de tisser, de coudre ou de cultiver et travailler le chanvre afin de fabriquer des objets artisanaux.


    Mariana Mereu a fait de sa maison une école, « l’Ecole des anciens », un lieu de transmission des traditions :



    « J’ai toujours gardé et pris grand soin de mes costumes traditionnels, je n’ai jamais rien jeté parmi les vieux objets de la maison. Le métier à tisser à toujours fait partie des meubles et ma mère et ma grand-mère l’utilisaient. J’ai pris goût au tissage, à la couture et au filage de la laine. J’adore ça, si je pouvais je ne ferais que ça. J’aimerais que tout le monde puisse apprendre, les enfants, les gens de tout âge et de tout horizon. Même ici, au village, j’ai organisé des veillées et des ateliers. »



    Mariana Mereu constate, à regret, que ce sont surtout les étrangers qui s’intéressent à ces traditions.



    « L’année dernière nous avons accueilli une famille de Français à qui nous avons appris à coudre et à tisser, et qui s’est rendue dans la région du Maramureş (dans le nord de la Roumanie) pour apprendre à faucher l’herbe. Ils ont payé afin d’apprendre tout ça. Voilà où nous en sommes aujourd’hui ! Très peu de jeunes savent encore faucher de nos jours, car tout est automatisé. Ils peuvent le faire s’ils sont payés, car ils ont besoin de gagner leur vie comme tout le monde. »



    Mariana Mereu nous a raconté avec passion comment elle cultive le chanvre, le file et le tisse, et son envie de partager ces traditions ancestrales avec les autres. Pour le reste, elle fabrique des serviettes et costumes traditionnels en fibre de chanvre.



    « Cela fait maintenant sept ans que je cultive le chanvre. J’ai commencé sur le métier à tisser chez une dame qui n’est plus là aujourd’hui, et qui avait du chanvre dans son grenier. Ce n’est pas une mince affaire. Il faut obtenir des autorisations, c’est très difficile. Et quand on croit que tout est réglé, un nouveau problème se présente. La préparation du chanvre aussi est un sacré travail. Il faut le faire sécher, puis faire de petits paquets que l’on met de nouveau à sécher, avant le rouissage. On recouvre le tout de pierres afin de les maintenir sous l’eau, et après une semaine, lorsque la fibre commence à se détacher de la tige, alors c’est qu’il est prêt. On recueille la fibre, on la nettoie et on la met de nouveau à sécher. Lorsqu’elle commence à joliment blanchir, on peut la tiller, la peigner, la filer et la travailler. C’est un processus long et fastidieux, mais cela vaut la peine. On fait quelque chose de ses propres mains, à partir d’une plante, faire une blouse roumaine, c’est magique ! Honnêtement, je ne fais pas ça pour l’argent. Personne ne semble apprécier ce travail à sa juste valeur. Cela m’affecte, et si je ne reçois pas le juste prix, je renonce et je me contente de faire des cadeaux. »



    Mariana Mereu regrette que le travail effectué par les femmes et les jeunes filles désireuses de partager ces traditions ne soit pas reconnu à sa juste valeur.



    « Par exemple, lorsque l’on demande 50 lei (10 euros) pour une paire de bas de laine ou en fibre de chanvre, les clients trouvent ça trop cher. Mais une paire de bas ne se fabrique pas en une journée ! L’été, les bas de laine empêchent la transpiration, car la laine est vide à l’intérieur, comme les macaronis, idem pour le chanvre. Cela tient chaud en hiver, et permet de rafraîchir en été. »



    Puisqu’elle travaille le chanvre, Mariana Mereu a décidé de créer une fête en son honneur. C’est ainsi qu’elle a célébré l’été dernier la 4ème édition de la Journée du chanvre, à laquelle ont aussi pu participer les touristes. Les plus curieux ont pu découvrir l’ensemble du procédé, de la plantation à la récolte de la fibre utilisée dans la fabrication de vêtements, de tissus et de costumes traditionnels, à l’époque où chaque foyer cultivait et travaillait son propre chanvre.


    Notre interlocutrice espère voir ces traditions retrouver du soutien.



    « Je souhaiterais vraiment que les responsables politiques décident de rémunérer les artisans qui effectuent ce travail, ainsi que ceux qui souhaitent l’apprendre. J’ai cru comprendre que c’était le cas dans d’autres pays. C’est une bonne motivation pour ceux qui travaillent, cela les encourage à continuer. Ils n’ont pas à avoir honte d’être paysans, ni d’être roumains. Ils ne doivent pas oublier leur langue, leur tenue vestimentaire, car on dit que la culture d’un peuple doit se porter tel un vêtement de fête ! De quel vêtement de fête parle-t-on ici ? Du costume traditionnel ! J’encourage tout le monde à essayer, au moins une fois, de tenir une quenouille entre les doigts, à voir à quoi ressemble un mouton. Si l’on ne sait pas faire tout ce travail, on n’a aucun moyen d’en apprécier le résultat. »



    Mariana Mereu et les membres de son association sont convaincus du potentiel touristique de la région et du talent de ses artisans. C’est pourquoi ils souhaitent que Geoagiu de Sus soit la plus visible possible sur la carte culturelle et touristique du département.


    (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Saint Haralambie (Charalampe)

    Saint Haralambie (Charalampe)

    L’histoire note qu’au début
    du 19e siècle, une épidémie de peste a éclaté en Valachie,
    principauté qui couvrait le sud de la Roumanie actuelle. La contamination a été
    arrêtée brusquement par les prières des fidèles à Saint Charalampe. Depuis, les
    villages roumains respectent strictement une série de traditions liées à cette
    fête. En Transylvanie, les paysans offrent des céréales et du sel à Saint
    Charalampe. A l’église du village, les produits étaient bénis pour être
    utilisés ensuite dans la nourriture des animaux domestiques tout au long de
    l’année.






    Le rituel le plus répandu pour
    la Saint Charalmape est la confection d’une chemise de la peste. Le long d’une
    nuit entière, neuf femmes du village, choisies selon des critères qu’uniquement
    les communautés connaissaient, devaient filer la laine, coudre et broder une
    chemise de grandes dimensions, qui devait ensuite être accrochée à un arbre aux
    confins du village, avant le lever du soleil. Souvent, les femmes
    confectionnaient aussi une poupée de la peste, qui devait porter la chemise.






    Dans certains villages
    roumains, les confins étaient établis à la veille de la Saint Charalampe, à
    l’aide d’un chariot tiré par deux bœufs noirs, dans le cadre d’un rituel visant
    à protéger contre l’arrivée des maladies. Ce qui plus est, à l’occasion de cette
    fête traditionnelle, les hommes taillaient des visages humains en bois qu’ils
    installaient ensuite à l’entrée du village. Certains documents historiques
    témoignent de l’existence de ces sculptures au 19e siècle. Ces
    sculptures protectrices étaient aussi munies d’armes telles des épées et des
    arcs aux flèches pour créer un paysage hostile censé effrayer les maladies à
    même de menacer la communauté.






    Explications avec Delia Şuiogan,
    ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare : « J’évoquerais un
    rituel beaucoup plus ancien visant à défendre les communautés contre la peste.
    On dit que ces demi-divinités avaient le pouvoir de retenir la peste dans des
    chaines, l’empêchant d’infecter les gens. On parle aussi d’une période pendant
    laquelle tous les membres d’une communauté refusaient de manger avec le même
    but de se défendre contre la peste ».








    Une légende de Bucovine évoque Saint
    Charalampe en tant que personnage mythologique, qui tient la peste enchaînée dans
    des chaînes fer pour la libérer sur terre uniquement si les humains ne
    respectaient pas sa fête. Sur les icônes orthodoxes, Saint Charalampe est
    illustré de la même manière que Saint Georges, celui qui, sur un cheval blanc,
    tue le dragon, symbole du mal. La peste est illustrée en tant que personnage
    fabuleux avec des ailes, une queue de serpent et portant une armure d’écailles.

  • Traditions roumaines au mois de février

    Traditions roumaines au mois de février

    Cette appellation rappelle les forgerons du passé qui confectionnaient pendant l’hiver les outils agricoles utilisés au cours des travaux du printemps. Toutes les activités des habitants des villages roumains étaient étroitement liées au calendrier chrétien orthodoxe, qui régissait en fait toute la vie des fidèles : les jours de travail et de repos, les événements tels mariages et baptêmes et ainsi de suite. Le mois de făurar commençait par la fête de Saint Trifon, né à la fin du 3e siècle, dans une région à population grecque, située sur le territoire actuel de la Turquie. On dit que Dieu lui donna dès son enfance le pouvoir de guérir les malades et de lutter contre les démons. Dans l’espace roumain, Saint Trifon était le protecteur des vignes et des vergers, puisqu’il pouvait tenir à l’écart les insectes nuisibles. Par conséquent, afin de protéger les récoltes, les paysans marquaient strictement cette fête. Le 1er février, à la Saint Trifon donc, ils ne travaillaient pas, mais se rendaient à l’église pour prendre de l’eau bénite et arroser les arbres et les futurs potagers.

    Le deuxième jour du mois de février marque dans le calendrier religieux le 40e jour depuis la naissance de Jésus-Christ. Traditionnellement, c’est la Journée de l’ours, ou la fête de la « Stretenia » une sainte qui aidait les personnes besogneuses. Dans les régions de montagne, les parents mettaient du gras d’ours sur la peau des enfants, afin de pouvoir transférer la puissance de cet animal aux enfants, alors que les malades étaient soignés par la fumée produite en brûlant des poils d’ours. C’était toujours l’ours et son comportement qui constituait un repère pour prévoir la météo : si ce jour, le 2 février, était un jour ensoleillé et l’ours sortait de sa tanière, mais il rentrait aussitôt effrayé par sa propre ombre, l’hiver allait se prolonger pour six semaines de plus. Si, au contraire, le ciel était couvert et l’ours ne pouvait pas voir sa propre ombre et par conséquent il restait dehors, le froid allait s’adoucir, signe du printemps qui approchait.

    Le saint martyr Vasile (Basile), qui a vécu au début du 4e siècle et qui figure dans le calendrier chrétien orthodoxe le 11 février, est le protecteur des oiseaux sauvages et des femmes enceintes. On croyait qu’à compter de ce jour, les oiseaux migrateurs commençaient à rentrer et à chanter. C’est pourquoi il fallait absolument prier afin de protéger les récoltes contre les incursions des oiseaux et des animaux. Les femmes enceintes étaient également tenues de prier et de respecter le carême afin de donner naissance à des enfants sains.

    Après avoir connu un regain de popularité suite à l’importation de l’équivalent occidental de la fête des amoureux, la Saint Valentin, la fête roumaine du Dragobete est de nos jours une des fêtes culturelles et commerciales les plus connues en Roumanie. Fils de tante Dochia, figure importante de la mythologie autochtone, le Dragobete est célébré le 24 février. Les jeunes femmes mettaient leurs meilleurs vêtements et partaient à la recherche des premières fleurs du printemps. Bref, on croyait que l’amour pur des jeunes serait protégé pour toujours par cette créature mythique appelée Dragobete.

  • Les journées de l’ours

    Les journées de l’ours

    Terrifiant, imposant, puissant et habile à la fois, l’ours figure au centre d’une multitude de traditions et de fêtes roumaines. L’hiver est marqué par les « martini » d’hiver, qui se déroule début février. Sachez que dans le folklore roumain, l’ours est appelé ironiquement « Mos Martin » – « Tonton Martin ». Le monde pastoral suivait attentivement l’activité des ours et le cycle de leur vie. Le dernier mois de l’hiver marquait aussi la dernière étape de l’hibernation des ours.

    Traditionnellement, les gens de la campagne roumaine évitaient de travailler au cours de certains jours, pour ne pas fâcher les ours et protéger ainsi les troupeaux de leurs attaques en été. Fin janvier-début février, soit la période la plus difficile de l’hiver, est maquée par cet animal emblématique pour l’espace roumain. Détails avec Sabina Ispas, directrice de l’Institut d’ethnographie et de folklore « Constantin Brăiloiu » de Bucarest : « Les communautés d’éleveurs d’animaux suivaient avec attention tout ce qui se passait dans la nature, là où ils passaient une grande partie de leur vie. Ils étaient particulièrement attentifs à ce que leurs troupeaux ne soient pas attaqués par les prédateurs – loups et ours. Et nous le savons tous, plusieurs journées du calendrier traditionnel roumain étaient consacrées aux bêtes sauvages. »

    Dans les communautés archaïques, les hommes portaient avec eux une dent d’ours en guise de talisman et même des masques d’ours pour invoquer la puissance de cet animal féroce. Les paysans croyaient aussi que l’ours aidait les âmes des morts ŕ ne pas se tromper de chemin, qu’il avait le pouvoir d’écarter les mauvais esprits et les maladies graves. C’est pourquoi le samedi de l’ours, les paysans recevaient dans leurs foyers des jeunes masqués en ours pour être en bonne santé et prospérer.

    Dans les légendes traditionnelles roumaines, l’ours est placé sous le signe de la lune et le rythme de son hibernation marquait le passage des saisons. Écoutons à nouveau Sabina Ispas : « L’existence de ces prédateurs dans nos forêts était marquée par le passage rythmique des saisons. Après de longues observations, après avoir appris jusqu’aux moindres détails la vie de l’ours, les habitants de la campagne roumaine cherchaient à respecter la personnalité de cette bête pour la tenir loin des bergeries et des troupeaux. Et c’est pourquoi lors de certains jours il était carrément interdit de faire toute sorte de travaux. »

    Les Roumains ont même identifié toute une série de similitudes entre cet animal sauvage et les êtres humains. L’ours était respecté et transformé en une sorte de partenaire des habitants des régions montagneuses. Il ne manquait dans aucune célébration, depuis les fêtes d’hiver, telles Noël et la Nouvelle Année, et jusqu’aux anciennes fêtes pré-chrétiennes d’été. Les paysans lui dédiaient des jours de fête et essayaient de vivre en communion avec lui, sans pour autant troubler les cycles de la vie. La forêt pouvait nourrir et accueillir tant les humains que les animaux, et l’ours était une sorte de voisin costaud qui habitait une tanière au beau milieu de la forêt. Tout se passait bien s’il y restait.

  • Escapade à Piatra Neamt

    Escapade à Piatra Neamt

    Madame,
    Monsieur, cette semaine, on vous invite dans le nord-est de la Roumanie pour
    visiter ensemble la ville de Piatra Neamt, chef-lieu du département de Neamt,
    aux bords de la rivière de Bistrita et aux pieds des Carpates. Pour plus de
    détails sur cette destination, écoutons notre guide, Alina Ferencs, du Centre
    d’information et de promotion touristique de la ville : « Piatra Neamt
    est une ville coquette, au calme, dont le charme est alimenté aussi bien par
    l’ambiance médiévale du centre historique que par sa situation géographique.
    N’oublions pas que c’est une localité entourée par les montagnes ce qui la rend
    particulièrement belle quelle que soit la saison où on choisit de la visiter.
    Pourtant, j’ose dire qu’en hiver, surtout s’il y a de la neige, Piatra Neamt
    est encore plus jolie que dans le reste de l’année. C’est une destination de vacances pour toute la famille, aussi bien
    pour les parents avec des jeunes enfants que pour les adolescents en quête
    d’aventure, car elle propose toute sorte d’activités. Les passionnés de
    culture, d’histoire ou des coutumes traditionnelles seront bien servis, une
    fois sur place. Pareil pour les montagnards qui pourront partir à la découverte
    des Gorges de Bicaz, du Massif de Ceahlau ou encore des lacs de la région. Le
    département de Neamt propose de nombreux passe-temps aussi bien en ville que
    dans les alentours, à 30 ou 40 kilomètres plus loin. Une visite de Piatra Neamt
    devrait commencer par le centre historique et les anciens remparts de la cité
    princière du voïvode Stefan cel Mare qui entourent l’Eglise princière, la Tour
    du clocher et les caves princières, transformées en musée. Et puis, toujours
    dans la partie centrale de la ville, les visiteurs peuvent découvrir plusieurs
    musées dont celui de la culture néolithique de Cucuteni, unique en Roumanie, ou
    encore celui d’ethnographie avec son exposition principale consacrée aux
    Saisons à la campagne. C’est une occasion de connaître les traditions et la vie
    rurale organisée jadis en fonction des saisons
    ».


    On ne saurait faire halte dans la ville de Piatra Neamt sans prévoir une
    visite au Musée d’Art de la ville. Fondé en 1980, il renferme des collections
    étroitement liées aux activités de Constantin Matasa, 1878-1971, prêtre,
    archéologue et mémorialiste. Pour une vue d’ensemble sur la ville et ses
    alentours, on vous propose la traversée en télé-gondole jusqu’en haut du Mont
    de Cozia, à 657 mètres altitude. C’est une activité à faire surtout en hiver,
    quand les touristes peuvent faire du ski sur les pentes enneigées de la
    montagne.


    Et puis, c’est toujours en décembre que la Municipalité de Piatra Neamt
    organise depuis cinq ans déjà, un Marché de Noël qui occupe pratiquement une
    partie du centre-ville. L’occasion de goûter aux produits du terroir ou
    d’acheter des petits cadeaux tels différents objets d’artisanat ou des
    décorations de Noël faites main.


    Mais c’est
    notamment pour découvrir les traditions locales merveilleusement bien
    conservées qu’une visite dans la région
    de Piatra Neamt vaut notamment le coup. Ils sont nombreux les habitants des
    parages qui font chambre d’hôte, tout en proposant aux touristes une excellente
    cuisine du terroir. Au menu : le bortsch aux cèpes, la tochitura, sorte de
    plat de trois viandes, les beignets farcis de choucroute, l’omelette aux
    lardons, la truite fumée, les alivenci, sorte de galette au fromage ou encore
    les crêpes et leur confiture de framboise, myrtilles ou roses. A Noël, la liste
    des plats se complète par la Julfa, une délicatesse sucrée, sorte de
    mille-feuille farcie d’une crème à base de graines de chanvre décortiquées et
    réduites en poudre.

  • Les tapis du Maramures

    Les tapis du Maramures

    Le Maramureş
    est une région du nord-ouest de la Roumanie, extrêmement riche en coutumes et
    traditions. Les tapis spécifiques de la région sont impressionnants tant pour
    les connaisseurs que pour toute personne qui les regarde. Couleurs douces,
    détails minutieux, motifs géométriques, symboles anthropomorphes et allégoriques
    – en voici les caractéristiques grâce auxquelles ces objets sont faciles à
    reconnaître.






    Dans
    les villages du Maramureş, il existe toujours des gens passionnés, qui font de
    leur mieux pour préserver les techniques rudimentaires du tissage manuel des tapis
    traditionnels. Parmi eux, Victoria Berbecaru, qui habite dans la localité de
    Botiza, et qui fabrique de tels tapis depuis sa jeunesse. Elle nous dit quelles
    spécificités sont à retrouver sur ses créations : « Premièrement, la couleur,
    qui est très reposante. De même pour les motifs qui sont à part : des
    losanges, des formes zoomorphes ou anthropomorphes. En créant mes compositions,
    je me suis inspirée des coutumes du village, des occupations des paysans que j’ai
    représentées à l’aide des plus belles couleurs. J’ai représenté sur mes tissus la
    célèbre balade « Mioriţa », avec les 3 bergers et leurs moutons. J’ai
    également brodé les symboles de la vie : la femme qui donne la vie et l’eau
    qui entretient la vie. La fontaine aussi, qui disparaît peu à peu du paysage
    rural roumain. J’ai représenté aussi le sapin, l’arbre de la vie. »






    Toutes
    les couleurs utilisées pour fabriquer les tapis du Maramureş proviennent de
    plantes. D’ailleurs, tout le paysage de Botiza est dominé par les couleurs. Les
    maisons du Maramureş sont simples, décorées de couleurs douces, un aspect qui a
    fasciné Victoria Berbecaru. Perpétuer l’art des tapis est une préoccupation des
    femmes de la contrée et une source de fierté pour l’ensemble de la communauté,
    un métier qu’elles tentent toujours de transmettre de génération en génération.
    C’est d’autant plus important que chaque dessin a un message à transmettre.








    Notre
    invitée nous en donne quelques exemples : « A part le fait d’être mère
    et épouse, la femme symbolise aussi le temps. Sur une de mes compositions, j’ai
    donc imaginé 7 femmes représentant la semaine ou la fuite du temps. Chaque
    jour qui passe tourne son dos à l’homme, donc tous les personnages ont le dos tourné.
    Pour que plus tard on ne soit plus à la recherche du temps perdu, chaque
    personnage nous invite à partager notre temps de sorte qu’en regardant le tapis,
    on soit persuadé que l’on a eu une belle vie, sans en avoir gaspillé une seule
    seconde. La ronde des jeunes est un autre motif qui parle de la vie du village.
    Il y a une multitude de motifs spécifiques au Maramureş. »








    C’est
    aussi grâce à l’alternance des couleurs typiques pour les artistes de la région,
    à savoir le rouge foncé, le vert et le jaune, que le tapis de Maramureş devient
    une des pièces de résistance de l’art traditionnel roumain, étant reconnu et
    apprécié par les Roumains et les étrangers en égale mesure. Les fils naturels,
    les pigments obtenus exclusivement de matériaux végétaux – autant de raisons
    pour lesquelles chaque tapis brodé au Maramureş est un objet unique, une véritable
    œuvre d’art. (Trad. Valentina Beleavski)

  • L’Eco-chèvre

    L’Eco-chèvre

    Il s’agit d’us et coutumes tels que le colindat (soit la présentation des vœux par un groupe qui va de maison en maison chanter des cantiques ou présenter une coutume) avec lOurs ou la Chèvre, cette dernière étant appelée Cerf à Hunedoara, Ţurcă en Moldavie et en Transylvanie, Boriţă dans le sud de la Transylvanie ou Brezaie, en Munténie et en Olténie.



    Toutefois, aujourdhui, nous parlons dune autre Chèvre qui anime le colindat : lEco-Chèvre, un projet-manifeste dactivation participative par lart. LEco-chèvre est une chèvre recyclée, qui adapte les vœux traditionnels de la « Chèvre » à la réalité actuelle, à savoir la nécessité dun recyclage responsable du plastique. Nous avons parlé de ce projet avec Alina Tofan, actrice et éco-artiste :



    « Depuis lannée dernière, jai essayé ce projet appelé Eco-chèvre ; cest une réaction et un manifeste contre le consumérisme exacerbé et le gaspillage produit pendant les fêtes. Elle est faite de plastique et non seulement. Lannée dernière, elle a été confectionnée à partir des restes demballages que nous avions…, et cette année, nous avons choisi de la faire à partir demballages pour les cadeaux de fêtes. Dune manière ou dune autre, cest un événement en soi, nous allons au colindat avec les partenaires du projet, nous avons adapté le texte traditionnel de la Chèvre pour le rendre beaucoup plus écologique, comme une sorte de manifeste contre ces choses-là. »



    « Cest une chèvre recyclée, de plastique enveloppée… » disent les vers qui ont accompagné le colindat. Alina Tofan précise :



    « Lannée dernière, nous avons également fait une vidéo, nous lavons filmée à la mer Noire et cétait vraiment intéressant dêtre là le premier jour de lannée. Il y avait beaucoup de gens sur la falaise à Mamaia et Constanţa et ils nous ont vus, donc la Chèvre elle-même est devenue un manifeste. Surtout les enfants ont beaucoup résonné avec cette idée et lont comprise. Ils disaient : ah, regardez, elle est faite de plastique ! En dautres termes, nous consommons un peu trop ! Et cette année, nous sommes allés au marché dObor (un grand marché de la capitale) et nous nous sommes photographiés dans des endroits que nous considérions comme emblématiques pour le gaspillage et la pollution engendrés par les fêtes. Cest-à-dire dans les endroits où on vend les sapins de Noël, qui sont emballés dans du plastique. Nous avons déjà pris la pose dans des endroits où on vend beaucoup dobjets en plastique, aux côtés dacheteurs marchant vers le centre commercial ou sur le marché, à côté de ceux qui portaient des sacs pleins. Et en quelque sorte, cest précisément ce que nous voulons capturer – le fait que nous passons indifférents devant tout le gaspillage que chacun de nous laisse derrière soi, dans sa course-poursuite aux cadeaux, sans même sen rendre compte. Et cela est capturé dans des photos. Certes, nous avons aussi croisé les chanteurs de noëls avec leurs masques et leurs costumes traditionnels. Ce fut très intéressant, puisque tout un dialogue sest créé entre ma collègue photographe, Diana Păun, moi et ces danseurs folkloriques, un véritable dialogue entre deux types de spectacle. A mon avis, ce fut une rencontre importante. »



    Selon la tradition folklorique, la Chèvre qui doit mourir demande laide des personnes auxquelles on présente les vœux pour être resuscitée. Pour sa part, lEco-chèvre demande aux gens de lui donner ses bouteilles en plastique vides pour quelle puisse ressusciter. Pratiquement, pendant le colindat, elle collecte le plastique pour le recycler. Les gens ont très bien reçu cette initiative, a constaté notre invitée :



    « Le projet a été très apprécié et très encouragé par les gens, qui ont tous remarqué son côté inédit. On nous arrêtait souvent dans la rue pour nous demander sil était possible dacheter une telle chèvre. Pour dautres, cest juste une mode passagère. Mais nous, on est contents de pouvoir au moins éveiller les consciences sur la pollution au plastique, sur la consommation exagérée de plastique. Le simple fait de voir cette Eco-chèvre doit être une sonnette dalarme. »



    Dailleurs cette « Eco-chèvre » nest quune partie dune initiative plus ample en matière de recyclage. Alina Tofan explique :



    « Cela fait partie dun projet plus grand que Georgiana Vlahbei et moi nous avons mis sur pied. Notre groupe sappelle « Plastic Art Performance » (Spectacles dart au plastique) et il fait la promotion de lart écologique, des spectacles écologiques, des pratiques durables dans lart. Nous espérons bien aider à changer les mentalités et à faire connaître au public des concepts nouveaux comme léco-spiritualité, par exemple, et à les adapter à lespace culturel roumain. »



    Cest le moment de mettre ensemble art et protection de lenvironnement. Cest ce que notre invitée veut dire et ce quelle tente de faire par son projet co-financé par lAdministration du Fonds culturel national. Lart doit parler aussi de lenvironnement, donner des pistes de réflexion au public, mettre en question les mauvaises pratiques et promouvoir les bonnes pratiques. Lart lui-même doit être favorable à lenvironnement. Autant de sujets que ce projet place sous les projecteurs. (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)




  • Christian Ghibaudo (France) – Fréquentation des stations de ski à Noël

    Christian Ghibaudo (France) – Fréquentation des stations de ski à Noël

    Le 26 novembre 2021, l’Association nationale des agences de tourisme annonçait que la moitié de la capacité totale d’hébergement disponible en Roumanie était réservée pour la Nouvelle Année. Toutefois, il faut savoir que les Roumains n’ont pas l’habitude de réserver longtemps à l’avance. Selon un sondage fait par un tour-opérateur, le 7 décembre dernier, 70 % des places pour Noël et le Nouvel An étaient réservées en Roumanie. Selon l’Association mentionnée, les Roumains qui passent leurs fêtes de fin d’année en Roumanie font choix des stations de montagne, notamment Poiana Braşov (centre), suivie par Sinaia, Buşteni et Predeal (les trois dans le sud, sur la Vallée de la Prahova). Les personnes qui choisissent ces destinations sont surtout intéressées par la pratique des sports d’hiver. Pour les autres, les destinations phare ont trait aux us et coutumes authentiques et sont le Maramureş (nord), où les traditions sont préservées, où les gens portent des costumes traditionnels et chantent des cantiques pour les fêtes. Les paysages sont de rêve, et la cuisine traditionnelle — très appréciée. Sans oublier vos skis. La Bucovine attire aussi les touristes pendant les fêtes de fin d’année. Comme au Maramureş, les traditions sont vivantes là aussi ; on peut y passer Noël comme autrefois. Dans la région des Monts Apuseni, les traditions sont aussi à l’honneur. En plus, les paysages ont de quoi vous faire rêver, et qui plus est, on peut aussi y pratiquer des sports d’hiver.



    Il existe des stations de sports d’hiver plus petites, avec de nouvelles pistes, où le tourisme local se développe — je pense au département de Harghita (centre), par exemple, mais aussi à des stations telles Rânca ou encore Straja. Une première piste olympique de ski a ouvert en Roumanie, à Borşa, au Maramureş. Également très prisée, la zone de Bran-Moieciu est une destination de tourisme rural et d’agritourisme, mais non seulement.



    Par la suite, les patronats du tourisme ont constaté qu’un peu plus de la moitié des places d’hébergement ont été réellement occupées pour Noël, et les recettes ont été à la baisse de 60 % par rapport aux années d’avant la pandémie. Pour Noël, les Roumains font notamment choix de tourisme rural et d’agritourisme, pour l’ambiance, mais pour le Nouvel An, en 2021-2022, c’est toujours le tourisme rural qui a vendu le plus de places — 48 000. Il est vrai qu’après deux années de pandémie, ce sont les petites structures sises dans des endroits isolés qui ont été les plus recherchées. Ce chiffre a été de 20 % moindre par rapport au réveillon 2019-2020.



    Selon la Fédération des patronats du tourisme roumain, pour le Nouvel An, en tout, 121 000 touristes ont attendu la Nouvelle Année dans une destination de Roumanie — soit 32 % de moins que le passage de 2019 à 2020. A l’occasion, les Roumains ont dépensé près de 25,6 millions d’euros. Toutefois, les recettes ont chuté de 40 % par rapport à 2019. Notons que 2019 a été l’année de référence avant la pandémie. Les réservations pour le Nouvel An ont été faites à la dernière minute. En plus, la durée moyenne du séjour a été raccourcie de 5 à 3 jours. Certains établissements ont affiché un taux de remplissage très faible ou ont même été vides, selon la Fédération.



    La zone de montagne a attiré 40 000 touristes et se classe en 2e position dans les préférences des Roumains pour la Nouvelle Année. Le recul est, là, de 18 % par rapport à 2019.



    16 000 Roumains ont choisi de fêter le Nouvel An dans des stations balnéaires — soit une diminution de 37 % par rapport à 2019. Là encore, le séjour le plus demandé a été de 3 nuitées avec le réveillon compris.



    La plus forte régression — de 57 % – a été enregistrée à Bucarest et dans les grandes villes, qui n’ont attiré que 13 500 Roumains pour le Nouvel An. Là, le séjour moyen a été de 2 nuitées.



    N’oublions pas que la pandémie a eu son mot à dire, la flambée des prix aussi, et beaucoup de Roumains ont passé les fêtes de fin d’année à la maison. A défaut de statistique sur le nombre de Roumains qui pratiquent les sports d’hiver, je dois dire que ce sont des sports chers. Je ne pense pas que le pourcentage de mes compatriotes qui les pratiquent arrive à 10 %, comme en France. Pourtant, la station de sports d’hiver la plus chère du pays a été pleine à craquer lors des fêtes de fin d’année, selon les patronats du tourisme — comme d’habitude, d’ailleurs.



    En fait, il faut ajouter que les Moldaves, qui sont des orthodoxes de rite ancien et aussi des clients assidus des stations de ski de Roumanie, fêtent Noël daprès le calendrier julien, le 7 janvier et le Nouvel An le 14 janvier. La saison des fêtes pour les hôteliers roumains nest donc pas terminée, et il faudrait faire le calcul après ces dates.