Tag: traditions

  • Le Père Noël est là !

    Le Père Noël est là !

    Si, dans les villages, les traditions sont préservées précieusement et les groupes de jeunes s’en vont d’une maison à l’autre chanter des noëls, en ville ce sont surtout les marchés de Noël et d’autres initiatives similaires qui viennent compléter l’atmosphère des fêtes. Nous sommes donc partis en balade à travers le pays, voir ce que les villes nous offrent.


    A Bucarest, nous nous sommes rendus au Musée du paysan roumain, où nous avons été accueillis par la muséographe Oana Otilia Constantin.



    « Cette année aussi, nous avons organisé un marché de Noël à la Saint Nicolas. C’était la 24e édition, nous avons grandi, mais nous avons toujours gardé nos âmes d’enfants. C’est pourquoi nous avons invité des artisans de tout le pays pour nous apporter les objets spécifiques de leur contrée d’origine, ainsi que des produits culinaires qui ont fait les délices des petits : pain d’épices, brioches, gâteaux faits maison. Cette édition a été très réussie, elle a attiré plus d’artisans et plus de visiteurs.»



    Ville de l’ouest du pays, Arad est elle aussi prête pour les fêtes. Nous y sommes accueillis par Doru Nardea, de la compagnie de transport urbain.



    « Comme chaque année, pendant la période des fêtes d’hiver, nous avons mis en circulation un tram spécial, un tram de Noël. C’est une tradition qui a commencé en 1997. Le tram circule entre le 5 et le 29 décembre, de 8 heures du matin jusque très tard en soirée. Pendant cette période, la demande est importante, car de nombreux groupes d’enfants l’utilisent pour fêter Noël et la Saint Nicolas. Ils échangent des cadeaux dans ce tram, ils chantent, tout le monde est joyeux. Nous avons des groupes d’enfants qui viennent de tout le comté. Après 4 h de l’après-midi, le tram circule en ville et le voyage est gratuit pour tout le monde. C’est une belle initiative qui réjouit beaucoup les enfants. Les wagons de ce tram sont colorés et bien éclairés, on le voit de loin quand il arrive. »



    Un tram du Père Noël circule à Cluj-Napoca aussi, jusqu’au 30 décembre. Il est orné pour la fête, avec des guirlandes et de petites lumières. Le prix du billet est le même que pour tout autre tram. Là, Père Noël voyage en tram entre 16 h et 19 h. Pendant ce laps de temps, il écoute les souhaits des enfants, et leur distribue des sucreries. Les petits lui récitent de petits poèmes. »


    Depuis 2015, à Bistriţa-Năsăud, il y a non pas un tram, mais un train du Père Noël. Il compte 140 places et de larges espaces pour la rencontre des enfants avec Papa Noël : les petits peuvent faire des selfies avec lui, lui confier leurs souhaits, chanter des cantiques avec lui.


    La Musée du village de Bucarest est une zone rurale au cœur même de la capitale roumaine. Nous découvrons dans ses ruelles quelques traditions anciennes des différentes régions du pays. Entre le 6 décembre et le 6 janvier, à Luncaviţa, dans le comté de Tulcea (dans le sud-est du pays) se déroule une coutume appelée « Moşoaie ». Le professeur Marcu Trandafir explique:



    « Cette coutume est spécifique de la commune de Luncaviţa. Je m’occupe de l’ensemble qui la présente depuis que j’étais enfant. La Saint Nicolas ouvre la période des fêtes de fin d’année. C’est à ce moment-là que nous commençons à préparer les masques. La veille de Noël, un défilé des masques a lieu à Luncaviţa. Ici, au Musée du village, nous avons emmené 9 « moşoaie », alors qu’à Luncaviţa, nous en avons 60, qui se réunissent au centre du village et tout le monde les admire. Les personnes portant des masques appelée moşoaie sont accompagnées d’un groupe de jeunes qui chantent des cantiques. Elles entrent dans la cour de chaque maison, munies d’une massue en jonc — puisque nous nous trouvons aux portes du delta du Danube. Ces personnes masquées chassent les mauvais esprits qui pourraient se trouver dans la cour de la maison respective. Si le masque ne suffit pas pour les mettre en fuite, elles ont cette massue et elles se battent contre les mauvais esprits pour les vaincre et les chasser, afin que les bons esprits viennent s’installer. »



    A Asău, dans le comté de Bacău, dans l’Est du pays, les mauvais esprits sont également chassés en faisant beaucoup de bruit. Florin Andrieş est venu au Musée du village de Bucarest pour présenter une coutume où il joue le rôle d’un ours.



    «Nous, les ours, nous dansons au rythme du tambour. C’est une coutume propre à la Moldavie. Le groupe compte au moins 10-15 personnes, mais leur nombre peut aller jusqu’à 100-120. Ici, nous sommes une vingtaine : 12 ours, 3 tambours, le vieil homme et le maire. Ce groupe est censé chasser les mauvais esprits de la maison. »



    Voilà ! Une fois ces rituels accomplis, il ne sous reste qu’à vous souhaiter « Joyeux Noël » et « La mulţi ani! » — notre vœu traditionnel pour les fêtes.


    (Trad. : Dominique)


  • 21.07.2019 (mise à jour)

    21.07.2019 (mise à jour)

    Justice – La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, souhaite introduire un mécanisme pour le suivi de l’Etat de droit dans tous les Etats membres de l’UE. Cette position est correcte, estime la première ministre roumaine, Viorica Dancila. En même temps, elle souhaite poursuivre les négociations avec la CE en vue de la levée du Mécanisme de coopération et de vérification (MCV) imposé à la Roumanie. Après le scrutin européen de mai dernier, Mme Dancila a discuté du MCV avec l’ancien président et avec le premier vice – président de la Commission européenne, leur transmettant que la Roumanie était très ouverte aux suggestions et qu’il fallait examiner le mécanisme point par point. Pourtant, a encore précisé la première ministre, ces discussions doivent avoir lieu non seulement avec le ministère de la Justice, mais aussi avec les magistrats, car il est important de connaître l’avis des juges, des procureurs et des associations de magistrats. Tout cela, afin de mettre en œuvre certains points du MCV ou bien pour expliquer pourquoi il est impossible de mettre en place d’autres.

    Commerce – Une délégation du ministère roumain pour le Milieu des affaires, le commerce et l’entrepreneuriat se trouve jusqu’au 26 juillet au Japon dans une tentative d’attirer des investisseurs japonais sur le marché roumain. Selon un communiqué du ministère de Bucarest, l’agenda de la visite comporte plusieurs rencontres à Osaka, Kobe, Kyoto et Tokyo, avec des représentants des institutions gouvernementales japonaises, du milieu des affaires et du domaine bancaire. Les discussions porteront sur les opportunités d’affaires en Roumanie, notamment après l’entrée en vigueur, début 2019, de l’Accord de partenariat économique entre l’UE et le Japon. De même la délégation roumaine aura des entrevues avec des représentants de plusieurs grandes compagnies japonaises, dont l’objectif sera d’identifier et de valoriser les projets commerciaux et d’investissements d’intérêt commun. Notons que l’année dernière, les échanges commerciaux entre la Roumanie et le Japon s’étaient chiffrés à 710 millions de dollars.

    Langue roumaine – La 59e édition des cours d’été de langue, de culture et de civilisation roumaine se déroule dans la capitale roumaine du 22 juillet au 4 août, organisée par l’Université de Bucarest. Il s’agit de la plus ancienne initiative d’une université roumaine de promouvoir la langue et la culture roumaine dans le monde, les premiers cours remontant aux années ’60. Cette année les cours de l’école de l’été accueilleront une trentaine de participants de 14 pays, dont la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Russie, la Corée ou encore l’Italie.

    Traditions – Des milliers de personnes ont participé ce week-end à la Foire aux Filles du Mont Gaina, dans l’ouest du pays, qui est la fête populaire en plein air la plus grande et la plus connue de Roumanie, mais aussi la plus ancienne, vu qu’elle est mentionnée pour la première fois dans des documents de 1816. Au début cette fête était l’occasion pour les habitants de la zone de se réunir, de revoir les membres de leurs familles ou leurs amis, mais aussi c’était l’occasion pour les jeunes de se rencontrer, de lier des amitiés et même de se marier. Aujourd’hui, la Foire aux Filles du Mont Gaina se propose de promouvoir les métiers traditionnels, les costumes populaires, ainsi que les traditions locales et la musique traditionnelle authentique. A l’affiche cette année : spectacles folkloriques, fêtes en plein air et feux d’artifices.

    Exercice – La Roumanie a participé aux côtés de 11 Etats membres de l’OTAN à l’exercice international Breeze 2019 qui s’est déroulé jusqu’au 21 juillet dans les eaux territoriales bulgares de la mer Noire. Y ont pris part plus de 2000 militaires (Albanie, Belgique, Bulgarie, Canada, Grèce, France, Italie, Pologne, Roumanie, Etats-Unis et Turquie) ainsi que 26 navires de combat et auxiliaires, 10 avions et hélicoptères, le deuxième Groupe naval permanent de l’OTAN ainsi que le Groupe permanent de l’OTAN contre les mines et des représentants de différentes institutions et organisations non gouvernementales et publiques. L’exercice portait sur la simulation d’une opération de sauvetage en mer dans le cas d’une crise et son principal objectif était d’accroître l’interopérabilité des forces navales des pays participants.

    Festival olympique – La Roumanie est représentée par 103 sportifs à la 15e édition d’été du Festival olympique de la jeunesse européenne, qui se tient du 21 au 27 juillet à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Selon un communiqué du Comité olympique de Bucarest, les sportifs roumains, âgés de 14 à 18 ans, participeront à 8 épreuves des 10 figurant dans la compétition, à savoir athlétisme, cyclisme, gymnastique artistique, handball, natation, judo, lutte, tennis et volleyball.

    Tennis – La joueuse de tennis Elena Rybakina du Kazakhstan (n° 106 WTA) a remporté dimanche le tournoi BRD Bucharest Open. Elle a vaincu en finale la Roumaine Patricia Ţig, sur le score de 6-2, 6-0. Patricia Ţig est la 3e Roumaine à arriver en finale de cette compétition. Les deux autres ont été Simona Halep qui remporté le trophée en 2014 et 2016 et lrina Begu, la gagnante de 2017. Dans la finale de double, le duo formé des roumaines Jaqueline Adina Cristian et Elena-Gabriela Ruse s’est incliné dimanche face à la paire Viktoria Kuzmova (Slovaquie) / Kristyna Pliskova (République tchèque)

    Météo – Dans les 24 prochaines heures il fera
    très chaud en Roumanie, la météo sera même caniculaire dans le sud, si bien que
    l’inconfort thermique sera accentué dans le sud, dans l’est et l’ouest du pays.
    Le ciel ne sera que temporairement couvert sur le centre, l’est et les
    montagnes. Les températures maximales iront de 26 à 36 degrés.

  • Catholic Easter Customs and Traditions in Romania

    Catholic Easter Customs and Traditions in Romania

    This year, Catholic Christians across the world celebrate Easter on April 21st. The date of the biggest Christian celebration of the year rarely coincides for the Catholic and Orthodox denominations. Since the big Schism of 1054, the two have usually been one week apart. This gap is explained by the fact that, since 1582, the Orthodox Church has used the Julian calendar, while the Catholics have divided the year in keeping with the Gregorian calendar. They say that, in the same year, Pope Gregory VIII discovered a two-week gap between the real time and the one set in keeping with Julius Caesars calendar, dating back to the year 46 BC. So, Catholic Easter does not have a fixed date, and it is calculated depending on the ecclesiastic full moon, based on tables drawn up by the Church, in direct relation with the spring equinox. Sabina Ispas, head of the ‘Constantin Brailoiu Ethnography and Folklore Institute, explains:



    Sabina Ispas: “There were talks, and decisions were made to reverse the situation, but eventually the Ecumenical councils decided to recalculate the Easter date. Its a mobile date, because it is calculated in keeping with the phases of the moon. This is actually the old system used for the ancient Passover, the historical period in which the events related to the Christian Easter seem to have actually occurred. That is why Palm Sunday doesnt have a fixed date either. Generally speaking, there are some limits. What we are interested in is the maximum date, which is early May.



    In certain parts of Romania, Transylvania and Banat in particular, the Roman–Catholic Easter is celebrated by the ethnic Germans and Hungarians in keeping with centuries-old traditions. Besides traditional dishes, such as painted eggs, lamb dishes, Easter cake and red wine, the Roman Catholics here have preserved other specific customs, as Delia Suiogan, an ethnologist with the North University of Baia Mare explains:



    Delia Suiogan: “We have the candle, the Light that we get on Saturday at midnight. We also have the lamb, symbolizing the supreme sacrifice of Jesus Christ. This ritualistic gesture actually symbolizes the rebirth of man and his right to resurrection. The same is true for the egg, Christs tomb; through its symbolic capacity to symbolize food and the primary seed, the egg stands for peoples right to start over a new cycle and thus be part of the cosmic cycle.



    For Easter, the Catholic Christians in Transylvania decorate fir-trees at the gates of unmarried girls, and sprinkle girls with water or perfume, just like in pre-Christian times. In Mures County, in central Romania, there are groups of boys who walk around and sprinkle the girls, and then, on the third day of Easter, its their turn to be given the same treatment. However, Easter becomes a solemn event during the religious service.



    Delia Suiogan: “There is this custom, sprinkling, a ritual that the Orthodox believers in Transylvania have taken over too. As the different cultural specificities always influence the evolution of any civilization, a beautiful blend has taken shape. All the Catholic Christians in the traditional communities observe this custom, which has been introduced by ethnic Germans. On the first and second day of Easter, there is this sprinkling ritual that takes place. It originates in the pre-Christian period, when there was a ritual praising Ostera, the goddess of fertility and rebirth. So, on such celebration days, everybody had to be sprinkled with water, as a ritual of purification but also of fertility. In modern times, the Catholics sprinkle one another with perfume, making an extension from fertility towards spiritual rebirth, as perfume is viewed as annihilating the ugly, the rotten, and reinstating a state of order, by restoring cosmic harmony.



    The Catholics were also the ones who, more recently, introduced chocolate figurines as Easter symbols. The chocolate bunnies and eggs given to children on Easter are also fertility allegories.



    Delia Suiogan: “Another ritual, which is a Catholic tradition, is that of the Easter Bunny. These days, all shops are full of chocolate bunnies and eggs. This is another remnant of the ritual celebrating goddess Ostera. Legend has it that this goddess, while on a stroll in the fields, meets a bird with broken wings. Moved by this image, the goddess wants to help the bird stay alive. A divine voice tells her that, if she manages to turn it into an animal that needs not fly, then the bird will survive. So, the goddess turns her into a rabbit. What is interesting is that this rabbit keeps its ability to lay eggs. So, once a year, the bird-turned-rabbit offers painted eggs to the goddess, as a sign of rebirth into a different form, of the right to live again. They say that, ever since, eggs have been painted and are to be found in the grass, following the trails of the rabbit. So, here it is, the symbol of rebirth; the painting of the eggs is interpreted as a gift rewarding kindness.



    The significance of the red eggs and of the other dishes on the Easter table, such as lamb dishes or Ester cakes, is related to the spirit of sacrifice. It also provides a guarantee for continuity to all those who believe in the miracle of resurrection.


    (translated by: Mihaela Ignatescu)

  • Le « Dragobete » – la fête roumaine des amoureux

    Le « Dragobete » – la fête roumaine des amoureux

    Depuis quelques années, les Roumains accordent de
    plus en plus d’importance à la Saint Valentin. Et pourtant, nous avons notre propre
    fête des amoureux. Elle s’appelle Dragobete et elle est célébrée le plus
    souvent le 24 février, mais aussi, parfois, le 28 février ou le 1-er
    mars. Son nom provient du mot « drag », qui signifie
    « cher ». Dans la tradition roumaine, Dragobete est « un être moitié
    homme, moitié ange, jeune, beau et immortel, qui parcourt le monde, mais que
    les humains ne peuvent pas voir, car la terre a été souillée de crimes et de
    jurons » – pour citer l’ethnologue Simeon Florea Marian. Ce personnage mythique
    est connu à travers le pays. Au Maramureş, dans l’extrême nord de la Roumanie,
    on l’appelle « Dragomir ». Il a toutes les caractéristiques du
    Dragobete, à l’exception de sa double nature zoomorphe et anthropomorphe. A
    l’extérieur de l’arc des Carpates, ce personnage a une tête humaine et des
    pieds de bouc. C’est là une représentation très ancienne, d’origine thrace,
    mais que l’on retrouve également dans d’autres mythologies du monde. Ce
    jour-là, les jeunes des villages roumains s’habillaient de fête et cueillaient
    des plantes magiques, qu’ils gardaient pendant toute l’année, leurs vertus
    étant liées au mariage. Des groupes de jeunes hommes et de jeunes filles
    faisaient également ce jour-là des serments et devenaient amis à la vie et à la
    mort pour le reste de l’année.

    Afin de contrebalancer la fête si médiatisée de
    la Saint Valentin, les musées du village du pays ont célébré la fête
    traditionnelle des amoureux – le Dragobete – l’expliquant et l’illustrant pour
    ceux qui souhaitaient en savoir davantage. Le Musée national du Village
    « Dimitrie Gusti » de Bucarest a offert à ses visiteurs un programme
    spécial. L’acteur Alexandru Nicolae Mihai a raconté l’histoire de cette fête: « Le 24 février nous fêtons
    le Dragobete, la fête roumaine des amoureux. Ce jour-là, les jeunes hommes et
    les jeunes filles s’en allaient cueillir ensemble les premières fleurs du
    printemps sorties après la fonte des neiges. Cette cueillette a la valeur d’un
    sacrifice végétal assurant la sacralité et la pureté du temps à venir. Le
    Dragobete marque également ce qu’on appelle « les fiançailles des
    oiseaux ». On dit que l’oiseau qui n’a pas trouvé un ou une partenaire jusqu’à
    la fête du Dragobete restera seul toute l’année. La période de solitude est
    donc limitée, elle ne dure pas toute la vie, mais une année seulement. Transposé
    dans le monde humain, ce principe veut dire : si vous n’avez pas réussi
    cette année, ça ne fait rien, peut-être réussirez-vous l’année
    prochaine. »


    Narcisa Mihai parle d’un rituel magique spécifique à
    cette fête : « Il y a de nombreuses traditions liées à
    la fête de Dragobete. Pour se faire aimer des garçons qui leur plaisaient, les
    jeunes filles devaient faire un rituel magique le mardi et le jeudi. Pour cela,
    il leur fallait du sel, du miel et « l’eau des fées ». Du sel et du
    miel, nous en avons tous chez nous, mais où trouver l’eau des fées ?
    « L’eau des fées » est l’eau obtenue par la fonte des derniers restes
    de neige qui se trouvent dans les forêts, sur les collines ou dans la cour. Cette
    eau était gardée soigneusement, presque comme de l’eau bénite, spécialement
    pour ce rituel. On mettait dans un récipient du sel et du miel, on les
    chauffait on versait dessus cette eau des fées. Pour que l’amour soit durable,
    la jeune fille qui voulait se soumettre à ce rituel devait se tenir dévêtue devant
    l’icône, pour être arrosée, de la tête aux pieds, avec cette eau. La personne
    qui accomplissait le rituel prononçait certaines paroles magiques. Si la jeune
    fille gardait ses vêtements, l’amour risquait d’être passager. »


    Ce rituel avait un effet magique, ajoute Narcisa
    Mihai: « Ce rituel était censé
    assurer aux jeunes filles, lors de la fête de Dragobete, la rencontre avec le
    garçon qu’elles aimaient. Si la rencontre ne se produisait pas, on répétait le
    rituel l’année suivante. Le plus souvent, lors de cette cueillette des fleurs,
    des couples se formaient et les jeunes se mariaient avant l’automne. Une fois
    devenues épouses, les filles n’étaient pas tout à fait tranquilles, pas plus
    que celles qui cherchaient encore leur futur mari, car l’amour risque de
    disparaître et pour le rendre stable et durable, chaque année, lors de la fête
    de Dragobete, elles devaient respecter d’autres traditions – cette fois-ci
    destinées aux femmes mariées. On dit que ce jour-là, les maris doivent bien se
    garder de fâcher leurs femmes, sinon ils risquent d’avoir de la malchance toute
    l’année. »


    De leur côté, les femmes, pour avoir de la chance
    toute l’année, devaient toucher un bel homme, autre que leur mari. Pour savoir
    si les jeunes mariés allaient bien s’entendre, on mettait sur les charbons
    ardents deux noix sur lesquelles étaient inscrits leurs noms. Si elles
    brûlaient silencieusement, leurs relations allaient être harmonieuses. Si, par
    contre, les noix craquaient et sautaient sur les charbons ardents, leur amour
    allait être capricieux. (Trad. : Dominique)

  • Le pain traditionnel roumain

    Le pain traditionnel roumain

    Sachez dès le début que le véritable pain paysan roumain est celui cuit au « ţest ». Le « ţest » dune sorte de couvercle en terre cuite qui a la forme dune cloche et qui couvre la pâte en train de cuire sur la partie du four où lon fait le feu. Bon, à première vue cela semble compliqué, voire impossible de mettre en œuvre, mais finalement ce nest pas vraiment le cas. Il vous faut un four à pizza au bois suffisamment grand pour accueillir votre ţest roumain. Si vous avez un jardin cest plus simple, car celui-ci peut être installé près du barbecue. Il vous faut également un « ţest ». Ne vous découragez pas, il y a des artisans roumains qui en fabriquent et on peut les acheter en ligne pour moins de 50 euros, plus frais de port. En labsence dun four, vous pouvez allumer le feu sur une dalle en béton par exemple, ou bien sur des briques et poser le “ţest” sur ceux-cis.



    Bon, une fois munis de cette infrastructure, il vous faut aussi les ingrédients. Là, cest plus simple : un demi-kilo de farine, du sel et de leau. Commencez par tamiser la farine afin denlever les impuretés mais aussi de laérer un peu. Puis versez-la dans un récipient en plastique et faites un petit trou au milieu. Salez et ajoutez de leau progressivement tout en la mélangeant à la farine, afin dobtenir une pâte homogène et élastique en quelque sorte. Laissez-la reposer au chaud, au couvert pendant une ou deux heures. Ensuite formez plusieurs tourtes plates. A laide dune fourchette, appliquez plusieurs trous, avant de mettre au four, sous le ţest.



    Et maintenant, retour aux choses vraiment compliquées. Dans votre four à pizza, posez le ţest incliné à environ 45 degrés. Vous devez le poser sur un support spécial ou bien reposé sur une tige en métal. Faites un feu de bois sous le ţest afin de le chauffer jusquà ce que vous obteniez des braises allumées. Retirez-les de sous le ţest, nettoyez soigneusement avec un petit balai lespace où il faut poser le pain. Mettez le pain sous le ţest et entourez-le de braises.



    Laissez le pain cuire pendant une vingtaine de minutes et vérifiez-le de temps en temps sil est bien cuit. Bon, voilà, votre pain traditionnel roumain est prêt. Laissez-le refroidir un peu avant de le manger avec de la zacusca ou avec un caviar daubergines ou bien avec une purée de haricots secs.

  • New Year Traditions

    New Year Traditions

    In Romanian tradition, the first day of the New Year was known as Little Christmas, because most of the rituals related to the period were actually enacted in spring. Moreover, many rituals are associated with this time, such as Plugusorul, which literally means “little plough. Plugusorul is a specific carol which people, young men in particular, sing on the morning of January 1st to herald the New Year.



    Little Christmas was meant to reintegrate mans day-to-day life into the wider historical framework after a period of soul-searching that ended on Christmas Day. Carols represent the most important New Year tradition in Romania. In regions such as Maramures, in northern Romania, New Years wishes are still delivered in their archaic form.



    Many customs in Maramures are related to caroling, as caroling still continues once Christmas has passed. The period between Christmas and the New Year is usually known for mask caroling. The mask is an important element in the traditional mindset. It is an imaginary representation of the world beyond. They usually depict figures of old men, totemic animals or plants that help man reintegrate and reconnect to the world of the living or the white world, as it is ethnologically called. We therefore have pageants of masked men. The old man mask is deeply rooted in ancient traditions. The old woman and the old man usually acted as mediators between the worlds.



    The old mens dance in Maramures is highly symbolic. The men form a circle and strike the ground with their staffs. They also touch everyone attending the ritual with their staff, which has a rich symbolic value. The dance pays tribute to the cult of the ancestors, who are believed to restore any unbalance in the world. Then we have goat masks. The goat plays a fundamental role, as it dies and is reborn. She stands for the old year that comes to an end and the New Year, which comes with its abundance of blessings. Devil masks symbolize evil. Their role is to warn and recall people that there can be no good without evil, just as there can be no evil without good. Traditional communities have always brought these elements together in rituals.



    In the north-west of Romania, in Maramures, groups of carolers known as “brondosi in Romanian go from house to house every day between Christmas and New Year dressed in full costume and wearing masks made up of sheep skin. They carry bells and whips and the sound they produce is meant to drive away evil spirits from the community ahead of the New Year. According to a pre-Christian tradition, a number of rituals were performed on New Years Eve to ward off bad spirits and persuade the sun to stay longer in the sky. These groups of traditional carolers are today a popular tourist attraction.



    On New Years Eve, they put on the costumes they have inherited from their predecessors and go caroling from house to house. In Moldavia, in the east and north-east, a similar ritual is known as the “bears dance. Young men dressed in costumes made of bearskin and accompanied by musicians and drummers walk through every street in the village striking their whips in the air. People welcome them into their homes and ask them to perform the “bears dance in their gardens as part of a fertility rite. The bears dance stems from an ancient tradition. The bear was in fact considered a sacred animal by the Romanians ancestors, the Geto-Dacians.



    A ritual we find all over the country is wishing someone best wishes in the New Year while touching them lightly with the ‘sorcova, a stick adorned with artificial flowers. By this ritual gesture, a transfer of power is taking place from the vegetal to the human world. Other widespread New Year rituals are the predictions of future marriages. In Maramures, for example, young unmarried women go out into the garden on New Years Eve, climb on the log used for cutting the firewood and wait until the name of a young man is called out. It is believed she will marry someone bearing this name and coming from the direction wherefrom she hears the name being called out.



    Superstitions were also important for people living in traditional communities. It was believed, for example, that evil spirits are afraid of powerful sounds and light, so people would light big fires on New Years Eve to drive these spirits away. Also, people would not lock their house doors on this evening so as to give a good welcome to the year to come.

  • New Year Traditions

    New Year Traditions

    In Romanian tradition, the first day of the New Year was known as Little Christmas, because most of the rituals related to the period were actually enacted in spring. Moreover, many rituals are associated with this time, such as Plugusorul, which literally means “little plough. Plugusorul is a specific carol which people, young men in particular, sing on the morning of January 1st to herald the New Year.



    Little Christmas was meant to reintegrate mans day-to-day life into the wider historical framework after a period of soul-searching that ended on Christmas Day. Carols represent the most important New Year tradition in Romania. In regions such as Maramures, in northern Romania, New Years wishes are still delivered in their archaic form.



    Many customs in Maramures are related to caroling, as caroling still continues once Christmas has passed. The period between Christmas and the New Year is usually known for mask caroling. The mask is an important element in the traditional mindset. It is an imaginary representation of the world beyond. They usually depict figures of old men, totemic animals or plants that help man reintegrate and reconnect to the world of the living or the white world, as it is ethnologically called. We therefore have pageants of masked men. The old man mask is deeply rooted in ancient traditions. The old woman and the old man usually acted as mediators between the worlds.



    The old mens dance in Maramures is highly symbolic. The men form a circle and strike the ground with their staffs. They also touch everyone attending the ritual with their staff, which has a rich symbolic value. The dance pays tribute to the cult of the ancestors, who are believed to restore any unbalance in the world. Then we have goat masks. The goat plays a fundamental role, as it dies and is reborn. She stands for the old year that comes to an end and the New Year, which comes with its abundance of blessings. Devil masks symbolize evil. Their role is to warn and recall people that there can be no good without evil, just as there can be no evil without good. Traditional communities have always brought these elements together in rituals.



    In the north-west of Romania, in Maramures, groups of carolers known as “brondosi in Romanian go from house to house every day between Christmas and New Year dressed in full costume and wearing masks made up of sheep skin. They carry bells and whips and the sound they produce is meant to drive away evil spirits from the community ahead of the New Year. According to a pre-Christian tradition, a number of rituals were performed on New Years Eve to ward off bad spirits and persuade the sun to stay longer in the sky. These groups of traditional carolers are today a popular tourist attraction.



    On New Years Eve, they put on the costumes they have inherited from their predecessors and go caroling from house to house. In Moldavia, in the east and north-east, a similar ritual is known as the “bears dance. Young men dressed in costumes made of bearskin and accompanied by musicians and drummers walk through every street in the village striking their whips in the air. People welcome them into their homes and ask them to perform the “bears dance in their gardens as part of a fertility rite. The bears dance stems from an ancient tradition. The bear was in fact considered a sacred animal by the Romanians ancestors, the Geto-Dacians.



    A ritual we find all over the country is wishing someone best wishes in the New Year while touching them lightly with the ‘sorcova, a stick adorned with artificial flowers. By this ritual gesture, a transfer of power is taking place from the vegetal to the human world. Other widespread New Year rituals are the predictions of future marriages. In Maramures, for example, young unmarried women go out into the garden on New Years Eve, climb on the log used for cutting the firewood and wait until the name of a young man is called out. It is believed she will marry someone bearing this name and coming from the direction wherefrom she hears the name being called out.



    Superstitions were also important for people living in traditional communities. It was believed, for example, that evil spirits are afraid of powerful sounds and light, so people would light big fires on New Years Eve to drive these spirits away. Also, people would not lock their house doors on this evening so as to give a good welcome to the year to come.

  • Les fêtes d’hiver aux pieds du Massif de Piatra Craiului

    Les fêtes d’hiver aux pieds du Massif de Piatra Craiului

    Passer les fêtes de fin d’année à l’écart du bruit et du mouvement incessants de grandes villes, dans un décor de rêve et en pleine nature, est un rêve à portée de main. Notre destination d’aujourd’hui : les Gorges Dâmbovicioarei. Cette région n’est jamais à court d’attractions, et les traditions ancestrales autour de la fête de Noël ont un charme et une saveur tout à fait particuliers.

    Pour en savoir un peu plus, nous sommes allés à la rencontre de Raluca Busuioc, du Centre Info Tourisme de Dâmbovicioara, dans le département d’Argeș (sud). « La commune de Dâmbovicioara est à cheval entre les départements d’Argeș et de Brașov. Elle est située à l’extrémité nord de notre département d’Argeș, et ce qui est bien connu ici, ce sont le massif de Piatra Craiului, les Gorges Dâmbovicioarei, mais aussi la grotte du même nom. Pourtant, on est loin d’avoir épuisé tous les présents que la nature nous a faits, car notre région regorge de trésors naturels. Aussi, pour les passionnés de randonnées, c’est surtout du côté des Gorges Dâmbovicioarei qu’ils vont aller voir, alors que la grotte de Dâmbovicioara détient la palme en termes de nombre d’entrées ».Sur le territoire de la réserve naturelle de Piatra Craiului l’on dénombre 50 grottes.

    La fameuse Grotte de Dâmbovicioara a été découverte en 1579, et elle a été électrifiée, pour le plus grand bonheur des visiteurs, en 1980. Actuellement, une passerelle en métal, illuminée, permet la visite de l’entièreté des 250 mètres qui sont ouverts au public. Certaines galeries demeurent bien évidemment fermées au public, car difficiles d’accès. Mais qu’y aurait-il de si spécial à voir dans cette grotte ? Raluca Busuioc : « Des stalactites de différentes formes et dimensions. Certaines ressemblent à s’y méprendre à une tête de serpent ou à une patte d’ours, par exemple. Une légende prétend que dans la grotte aurait vécu un ermite, Pavel, qui avait sculpté dans la pierre une bibliothèque, un lit et ainsi de suite. Et il est vrai qu’avec un peu d’imagination, on reconnaît ces éléments-là. Les enfants du village de Dâmbovicioara font du bénévolat à la grotte, et ce sont eux, vos guides. Ils adorent raconter aux touristes cette légende de l’ermite. Une autre aussi, celle de deux haïdouks qui trouvaient refuge dans la grotte, après avoir spolié les riches et donné de leur butin aux pauvres. Et les touristes raffolent de ces histoires, surtout qu’elles sont contées par les enfants du coin ».

    La région est connue pour ses itinéraires de randonnée, poursuit Raluca Busuioc, du Centre Info Tourisme de Dâmbovicioara : « Nous comptons des sentiers très faciles d’accès, praticables même en hiver. Il s’agit de ceux qui mènent à la Réserve naturelle de Piatra Craiului ou vers Leaota, parfaitement adaptés aux petits randonneurs. Mais nous avons aussi un musée qui recèle des objets anciens, traditionnels, de la région. Et puis, n’oublions pas les traditions toujours vivantes. Telle celle de Brezaie, où les jeunes du village s’organisent en groupent et partent à la chasse aux bonbons à la veille de Noël, accompagnant la « Brezaia», une sorte de chèvre en bois, parée par de jeunes filles de toutes sortes de foulards colorés. Il s’agit d’une tradition ancestrale et nous, on essaye d’aider les jeunes à la promouvoir et la poursuivre, génération après génération. Après la chasse aux bonbons, un bal est organisé, le soir même de Noël. C’est le bal de Brezaia. Selon la tradition, les jeunes filles et les jeunes hommes se rencontrent, ils vont jouer la ronde, mais là, tous les gens du village sont invités. Et puis, cette année, parce que c’est celle du Centenaire, nous avons organisé un événement particulier, le 1er Décembre, le jour de la Fête nationale. Mais nous avons d’autres surprises dans notre besace ».

    Raluca Busuioc promeut la pratique du tourisme organisé, pour pouvoir atteindre tous les objectifs d’intérêt de la zone, et s’informer à leur sujet au préalable. «Nous disposons de brochures et de livres d’information sur Dâmbovicioara, Rucăr et Lerești, les trois communes touristiques de la région. Et puis, vous avez accès à notre site, où vous trouverez notre contact, le numéro de téléphone de notre Centre Info Tourisme. Je vous convie là, au Centre, où dans un cadre très à propos, vous allez pouvoir obtenir très vite l’ensemble de renseignements dont vous aurez besoin pour un séjour inoubliable. »

    Selon notre interlocutrice, la plupart de touristes viennent de l’étranger : « Surtout d’Israël, de France, du Canada, des Etats-Unis. Tous, sans exception, adorent découvrir cette région, où la nature est divine et où les gens ont gardé bien vivantes leurs traditions ancestrales. Les Israéliens en raffolent. On pourrait dire : Voir Dâmbovicioara, et puis mourir, tant cette région est belle. Il s’agit dune petite commune, avec des gens simples et hospitaliers, et qui peut en plus se targuer de disposer d’une cuisine du terroir exceptionnelle ». Vous voilà donc informés pour prévoir votre séjour aux environs de Dâmbovicioara, une région aux traditions ancestrales vivantes et à la beauté naturelle à couper le souffle. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Traditions roumaines de Noël

    Traditions roumaines de Noël

    A Noël, toutes les maisons sont propres et les tables chargées de plats savoureux. Le sapin ne manque pas. Il est décoré de pommes, de noix et de graines de haricots blancs. Les jeunes filles à marier sortent leur dot et attendent les jeunes hommes venir chanter des noëls. La nuit de Noël, dans la plupart des zones du pays, le feu ne doit pas s’éteindre dans le poêle, c’est pourquoi, le père de famille met sur le feu une grosse souche, appelée justement la souche de Noël.

    A Tulcea, dans le sud-est du pays, la principale coutume de Noël s’appelle Moşoaie. Du 6 au 24 décembre, des groupes de jeunes habillés de costumes spécifiques vont d’une maison à l’autre, pour annoncer l’arrivée des fêtes et chasser les mauvais esprits, pour que la cour de la maison soit purifiée à Noël. Lorsqu’ils entendent les clochettes, les villageois ouvrent le portail pour accueillir le groupe. Celui qui ne reçoit pas un tel groupe ne sera pas content à Noël. Chaque famille reçoit plusieurs groupes. D’habitude, il y en a une cinquantaine. C’est toujours comme ça, les jours de fête. Et puisque la Dobroudja est habitée par de nombreuses minorités ethniques, notamment des Ukrainiens et des Turcs, qui ont emprunté leurs coutumes les uns aux autres, à Noël, depuis les temps les plus anciens, les Turcs accueillent les « moşoi » et les Roumains préparent un gâteau turc, aux noix et au miel, appelé baklava.

    Dans la zone montagneuse du Banat, dans le sud-ouest du pays, le sapin est orné de sucreries. Sous le sapin, on dépose un pain rond, une saucisse et une bouteille d’eau-de-vie, en guise de cadeau pour le Père Noël. Et on dépose aussi des graines et du foin pour son cheval. Le soir, on attend les groupes d’enfants, de jeunes et d’adultes qui viennent chanter des noëls, depuis minuit jusqu’au petit matin, en fonction de leur âge. En Transylvanie, les préparatifs pour Noël commencent dès le 15 novembre, date à laquelle débute la période de carême. On ne mange plus de viande du tout, les femmes se réunissent pour des veillées et tissent les habits de fête.

    Dans la zone de Cluj, au centre du pays, on chante des noëls, mais aussi des cantiques préchrétiens. Les jeunes vont d’une maison à l’autre ; ils ne portent pas de masques et endossent des costumes traditionnels roumains. Les gens les attendent et les accueillent les bras ouverts. Au Maramureş, contrée de l’extrême nord de la Roumanie, les traditions de Noël sont un mélange de croyances païennes et chrétiennes – entre autres la « danse des vieillards ». Les jeunes qui font le tour des maisons, pour adresser des vœux aux hôtes, portent des masques.

    En Moldavie aussi, Noël est une fête importante. Les activités de la veille étaient toutes des rituels de protection du bétail, des vergers et de la maison. Les femmes nettoyaient toute la maison et les hommes prenaient soin de remettre tout objet emprunté à son propriétaire. Les femmes préparaient un pain ayant la forme du chiffre 8, qui, au printemps, va être fumé et placé entre les cornes des bœufs qui labourent la terre. Le repas de Noël, préparé toujours la veille, comporte une douzaine de plats, dont la plupart à base de viande de porc.

    En Bucovine, dans le nord-est du pays, on pense que tous les cantiques et les vœux exprimés avant Noël ont pour but de chasser les diables, pour que le village soit propre la nuit de Noël. On considère que c’est un grand pécher de fermer la porte avant Noël et de ne pas accueillir les groupes de jeunes qui parcourent le village pour chanter des noëls. Une des coutumes est celle de l’Etoile. Des enfants déguisés en mages vont d’une maison à l’autre chanter le cantique de l’Etoile, annonçant la grande nouvelle de la naissance de Jésus.

    En Olténie, dans le sud du pays, les traditions de Noël sont étroitement liées aux rituels de purification et de divination, les jeunes filles à marier tâchant d’apprendre qui sera leur futur mari. La veille, on pratique une coutume liée au feu : tous les membres de la famille, quel que soit leur âge, attisent le feu à l’aide d’un bâton, en prononçant quelques vers censés protéger la maison, écarter la maladie et apporter une nouvelle année abondante. Les jeunes qui parcourent le village, pour chanter des noëls et formuler des vœux, se voient offrir des bretzels, des pommes, des poires… Aux adultes, on offre aussi de l’eau-de-vie et du vin chaud. (Dominique)

  • Veiller la mort

    Veiller la mort

    Dans le prolongement de son livre Hors-piste en Roumanie, Grégory Rateau revient avec un nouveau portrait sur le deuil. Mihail n’est plus, sa famille et ses amis se réunissent trois jours et trois nuits durant pour veiller sur sa dépouille.



  • Le feu sacré

    Le feu sacré

    Le soir, je pars à la messe de Pâques avec mon ami, nous retrouvons d’autres familles qui nous offrent une part de cozonac (un gâteau traditionnel) et des œufs peints à la main. Nous nous serrons en deux rangées bien distinctes devant le parvis de l’église pour laisser le pope circuler entre les fidèles et leur transmettre le feu sacré tout spécialement apporté du tombeau du Christ à Jérusalem. La flamme circule, elle vacille dangereusement, je dois même la rallumer à deux reprises en suppliant mes voisins de me tendre la leur. La lumière éclaire des visages abîmés, fatigués mais dont les yeux sont d’une incroyable vitalité pour cette soirée de fête Pascale.



  • Tourisme rural en Roumanie

    Tourisme rural en Roumanie

    Ces dernières années, le tourisme rural a connu un développement impressionnant en Roumanie. Il fait découvrir aux vacanciers un monde fascinant, un décor magnifique, des traditions et des métiers anciens. Les pensions leur offrent des produits gastronomiques préparés selon des recettes vieilles de plusieurs siècles. Selon Maria Stoian, fondatrice de l’Association nationale de tourisme rural, écologique et culturel, les touristes qui arrivent dans le monde des villages roumains ont l’occasion de connaître la vraie Roumanie : « Ils peuvent connaître les vrais Roumains et leurs origines. Ils peuvent découvrir la cuisine roumaine, très différente d’une région à l’autre, l’architecture traditionnelle, les coutumes et la richesse du folklore. Dans la zone de Mărginimea Sibiului il y a des villages d’une grande beauté et la cuisine y est délicieuse. Dans le nord de l’Olténie il y a des monastères exceptionnels et la vallée de la rivière Olteţ, avec et les gorges de Sohodol, la région se prête au tourisme actif. En descendant vers le sud, on découvre le défilé du Danube. Peu de gens savent que là on peut pratiquer des sports nautiques et que l’on peut y être hébergé dans des pensions-bungalows situées au bord du fleuve. La zone de Bran – Moeciu, dans les Carpates Méridionales, demeure le berceau du tourisme rural roumain. La Courbure des Carpates, avec la contrée de Vrancea-Buzău, a pour point d’attraction la Route du vin – Route des Caves. »

    Pour l’année 2018, Maria Stoian est très optimiste : « Les Roumains se dirigent de plus en plus vers les destinations touristiques du pays, optant aussi pour le tourisme rural. Quant aux touristes étrangers, ils continuent d’arriver de pays tels que France, Allemagne, Italie, Israël. Les pays nordiques ont commencé depuis quelque temps à faire preuve de beaucoup d’intérêt pour le tourisme rural de Roumanie. Les Roumains de la diaspora représentent une autre catégorie de touristes, qui viennent en Roumanie non seulement pour revoir leurs familles, mais aussi pour découvrir et faire découvrir à leurs enfants d’autres régions du pays. Je me rappelle une famille de France, qui a été attirée par le tourisme rural en Roumanie, mais qui a eu de nombreuses réserves et questions. L’année suivante, ils ont recommandé les pensions roumaines à tous leurs amis et aux autres membres de leur famille. »

    Les villages roumains sont également promus en tant que destinations touristiques par différents événements qui présentent les traditions culturelles, folkloriques et gastronomiques de chaque localité : « Le calendrier 2018 est très riche. Un Festival du cochon est prévu à Balvanyos, au département de Covasna. Y participent des équipes de plusieurs comtés de Roumanie, ainsi que de Slovaquie, de Hongrie et d’autres pays de la région. S’y ajoutent le Festival des tartes d’Oituz, le Festival de la charcuterie de Tismana dans le département de Gorj et le Festival du fromage et de la viande séchée de Bran. A Fundata, localité de comté de Braşov située à la plus haute altitude de Roumanie, est organisée la Fête du berger. Vous êtes tous invités dans les pensions rurales de Roumanie et ne craignez rien, tradition ne veut pas dire manque de confort. Vous y connaîtrez les Roumains chez eux. »

    Le Maramureş, contrée de l’extrême nord de la Roumanie, est une des régions les plus pittoresques du pays et le tourisme rural y est très développé. Une nouvelle composante s’y ajoute en 2018. Dan Carpov, représentant du Bureau d’information touristique du département de Maramureş, explique : « Cette année nous fêtons les 100 ans écoulés depuis l’Union des provinces roumains. C’est pourquoi, cette année, les itinéraires touristiques comporteront la visite des maisons-musées de ceux qui nous ont représentés à la Grande Assemblée d’Alba Iulia, le 1er décembre 1918. Le Maramureş est un grand comté, constitué de 4 pays ou contrées : Lăpuş, Maramureş, qui a le mieux préservé ses traditions, Chioar et Codru. Partout il y a des traditions et des costumes traditionnels spécifiques à découvrir. Sur l’ensemble du département il y a une quarantaine de centres d’information touristique. »

    A la fin de leur séjour dans le comté de Maramureş, les touristes rentrent chez eux enchantés de ce qu’ils ont vu et vécu. Ils sont fascinés par les paysages, par les objets d’art traditionnel, par les coutumes et la cuisine de la région : « Les évaluations des touristes sont excellentes, nous restons dans le top, ce qui nous oblige à renouveler sans cesse notre offre et à essayer d’être toujours à la hauteur des attentes. La vedette de la contrée est la « mocăniţa », petit train à vapeur circulant le long de la vallée de la rivière Vaser sur une voie ferrée à écartement étroit. Le Maramureş compte 8 sites figurant au patrimoine de l’UNESCO, situés tout près l’un de l’autre. Le tourisme de montagne gagne lui aussi du terrain. Et nous avons aussi un itinéraire cyclable de 80 km environ le long duquel on ne rencontre pas de voitures. »

    En Roumanie, les pensions sont de une à quatre marguerites, selon leur niveau de confort. La plupart d’entre elles proposent des repas préparés de produits frais provenant de leur propre ferme et organisent des randonnées dans les environs. Les pensions mettent également à la disposition des touristes des cartes et du matériel sur les sites d’intérêt de la zone. (Aut. : Daniel Onea ; Trad. : Dominique)

  • Représentations maléfiques dans la tradition roumaine

    Représentations maléfiques dans la tradition roumaine

    Dans la tradition roumaine, la période d’hiver correspond à un temps de l’action du mal. L’absence du soleil de la voûte céleste ennuagée et la longue durée des nuits pendant la saison froide ont créé ces correspondances dans l’imaginaire populaire. Les gens d’autrefois cherchaient des moyens pour combattre les influences des forces des ténèbres. Les rites spécifiques de la période de jeûne avant Noël, et surtout la Fête de Saint André, sont des moments importants, lors desquels les coutumes préchrétiennes acquièrent une dimension spéciale. Le loup est l’équivalent du loup garou des légendes populaires, une créature à la frontière de la vie avec la mort et qui peut enlever et même tuer et les gens et leurs animaux domestiques. Voilà pourquoi on considère qu’à la veille de la fête de Saint André, ces créatures peuvent être vaincues.

    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, nous offre plus de détails : « L’ail peut fermer la gueule des loups, car on garde ce symbole aussi dans cette nuit magique. On pratiquait aussi la garde de l’ail. Les gens se rassemblaient dans la maison d’une vieille femme qui connaissait toutes les règles de cette coutume. Toutes les filles du village venaient ensemble et elles apportaient chacune trois têtes d’ail. Elles passaient la nuit en gardant cet ail auprès duquel était posée une poupée nommée Indrei, qui signifierait cette même divinité préchrétienne qui avait pris la forme du Père André qui devait mourir. On faisait ainsi une veillée gaie, même si on se trouvait avant Noël. »

    La mythologie populaire liée aux origines du loup a donné naissance à plusieurs légendes dans lesquelles cet animal est présenté comme une créature du Diable, envoyée sur terre spécialement pour mettre en danger les vies humaines et celles des animaux. Les deux personnages maléfiques arrivent quand même à se rejeter mutuellement par le biais de l’intervention divine qui protège l’homme de l’attaque du loup.
    Une série tout entière de croyances populaires est liée à la fête de Saint André et les gens essayaient de respecter strictement ces jours destinés à tenir les loups à distance, pour qu’ils ne provoquent pas des dégâts importants dans les ménages du village.

    On retrouve maintenant Delia Suiogan : « Les gens jeûnaient totalement pendant cette période, pour la raison du sacrifice qui protège contre la peste, mais aussi pour leur bétail et pour que leurs poules et chevaux ne soient pas attaqués. Toujours pendant cette période, les femmes apportaient beaucoup d’offrandes. Elles faisaient l’aumône aux pauvres des cimetières, c’était surtout un type de galette communément appelée « colac », un symbole utilisé dans la plupart de nos fêtes traditionnelles, mais aussi du pain avec du sucre. On croyait que le loup aimait le sucre et qu’avec du sucre on pouvait l’amadouer. La peste, elle aussi, en tant que personnage mythologique, s’endormait si elle mangeait du sucre et elle n’agissait plus maléfiquement contre les gens. »

    Les croyances populaires affirment que certains animaux, comme les chevaux ou les coqs, peuvent anticiper l’approche des morts-vivants ou des loups-garous. Dans les villages roumains, le loup-garou était considéré la représentation suprême du mal, qui pouvait apparaître à cause d’une interruption dans l’observation des règles non écrites de la communauté. De même, on pensait que l’homme-loup, le loup-garou, était responsable des phases de la Lune et de la production des éclipses, car il était celui qui « mordait » l’astre de la nuit. (trad. Nadine Vladescu)

  • Le défilé des Brondoşi

    Le défilé des Brondoşi

    Il y a 300 ans, les habitants de la contrée de Maramureş, dans l’extrême nord de la Roumanie, écrivaient une page d’histoire qui manque aujourd’hui des manuels scolaires, mais qui est toujours présente dans les âmes et dans les légendes des lieux. L’automne de l’année 1717 laissait derrière elle dégâts, églises brûlées, blessures profondes, morts, exploits dont les personnes âgées et les toponymes de la région ont gardé la mémoire. On y trouve ainsi « Le pilier des Tatars », « La clairière des Tatars » et presque chaque village possède un endroit, une vallée, un monument qui rappelle cette année de feu. De nombreuses légendes se sont tissées autour de cette dernière invasion des Tatars et des coutumes en sont nées, respectées chaque année. Les « Brondoşi » de Cavnic, localité située à une trentaine de kilomètres de Baia Mare, en est une.

    De quoi s’agit-il ? Ioana Petruţ, manager de la Maison de la culture de Cavnic : « Cette coutume remonte à 1717. Cette année, nous marquons donc ses 3 siècles d’existence. Pour fêter cet anniversaire, un ample défilé des « Brondoşi » aura lieu à Cavnic. Les « Brondoşi » sont des hommes habillés des costumes blancs spécifiques de la zone, portant des sabots et un masque en fourrure de mouton sur la tête. La poitrine et le dos sont couverts d’un harnais auquel sont accrochées des cloches et des sonnailles, qui font un bruit assourdissant. Les « Brondoşi » parcourent le village, allant d’une maison à l’autre pendant les 3 jours de Noël. »

    Il y a 300 ans, à proximité du Pilier des Tatars de Cavnic, les gens des parages, le visage couvert de masques et portant des cloches accrochées à leurs habits, auraient effrayé les chevaux des Tatars, réussissant ainsi à chasser les envahisseurs. Ils auraient eu à leur tête un villageois, Toader Crăciun, capitaine – dit-on – du fameux hors-la-loi Pintea Viteazul – Pintea le Preux. La coutume des « Brondoşi » rappelle cet épisode.

    Ioana Petruţ : « On dit que dans le passé, les « Brondoşi » ont chassé les Tatars, arrivés à Cavnic en 1717. De nos jours, ils chassent les mauvais esprits. Les gens des parages racontent que c’est ainsi qu’ils avaient effrayé les Tatars, qui s’étaient enfuis, ne sachant pas qui les attaquait et la mémoire de cet épisode a été conservée par cette coutume. Les gens qui, il y a 3 siècles, avaient confectionné ces costumes pour effrayer les hordes tatares, sont représentés de nos jours par ces « Brondoşi » qui parcourent les rues du village les jours de Noël. »

    Jeunes hommes masqués et « armés » de cloches, les « Brondoşi » chassent de nos jours les mauvais esprits, car, dans le mental des gens des temps jadis, la lutte contre les Tatars, qui brûlaient les églises, était une lutte contre le mal. Un costume authentique porté par les « Brondoşi » compte obligatoirement le masque en fourrure de mouton et le harnais auquel sont accrochées des cloches construites suivant les conseils des anciens. Les autres éléments du costume des « Brondoşi » sont à retrouver dans le costume traditionnel du Maramureş : chemise et pantalon blancs, ceinture large, ficelle tressée et sabots paysans en cuir.

    Dans un des quartiers de la localité de Cavnic, la tradition des « Brondoşi » a lieu début janvier, lorsque les gens fêtent Noël selon le calendrier julien.

    Qui sont les «Brondoşi » contemporains ? Ioana Petruţ, manager de la Maison de la culture de Cavnic : « Les élèves participent toujours à la fête et la plupart des garçons portent des costumes de Brondoşi. Ils viennent se joindre aux Brondoşi adultes. L’année dernière, on a eu une centaine de Brondoşi. Cette année, puisque nous avons un défilé d’une plus grande envergure, il y en aura certainement 200 ».

    Selon la tradition, si les Brondoşi franchissent le seuil de votre maison, la Nouvelle Année sera bénéfique pour vous. Ioana Petruţ nous transmet le message des Brondoşi: « Joyeuses fêtes et venez nous voir à Cavnic, vous ne le regretterez pas ! »

    Selon les vieilles gens des parages, jadis seul les « vrais hommes » étaient autorisés à devenir des « Brondoşi ». A présent, ce sont surtout les jeunes qui ont pris la relève et les enfants « brondoşi » font les délices de ceux qui les rencontrent. Cette coutume est pourtant strictement interdite aux filles. Si on les découvre habillées en Brondoş, on les roule dans la neige et on leur prend leurs cloches et leur masque. Ceux qui souhaitent rejoindre les « Brondoşi » peuvent louer un costume. Si vous voulez en acheter un, sachez qu’il coûte entre 500 et 1000 lei (soit 110 à 220 euros). (Trad. : Dominique)

  • Le mois de décembre dans la tradition roumaine

    Le mois de décembre dans la tradition roumaine

    Le mois de décembre est, bien évidemment, la période la plus chargée de symboles de l’année. L’intervalle consacré aux fêtes hivernales de fin d’année débute le 6 décembre, avec la Saint Nicolas. C’est un premier moment quand le mois de décembre acquiert une dimension festive, par la coutume d’offrir des cadeaux aux enfants. Peu de gens savent que dans la tradition européenne, le Père Nicolas a plutôt un rôle de justicier, car ce saint vient rectifier les injustices survenues au cours de l’année.

    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, explique : « Saint Nicolas, populairement appelé Sânnicoară, fait partie des anciennes traditions populaires roumaines liées au culte du Soleil. Il est le gardien du Sud du ciel et il veille, à cette époque, que le soleil ne tombe pas irréversiblement et qu’il se meure. Il surveille le soleil surtout pendant la nuit du 5 au 6 décembre et il le lance de nouveau sur le ciel, car à ce moment de l’année, la nuit devient très longue et le jour raccourcit de plus en plus. Le peuple roumain a trouvé une solution pour que l’ordre règne de nouveau sur toute chose. Par ailleurs, on dit que dès le 6 décembre, le jour commence à croître un peu, même avec une si courte durée que le jet d’une pierre dans la clôture de la cour, selon les dires des paysans. Nicolas, ce vieux père, a le rôle de défendre le temps. Il fait partie du groupe des déités préchrétiennes qui mettent tout dans l’ordre et qui ont un double dans la personne d’un saint chrétien. »

    La fête de Noël, qui est une des plus importantes de la chrétienté, se superpose à un ancien culte solaire. Le solstice d’hiver était célébré, autrefois, par toutes les civilisations du monde.

    La coutume de l’Ignat ou du sacrifice rituel du cochon avant la veille de Noël a une origine très ancienne, précise notre interlocutrice Delia Suiogan: « On assiste encore une fois à une superposition d’une fête préchrétienne sur une fête chrétienne. Il faut dire dès le début qu’il s’agit d’une fête très, très ancienne et que ce jour était célébré par beaucoup de peuples, et par les Grecs et par les Romains ou par les Slaves. Nous, les Roumains, on garde en ce jour beaucoup d’éléments qui nous sont parvenus des Daces et des Romains. Dans cette période, les Daces et les Romains fêtaient un dieu du feu, mais pas n’importe lequel, celui du feu domestique, terrestre, un dieu du feu sacrificiel. À l’occasion de ce jour, tous les deux peuples sacrifiaient un cochon. Pendant toute cette période, les Romains célébraient les Saturnales, les jours du dieu Saturne, du 17 au 30 décembre. Les jours du 19 et du 20 décembre, on sacrifiait une truie qui devait être obligatoirement blanche, car le dieu auquel elle était offerte était un dieu de l’espace solaire. Le dieu du Feu était aussi le dieu du Soleil. »

    Considéré le mois des cadeaux et une occasion de partager le bonheur avec la famille et les amis, le mois de décembre constitue un moment essentiel dans le parcours changeant du temps. La naissance du Seigneur et les autres fêtes d’hiver sont célébrées par tous les chrétiens de tous les coins du monde, avec l’espoir dans un monde meilleur, au moins pour ces quelques jours festifs de fin d’année. (Trad. Nadine Vladescu)