Category: Espace Culture

  • « Hipodrom », un roman autobiographique de Nora Iuga

    « Hipodrom », un roman autobiographique de Nora Iuga

    Nora Iuga publiait en 2020, aux éditions Polirom, son roman autobiographique « Hipodrom ». Depuis, elle dit se reposer en écrivant de la poésie. Nora Iuga, née le 4 janvier 1931, est poétesse, traductrice notamment en allemand, membre de l’Union des écrivains de Roumanie et du PEN Club. Elle a publié une bonne vingtaine de volumes de poésie et de prose, dont « Ce n’est pas de ma faute » (1968), « Le cœur comme un poing de boxeur » (1983), « Le marché du ciel » (1986), « Le bus des bossus » (2000), ou encore « La sexagénaire et le jeune homme » (2000). Ses livres ont été traduits dans plusieurs langues. En 2007, l’Académie allemande de langue et de poésie (Deutsche Akademie für Sprache und Dichtung) l’a récompensée du Prix Friedrich-Gundolf et en 2015 le président allemand, Joachim Gauck, l’a décorée de la Croix du chevalier de l’Ordre du mérite. En 2017, le président roumain Klaus Iohannis, l’a nommée Commandeur dans l’Ordre national du Mérite de la Roumanie. Invitée au micro de RRI, Nora Iuga a parlé de son dernier ouvrage, « Hipodrom », un roman aux nombreux détails biographiques, consacré à Sibiu. C’est dans cette ville qui a forgé sa personnalité, que Nora Iuga a rencontré les sœurs du Couvent des Ursulines, qu’elle a vu Jovis, le cheval blanc immobile dans la vitrine de chez Schuster, qu’elle a enseigné l’allemand à des élèves qui l’adoraient, durant le régime communiste. Nora Iuga raconte.



    « Ce projet de livre remonte à il y a longtemps déjà. Ça doit faire une quinzaine d’années maintenant que je pense avoir une dette envers cette ville. Mais ce n’est pas une obligation, comme le remboursement d’un prêt. À travers le livre, j’insiste sur le nom de Hermannstadt, parce que moi, je suis attachée à la ville appelée Hermannstadt, pas tellement à celle de Sibiu d’aujourd’hui. C’est là que j’ai ressenti pour la première fois l’effervescence de l’amour, quand j’avais dix ans et que je ne comprenais rien à cet enchevêtrement de sentiments. Il m’était impossible de m’expliquer la sensation ressentie un soir d’hiver, quand je dévalais la rue principale en direction de l’Empereur des Romains, le plus important hôtel saxon de Sibiu. Mon père, violoniste et chef d’orchestre, y donnait un concert et moi, je lui ramenais de la colophane pour enduire les crins de son archet. Cette ville m’a aussi fait rencontrer des gens qui ont laissé leur empreinte sur mon destin. Malheureusement, ils sont nombreux à nous avoir quittés depuis longtemps. Les sœurs Ursulines, auxquelles je dois la moitié de moi-même, n’existent plus. Ce n’est pas par hasard que, dans mes livres, je parle de Nora A et de Nora B, car moi, je suis faite de deux moitiés antagoniques, ce qui n’est pas inhabituel. Je suis parfaitement convaincue que chaque être humain renferme deux personnages antagoniques et quasi incompatibles, qui se chamaillent sans arrêt. Si Nora A est la timbrée pétulante, alors Nora B est la sage qui lui fait constamment la morale. »



    Dans son roman « Hipodrom », Nora Iuga dépeint une existence vécue sous trois dictatures, celle du roi Carol II, d’Ion Antonescu et la dictature communiste.



    « Il existe deux catégories d’écrivains ; ceux qui construisent et ceux qui se laissent diriger par une instance intérieure, et moi, je fais évidemment partie de cette seconde catégorie. On peut comparer cette instance intérieure aux souvenirs, car il nous est impossible de contrôler les souvenirs qui s’éveillent en nous et dont certains sont tellement précis qu’ils nous font peur. C’est grâce aux souvenirs que nous pouvons revivre certains événements tels qu’ils se sont passés. Moi je crois que les souvenirs se rapprochent des rêves, qui peuvent prendre l’apparence quelque peu changée, tout de même, de certaines choses du passé lointain. Nous pouvons toutefois identifier ces événements-là, car nous avons la conscience de les avoir vécus, il y a très longtemps. Quand on est vieux et complètement seul, la plus grande joie c’est de s’analyser en profondeur, sans pour autant se rapporter nécessairement à son propre passé biographique. Comme on peut le constater aussi dans mon livre, j’ai vécu sous trois dictatures et je peux dire que j’aime énormément la période de la monarchie, que j’ai connue durant mon enfance et qui est restée gravée dans ma mémoire ; je ne peux pas imaginer une période plus belle que celle-là. J’ai toujours vécu sous le signe des contradictions, mais l’enfant que j’étais ne comprenait pas que marcher pieds nus, comme les marchands ambulants, était en fait une injustice. Le comble c’est que même aujourd’hui, quand je pense à ces temps-là, j’ai l’impression de regarder un film très poétique. Ce que je veux dire c’est qu’il m’est impossible de porter un jugement très exigeant sur le monde. Je crois que chacun de nous a des racines très profondes plantées dans son enfance et que personne ne peut arracher. Des choses aujourd’hui amendables étaient, pour moi, une source de joie », a affirmé l’écrivaine et poétesse Nora Iuga, au micro de RRI.


    (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Réouverture du Musée de la Banque nationale de Roumanie

    Réouverture du Musée de la Banque nationale de Roumanie

    Cest à la fin de lannée dernière que le Musée de la Banque nationale de Roumanie a rouvert ses portes aux visiteurs, qui peuvent y admirer de nombreuses nouveautés, dont un lingot dor de la réserve de la banque centrale. Les expositions, aussi bien la permanente que les temporaires, sont le résultat dapproches muséales modernes, mais le public a aussi loccasion dadmirer le très beau bâtiment néoclassique du Vieux Centre de Bucarest qui les abritent.



    Ruxandra Onofrei, experte dans le cadre de la Direction « Musée et éducation financière » de la BNR, rappelle lhistoire de lédifice et de la banque centrale. « La Banque nationale a été fondée en 1880, en tant quélément constitutif dune grande modernité de lÉtat roumain de lépoque. Elle était aussi la seizième banque centrale créée dans le monde. Durant sa première décennie dexistence, elle avait fonctionné dans un bâtiment différent, mais en 1882 linstitution achète à lÉtat un terrain ayant appartenu à une ancienne auberge, lAuberge Șerban Vodă, sur les ruines de laquelle allait être érigé lédifice actuel. En 1884, la Banque nationale fait appel à deux architectes français particulièrement appréciés à lépoque, Cassien Bernard și Albert Galleron, qui proposent ce style néoclassique avec des éléments éclectiques, inspiré par larchitecture française de la fin du XIXe siècle et de la première partie du XXe. Notre musée occupe une des plus importantes salles de la Banque nationale, la « Salle de marbre », qui accueille dailleurs en ce moment une exposition temporaire dédiée au roi Michel I. En 1890, lorsque linstitution a emménagé dans ce bâtiment, on lappelait la « Salle des guichets », car, à cette époque-là, la banque avait aussi des Relations avec les clients. Sous chaque arcade, on apercevait un fonctionnaire assis derrière un pupitre, le milieu de la salle était occupé par une longue table entourée de chaises, sur laquelle des formulaires étaient mis à la disposition de la clientèle. La salle a une acoustique assez spéciale, produisant un écho qui empêche une personne dentendre ou de comprendre une conversation en train de se dérouler à côté. Chaque fonctionnaire avait son propre coffre-fort, où il gardait largent et les valeurs avec lesquels il travaillait dans la journée. Ces douze coffres-forts sont exposés dans notre exposition permanente, avec des pièces de monnaie, des coupures et dautres objets précieux et très intéressants de la collection de notre musée. »



    Ruxandra Onofrei a également parlé de lexposition permanente du Musée de la Banque nationale de Roumanie: « Notre exposition permanente inclut, outre les salles spectaculaires de lAncien Palais de la Banque nationale, lhistoire de la circulation monétaire sur le territoire actuel de la Roumanie, depuis le Ve siècle av. JC et les monnaies frappées dans la Citadelle Histria, jusquà lintroduction du système monétaire roumain en 1867. Une autre section de lexposition permanente est consacrée à lhistoire du leu, notre monnaie nationale, depuis 1867 jusquaux pièces et billets de banque daujourdhui. Et nous avons aussi une sélection de monnaies ayant circulé sur le territoire de notre pays. »



    Lexposition temporaire « Cent ans depuis la naissance du Roi Michel I (1921-2017) » attire les visiteurs vers lespace central de la Salle de marbre ». Ruxandra Onofrei nous en parle: « Cette exposition a été réalisée en collaboration avec la Maison royale de Roumanie, avec les Archives nationales, le musée du village « Dimitrie Gusti » et le Musée militaire « Ferdinand I ». Dédiée au centenaire de la naissance du roi Michel I, elle a été inaugurée le 25 octobre 2021 et restera en place jusquau 31 mai 2022. Nous nous sommes proposé de faire une incursion dans la vie du dernier souverain de notre pays, depuis la première enfance jusquau grand âge. La vie du roi Michel et de très nombreux moments importants de notre histoire nationale se superposent, pratiquement. Nous avons évoqué ces moments dans cette exposition, où nous présentons aussi des objets moins conventionnels, comme par exemple lextrait de naissance du roi, exposé en public pour la première fois. Nous avons des photos inédites, des épreuves scolaires du roi Michel. Le point final de notre incursion est lémission spéciale de la Banque nationale à loccasion du centenaire, une pièce de monnaie de 500 lei, frappée en or dune pureté de 999,9, ainsi quune réplique de la médaille « Ardealul Nostru/Notre Transylvanie », frappée en 1945, dont le nom populaire est « Cocoșel/Le coquelet ». Par cette médaille, le gouvernement de lépoque essayait de protéger les épargnes de la population, mais aussi de calmer linflation, qui a accompagné tout naturellement la fin de la guerre. », a conclu sa présentation Ruxandra Onofrei, experte dans le cadre de la Direction Musée et éducation financière de la BNR.

  • Uneori ninge cu zăpadă, alteori cu întuneric/Snowing Darkness

    Uneori ninge cu zăpadă, alteori cu întuneric/Snowing Darkness

    Le film Uneori ninge cu zăpadă, alteori cu întuneric/Snowing Darkness, du réalisateur roumain Gabriel Achim, a été présenté en première mondiale à la fin du mois de novembre dernier, dans la section « Rebels With A Cause » de la vingt-cinquième édition du Festival du film Black Nights, de Tallinn. Cette fête du cinéma, accueillie par la capitale de lEstonie et dont la première édition remonte à 1997, est un des plus importants événements de ce genre dEurope. Snowing Darkness, produit par la maison de production Mandragora, sera diffusé dans les salles de cinéma de Roumanie au cours de la première partie de cette année. Interviewé par RRI, le réalisateur du film, Gabriel Achim, a souligné le parcours compliqué, suivi par son troisième long-métrage.



    « Malheureusement, nous vivons dans des circonstances qui devraient nous faire retrouver les essentiels de la vie, nous aider à mieux apprécier le temps, à chercher davantage la qualité. Mais ce nest pas le cas. Ce que nous avons cest une atrophie des valeurs et une impression croissante dinutilité des arts, dont les gens semblent séloigner en douceur. Je dirais que « Snowing Darkness » est une production quasi indépendante, car le financement très faible ne nous a permis davoir ni une équipe nombreuses ni trop dacteurs. Mais jen ai lhabitude et finalement jai réussi à faire un film que jaime beaucoup. Avant de commencer ce travail, javais un autre projet, financé par le Programme Media de lUE et un coproducteur français, qui avait gagné plusieurs prix internationaux. Cétait un projet qui avait lair de devenir mon troisième long-métrage. Malheureusement, je nai pas réussi à obtenir aussi de largent en Roumanie et jai compris quil était inutile de chercher le soutien du Centre national de la cinématographie. Jen ai donc parlé au réalisateur Cristi Puiu, qui a compris mon désespoir et ma conseillé décrire un scénario en partant de la situation dans laquelle je me trouvais. Il ne restait plus que deux semaines pour déposer le dossier, mais jai pu me mobiliser pour écrire le nouveau scénario avec Cosmin Manolache, qui est mon collaborateur habituel. Au montage, jai coupé des choses, car ça aurait donné un produit trop complexe, trop axé sur lidée de provoquer le spectateur à sortir de sa zone de confort. Je pense quen fait, ça aurait chassé les spectateurs. Et donc, jai tout repensé, la structure du film reste complexe, mais elle est plus bienveillante et plus proche de mes intentions. Je peux dire aussi que lenthousiasme de léquipe a comblé le manque dargent. Nous avons eu une décoratrice-scénographe exceptionnelle en la personne dAna Gabriela Lemnaru, ainsi quune équipe très professionnelle, avec laquelle je travaille pour la télévision. »



    Snowing Darkness raconte lhistoire de Teo, un metteur en scène qui travaille avec une équipe de comédiens sur un nouveau projet théâtral. Le sujet, dinspiration autobiographique, est déroutant, car il parle des états dâme dun metteur en scène en train de monter une pièce de théâtre sur un drame personnel, qui est la mort de sa fillette suite à une maladie incurable. Lhistoire, composée de cinq versions de travail, fait ressortir des épisodes incertains, à la frontière entre la vie et la fiction, et accroit les dilemmes, explique le réalisateur Gabriel Achim.



    « Cest une histoire très complexe. Cest un film fait de 5 récits, avec 5 acteurs qui jouent des rôles différents, les seuls personnages à être constamment présents à travers lhistoire sont le personnage principal et sa petite fille. Comme je le disais, cest une histoire complexe, difficile à résumer en quelques mots. Il fait toujours noir à lintérieur de soi-même et on a toujours des surprises quand on est dans le noir. Cest pareil dans ce film, plein de surprises, qui peut, des fois, provoquer la peur et, dautres fois, le rire. »



    Réalisé avec le soutien du Centre national de la cinématographie, de la Société des auteurs roumains de laudiovisuel « Dacin Sara » et de la Société roumaine de télévision, le film Uneori ninge cu zăpadă, alteori cu întuneric/Snowing Darkness est distribué en Roumanie par la maison de distribution iadasarecasa. Son réalisateur, Gabriel Achim, est connu du grand public par ses longs-métrages Ultima zi/Le dernier jour (prix du meilleur long-métrage roumain au TIFF, en 2016) et Visul lui Adalbert/Le rêve dAdalbert (Prix Gopo du meilleur premier long-métrage en 2013), ainsi que par une très populaire série télévisée, diffusée sur une chaîne de télévision privée de Roumanie.


    (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Récompenses internationales pour un film documentaire roumain

    Récompenses internationales pour un film documentaire roumain

    Le film documentaire Pentru mine tu ești Ceaușescu/You
    Are Ceauşescu To Me/Pour moi, tu es Ceauşescu, du réalisateur roumain Sebastian Mihăilescu, a reçu, à la fin
    de l’année passée, des prix festivali
    ers importants : celui du meilleur
    film d’Europe centrale et orientale et celui de la meilleure photographie au
    Festival international du film documentaire de Jihlava, en République Tchèque,
    ainsi que le prix du meilleur premier long-métrage (New Talent Award) au Festival
    DocLisboa, au Portugal. Le jury du festival de Jihlava a motivé son choix par
    « la manière ludique dont le film recrée l’histoire de la Roumanie en
    utilisant la méthode de la reconstitution historique et en analysant ceux qui
    l’interprètent, dans une narration basée sur l’autoréflexion. ».


    Pentru
    mine tu ești Ceaușescu
    est un mélange expérimental de documentaire et de
    fiction, qui veut découvrir la motivation des actions du jeune Nicolae
    Ceaușescu, le dernier dictateur roumain et le chef de la République socialiste
    de Roumanie depuis 1967 jusqu’à la chute du régime communiste, le 22 décembre 1989.
    Dans le film expérimental de Sebastian Mihăilescu, des jeunes entre 15 et 22 ans,
    de milieux sociaux différents, participent à un casting pour le rôle de Nicolae
    Ceaușescu dans sa jeunesse des années 1930. Les adolescents prennent la pose
    imitant les photos d’archives, transformant en fiction des documents officiels
    et interagissant les uns avec les autres. Ils se rapportent à Nicolae Ceaușescu
    comme à un personnage fictif, sans idées préconçues et en s’appropriant ses
    caractéristiques en fonction de leurs passions, à travers les clichés véhiculés
    par le cinéma commercial.

    Le réalisateur Sebastian Mihăilescu explique: « Je voudrais souligner
    le fait que le personnage de mon documentaire n’a pas beaucoup de points
    communs avec le personnage historique Nicolae Ceaușescu. Celui-ci m’a tout
    simplement servi de prétexte, dans le sens d’avoir choisi de recourir à un
    personnage à la fois caricatural et iconique, à l’exemple du leader communiste
    chinois Mao Zedong et ses portraits réalisés par Andy Warhol – c’est un personnage
    sur lequel tout le monde a une opinion, même si on ne connaît pas beaucoup de
    choses sur lui ou même si on n’a pas
    connu la vie sous un régime communiste. Moi, j’ai eu la chance de collaborer
    avec un historien, ce qui m’a donné accès au dossier sur le jeune Ceaușescu de
    la Sûreté de l’État, le service secret de la Roumanie jusqu’au 13 novembre
    1940. Lorsque j’ai eu l’idée de faire ce film, j’avais en tête de montrer Nicolae
    Ceaușescu comme un personnage iconique, que nous pensons tous connaître, mais
    que nous tous ignorons en fait. Et, puisqu’il m’a été impossible d’imaginer un
    quelconque acteur interpréter ce rôle, j’ai eu l’idée d’un portrait collectif
    et j’ai choisi de m’arrêter sur la période de la vie de Ceauşescu d’avant 1945,
    quand il faisait de la politique dans l’illégalité, quand il est passé par la
    prison. J’ai trouvé que cette période était plus intéressante pour mon film,
    surtout qu’il n’existe pas du matériel filmé avec Ceaușescu dans les archives,
    puisqu’à l’époque, il ne présentait aucun intérêt. Mon défi a été de créer des
    images qui n’existent pas en réalité et de lancer cette interrogation sur la
    possibilité qu’un film construit à partir de cette idée puisse contenir un
    petit bout de vérité. J’ai pensé que le casting d’interprètes aussi jeunes que Ceaușescu
    à cette époque-là pourrait me permettre d’approcher la vérité. J’ai donc
    cherché des jeunes de milieux sociaux différents, plus éduqués, moins éduqués,
    des jeunes qui ont abandonné l’école avant le collège, tout comme Ceaușescu, mais aussi des gens qui ont
    continué leurs études. Par ce casting, j’ai essayé de voir si je pouvais
    trouver le jeune Ceaușescu, mais j’ai aussi essayé de me rendre compte quelle
    serait la graine du futur dictateur, la graine du mal, découvrir quand et
    comment un être humain change, ce qui se cache dans un homme tellement
    controversé. »




    La distribution du film Pentru mine tu ești Ceaușescu/You
    Are Ceauşescu To Me/Pour moi, tu es Ceauşescu
    , du réalisateur roumain Sebastian Mihăilescu, rassemble des
    acteurs professionnels et des non-professionnels. Le documentaire est produit
    par la maison de production Wearebasca, avec le soutien du Centre national de
    la cinématographie et de la Société roumaine de télévision. Sebastian
    Mihăilescu (né en 1983) est diplômé de l’Université d’art théâtral et
    cinématographique « I.L. Caragiale » (promotion 2013), où il a aussi
    fait un master. Son
    film de fin d’études, Appartement de
    l’entre-deux-guerres, dans une magnifique zone, ultra-centre-ville
    , (court-métrage
    sur un scénario de Sebastian Mihailescu et Andrei Epure, produit par la
    société de production HiFilm) a été présenté en première à l’édition 2016 du
    Festival international du film de Locarno – Pardi di Domani Competition. (Trad.
    Ileana Ţăroi)



  • Traditions du Nouvel An

    Traditions du Nouvel An


    Bien que simple convention de calendrier, le Nouvel An est célébré en tant que moment de transformation du temps sur tous les continents. Dans la tradition roumaine, il portait le nom de « Crăciunul Mic/ le Petit Noël », car tous les rituels le concernant avaient lieu au printemps. Les « Colinde » (les chants de voeux) représentent la dimension rituelle la plus importante du Nouvel An. Dans certaines zones ethno-folkloriques, telles le Maramureș historique, ces chants existent dans leur forme archaïque.



    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord, de Baia Mare, explique : « Pour le Nouvel An, les colinde concernent surtout les familles, les voisins, les amis, donc il n’y a plus de ce que l’on appelle les colinde du chemin. Les textes sont particuliers et ont un rôle satirique. Au Maramureş, les mélodies des colinde chantés durant cette nuit spéciale sont particulièrement belles. Les gens des lieux ont préservé un très riche héritage de chants chrétiens, mais aussi préchrétiens, dans lesquels l’on retrouve de très nombreux symboles liés à la renaissance du soleil et de la nature. »



    Alors que les masques des danseurs ont une fonction protectrice contre les esprits maléfiques, certains colinde du Nouvel An proviennent d’anciens rituels de fertilité. Vêtus de costumes qui rappellent différents personnages ou des créatures fantastiques, les colindători, accompagnés par des musiciens, interpellent la curiosité des villageois, qui les rejoignent souvent. Le cortège passe d’abord par la zone centrale de la commune, avant de faire le tour des maisons. Les danseurs, désignés aussi par le mot « urâții/les moches », font des sauts en avant et en arrière, montent sur les toits ou dans les arbres, jettent de la suie sur les jeunes filles, l’ambiance générale étant plutôt à l’exubérance.



    Sabina Ispas, directrice de l’Institut d’ethnographie et de folklore « Constantin Brăiloiu » de Bucarest, détaille : « Le Nouvel An fait l’objet d’une suite d’actions à caractère cérémonieux et festif, dont la tradition de la sorcova, pratiquée surtout par les enfants très jeunes, est la plus connue. Il y a aussi le colind du Plugușor (La petite charrue), récité par els enfants, et la grande Charrue, portée par des adultes pères de famille. Cette grande Charrue avait initialement une signification de protection et de consécration, deux aspects de la célébration festive de la grande fête, dont les colinde se détachent en tant que rituel. Les sorcovitori et les gens qui portaient la charrue marquaient ainsi le Nouvel An, alors que le rideau final allait tomber à la Saint Jean, à la fin de la première semaine de janvier. Les deux moments exceptionnels – Noël et le Nouvel An – sont liés à la tradition de l’ouverture du ciel. Il est question, en fait, de la perception, la compréhension et l’acceptation de l’acte de théophanie. La divinité toute puissante descendait sur la terre et les gens, et Dieu communiquait directement avec l’homme, sa création. L’ouverture du ciel est un moment spécial, quand les gens peuvent connaître des événements à venir dans l’année qui est sur le point de commencer. Ce n’est pas de la clairvoyance, c’est un message que Dieu envoie aux hommes par un contact direct, sans intermédiaire. »



    Au moment du passage d’une année à l’autre, les gens essaient d’avoir une communication meilleure et aussi complexe que possible avec la divinité. Les jeunes filles tentent de déchiffrer les qualités de leurs futurs époux en associant l’image de différents objets cachés qu’elles doivent trouver. Si elles trouvaient un morceau de charbon, leur promis allait avoir des cheveux bruns. Des brindilles sèches annonçaient un mariage avec quelqu’un de plus âgé.



    Pour la société contemporaine, la période de temps comprise entre Noël et la Saint Jean (le 7 janvier) est une des plus riches en actions cérémonielles et festives. Les feux d’artifices ont pris la place des claquements de fouet, notamment dans les villes, mais leur fonction est inchangée – chasser le temps passé pour faire de la place à un nouveau commencement. Une multitude d’événements ont lieu tout au long de la nuit entre les ans, à travers la planète. Les gens font la fête en famille, entre amis ou dans la rue, même dans le contexte des restrictions introduites exceptionnellement ces deux dernières années, en raison de la pandémie. (Trad. Ileana Ţăroi)




  • Traditions de Noël en Roumanie

    Traditions de Noël en Roumanie

    Noël est une des fêtes les plus aimées des Roumains.
    Moment essentiel dans la transformation du temps, la fête de la Nativité ainsi que les autres dates
    festives sont célébrées par les chrétiens du monde entier. Parmi les rituels
    spectaculaires, respectés par les communautés de jadis et qui font partie du
    patrimoine culturel mondial, le « colindat » – chanter des noëls
    (« colinde ») en faisant le tour des foyers d’une communauté – est
    probablement le plus connu. Dans les communautés roumaines traditionnelles, ce
    rituel avait lieu dans la nuit du 24 au 25 décembre) et il était portait par un
    groupe d’hommes, les « colindători ». C’était un rituel d’intégration
    de chaque famille et de chaque individu dans la communauté, à l’heure sacrée de
    la Naissance de Jésus.






    Un répertoire caractéristique de ce rituel
    d’intégration mentionnait la maison, la famille et chacun de ses membres, à
    commencer par le père, ensuite la mère, les enfants en âge de se marier, les
    autres enfants, plus jeunes. Si un décès avait eu lieu dans un foyer au cours
    de l’année en train de partir, le groupe de chanteurs pouvait entonner un noël
    spécial pour les trépassés. Les colindători recevaient en signe de remerciement,
    entre autres, des gimblettes en forme d’anneau, du vin, un morceau de viande
    spécialement préparé pour eux.








    Natalia Lazăr, directrice du Musée du Pays d’Oaș,
    ajoute: « Parmi les traditions préservées au Maramureş, je
    mentionnerais le « colindat » de la chèvre, qui rappelle les cortèges
    dionysiaques, ou bien le « Viflaim », une forme de théâtre populaire
    chrétien, qui existe toujours dans la Vallée de l’Iza, dans la Vallée de la Mara
    et même au Pays d’Oaş. Je voudrais aussi signaler deux autres coutumes moins
    mentionnés dans les documents, mais qui persistent dans la mémoire collective. Le
    premier, appelé le Jeu des Vieux à Noël (Jocul Moșilor de Crăciun), qui se
    réfère à l’heure sacrée, quand le ciel s’ouvre et les deux mondes peuvent communiquer
    plus facilement. Le second rituel, l’Enterrement de Noël (Îngroparea
    Crăciunului) ou de l’ancienne année, rappelle la mort et la renaissance de
    l’être humain, de la nature. Une autre coutume, bien vivante dans la ville de
    Cavnic, est celle des Brondoși, qui fait allusion aux invasions tatares. Une
    légende des lieux affirme qu’en 1717, les Brondoși avaient réussi défendre la
    bourgade devant l’assaut des hordes tatares. J’ajouterais qu’il existe aussi les
    festivals, d’autres façons de conserver ces traditions de Noël. Nous avons le
    Festival annuel des coutumes et traditions hivernales Marmația, dans la ville de Sighet, qui a lieu
    les deuxième et troisième jours de Noël, ou bien le festival de Negrești-Oaș. »









    Le repas du jour de Noël est
    chargé d’une importance particulière partout en Roumanie. Il est ouvert par une
    prière prononcée par tous les convives, qui se tiennent debout autour de la
    table, signe de communion spirituelle profonde. À la tombée de la nuit, des
    groupes de jeunes gens, munis de flambeaux, vont chanter des noëls à travers le
    village. De beaux chapeaux décorés de brindilles de myrte et de fleurs de
    géranium, viennent compléter leurs costumes traditionnels.








    La gimblette en forme
    d’anneau, spécialement préparée pour le jour de Noël, est toute aussi
    importante, explique Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia
    Mare : « Il s’agit de la gimblette ronde, en forme d’anneau, qui reposera sur
    l’essuie-main festif, sous lequel sera déposée une botte du meilleur foin,
    fauché pour de tels jours de fête. C’est aussi le moment de pétrir la pâte et
    d’enfourner les petites gimblettes, destinées à récompenser les colindători, des
    plus jeunes aux plus âgés. Le père de famille doit aller chercher des noix
    stockées dans le grenier, des pommes. La table devra occuper le milieu de la
    pièce, la maison entière sera joliment décorée. Un très joli rituel local veut
    que les pieds de la table soient reliés avec une chaîne, pour que la nouvelle
    année soit entière, la famille reste unie et pour que, dit-on, les animaux de
    la ferme ne soient pas volés, ni ne tombent malades. L’homme de la maison sort
    des bouteilles de « pălinca » de la cave, car il est tenu
    d’accueillir les colindători, en leur offrant à boire et en les invitant à
    franchir le seuil de la maison. Quand le jour se lèvera, ce sera le tour des
    enfants d’aller chanter des noëls. »







    La
    société moderne a ajouté d’autres significations à la fête de Noël. Dans les
    villes, la période d’avant Noël se transforme en un marathon de shopping. Les
    cadeaux pour les gens que l’on aime, le sapin, les décorations et les mets pour
    le repas de Noël sont des éléments indispensables pour ceux qui souhaitent passer
    d’inoubliables journées festives, même dans le contexte de la pandémie auquel
    nous nous confrontons aujourd’hui. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Résidence d’artistes « Soleil de L’Est »

    Résidence d’artistes « Soleil de L’Est »

    L’association « Soleil
    de L’Est » offre au public une nouvelle exposition, accueillie par le
    foyer Media du Théâtre national de la capitale roumaine. Cette exposition,
    résultat de l’étape Bucarest du projet « Résidence
    d’artistes « Soleil de L’Est », à Luynes, sur la Vallée de
    la Loire, France, 2021 », rassemble des créations des peintres roumains
    contemporains qui ont participé aux résidences d’artistes mises à leur
    disposition par l’association entre 2001 et 2021. Les toiles ont été réalisées
    au retour en Roumanie, sous l’effet des impressions et des émotions vécues
    pendant le séjour français.






    Valentin Tănase, commissaire
    de l’exposition, a parlé de l’association « Soleil de L’Est » et des
    auteurs des ouvrages exposés : « Cette exposition est mise en place par
    l’association « Soleil de
    L’Est », qui est active
    principalement en France. Elle y invite des artistes plasticiens de Roumanie à
    des stages de création, des résidences d’artistes, l’occasion de visiter et de s’informer dans des centres culturels
    français importants. L’exposition, accueillie par le Théâtre national,
    rassemble des créations de 65 artistes roumains contemporains de tous les âges.
    Il y en a des consacrés, mais aussi des jeunes, qui cherchent à se frayer un
    chemin dans cette zone artistique difficile. Il y a même des ouvrages dont les
    auteurs nous ont quitté au cours de cette dernière année et auxquels nous avons
    voulu rendre hommage. C’est une exposition d’une grande diversité, car les
    peintres proviennent de zones et de milieux différents, avec des styles
    personnels très visibles, soutenus par une sincérité évidente. L’élément
    commun, qui les relie tous, est le respect pour l’art et pour la sincérité de
    l’acte de création. C’est une exposition éclectique, comme toute exposition
    collective, mais elle donne une idée de ce qu’est l’art contemporain roumain. »






    Valentin Tănase a expliqué
    comment l’exposition avait été réalisée et combien d’artistes roumains avaient
    participé aux résidences « Soleil de L’Est » : « Organiser une exposition est une activité à part entière, avec des
    coordonnées bien définies. Il y a tout d’abord la contrainte d’espace. Ensuite,
    puisque les artistes ont le libre choix des ouvrages qu’ils veulent exposer, le
    commissaire de l’exposition doit savoir créer une harmonie de couleurs et de
    styles, ce qui n’est pas toujours évident. Chaque toile doit être mise en
    valeur, en tenant compte des orgueils individuels, il faut donc trouver des
    solutions pour qu’un artiste ne soit pas éclipsé, disons, par un autre. C’est
    une tâche délicate, qui demande du temps, de la patience et une certaine dextérité.
    Plus de cent artistes ont participé à ce projet et je dirais qu’une bonne
    partie des noms importants de l’art roumain contemporain ont pratiquement
    bénéficié de ces séjours créatifs en France, sous l’égide de l’association « Soleil
    de L’Est ». Souvent, les expositions ont eu lieu en France, car
    l’association établit de nombreux contacts avec des entités culturelles
    françaises, des mairies, des centres culturels, des organisations, pour trouver
    des espaces adéquats. L’association a également publié plusieurs albums, a
    présenté les expositions et les artistes roumains dans les médias, car son
    activité vise à promouvoir l’art roumain en Europe Occidentale. »






    Valentin Tănase a décrit le
    fonctionnement de la résidence d’artistes : « Tout d’abord, les
    artistes sont invités à séjourner dans des endroits d’une grande richesse
    artistique, culturelle et historique de France, des lieux où des géants de
    l’art universel ont trouvé des sources d’inspiration. En même temps, ces résidences sont des occasions pour les
    artistes de se rencontrer, d’échanger des idées et des opinions, de s’enrichir
    mutuellement de leurs expériences respectives. L’association « Soleil de
    L’Est » détient une collection permanente d’œuvres, créées par de nombreux
    artistes contemporains, qu’elle présente dans des expositions temporaires,
    ouvertes dans des centres importants, aussi ailleurs qu’en France. »






    L’artiste
    plasticien Victor Dima, lui aussi commissaire de l’exposition de Bucarest, a
    ajouté, au sujet des résidences d’artistes « Soleil de L’Est » : « Nous avons
    appelé les artistes, qui avaient participé, à travers le temps, aux résidences
    organisées par l’association, et chacun d’entre eux a choisi l’ouvrage qu’il ou
    elle a considéré comme la plus représentative de l’étape de création actuelle. Il y a eu des expositions
    aux Pays-Bas, en Belgique, en Autriche, le public occidental a eu l’occasion
    d’entrer en contact avec les artistes est-européens, avec leurs œuvres, et avec
    les évolutions actuelles de l’art plastique dans cette région de l’Europe. D’habitude,
    les résidences accueillent 4 ou 5 artistes, qui se voient offrir l’hébergement
    et les matériaux pour travailler et qui peuvent se documenter sur les zones où
    ils se trouvent et même sur des zones plus éloignées. On rencontre des artistes
    locaux et leurs œuvres, on échange sur nos expériences et nos impressions, on
    travaille en plein air ou dans l’atelier, le but étant de créer des œuvres
    représentatives. »







    Victor Dima a
    aussi parlé de la pandémie et de ses effets sur son travail : « Il y
    aurait deux points de vue, totalement opposés: d’une part, cette pandémie nous a
    affectés, comme elle l’a fait avec tous les autres. Mais, du point de vue
    artistique, je considère qu’elle a été une bénédiction, en quelque sorte, car
    les artistes, obligés à passer plus de temps dans leur atelier au lieu de se
    disperser dans d’autres activités, ont eu davantage de temps pour créer. Et le
    fait que nous avons des ouvrages d’un bon niveau artistique, selon moi, prouve
    que, même si la pandémie nous a affectés en tant qu’individus, elle a eu un
    certain effet positif pour les artistes. », a conclu Victor Dima. (Trad. Ileana Taroi)

  • Le Prix Spécial Gopo attribué à la critique de cinéma Magda Mihăilescu

    Le Prix Spécial Gopo attribué à la critique de cinéma Magda Mihăilescu

    Lors
    du quinzième Gala des Prix Gopo, la critique de cinéma film Magda Mihăilescu s’est
    vu attribuer le Prix spécial pour l’ensemble de sa carrière. Diplômée du
    département de journalisme de la Faculté de philosophie de l’Université de
    Bucarest, membre de l’Union des cinéastes de Roumanie et de la Fédération
    internationale des critiques de cinéma (FIPRESCI), Magda Mihăilescu a débuté en
    1964, en tant que chroniqueuse cinéma, dans les pages de la revue Flacăra. Elle passe ensuite au quotidien
    Informația Bucureștiului, une
    rédaction qu’elle quitte en 1982, lorsqu’elle se voit interdire de travailler
    dans la presse. Magda Mihăilescu reprend l’activité journalistique après 1990, avec
    une rubrique cinéma au quotidien Adevărul
    et la page cinéma Travelling de la
    revue Adevărul Literar și Artistic,
    qu’elle assure de 1991 à 2005. Entre 2005 et 2008, elle est titulaire de la
    rubrique cinéma du journal Gândul. Depuis
    2005, elle est journaliste indépendante et publie des articles dans le journal
    en ligne DCNEWS, dans la revue virtuelle de l’Union des cinéastes Aarc et dans
    la revue de cinéma italienne Otto e mezzo.

    En 1969, Magda Mihăilescu publie son premier volume, une monographie consacrée
    à l’actrice Sophia Loren, qui sera suivie de plusieurs études sur l’histoire du
    cinéma et de contributions à des ouvrages collectifs. Elle a signé, aux côtés
    de quatre autres critiques européens, le volume Guardare in faccia il male, Lucian Pintilie fra cinema e teatro
    (Italia, Pesaro, 2004). Elle est l’auteure des ouvrages Ces Giocondes sans sourire-Conversations avec Malvina Urşianu (Éditions
    Curtea Veche, 2006), François Truffaut – L’homme
    qui aimait les films
    (Éditions Curtea Veche, 2009), Ma sœur d’Australie-Vieilles rencontres avec Irina Petrescu (Les
    éditions de l’Union des cinéastes, 2019).Elle a coordonné, avec Cristina
    Corciovescu, également critique de cinéma, les ouvrages Les dix meilleurs films roumains de tous les temps (Éditions
    Polirom, 2010) et De camarade Ceaușescu à
    monsieur Lăzărescu (Éditions Polirom, 2011).

    En 2009, après la sortie du
    livre consacré à François Truffaut, le critique de cinéma Alex.Leo Șerban écrivait
    dans la revue culturelle Dilema: « Le
    livre de Magda Mihăilescu, François
    Truffaut – L’homme qui aimait les films
    , est, à mes yeux, le meilleur livre
    de cinéma jamais écrit en roumain. » Nous avons interrogé Magda Mihăilescu
    sur sa passion pour le réalisateur français, une passion née dès sa première
    rencontre avec l’œuvre de Truffaut, lors de la projection du film Les quatre cents coups. « François Truffaut m’a
    bouleversée et m’a marquée pendant une certaine période. Ma carrière venait de
    commencer lorsque j’ai découvert son art. Ce qui m’a impressionnait chez lui c’était
    la façon dont il avait construit sa carrière, et quand je dis ça, je pense à
    son parcours dans le cinéma en général, pas seulement en tant que réalisateur,
    car Truffaut – c’est bien connu – a été un des plus « furieux »
    critiques français, avec une approche inédite du cinéma de l’Hexagone. Ce changement
    de carrière m’a intéressée et m’a séduite, l’idée de voir comment le critique
    colérique et furibond, le fossoyeur du cinéma français selon certaines voix,
    s’est transformé en un critique calme, classique presque, mais qui a réussi à agiter
    les eaux de la modernité. J’ai été intéressée de voir comment il s’était
    construit cette carrière d’homme de cinéma, en passant de la condition de
    critique à celle de plus important cinéaste français de l’après-guerre. C’est
    la vérité, qu’on l’accepte ou non. Jean-Luc Godard, pour mentionner quelqu’un
    de bien plus spectaculaire du monde du cinéma, a peut-être fondé une école.
    Truffaut, lui, n’a pas fondé d’école, mais ils sont nombreux à rêver d’arriver
    au même bout de chemin que lui. J’ai été impressionnée par sa condition
    tellement complexe. Sans l’avoir jamais rencontré – et ça c’est un des
    paradoxes de ma vie, j’ai rencontré de grands cinéastes, mais pas Truffaut -
    tout ce que j’ai lu ou entendu dire de lui m’a fait comprendre qu’il était
    quelqu’un de très humain, un être plein de charme et très généreux. De nombreux
    jeunes cinéastes français ont fait leurs débuts grâce au soutien financier de
    Truffaut, qui n’en a jamais parlé, d’ailleurs. »
    , a-t-elle répondu.


    Durant sa carrière, Magda Mihăilescu a interviewé
    en exclusivité pour la Roumanie de grands cinéastes tels Federico Fellini,
    Sophia Loren, Ennio Morricone, Andrzej Wajda, Orson Welles, Laurence Harvey,
    Marco Bellocchio, Claude Lelouch, André Téchiné, Fanny Ardant, Jean-Paul
    Belmondo, Emir Kusturica. Magda Mihăilescu évoque sa rencontre avec Federico
    Fellini. « Ma rencontre avec Federico Fellini a
    été un miracle. J’étais à Rome au moment où il tournait « Amarcord » à
    Cinecittà. Et je peux vous dire que j’ai eu cette chance d’être suffisamment
    jeune et en forme, car, lorsque j’ai reçu l’autorisation d’assister au
    tournage, on m’a dit que personne ne pouvait me recommander à Fellini. Je
    pouvais donc m’installer sur le plateau de tournage, Fellini tournant jour et
    nuit, et résister autant que possible : si Fellini remarquait ma présence,
    il viendrait me parler. Ce fut donc un test de résistance pour moi et, deux
    jours plus tard, Fellini s’est approché de moi et m’a demandé ce que je faisais
    là, quel était mon travail. Et c’est comme ça que j’ai pris part à cette magie,
    de regarder Fellini travailler. C’est difficile de le raconter, mais quand j’ai
    écrit mon reportage, j’ai quand même été capable de trouver les mots pour le
    faire. C’est difficile de raconter Fellini, car il jouait tout le temps sur le
    plateau de tournage, avec les figurants, avec tout le monde qui était là. Il
    tournait une scène d’hiver en plein été, avec de la neige artificielle
    bien-sûr, et il était là, enveloppé dans un manteau épais, alors que nous
    autres portions des vêtements d’été, car on était en juin. Et il est venu nous
    demander comment on faisait pour ne pas avoir froid. Malheureusement, je ne
    suis pas entrée dans son jeu pour feindre le froid, sans comprendre que la
    réalité inventée par Fellini était plus forte que la réalité météorologique. Il
    était comme ça, Federico Fellini. On a dit qu’il était un sorcier et c’est vrai.
    Le fait d’assister à ce tournage a probablement été le plus fort moment de mes
    rencontres avec le miracle de la naissance du cinéma. »
    , a conclu Magda
    Mihăilescu. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • NeoNlitic 3.0

    NeoNlitic 3.0

    L’automne 2021 a fait vivre la troisième édition du projet culturel, de documentation historique et d’exposition NeoNlitic 3.0, qui se propose de rapprocher les cultures préhistoriques de trois pays – la Roumanie, la Serbie et la Grèce. Nous avons échangé sur ce sujet avec l’artiste Andrei Cornea, un des auteurs du projet : « C’est une édition NeoNlitic qui s’est proposé de faire avancer l’exploration des cultures néolithiques présentes sur les territoires de la Roumanie et des pays voisins, la Serbie et la Grèce en l’occurrence. Après deux éditions consacrées aux cultures de Hamangia et de Cucuteni, de Roumanie, cette année nous nous sommes inspirés des cultures de Starčevo-Körös-Criș et de Vinca, présentes en Roumanie et en Serbie, alors qu’en Grèce nous avons analysé la culture de Sesklo, devancière de celle de Starčevo-Körös-Criș. En fait, nous nous sommes proposés de faire à peu près la même chose, c’est-à-dire de montrer au public des créations d’artistes vivant dans des environnements différents, mais qui ont eu la même source d’inspiration. »

    L’artiste Daniel Loagăr, second auteur du projet, nous a expliqué plus en détail le concept de NeoNlitic : « NeoNlitic est un projet qui apporte des solutions différentes à un défi partagé, celui de notre histoire commune. Il est en lien avec les premiers temps de l’humanité telle que nous la connaissons, avec l’apparition de l’homme moderne, mais aussi avec l’apparition de l’art dans le monde. NeoNlitic est un projet nostalgique, car il explore le premier âge de l’humanité, nos commencements. Mais c’est aussi un projet qui veut mettre en lumière cette époque historique peu connue. Nous n’avons pas voulu imiter les motifs esthétiques de cette période-là, nous avons innové en utilisant des matériaux et des techniques modernes, dans une démarche comparative qui crée des ponts entre le passé et le présent, entre le passé et l’avenir. C’était aussi un défi lancé aux artistes, celui d’assumer et de porter plus loin leurs origines en utilisant des techniques et des styles personnels. »

    Andrei Cornea a ajouté : « Nous avons reçu de nombreuses réponses à notre appel à candidatures et la sélection n’a pas été facile. Mais nous avons réussi à rassembler un groupe final de 24 artistes contemporains des trois pays impliqués dans les projets. »

    Daniel Loagăr nous a offert un tour guidé d’une des sélections d’ouvrages présentés dans le projet : « Cette année, l’offre artistique du NeoNlitic 3.0 a été éclectique, incluant des animations vidé de Daniel Florea (Roumanie) et de Georgia Orfanidou (Grèce) ; un court-métrage d’un artiste serbe et une performance d’une autre artiste de Serbie, présente dans deux expositions du projet ; des sculptures céramiques réalisées par des artistes de Grèce, Serbie et Roumanie; de nombreuses installations artistiques, des lithographies, des mix-media et des bas-reliefs fluorescents, des peintures. Parmi les créations présentées, je mentionnerais le bas-relief fluo « NeoNlitic Tomb » d’Alexandru Răduță; la vidéo-animation « The Anatomy of Existence » de Florea Alexandru Daniel; l’installation lumineuse manifeste de l’artistes grec Yannis Didaskalou; l’installation sculpture fluo « Hommo Geometricus » de Valentin Soare; la sculpture céramique « Dark Metal » de Vlad Basarab; la vidéo « NeoNlitic Ladies » de Darko Trajanovic; le mix-media « Geological Section » d’Ion Alexandru. Nous avons aussi eu des installations interactives. Alex Manea a imaginé et confectionné un instrument musical de l’Âge de la pierre, qu’il a appelé « Litofon » et le public a interagi avec. »

    Daniel Loagăr nous a également parlé de certains aspects de la documentation du projet NeoNlitic 3.0 : « La documentation du cette édition du projet NeoNlitic 3.0 a eu une partie histoire et archéologie, avec des visites de sites archéologiques et de musées, et puis une partie artistique, avec des visites de galeries d’art et de musées et des rencontres avec des artistes des lieux. En Roumanie, nous avons cherché les traves de la culture de Vinca et de Starčevo-Criș dans la région d’Alba Iulia, où nous avons visité entre autres le site de Tărtăria, célèbre pour les tablettes sur lesquelles il y a, parait-il, une forme de proto-écriture. Nous sommes allés, ensuite, en Serbie, également sur les traces de la culture de Vinca et de Starčevo-Criș. Nous avons passé une journée à Novi Sad, pour visiter des galeries d’art et le musée d’art contemporain de la ville. À Belgrade, nous avons visité le Musée d’archéologie, le Musée Zepter et la Galerie X-vitamin, où nous avons rencontré Milorad Stajcic, un des artistes confirmés de l’édition de cette année. Et puis, nous nous sommes rendus sur le fabuleux site archéologique de Vinca, toujours actif sur les rives du Danube où les premières traces de cette culture ont été découvertes. Au retour en Roumanie, nous avons eu l’occasion de passer par un autre site fabuleux, lui-aussi au bord du fleuve, le site de Lepesnski Vir, celui du premier établissement humain d’Europe, du Mésolithique tardif, et des premières sculptures monumentales de notre continent. »

    À la fin de l’entretien, Andrei Cornea nous a parlé des sources d’inspiration, de l’exposition itinérante du projet, mais aussi de l’avenir de NeoNlitic : « Les sources d’inspiration ont, bien-sûr, été les idoles néolithiques, les statuettes rituelles, l’esthétique de la poterie de cette période-là. Notamment la première forme d’écriture retrouvée sur les tablettes de Tărtăria (centre de la Roumanie), les rites funéraires. La majorité des artistes a trouvé son inspiration dans l’esthétique des objets de culte et dans les coutumes de l’époque. Le projet s’est concrétisé en une exposition itinérante qui a été débuté au Musée national de Zrenjanin, en Serbie. Nous l’avons ensuite présentée en Roumanie, à la Galerie souterraine de Timișoara (ouest), et enfin en Grèce, à Salonique, à la Galerie Bensousan Han, une ancienne auberge du début du siècle passé. Pour ce qui est de l’avenir, nous sommes en train de négocier la continuation, mais on n’en dira pas plus, pour l’instant. Tout ce que je peux vous dire c’est que ce sera une surprise, avec une sélection des ouvrages présentés aux trois éditions, exposés très probablement bientôt à Brașov (centre). » a conclu l’artiste Andrei Cornea.

  • « casedemuzicieni.ro »

    « casedemuzicieni.ro »

    Un
    nouveau site est venu enrichir l’espace virtuel en ce mois de novembre. Dédié à
    l’histoire musicale de la capitale roumaine, Bucarest, le site
    « casedemuzicieni.ro » s’adresse principalement les épris de musique,
    bien-sûr, mais aussi d’architecture et de culture en général. Sa cible en est
    le grand public de tous les âges, celui des habitants de Bucarest et des
    touristes, roumains ou étrangers, qui cherchent à apprendre davantage sur
    l’histoire de la ville. Sur le site, un guide virtuel nous invite à flâner dans
    des rues au visage d’antan, à contempler un tableau à la fois objectif et
    subjectif à travers les histoires personnels de grands musiciens ayant marqué
    la mémoire affective et culturelle de la capitale.

    Pour Ștefan Costache,
    journaliste à Radio România Muzical (la station musicale de la radiodiffusion
    publique) et un des auteurs dudit projet, cette initiative était bien
    nécessaire. « Ce projet, imaginé
    par petit un groupe de collègues et amis, a eu deux volets : la
    réalisation du site casedemuzicieni.ro (maisons de musiciens), en roumain et en
    anglais, et la mise en page, via Google Maps, les ayant appartenu à Anton Pann, un des pères
    fondateurs de la culture musicale dans notre espace géographiques. D’autres
    sont en fait des appartements dans des immeubles à étages, modernes, où ont
    habité, peut-être sans vraiment le souhaiter, de grands musiciens, tels Pascal
    Bentoiu, un immense compositeur et très probablement le meilleur spécialiste de
    George Enescu de tous les temps. Ce projet a été rendu possible notamment par
    le financement obtenu à travers le programme « București oraș deschis/Bucarest
    ville ouverte 2021 ». Cette carte artistique et affective de la ville
    fournit bien plus que des informations objectives, car ces maisons ont une
    signification particulière pour nous, habitants de la capitale. C’est ma
    collègue de rédaction et amie Monica Isăcescu qui en eu l’idée et nous en
    sommes neuf impliqués. D’ailleurs, Monica et moi nous impliquons dans des
    projets culturels depuis une bonne dizaine d’années. Nous avons débuté avec
    « Lipatti », qui est lui-aussi inclus dans le présent projet, sur
    lequel nous avons travaillé avec Petre Fugaciu, Ioana Marghita, Maria Monica
    Bojin, auteure de la traduction en anglais des textes postés sur le site, Andreea
    Chircă, architecte et doctorante chargée de la composante architecturale des
    présentations, Daniel Ivașcu, créateur du site et, pas en dernier lieu, notre amie photographe Andra Aron, qui a
    arpenté les rues bucarestoises, munie de sa caméra, pour prendre ces photos
    d’architecture tellement spéciales. Pour que vous ayez une idée de ce que cela
    veut dire, sachez que la fin de l’automne et l’hiver, quand les feuillages
    disparaissent, sont les meilleures périodes de l’année pour faire de telles
    photos. »


    Ștefan
    Costache raconte aussi qu’un travail invisible se cache derrière le site casedemuzicieni.ro, riche en informations particulièrement
    intéressantes. « La documentation est
    un véritable travail de détective, très gratifiant. Il faut d’abord identifier
    les anciennes adresses de ces grands musiciens, ensuite les confirmer et
    chercher un maximum de détails là-dessus. Pour l’instant, le nombre de visites,
    ciblées sur certains compositeurs, est notre principal moyen de suivi, mais je
    dirais deux composantes détermineront la popularité des noms : la valeur
    et la popularité des musiciens, d’un côté, et l’intérêt pour l’architecture des
    maisons, de l’autre. Je vous en donnerais trois exemples: George Enescu et le
    Palais Cantacuzino, qui subit actuellement de gros travaux de rénovation ;
    ensuite le légendaire maître du piano, Dinu Lipatti, dont les admirateurs sont
    nombreux à travers le monde, certains d’entre eux faisant des recherches sur
    son œuvre ici, en Roumanie ; et, enfin, le grand violoniste Ion Voicu,
    dont la très belle demeure s’érige au centre-ville de Bucarest.
    »


    Selon
    le journaliste musical Ștefan Costache, l’équipe à l’origine du site casedemuzicieni.ro nourrit de beaux espoirs pour l’avenir. « Nous avons été
    surpris de voir l’excellent accueil de notre idée, avant même le lancement du
    site. Il existe aussi de l’intérêt pour une suite, et d’ailleurs le projet est
    interactif : les internautes qui découvrent de nouvelles informations et
    nous les envoient via l’adresse électronique mentionnée sur le site, verront
    leurs noms mentionnés lors de l’affichage des données en question. Ce projet a
    donc toutes les chances de s’agrandir. Nous essaieront de l’élargir aux
    musiciens du genre pop, car il y en a des classiques qui méritent de se
    retrouver sur le site. Et nous envisageons aussi d’apposer des plaques
    commémoratives sur les façades de ces demeures de musiciens, bien-sûr dans la
    mesure où les propriétaires actuels acceptent cette idée.
    »-a
    conclu Ștefan
    Costache, journaliste culturel à Radio Roumanie Musique. (Trad. Ileana Taroi)

  • casedemuzicieni.ro

    casedemuzicieni.ro

    Dédié à l’histoire musicale de la capitale roumaine, Bucarest, le site « casedemuzicieni.ro » s’adresse principalement les épris de musique, bien-sûr, mais aussi d’architecture et de culture en général. Sa cible en est le grand public de tous les âges, celui des habitants de Bucarest et des touristes, roumains ou étrangers, qui cherchent à apprendre davantage sur l’histoire de la ville. Sur le site, un guide virtuel nous invite à flâner dans des rues au visage d’antan, à contempler un tableau à la fois objectif et subjectif à travers les histoires personnels de grands musiciens ayant marqué la mémoire affective et culturelle de la capitale.

    Pour Ștefan Costache, journaliste à Radio România Muzical (la station musicale de la radiodiffusion publique) et un des auteurs dudit projet, cette initiative était bien nécessaire : « Ce projet, imaginé par petit un groupe de collègues et amis, a eu deux volets : la réalisation du site casedemuzicieni.ro (maisons de musiciens), en roumain et en anglais, et la mise en page, via Google Maps, d’une carte qui aide à se rendre aux maisons, plus ou moins anciennes, en question. Il y en a qui sont vraiment anciennes, par exemple celles ayant appartenu à Anton Pann, un des pères fondateurs de la culture musicale dans notre espace géographiques. D’autres sont en fait des appartements dans des immeubles à étages, modernes, où ont habité, peut-être sans vraiment le souhaiter, de grands musiciens, tels Pascal Bentoiu, un immense compositeur et très probablement le meilleur spécialiste de George Enescu de tous les temps. Ce projet a été rendu possible notamment par le financement obtenu à travers le programme « București oraș deschis/Bucarest ville ouverte 2021 ».

    Cette carte artistique et affective de la ville fournit bien plus que des informations objectives, car ces maisons ont une signification particulière pour nous, habitants de la capitale. C’est ma collègue de rédaction et amie Monica Isăcescu qui en eu l’idée et nous en sommes neuf impliqués. D’ailleurs, Monica et moi nous impliquons dans des projets culturels depuis une bonne dizaine d’années. Nous avons débuté avec « Lipatti », qui est lui-aussi inclus dans le présent projet, sur lequel nous avons travaillé avec Petre Fugaciu, Ioana Marghita, Maria Monica Bojin, auteure de la traduction en anglais des textes postés sur le site, Andreea Chircă, architecte et doctorante chargée de la composante architecturale des présentations, Daniel Ivașcu, créateur du site et, pas en dernier lieu, notre amie photographe Andra Aron, qui a arpenté les rues bucarestoises, munie de sa caméra, pour prendre ces photos d’architecture tellement spéciales.

    Pour que vous ayez une idée de ce que cela veut dire, sachez que la fin de l’automne et l’hiver, quand les feuillages disparaissent, sont les meilleures périodes de l’année pour faire de telles photos. » Ștefan Costache raconte aussi qu’un travail invisible se cache derrière le site casedemuzicieni.ro, riche en informations particulièrement intéressantes : « La documentation est un véritable travail de détective, très gratifiant. Il faut d’abord identifier les anciennes adresses de ces grands musiciens, ensuite les confirmer et chercher un maximum de détails là-dessus. Pour l’instant, le nombre de visites, ciblées sur certains compositeurs, est notre principal moyen de suivi, mais je dirais deux composantes détermineront la popularité des noms : la valeur et la popularité des musiciens, d’un côté, et l’intérêt pour l’architecture des maisons, de l’autre. Je vous en donnerais trois exemples: George Enescu et le Palais Cantacuzino, qui subit actuellement de gros travaux de rénovation ; ensuite le légendaire maître du piano, Dinu Lipatti, dont les admirateurs sont nombreux à travers le monde, certains d’entre eux faisant des recherches sur son œuvre ici, en Roumanie ; et, enfin, le grand violoniste Ion Voicu, dont la très belle demeure s’érige au centre-ville de Bucarest. »

    Selon le journaliste musical Ștefan Costache, l’équipe à l’origine du site casedemuzicieni.ro nourrit de beaux espoirs pour l’avenir : « Nous avons été surpris de voir l’excellent accueil de notre idée, avant même le lancement du site. Il existe aussi de l’intérêt pour une suite, et d’ailleurs le projet est interactif : les internautes qui découvrent de nouvelles informations et nous les envoient via l’adresse électronique mentionnée sur le site, verront leurs noms mentionnés lors de l’affichage des données en question. Ce projet a donc toutes les chances de s’agrandir. Nous essaieront de l’élargir aux musiciens du genre pop, car il y en a des classiques qui méritent de se retrouver sur le site. Et nous envisageons aussi d’apposer des plaques commémoratives sur les façades de ces demeures de musiciens, bien-sûr dans la mesure où les propriétaires actuels acceptent cette idée. »-a conclu Ștefan Costache, journaliste culturel à Radio Roumanie Musique.

  • Les journées LittleLIT

    Les journées LittleLIT

    Plus de 650 enfants ont profité des ateliers, séances de lecture et autres lancements de livre, lors des Journées LittleLIT – Ensemble, la plus importante rencontre automnale dédiée à la littérature d’enfance et de jeunesse organisée par l’association De Basm/De conte merveilleux. Les élèves ont été invités à participer à plus de vingt-cinq événements en ligne, étalés sur une semaine: ateliers de lecture animés par des auteurs roumains de livres pour enfants et jeunesse, dans des établissements scolaires de Bucarest, Timișoara et Cluj ; échanges entre des professionnels de la littérature d’enfance et de jeunesse (auteurs, illustrateurs, traducteurs, éditeurs, communicateurs, libraires) ; événements grand public.

    Le thème de cette année, « Împreună/Ensemble », a été spécialement choisi pour contrebalancer l’atmosphère sociale actuelle, dominée par la peur, la solitude et l’isolement, explique l’écrivaine Victoria Pătrașcu, membre fondatrice de l’association « De conte merveilleux ». « Lorsque nous avons réfléchi à ce projet, il y a un an, nous ne pensions pas nous retrouver dans la même situation, cloîtrés à la maison. Nous aurions aimé être en présence des enfants, écouter leurs questions. Malheureusement, ça n’a pas été le cas, mais ça ne veut pas non plus dire que nous ne pouvons pas être ensemble, malgré les circonstances difficiles, pour que le conte LittleLIT continue de la meilleure façon. LittleLIT est né d’une collaboration entre l’association « De conte merveilleux » et EUNIC (Le réseau des instituts culturels nationaux de l’Union européenne) Roumanie, dans le cadre des Journées de la littérature européenne. Ce fut notre noyau, pour ainsi dire, un projet qui donne la possibilité aux auteurs roumains contemporains de littérature jeunesse de rencontrer leurs lecteurs et aux enfants de faire la connaissance de ceux qui écrivent pour eux. Ce noyau a grandi et, en 2019, nous avons organisé une première édition appelée LittleLIT Oglindiri/Reflets, en partenariat avec cinq instituts culturels étrangers. Cinq écrivains étrangers invités ont animé des ateliers pour les écrivains roumains, car nous avons tenu à ce que nos auteurs aient accès à des exemples de bonnes pratiques pour se faire mieux connaître, pour acquérir du savoir-faire, pour peaufiner leur écriture. Et nous avons aussi organisé des rencontres avec des lecteurs potentiels, dans des établissements scolaires ou dans des milieux moins favorisés, où les enfants n’ont pas d’accès à la culture. »

    « Les Journées LittleLIT – Ensemble » ont été imaginées pour souligner l’importance des livres et de la lecture pour le développement des enfants, auxquels nous donnons la possibilité de rencontrer des livres spécialement écrits pour eux et les auteurs de ces livres. Le projet se veut également un espace de dialogue pour les professionnels de la littérature jeunesse (écrivains, éditeurs, enseignants, promoteurs de la lecture) de Roumanie et d’autres pays européens. L’association De Basm/De conte merveilleux continue à consolider le dialogue avec les établissements scolaires et les enseignants, en proposant des méthodes d’utilisation de la littérature jeunesse en classe. L’écrivaine Victoria Pătrașcu a expliqué les raisons de la création de l’association, en 2018. « Nous nous sentions un peu seuls et perdus dans la grande littérature roumaine et il nous a semblé injuste que la littérature pour enfants soit traitée en paria de la création littéraire. Il n’y a jamais eu de prix de littérature jeunesse roumaine, ou alors, si de tels prix existent, ils ne sont jamais attribués à qui que ce soit. Pourtant, nous avons un nombre croissant d’auteurs de livres pour enfants, des auteurs qui ont de plus en plus de succès. Certains d’entre nous ont participé à des foires internationales du livre, par exemple à celle, extraordinaire, de Bologne, en Italie, et ils ont mieux compris l’importance de ce genre littéraire dans le monde. C’est un genre qui forme ses lecteurs et qui grandit d’une année à l’autre. Les ventes de livres ont baissé, certes, mais la littérature d’enfance et jeunesse se développe, fait gagner de l’argent, ce qui devrait intéresser les maisons d’éditions. Il y en a qui ont bien saisi cette réalité et qui ont imaginé des collections spéciales, comprenant que cette littérature fait gagner des bénéfices matériels, en plus de ceux déjà connus, à savoir former de nouveaux lecteurs, développer l’esprit des enfants, les aider à se développer. En 2018, quand nous avons créé l’association De Basm, les choses étaient pires qu’aujourd’hui, donc nous avons pensé à devenir des professionnels. Nous avions plusieurs exemples, dont certains des pays nordiques, qui nous montraient qu’ensemble nous pouvions faire plus. Et c’est ce qui est arrivé. Nous avons été quatre écrivaine – Adina Rosetti, Laura Grünberg, Iulia Iordan et moi-même, qui ont fait naître cette association De Basm. Trois années plus tard, nous sommes déjà 20 écrivains, nous avons trois caravanes qui ont parcouru des dizaines de communes, et des centaines d’ateliers réalisés avec les enfants. Et nous organisons aussi cet événement, les Journées LittleLIT, en fait un festival de littérature pour enfants. Et nous avons aussi un canal youtube que nous souhaitons développer. »

    Les trois grands lancements de livre dédiés aux invitées spéciales de l’édition 2021 des Journées LittleLIT – les écrivaines suédoise Åsa Lind, suisse Dana Grigorcea et roumaine Lavinia Braniște – ont rassemblé plus de 2000 jeunes lecteurs. Même succès lors des deux événements réservés aux spécialistes – l’incubateur-webinaire sur le thème « Le marché national du livre pour enfants: un monde magique aux problèmes terriens » et la classe de maître donnée par les invitées spéciales. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La neuvième édition du Festival international de littérature et traduction d’Iaşi

    La neuvième édition du Festival international de littérature et traduction d’Iaşi

    La neuvième édition du Festival international de
    littérature et traduction – FILIT, a animé la ville d’Iaşi (nord-est) du 20 au 24
    octobre. Des invités de dix pays ont été les protagonistes d’une ample panoplie
    de manifestations, telles que rencontres avec les lecteurs, débats,
    expositions, concerts. Bénévoles, invités et public ont eu l’occasion de
    bénéficier de visites personnalisées de cinq musées inaugurés il n’y a pas très
    longtemps, à savoir le Musée du pogrome d’Iaşi, le Musée du théâtre juif en
    Roumanie, le Musée de la poésie, le Musée de la littérature roumaine et le
    Musée de l’enfance sous le régime communiste.








    Parmi les invités à l’édition 2021 du FILIT, l’on a pu rencontrer
    José Luís Peixoto, celui que l’écrivain José Saramago décrivait
    comme « l’une des révélations les plus surprenantes de la nouvelle
    littérature portugaise ». Deux projets éditoriaux des Éditions des Musées
    littéraires ont été très appréciés : il s’agit de la collection « Parodies
    originales », faite de cinq volumes réunissant des créations de cinquante
    poètes contemporains, et de la collection dont le premier volume est consacré à
    trois des plus appréciés poètes de Croatie.






    L’écrivain Florin
    Lăzărescu, membre fondateur et coordinateur de programmes FILIT, explique les
    projets mentionnés : « Pratiquement,
    les auteurs classiques, les patrons des musées littéraires d’Iaşi – Vasile
    Alecsandri, Otilia Cazimir, Mihai Codreanu, Mihai Eminescu et George Topîrceanu
    – n’ont été que des prétextes pour la collection « Parodies originales ». Nous avons insisté sur cet aspect et
    suggérer aux poètes de garder le titre et un vers d’un poème, qu’ils
    compléteraient ensuite dans leur style personnel. À la fin, il en a résulté ces
    cinq volumes collectifs de créations d’une grande qualité poétique, que tout le
    monde commence à remarquer. En plus, cinquante personnes font la promotion du
    projet, ce qui lui donne une visibilité extraordinaire. Je suis très content de
    la parution de ces volumes, une entreprise pas facile, vu qu’il s’agissait de
    cinq livres de poésie réalisés en trois mois. Nous avons dû faire face à toute
    sorte de situations, parfois amusantes. On a proposé, par exemple, à un poète
    de participer au projet et le lendemain même il nous a livré cinq poèmes
    impeccables. Ou bien il y a d’autres poètes qui avaient promis de nous remettre
    leurs créations au bout d’une semaine et qui l’avaient fait après deux mois,
    mais bon, ils avaient écrit de très beaux poèmes. Il y en a eu d’autres encore
    qui ont voulu s’impliquer dans le projet, mais ils ont fini par renoncer, faute
    d’inspiration ou parce qu’ils n’ont pas été contents de ce qu’ils ont produit. L’histoire
    derrière ces volumes, qui me semblent d’ailleurs très bons, est très
    intéressante, mais j’aimerais parler aussi d’un autre projet poétique. À un
    moment donné, j’ai eu cette idée de lancer aux Éditions des Musées littéraires,
    tenant du Musée national de la littérature roumaine d’Iaşi, une collection
    consacrée aux écrivains du voisinage, des écrivains bulgares, serbes, croates,
    slovènes, qui ne sont pas vraiment traduits en roumain. Or cette année, nous
    avons l’occasion de publier un recueil de créations de trois excellents poètes croates
    – Goran Čolakhodžić, Miroslav Kirin, Nada Topić – qui inaugure cette
    collection. En fait, c’est une anthologie réalisée par un critique littéraire
    de Croatie, la traduction étant assurée par Adrian Oproiu, un traducteur qui
    vit à Zagreb et qui est un des invités à l’édition 2021 du FILIT. Nous, au
    Musée national de la littérature roumaine d’Iași, nous avons beaucoup parlé de
    la littérature des pays voisins de la Roumanie et je suis heureux d’avoir lancé
    ce projet, que, j’espère, nous pourrons continuer les années à venir. »






    « Les Ateliers FILIT pour les traducteurs »
    représentent une initiative du MNLR Iaşi et du FILIT, pour épauler la création
    contemporaine et la promotion internationale du patrimoine, en contribuant à la
    mise en place d’un système de résidence littéraire en Europe de l’Est. La
    septième édition des « Ateliers FILIT pour les traducteurs », organisée
    par le MNLR Iaşi, en partenariat avec le Mémorial Ipoteşti – Le Centre national
    d’études Mihai Eminescu, a été un espace de formation et de communication
    professionnelle pour les traducteurs du roumain vers une langue étrangère.






    Les bénéficiaires, venant de douze pays, se sont vu
    proposer deux tables rondes et plusieurs conférences données par des écrivains
    et traducteurs roumains (Florin Bican, Bogdan Crețu, Cristina Hermeziu, Doru
    Liciu, Doris Mironescu, Mihaela Ursa, Radu Vancu). Les échanges ont porté sur
    la transposition en langue étrangère de textes littéraires roumains classiques
    et contemporains ainsi que sur la mise en place de stratégies de promotion de
    la littérature roumaine à l’étranger.






    L’écrivain Florin Lăzărescu, membru membre fondateur et
    coordinateur de programmes FILIT, précise : « Dans le contexte de pandémie de cette année, nous nous sommes
    proposé de ne pas assumer de risques en invitant des traducteurs de l’étranger.
    Jusqu’à présent, au FILIT, nous avons accordé une attention spéciale aux
    traducteurs natifs d’autres pays qui traduisent de la littérature roumaine.
    Cette année, nous avons invité notamment des traducteurs en roumain, connus du
    public, puisqu’ils traduisent des auteurs célèbres. Mais, finalement, on est
    parvenu à un événement hybride, car, tout à fait par hasard, de nombreux
    traducteurs du roumain en langue étrangère étaient en résidence en Roumanie. Une
    formule très satisfaisante, d’ailleurs, qui a produit des échanges très
    intéressants. »






    Lors du dernier événement du FILIT, déroulé au Théâtre
    national « Vasile Alecsandri » d’Iaşi, l’écrivaine Simona Goșu s’est
    vu remettre « Le Prix lycéen du livre le plus aimé de l’année 2020 »
    pour son roman « Fragil », offert par l’Inspection scolaire
    départementale Iaşi, suite au vote d’un jury composé de 29 élèves de 11 lycées
    du département.

  • Un paysage en détresse

    Un paysage en détresse

    Le Parc
    naturel Văcărești, connu aussi comme le Delta Văcărești, est un des coins les plus intéressants et les plus
    surprenants de la capitale roumaine, Bucarest. En fait, c’est un lac
    anthropique, situé dans le quartier homonyme, au sud-ouest de la ville. Étendu
    sur près de 200 hectares, il aurait dû être une composante d’un projet
    d’aménagement de la rivière Dâmbovița, qui traverse la capitale, projet imaginé
    avant 1989 pour protéger la ville contre les inondations. Pour construire le
    lac, les autorités communistes de l’époque ont décidé d’abattre le monastère Văcărești,
    un des plus beaux lieux de culte de la capitale. Le projet en question n’a
    pourtant pas abouti, le lac demeurant l’un des grands projets inachevés après
    la chute du régime communiste en Roumanie. Depuis trente ans, la nature
    réoccupe son territoire, donnant naissance à un vrai delta urbain, riche d’une
    végétation variée et d’une étonnante faune locale, faite d’oiseaux, de
    serpents, de renards, de loutres et bien d’autres espèces animales. Le Delta
    Văcărești est maintenant un écosystème stable, un habitat d’espèces protégées,
    déclaré, en 2015, aire naturelle protégée, le premier parc naturel urbain de
    Roumanie.








    Cet
    automne, au mois d’octobre, il a été la scène d’un rapprochement artistique et conceptuel
    entre l’être humain citadin et la nature, à travers le projet « Un paysage
    en détresse».




    Gabriela
    Mateescu, responsable et commissaire du projet, a expliqué cet événement, qui
    s’était proposé de donner à la ville en proie aux constructions en béton
    l’occasion de retrouver son souffle par le biais de l’art : « Placé
    dans le cadre naturel citadin du Delta Văcărești, le projet « Un paysage en détresse» est le fruit d’une coopération transdisciplinaire,
    artistique et de recherche, fait de performances, d’ouvrages de land art et
    d’installations in situ. L’organisateur en a été l’Association « Nucleul
    0000 » et la Mairie générale de Bucarest l’a cofinancé, via son Centre
    culturel ARCUB, dans le cadre du grand projet « Bucarest ville ouverte 2021 ».
    Bucarest est une ville écrasée par le béton, mais la nature réclame ses droits
    et se fraie son chemin. C’est ce qui arrive sur l’ancien site du projet
    communiste « Le lac de Văcărești », abandonné il y a très longtemps.
    Ces dernières trois décennies, un écosystème humide s’y est formé, comme une
    revendication par la nature de son territoire, sans aucune aide humaine, au
    beau milieu de la plus grande agglomération urbaine de notre pays. Devenu, le
    temps aidant, un vrai delta, un écosystème à part entière au cœur de la
    capitale, le Parc Văcărești est le meilleur endroit pour méditer sur
    l’état de la nature et les effets de l’intervention humaine. »






    Les
    artistes y ont fait rentrer un univers entier dans une petite alvéole, en
    décomposant des théories du post-humanisme et du trans-humanisme dans le
    langage de l’art contemporain.






    Gabriela
    Mateescu apporte des précisions sur la participation et le déroulement du
    projet « Un paysage en détresse» : « Le 24 octobre, le
    public s’est vu inviter à une balade lui permettant de découvrir, dans la
    nature, les créations des artistes Roberta Curcă, Mălina Ionescu, Gabriela
    Mateescu, Andreea Medar, Kiki Mihuță, Marina Oprea. « Égarés dans le
    paysage » furent aussi les participants à l’atelier de performance « microRave
    – încercări de a deveni peisaj/essais de devenir paysage », coordonnés par
    Andreea David et Maria Baroncea, sur la musique de Chlorys. Une semaine avant
    l’événement, nous avions invité des jeunes de Bucarest, intéressés par l’art, à
    nous rejoindre dans un atelier de performance de danse, afin de profiter des
    dernières journées ensoleillées de cet automne dans le delta. Pour venir en aide
    aux visiteurs, nous avons créé une carte GPS des ouvrages installés là-bas et
    nous en avons proposé trois tours guidés, en compagnie des organisateurs et des
    auteures. Les installations ont été démontées le lendemain même, pour respecter
    l’état naturel des lieux. »







    La
    conception artistique a misé sur un espace hybride, rendu vivant par les bruits
    d’une vie urbaine trépidante et ceux d’un delta formé au milieu d’une métropole.
    L’idée a été de mettre en exergue la fonction culturelle que pourrait avoir cet
    espace, tellement propice à la contemplation, à un renouvellement du lien avec
    la nature, à la méditation sur les effets destructeurs que pourraient avoir les
    interventions humaines irréfléchies sur la nature.






    Gabriela
    Mateescu a d’ailleurs remarqué les réactions positives du public :
    « En plus du public habituel des événements artistiques, le grand public a
    été aussi présent, profitant de la météo très agréable de ce dimanche-là, qui lui
    a permis de sortir se balader. Les gens se sont montré d’abord émerveillés et
    ensuite intéressés par les créations exposées dans la nature, ainsi que par les
    explications offertes par les artistes elles-mêmes et par les autres membres de
    notre équipe. »
    , a conclu Gabriela
    Mateescu, responsable et commissaire du projet « Un paysage en détresse».

  • « Becoming Landscape – Tenter de devenir paysage »

    « Becoming Landscape – Tenter de devenir paysage »


    Le Parc
    naturel Delta Văcărești est l’endroit de Bucarest qui rappelle un des grands
    projets de l’époque communiste d’avant 1989 : un système de protection de
    la capitale roumaine contre les inondations, projet connu sous le nom de
    « Lacul/Le lac Văcărești ». Après la chute du régime communiste et
    des années durant lesquelles cet endroit a été laissé à l’abandon, la nature
    s’est à nouveau emparée de la zone du lac Văcărești, créant, au beau milieu
    d’une capitale européenne, un écosystème de delta, riche d’espèces d’oiseaux et
    de mammifères protégées. En ce mois d’octobre, ce parc naturel urbain a
    accueilli un projet bien particulier, « Becoming Landscape – Tenter de
    devenir paysage », qui s’est proposé d’aider les habitants de la ville à
    récupérer leur connexion avec la nature et de la réintégrer dans l’espace
    citadin.






    Diana
    Miron, coach vocal, artiste du son et compositrice, fait partie des artistes
    impliqués dans ce projet qu’elle nous explique : « Becoming
    Landscape » est un projet pluridisciplinaire, qui rassemble trois types
    d’art : la composition sonore et la musique contemporaine, le land art et l’art-performance.
    Il existe à l’initiative d’un groupe de théoriciennes et d’artistes très
    présentes dans l’art contemporain et l’art expérimental, impliquées dans la
    formation d’opinion et la formation professionnelle à l’intention des artistes
    émergents à la recherche de nouvelles formes d’expression, d’expérimentation
    audiovisuelle et d’une nouvelle conceptualisation corporelle, sonore et
    visuelle. La première étape du projet s’amorce autour de la danse, du gestuel
    et du mouvement. C’est ça d’ailleurs la source du projet. Ce sont, en fait, des
    projets antérieurs, tels « Techno Fields », auquel moi-même j’ai
    participé l’année dernière, avec des classes de coaching vocal, de technique
    vocale et de techniques d’improvisation sonore. »






    Dans
    le cadre du projet « Becoming Landscape », Diana Miron a proposé un
    ouvrage dont elle a parlé au micro de RRI : « Moi, Diana Miron, et le
    compositeur et designer sonore Laurențiu Coțac, nous avons créé cet ouvrage que
    nous avons intitulé « Harmony of Disaster », un ouvrage de musique
    classique contemporaine, qui a intégré le paysage sonore du delta Văcărești. Nos
    rencontres au Parc naturel Văcărești nous ont servi de source d’inspiration
    pour la musique contemporaine, le land art ou l’art-performance. Nous y avons trouvé un
    environnement sonore et visuel fertile, pour créer des ouvrages entièrement
    nouveaux dans l’espace artistique roumain et international. Durant trois mois,
    nous y avons fait de la recherche, des répétitions et des événements avec du
    public, en respectant les restrictions en vigueur. Nous avons considéré qu’il
    était opportun de travailler à l’extérieur, en pleine nature, où la
    distanciation physique était possible et le public a été très content de se
    joindre à nous. La dimension de la réponse positive du public nous a d’ailleurs
    épatés. J’exprime là mon sentiment personnel, car j’ai participé au concert
    « Harmony of Disaster », déroulé sur la digue dont les plaques de
    béton se sont transformées en gradins d’amphithéâtre pour les spectateurs. *Lors
    du concert, les gens nous ont dit qu’ils s’étaient sentis transportés à travers
    un portail, dans une atmosphère totalement spéciale. Certes, ceux qui avaient
    déjà écouté une telle musique, jouée en plein air et dans un espace unique
    comme le Parc naturel Văcărești, étaient tout de même peu nombreux. »






    Quant
    à l’avenir, l’artiste Diana Miron avouait que : « Nous voulons
    continuer cette collaboration, pour qu’elle devienne un grand ensemble – moi et
    Laurențiu Coțac avons cette idée de créer le premier orchestre de musique
    contemporaine de Roumanie, comme cela existe dans de nombreux autres pays. Nous
    croyons que nous aussi, nous avons besoin de culture, de culture alternative et
    de créativité, soutenues également par les autorités et par les programmes
    culturels, afin de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie d’une ville
    métropole telle que Bucarest, mais aussi pour élargir nos esprits et nos
    perspectives. », a conclu
    l’artiste Diana Miron, participante au projet « Becoming Landscape -
    Tenter de devenir paysage ».