Category: La Roumanie chez elle

  • Eco-performance à Bucarest

    Eco-performance à Bucarest

    Notre
    prise de conscience croissante face aux changements climatiques a poussé,
    depuis plusieurs années déjà, de nombreux artistes à repenser leur rapport à la
    nature et à l’environnement, pour les rendre plus doux, plus apaisés. Or,
    l’expression corporelle et la danse contemporaine sont de précieux outils,
    idéaux pour exprimer son inquiétude, mais aussi sa joie de vivre. Pas étonnant
    alors, qu’en Roumanie fleurissent de nouveaux collectifs et compagnies
    d’éco-performance qui mettent la nature, et notre rapport à elle, à l’honneur
    dans leurs spectacles.


    Maura
    Baiocchi, originaire du Brésil, est l’une des pionnières de ce nouveau
    mouvement international. Éco-performeuse, elle propose de relever les défis du
    21ème siècle auxquels nous faisons face en encourageant
    l’interdisciplinarité et en se concentrant sur les mouvements de notre corps,
    de la nature et sur nos traditions ancestrales. Cet automne, Maura Baiocchi
    était en visite à Bucarest, pour proposer aux plus curieux de découvrir les
    secrets permettant d’entretenir une meilleure relation avec la nature grâce à
    la danse.


    Maura
    Baiocchi est directrice et fondatrice de la compagnie Taanteatro du Brésil,
    créatrice du concept de « théâtre chorégraphique des tensions »,
    directrice-fondatrice du festival de film « Ecoperformance » et auteure
    de plus de 80 chorégraphies, pièces de théâtre et spectacle. Elle nous a
    raconté d’où venait ce concept d’éco-performance :


    « Ecoperformance. Si
    l’on se penche sur la composition du mot, on constate qu’il est formé des
    termes éco et performance. Tout le monde connaît le mot performance, spectacle.
    Et le terme éco vient du grec, plus précisément du mot « oekos » qui veut
    dire à la maison, chez soi. Nous pourrions donc l’envisager comme une pratique,
    un concept par lequel nous tenterions d’accéder, de retrouver notre « chez
    soi ». Ce « chez soi » peut être notre corps, que l’on peut
    considérer comme une sorte de maison. Nous avons ainsi une maison que nous
    habitons, et autour : l’environnement. D’ailleurs, il s’agit de tout type
    d’environnement, qui correspond à ce qui n’est pas notre maison justement. Le
    lieu où l’on se trouve, où on évolue, tout peut incarner ce « chez
    soi ». Cette vision du monde m’a toujours intéressée. J’ai débuté en tant
    que danseuse et artiste et je m’intéresse maintenant depuis plus de 40 ans à
    cette idée que notre corps est poussé par un désir d’habiter ou d’être habité
    par le lieu où l’on se trouve. »



    On forme
    un tout, nous, nos corps, les personnes qui nous entourent, les sons, les
    images, explique Maura Baiocchi. Sur scène aussi, on a devant nous une équipe
    de jeunes femmes artistes qui approchent la dance selon les principes de
    l’éco-performance. Alina Tofan en est une. Elle raconte :


    « Depuis 2020, Georgiana Vlahbei et moi, nous formons la troupe « Plastic Art Performance Collective», qui
    est la seule troupe de danse de Roumanie qui utilise l’éco-performance dans son
    travail. C’est pourquoi, la présence de Maura Baiocchi s’est avérée une
    nécessité en fait, pour mieux placer notre travail. Tout au long de la
    semaine que Maura a passée à nos côtés, nous avons organisé plusieurs événements
    – à l’Université nationale de Musique, à l’Université nationale des beaux-arts
    de Bucarest, dans les librairies Carturesti. Il y a eu une conférence, un
    spectacle d’éco-performance et la projection en première d’un film que nous
    avons réalisé : « Ecomovement ». Les débuts de notre collaboration
    avec Maura remontent à 2021 lorsque nous avons envoyé pour la première fois une
    vidéo au Festival de l’éco-performance du Brésil. Nous y avons participé cette
    année aussi, avec une nouvelle création, et on a participé aussi aux conférences
    et aux autres événements et nous correspondons en permanence avec elle. Tout
    cela, puisque nous nous sommes rendues compte que nos visions étaient très
    similaires. D’ailleurs, Maura et Wolfgang, qui ont jeté les bases du théâtre
    « Taanteatro » insistent à ce que les artistes qui utilisent leur
    méthode de travail soient eux aussi en parfait accord avec leurs valeurs. C’est
    pourquoi, cette rencontre nous a beaucoup réjouis, eux et nous, si bien
    que, pour l’année prochaine nous préparons ensemble une édition de leur
    festival en Roumanie. »



    Le
    festival du film de l’éco-performance du Brésil arrive cette année à sa 3e
    édition et il a vu doubler son nombre de participants d’une année à l’autre. De
    l’avis de Maura Baiocchi, le concept de l’éco-performance ne se limite pas à la
    danse et à la scène, bien au contraire, il peut nous accompagner dans notre vie
    quotidienne:


    « Il s’agit bien de l’idée
    d’habiter son espace, mais aussi de son contraire : se laisser habiter par
    l’espace. Ce dialogue entre l’environnement et le corps a toujours été très
    important pour moi. Je pense qu’il est important pour nous tous, pas seulement
    pour les artistes. C’est notre dernière chance d’en devenir plus conscients
    dans la vie de tous les jours. A mon avis, c’est la chose la plus importante si
    l’on veut avoir un avenir, et même un présent ».



    Et
    puisqu’elle a passé quelques jours en Roumanie, nous avons voulu savoir si
    Maura a pu déjà constater si – oui ou non – les principes de l’éco-performance
    pouvaient être adoptés par les Roumains. Voici sa réponse :


    « A mon avis c’est tout un
    processus, un processus complexe. Bien sûr, je devrais passer davantage de
    temps en Roumanie pour m’en rendre compte. Les cinq jours que j’y ai passés ne
    suffisent pas pour comprendre à fond la société. Entre artistes tout se passe
    très bien et je trouve cela très important, parce que les artistes peuvent
    faire entendre leur voix. Alors je les invite tous à transmettre notre
    message ! »



    Il
    faut donc continuer à éveiller les consciences au sujet de l’environnement, à
    montrer que nous sommes en étroite interdépendance avec tout ce qui nous
    entoure et qu’il faut faire davantage d’attention dans nos choix, afin de mieux
    collaborer avec la nature. (Trad. Charlotte Fromenteaud, Valentina Beleavski)



  • Par amour des livres

    Par amour des livres

    Les
    livres sont sa plus grande passion. Ses volumes ont été traduits en français,
    en italien et en anglais. Elle dirige une maison d’éditions et aux côtés de ses
    meilleures amies, elle a créé une ONG qui se donne pour mission de doter de
    livres les bibliothèques publiques de Roumanie. Notre invitée du jour s’appelle
    Diana Farca, fondatrice du projet Eleprint, qui est à la fois une maison
    d’édition et une association caritative. Elle nous raconte comment est né son projet
    :




    « Ce besoin est né à l’adolescence,
    lorsque nous avons traversé une période très difficile et l’argent ne nous
    suffisait même pas pour acheter des livres. Et comme nous étions passionnées de
    lecture, nous en avons souvent emprunté chez nos camarades de classe et à la
    bibliothèque municipale. Plus tard, j’ai commencé à écrire des livres et mon
    premier volume est paru en 2015. J’ai commencé à faire la promotion de mes livres
    à travers la Roumanie et en République de Moldova, et c’est alors que j’ai
    commencé à prendre conscience du besoin de livres qui existe chez nous.
    Puisqu’on parle souvent du fait que les Roumains ne lisent pas. Mais en fait,
    les Roumains lisent. Il existe deux réalités, deux Roumanies : d’une part
    ceux qui achètent des livres et n’ont pas le temps de les lire et d’autre part,
    ceux qui ne se permettent pas d’acheter trop de livres – dans le milieu rural
    notamment – mais qui lisent malgré tout. Alors, mes amies et moi, nous avons eu
    l’idée de récupérer des livres auprès de mes lecteurs dans le cadre d’événements.
    Nous n’avions pas imaginé que cette idée allait se développer. Dès le début nous
    avons ramassé des livres pour les redistribuer à 7 bibliothèques municipales,
    soit plus de 22 000 volumes dont nous ont fait don les lecteurs. Par
    conséquent, nous avons décidé de porter ce projet à l’échelle nationale et de le
    mener d’une manière plus organisée. Nous avons donc créé une ONG, ce qui
    n’était pas notre idée initiale. »




    Diana
    Farca est soutenue dans cette démarche par deux amies : Oana Calin, en
    charge de la plateforme destinée aux livres et aux bibliothèques, et Dana Meilă
    qui vit à Florence et souhaite faire apporter des bouquins pour la communauté
    de Roumains vivant en Italie. Diana Farca nous explique comment fonctionne
    cette plateforme en ligne et ce qu’elle a pu constater en la créant :




    « Pourquoi je voulais souligner
    qu’il existe deux Roumanies ? Puisqu’il y a l’idée générale que les
    Roumains ne lisent pas mais, mais il y a aussi la réalité dont témoignent les
    bibliothèques inscrites sur notre plateforme
    www.usforbooks.com.
    Ici, n’importe qui peut faire inscrire une bibliothèque, de n’importe quelle
    ville du pays. Une fois inscrite, nous assurons toute la partie logistique.
    C’est-à-dire que l’on fait l’inventaire des membres actifs, des besoins en
    livres et des autres besoins – les meubles, les magazines etc. – et l’on étudie
    aussi leurs données démographiques. Au moment où 28 bibliothèques étaient
    inscrites sur la plateforme, nous avons eu le plaisir de constater que la
    moitié des adolescents de ces villages-là étaient des membres actifs : ils
    empruntaient au moins un livre par mois. Cela signifie donc, que dans les
    villages, où les jeunes sont moins distraits que dans les grandes villes, les
    enfants lisent encore et empruntent encore des livres. »




    Et
    puisque la collecte de fonds est implicite pour ce type de projet, l’ONG de
    Diana Farca compte beaucoup sur la transparence. Ainsi, la plateforme évolue
    constamment, explique notre invitée :




    « Nous tenons beaucoup à la
    transparence. Notre plateforme contient une carte avec toutes les bibliothèques
    inscrites et à mesure que nous collectons de nouvelles sommes d’argent ou des
    dons de livres, cette carte est complétée par le nombre de volumes rajoutés,
    par les sommes reçues et les livres qui ont été achetés avec cet argent. C’est
    très important pour nous d’être transparents, car la mission de notre ONG est
    d’utiliser toutes les sommes et tous les livres reçus strictement pour les
    rediriger vers les bibliothèques. »




    Et
    ce n’est pas tout. Ce projet est d’autant plus ambitieux qu’il aspire à une
    place dans le livre du Guiness des records. En fait, il existait un premier
    projet animé par les mêmes ambitions, mais qui a été avorté à cause de la
    pandémie : réaliser « la lecture publique la plus longue au monde »,
    un record battu entre temps par l’Inde. Ainsi une seconde idée est née. Diana
    Farca nous en parle :




    « Nous
    sommes en lice pour le record de la plus grande plateforme caritative au monde.
    On attend maintenant la confirmation de la part des juges du Guiness des
    records pour procéder au lancement. Notre plus grand désir est de mettre
    ensemble société civile, ONG, sociétés commerciales, franchises roumaines,
    personnes physiques dont les moyens sont plutôt modestes mais qui adorent
    encore la lecture – et de doter toutes les bibliothèques municipales de
    Roumanie et de République de Moldova. Puisque le besoin en livres est réel,
    puisque dans les villages roumains et moldaves les gens lisent encore ! »




    Dans
    l’attente de la confirmation de ce record mondial, nous espérons bien que notre
    invitée réussira à redonner vie à autant de bibliothèques que possible et à
    ramener à la lecture autant de gens que possible ! (Trad. Valentina
    Beleavski)

  • Au-delà des paroles

    Au-delà des paroles

    Sa création a été le résultat de l’association bénévole d’un groupe de personnes sourdes. Son premier président fut Alexandru Clarnet, alors que le prince Henry Ghica, fils sourd du souverain Constantin Ghica, a fait partie du premier comité de gestion de cette association. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif qui vise à contribuer à l’insertion des personnes malentendantes dans la société. Dans ce contexte, cet automne un projet inédit a vu le jour : « La semaine de la communauté et de la culture des personnes malentendantes », dont nous a parlé Bogdan Anicescu, directeur culturel de l l’Association roumaine des amis des personnes malentendantes : « La Semaine de la culture et de la communauté des personnes malentendantes est une initiative bilatérale, mise en œuvre par l’Association nationale roumaine des personnes malentendantes, en partenariat avec l’Organisation norvégienne et l’Organisation internationale pour la démocratie et les droits de l’homme. A travers ce projet, nous souhaitons montrer une dimension culturelle de la surdité, mettre la personne malentendante au premier plan en tant que membre d’une communauté, en tant que membre d’une minorité culturelle et linguistique, fondée sur une langue autre que la langue roumaine, soit la langue des signes en roumain. Bénéficiant pratiquement des subventions norvégiennes et incluant ce projet dans le cadre du programme « Timişoara Capitale européenne de la culture », nous avons voulu transformer Timişoara non seulement en capitale européenne de la culture, mais aussi en capitale de la culture des personnes malentendantes, y organisant toute une série d’événements dédiés à la culture des personnes malentendantes du 11 au 24 septembre 2023.»

    A l’affiche de cette « Semaine de la communauté et de la culture des personnes malentendantes » figuraient : le concours de beauté et de talents « Miss et Mister Silence », un festival de danse et de pantomime, un séminaire conjoint avec des partenaires norvégiens sur la question de l’insertion culturelle des personnes malentendantes et la première du court métrage réalisé dans le cadre de ce projet, « Amour sans paroles ». S’y ajoutaient une Marche du silence, où des centaines de personnes malentendantes se sont réunies dans le Parc Botanique de Timisoara et sont parties pour un parcours à travers le centre, ainsi que l’atelier sur le langage des signes, où les personnes non malentendantes ont eu l’occasion d’apprendre quelques expression de base dans cette langue.Octavian Iacob est le réalisateur du film « Amour sans mots ». Il nous a raconté comment les enregistrements avec des acteurs malentendantes se sont déroulés. : « Nous avons eu un interprète, qui devait être toujours devant eux. Souvent, « devant eux » ne signifiait pas qu’il restait derrière la caméra, mais souvent juste à côté d’eux, voire même dans le cadre de la caméra. Du coup, il a fallu du temps pour ajuster l’image et le cadre à ce que nous devions filmer. C’était un défi que nous avons accepté, que nous avons aimé et que nous devons à toutes ces personnes qui ont été très ouvertes, très transparentes, très disposées à jouer, à s’affirmer. Qui plus est, elles ont bénéficié d’une attention exceptionnelle durant les quatre jours du tournage. C’était vraiment exceptionnel et une expérience complètement nouvelle, que l’on ne rencontre sur aucun plateau et, il faut l’avouer, que l’on ne rencontre pas dans la vie quotidienne non plus. »

    Et Octavian Iacob aussi de nous donner des informations sur le développement du casting « Nous sommes allés à Timișoara. C’est là où nous avons fixé un jour pour le casting, lorsque plusieurs personnes malentendantes se sont présentées, et nous avons fait la sélection selon plusieurs critères, par exemple, du point de vue du scénario, pour correspondre aux personnages tels qu’ils avaient été décrits. Nous avons également fait attention au talent de ces personnes, à leur relation avec la caméra, à leur capacité d’apprendre et de reproduire un texte, à travers des signes. J’ai dû moi-même apprendre ces signes, car la technique d’enregistrement était différente. »

    Etant donné qu’il s’agissait d’un court métrage, Octavian Iacob a également fait appel à des acteurs professionnels, notamment à Paul Diaconescu et à Cristina Velciu, qui ont attiré l’attention du public sur l’histoire initiale, sur ce qu’ils voulaient exprimer. Quant aux acteurs malentendants du film, Octavin Iacob nous a raconté que : « Ce ne sont pas des acteurs, et ils n’ont même pas eu le temps de faire une seule répétition. Ils ont lu le scénario pendant deux semaines et tout s’est déroulé en ligne, sur la plateforme Zoom à l’aide d’un interprète, ce qui était très difficile. Le premier jour du tournage, nous avons commencé par des scènes plus faciles, pour qu’ils puissent s’adapter, et j’ai été surpris de constater qu’ils connaissaient très bien leur texte. L’interprète suivait le texte et il me confirmait que presque chaque mot était exprimé. J’ai dit « presque », parce que dans la langue des signes on ne parle pas de la même manière qu’avec la voix. »

    Pour finir, nous repassons le micro à Bogdan Anicescu, le directeur culturel de l’Association roumaine des amis des personnes malentendantes, qui dresse le bilan de ce projet : « « Amour sans paroles » est aussi ce que nous ressentons, puisque nous avons réussi à mettre en place cette activité dans le cadre de notre projet commun de la Semaine de la communauté et de la culture des malentendants. Cette idée existait depuis un certain temps déjà et nous avons souhaité très fort pouvoir mettre sur pied un tel projet à Timisoara, pour que la ville devienne la scène de la toute première production cinématographique de ce type de Roumanie, ciblée sur les malentendants et le langage des signes. C’est le résultat du travail d’une petite équipe, mais animée par de grandes ambitions et une grande âme et nous sommes heureux d’avoir pu collaborer si bien avec le réalisateur Octavian Iacob, la productrice Mirela Musat et l’ensemble de leur équipe. Tout s’est passé très vite et le résultat final est exceptionnel, surtout que nous avons eu des retours positifs tant de la part du public malentendant, que de la part des autres spectateurs, ce qui est vraiment important. Bref, notre film veut transmettre le message suivant : l’amour franchit toutes les barrières de communication et le langage des signes peut nous unir. »

    Voilà donc, un projet qui n’est qu’à ses débuts et qui va à la rencontre du mouvement culturel des malentendants de Roumanie, un mouvement qui va bien au-delà des limites de l’Association que nous avons découverte aujourd’hui ou de la communauté des malentendants. (Trad. Andra Juganaru, Valentina Beleavski)

  • Le Changement au féminin

    Le Changement au féminin

    L’Union européenne des femmes, UEF, dispose de représentants au sein de l’ONU à New York, Vienne et Genève, du Conseil européen ainsi que de l’UNESCO. Il s’agit d’une organisation fondée en 1953, qui œuvre à promouvoir les droits des femmes à l’égalité des chances et à l’éducation, et encourage leur émancipation au travail et dans la société. Elle participe aussi au processus de consultation de la Commission Européenne, dont les résolutions sont ensuite transmises aux parlements nationaux des états membres de l’UE. La Roumanie a été accréditée en tant que membre de cette organisation au niveau européen en octobre 2022, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’UEF. Comme en plus, tous les deux ans, a lieu le Congrès international qui permet des discussions autour des problèmes politiques actuels, les représentantes de l’UEF se sont récemment réunies à Bucarest dans le cadre du groupe de travail « Women Creating Change ».

    Aphrodite Bletas, présidente de l’UEF internationale et représentante de la Grèce, nous raconte que « Au sein de cette organisation nous travaillons en commission thématique, par exemple « politique internationale », « santé et politique sociale » ou « éducation ». L’une d’entre elles s’intitule « l’Europe prend vie ». Il s’agit d’une commission de diplomatie culturelle, si je puis m’exprimer ainsi. Chaque année, nous organisons un évènement dans l’un de nos Etats membres, ce qui nous permet de découvrir chaque année un nouveau pays et d’en apprendre davantage sur son fonctionnement politique, social et économique. C’est aussi l’occasion de nous rencontrer et de nous faire connaître aussi. Nous ne cherchons pas à encourager le militantisme féministe, mais plutôt à offrir aux femmes les outils nécessaires à leur émancipation, afin qu’elles puissent jouer un rôle dans la société, dans les domaines de leur choix, qu’il s’agisse de la politique, des affaires, de l’éducation ou encore de la famille ».

    Parmi les participants se trouvait aussi Victor Nistor, directeur adjoint de la Direction de lutte contre le crime organisé de la police de Roumanie, qui s’est quant à lui exprimé sur la question de la prévention et de la lutte contre la consommation de drogues chez les jeunes. « Le message que nous voulons transmettre concerne l’éducation, et plus particulièrement la prévention autour de la consommation de drogues. Une démarche qui commence d’abord à la maison, chez soi, en famille, mais aussi au sein de son groupe d’amis, avant l’intervention des autorités compétentes en la matière. Quelle est la marche à suivre. En premier lieu, il est essentiel de prendre conscience des choses, d’apprendre de nos expériences passées et d’accepter que nous vivons dans une société mondialisée, dont les frontières ont disparu. Il n’existe plus de barrières et il nous faut accepter que les drogues sont accessibles et circulent sur ce grand marché. »

    A la question de savoir si les femmes pouvaient faire changer les choses, Victor Nistor a répondu :
    « Oui, les femmes sont toujours actrices du changement, car elles incarnent à la fois la beauté, si je puis dire, et la créativité, dans leur façon de participer au politique. Nous nous appuyons toujours sur elles et elles sont toujours à la hauteur de la tâche ».

    Oana Maria Rotariu est une des survivantes de l’incendie de Colectiv de Bucarest. Suite à cette tragédie dans laquelle une soixantaine de jeunes ont perdu la vie et quelque 200 ont été blessés, elle est devenue coach en body positivité. Elle nous fait part de son message: « Dans la vie, l’important est de ne pas être seul. Nous vivons en communauté et pourtant, on continue à souffrir de solitude. Du coup, mon message est de continuer à s’entourer des gens, à trouver des personnes prêtes à rester à nos côtés, quelles que soient les circonstances. Pour cette conférence, j’ai préparé une présentation sur la manière dont on peut vivre en Roumanie, tout en étant handicapé. Je voudrais expliquer aux gens comment faire pour vivre au sein d’une société qui affirme accepter les différences, mais qui en réalité, ne le fait pas. Nous avons d’une part, une belle propagande et de l’autre – la réalité. Et pour les personnes handicapées, notamment pour les femmes, il y a plein d’obstacles au quotidien contre lesquels il faut se battre. Oana nous a assurés que la vulnérabilité n’avait rien à voir avec la fragilité ou la faiblesse. Tout au contraire. Les femmes handicapées sont souvent autant de voix capables d’entrainer des changements dans ce monde.

    Sat Dharam Kaur est naturopathe et impliquée dans plusieurs programmes à succès censés soutenir les femmes à travers le monde. Elle plaide pour l’importance du soutien accordé aux femmes en situation vulnérable : enceintes, malades ou en situation de dépendance. « Par le passé, mon travail a constitué à appuyer les femmes remises après un cancer de sein. J’ai mis en place plusieurs programmes à l’intention des gens, victimes de la dépendance. Avec le psychothérapeute, Gabor Mate, nous avons mis en place le programme « Compassionate Inquiry » qui se construit autour de l’idée que la connexion est l’essence même de la sécurité. C’est une initiative censée apprendre aux gens comment aider les victimes des traumas à refaire surface ».

    Beaucoup de psychologues pensent que le trauma est alimenté par l’absence de la connexion humaine, de plus en plus fréquente dans une société qui reconnait de moins en moins la famille traditionnelle.L’équipe qui représente la Roumanie au sein des différentes commissions de l’UEF, (l’Union européenne des femmes), telles la Commission pour la Santé, pour la Culture, pour l’Education ou pour les Relations Internationales, se propose de profiter du soutien européen pour mettre en place différents projets sociaux. Les principes de l’UEF reposent sur le libéralisme social, sur la liberté individuelle et l’assistance sociale. Trois axes qui se proposent d’encourager la paix, la justice et la prospérité dans le monde, tout en contribuant à la préservation de la dignité et des libertés individuelles, du patrimoine et des traditions culturelles, du progrès social et économique et des droits de l’être humain.

  • Une compétition entrainante organisée dans les lycées de Roumanie

    Une compétition entrainante organisée dans les lycées de Roumanie

    « Solve for Tomorrow » est une compétition qui prépare les lycéens
    de Roumanie à construire l’avenir. Il s’agit de s’impliquer, d’être déterminé,
    éduqué et responsable, d’avoir des idées pour construire leur propre futur et
    ce dès aujourd’hui. Il s’agit cette année de la troisième édition. C’est
    pourquoi nous avons discuté avec les représentants des équipes qui ont remporté
    des prix l’année dernière.


    Deux jeunes membres de l’équipe SurvEco, classée à la troisième place de
    l’édition précédente de « Solve for Tomorrow » , Cosmina Ene et
    Sânziana Grecu, nous ont fait part de leur expérience :

    (Cosmina) « Nous faisons partie de l’équipe SurvEco qui s’est classée
    troisième lors de la deuxième édition de la compétition « Solve for
    Tomorrow ». Notre projet consistait en un drone autonome qui utilisait
    l’intelligence artificielle, drone qui survolait Bucarest et ses périphéries,
    afin de découvrir les endroits où les déchets illégaux sont jetés et brûlés. La
    pollution de l’air à Bucarest est principalement causée par ces dépôts illégaux
    de déchets. »


    (Sânziana) : « Pour nous,
    cette compétition a été un processus de développement personnel et nous a
    ouvert beaucoup de portes, car nous avons fait la connaissance de personnes
    avec qui nous avons collaboré et auxquelles nous n’aurions pas eu accès
    autrement. »


    (Cosmina) : « Nous
    recommandons à tous les élèves qui souhaitent vivre une expérience
    extraordinaire et améliorer leur niveau de participer à l’édition de cette
    année. »


    La compétition nationale « Solve for Tomorrow » est organisée par
    Samsung Electronics Roumanie en partenariat avec Junior Achievement Roumanie,
    la plus grande organisation internationale d’éducation économique et
    entrepreneuriale avec des programmes partout dans le monde. L’édition précédente
    a désigné ses gagnants en fonction des notes données par un jury
    pluridisciplinaire. Parmi eux, l’équipe Spacemind Kingdom qui s’est classée en
    2e position. Elle est formée de 3 jeunes filles coordonnées par leur
    professeure, Aurelia Dascalu, du Lycée Technologique Jaques Elias de Sascut.
    Une membre de l’équipe, Bianca Năstasă nous a raconté :


    «
    Nous avons occupé la 2e place grâce notre application éducationnelle pour les
    adolescentes. Nous avons créé un jeu qui leur permet de développer leurs
    habilités et connaissances dans le domaine des STEM (science, technologie,
    ingénierie, mathématiques). Hormis ce jeu, nous avons aussi créé une section
    qui permet aux filles de parler avec des personnalités marquantes de ces
    domaines, par le biais de l’intelligence artificielle. Nous avons cherché à
    encourager les adolescentes à poursuivre une carrière dans ces domaines, malgré
    les stéréotypes de genre qui perdurent. La compétition nous a aidées à en apprendre
    davantage sur le concept de « design thinking » (conception
    créative), à l’aide duquel nous avons réussi à développer davantage notre idée,
    nous nous sommes découvertes nous-mêmes, nous avons acquis de nouvelles compétences.
    Mais aussi et surtout de nouveaux horizons se sont ouverts à nous vers la
    technologie et vers ce que nous souhaitons vraiment devenir ».


    C’est l’Equipe Verte du Lycée national Eudoxiu Hurmuzachi de Rădăuți qui a
    remporté le premier prix de la compétition. Elle a développé un système qui
    permet de cultiver des plantes dans une couche de nutriments et d’huile
    végétale qui ralentit le rythme d’évaporation de l’eau. Cosmin, le leader de
    l’Equipe Verte, précise :


    « A l’avenir, notre objectif est
    de pratiquer l’agriculture dans de tels systèmes au niveau industriel. Nous
    sommes toujours en train d’étudier ce domaine, prototype par prototype, mais
    l’avenir s’annonce très prometteur. On ne serait pas arrivés aussi loin si nous
    n’avions pas participé à la compétition Solve for Tomorrow. Elle nous a permis
    de rencontrer des entrepreneurs de différents domaines, qui nous ont bien
    conseillé et nous ont guidés. Nous recommandons à tout jeune qui a une idée d’y
    participer. »


    Du côté des organisateurs, Sabina Ştirb, responsable de communication chez
    Samsung Roumanie, est fière de lancer la 3e édition de cette
    compétition qui s’adresse aux adolescents roumains :


    « Solve for Tomorrow est un projet qui
    nous tient très à cœur et dont nous inaugurons aujourd’hui la 3e
    édition. Nous avons recueilli jusqu’ici plus de 600 projets des quatre coins du
    pays. Il existe aussi un projet global Solve for Tomorrow, riche d’une histoire
    de 13 ans et qui a impliqué jusqu’ici 1,8 millions d’élèves du monde entier.
    Mais au-delà de ces chiffres, ce que nous célébrons avant tout aujourd’hui ce
    sont les élèves, les professeurs et les mentors qui travaillent sur les projets
    inscrits dans la compétition. »


    Toujours de la part des organisateurs, Loredana Poenaru, directrice
    éducationnelle chez Junior Achievement România, a expliqué les objectifs de ce
    projet qui attire tant de jeunes roumains :


    « C’est un projet qui leur lance
    le défi de mettre côte à côte la technologie, l’éducation et leur créativité,
    pour trouver des solutions aux problèmes de leur communauté, qu’il s’agisse de
    problèmes environnementaux, en lien avec le développement durable ou des
    aspects censés améliorer le système éducationnel – autant de domaines dans
    lesquels les enfants sont invités à développer leurs idées. Le concours en est
    déjà à sa 3e édition. Lors des éditions précédentes nous avons réuni
    plus de 600 idées et à chaque édition, la 2e étape vise à faire une
    sélection de 25 idées considérées comme les meilleures. Celles-ci seront
    soumises à un processus de développement, fondé sur la méthode de la conception
    créative, suite auquel les jeunes arrivent à concrétiser leurs idées jusqu’au
    niveau du prototype. Ils vont plus loin encore et cherchent des solutions pour
    les mettre aussi en pratique. Outre ce côté « design thinking », les
    lycéens entrent aussi en contact avec les entrepreneurs du domaine, qui leur
    apprennent à donner une direction entrepreneuriale à leurs idées. A la fin de
    la compétition, les jeunes sont très attachés à leurs projets car ils
    travaillent là-dessus pendant plusieurs mois et ils souhaitent le voir mis en
    œuvre jusqu’au bout. »



    Bref,
    la vie de nos communautés pourrait s’améliorer à l’aide de ces jeunes lycéens âgés
    de 16 à 18 ans qui ont désormais un endroit pour présenter leurs idées pour un
    produit technologique, un service ou une application mobile. La plate-forme
    « Solve for Tomorrow » les aide à passer de l’idée à l’action, sous le
    slogan, « Donnons une chance à l’avenir ! »

  • L’Opéra Labyrinthe revient à l’Opéra National de Bucarest

    L’Opéra Labyrinthe revient à l’Opéra National de Bucarest

    Ces dernières années, l’Opéra
    National de Bucarest a proposé une offre de plus en plus variée d’événements, aussi
    bien liés à l’opéra qu’à des sujets connexes, censés attirer un public aussi large
    que possible. Parmi ces initiatives on retrouve l’Opéra Labyrinthe. Il s’agit
    d’un voyage sonore dans l’univers de l’Opéra, guidé par les artistes du Studio
    Expérimental des Arts du Spectacle Musical « Ludovic Spiess ».
    Alexandru Nagy, metteur en scène à l’Opéra National de Bucarest, en est le
    coordinateur. L’Opéra Labyrinthe est un spectacle qui se joue sur l’esplanade
    de l’Opéra National de Bucarest. Alexandru Nagy nous en a expliqué le concept :


    « L’Opéra
    National de Bucarest a inauguré sa nouvelle saison avec son traditionnel événement
    en plein air, déjà célèbre, « La Promenade de l’Opéra », arrivé à sa
    treizième édition. Cette année, nous avons proposé un programme en deux
    parties : les activités prévues au
    cours de la journée et qui se sont déroulées sur la pelouse de l’Opéra, et le
    Gala. Cette année nous avons proposé un spectacle itinérant, intitulé « L’Opéra
    Labyrinthe », mis en scène par moi-même en compagnie des jeunes artistes
    du Studio Expérimental des Arts du Spectacle Musical « Ludovic
    Spiess ». « L’Opéra Labyrinthe » s’est déroulé toutes les heures.
    Il s’agissait de visites d’art vivant, avec des danseuses, des solistes et des acteurs. »


    Alexandru Nagy nous a raconté comment l’aventure de « L’Opéra
    Labyrinthe » a été accueillie par le public :


    « Ce programme a été
    très apprécié du public, c’est pourquoi nous avons organisé une seconde
    édition, après celle de juin dernier. En fait, « L’Opéra Labyrinthe »
    a été organisé à l’occasion du projet « Rendez-vous au Jardin », qui
    est un projet francophone international. Maintenant, nous l’avons repris avec
    une composition différente et un répertoire plus large. Une quinzaine de jeunes
    artistes ont évolué sur scène dans le but de créer une atmosphère de détente
    musicale. C’était comme une sorte de thérapie par la musique classique. Il y
    avait des mélodies célèbres, des duos et des ensembles des spectacles d’opéra préférés
    du public. Nous avons aussi eu des moments de ballet, suivis par le Grand Gala
    de l’Opéra National de Bucarest, qui a réuni plus de 300 artistes, le chœur de
    l’Opéra, l’orchestre, le ballet et les solistes de l’Opéra National. Le
    programme a inclus plus de 25 morceaux célèbres et nous espérons que cela a plu
    au public. C’était un spectacle de plus de 3 heures, avec du vidéo-mapping, des
    lumières et du son de la plus haute qualité. »


    C’était donc plus qu’une simple expérience musicale, qui a attiré un public
    de plus en plus large. Alexandru Nagy nous invite à profiter des
    spectacles en plein air, dans une atmosphère unique où la musique se marie
    parfaitement avec les effets visuels et la nature. Si bien qu’à chaque édition
    la pelouse de l’Opéra national se remplit de chaise-longues, de poufs et de
    plaids multicolores sur lesquels les gens s’assoient pour admirer les artistes.
    Ce type d’évènement est de plus en plus populaire en Roumanie, constate
    Alexandru Nagy :


    « Ces dernières années, l’opéra est devenu un genre musical
    de plus en plus populaire. L’intérêt du jeune public est croissant, puisque
    c’est la forme la plus complexe des arts du spectacle. Et, paraît-il,
    l’audience apprécie de plus en plus une telle complexité. Pour les jeunes,
    c’est un véritable défi de voir 300 artistes monter sur scène. Grâce à ce genre
    de spectacle, des centaines de personnes ont franchi pour la première fois le
    seuil l’Opéra et sont tombées à jamais sous le charme de la musique classique ».


    Et la musique n’est pas le seul atout de l’Opéra national de Bucarest,
    comme nous l’explique Alexandru Nagy, son metteur en scène artistique :


    « L’Opéra national est en égale mesure un lieu favorable au
    débat, où l’on pose aussi des questions philosophiques. Je pense notamment aux
    Conférences de l’Opéra national de Bucarest. C’est comme un podcast en live,
    beaucoup plus grand, si vous voulez. Dans une salle de plus de 950 places, nous
    donnons l’occasion au public de rencontrer leurs invités préférés face à face.
    A leur tour, des personnalités marquantes de la culture roumaine viennent dans
    cet espace consacré au débat pour rencontrer leur public. Certes, on peut voir
    tout cela en ligne aussi, sur You Tube, ou bien à la télé. Mais l’opéra se veut
    un espace public. Et ce n’est pas tout. Nous avons d’autres projets encore,
    tels que « L’opéra vert » qui se propose de créer des productions
    durables, c’est-à-dire de réutiliser les ressources. On veut investir moins
    dans les décors et dans les choses qui n’ont pas de vie et davantage dans les
    gens ».



    Voix
    uniques, danseurs pleins de grâce, productions soucieuses de l’environnement,
    concerts en plein air – l’Opéra national de Bucarest tente de promouvoir une
    approche de la musique classique qui veut sortir des sentiers battus. Le tout,
    pour montrer au public à quel point son univers peut être fascinant. Nous vous attendons nombreux !

  • Comment communiquer avec empathie

    Comment communiquer avec empathie

    Nous nous plaignons souvent que les autres ne nous écoutent pas, ne nous entendent ou ne nous comprennent pas. Il arrive aussi parfois que nous ayons l’impression que les autres ne font pas ce que nous leur demandons. Dans ces moments souvent tendus, qui arrive à prendre conscience que les autres ont des besoins différents voire même des manières différentes de communiquer ? C’est ce que tentent d’expliquer nos invités d’aujourd’hui à tous ceux qui franchissent le seuil de leurs ateliers de communication.

    Octavia Udrescu et Decebal Popescu sont formateurs en communication non-violente depuis novembre 2020, lorsqu’ils ont commencé à organiser des ateliers dans l’espoir de créer une communauté au sein de laquelle les gens puissent mettre en place une communication véritable. Nous avons demandé à Decebal Popescu pourquoi il organise ces Ateliers de Communication Non-Violente (Ateliers CNV) : « J’ai eu plusieurs motivations. Parmi elles – ma conviction que nous, les êtres humains, nous avons la chance de vivre une vie plus heureuse et accomplie. Ce n’est la faute de personne, mais nous avons été habitués à des discours comme : « moi, j’ai raison et toi, tu as tort », ou bien « ça, c’est bien, alors que ça, c’est mal ». Eh bien, ce que nous avons voulu mettre en avant avec ces Ateliers de CNV c’est qu’il est possible d’avoir une vision différente des choses. Et avec un peu de bienveillance on peut trouver une solution pour répondre à nos besoins de développement personnels, tout en tenant compte des besoins de l’autre. Et pour moi, c’est vraiment formidable ! »

    De son côté, Octavia Udrescu a détaillé pour nous la réaction des participants lorsqu’ils comprennent que chacun a ses propres stratégies pour répondre à ses besoins : « Les participants revenaient et nous racontaient : « J’ai commencé à écouter ! Avant, je ne pouvais pas écouter les autres, je trouvais ce qu’ils me disaient bête, mais désormais je me tais et j’écoute. Et cela me permet d’apprendre des choses intéressantes. On part souvent de l’idée que l’on est plus intelligent que l’autre, mais si on lui donne la chance de s’exprimer, de nous montrer son monde, on sera surpris. Peut-être découvrira-t-on que leurs idées sont tout aussi intéressantes, que nous avons les mêmes désirs et intentions, même si les modalités pour les accomplir sont différentes. C’est vraiment fascinant ! La nature humaine me fascine et la communication consciente m’aide à mieux me comprendre moi-même. Qu’est-ce que je veux, en fait ? Et puis, je regarde mes enfants et j’essaye de me souvenir de mes propres réactions à l’adolescence. Quelles réactions ? Quel comportement ? Est-ce que je criais sur ma mère ? Est-ce que je claquais les portes ? Bien sûr. Mais alors pourquoi est-ce que je faisais tout cela ? »

    Se demander « pourquoi », cela ouvre beaucoup de portes à la compréhension de soi et de l’autre, nous dit Octavia. Toutes les techniques de communication non-violente, elle les a appliquées d’abord en famille, avec ses filles. Quel résultat ? Octavia répond : « Désormais, j’ai une meilleure relation avec ma famille et moi-même. Par exemple, j’accepte mieux les refus. Ma fille est déjà adulte, elle a 20 ans. Désormais, si j’ai besoin d’aide, je négocie avec elle. Quand je lui dis « j’aurais besoin de ça ou ça » elle, qui connaît aussi les principes de la communication non-violente me dit parfois que je suis « passive-agressive » et que je la tiens coupable de certaines choses. Alors, maintenant je lui réponds : « Désolée, c’est ma faute.. Comment pourrais-je améliorer cela ? » Et elle me répond : « J’aimerais que tu me dises d’avance quand tu as besoin de mon aide et que tu ne me forces plus à faire quelque chose au pied levé ». Et moi, je poursuis : « Alors, aujourd’hui, je vais laver le linge et d’ici une heure j’aurai besoin que tu le mettes à sécher ». Et ça fonctionne ! J’en suis époustouflée ! Avant, lorsque je lui mettais la pression, cela ne fonctionnait pas. Maintenant j’ai cette ouverture d’esprit d’accepter un refus et je sais lui demander son opinion. Et ça marche. Puisqu’en fait, l’homme ressent le besoin de contribuer, mais il a aussi besoin d’avoir la liberté de choisir comment et quand apporter cette contribution. »

    En fait c’est par l’auto-empathie que nous arriverons à accepter plus facilement les choses, explique Octavia, qui nous fait encore part de son expérience personnelle : « Cela signifie que je suis capable de comprendre qu’un refus est un moment difficile pour moi et d’essayer de faire quelque chose pour me sentir mieux. Me sentir mieux physiquement, puisqu’un refus de la part de ma famille me fait si mal au cœur, au point de penser « ils ne m’aiment pas ». Alors je me dis : stop, ce n’est pas une question d’amour, c’est quelque chose d’important pour lui ou pour elle. C’est quelque chose que je peux accepter. Alors, je tourne mon attention vers des choses qui m’apportent un peu de réconfort – je regarde les fleurs, je dessine etc. »

    Après ce témoignage très personnel, nous invitons de nouveau au micro Decebal Popescu, pour nous dresser le portrait des personnes qui participent à ces ateliers de communication : « Nous aimerions avoir un public plus large et plus équilibré en terme de genre. Jusqu’ici, la plupart des personnes qui nous ont rejoint ont été des femmes, préoccupées d’avoir une meilleure relation avec elles-mêmes notamment. J’ai aussi été ravi de voir dans le public de nombreux parents, tant des mamans que des papas, des parents d’adolescents surtout. Une des meilleures expériences est le moment où chaque participant bénéficie de 2-3 minutes pour exprimer pourquoi il participe à cet atelier. A la fin de la rencontre, nous leur posons la question suivante : « c’était comment pour vous d’être écouté sans être interrompu pendant quelques minutes ? » Et leur réaction est toujours la même : « tu veux dire qu’il faut faire la même chose avec nos enfants ? »… »

    Mieux communiquer. A un moment donné chacun d’entre nous ressent ce besoin. Souvent, il faut commencer par mieux écouter. Par conséquent, on n’a pas tort de dire que les ateliers de communication non-violente sont une expérience nécessaire pour nous tous, car nous voulons tous pouvoir mieux communiquer. Pour les adolescents, l’essentiel est de faire ces cours en compagnie des parents, pour mieux apprendre et mieux se comprendre les uns les autres. (Trad. Andra Juganaru, Valentina Beleavski)

  • Mieux communiquer

    Mieux communiquer

    Il ne m’écoute pas ! Elle ne me comprend pas ! Mon enfant ne fait
    jamais ce que je lui dis de faire ! Autant de phrases que nous nous
    retrouvons souvent à dire.


    Nous nous plaignons souvent que les autres ne nous écoutent pas, ne nous
    entendent ou ne nous comprennent pas. Il arrive aussi parfois que nous ayons
    l’impression que les autres ne font pas ce que nous leur demandons. Dans ces
    moments souvent tendus, qui arrive à prendre conscience que les autres ont des
    besoins différents voire même des manières différentes de communiquer ?
    C’est ce que tentent d’expliquer nos invités d’aujourd’hui à tous ceux qui
    franchissent le seuil de leurs ateliers de communication.


    Octavia Udrescu et Decebal Popescu sont formateurs en communication
    non-violente depuis novembre 2020, lorsqu’ils ont commencé à organiser des
    ateliers dans l’espoir de créer une communauté au sein de laquelle les gens
    puissent mettre en place une communication véritable. Nous avons demandé à Decebal
    Popescu pourquoi il organise ces Ateliers de Communication Non-Violente
    (Ateliers CNV) :




    « J’ai eu plusieurs motivations. Parmi elles
    – ma conviction que nous, les êtres humains, nous avons la chance de vivre une
    vie plus heureuse et accomplie. Ce n’est la faute de personne, mais nous avons
    été habitués à des discours comme : « moi, j’ai raison et toi, tu as
    tort », ou bien « ça, c’est bien, alors que ça, c’est mal ». Eh bien,
    ce que nous avons voulu mettre en avant avec ces Ateliers de CNV c’est qu’il
    est possible d’avoir une vision différente des choses. Et avec un peu de
    bienveillance on peut trouver une solution pour répondre à nos besoins de
    développement personnels, tout en tenant compte des besoins de l’autre. Et pour
    moi, c’est vraiment formidable ! »





    De son côté, Octavia Udrescu a détaillé pour nous la réaction des
    participants lorsqu’ils comprennent que chacun a ses propres stratégies pour répondre
    à ses besoins :




    « Les participants revenaient et nous racontaient :
    « J’ai commencé à écouter ! Avant, je ne pouvais pas écouter les
    autres, je trouvais ce qu’ils me disaient bête, mais désormais je me tais et
    j’écoute. Et cela me permet d’apprendre des choses intéressantes. On part
    souvent de l’idée que l’on est plus intelligent que l’autre, mais si on lui
    donne la chance de s’exprimer, de nous montrer son monde, on sera surpris. Peut-être
    découvrira-t-on que leurs idées sont tout aussi intéressantes, que nous avons
    les mêmes désirs et intentions, même si les modalités pour les accomplir sont
    différentes. C’est vraiment fascinant ! La nature humaine me fascine et la
    communication consciente m’aide à mieux me comprendre moi-même. Qu’est-ce que
    je veux, en fait ? Et puis, je regarde mes enfants et j’essaye de me
    souvenir de mes propres réactions à l’adolescence. Quelles réactions ?
    Quel comportement ? Est-ce que je criais sur ma mère ? Est-ce que je
    claquais les portes ? Bien sûr. Mais alors pourquoi est-ce que je faisais
    tout cela ? »




    Se
    demander « pourquoi », cela ouvre beaucoup de portes à la
    compréhension de soi et de l’autre, nous dit Octavia. Toutes les techniques de
    communication non-violente, elle les a appliquées d’abord en famille, avec ses
    filles. Quel résultat ? Octavia répond :




    « Désormais, j’ai une meilleure relation avec ma famille et
    moi-même. Par exemple, j’accepte mieux les refus. Ma fille est déjà adulte,
    elle a 20 ans. Désormais, si j’ai besoin d’aide, je négocie avec elle. Quand je
    lui dis « j’aurais besoin de ça ou ça » elle, qui connaît aussi les
    principes de la communication non-violente me dit parfois que je suis
    « passive-agressive » et que je la tiens coupable de certaines choses. Alors,
    maintenant je lui réponds : « Désolée, c’est ma faute.. Comment pourrais-je améliorer cela ?
    » Et elle me répond : « J’aimerais que tu me dises d’avance
    quand tu as besoin de mon aide et que tu ne me forces plus à faire quelque
    chose au pied levé ». Et moi, je poursuis : « Alors, aujourd’hui, je vais
    laver le linge et d’ici une heure j’aurai besoin que tu le mettes à
    sécher ». Et ça fonctionne ! J’en suis époustouflée ! Avant,
    lorsque je lui mettais la pression, cela ne fonctionnait pas. Maintenant j’ai
    cette ouverture d’esprit d’accepter un refus et je sais lui demander son
    opinion. Et ça marche. Puisqu’en fait, l’homme ressent le besoin de contribuer,
    mais il a aussi besoin d’avoir la liberté de choisir comment et quand apporter
    cette contribution. »




    En fait c’est par l’auto-empathie que nous arriverons à accepter plus
    facilement les choses, explique Octavia, qui nous fait encore part de son
    expérience personnelle :




    « Cela signifie que je suis capable de comprendre qu’un
    refus est un moment difficile pour moi et d’essayer de faire quelque chose pour
    me sentir mieux. Me sentir mieux physiquement, puisqu’un refus de la part de ma
    famille me fait si mal au cœur, au point de penser « ils ne m’aiment pas
    ». Alors je me dis : stop, ce n’est pas une question d’amour, c’est
    quelque chose d’important pour lui ou pour elle. C’est quelque chose que je
    peux accepter. Alors, je tourne mon attention vers des choses qui m’apportent
    un peu de réconfort – je regarde les fleurs, je dessine etc. »




    Après ce témoignage très personnel, nous invitons de nouveau au micro
    Decebal Popescu, pour nous dresser le portrait des personnes qui participent à
    ces ateliers de communication :




    « Nous aimerions avoir un public plus large et plus
    équilibré en terme de genre. Jusqu’ici, la plupart des personnes qui nous ont
    rejoint ont été des femmes, préoccupées d’avoir une meilleure relation avec
    elles-mêmes notamment. J’ai aussi été ravi de voir dans le public de nombreux
    parents, tant des mamans que des papas, des parents d’adolescents surtout. Une
    des meilleures expériences est le moment où chaque participant bénéficie de 2-3
    minutes pour exprimer pourquoi il participe à cet atelier. A la fin de la
    rencontre, nous leur posons la question suivante : « c’était comment
    pour vous d’être écouté sans être interrompu pendant quelques minutes ? »
    Et leur réaction est toujours la même : « tu veux dire qu’il faut
    faire la même chose avec nos enfants ? »… »



    Mieux
    communiquer. A un moment donné chacun d’entre nous ressent ce besoin. Souvent,
    il faut commencer par mieux écouter. Par conséquent, on n’a pas tort de dire
    que les ateliers de communication non-violente sont une expérience nécessaire
    pour nous tous, car nous voulons tous pouvoir mieux communiquer. Pour les
    adolescents, l’essentiel est de faire ces cours en compagnie des parents, pour
    mieux apprendre et mieux se comprendre les uns les autres. (Trad. Andra
    Juganaru, Valentina Beleavski)

  • Saveurs et patrimoine à Timişoara

    Saveurs et patrimoine à Timişoara

    Peu le savent, mais le 18 juin a été décrété par l’ONU « Journée
    de la gastronomie durable ». Pourtant, cela fait 5 ans déjà que dans l’ouest de
    la Roumanie, à Timişoara, a lieu le programme « La pas » (A pas),
    qui vise à mettre en valeur le patrimoine gastronomique de la région dans le
    strict respect des principes de la restauration lente, le slow-food. Ce programme
    a été lancé par l’Association CRIES (Le centre des ressources pour des
    initiatives éthiques et solidaires) dès 2018 en perspective de la future
    Capitale européenne de la culture. Eh bien, le moment est venu, Timişoara est
    cette année Capitale européenne de la culture et c’est l’occasion ou jamais de
    parler plus en détail des différentes thématiques de ce programme intitulé
    « Le goût comme patrimoine » avec Mihaela Veţan, la présidente de
    l’Association CRIES :




    « Le goût en tant que
    patrimoine » fait partie du programme « La pas » (A pas), un des
    événements de la Capitale européenne de la culture 2023. C’est l’élément par
    lequel nous souhaitons mettre en avant l’idée que la nourriture fait partie de
    notre patrimoine culturel immatériel. Lors des éditions précédentes, nous avons
    exploré cette thématique à l’aide de différentes activités. Par exemple, en
    2018, nous avons organisé un concours de recettes traditionnelles. Puis, nous
    avons réalisé des vidéos avec des vloggueurs sur les recettes traditionnelles
    de la région du Banat (ouest), alors que l’édition de l’année dernière a été
    consacrée à la guerre en Ukraine, avec plusieurs activités liées au bortch
    ukrainien qui a été inclus au Patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO.
    »




    Cette année les organisateurs ont décidé d’attirer l’attention sur un
    élément très important : l’impact de la nourriture sur l’environnement.
    Mihaela Veţan explique :






    « Nous avons imaginé
    une série de 5 ateliers gastronomiques avec pour invités des chefs cuisiniers,
    des vloggueurs culinaires et des passionnés de cuisine qui ont tous utilisé des
    ingrédients de saison provenant de sources locales. On a commencé en février
    par un atelier ayant pour vedette les légumes-racines. Puis un atelier
    végétalien mettant l’accent sur les herbes utilisées dans les plats. Nous avons
    continué avec ce type d’ateliers tout au long de cet été. En automne, nous
    privilégierons les aliments de saison. Si bien qu’à la fin de l’année, les
    participants auront une meilleure vision de la diversité des recettes à
    cuisiner chez soi, avec des ingrédients spécifiques à chaque saison.
    »




    Comme nous venons de le mentionner, toutes ces activités reposent aussi sur
    les principes de la restauration lente – le slow-food – à savoir : c’est
    bon, c’est propre, c’est éthique. Histoire de développer les compétences des
    jeunes en matière de consommation responsable, de promouvoir les pratiques
    durables pour l’organisation d’événements culturels et d’encourager les
    politiques publiques qui favorisent les modèles de développement durable. Bref,
    sensibiliser la population à la culture de la durabilité. Mihaela Veţan,
    présidente de l’Association CRIES, explique en quoi consiste concrètement cette
    idée de durabilité dans le cas des ateliers prévus cette année :




    « Nous voulons mettre
    les projecteurs sur trois éléments importants. Premièrement : l’aspect
    saisonnier – c’est-à-dire prendre conscience du fait que certains légumes sont
    disponibles à un certain moment de l’année et que c’est alors qu’il faut les
    consommer et non pas hors saison. Deuxièmement : nous rapprocher des
    producteurs locaux et des ingrédients locaux. Troisièmement : inspirer les
    gens à cuisiner davantage à la maison, une pratique qui est aujourd’hui en
    déclin. Les gens cuisinent de moins en moins et s’orientent vers les produits
    semi-élaborés ou le fast-food.
    »




    Et puisque tout cela se passe dans l’ouest de la Roumanie, à Timişoara,
    nous avons voulu savoir quelles étaient les saveurs phare de cette ville qui
    est cette année Capitale européenne de la culture. Mihaela Veţan
    répond :


    « Nous, on a plutôt
    mis l’accent sur les spécificités de la région du Banat, qui est une zone de
    confluences. Dans notre approche de cet aspect traditionnel et local, nous
    avons mis en avant une association plutôt inattendue, spécifique de la région :
    le sucré-salé ou bien l’aigre-doux. Pour vous donner un exemple :
    traditionnellement, dans le Banat, on mange le rôti avec de la compote de
    griottes ou de prunes. D’ailleurs, ici, on a à faire à un mélange de cuisine
    serbe, allemande, souabe, et même magyare -c’est donc très difficile de dire quel
    est le goût spécifique de la région. A mon avis, c’est ce mélange de goûts et
    cette alternance inattendue. Bref, on pourrait dire que les saveurs du Banat
    sont pour le moins surprenantes.
    »




    Et ce n’est pas tout. Aux ateliers de cuisine locale dont nous venons de
    parler, s’ajoutent cet automne des activités similaires dans les écoles, comme
    nous le raconte notre invitée, Mihaela Veţan :




    « Le programme «
    La pas / A pas » comporte en fait un ample projet éducationnel. Nous
    mettrons en place de nombreuses activités dans les écoles, nous y impliquerons
    plus de 650 élèves et leurs familles. Et bien sûr, automne oblige, pour ce mois
    d’octobre nous préparons la 3e édition du Festival « La
    pas / A Pas », qui est un festival de gastronomie artisanale. »




    Bref, tous les amateurs de produits du terroir et d’art culinaire sont attendus
    cet automne à Timişoara qui est non seulement Capitale européenne de la culture
    2023, mais aussi une ville qui met à l’honneur son patrimoine gastronomique et
    ses communautés locales – le tout sous le signe d’un développement durable.
    Rendez-vous donc à Timişoara pour découvrir les saveurs et les recettes du
    Banat. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Sommes-nous préparés pour l’avenir ?

    Sommes-nous préparés pour l’avenir ?

    L’Université Polytechnique de Bucarest a accueilli « SpaceFest », un événement dédié à l’exploration de l’espace. Ce fut une expérience unique pour plusieurs milliers de jeunes participants.

    Dumitru Prunariu, le seul astronaute Roumain qui a volé dans l’espace, Nicole Stott, des États-Unis, la dixième femme à voler dans l’espace, et Sara Sabry, d’Égypte, la première femme africaine, arabe et égyptienne, à atteindre l’espace, y ont raconté des histoires fascinantes.

    D’ailleurs, Google Maps ou bien les applications météo mobiles, ont résulté de l’exploration spatiale, tout comme d’autres inventions qui contribuent aux activités terestres . Les approches traditionnelles n’esont plus utilisées, à cause de leur inefficacité. Autant de domaines dans lesquels les Roumains jouent un rôle important, même si leur présence officielle dans l’espace s’arrête à Dumitru Prunariu. Présent à l’événement, celui-ci a déclaré pour Radio Romanie Internationale :

    « Ici, à l’Université polytechnique de Bucarest, dans une salle avec 1 200 personnes, j’ai déjà eu une rencontre très intéressante avec des jeunes, des enfants, des étudiants, qui ont non seulement écouté attentivement ce que leur ont dit les trois astronautes qui sont ici, mais ont également posé des questions très intéressantes. Nous (à savoir les astronautes), nous nous rencontrons également régulièrement au sein de l’Association des explorateurs de l’espace, qui est l’association professionnelle des astronautes et cosmonautes. C’est vrai que l’astronaute d’Egypte n’en fait pas encore partie, mais elle a fait un petit vol balistique, elle a passé dix minutes en apésanteur. Nous, les autres, comme Nicole Stott par exemple, nous avons voyagé plus loin et nous avons volé plus, ce qui nous a offert une autre expérience. Quand même, tout vol cosmique, aussi court qu’il soit, ouvre d’autres perspectives et chacun a de nouvelles histoires à raconter de son expérience, des choses que ses autres collègues peut-être ne connaissent pas, c’est à dire de son expérience personnelle, de ses perceptions personnelles, de son interaction avec les gens, après le vol cosmique. En ce moment, en plus des accords gouvernementaux entre certains États, des entreprises, des organisations qui forment des astronautes, (et il n’y en a que trois dans le monde, soit les Américains, les Russes et les Chinois), il y a aussi des accords privés. Il y a des sociétés de brokers d’astronautes, qui ont commencé à envoyer, il est vrai, pour des millions de dollars, des gens dans l’espace, et le tourisme spatial se développe de plus en plus. On pourrait donc avoir la surprise qu’un deuxième Roumain fasse partie de cette catégorie. »

    Selon Dumitru Prunariu, il y a déjà des plans, que l’on pourrait qualifier d’interstellaires :

    « La lune est un avant-poste pour le vol vers Mars. Le programme « Artémis » n’est qu’un début. Il s’agit du programme américain qui a déjà été lancé, qui a envoyé un vaisseau spatial d’essai autour de la lune. L’année prochaine il enverra le premier équipage humain autour de la lune pour tester l’équipement, le vaisseau, ainsi que l’environnement dans lequel les gens vont travailler. En 2025, le premier alunissage est prévu dans le cadre du nouveau programme « Artémis ». Et ce ne sera que le début. Cette fois-ci, nous n’allons pas sur la Lune pour en revenir sur la Terre, mais pour y rester. C’est un message très important : les gens y resteront. Bien sûr, les équipages s’y succèderont, dans des bases permanentes qui seront construites dans le zone du pôle sud de la Lune. Dans un avenir prévisible, il y aura une station orbitale circumlunaire, qui représentera un hub pour les astronautes qui viendront de la Terre et sur la Lune et puis reviendront sur la Terre. Il y aura aussi une base de recherche scientifique pour l’environnement lunaire, qui prépareront les futurs vols vers Mars. »

    Nicole Stott, la dixième femme à effectuer un vol dans l’espace, nous a raconté que, bien qu’elle ait passé un peu plus de cent jours dans l’espace, elle y reviendrait ne serait-ce que pour un seul jour, afin de sentir encore une fois la joie, la curiosité et le ravissement de cette expérience inoubilable:

    « Cent quatre jours dans l’espace n’étaient pas assez ! Je sentais que le temps volait, je ne pouvais pas y croire quand il était temps de rentrer sur la Terre. J’aimerais pouvoir retourner dans l’espace et y passer au moins un jour de plus ! Ce serait bien ! J’étais la dixième femme à aller dans l’espace, je n’y ai même pas pensé à l’époque, même si je connaissais le nombre. Je pense qu’en fait, ce n’est pas important si on est un homme ou une femme. L’important c’est de faire de son mieux. Nous avons prouvé que les femmes sont tout aussi bonnes que les hommes, sinon meilleures, dans ces missions. Je pense donc qu’il suffit d’encourager de plus en plus de jeunes femmes à poursuivre une telle carrière. Même quand les choses n’allaient pas bien (dans l’espace), par exemple, une alarme qui se déclenchait, je pense que c’était plus de l’agitation que de la peur, parce que nous sommes bien entraînés pour savoir comment procéder dans toutes les situations. Je répèterais certainement le vol dans l’espace et, d’une certaine manière, j’aimerais que ce soit exactement commela première fois, avec le même équipage et les mêmes expériences. Mais ce serait aussi une grande joie de pouvoir voler à nouveau et de vivre quelque chose de différent dans une mission. »

    Sara Sabry, de Egypte, est la première femme africaine, arabe et égyptienne à atteindre l’espace. Elle était présente au SpaceFest et a partagé avec nous sa joie de marquer un changement :

    « C’est un honneur incroyable de représenter mon pays, d’être dans l’espace pour la première fois et d’être la première femme arabe à le faire. Cela montre à quel point le contexte est en train de changer. Enfin, nous sommes représentées. J’ai grandi entourée par des gens qui n’avaient eu pas la chance de faire quelque chose pareil dans le monde d’où je viens. J’ai donc été la première, ce qui m’honore et me remplit de gratitude. Je suis contente de voir que des gens comme moi peuvent faire quelque chose pareil et surtout que les femmes de cette partie du monde peuvent le faire. Voir la Terre depuis l’espace – cela change la perspective sur le monde entier. Nous n’avons pas évolué biologiquement pour regarder la Terre depuis l’espace ou depuis l’extérieur. Alors, quand ça arrive, ça bouleverse notre univers. Quand on revient sur la Terre, on doit réfléchir à ce que l’on pensait avant cette expérience de la Terre, de la vie, de l’Univers, des relations avec tout ce qui existe. On doit comprendre tout cela, faire tout ce que l’on peut avec la nouvelle responsabilité acquise grâce à cette nouvelle perspective. J’étais tellement enthousiaste , je n’avais pas du tout peur, j’avais plein d’adrénaline et j’étais tellement en paix ! Parce qu’il faut être en paix quoi qu’il arrive, quel que soit le résultat ! Il faut faire une confiance totale au véhicule, à soi-même, àl’équipage, savoir que tout va bien, que, quoi qu’il arrive, on sait comment réagir, on sait ce qu’il faut faire et que même si on ne revient pas, c’est quelque chose que l’on a accepté dès le départ. Et c’est quelque chose qui nous change ! Quand cela est arrivé, je n’arrivais même pas à le croire, parce que l’on en rêve tellement! Et quand cela arrive, c’est comme si tout s’animait en toi ! »

    Voilà donc une invitation à réfléchir davantage ay voyage dans l’espace ou à la vie sur une autre planète. On a souvent l’impression ce que relève de la sicence-fiction, mais en fait cet aveinr est plus proche que l’on ne s’y attedait ! (Trad. Andra Juganaru)

  • Invitation au jeu

    Invitation au jeu

    Il y
    a des moments dans la vie où la tristesse ou la déception sont tellement
    grandes qu’elles nous laissent seuls et sans parole. Cependant, il y a des
    situations encore plus graves, telles des choques, des abus physiques ou
    sexuels, des manifestations d’autisme ou des handicaps quand les individus sont
    en proie à l’incapacité de s’exprimer verbalement. Alors, c’est pour eux que Dana
    Jianu, chirurgienne plasticienne, a créé Dan. A. Joy, une poupée qui peut se
    transformer selon la volonté et l’imagination de l’enfant. L’invention lui a
    valu les médailles d’or en 2006 et 2007, des célèbres Salons des inventions et
    innovations de Bruxelles et de Genève. La poupée a attiré l’attention de l’UNICEF
    et de l’ONU, car elle est censée aider les enfants à gérer leurs défaillances.


    Dana
    Jianu raconte pour Radio Roumanie :


    « Cette invention est née
    de ma passion pour la chirurgie plastique. Je me suis dit que ce serait une
    occasion pour tout le monde, enfants et adultes à la fois, de s’amuser à
    transformer le corps humain. Ca peut être aussi une activité de famille ou bien
    ça pourrait avoir un effet thérapeutique. Alors, j’ai créé cette première
    poupée en tissu éponge que j’ai revêtue d’une sorte de peau, permettant à celui
    qui joue avec, de la transformer selon sa volonté, en faisant d’elle son
    compagnon idéal. Cela créée de l’attachement et nourrit l’imagination. Par
    conséquent, les petits seront capables de créer leurs propres copains. »



    Dana
    Jianu nous a avoué que lorsqu’elle était petite, elle s’imaginait le métier de
    chirurgien plasticien comme une sorte de jeu. La poupée qu’elle a inventée
    invite elle aussi au jeu. Elle se laisse transformer selon la volonté des ceux
    qui jouent avec, des enfants dans la plupart des cas. On peut lui ajouter
    différentes catégories de muscles, on peut choisir entre des traits féminins,
    des seins ou des tailles minces, par exemple, ou des traits masculins, on peut
    lui coller un nez, des yeux, des lèvres, des sourcils ou des cheveux de
    différentes couleurs, on peut lui conférer différentes expressions (de bonheur,
    de tristesse, de colère, etc.) selon l’imagination et la disposition du moment.




    Dana Jianu nous en
    donne plus de détails :




    « La poupée peut être aussi bien un garçon qu’une fille. C’est pourquoi
    elle s’appelle Dan. A. Joy ou Dana Joy, selon les traits corporels choisis. Toutes
    ses caractéristiques corporelles sont modifiables. On a à notre disposition toute
    une variété de traits du visage, des yeux bridés, par exemple, ou des yeux
    caucasiens. »




    Dana
    Jianu a reçu jusqu’à présent deux brevets d’invention : l’un pour DAN.A.JOY,
    la poupée qui change ses caractéristiques corporelles et l’autre pour une
    agrafeuse chirurgicale qui sert à suturer rapidement les blessures. La poupée a
    eu de succès aussi bien en Roumanie, qu’à l’étranger, car elle nourrit la
    créativité, tout en s’avérant un nouveau moyen de communication et d’expression
    non-verbale.


    Née
    dans le village pittoresque de Vama, dans le département de Suceava, la chirurgienne
    plasticienne Dana Jianu se fait un plaisir de remémorer des souvenirs de son enfance
    passée aux pieds de la montagne. C’était dans ce village que son désir d’aider
    les autres est apparu. Guidée par ses grands-parents elle a appris à se
    conduire en véritable fermière. Elle s’occupait des animaux, elle faisait la
    cueillette des champignons, elle assistait au sacrifice des volailles ou encore
    elle préparait de délicieux plats roumains, tels la blanquette de poulet aux
    cèpes.


    A la
    fin de notre entretien, Dana Jianu nous raconte comment l’idée de faire de
    la chirurgie plastique lui est venue.


    « Tout a commencé par le désir de prendre
    soin de ceux qui en ont besoin. Et puisque ma grand-mère s’occupait de nos
    animaux et puisque moi, j’étais très proche d’elle, je me suis rendue compte
    que j’aimais bien faire de mon mieux pour que les gens restent en bonne santé. D’ailleurs,
    s’occuper des autres faisait partie de ma famille, car mon père était médecin. J’étais
    intéressée par la prise en charge que le médecin offrait dans le petit centre
    médical départemental où, à l’époque, on faisait tout : consultations
    gynécologiques, petites interventions chirurgicales, prise en charge des
    maladies cardiovasculaires et du diabète. J’ai donc réalisé à quel point
    j’aimais la médecine et la possibilité de soigner les gens qui en avaient
    besoin. »


    Pour
    la chirurgienne plasticienne Dana Jianu, la santé est plus importante que
    l’esthétique. En Roumanie, elle compte parmi les pionniers de la chirurgie
    esthétique, car elle a fondé le premier cabinet de chirurgie esthétique privé
    et elle a opéré des milliers de patients. Quand même, Dana Jianu encourage le
    recours à la chirurgie esthétique ou réparatrice uniquement quand cela est
    nécessaire, notamment pour remédier à des complexes physiques qui risquent de
    gâcher la vie. Mais, il ne faut pas oublier que la chirurgie esthétique est
    avant tout une nécessité et non pas un caprice! (Trad. Andra Juganaru)

  • Le Championnat d’Europe des conducteurs de tramway

    Le Championnat d’Europe des conducteurs de tramway

    La
    10e édition du Championnat d’Europe des conducteurs de tramway a eu
    lieu cette année à Oradea, dans l’ouest de la Roumanie. 25 équipes formées d’un
    conducteur, d’une conductrice et d’un assistant technique ont participé à 6
    épreuves aménagées dans le centre-ville. Chaque épreuve portait un nom
    spécifique : « L’arrêt parfait », « Freinage d’urgence »,
    « Distance latérale », « Tram-bowling » et « Tram-billard », alors
    que la 6e était une épreuve inédite. C’est l’équipe de Vienne qui a
    remporté le trophée, alors que les Roumains ont occupé la 14e
    position du classement final.


    Au
    micro de RRI, Adrian Revnic, directeur général de la Compagnie de transport
    local d’Oradea, raconte :




    « Ce Championnat d’Europe des conducteurs de tramway est déjà une
    tradition. Il est né de l’effort des sociétés de transport d’Europe de
    promouvoir le transport public urbain et de créer des liens entre les
    différentes villes européennes. Cette année, 25 équipes étaient présentes à
    Oradea, représentant de nombreuses capitales et métropoles. (Barcelone, Bâle, Berlin, Bordeaux,
    Bruxelles, Debrecin, Dresde, Dublin, Florenţa, Gotteborg, Hanovra, Kosice,
    Kiev, Leipzig, Malaga, Oslo, Oradea, Prague, Nurnberg, Rotterdam, Stokholm,
    Szeged, Vienne, Varsovie, Zagreb) ».




    Barcelone,
    Bordeaux, Berlin, Prague, Stockholm, Kiev, Varsovie – ce ne sont là que
    quelques exemples de villes participant à la compétition. Adrian Revnic nous
    présente plus en détail les épreuves du Championnat d’Europe des conducteurs de
    tramway :

    «
    En général, le concours peut comporter entre 4 et 6 épreuves, en fonction
    des routes et de l’infrastructure de la ville d’accueil. Cette année nous avons
    proposé 6 jeux. Chaque équipe était formée de deux membres – un homme et une
    femme – et chacun a dû participer à chacune des épreuves. En voici un
    exemple : une table de billard est installée avec une queue et le tramway
    doit venir la taper pour faire bouger les boules disposées sur la table. Les
    points sont cumulés en fonction de la position de la boule frappée. Dans d’autres
    épreuves il fallait éteindre un incendie ou bien éviter un passant qui ne
    faisait pas attention. (C’était un mannequin en fait). Une autre épreuve
    consistait à arrêter le tramway à un point précis, fixé à sa 3e
    porte. Enfin, pour le jeu le plus spectaculaire, peut-être, le tramway devait
    frapper une boule géante de bowling afin de renverser 6 quilles.»





    Humour,
    habileté, ingéniosité, technique – il faut avoir de tout pour gagner la
    compétition. Somme toute, les quelques centaines d’invités à cet événement se
    sont dit impressionnés. Adrian Revnic le confirme :




    « Nous avons mis sur pied ce championnat à Oradea, en partant d’une idée
    reçue : les Roumains ont souvent l’impression que tout ce qui est organisé en
    Europe est meilleur qu’en Roumanie. Or, nous avons voulu montrer qu’Oradea n’a
    rien à envier aux autres villes d’Europe. Cela fait trois ans que nous essayons
    d’accueillir ce Championnat, premièrement pour promouvoir cette belle ville, sa
    culture, ses traditions – bref tous ses atouts sociaux et culturels.
    Heureusement, cette année, l’événement a eu lieu durant les mini-vacances de la
    Pentecôte et de nombreux touristes ont pu en profiter. Le principal objectif de
    ce concours n’est pas la compétition en soi, mais d’inviter les gens à se
    divertir. Par conséquent, plusieurs ateliers pour enfants ont été organisés sur
    place, il y a eu des food-truck et plein d’activités connexes. D’ailleurs,
    l’événement s’est déroulé sur deux jours, avec une conférence du Club
    ferroviaire le premier jour, et la compétition proprement-dite, le second. Et il
    y a eu plein de spectateurs.»



    Comme
    on le disait en début d’émission, c’est l’équipe autrichienne représentant
    Vienne qui a remporté cette 10e édition du Championnat d’Europe des conducteurs
    de tramway, suivie par l’équipe suédoise de Göteborg et par celle de Prague. Quant
    aux Roumains Karoly Eva et Leonte Oniţa, ils se sont classés en 14e
    position. Les prix ont été plutôt honorifiques – diplômes, coupes et quelques
    souvenirs crées par les céramistes locaux. A part le classement à proprement-dit
    on a aussi récompensé « Le meilleur nouveau-venu », « Le
    concurrent le plus âgé », « L’équipe la plus populaire » et autres.




    Bref,
    un weekend de rencontre, de partage et de bonne humeur -le Championnat d’Europe
    des conducteurs de tramway qui s’est tenu cette année à Oradea. (trad.
    Valentina Beleavski)







  • Quel avenir pour les timbres-poste?

    Quel avenir pour les timbres-poste?

    Beaucoup
    ignorent encore qu’il existe en Roumanie un Musée national philatélique qui a
    ouvert ses portes en 2004. Aujourd’hui, bien qu’il ait conservé son nom, il constitue l’une des sections du
    Musée national d’Histoire de la Roumanie. Alexandru Cristian Voicu, commissaire
    d’exposition au sein du Musée national d’Histoire de la Roumanie, nous raconte
    la genèse de ce projet :




    « Le besoin de créer une telle
    entité est née après que la Roumanie a intégré, en 1874, l’Union postale
    universelle (UPU). Et au fil du temps, la Poste roumaine a continué de
    compléter la collection avec de nombreux objets philatéliques, de Roumanie
    d’une part, mais pas seulement. Elle a aussi récupéré beaucoup de timbres des
    pays étrangers, des états membres de l’UPU. C’est suite à cette démarche qu’est
    né, après 1990, le besoin de créer une institution spécialisée dans ce domaine
    auxiliaire à l’histoire : la philatélie. La collection du Musée national
    philatélique de Roumanie est l’une des plus importante au monde, on estime en
    effet qu’elle regroupe près de 17 millions d’objets. Elle se compose
    principalement de timbres roumains, à commencer par le célèbre « Cap de
    bour », ainsi que de timbres étrangers, de tous les continents y compris
    des îles du pacifique. A cela s’ajoutent une kyrielle d’effets postaux ou de
    maquettes de timbres datant principalement de l’entre-deux guerres, des cartes
    postales illustrées ou semi-illustrées, des modélisation en couleur et des
    modèles de timbres couleur prêts à recevoir le « bon pour
    impression ». Ces derniers servaient à se faire une idée du rendu des
    couleur avant l’impression des timbres. On retrouve aussi les moules qui ont
    servi à fabriquer les premiers timbres roumains comme « Cap de
    bour », « Principautés unies », « Cuza », le roi Carol
    avec une moustache ou avec une barbe. Tous ces timbres ont été confectionnés
    grâce à des moules en métal ou à des pierres lithographiques. Des objets d’une
    grande valeur historique pour la Roumanie, que l’on retrouve aussi dans la
    collection du musée philatélique. »




    Nous
    avons demandé à Alexandru Cristian Voicu quelle valeur peut avoir aujourd’hui
    un timbre alors que la plupart de nos échanges se font maintenant par voie
    électronique :




    « Les
    vieux timbres, les timbres-poste classiques comme on les appelle, ont une
    valeur monétaire assez importante, car ils sont un témoignage du passé, ils
    racontent l’histoire de notre pays. Il ne faut pas oublier que comme la
    monnaie, le timbre est l’un des premiers signes d’indépendance d’un Etat.
    Ensuite, il faut aussi garder à l’esprit que ces deux objets sont des éléments
    essentiels de propagande. Si l’on se penche sur les objets philatéliques émis
    par les pays qui ont connu différentes formes de régime politique, comme c’est
    le cas de la Roumanie, on constate les timbres reflètent les différents
    changements de régime. En effet, les sujets représentés sur les timbres
    changent de façon très nette en fonction des régimes politiques que connaît le
    pays. On observe par exemple très bien le passage de la monarchie au régime
    communiste dans l’évolution des timbres de l’époque. Soudainement vont
    apparaître sur les timbres des éléments emblématiques du prolétariat ou du
    monde paysan, ce qui n’était pas du tout le cas avant. »







    Un
    sujet d’étude qui fascine les plus passionnés mais pas seulement ! L’étude
    des timbres-poste peut nous permettre de consolider nos connaissances dans de
    nombreux domaines, même les plus inattendus ! « Athlètes médaillés
    d’or de Roumanie », « Uniformes de la royauté roumaine »,
    « Reines de Roumanie », vêtements traditionnels de différentes
    régions du pays, pour ne donner que quelques exemples. Voilà ce que l’on peut
    découvrir au musée.

    Alexandru Cristian Voicu n’a pas encore de collection de
    timbres préférée, mais il est personnellement très impressionné par les
    maquettes et les moules exposés dans le musée :








    « Lorsque je tiens ces
    maquettes entre mes mains je mesure l’honneur que cela représente de pouvoir
    les admirer, surtout lorsque l’on sait que celles réalisées pendant
    l’entre-deux guerres ont été confectionnées par des artistes de renom, c’est un
    savoir-faire qui ne pourra jamais être égalé. Si l’on revient à la question de
    la valeur d’un timbre, sachez qu’un timbre actuel n’aura jamais la même valeur
    qu’un timbre d’autrefois, même si de nombreuses années ont passé. J’aime toutes
    les maquettes dont nous disposons, et je trouve que chaque timbre est
    intéressant et d’une grande valeur, car tous donnent une indication sur leur
    pays d’origine, sur leur société, sur la période à laquelle ils ont été conçus
    et les mentalités de l’époque. Ce qui, selon moi, en fait des objets historiques
    d’une importance capitale. »







    Voilà
    maintenant 18 ans que Romfilatelia est l’institution compétente désignée pour
    l’émission de timbre et d’effets postaux roumains. Une institution qui a
    toujours cherché à faire appel au savoir-faire historique de la confection de
    timbre, en la transformant pour promouvoir l’identité postale roumaine,
    véritable ambassadrice de notre pays.


    (Trad :
    Charlotte Fromenteaud)







  • YouTube  Roumanie fête ses dix ans

    YouTube Roumanie fête ses dix ans

    De
    nos jours, on est habitué à naviguer sur YouTube dès qu’on a envie d’écouter de
    la musique, des podcasts ou encore de chercher une recette de desserts aux
    fruits. Peu nombreux sont ceux qui savent que cela fait seulement dix ans que
    youtube existe en Roumanie. Pour marquer cet anniversaire, on a décidé
    d’inviter au micro Elisabeta Moraru, country manager chez Google Roumanie et
    Dan Oras, directeur Marketing chez Google Roumanie. C’est au printemps 2013 que
    Google lançait sa version YouTube pour la Roumanie avec un contenu adapté aux
    Internautes roumains. Elisabeta Moraru nous raconte :


    « On parle de dix ans
    extraordinaires durant lesquels la plateforme YouTube s’est développée à un
    rythme accéléré, comme les héros de légende qui poussent trois fois plus vite
    que les autres. Sur tous les bons moments, certains on les a déjà oubliés, mais
    d’autres sont restés figés dans notre mémoire et je pense notamment à plusieurs
    projets dont on reste très fier. En avril 2013, on a lancé la version
    officielle de la plateforme YouTube Roumanie avec des vidéos roumaines devenues
    vite virales ».


    Par la suite, Google Roumanie n’a fait
    qu’accroître cet écosystème. « Nous, on le fait, et vous, vous le
    partagez », voilà le slogan avec lequel les bloggeurs de Roumanie
    essayaient, en 2015, de fidéliser leur public. Elisabeta Moraru, country
    manager chez Google Roumanie poursuit :


    « Les choses ont évolué au cours
    des dix dernières années. Les créateurs des vlogs étaient de plus en plus
    connus et attiraient un public de plus en plus nombreux. Certaines catégories
    de vidéo étaient plus populaires que d’autres, par exemple, celles consacrées à
    la beauté. Je me souviens d’un événement parrainé par Google House, lors duquel notre collègue et vloggeuse, Laura
    Mușoroaia, nous a présenté des astuces beauté. A l’époque, sa chaîne n’avait que
    15 000 abonnés. De nos jours, elle en a dix fois plus. »


    Dix
    ans se sont écoulés depuis les premières tentatives des internautes roumains de
    créer leur propre contenu sur YouTube. Dan Oras, directeur Marketing chez
    Google Roumanie se penche sur la situation telle qu’elle se présente
    actuellement :


    « Voyons un peu ce que les chiffres
    disent sur 2023. Et, je vous propose de commencer par le plus important, à
    savoir celui de 12 millions d’adultes qui naviguent chaque mois sur YouTube
    Roumanie. D’après les statistiques, ils sont en quête d’informations utiles, de
    musique, de passe-temps. C’est un chiffre qui augmente d’une année à l’autre et
    on s’en réjouit. Autre détail intéressant : les gadgets sur lesquels les
    adultes roumains choisissent de cliquer sur YouTube. Dans un premier temps,
    c’était le PC en première position. A présent, c’est le smartphone, la
    télé et enfin, l’ordinateur. 5,5 millions de Roumains ont ouvert l’application YouTube
    sur leur télé ».


    Et puisque nous
    sommes en pleine révolution du numérique, les choses sont loin de s’arrêter
    ici. Dan Oras précise :


    « Le chiffre de ceux qui ont installé
    et utilisent la chaîne YouTube sur leur télé est à la hausse, tout comme le
    nombre d’heures qu’ils y passent. De plus en plus d’internautes cherchent à regarder
    des vidéos plus longues, des podcast ou des documentaires. A part toutes ces
    informations sur la durée du contenu mis en ligne, il est essentiel de voir
    aussi la façon dont la qualité des programmes a changé. Voilà pourquoi, Google
    Roumanie a élaboré en 2022 avec le soutien d’IPSOS, une enquête sur les raisons
    qui poussent les Roumains à naviguer sur YouTube. Et bien, 91% des sondés ont
    affirmé que la plateforme les a aidés à apprendre des choses nouvelles.
    D’ailleurs, chacun d’entre nous serait capable d’indiquer au moins une chose
    qu’il a apprise sur YouTube. 85% des Roumains qui ouvrent la plateforme
    affirment que YouTube les aide à prendre plus facilement une décision au moment
    où ils cherchent à acheter quelque chose. Peut-être qu’ils sont en quête d’un
    nouveau portable ou d’une voiture, ou d’un ordinateur et YouTube les aide à se
    décider en leur apportant des informations. Huit Roumains sur dix trouvent sur
    YouTube du contenu unique, qui n’existe pas ailleurs sur Internet. Et puis, 74%
    affirment que la publicité mise en ligne sur YouTube leur a servi à découvrir
    de nouveaux produits. En plus, les campagnes publicitaires des marques sont de
    plus en plus créatives et originales et c’est une très bonne nouvelle ».


    Et Dan Oras
    d’ajouter :


    « En
    décembre 2022, les statistiques faisaient état de plus de 8000 chaînes YouTube
    en Roumanie ayant chacune plus de 10.000 abonnés. Depuis, ce seuil a été
    dépassé. Nous avons plus de 1600 chaînes qui s’enorgueillissent d’avoir plus de
    100.000 abonnés et plus de 150 ayant dépassé un million d’abonnés et qui se
    sont vu accorder le Trophée des créateurs d’or ».


    Le premier
    créateur de contenu sur YouTube Roumanie ayant atteint le seuil d’un million
    d’abonnés est Mihai Alexandru Hash, Mikey Hash, qui a enregistré cette
    performance en 2016. Six ans plus tard, plus de 150 chaînes ayant plus d’un million
    d’abonnés chacune existent déjà en Roumanie, soit 20 % de plus qu’à la fin de
    2021. Le premier Trophée des créateurs de diamant pour ceux réunissant
    plus de 10 millions d’abonnés en Roumanie a été remporté en 2020 par
    LooLooKids. Il s’agit de la première chaîne YouTube d’Europe centrale et de
    l’Est à atteindre ce seuil.


    (Trad :
    Ioana Stancescu)



  • Découverte de l’histoire du parfum en Roumanie

    Découverte de l’histoire du parfum en Roumanie

    En
    2014, BEAUTIK Haute Parfumerie a inauguré le premier Musée de la parfumerie de
    Roumanie. Une collection privée, unique dans le pays, et à la valeur historique
    inestimable. Elle rassemble, en effet, des parfums issus de différentes maisons
    de tradition et d’envergure internationale, ainsi que des parfums roumains,
    témoins de l’âge d’or de la parfumerie roumaine de l’entre-deux guerre.

    Georgian Gheorghe, directeur des relations publiques du Musée du parfum nous
    raconte l’histoire de ce lieu singulier :




    « Tout a commencé en 2006 avec l’achat
    d’une petite bouteille de parfum tout à fait spéciale pour nous, et
    emblématique pour le Musée. Il s’agissait, en effet, d’un parfum porté par la
    Reine Maria de Roumanie, ce qui lui confère une place toute particulière. Il
    s’agit du parfum « Mon boudoir » de la Maison parisienne Houbigant.
    Ensuite, en 2014, nous avons inauguré le Musée au mois de décembre. Il présente
    une collection de parfums roumains de l’époque communiste, ainsi qu’une
    collection internationale avec des parfums issus de plusieurs maisons de
    différents pays européens, mais aussi des Etats-Unis, d’Australie ou d’Asie. »




    Georgian
    Gheorghe a retracé pour nous l’histoire du parfum en Roumanie :




    « Actuellement il n’existe pas de telle
    tradition en Roumanie et je ne pense pas que l’on puisse renouer avec celle
    d’autrefois. Simplement parce qu’avant la période communiste, la Roumanie
    copiait tout ce qui se faisait à l’étranger afin de pouvoir développer sa
    propre industrie. Par la suite, des fabricants roumains ont vu le jour pendant
    la période communiste, et ont commencé à écrire l’histoire du parfum en
    Roumanie. A l’époque il existait plusieurs marques roumaines : Macul Roșu
    par exemple (Le coquelicot rouge). Ceux de chez Mirage ont en quelque sorte
    repris l’usine de Macul Roșu, ou la célèbre usine de Farmec à Cluj-Napoca. Mais
    avant cela, pendant l’entre-deux-guerres, la Roumanie était à l’avant-garde de
    la parfumerie en Europe. De nombreuses marques de l’époque étaient fabriquées
    chez nous ou disposaient de succursale en Roumanie. C’était le cas par exemple
    de Coty, de Guerlain ou de Maison Lubin. Mais il n’existe pas en Roumanie de
    savoir-faire en termes de parfumerie. Nous étions plutôt un hub pour les
    grandes maisons internationales. »




    Georgian
    Gheorghe nous a donné quelques détails sur la collection présentée au Musée :




    « Le Musée de la Parfumerie met actuellement
    en avant environ 400 exposants, avec une collection importante composée de près
    de 10 000 articles. Je fais référence ici aux bouteilles de parfums d’une part,
    mais pas seulement. Vous y retrouverez aussi les ingrédients et les recettes
    utilisées pour leur fabrication, ainsi que les herbiers dans lesquels étaient
    présentés les différentes plantes et ingrédients utilisés, avec des
    informations sur leurs propriétés, leurs plus-values et ce qu’elles apportaient
    au parfum. On retrouve aussi certains produits de beauté comme la poudre, ou
    encore la poudre parfumée, le blush etc. »




    La
    parfumerie qui accueille le Musée a conservé son élégance et attire de nombreux
    visiteurs. Georgian Gheorghe nous raconte :






    « Parmi nos clients on retrouve de
    nombreuses personnalités artistiques majeures, issues du monde de la culture,
    mais aussi des descendents de grandes familles royales, comme celle de Roumanie
    par exemple. Nous sommes, en fait, le fournisseur principal de la Maison
    Royale, ce qui nous confère une relation privilégiée avec la Famille Royale, y
    compris avec l’héritière de la couronne,
    la Princesse Margarita. »






    Le
    Musée participe aussi à des évènements culturels. Georgian Gheorghe nous donne
    quelques détails :




    « Nous avons organisé de nombreux
    évènements en dehors du Musée. Certaines expositions ont voyagé dans tout el
    pays, à Constanța, Iași, Cluj, Alba Iulia et même jusqu’à Sinaia, où nous avons
    participé à un évènement exclusif organisé en partenariat avec la Maison Royale
    de Roumanie et le Musée de Peleş. Nous avons organisé une exposition dans le
    petit palais de Pelişor qui fait partie du complexe muséal de Sinaia. Nous
    avons aussi mis en place plusieurs expositions temporaires dans certaines
    pièces ou bâtiments emblématiques. Ce fut le cas par exemple, il y a quatre ans,
    à Oradea, où nous avons mis sur pied une exposition dans un bâtiment historique
    rénové. Nous avons aussi organisé une exposition à Alba Iulia, inaugurée en
    décembre dernier et ouverte encore aujourd’hui. Elle a pour principal sujet les
    parfums de la Reine Marie, évidemment, et là-bas aussi nous entretenons une
    collaboration étroite avec les autorités locales. Nous espérons bien pouvoir
    refaire de tels évènements régulièrement avec des expositions thématiques.
    J’encourage donc vos auditeurs à se rendre sur nos réseaux sociaux où ils
    pourront retrouver toutes les informations relatives à nos évènements. »




    Le
    Musée de la Parfumerie séduira aussi les amateurs d’objets anciens. En effet,
    sa collection comporte aussi des objets
    uniques, comme le parfum que portait le roi Roumain Carol Ier. Un célèbre
    parfum, fabriqué dans l’une des plus anciennes usines du monde, celle de
    Cologne : l’eau de Cologne, bien évidemment. Elle a été créée par Maria
    Farina, première fournisseuse de la Maison Royale. Son nom apparaît dans les
    documents attestant des livraisons de parfum envoyées à la Maison Royale de
    Roumanie à compter de l’année 1889. (trad :
    Charlotte Fromenteaud)