Category: Nos émissions

  • Maria Tanase – “la reine du chant traditionnel roumain”

    Maria Tanase – “la reine du chant traditionnel roumain”

    Le 25 septembre 1913, il y a donc tout juste 100 ans, venait au monde Maria Tănase, celle qui allait être surnommée par ses contemporains “loiseau lyre” ou encore “la reine du chant traditionnel. Maria Tănase, qui fait ses débuts au milieu des années 1930, illustre par sa voix un genre musical en pleine expansion à lépoque : la chanson populaire. A la différence du folklore, dont les milliers de variantes sont chantées par des interprètes anonymes, la musique dite populaire reprend des chansons traditionnelles, avec de nouveaux arrangements standardisés.



    Le folklore des villages et de chaque région géographique du pays devient ainsi accessible à de larges couches de la population, notamment des zones urbaines. Le besoin dun rapprochement, même indirect, avec le folklore authentique était déjà ressenti pendant lentre deux guerre, à une époque où les maisons de disques et les orchestres préféraient le jazz et les rythmes latino. Cest dans ce paysage quest apparue Maria Tănase, explique Marian Lupaşcu, ethnomusicologue à lInstitut dethnographie et de folklore “Constatin Brăiloiu”, de Bucarest. « Elle est apparue à un moment où la quasi-totalité de loffre musicale proposait des titres venus de létranger. En réaction à cette “invasion”, les intellectuels roumains ont soutenu la formation et lévolution de jeunes interprètes plus ou moins proches du filon traditionnel national. Maria Tănase en a été la plus connue et la plus médiatisée. Sa biographie a subi des retouches pour que Maria Tănase devienne une star et même un symbole de la Roumanie. Elle naquit en 1913, dans une famille pauvre et nombreuse qui vivait dans un faubourg de Bucarest, et mourut le 22 juin 1963. Ses dons innés exceptionnels auraient fait delle une excellente comédienne, et non pas une chanteuse. Son répertoire rassemblait de la musique populaire, des arrangements de chansons traditionnelles, mais pas de folklore authentique. »



    Maria Tănase a fait ses débuts dans le chœur du Théâtre de variétés Cărăbuş”, en 1934. Cest à cette même époque quelle commence à fréquenter les milieux artistiques et intellectuels de la capitale, grâce au metteur en scène Sandu Eliad, directeur du Théâtre juif Baraşeum”. Cest dailleurs lui qui la présentée au musicologue Harry Brauner. Marian Lupaşcu raconte comment sétait déroulée la première rencontre de Harry Brauner et Maria Tănase. « Brauner a été très touché par la force avec laquelle Maria exprimait les émotions, car à lépoque elle navait ni répertoire ni technique vocale. Sa voix ne portait aucun style de chant dune quelconque zone de folklore, puisquelle vivait à Bucarest. Elle a eu pourtant la chance de rencontrer Harry Brauner qui lui a choisi un répertoire, transformant ainsi ce handicap en avantage. Pourquoi? Parce que, en labsence de qualités de la voix caractéristiques dune certaine zone ethno-folklorique, un interprète peut chanter des pièces musicales de la zone en question qui soient acceptées par tous les publics du pays. Brauner a eu un coup de génie en lui choisissant des chansons traditionnelles dune qualité exceptionnelle, de différentes zones. Quand Brauner a constaté quelle commençait à se débrouiller, il lui a cherché des lăutari (ménétriers) pour laccompagner. Ce fut la partie la plus difficile, car, affirmait Brauner dans un volume de mémoires, Maria narrivait pas à se concentrer et à garder le rythme. »



    Brauner, un véritable Pygmalion, a modelé Maria Tănase, la aidée à surmonter ses problèmes et à devenir célèbre. Partout en Roumanie et dans les pays où Maria est allée en tournée, le public tombait sous le charme de sa beauté et de son tempérament artistique. Elle fait ses premiers enregistrements en 1936, lannée où elle signe aussi un contrat avec la filiale de Roumanie de la Maison de disques Columbia. En 1939, elle fait une tournée outre-Atlantique, où elle représente la Roumanie à lexposition universelle de New York.



    Dans le même temps, elle est recrutée par le Service spécial roumain de renseignement. Marian Lupaşcu, ethnomusicologue à lInstitut dethnographie et de folklore “Constatin Brăiloiu”, de Bucarest, explique ce mélange dactivités de Maria Tănase. « Elle était une présence permanente à la radio et chantait dans les restaurants les plus connus de lépoque; elle a fait des tournées partout en Roumanie, mais aussi en Bulgarie, France, Turquie et Yougoslavie. Elle a chanté devant des milliardaires et des personnages politiques, devant des rois et des ambassadeurs. Elle est allée sur le front et dans les hôpitaux de campagne, pour apporter du confort aux soldats et aux blessés. Elle a reçu des prix et des décorations de la part des capitalistes et des communistes. Elle a collaboré avec les Agences despionnage britanniques et même avec la police politique communiste entre 1961-1962. Ses honoraires étaient fabuleux mais elle donnait largent à ses proches, quils en aient eu besoin ou non. Cest pour ça quelle était tout le temps endettée et quelle mourut pauvre. »



    Le régime communiste a renforcé le statut de star de Mariei Tănase, en lui organisant des funérailles nationales en 1963. Marian Lupaşcu explique le poids musical de Maria Tănase, surtout par rapport à dautres interprètes de musique traditionnelle authentique. « Elle a toujours joué la carte du choc. Il y avait le choc visuel, de son apparition sur scène, sa façon dinterpréter, les mouvements de son corps, et puis il y avait le choc sonore de sa voix. Comparée avec une grande interprète de la chanson traditionnelle, Maria Lătăreţu, Maria Tănase avait une présence sur scène que le grand public préférait largement. Maria Tănase avait des qualités que tous les Roumains reconnaissaient comme les leurs. »



    La fascination que Maria Tănase exerçait sur le public na pas fléchi. La femme cachée derrière limage et son envergure strictement musicale restent encore à découvrir par le grand public ( trad.: Ileana Taroi)


  • L’invitée du jour – Teodora Focşeneanu, coordinatrice de la villa “Luminis”

    L’invitée du jour – Teodora Focşeneanu, coordinatrice de la villa “Luminis”

    58 ans après la mort du grand musicien roumain George Enescu, sa personnalité continue de se réverbérer à travers sa création et les différents événements. Plusieurs édifices en parlent aussi. Parmi eux, la villa « Luminiş », «Clairière», située à proximité de la station touristique de Sinaia, au pied des monts Bucegi. Depuis le 5 septembre 1995, elle est connue comme la maison-musée George Enescu”, précise notre interlocutrice, Teodora Focşeneanu, coordinatrice du bureau de muséographie de cet établissement culturel:


    (Track): « Dans le contexte de l’événement d’exception qu’est le festival international George Enescu, qui en était cette année à sa XXIe édition, nous avons souhaité mettre en valeur la personnalité de notre grand musicien, les lieux qu’ils a tellement aimés et où il connu la joie de la création. En tant que chef du bureau de muséographie de la maison musée George Enescu de Sinaia, j’ai l’importante mission de me tenir près des passionnés de culture. Cette maison –musée est placée sous la tutelle du Musée national de Bucarest. Nos deux équipes s’attachent à faire de belles choses pour le public. Ce bijou architectonique, connu des amis de George Enescu et des membres de la communauté de l’époque sous le nom de villa «Luminiş» se trouve dans le quartier Cumpătul, le seul quartier de la ville de Sinaia sis sur la rive droite de la rivière Prahova. Sinaia et la villa «Luminiş» ont eu une signification à part pour George Enescu. Il organisait sa vie de sorte à se donner le répit; entre deux concerts, de composer ses musiques dans la tranquillité de cette villa. Ce n’est pas par hasard qu’il a choisi Sinaia pour y faire bâtir sa résidence secondaire. Il est de notoriété le fait que musicien a été très attaché à la famille royale. En plus, le château de Peles était tout près de chez lui. La reine Elisabeta se portait envers lui comme une mère; la reine Maria était présente aux soirées musicales qu’il organisait à sa villa. La villa a été construite entre les années 1921 et 1926, d’après les plans de l’architecte Radu Octavian Dudescu, un ami du compositeur. Sur la suggestion et suivant le goût de l’artiste, qui appréciait fortement l’architecture traditionnelle roumaine, on y a ajouté un belvédère qui confère une note particulière à la construction. Bref, l’architecture de la maison respecte le style architectural typiquement roumain: les arcades de la terrasse ouverte relèvent du style brancovan, les contours ronds du belvédère renvoient aux lignes des maisons fortes. Dans la villa, qui s’étale sur deux niveaux, on retrouve nombre d’objets ayant appartenu à la famille Enescu. Au rez-de-chaussée il y a la salle qui abrite concerts, auditions musicales et expositions à thème. Au premier étage se trouvent les pièces représentatives — la salle à manger, le salon de musique et les chambres à coucher qui illustrent des styles différents. Ainsi les meubles sont-ils de style Bidermeier, les tapisseries relèvent de l’art oriental, tandis que les deux cheminées et les vases de céramique ancienne de Corund, qui les décorent sont typiquement roumains. Excepté la chambre à coucher du musicien, qui se fait remarquer par la simplicité, les autres pièces sont plus spacieuses.


    Aussi génial qu’était l’artiste, aussi simple et modeste était l’homme affirment tous ceux ayant connu Enescu. Dans la salle à manger on découvre des objets en porcelaine et en cristal, des tapisseries et des tapis muraux roumains. Le salon de musique accueille comme pièce centrale le piano du maître — c’est un instrument IBACH, fabriqué à Lausanne, au clavier d’ivoire. Et c’est toujours ici que l’on peut admirer des objets anciens en cuivre, cuivre-jaune ou étain ou encore des icônes datées fin 19e et début 20e siècle, peintes sur bois, avec des nuances de rouge carmine et cardinal, bleu cobalt et dorées. »



    Les soirées musicales dans le salon de musique réunissaient personnalités culturelles de l ‘époque, amis et élèves de George Enescu — Cella Delavrancea, la Reine Maria, la pianiste Lorry Walfish — futur trésorier de la Fondation Internationale « George Enescu », Yehudi Menuhin, qui a étudié le violon avec le maître à la villa » Luminis » depuis l’âge de 11 ans. La mansarde de l’immeuble servait d’espace pour la création et beaucoup de chefs d’œuvre d’Enescu, dont l’Opéra Œdipe, y ont vu le jour.



    Cette villa était très chère au cœur d’Enescu, d’autant plus qu’il l’avait fait construire avec l’argent gagné grâce à ses nombreux concerts. Après son départ en France, la villa est revenue à l’Etat roumain suite à un acte de donation, daté du 10 décembre 1947. Durant la période communiste, la villa représentait une sorte de refuge pour les artistes qui s’y rendaient pour stimuler leur imagination. Au bout d’amples travaux de restauration, réalisés par le Ministère de la Culture, à travers le Centre européen de la culture de l’époque, la villa Luminis fut transformée en musée le 5 septembre 1995.



    Ecoutons Teodora Focseneanu, coordinatrice du bureau de muséographie de la Maison musée George Enescu, à Sinaia : « Hormis l’activité spécifique d’un musée, la maison George Enescu de Sinaia, accueille différentes activités culturelles et artistiques, dont certaines ont déjà une longue tradition : concerts de chambre, expositions thématiques, leçons d’interprétation artistique pour le violoncelle et le chant. A noter aussi le Concours international de violon REMEMBER ENESCO, avec comme directeur — coordinateur le violoniste Alexandru Tomescu, le mini-festival ENESCU et LA MUSIQUE DU MONDE, dont le directeur notre grand violoncelliste Marin Cazacu. On se propose ainsi de ramener à la musique le public en général et les groupes d’élèves en particulier, ces derniers bénéficiant d’entrées libres durant les vacances. Tout cela est possible grâce au soutien du Musée National « George Enescu » et à son équipe enthousiaste qui se donne pour but de mettre en exergue le patrimoine d’Enescu. Tout comme le compositeur témoignait du respect envers l’œuvre d’art, son public, et le message artistique, on estime qu’il est de notre devoir mettre en évidence et de transmettre aux générations futures ce patrimoine inégalable, trésor de la culture et de la musique roumaine ; on doit le préserver afin de souligner la valeur du passé, donner du sens au présent, et imaginer l’avenir ». (trad.: Alexandra Pop, Mariana Tudose)

  • Le site rural de Biertan

    Le site rural de Biertan

    On y retrouve donc le plan et l’architecture traditionnelle de ces agglomérations, avec néanmoins des nuances caractéristiques. Sise à 80 km Est de la ville de Sibiu et à une vingtaine de kilomètres des villes de Sighişoara et de Mediaş, la commune de Biertan est mentionnée pour la première fois dans un document officiel en 1283. Adriana Stroe, historienne de l’art à l’Institut national du patrimoine, a étudié lévolution de Biertan. « En 1572 se produit un événement déterminant pour la place que Biertan allait occuper parmi les communes issues de la colonisation saxonne de Transylvanie. Cette année-là, le pasteur de Biertan a été élu évêque de l’Eglise luthérienne et la commune devient, pour près de trois siècles, le centre de la vie spirituelle et politique des Saxons transylvains. Un autre événement important, mais pour la structure et l’aspect de la commune, a lieu à la fin du 18e siècle, lorsque des édits impériaux autorisent les Roumains, les Hongrois et les Roms à construire leurs églises et habitations dans les communes saxonnes. Biertan s’est ainsi enrichi d’un quartier roumain autour de l’église orthodoxe et d’un quartier rom, au bout des deux principales rues de la localité.



    Biertan se trouve dans une zone de collines, excellente pour la culture de la vigne. D’ailleurs, à l’époque de la colonisation saxonne, la contrée était connue sous le nom de «Weinland – Pays du vin ». Les habitants de Biertan étaient donc des agriculteurs, des viticulteurs et des éleveurs. Ces occupations ont eu une influence visible sur l’architecture des maisons, explique l’historienne Adriana Stroe. «Le village a deux rues importantes, sur les terrasses du ruisseau qui le traverse, d’un côté et de l’autre de la colline où s’érige l’église fortifiée. Au nord de l’église se trouve la Place autour de laquelle sont bâtis l’hôtel de ville, l’école, l’ancienne salle du conseil, l’ancienne auberge, l’ancien orphelinat évangélique, le presbytère évangélique et ses annexes; cette distribution des principaux bâtiments à proximité de l’église évangélique est caractéristique des communes de la colonisation saxonne de Transylvanie. De nombreux immeubles d’habitation de Biertan datent de la fin du 18e — début du 19e siècle, et certains, érigés sur la Place et autour d’elle, gardent des parties construites aux 16e et 17e siècles. Les fronts de rue continus, formés de maisons avec cave à l’accès facile depuis la rue, pour une manipulation plus simple des fûts de vin, à rez-de-chaussée surélevé et pignon brisé, alternent avec de hautes murailles en briques. La commune de Biertan, plus que dautres, garde de nombreux fronts de rue dont les façades sont ornées de lucarnes et médaillons ovales, dinfluence baroque. La décoration dorigine baroque est également présente à lintérieur des maisons, les pièces voûtées ou les plafonds en stuc donnant une image de la vie différente de celle offerte par laustérité et lesprit pratique dautres zones de colonisation saxonne.



    La localité de Biertan est dominée par léglise fortifiée érigée en haut dune colline ; cest un élément architectural spécifique des villages et des villes saxonnes de Transylvanie. Adrian Stroe. « Léglise a été construite sur les fondations dune autre, remontant à 1402, et dont on a gardé le chœur; la nef date du premier quart du 16e siècle, lannée 1522 étant inscrite sur larc triomphal. Des travaux de rénovation ont été menés dans la seconde moitié du 18e siècle, comme en témoignent les accents baroques apportés à lintérieur. Lenceinte intérieure, construite sur une autre, plus ancienne, existait déjà en 1468. La fortification a été étendue au cours du 16e siècle. Cest une église du gothique tardif. Les portails sont remarquables, notamment le portail ouest, avec un pilier médian, décoré des armoiries du roi Vladislav II et du gouverneur Ioan Zapolya, et le portail de la sacristie, construit en 1515, avec des éléments décoratifs de la Renaissance. A lintérieur de léglise se trouvent des objets dorigine, tels lautel et les bancs du chœur (issus de latelier de Johannes Reichmuth de la ville de Sighişoara voisine), la chaire (en style gothique avec des éléments Renaissance, créée par Ulrich de Braşov) et la porte de la sacristie avec des marqueteries et un astucieux mécanisme de fermeture. Léglise était entourée de deux enceintes fortifiées, concentriques, et une troisième, partielle, à louest, au sud et à lest. Lenceinte intérieure garde quatre tours et un bastion ; au sud, “la tour des Catholiques” est embellie de peintures murales du 16e siècle, au nord-est “la tour mausolée” abrite les pierres tombales de pasteurs et évêques qui ont officié dans léglise de Biertan. »



    Aujourdhui, la commune de Biertan est un site rural inscrit au Patrimoine mondial de lUNESCO. Lémigration massive des Saxons, commencée dans les années 1970, a entraîné une perte de lesprit authentique du site. Récemment, des travaux de restauration traditionnelle de plusieurs habitations ont été ouverts à Biertan. (trad.: Ileana Taroi)

  • La citadelle de Rupea

    La citadelle de Rupea

    Au XIIe siècle, dans la foulée des migrations causées par les croisades, les colons saxons se sont établis dans la province historique roumaine de Transylvanie. Réputés pour leur diligence et surtout pour leur savoir-faire artisanal et agricole, les Saxons, qui ont joui de certains privilèges de la part des rois de Hongrie, allaient contribuer à l’essor des villages de la région et fonder les premières villes à l’intérieur de l’arc carpatique.



    Centres administratifs des Saxons, les cités de Sibiu, Braşov, Mediaş, Bistriţa, Sighişoara, Sebeş et Rupea sont aujourd’hui encore un symbole de la Transylvanie du point de vue de leur rôle et de leur style architectonique. Le noyau de ces cités était représenté par les églises fortifiées à double fonction – religieuse et de défense. De telles églises, on en trouve d’ailleurs dans tous les villes et villages bâtis par les Saxons.



    Située à mi-chemin entre Braşov et Sighişoara, sur la route liant la Vallée de l’Olt à celle des Târnave, la citadelle de Rupea est perchée sur une colline en basalte. C’est à cette roche que la forteresse doit son nom. Les Romains y avaient construit un camp fortifié baptisé Rupes”, d’après le terme latin désignant le basalte. Emprunté par le roumain, le mot s’est transformé en Rupea”. Selon les historiens, une cité dace aurait existé auparavant sur ce même emplacement.



    Le maire de la ville de Rupea, Flavius Dumitrescu, détaille l’histoire des lieux : « La citadelle de Rupea était connue, à l’origine, sous le nom de Castrum Kuholom. Le terme de Kuholom, Cohalm en roumain, fait référence au rocher de basalte. Elle est située au carrefour des chemins qui reliaient jadis les anciennes provinces roumaines de Moldavie, Valachie et Transylvanie. La forteresse qui se dresse sur la colline de Cohalm est consignée pour la première fois dans les documents de 1324. C’et là que les Saxons, qui s’étaient soulevés contre le roi hongrois Charles Robert d’Anjou, trouvaient refuge. Grâce à sa position stratégique, la citadelle ne cessera de se développer en plusieurs étapes. Elle se compose de trois ensembles architecturaux, autrement dit de trois enceintes: la cité d’en haut, la plus vieille, qui date des XIIe et XIVe siècles, la cité mitoyenne, érigée au XVe siècle et élargie au siècle suivant, et la cité d’en bas, du XVIIe siècle ».



    La citadelle était habitée. C’est là que se trouvait aussi le siège des 12 confréries d’artisans, qui déployaient leur activité dans le bourg au pied de la colline. Nous repassons le micro au maire de la ville de Rupea, Flavius Dumitrescu : « Au début, elle a été le camp militaire du roi. En 1420, la citadelle a été rendue à la population de la région à laquelle elle allait servir de lieu de refuge devant les nombreux assauts des ennemis. En temps de paix, la citadelle était habitée par les gardes. C’est là que se trouvait aussi le siège d’une des sept unités administrative des Saxons, appelées à l’époque « chaises », en roumain « scaune ». Plusieurs tours de défense et bastions gardaient la citadelle de Rupea. Le fait qu’ils aient servi aux différents corps de métiers de la région est attesté par leur noms : la Tour des gardes, la Tour des tisserands, celle des domestiques. Bref, du XVe au XVIIIe siècles, Rupea a servi de forteresse défensive à la communauté ».



    En 1688, les Autrichiens y ont installé une garnison. Enfin, plus tard, au début du XVIIIe, lors d’une épidémie de peste, la citadelle allait abriter ceux que le fléau avait épargnés. Les premiers travaux de restauration de la citadelle de Rupea ont été entrepris dans les années ’50. La deuxième restauration du site a été récemment réalisée sur la base d’un projet élaboré en 2000. Flavius Dumitrescu : « Nous avons déposé plusieurs demandes de financement européen avant de réussir. En 2010, on a organisé des appels à candidatures pour les travaux de restauration et de conseil. Les travaux proprement-dits ont été lancés début 2011. Le 15 juin dernier, la citadelle de Rupea a été officiellement ouverte au public ».



    Depuis sa réouverture, la cité de Rupea a enregistré un nombre record de 26 mille visiteurs, ce qui prouve que l’héritage des Saxons de Transylvanie suscite toujours un vif intérêt. (trad. Mariana Tudose)

  • Boissons rafraîchissantes dans l’espace roumain

    Boissons rafraîchissantes dans l’espace roumain

    Toutes les composantes de la civilisation matérielle subissent les influences des êtres humains et des différentes cultures, au point que, bien souvent, nous sommes surpris de constater la présence d’éléments communs dans des cultures et coutumes séparées par de grandes distances géographiques. Les influences exercées sur une communauté quelconque peuvent être également identifiées en étudiant ses habitudes alimentaires. Ainsi, par exemple, l’espace roumain est le terrain de rencontre de plats et boissons venus des quatre coins du monde.



    Si la cuisine roumaine est plutôt variée, les boissons rafraîchissantes traditionnelles ne suivent pas son exemple. Cette assertion ne s’applique pas aux différentes variétés d’eau ou de jus de fruits de saison, mais aux boissons préparées. De toute façon, le mot « traditionnel » est strictement une convention, puisqu’un plat ou une boisson peuvent être « traditionnels » pour plusieurs communautés ou peuples. C’est ce qui se passe avec « la braga », désignée comme traditionnelle dans une région immense, entre l’Europe Centrale et l’Asie Centrale.



    La « braga » est la version roumaine de la « boza » turque — une boisson rafraîchissante acide-sucrée, à base de millet, maïs ou seigle fermenté. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la « braga » est un élément d’histoire matérielle qui raconte à sa manière l’évolution géopolitique de l’espace compris entre les Carpates, le Danube et la Mer Noire au deuxième millénaire de notre ère. En roumain, le mot « braga » est entré par la filière russe, mais dans la région des Balkans cette boisson est désignée par le mot turc boza. La boisson, elle, existait déjà au 10e siècle, fabriquée par les Turcs nomades du Kazakhstan et du Kirghizstan d’aujourd’hui. Au 13e siècle, la migration des Turcs ottomans d’Asie Centrale a ramené la « boza » en Anatolie. Il est bien connu que les us et coutumes voyagent avec les conquérants pour être adoptés par les conquis. La « boza » (« braga ») s’infiltre dans les cuisines des peuples balkaniques à partir du 16e siècle, lorsque les Ottomans occupent la région et arrivent aux portes de l’Europe Centrale.



    Le « kvas », boisson de la même famille que la « braga », est traditionnellement consommé en Russie et dans d’autres Etats ex-soviétiques, comme la Biélorussie, l’Ukraine, les pays baltes, la Géorgie, le Kazakhstan, l’Arménie, la République de Moldova, mais aussi en Pologne. Des fois, le kvas est enrichi de fruits et de plantes aromatiques, tels les fraises ou la menthe fraîche. Cette boisson est déjà mentionnée dans les chroniques russes de la fin du 10e siècle, à peu près à la même époque que la « boza » chez les Turcs migrateurs.



    Aujourd’hui, la « braga » est synonyme de nostalgie, une boisson saine et bon marché, symbole d’une société calme, patriarcale, sans convulsion sociale. En roumain on dit même « bon marché comme la braga », mais cette expression est de moins en moins utilisée car la boisson elle même est devenue quasi introuvable. Avant 1945, la braga, accompagnée de « covrigi » (des variétés de craquelins ou de bretzels) constituait le repas le plus facile à trouver et le moins coûteux du Bucarestois lambda, surtout pendant les journées caniculaires d’été. Dans les albums d’images anciennes de la capitale, les photos de vendeurs de « braga », les « bragagii », venus d’habitude d’autres horizons balkaniques, ne sont pas rares.



    A la différence du kvas, encore très populaire en République de Moldova, la « braga » n’est plus vraiment fabriquée. Les générations changent, les habitudes aussi, soient-elles vestimentaires ou culinaires. A la fin des année 1970, la « braga » était déjà une rareté, pour bel et bien disparaître dans les années 1980. Les enfants et les adolescents de l’époque étaient déjà acquis aux sodas et autres boissons acidulées, la « braga » venant d’un autre temps. Les boissons rafraîchissantes ayant elles aussi une importante composante sociale, la « braga » n’existe donc plus dans le paysage urbain post-moderne de Roumanie. (trad. Ileana Taroi)

  • Protection des ours – la réserve “Libearty” de Zărneşti

    Lours brun européen est une espèce strictement protégée par la Convention de Berne. Bien que la Roumanie ait ratifié cette convention en 1993, cest seulement depuis 2005 que le fait de tenir en captivité un ours capturé en milieu sauvage est considéré comme un acte illégal. Cest toujours en 2005 que la Société mondiale pour la protection des animaux (WSPA) a rejoint lAssociation roumaine « Un million damis » dans ses efforts de créer à Zărneşti la réserve Libearty destinée aux ours. Cétait le début dune démarche visant à mettre un terme à la captivité illégale de ces animaux et à leur vie dans des conditions inadéquates.



    Cette réserve est devenue réalité. Elle se trouve au pied des Carpates Méridionales, non loin de la ville de Braşov. Liviu Cioineag, son manageur, nous la présente: « Le sanctuaire des ours de Zărneşti est le plus grand au monde comme superficie et le deuxième parmi les plus peuplés. Cette réserve couvre 70 hectares boisés ; 75 ours y vivent dans leur milieu naturel, ils bénéficient de plusieurs piscines, de nourriture qui leur est offerte deux fois par jour et ils sont même gâtés, de temps en temps : cest que nous avons des ruches dans ce sanctuaire et nous avons notre propre production de miel dont nous nourrissons les ours. En été, ils se voient offrir beaucoup de fruits – notamment des pastèques et des raisins. Nous appelons ça un séjour formule « tout compris », pour les ours qui, avant darriver ici, ont eu une vie bien triste et pleine de souffrance, captifs dans des espaces étroits, presque sans eau et sans nourriture. Le matin, cest le buffet suédois : on leur jette la nourriture par dessus la clôture. Après, ils se baignent dans la piscine et prennent aussi un bain de soleil. Dans laprès-midi, ils font leur sieste à lombre des chênes. Cette réserve a une importance particulière, car elle témoigne du niveau que la protection des animaux peut atteindre en Roumanie.»



    Chaque ours de la réserve de Zarneşti a sa propre histoire, mais elles sont toutes tristes. On est ému et heureux de les rencontrer. Et il est vrai quon peut leur rendre visite, pourtant, puisque cette réserve nest pas un zoo, il faut sinscrire à lavance. Liviu Cioineag explique: « Puisque cest le plus grand sanctuaire dours bruns dEurope, nous avons décidé de donner aux gens la chance de connaître lhistoire de ces ours et dapprendre des erreurs du passé, pour ne plus les répéter. Aussi, au mois daoût, la réserve est-elle ouverte aux visiteurs, qui sont toujours accompagnés par un guide. Au début de leur visite, nos hôtes se voient proposer un film documentaire sur la construction de ce sanctuaire et sur les souffrances que ces animaux ont subies. Le film présente également la manière dont lAssociation « Un million damis » sy prend pour sauver les ours bruns vivant en captivité en Roumanie. Ensuite, les visiteurs montent dans un petit train qui leur facilite laccès à ce milieu sauvage, propre aux forêts de montagne. Nos guides leur racontent lhistoire de ce sanctuaire ou celle de nos amis velus. »



    Considérée, par beaucoup de spécialistes, comme la meilleure réserve au monde destinée aux ours bruns, la réserve de Zărneşti a accueilli un grand nombre de bêtes après ladhésion du pays à lUE, lorsque beaucoup de zoos, qui noffrait pas aux animaux les conditions exigées par la législation, ont été fermés. (trad. : Dominique)

  • Monseigneur Vladimir Ghika

    Monseigneur Vladimir Ghika

    Monseigneur Vladimir Ghika, prince, érudit, prêtre et martyr chrétien, a été béatifié à Bucarest, le 31 août dernier. Sa béatification a été considérée comme l’événement le plus important dans la vie de l’Eglise catholique de Roumanie, après la visite du Pape Jean Paul II, en 1999.



    Le prince et le haut prélat Vladimir Ghika est issu d’une famille qui a donné 9 princes aux Principautés roumaines de Valachie et de Moldavie. Né en 1873 à Constantinople, Vladimir a fait des études de théologie et de philosophie à Rome, avant d’être ordonné prêtre catholique en 1923. Il compte parmi les figures marquantes de l’histoire de l’œcuménisme roumain, étant proche du christianisme byzantin, qu’il a vu intégré à celui latin.



    Né orthodoxe, Vladimir Ghika, s’est converti au catholicisme en 1902. Après avoir essayé de suivre une carrière diplomatique, Vladimir se consacre à la mission apostolique et philanthropique. Il met en place un service d’ambulance durant la révolte paysanne de 1907 et fonde le dispensaire Bethléem Marie. Et ce fut toujours par ses soins que fut créé un sanatorium, dirigé par des sœurs de Saint Vincent de Paul. Nationalisé en 1948 par les communistes, ce sanatorium allait être transformé en hôpital.



    Même s’il a renoncé à la carrière diplomatique, Vladimir Ghika a mené une vie laïque très active. Décoré en 1913, après la deuxième guerre balkanique, il est le premier ambassadeur de Roumanie auprès du Saint Siège, entre 1918 et 1919. Vladimir Ghika déploie, pendant une grande partie de sa vie, une intense activité de missionnaire. Sa vocation de diffuser les préceptes chrétiens l’a mené aux quatre coins du monde, explique le prêtre Francisc Dobos : « Le Pape lui -même l’a qualifié de « vagabond apostolique », vu qu’il a sillonné tous les continents. Après son ordination, une mission que le Pape lui avait confiée allait le mener sur tous les continents. Il a participé à différents congrès eucharistiques internationaux, il est allé à Chypre, à Manille, au Japon, au Congo, à Buenos Aires. Ce fut là aussi une façon de faire connaître la Roumanie au delà des frontières nationales ».



    La preuve de sa vocation la plus forte, Vladimir Ghika l’a faite vers la fin de sa vie. Prêtre depuis 1939, il a figuré parmi les victimes de la machine infernale de la répression communiste: arrêté dans la rue en 1950, à l’âge de 79 ans, sous l’accusation d’espionnage- en fait une affaire montée de toutes pièces- il est incarcéré . Dans la prison, les tortures subies se sont avérées impuissantes face à la foi du martyr. Le prêtre Francisc Ungureanu s’est impliqué dans les démarches visant la béatification de Ghika au Vatican ; les documents lui ont fourni des détails sur les dernières années de sa vie : « Vladimir Ghika est mort en mai 1954, dans la geôle de Jilava, des suite des mauvais traitements subis dans cette prison et celle d’Uranus. Après une année d’enquête, il en a passé une autre en prison. Vladimir Ghika a raconté à Monseigneur Ieronim Menges les tortures endurées durant les enquêtes à Uranus. A en croire les documents officiels de la police politique Ghika n’aurait pas été soumis à des enquêtes trop dures, en raison de son âge. Or les histoires de Ieronim Menges prouvent le contraire et font état de tortures physiques et psychiques inimaginables. Parmi elles, la pendaison électrique — les tortionnaires passaient du temps à observer ce qui faisait peur au détenu, afin d’agir en ce sens. Vladimir Ghika craignait le plus la pendaison. Ils le menaçaient de le pendre tout nu dans le boulevard, mais ils le faisaient dans la prison. Il y avait un mécanisme composé de deux moitiés d’un anneau qu’on attachait au cou de Ghika; il était soulevé par la suite et suspendu. Puis, on provoquait un court-circuit, l’anneau s’ouvrait et Ghika tombait par terre. Ce procédé lui fut appliqué 80 fois. Il a même été soumis à une condamnation à mort et mis devant un peloton d’exécution. Vous imaginez ce que ce vieil homme de 80 ans a pu vivre ».



    Ce calvaire a été vécu par des centaines de milliers de personnes qui ont voulu garder intacts leur dignité humaine et leurs principes…(trad. : Alexandra Pop)



  • L’invitée du jour – Chris Simion, fondatrice du Festival de Théâtre Indépendant Undercloud

    L’invitée du jour – Chris Simion, fondatrice du Festival de Théâtre Indépendant Undercloud

    L’écrivaine et metteuse en scène Chris Simion, originaire du Pays de Maramureş, dans le nord-ouest de la Roumanie, est également connue comme fondatrice de la troupe de théâtre D’AYA. Et c’est encore elle l’initiatrice et la directrice du Festival de Théâtre Indépendant Undercloud.



    Invitée au micro de RRI, elle nous a tout d’abord expliqué le concept d’Undercloud : « C’est la somme des spectacles de théâtre indépendant de chaque saison théâtrale que nous jugeons nécessaires, vivants, c’est de la qualité, du dévouement, de l’innovation réunis en un seul espace. Cela fait plusieurs années que nous organisons ce festival au Musée du Paysan Roumain. Deux semaines durant, nous essayons de créer non pas un mouvement culturel, mais un certain état d’esprit lié à la culture. Nos spectacles se jouent uniquement en roumain, mais là j’ai ma théorie à moi, en tant que spectatrice de représentations théâtrales en langues étrangères. C’est qu’un bon spectacle parvient à dépasser les frontières de la parole. Et comme l’émotion passe au-delà de la scène, on arrive à délaisser la trame en faveur de l’état d’esprit que vous procure un bon spectacle ».



    Comment l’idée est-elle née? « Par nécessité. La nécessité d’épauler le mouvement du théâtre indépendant, toujours plus fort, la nécessité de nous réunir, en compétition, sur la même scène, la nécessité d’être présents en été, lorsque pour les autres théâtres la saison est fermée, bref le besoin de théâtre authentique. Nous montons des spectacles de théâtre — danse, basés sur le mouvement, mais aussi des spectacles-lecture. Il y a eu également les spectacles primés lors du gala de l’Union théâtrale, ensuite un spectacle de théâtre acrobatique, intitulé l’Homme – Mouette, le premier en son genre jamais donné en Roumanie, d’après une formule adoptée par le Cirque du Soleil. Nous avons donc eu pas mal de nouveautés par rapport à l’année dernière ».



    Le mouvement du théâtre indépendant a gagné, ces derniers temps, en ampleur et n’a cessé d’améliorer sa qualité, affirme Chris Simion : « On a même assisté à l’essor d’un marché des espaces alternatifs, non conventionnels et fort variés, depuis les halles industrielles jusqu’aux appartements, où l’on donne des spectacles comme en France ou au Royaume-Uni, par exemple. Bien de ces productions théâtrales, d’une réelle qualité, commencent à rivaliser avec les représentations des théâtres institutionnels. C’est vrai que l’offre d’un théâtre indépendant ne saurait être tout aussi riche que celle de ces derniers, en raison bien sûr des budgets différents dont ils disposent. Voilà pourquoi les spectacles indépendants sont, dans la plupart des cas, plus simples, en ce sens qu’ils misent sur le jeu des comédiens et sur le canevas de la pièce, plutôt que sur des décors opulents et des costumes éblouissants. Entre temps, ce mouvement grandit et produit des spectacles vivants, qui attirent l’attention sur des questions d’une grande actualité ».



    Chris Simion est montée sur les planches il y a 15 ans, lorsqu’elle étudiait la théâtrologie. Elle a également fait des études de mise en scène. En fait, comment a-t-elle découvert le théâtre? « Dans mon cas, ce fut par hasard. Je n’ai pas été de ces enfants emmenés très tôt au théâtre pas les parents. C’est donc moi-même qui en ai fait la découverte lorsque j’ai décidé de franchir le seuil du Théâtre national. Je suis tombée sur une répétition de la pièce «Le nom de la rose». Une sorte de magie s’étant alors produite entre la scène et moi, je me suis tout à coup ravisée sur mes projets d’avenir. A cette époque-là j’étais en terminale et j’envisageais de faire des études de psychologie. C’est ainsi que j’ai changé de cap trois mois seulement avant la fin du lycée ». (trad.: Mariana Tudose)

  • Collection de la famille Ţipoia au Musée du paysan roumain

    Collection de la famille Ţipoia au Musée du paysan roumain

    Trois générations d’artistes de la famille Ţipoia — ancienne famille originaire de Suisse — sont présentes actuellement au Musée du paysan roumain par le biais d’une exposition réunissant leurs ouvrages et objets de collection. Il s’agit d’une donation faite par la famille Victoria, Diana et George Tzipoia à la municipalité de la ville de Bucarest. Leur immeuble de Bucarest fait également l’objet de cette donation.


    L’exposition et la donation, la capitale roumaine les doit à l’artiste George Ţipoia, fils du peintre Alexandru Ţipoia.



    Virgil Niţulescu, le directeur du Musée du paysan roumain précisait: « Il est très difficile de réunir, dans un espace limité, des objets aussi divers. Car il y a, tout d’abord ceux rassemblés, au fil du temps, par le peintre Alexandru Ţipoia dans sa collection personnelle. Une collection riche de nombreuses pièces ethnographiques, qui l’ont beaucoup inspiré notamment pendant ses dernières années de création artistique. Et il y a, d’autre part, les oeuvres d’art réalisées par les trois générations d’artistes de la famille : le grand-père, le fils et la petite fille. Pourtant, jusqu’à ce que la municipalité de Bucarest réussisse à mettre sur pied le Musée Tzipoia, il est dommage de priver le public du plaisir de voir au moins une partie de la future collection permanente du futur musée. »



    La valeur des ouvrages figurant dans l’album consacré à Alexandru Ţipoia et publié en 1997 aux éditions Alp Impression France se monte à plus d’un million d’euros, celle des instruments de musique sculptés à 140 mille euros, les dessins de l’artiste à plus de 260.000 euros, les gravures à 80.000 euros et les ouvrages en céramique à 24.000 euros. Une broderie au fil d’or, réalisée pour marquer les 5 siècles écoulés depuis l’avènement du prince régnant Etienne le Grand au trône de la principauté roumaine de Moldavie, vaut 35.000 euros.



    Font également l’objet de cette donation les ouvrages de George Tzipoia, évalués à plus de 755.000 euros, des tapis très précieux, ainsi que d’autres objets de collection : figurines en céramique, récipients en cuivre jaune, icônes, albums et catalogues.



    Se rapportant à l’immeuble offert à la municipalité de Bucarest et qui doit devenir le Musée Tzipoia, l’artiste George Tzipoia, fils du peintre Alexandru Tzipoia, précisait: « En fait, ce serait impropre de l’appeler musée ; dire « maison » ce serait certainement trop peu. La nouvelle institution permettra l’accès du public à l’œuvre de ce grand artiste, si méconnu de son vivant. Après sa mort, en 1993 à Genève, nous avons déployé des efforts considérables pour mieux faire connaître son œuvre. Nous avons organisé des expositions dans plusieurs grands musées de Roumanie. Nous n’avons pourtant pas réussi à présenter son œuvre en Suisse ou ailleurs, bien qu’il s’agisse de la culture d’un pays et non pas d’une famille. »



    Si l’offre de la famille Ţipoia est acceptée par la municipalité, tous les biens qui font l’objet de cette donation deviendront la propriété publique de la capitale roumaine et seront gérés par la Musée de la ville de Bucarest. (trad.: Dominique)

  • Le projet LIFE + pour la biodiversité dans les Monts Apuseni

    Le projet LIFE + pour la biodiversité dans les Monts Apuseni

    Ce programme européen appuie financièrement des projets de préservation de lenvironnement et de la biodiversité dans tous les Etats membres. Le dernier appel à propositions, de septembre 2012, a abouti à une liste de 1150 projets. La Roumanie ne se retrouve pas sur la liste des projets sélectionnés en vue dun financement européen. En échange, le projet britannique « Life Connect Carpathians » a été retenu ; il vise à restaurer et à conserver les habitats naturels en danger des Monts Apuseni. Ce projet et un autre, mené par la Société royale britannique de protection des oiseaux, et dont lobjectif consiste à sauver la sterne naine, ont obtenu une enveloppe de 6,6 millions deuros.



    Life+, cet instrument financier de lUE consacré à lenvironnement, dispose dun budget total de 2,14 milliards deuros pour la période 2007 – 2013. La Commission européenne lance annuellement un appel à propositions. Une soixantaine de projets ont pu être financés en Roumanie aussi, depuis sa mis en place en 1999.




    La Roumanie est le pays qui abrite la plus grande population de grands carnivores en Europe. En dépit du braconnage et du déboisement excessif, qui ont gravement endommagé les habitats naturels, les Carpates roumaines demeurent encore la région dEurope la plus peuplée dours bruns, de loups et de lynx. En effet, cette chaîne montagneuse abrite plus dun tiers des grands carnivores du vieux continent.



    En outre, sur les crêtes des Carpates de Roumanie on retrouve une sous-espèce de chamois. De lavis des écologistes, les animaux vivant dans les Monts Apuseni sont en danger à cause des travaux à lautoroute reliant les villes de Lugoj et de Deva. Cette autoroute, partie intégrante du corridor de transport paneuropéen n° IV, croisera le corridor écologique entre les Monts Apuseni et les Carpates Méridionales, large dune dizaine de km et déjà émietté par les récents projets dinfrastructure.



    Située au carrefour de lEurope et de lAsie, la Roumanie risque de devenir une des zones sud et centre européennes au trafic routier le plus intense ce qui, avertissent les spécialistes, représente une menace pour sa biodiversité. (trad. : Mariana Tudose)



  • Vama Veche

    Vama Veche


    Vama Veche est une destination de vacances très fréquentée notamment par les fans du folk et du jazz. Le début de mois d’août est réservé au Festival Folk You”, tandis que la seconde quinzaine, plus précisément du 16 au 24 août, Vama Veche vivra sous des projecteurs d’Oscar”, comme l’indique le nom d’un événement qui proposera neuf jours de projections de films, ateliers de photographie et concerts.




    Mais à quoi ressemble la saison estivale 2013 à Vama Veche? Voici la réponse d’Adrian Voican, président de la filiale Sud Muntenia de l’Association nationale des agences de tourisme de Roumanie. Vama Veche est un état d’esprit. Vama Veche signifie se sentir bien, écouter de la bonne vieille musique, des troupes de folk roumaine d’il y a 20 ou 30 ans. Nombreux sont les adeptes du tout moderne” qui arrivent à Vama Veche, regardent autour d’eux, ne comprennent pas ce qui se passe et s’en vont, car, en fait, Vama Veche est un coup de coeur. Pour tous ceux qui le connaissent, c’est un endroit atypique, sans rapport avec le tourisme de masse. On y trouve la plage de lecture, il y a deux jours, on y a observé des dauphins.”



    A Vama Veche, la plupart des événements ont lieu sur la plage, entre le coucher et le lever du soleil. L’ambiance est extraordinaire, pleine d’une joie de vivre remarquée aussi par les étrangers, affirme Adrian Voican. Nous sommes arrivés à Vama Veche, qui est un endroit modeste, avec des offres touristiques pour les jeunes, et nous y sommes tombés sur deux Australiens, un Belge, quatre Polonais, trois Français, un Portugais et un Américain. Je m’est difficile de comprendre comment il sont arrivés là, puisque ce n’est pas une destination mise en avant par des méthodes classiques — ministère, tourisme de masse, charters. Ils étaient enchantés. Beaucoup font du camping.”



    Ceux qui connaissent Vama Veche y reviennent pour l’ambiance non-conformiste qui y règne, car ici les terrasses et les hôtels de luxe sont rares, même si celui qui cherche finit par trouver, remarque Adrian Voican, président de l’Association nationale des agences de tourisme de Roumanie. « Il y a beaucoup de places d’hébergement dans des villas, pensions, auberges, à des prix qui vont de 50 lei la chambre hors saison à 150 de lei pendant les vacances d’été. On peut trouver aussi un petit nombre de places 4 étoiles, à 100 euros la nuit, mais ce n’est pas caractéristique de Vama. Je ne suis pas sûr que l’esprit des lieux soit accessible dans une piscine et derrière un double vitrage.”



    Vous avez compris, chers amis, que Vama Veche est une destination de vacances pleine de charme qui vaut bien un détour! (trad. : Ileana Taroi)


  • La cité de Enisala

    La cité de Enisala

    Dans le nord de la Dobroudja, à proximité du lac Razim, aussi près du delta du Danube que de son embouchure dans la mer Noire à Gura Portiţei, le voyageur trouvera, près de la localité d’Enisala, la cité homonyme. Son appellation provient d’une ancienne combinaison de mots turcs – Yeni-Sale — qui signifie « Nouveau village ». Il existait même une agglomération de ce nom. La forteresse médiévale d’Enisala est placée au sommet d’une colline ; de là, le panorama que l’on peut voir s’étend jusqu’à la mer. C’était, d’ailleurs, le but de sa construction. Mais qui l’a bâtie ?



    Aurel Stănică, archéologue à l’Institut de recherches éco-muséales de Tulcea, nous le dira : « Qui a construit la cité ? C’est une question à laquelle les chercheurs ont essayé de répondre au cours des âges. Suite aux fouilles archéologiques, et après avoir consulté les sources historiques, on peut affirmer que la cité d’Enisala a été érigée durant la deuxième moitié du XIVe par une autorité qui visait à contrôler la navigation sur la zone nord, vers le lac Razim. Le débouché de ce lac sur la mer et sa connexion au Danube par deux canaux ont été les raisons de la construction de la forteresse. Qui l’a érigée, qui avait les moyens de le faire ? Ces thèmes continuent de susciter des interrogations. En se penchant sur le contexte du XIVe et même du XIIIe s, on constate que tout le commerce en mer Noire était contrôlé par les marchands génois, qui détenaient également le monopole commercial sur les zones adjacentes. Ils avaient aussi les moyens de construire une fortification aux dimensions de celle d’Enisala, comportant des éléments d’architecture orientale et occidentale. »



    Les bâtisseurs présumés de la cité d’Enisala pourraient donc être les Génois. Il semble qu’aux XVe et XVIe s, la zone était placée au carrefour de plusieurs routes commerciales importantes. Les découvertes archéologiques faites à l’intérieur de la forteresse, mais aussi dans les localités avoisinantes, l’attestent, par les pots en céramique de Nicée et de Faenza, par exemple. Quant à la cité, elle a été habitée. L’archéologue Aurel Stănică : «La cité n’est pas très grande, mais elle pouvait accueillir 200-300 soldats à l’intérieur, soit une garnison assez puissante.C’est une enceinte en forme de trapèze, avec une superficie de 3000 m² environ. Par rapport à des forteresses plus anciennes, datant de la période romaine, cette cité est petite. Pourtant, cette superficie fortifiée servait bien les buts pour lesquels elle avait été construite. En plus, elle est située sur une colline calcaire assez haute, à l’instar d’un nid de vautours. De là, ses occupants pouvaient observer les embarcations qui entraient de la mer Noire, par Gura Portiţei, dans le lac Razim. A proximité de la cité, il y avait même une communauté rurale assez importante. Des recherches récentes, faites en avril-mai derniers, ont révélé l’existence d’un village moyenâgeux à population assez cosmopolite, qui combinait la population chrétienne avec une population qui avait un rite funéraire assez différent du rite chrétien. Cela montre que les Tartares qui contrôlaient à l’époque la zone nord de la Dobroudja ont effectivement habité dans l’agglomération rurale au pied de la cité d’Enisala. »



    Vers l’an 1386, sous le règne de Mircea le Vieux, le nord de la Dobroudja — la forteresse d’Enisala comprise — allait être intégré dans cette principauté. Qu’est-ce qui s’est passé après ? Réponse avec Aurel Stănică : « Mircea le Vieux refait Enisala ainsi que la cité d’Isaccea, points clé pour le contrôle de la navigation et du commerce sur l’eau dans le nord de la Dobroudja. Vers 1419-1420, la région est conquise par les Ottomans, mais il semble qu’Enisala n’ait pas été intégrée au système administratif ottoman tout de suite. Cela allait arriver beaucoup plus tard, vers la fin du XVe, en 1484, lorsque les cités de Chilia et de Cetatea Albă sont également conquises. La forteresse d’Enisala est alors intégrée à la province ottomane de Dobroudja, avec Babadag pour capitale. Au début du XVIIe, la cité est abandonnée. Elle figure dans les notes des voyageurs étrangers qui avaient parcouru la zone, comme servant de refuge temporaire pour des bergers. Les premières fouilles archéologiques sur ce site commencent en 1939, et se poursuivent avec des interruptions dans les années ’60 et ’70. En 1991, un projet de recherche et de restauration a été mis sur pied, qui s’est poursuivi jusqu’en 1997. »



    Bien que pas entièrement restaurée, la cité a été admirée l’année dernière par plus de 16.000 touristes, ce qui la classe comme l’attraction historique confiée à l’Institut de recherches éco-muséales de Tulcea la plus visitée. (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Constantin Chiriac, récital à New York et Montréal

    Constantin Chiriac, récital à New York et Montréal

    Le 31 août, les Roumains du pays et du monde fêtent la Journée de la langue roumaine, instituée en 2013. A cette occasion, l’Institut culturel roumain de New York invite le public à découvrir l’acteur Constantin Chiriac, directeur du Théâtre national « Radu Stanca » et du Festival international de théâtre de cette ville — le troisième grand festival des arts du spectacle organisé en Europe.



    Entre le 29 août et le 1er septembre, Constantin Chiriac fait une tournée de récitals à New York et Montréal, pour promouvoir la langue roumaine en Amérique du Nord. Son récital est conçu en deux parties, l’une religieuse, l’autre laïque. Le premier est prévu le 29 août et il sera accueilli par l’Eglise orthodoxe Sainte Marie de New York.



    Constantin Chiriac : « Je me réjouis de retourner à l’Eglise Sainte Marie de Qeens, à l’inauguration de laquelle j’ai participé, il y a pas mal d’années, avec un spectacle monté pour cette occasion et consacré à notre grand poète national Mihai Eminescu. C’est une grande église, qui peut accueillir un millier de personnes, c’est pourquoi j’ai suggéré que mon récital de cette année s’y déroule. J’aurai un spectacle de poésie religieuse, un spectacle qui présente l’être humain face à la divinité et face au passage dans l’au-delà, ses doutes, ses joies, ses espoirs. Ce spectacle réunit des poèmes de grands poètes de la littérature roumaine et universelle, entre autres Eminescu, Arghezi, Blaga, Shakespeare et Rilke. C’est là un beau dialogue de la poésie roumaine avec la poésie du monde ».



    La seconde partie du récital sera accueillie par la salle des fêtes de l’Eglise Sainte Marie. Constantin Chiriac : « Il s’agit d’un dialogue entre le poète Mihai Eminescu et le narrateur Ion Creangă, deux grandes personnalités, génies de ce peuple, liés par une amitié tout à fait spéciale. Avant ’89, en fouillant les archives de la Bibliothèque universitaire de Iaşi, j’ai découvert des lettres de Mihai Eminescu, que j’ai utilisées à l’époque pour un spectacle. Cela n’a pas été facile, car c’était avant la chute du régime communiste. C’est la professeure Zoe Dumitrescu Buşulenga, membre de l’Académie roumaine, qui m’a aidé et j’ai présenté ce récital devant de grandes personnalités. Ce récital, je l’ai repris par la suite. Au moment où j’ai découvert, toujours avant ’89, la lettre de Ion Creangă, que j’ai intégrée à ce récital-dialogue, j’ai été choqué de constater à quel point elle était véhémente et véritablement nationale. En la réécoutant aujourd’hui, nous nous rendons compte combien elle est actuelle et troublante par rapport à la destinée de ce peuple ».



    Constantin Chiriac cite un fragment de la lettre que Ion Creangă adressait à Mihai Eminescu : « Cher Monsieur et frère Eminescu, en tant qu’homme du peuple, je ne puis m’empêcher de verser des larmes pour le malheur qui s’est abattu sur l’avenir de ce peuple. Oui, nos hommes d’Etat ont des yeux et ils ne voient pas ? Ils ont des oreilles et n’entendent pas ? C’est au peuple de tirer les marrons du feu. S’il savait, le bœuf, quelle vile main le mène à l’abattoir ! Mais il ne le sait pas, pauvre bête. Il souffre et se tait ».



    Le récital prévu au Canada aura deux représentations et il sera présenté à l’occasion des Journées de la langue roumaine, organisées par 8 associations roumaines de la Grande Région de Montréal. Le premier spectacle aura lieu le 31 août, dans la Grande salle du Centre communautaire, le second, le 1er septembre, à l’Eglise Saint Elie.



    L’acteur Constantin Chiriac nous parle de sa mission: « J’estime que la fête de la langue roumaine devrait être conçue comme un dialogue. Et moi, je me suis donné pour tâche de créer un tel dialogue — notamment dans les universités où je dois me rendre à titre personnel. Là, j’essaierai, dans la mesure du possible, de réciter des poèmes roumains traduits dans d’autres langues, car il est important que la poésie roumaine soit entendue dans des versions accessibles à un public plus large, il est important que la langue roumaine, si belle, si sonore et si poétique, entre en dialogue avec les langues les plus parlées dans le monde. »



    Entre 2004-2007, Constantin Chiriac a été vice-président de l’Association « Sibiu — capitale culturelle européenne 2007 ». Depuis 2010, il est membre du comité de sélection des villes candidates au titre de « Capitale européenne de la culture ». (trad. : Dominique)

  • L’invitée du jour – Cristina Andrei – directrice du  Musée National “Georges Enesco”

    L’invitée du jour – Cristina Andrei – directrice du Musée National “Georges Enesco”

    Bien que parrainées par le même établissement culturel, à savoir le Musée National “George Enescu” de Bucarest, les trois maisons musées qui rendent hommage à la mémoire du grand artiste et qui se trouvent respectivement à Bucarest, Tescani et Sinaia, accueillent elles aussi bon nombre d’activités liées à cette personnalité.



    Cristina Andrei, directrice du Musée national «George Enescu» de la capitale roumaine nous a parlé des événements organisés par l’institution qu’elle dirige, autres que les récitals habituels, lesquels se font plus rares pendant l’été : « Nous déroulons actuellement un programme éducatif qui jouit d’un très grand succès auprès des enfants de maternelle auxquels il s’adresse, d’ailleurs. Les petits qui nous rendent visite participent, sous la houlette de spécialistes en pédagogie et musique, à des leçons sur le musée et la musique, bien sûr. Ils reçoivent aussi des informations sur le grand musicien Enescu, adaptées leur niveau. Au bout d’une année, ce programme continue d’attirer les petits visiteurs, ce qui est vraiment extraordinaire ».



    Organisé tous les deux ans et parvenu à sa 21e édition, le Festival George Enescu est sans doute l’événement phare consacré à la personnalité du grand musicien roumain. Cristina Andrei, notre interlocutrice, nous a fourni des détails sur les manifestations accueillies par le Musée national «George Enescu» en marge du festival éponyme : « Nous organisons deux expositions. La première marque le centenaire de la naissance du chef d’orchestre Constantin Silvestri, ce passionné de la musique d’Enesco, qui a grandement contribué à la faire connaître un peu partout dans le monde. Nous envisageons ainsi de faire découvrir aux jeunes générations un des grands noms de la culture roumaine. L’exposition, qui présente les multiples facettes de la personnalité de Constantin Silvestri, propose aussi des documents inédits.



    La deuxième exposition a trait au Festival international George Enescu”. Elle dresse en fait une rétrospective des éditions antérieures du festival, 20 au total, qui se sont tenues entre 1958 et 2011. Je pense que cet événement sera une démarche inédite et bienvenue dans le contexte du festival. Hormis ces deux expositions, l’agenda de notre musée inclut aussi des lancements de livres évoquant la personnalité d’Enesco. Cela fait un certain temps que notre musée sort annuellement un volume comportant des documents puisés aux archives personnelles de l’artiste, plus précisément des articles de presse qui parlent de son activité. Nous allons donc lancer les 5e et 6e volumes, qui rendent compte de la période comprise entre 1922 et 1933. Nous avons également publié pour la première fois les manuscrits de trois musiques de chambre composées par Enescu au début de l’année 1900. Autrement dit, nous mettons au jour ce que le musée a de plus précieux, à savoir les manuscrits du maître ».



    Si vous voulez découvrir l’homme d’une grande modestie et le musicien de génie que fut Georges Enesco, vous êtes attendus au Musée national de Bucarest qui porte son nom ou bien aux maisons musées de Tescani et de Sinaia. (aut.Olivia Sima; trad. Mariana Tudose)

  • Trap Door Theatre, Chicago – en tournée en Roumanie

    Trap Door Theatre, Chicago – en tournée en Roumanie

    Un texte dramatique écrit par un Roumain qui vit en France, une compagnie de théâtre américaine et un metteur en scène roumain d’ethnie magyare — c’est de cette rencontre qu’est né à Chicago, aux USA, un spectacle multi-récompensé qui est en tournée en Roumanie cet été



    « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux », de Matei Vişniec, a été mis en scène par Szabo K. Istvan au Trap Door Theatre de Chicago, la première ayant eu lieu à la fin de l’année 2011. Une création qui a joui d’un grand succès, puisqu’elle s’est vu attribuer le prix Joseph Jefferson du meilleur spectacle et celui de la meilleure musique originale, écrite par le compositeur roumain Ovidiu Iloc.



    « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux » raconte l’histoire d’un couple de réfugiés des Balkans qui, une fois rentrés chez eux, se mettent à chercher leur fils mort, tué dans les années des épurations ethniques, pour l’enterrer proprement. Un texte primé en Europe, un texte que les acteurs ressentent comme un défi.



    La comédienne Nicole Wiesner, directrice adjointe de Trap Door Theatre : « Nous, ceux qui avons grandi aux USA, nous sommes très loin de ce genre de sujets, et je pense notamment aux jeunes. La guerre n’a jamais atteint notre vie ; il nous est donc très difficile de comprendre ce que les personnages sont amenés à vivre. Nous avons beaucoup parlé de la guerre, de comment on grandit en temps de guerre. A Chicago, nous avons des amis bosniaques, serbes, qui nous ont raconté leurs expériences de vie. »



    « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux » est aussi une histoire qui semble capable de traverser les frontières culturelles. Nicole Wiesner : « C’était un de nos spectacles les plus appréciés par le public. Les spectateurs ont été merveilleux, les critiques l’ont beaucoup aimé eux aussi… Nous l’avons joué longtemps, nous avons été nommés et nous avons même gagné quelques-uns des prix dramatiques les plus importants de Chicago… Et je crois que cette réponse tellement forte du public nous a quelque peu surpris. Mais je pense également que c’est un hommage rendu à Istvan, dont la mise en scène a surpris les spectateurs américains, peu habitués à un tel style. »



    En fait, par quoi la façon de travailler du metteur en scène Szabo K. Istvan a-t-elle surpris les comédiens américains ? La réponse de Nicole Wiesner : «Ce que j’aime moi dans ce spectacle c’est l’histoire racontée visuellement, qui va au-delà de la langue dans laquelle on joue et que l’on peut ne pas comprendre, au-delà du sous-titrage. Je crois que même si on était sourd on pourrait voir le spectacle et se sentir ému par l’histoire de la mère, comprendre qui sont ces personnages. C’est ce que j’ai aimé chez ce metteur en scène, ça et le fait qu’il savait ce qu’il voulait. Nous travaillons avec de nombreux metteurs en scène américains qui ne disent pas clairement ce qu’ils veulent de nous, ils préfèrent dire: On va essayer ça ou ça. Istvan a eu une vision de spectacle très claire et nous avons réagi tout de suite parce qu’on s’est sentis rassurés, nous lui avons fait confiance. »



    Le spectacle « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux », mis en scène par Szabo K. Istvan au Trap Door Theatre de Chicago a été présenté cet été au Festival international de théâtre de Sibiu, ensuite en Roumanie, à Suceava, Rădăuţi, Satu-Mare et Oradea, la tournée prenant fin à Budapest en Hongrie..



    Fondée en 1990, Trap Door a commencé comme une troupe nomade, très appréciée par les publics européens de Stockholm, Berlin et Paris pour son style entre l’expressionnisme et l’avant-garde, basé sur le mythe, le rituel et la révolution. En mars 1994, la compagnie a traversé l’Atlantique pour s’établir aux USA. La troupe inclut actuellement aussi une présence roumaine — l’actrice Simina Contras. (trad. : Ileana Taroi)