Tag: histoire

  • Voyage au département d’Alba

    Voyage au département d’Alba

    Le comté d’Alba attire ses visiteurs notamment dans la ville d’Alba Iulia, qui possède une multitude de monuments historiques importants et très bien conservés, vestiges d’un passé millénaire. Depuis la zone urbaine, nous nous dirigeons vers les Monts Apuseni. C’est là que vous pouvez pratiquer l’escalade, l’alpinisme, vous pouvez visiter des grottes inédites et pas dernièrement – découvrir le village traditionnel roumain. Violeta Nica, porte-parole au Conseil départemental d’Alba, souligne qu’il s’agit là d’un des comtés les plus beaux de Roumanie : « Avec un potentiel touristique à part, le département d’Alba est remarquable non seulement par ses paysages d’une beauté unique, mais aussi par son histoire, sa culture et ses traditions. Par conséquent, sachez que dans ce comté on peut pratiquer différents types de tourisme, tel le tourisme culturel et historique, le tourisme écologique, religieux et évidemment, le tourisme en montagne. Pour ce qui est du tourisme culturel et historique, il faut commencer par la ville d’Alba Iulia. La cité Alba Carolina, la fortification de type Vauban la plus représentative de Roumanie et une des plus importantes d’Europe, est la principale attraction de la ville et du département. Annuellement, des dizaines de milliers de touristes visitent la cité, et ils sont nombreux en toute saison. La relève de la garde, le tour des fortifications, les groupes statuaires, l’obélisque de Horea, Closca et Crisan ne sont que quelques-uns des points forts de la citadelle, auxquels s’ajoutent les festivals romains et les spectacles en plein air. Le principal objectif est la Cathédrale du Couronnement, aux côtés de laquelle se trouve la Cathédrale catholique Saint Michel. Et c’est également à l’intérieur de la citadelle que les touristes peuvent visiter le Musée national de l’Union et la Salle de l’Union récemment remise à neuf, un bâtiment d’une grande importance historique pour les Roumains, ainsi que le Museikon, l’unique musée de l’icône de Roumanie ou bien la bibliothèque Batthyaneum. »

    Les principales attractions à visiter dans le département d’Alba se trouvent un peu partout, explique Violeta Nica : « Dans le même registre, nous arrivons à Blaj, où toute visite devrait commencer par la Plaine de la liberté, un endroit à part pour tous les Roumains, pour se poursuivre par le Palais de l’Archevêché, bâti au 13e siècle, le Palais de la culture et par le Jardin botanique, ouvert en 1881, qui est d’ailleurs le plus vieux du monde. Il est aménagé auprès d’une école secondaire. La ville d’Aiud est également un important centre culturel. Le comté d’Alba concentre un grand nombre de monuments historiques d’une importante valeur au niveau national, leur liste publiée en 2015 compte 686 objectifs. Mentionnons deux de ces sites : la cité dacique de Capâlna, des monts Orastiei, et le site rural de Câlnic, qui fait partie de ces localités saxonnes dotées d’églises fortifiées. Les deux sont en fait des monuments historiques figurant sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Des démarches sont entreprises pour ajouter à cette liste les sites de Rimetea et de Rosia Montana. Nous rencontrons en milieu rural un patrimoine riche par l’originalité de l’architecture, dans des communes telles Arieșeni, Gîrda, Vidra, Avram Iancu, Albac, Mogoș, Ponor, Râmeț, très connues de ce point de vue. »

    Par ailleurs, le cadre naturel du département d’Alba se fait remarquer surtout par l’harmonie, explique Violeta Nica, porte-parole du Conseil départemental : « Les paysages naturels pittoresques constituent une offre riche et variée, avec des grottes, des rochers, des cascades, des gorges, des massifs tels : Râpa Roșie, les gorges de Râmeț et celles d’Aiud, Detunatele. Le glacier de Scarisoara est une réserve naturelle d’importance européenne. Mentionnons aussi les ressources balnéaires d’Ocna Mures, localité que le Conseil départemental se propose de transformer en station de luxe. Également à voir – le train de type decauville de la Vallée de l’Aries ou bien les terrains de golf de Pianu, les plus étendus de toute la Roumanie. Plus de 25 % du territoire du département d’Alba est classé aire naturelle. C’est sur ces bases que le tourisme vert s’est développé. »

    Un des projets remarquables du Conseil départemental, c’est la réhabilitation d’une route départementale qui traverse plusieurs communautés isolées des Monts Apuseni, pour dévoiler des paysages tout à fait spectaculaires. Violeta Nica : « Il s’agit de ce que l’on appelle « la transalpine des monts Apuseni » d’après le nom de la route Transalpina qui traverse le massif de Fagaras. Cette route part d’Aiud et arrive à Bucium en passant par des crêtes de plus de mille mètres d’altitude. Elle suit l’itinéraire de la route médiévale du Pays des Moti et joue plusieurs rôles. Elle relie des communautés traditionnelles authentiques, c’est une route de la culture, qui passe par des lieux qui évoquent l’enfance de l’écrivain roumain Ion Agârbiceanu. Elle est également un chemin historique, qui refait en quelque sorte l’ancienne route romaine de l’or, mais c’est aussi et surtout une voie de la confession, qui monte depuis les cimes du massif de Trascau aux portes du monastère de Râmeț. Le tableau peut être complété par le tourisme œnologique et gastronomique, puisqu’il s’agit bien de « la Contrée du vin ».

    Enfin, dans le département d’Alba, les vacanciers peuvent également pratiquer le tourisme religieux et actif. Les passionnés des sports d’hiver y trouveront un endroit parfaitement adapté à des vacances actives. Violeta Nica, porte-parole du Conseil départemental d’Alba, précise : « Il existe une liste impressionnante d’églises et de monastères du département d’Alba figurant au circuit touristique. Commençons par la Cathédrale du Couronnement et la Cathédrale catholique Saint Michel d’Alba Iulia. Nous continuons par le Palais de l’Archevêché de Blaj et les monastères de Râmeț et Ponor, sans pour autant oublier les églises en bois du département, qui constituent un véritable trésor. Par ailleurs, les montagnes donnent un véritable spectacle. Les passionnés des sports d’hiver disposent du domaine skiable de Sureanu et de la station de montagne d’Arieseni. Le projet de développement le plus récent concernant les Monts Apuseni fait l’objet d’un accord d’association entre le Conseil départemental d’Alba et celui de Bihor qui attendent également la participation du Conseil départemental de Cluj et qui vise entre autres le développement et la promotion touristique de la région de montagne située entre ces départements. »

    Le nombre des structures d’hébergement vient de tripler ces 10 dernières années, pour arriver à une capacité totale de 6 000 places. Dans l’offre d’hébergement touristique, les gîtes ruraux de petites dimensions situés dans la région des Monts Apuseni dominent. Voilà donc autant de bonnes raisons de visiter la ville d’Alba Iulia et le département d’Alba. A bientôt !

  • La censure, ses formes et son histoire (I)

    La censure, ses formes et son histoire (I)

    Cette semaine nous allons discuter de censure avec notre invité Jean-Yves Mollier, historien et professeur émérite à l’Université de Versailles. Ensemble, nous allons nous pencher sur l’évolution des formes de censure depuis plusieurs siècles, tel qu’il les a abordées dans son dernier livre : Interdiction de publier ! La Censure d’hier à aujourd’hui.




  • Le musée départemental de Mures

    Le musée départemental de Mures

    Koppány Bulcsú Ötvös, son directeur affirme que les débuts de l’institution datent depuis la fin du 19e siècle, mais dans sa forme actuelle, elle a commencé son activité en 1986. « Sa création est le résultat de la réunion de différentes collections de la ville, du comté et de différentes autres institutions. Parmi ses prédécesseurs figurent le Musée d’art industriel sicule, la Pinacothèque du Palais de la Culture, Le musée d’archéologie et d’ethnographie de l’entre-deux-guerres et enfin différentes collections réunies et préservées dans les écoles de la ville. A présent, il y a six sections : art, sciences naturelles, ethnographie, histoire, archéologie et un centre de recherches de Calugareni. Vous l’aurez compris, il est composé de plusieurs locaux et espaces visitables, et compte environ une centaine d’employés. Il possède aussi une bibliothèque spécialisée, avec un fonds de livres anciens et un laboratoire de restauration accrédité par le ministère de la Culture. Les activités muséales se déroulent à l’intérieur de quatre bâtiments-monuments du centre de la ville. Le musée gère ou possède même des monuments d’importance nationale et aussi des symboles de la ville de Târgu Mureș, tel le Palais de la Culture, un des chefs d’œuvre architecturaux les plus représentatifs du style Art nouveau de Roumanie, ou bien le Palais Toldalagi, le monument baroque le plus important de la ville ».

    A l’heure actuelle, le Palais de la Culture et le musée des Sciences naturelles sont en cours de réhabilitation par le biais de fonds européens. L’année prochaine, les galeries d’art du Palais devraient ouvrir, tout comme l’exposition permanente des Sciences naturelles, affirme Koppány Bulcsú Ötvös, directeur du Musée départemental de Mureș. « L’institution attend ses visiteurs avec des expositions permanentes et temporaires sur ses 4 000 mètres carrés. En 2015, deux pavillons ont été ouverts à Calugareni qui présentent le quotidien du camp et du vicus romains de la région. Hormis les activités permanentes de pédagogie muséale, nous organisons régulièrement des conférences scientifiques et deux évènements d’envergure annuellement, qui ont commencé à être reconnus au niveau régional : la Nuit des musées et le Festival romain de Calugareni. La collection du musée compte plus de 150 mille objets, les collections d’art étant du point de vue quantitatif assez petites, mais significatives du point de vue qualitatif. Toutefois, l’archéologie, l’histoire, l’ethnographie et les sciences naturelles détiennent plusieurs objets inscrits dans la catégorie trésor du patrimoine national. »

    Il y a 97 ans, tout à fait par hasard, un groupe de travailleurs a découvert un trésor unique. Vu que ce n’était pas une découverte archéologique, il n’a pas trop de détails sur les conditions et le caractère de cette découverte. Il n’y aucun endroit où une telle pièce soit exposée dans le monde. Koppány Bulcsú Ötvös : « Une des pièces les plus importantes des collections du Musée départemental de Mureş, le symbole même de l’institution, est un trésor unique, c’est une fibule de l’âge du bronze. La fibule, une sorte de broche, de Suseni, est formée de plusieurs spirales, d’un bouclier et d’un pendentif. Elle a été découverte par hasard en 1924 dans la commune de Suseni par des travailleurs de l’usine de briques. Elle était ensevelie dans un pot en céramique aux côtés d’autres objets en bronze, la majorité étant en fait des fragments. En raison des conditions dans lesquelles il a été découvert, la date de l’objet est incertaine, la fibule provient probablement de l’époque tardive du bronze. Il existe des pièces similaires en Transylvanie et dans les régions avoisinantes, mais aucune d’entre elles n’est aussi belle et minutieusement travaillée ni aussi bien conservée. »

    Voici donc autant de raisons, pour vous, de visiter la ville de Târgu Mureş et les environs, pour une incursion dans l’histoire romaine de cette région.

  • La Cour princière de Târgoviste

    La Cour princière de Târgoviste

    C’est une ville paisible avec des musées intéressants, mais aussi avec un vieux centre-ville plein de terrasses et de restaurants. Mais ce qui impressionne le plus les touristes de tous les coins du monde, c’est la Cour princière, explique Irina Cârstina, muséographe au Musée d’histoire de Târgovişte. Sachez donc que la ville de Târgovişte a été résidence princière et capitale de la Valachie de 1396 à 1714, détenant pendant pas moins de trois siècles le statut de principal centre économique, politique, militaire et culturel de la région. Ecoutons Irina Cârstina, muséographe au Musée d’histoire de Târgovişte : « C’est la rue la plus importante de la ville, qui s’appelle « la Voie princière ». Donc, si vous vous arrêtez devant la Cour princière, vous allez constater que le Musée d’art et le Musée d’histoire de la ville se trouvent juste à côté. En passant par la porte d’entrée, vous allez découvrir un domaine s’étalant sur 30 mille mètres carrés que les voïvodes valaques ont légué il y a 600 ans. C’est un héritage historique riche, structuré sur plusieurs siècles et styles architecturaux. D’abord, vous verrez une plaque en marbre, sur laquelle sont écrits les noms des voïvodes ayant régné à Târgovişte et qui ont émis des documents concernant cette ville. La Cour princière est composée de la chancellerie princière, l’endroit où étaient écrits les documents les plus importants avant d’être signés et de recevoir le sceau princier. »

    Continuant notre itinéraire, nous quittons l’allée principale et à droite on voit la Grande église de la Cour princière, érigée en 1584 par le voïvode Petru Cercel. Ecoutons Irina Cârstina, muséographe au musée d’Histoire de Târgovişte : « C’est une église imposante, dont les dimensions étaient du jamais-vu à l’époque de sa construction : 14 fois 30 mètres. Elle est construite sous la forme d’une croix grecque inscrite d’après le modèle de l’église métropolitaine de Târgovişte. Elle a été préservée dans de très bonnes conditions et accueille les portraits de pas moins de neuf voïvodes roumains. Entre l’église et le palais princier se trouve un passage unique par le biais duquel les princes régnants, à commencer par Petru Cercel, qui a régné entre 1583 et 1584, pouvaient accéder à l’église. Ensuite, ils arrivaient dans un balcon de l’église et descendaient les marches jusqu’au fauteuil princier. Voici dont une innovation architecturale assez atypique pour les églises orthodoxes à retrouver à la Cour princière de Târgovişte. »

    En sortant de l’église, on peut apercevoir les ruines du palais princier qui était lui aussi une construction de l’époque de la Renaissance, s’étalant sur trois niveaux. A l’heure actuelle, les seuls à avoir survécu dans une forme identique à celle d’époque sont les celliers, ainsi qu’une partie du rez-de-chaussée. Irina Cârstina :« Les salles étaient nombreuses. Il s’agissait d’espaces où se déroulaient les activités administratives, et l’étage était destiné exclusivement au prince régnant. Tous ces endroits sont facilement visitables via une galerie. Continuant l’itinéraire via ce passage, les touristes peuvent aussi voir la partie la plus ancienne du palais, la Tour de Chindia, qui défend la Cour princière et la ville tout entière, offrant une belle perspective sur les murailles qui entouraient la ville. On peut voir aussi les jardins de la Cour princière, aménagés actuellement sous la forme d’un parc de la ville, et de l’autre côté de la colline, le monastère de Dealu, qui accueille la nécropole princière de la Valachie. »

    Pour ce qui est de la Tour de Chindia, la construction initiale a évidemment joué un rôle de défense. Mais son histoire, vraiment intéressante, c’est Irina Cârstina, Muséographe au Musée d’Histoire de Târgovişte qui nous la raconte. « Au 17e siècle, lorsque les invasions ne sont plus aussi fréquentes, cette tour jouait un rôle différent. Toute la vie de la ville était pratiquement organisée autour de cette construction. C’est au sommet de cette tour que montait un soldat avec une trompette et au coucher du soleil, il annonçait la fin des activités diurnes. Pratiquement, tous les négoces, tous les marchands, tous les gens qui sillonnaient la ville étaient obligés de suspendre leur activité. Durant le règne de Matei Basarab, la ville était assez développée et en plus elle passait par une période d’essor ; c’est pourquoi elle était une cible pour les voleurs nuitamment. Ce qui plus est, le risque d’incendie était plus élevé durant la nuit. Au son de la trompette, les portes de la ville se fermaient. C’était une construction imposante qui a même impressionné le prince régnant Gheorghe Bibescu, lors d’une visite au monastère de Dealu. Ce fut en 1847 qu’il ordonna que la tour soit remise à neuf et même rehaussée. Et c’est ainsi que la Cour princière est arrivée à posséder actuellement une tour haute de 27 mètres, à trois étages, avec un escalier en colimaçon. »

    Voici autant de raisons de faire une incursion dans l’histoire médiévale de la Roumanie et découvrir cette ancienne capitale valaque, qui se trouve tout près de Bucarest.

  • Le régime nazi, ses représentations et son mode de fonctionnement (I)

    Le régime nazi, ses représentations et son mode de fonctionnement (I)

    Cette semaine nous allons nous pencher sur une période sombre de l’histoire de l’Europe. En effet, nous allons discuter du régime nazi. Celui-ci est bien souvent perçu comme l’incarnation du mal, une sorte de parenthèse sanglante sans aucun rapport avec l’Europe et son histoire politique, sociale et économique. Même si le caractère sanglant de ce régime relève de l’évidence, il s’inscrit en réalité dans plusieurs phénomènes présents bien avant sa naissance. Pour le comprendre, il importe donc d’en saisir ses aspects les plus spécifiques et ses dynamiques historiques. C’est à cette thématique que nous allons nous intéresser avec un des spécialistes de cette question, Johann Chapoutot, qui est professeur à l’Université de Paris-Sorbonne.

  • Fragment. L’expérience de la restauration

    Fragment. L’expérience de la restauration

    Une
    nouvelle exposition accueille les visiteurs (en personne ou dans le monde
    virtuel) au Musée national d’histoire de la Roumanie, jusqu’à la fin mai.
    « Fragment. L’expérience de la restauration » est une incursion dans
    le monde fascinant et délicat de la restauration, une invitation à découvrir
    les secrets qui se cachent derrière les objets de la collection d’un musée.
    Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec un des membres du Laboratoire de
    restauration du métal du Musée national d’histoire, Bogdan Dumitru
    Mladin : « L’exposition
    « Fragment. L’expérience de la restauration » présente au public le
    métier de restaurateur sous un angle tout à fait nouveau. Notre volonté était
    d’amener le grand public à comprendre ce qui se passait derrière les pièces
    exposées dans un musée. Alors, avec nos collègues du Département de
    restauration, nous avons organisé une exposition dédiée à ce métier. En plus du
    travail manuel en lui-même, la restauration demande des connaissances dans
    divers domaines – physique, chimie, biologie et ainsi de suite. Nous avons
    accordé une importance particulière à l’accrochage de cette exposition, pour la
    rendre aussi attractive que possible pour le grand public et surtout pour le
    jeune public. Le métier de restaurateur est encore peu pratiqué, alors une des
    fonctions de « Fragment. L’expérience de la restauration » est d’attirer
    les jeunes vers ce métier. »




    Le
    Musée national d’histoire de la Roumanie a été fondé en 1970 et c’est le plus
    important musée d’archéologie et d’histoire du pays. Le Département de
    restauration a pour mission principale la conservation à long terme des artefacts
    du Musée en suivant les standards les plus élevés du domaine, mais aussi la
    recherche et le développement des méthodes de restauration et de promotion de
    la culture matérielle. On peut observer toutes ces directions de travail dans
    l’exposition « Fragment. L’expérience de la restauration », comme le
    témoigne Bogdan Mladin : « L’exposition
    est divisée en deux grandes zones : la partie laboratoire – précisons que
    nous avons en tout six laboratoires au Musée d’histoire, le laboratoire de
    restauration du métal, du bois, de la céramique, de la peinture, des tissus et
    des livres anciens. Ensuite, il y a la zone d’exposition proprement-dite. Le
    public peut y voir tout l’éventail d’objets que nous restaurons, exposés d’une
    manière innovante, car nous souhaitions nous éloigner de la scénographie
    classique. En prime, nous avons invité quelques artistes contemporains à créer
    des œuvres en partant du titre de l’exposition ou des pièces de notre
    collection. Les pièces que nous travaillons viennent, pour la plupart, de sites
    archéologiques, de dépôts ou de collections privées. Ces objets sont très
    variés : depuis les tableaux jusqu’aux voitures – plus spécifiquement, la
    première voiture immatriculée à Bucarest. Il faut avoir un penchant pour
    le beau et s’intéresser à beaucoup de domaines, pour ainsi saisir et comprendre
    les éléments qui influencent un objet tout au long de sa vie. »


    Bogdan
    Mladin propose une comparaison avec la médecine pour faire comprendre plus
    facilement ce que c’est la restauration. Ce qu’un médecin fait pour le corps
    humain, pour une personne, c’est ce que les restaurateurs font pour les objets.
    Ils sont, en quelque sorte, les médecins des objets : chacun souffre d’une
    maladie qu’ils arrivent à guérir avec un traitement spécialisé. Mais intéressons
    nous aux différents objets « guéris » que l’exposition
    « Fragment » fait voir au grand public. Le restaurateur Bogdan
    Mladin : « Dans l’exposition,
    nous présentons tout un dépôt très important, découvert en 2012 à Tărtăria,
    dans le département d’Alba qui se trouve au centre du pays. Il y avait des
    ornements et des pièces de harnachement que nous voulions vraiment mettre en
    avant dans l’exposition. Finalement nous avons réussi à recréer une tête de
    cheval grandeur nature et avons présenté les objets dessus. De même pour les
    bijoux. Pour ce qui est de la céramique,
    nous avons toute une variété de pièces, à partir du néolithique et jusqu’à l’époque
    contemporaine. Pour le bois, nous travaillons des meubles et des icones. Pour
    les livres, ce sont surtout des cartes. Au laboratoire de tissu, mes collègues
    ont inclus dans l’exposition quelques pièces très importantes, à savoir le
    drapeau liturgique d’Etienne le Grand, restauré par leurs soins, ainsi qu’une
    des robes de gala de la Reine Marie. Du côté des tableaux, nous avons des
    toiles signées Luchian ou Tonitza, des œuvres très importantes qui se trouvent
    dans les collections du Musée. »


    Si
    vous n’habitez pas à Bucarest ou si vous ne pouvez ou ne voulez tout simplement
    pas vous déplacer pour visiter cette exposition, pas d’inquiétude ! Un
    site dédié vous attend à l’adresse restauraremnir.ro et sur YouTube vous pourrez
    regarder un tour virtuel de l’expo. (Trad. Elena Diaconu)

  • 10 ans de visites guidées dans Bucarest

    10 ans de visites guidées dans Bucarest

    Fin 2020, « L’Association pour l’histoire de l’art » – une ONG – comptait déjà vingt années d’activité consacrée, pour l’essentiel, au patrimoine de la ville de Bucarest. En partant du constat que les Bucarestois méconnaissent l’histoire de leur ville, l’association s’est proposé de combler cette lacune. Pour ce faire, elle a organisé des visites guidées et des conférences et publié des livres présentant au grand public l’architecture de la capitale roumaine et son évolution dans le temps. Ces activités s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux jeunes, voire même aux enfants.

    Cela fait maintenant dix ans que l’association organise des ateliers d’histoire de l’art à l’intention des petits. L’idée des visites guidées est née de la curiosité des parents qui accompagnaient les petits aux ateliers et qui ont manifesté leur intérêt pour l’histoire et le patrimoine de la capitale, a précisé notre interlocutrice, Oana Marinache, directrice de l’Association d’histoire de l’art : « Il y a 8 ou 9 ans, nos visites guidées dans Bucarest n’étaient pas aussi demandées ou populaires. Par contre, ces dernières années, les demandes ont été si nombreuses que l’on a eu du mal à les satisfaire toutes. Certes, en 2020, il y a eu des contraintes liées au nombre de participants, mais la curiosité incite le public à découvrir de nouveaux endroits et à écouter de nouvelles histoires. En plus, on a affaire à un public plus éduqué, grâce à la participation à différents événements organisés par d’autres associations. Les gens veulent découvrir de nouvelles rues, voir les intérieurs des maisons historiques. Nous essayons de répondre à ces demandes en proposant des projets culturels ou éditoriaux ou en créant des événements inédits dans la mesure du possible. Nous nous adressons surtout au public bucarestois. Nous avons pourtant remarqué, surtout lors des excursions d’une journée ou des événements organisés ces dernières années dans des villes comme Sinaia ou Constanța, la présence de participants autres que les Bucarestois. Nous nous réjouissons donc de voir se répandre le désir de connaître le patrimoine. »

    Au fil des années, l’Association pour l’histoire de l’art a bénéficié du soutien financier et logistique de plusieurs institutions publiques et privées. Elle a diversifié son activité, notamment après la création de la maison d’édition Istoria artei. C’est là que sont parues les monographies de quelques architectes importants. Celles-ci ont servi de point de départ pour de nombreuses conférences consacrées à des sujets liés au patrimoine de Bucarest et non seulement. Oana Marinache : « La plupart des travaux que nous avons publiés au cours des 8 dernières années sont le fruit des recherches dans les fonds d’archives sur des architectes remarquables. On en est déjà à la 7e monographie. La grande majorité des personnalités auxquelles elles sont consacrées sont des architectes étrangers. Notre recherche, qui commence par la fin du 19e siècle, est arrivée à la période de l’entre-deux-guerres. Elle s’est matérialisée en plusieurs portraits d’architectes nés en Roumanie, mais issus de familles internationales. Reste encore à découvrir les cas particuliers, les destins impressionnants et susceptibles d’offrir des modèles à suivre même de nos jours. En plus de la collection éditoriale et des visites guidées, je mentionnerais la série de conférences que nous avons organisées au Musée de la ville de Bucarest, dans différentes galeries ou dans des centres culturels. »

    Entre temps, un autre projet de l’association a vu le jour. Il s’agit de la revue Arhitur, qui invite le lecteur à découvrir les endroits où l’emmèneraient les visites guidées.

  • La cause des pauvres en France III

    La cause des pauvres en France III

    Cette semaine, troisième et dernier volet de nos émissions avec Frédéric Viguier sur son ouvrage La cause des pauvres en France. Nous reviendrons sur l’histoire récente et le tournant des années néolibérales dans les années 1990. On observe notamment une tendance à augmenter le contrôle sur les personnes précarisées dans un contexte de chômage endémique.

  • Le Musée de la viticulture et de la pomiculture de Goleşti

    Le Musée de la viticulture et de la pomiculture de Goleşti

    C’est un endroit où l’histoire et la tradition se marient à bon escient, à visiter en toute saison. Fondé le 7 juin 1939 par le roi Carol II, le musée prend d’abord le nom de Dinicu Golescu, grand boyard et homme de lettres valaque, surtout connu pour ses écrits de voyage, et qui vécut de la fin du 18e siècle et pendant la première moitié du 19e. Au fil des ans, les collections du musée s’étoffent, des expositions permanentes se constituent, dont celle qui retrace l’histoire de la famille Golescu, originaire du pays et, en parallèle, l’histoire de la culture et de la civilisation de l’endroit, du département d’Argeş. Le muséographe Dan Arsene, en maître des lieux, nous apprend que le musée a été érigé sur les fondations d’un ensemble médiéval, datant du 17e siècle. Dan Arsene :



    « A l’origine, il s’agissait de ce que l’on appelle en roumain un conac, soit un manoir, une sorte de petit château médiéval, le genre de bâtisse qui était très prisée par les aristocrates et nobles roumains, les boyards. Tout près de l’ensemble muséal, l’on retrouve une exposition ethnographique en plein air qui regroupe une trentaine d’habitations traditionnelles d’origine, apportées de tout le pays. Ces maisons ont toutes un point commun : elles proviennent des régions collinaires, où la culture de la vigne et les vergers constituent l’essentiel de l’activité économique. Chaque habitation comprend sa maison, mais aussi des dépendances telles des granges et des étables, dotées de leurs outils et de leur mobilier caractéristique, rappelant leurs propriétaires. L’ensemble médiéval est intimement lié à l’histoire de la famille Golescu, une famille qui a marqué de son empreinte la période médiévale de la Valachie et, par la suite, l’histoire moderne de la Roumanie. Et ce notamment lors des grands moments que furent l’Union des Principautés roumaines et l’apparition du nouvel Etat roumain moderne. »



    La véranda du manoir est recouverte d’une plante grimpante et ligneuse, une classique des jardins, à la floraison spectaculaire, la glycine, plantée il y a 150 ans de la main de Zinca Golescu, l’épouse du boyard Dinicu Golescu. L’accès au manoir se fait à travers cette véranda ouverte, caractéristique à ce genre de bâtisse. Sur le mur d’entrée vous remarquerez les armoiries et l’arbre généalogique de la famille Golescu. Un escalier en colimaçon d’une belle prestance, mais sans réelle utilité autre qu’esthétique, s’élance au milieu de la salle d’apparat pour mener à l’étage du manoir. Dan Arsene précise :



    « Mise à part l’exposition permanente dédiée à l’histoire de la famille Golescu, une autre exposition permanente, abritée entre les murs du manoir, est celle vouée à la Maison royale de Roumanie. En effet, c’est là que, dans la nuit du 19 mai 1866, le prince Carol, le futur roi Carol Ier, signe son premier acte en sa nouvelle qualité de souverain des Principautés roumaines. Nos hôtes pourront admirer le trône d’origine, sur lequel sont montés tour à tour les souverains de la Roumanie, entre les années 1885 et 1947, ainsi que l’un des bureaux de travail qu’avait utilisé le roi Carol Ier. Ce sont sans doute des meubles, mais des meubles qui ont fait partie de la vie de ceux qui ont écrit l’histoire moderne de la Roumanie ».



    A l’entrée du musée, la boutique de souvenirs offre bien plus que les cartes postales et les gadgets habituels. En effet, les artisans locaux y mettent en vente leurs produits, manufacturés avec soin. Dan Arsene :



    « Les artisans de l’endroit proposent des objets d’artisanat spécifiques de la région, confectionnés avec beaucoup de soin. Qui plus est et pour ne rien vous cacher, vous trouverez ici le fameux magiun de prune, soit la confiture sans sucre de Topoloveni, un régal. Nous essayons ainsi de promouvoir les produits locaux et la production traditionnelle. »



    Et même si les événements à grand renfort de public ont dû être annulés en cette période de pandémie, les portes du musée demeurent ouvertes, entre 9h00 et 16h00, du mardi au dimanche. A vos valises donc !


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’hippodrome de Băneasa

    L’hippodrome de Băneasa

    Le loisir a été un des nouveaux concepts, qui ont fait fortune parmi les Roumains à l’époque, donnant un coup de pouce au développement des villes roumaines et à l’économie du pays et influençant en même temps le mental collectif. Or, une des grandes attractions des élites bucarestoises d’avant 1945 a été l’hippodrome de Băneasa. Importante arène hippique pendant une quarantaine d’années, cet hippodrome est presque oublié de nos jours.Mais commençons par le commencement. En 1875 était fondé à Bucarest le Jockey Club Roumain, avec pour objectif d’améliorer le Pur-sang anglais. C’était 3e club de ce genre créé au monde, après ceux d’Angleterre et de France. Un Jockey Club avait existé à Iași, dès 1862, mais il a fusionné avec le club bucarestois en 1875. Le but du Jockey Club roumain était non seulement de contribuer à l’amélioration des races de chevaux, mais aussi d’organiser des compétitions hippiques, pour tester les qualités des animaux élevés.

    La première course de chevaux a eu lieu en 1875, année de la création du club. Le président d’honneur du Jockey Club était le futur roi de Roumanie, Carol I. Ce fut lui qui inaugura le club et, après lui, tous les rois de Roumanie allaient le présider. Pourtant, la personnalité à avoir contribué le plus à son développement a été l’homme politique conservateur Alexandru Marghiloman, considéré comme le père de l’hippisme roumain. L’élevage et l’amélioration des races de chevaux ainsi que l’organisation de courses a mené à l’apparition d’un nouveau sport, l’hippisme, qui avait besoin d’un lieu pour être pratiqué. En 1881 le premier hippodrome fut construit dans le nord de la capitale. Une vingtaine d’années plus tard, l’ancien hippodrome est démoli et un autre est construit, sur le même emplacement, qui n’en cédait en rien aux autres hippodromes d’Europe.

    L’historien Cezar Buiumaci, un spécialiste de l’histoire de la ville de Bucarest, connaît très bien les transformations que celle-ci a connu au fil du temps. L’hippodrome de Băneasa a été construit par le Jockey Club. Les travaux ont démarré en 1902 et ont duré 7 ans, le vice-président du club, l’homme politique Alexandru Marghiloman, ayant signé un contrat avec l’entrepreneur Leopold Schindl. Parmi les initiateurs du projet figurait le maire de la capitale, Nicolae Fleva, qui a mis à la disposition du club le terrain qui allait accueillir l’hippodrome. Celui-ci fut l’œuvre de l’architecte Ion D. Berindei, qui l’a conçu d’après le modèle des hippodromes de Longchamp et de Chantilly. La couverture des tribunes a été construite sans piliers. On dit que, pour vérifier sa résistance, on y avait fait monter tout un régiment de l’armée, avec l’architecte Berindei à sa tête.


    Les courses hippiques étaient très populaires à l’époque et l’hippodrome était devenu un important lieu de loisir, raconte Cezar Buiumaci. L’hippodrome avait une capacité de 5.000 personnes, pourtant, très souvent, il accueillait 3 ou 4 fois plus. Il a été inauguré avec faste en présence de la famille royale et de nombreux invités de marque. L’on y organisait des courses de galop (les jeudis et les dimanches) et de trot (qui se déroulaient le mercredi et le samedi). L’hippodrome était fréquenté par l’élite de la ville et il devint également le lieu de promenade préféré des Bucarestois. Il était placé au bout de l’avenue Kiseleff, sur le côté de laquelle allait être aménagé, vers le milieu du 20e siècle, l’actuel Parc Herăstrău. Celui-ci fut créé à l’initiative du roi Carol II, à l’occasion la deuxième édition du Mois de la ville de Bucarest. Cette fête a eu des conséquences bénéfiques pour cette zone : l’Arc de Triomphe fut rénové, la place située à l’entrée du nouveau parc fut réaménagée, créant ainsi une ambiance des plus agréables. Toute la zone allait devenir un lieu de loisir privilégié. L’hippodrome attirait, lui, des gens de toutes les catégories sociales, depuis les curieux qui y venaient même de province, jusqu’aux passionnés de courses de chevaux. Pourtant, l’hippodrome a accueilli aussi d’autres événements, comme par exemple la démonstration aérienne faite à Bucarest, en 1909, par le pionnier de l’aviation française Louis Blériot.

    Considérées comme des loisirs bourgeois, incompatibles avec le mode de vie prolétaire promu par le régime communiste installé en Roumanie en 1945, les courses de chevaux ont été interdites, l’hippodrome étant démoli, ajoute Cezar Buiumaci. Pendant le régime communiste, en effet, l’hippodrome de Băneasa a été démoli et « Casa Scînteii/La Maison de l’étincelle » (actuelle Maison de la presse) fut élevée à sa place. « La Maison de l’étincelle » est un immense édifice d’inspiration soviétique. Un centre d’exposition consacré aux réalisations de l’économie nationale allait être également construit à proximité. Recréé après la chute du communisme, en décembre 1989, le Jockey Club roumain organise encore des courses de chevaux. Pourtant, l’hippodrome qui les accueille se trouve à Ploiești, ville située à une soixantaine de kilomètres au nord de la capitale de la Roumanie. (trad. Dominique)

  • La cause des pauvres en France II

    La cause des pauvres en France II

    Dans cette deuxième émission sur la cause des pauvres en France, nous allons aborder les acteurs de la société civile qui se sont engagés dans la cause des pauvres et dans la transformation des représentations de la pauvreté. Avec notre invité, Frédéric Viguier, qui est professeur à l’Institut des études françaises de New-York.



  • Le Musée de la collectivisation

    Le Musée de la collectivisation

    En 1951, dans les prisons du pays et les camps de travaux forcés du canal Danube – Mer Noire se trouvaient 80.000 paysans qui s’étaient opposés à la collectivisation. 800.000 agriculteurs au total ont été emprisonnés pour ne pas avoir voulu renoncer au statut de propriétaires de leurs terres. Au bout de 13 ans de collectivisation forcée, durant lesquels la propagande communiste s’est accompagnée d’actes de chantage et de terreur, le parti communiste annonçait la réalisation « avec succès » de la collectivisation de l’agriculture roumaine. Une session extraordinaire de la Grande Assemblée Nationale fut consacrée à cet événement. Elle s’est tenue du 27 au 30 avril 1962, en présence de 11.000 paysans invités. Les leaders communistes de l’époque ont affirmé à cette occasion que « le socialisme avait triomphé définitivement dans les villes et les villages de la République Populaire Roumaine ».

    En souvenir de cette époque, à Tămășeni, dans le comté de Neamț, viennent d’être ouvertes les premières salles d’un Musée de la collectivisation. Il accueille des objets utilisés d’habitude dans les maisons et les fermes paysannes des années 1950, que les visiteurs peuvent toucher, pour expérimenter les réalités de cette époque. L’initiateur du projet, Iulian Bulai, explique: Nous inaugurons les 3 premières salles du Musée de la collectivisation, le premier de ce genre du pays. Nous nous sommes toujours posé des questions, essayant de comprendre le pourquoi de ce chaos qui règne dans l’agriculture roumaine, le pourquoi de ce manque d’attention pour l’espace public, beaucoup plus grand en Roumanie que dans d’autres pays, le pourquoi de ce décalage entre les milieux rural et urbain en Roumanie, beaucoup plus grand qu’en Occident. Je me suis moi aussi interrogé à ce sujet et l’une des réponses est la collectivisation. La collectivisation, en tant que phénomène socio-politique, a eu un impact irréversible sur l’espace rural roumain : l’absence de la propriété privée, sa confiscation, ont mené à ce que nous voyons de nos jours dans les campagnes: un sous-développement extrême par rapport au milieu urbain et un espace qui ne trouve pas son équivalent dans le milieu rural occidental. Eh bien, j’ai tâché de réponde à ces questions, en cherchant des repères dans l’histoire de ma famille, touchée, elle aussi, de plein fouet, par la collectivisation. Et je me suis rendu compte que pour mieux comprendre le milieu rural de Roumanie et la collectivisation en tant que phénomène, nous devons mieux connaître ce peuple, nous poser des questions, trouver des réponses, imaginer les drames que des millions de Roumains ont vécus dans les années ’50, pendant la collectivisation et, ensuite, mettre sur pied un musée qui reflète les réalités socio-anthropologiques du milieu rural actuel.

    Iulian Bulai a destiné à cette fin la maison de ses grands-parents, qu’il a transformée en musée. Qu’est-ce qu’on peut y voir, en ce moment ? Il s’agit de deux maisons et d’une annexe. C’est une petite ferme typiquement moldave ayant appartenu, un siècle durant, à notre famille. Cette petite ferme est tombée elle aussi victime de la collectivisation. Il s’agit donc de la famille de mes arrière-grands-parents et de mes grands-parents qui ont vécu la collectivisation et qui se sont vu confisquer, dans les années ’50, leurs terres, leurs outillages, leurs moulins, le pont au-dessus de la rivière Siret. Et cette maison a été le témoin d’une histoire qui est celle de millions de Roumains, celle de la collectivisation, de cette entrée abusive du régime communiste dans l’espace privé : une partie de cette maison a été confisquée et un magasin de la collectivisation y a été ouvert dans les années ’50. C’est à peine en 1992, après la chute du communisme, que la famille a pu la récupérer. Elle est un symbole de l’histoire de nombreux Roumains.

    Le musée de la collectivisation est-il un musée des objets ? Iulian Bulai: Ce musée est consacré dans une moindre mesure aux objets. Des objets, il y en aura, bien sûr : ceux que mon grand-père a amassé et qui nous montrent où nous sommes restés, nous, en tant que société agraire, à savoir presque au même point que dans les années ’50, soit il y a 70 ans. Le musée est censé raconter une histoire et exposer une vision scientifique du phénomène. Bien sûr, chaque objet a aussi sa propre histoire. Les outillages agricoles qui étaient là au moment où la maison est entrée en ma possession trouveront leur place dans les 17 ou 18 espaces d’exposition du musée.

    Iulian Bulai s’est lancé dans cette démarche avec l’espoir d’un changement auquel il croit : C’est uniquement en réussissant à affronter notre passé avec sincérité, à en avoir une image claire que nous pourrons mieux nous comprendre en tant que peuple, en tant que nation, en tant que pays contemporain et que nous pourrons dépasser certains événements tristes de notre histoire. Des événements qui, n’ayant pas été explorés jusqu’ici de manière positive, n’ont pas pu nous aider à nous guérir des blessures de la période communiste. Et, alors qu’actuellement nombre d’espaces culturels ferment leurs portes, nous ouvrons, nous, un musée. Je pense que c’est là un bon point de départ pour une attitude générale que nous pouvons partager durant ces temps difficiles.

    Un musée qui va grandir non seulement par l’augmentation des espaces à visiter, mais aussi par les événements qu’il va accueillir au moment où les gens pourront se rencontrer de nouveau.

  • “L’ambulance des monuments” remporte le prix du public Europa Nostra 2020

    “L’ambulance des monuments” remporte le prix du public Europa Nostra 2020

    Et c’est un objectif réussi, à commencer par la Transylvanie, dans le centre-ouest et continuant par l’Olténie dans le sud et jusqu’en Moldavie dans l’est. Et le succès des architectes et des bénévoles de l’« Ambulance des monuments » est désormais connu en Europe aussi. Ce projet roumain vient de remporter le Grand Prix du Public dans le cadre des Prix européens du Patrimoine Europa Nostra 2020. Les citoyens européens ont exprimé leurs préférences pour différents projets dans un sondage enligne auquel ont participé 12 mille personnes et la plupart des voix ont été obtenus par l’ « Ambulance des Monuments ». Auparavant, au mois de mai, le projet de l’Association Monumentum avait obtenu aux côtés de 21 autres programmes et activités culturelles, le Prix européen du Patrimoine Europa Nostra décerné cette fois-ci par la Commission européenne. Ceux qui l’automne dernier avaient obtenu le Prix du Public ont compté parmi les lauréats validés par un jury composé d’experts. Qu’est ce que signifie être favori du public ? C’est l’architecte Veronica Vaida, une des personnes à avoir initié l’ « Ambulance des monuments » qui nous l’explique. « Nous avons tous été extrêmement émus et enflammés. Nous sommes enthousiastes aussi en raison du fait que ce projet est déjà considéré un projet susceptible d’être dupliqué aussi dans d’autres parties d’Europe. Et cela nous réjouit beaucoup. Il y a cette sensibilité envers le patrimoine qui s’est répandue et déjà de plus en plus de personnes apprécient le patrimoine. C’est grâce à l’attention envers le patrimoine que les communautés commencent à changer, tout comme la relation des communautés et les mentalités puisque nos bénévoles y mettent toute leur énergie et enthousiasme envers un objet de patrimoine que la communauté ignorait probablement. C’est ce qu’a rendu enthousiaste le public européen aussi ».

    Utilisant des techniques et des matériaux de constructions traditionnels, les architectes et les bénévoles de l’ « Ambulance des monuments » ont mis en sécurité des monuments en danger jusqu’à leur réparation complète. Veronica Vaida explique la manière dont « l’Ambulance des monuments » fonctionne : « En principe, là où la communauté le souhaite et où il y a un initiateur au niveau local, on nous fait appeler afin d’évaluer la situation en fonction de plusieurs paramètres parmi lesquels la valeur du monument, l’état dans lequel il se trouve et les possibilités de financement. « L’ambulance » est une sorte de trousse de secours composée d’outils apportés par une camionnette qui transporte aussi les matériaux et les bénévoles. D’habitude nous prenons en charge tout ce qui est documentation, nous aidons la communauté à obtenir les informations nécessaires pour une intervention d’urgence et ce n’est qu’ensuite que nous intervenons effectivement. Nous sommes une sorte de service d’urgences SMUR des monuments. Nous ne restaurons pas le bâtiment mais nous ressuscitons seulement ce malade, nous le mettons en sécurité. Le restaurer signifie beaucoup plus que cela. La plupart des fois nous nous occupons de la charpente, afin de protéger le monument de la pluie. Et en plus, souvent, nous effectuons des opérations de consolidation de la fondation. »

    Hormis les efforts de ressusciter les métiers traditionnels, l’ « Ambulance des monuments » est aussi une démarche éducative par le biais de laquelle les communautés locales découvrent a valeur des monuments près desquels ils habitent et s’organisent pour les sauvegarder. Veronica Vaida : « C’est un projet qui vise aussi les jeunes, puisqu’il a un côté éducatif. Mais il ces valences éducatives s’appliquent aussi dans le cas des communautés locales. C’est pourquoi pour nous, par le biais de l’Ambulance, on réalise une sorte de synergie de la communauté et des experts qui interviennent sur un monument. Même les étudiants qui souhaitent devenir spécialistes en ce genre d’intervention sont considérés experts. Par conséquent, notre organisation crée le cadre adéquat pour que tous ces acteurs, y compris les communautés locales, puissent se rencontrer et travailler ensemble au bénéfice des monuments. Espérons que le projet sera repris aussi ailleurs en Roumane » a déclaré Veronica Vaida, une des initiateurs de l’Ambulance des monuments. Suivez-les sur ambulanta-pentru-monumente.ro et sur les réseaux sociaux pour découvrir les joyaux du patrimoine architectural roumains que ces jeunes passionnés tentent de sauvegarder.

  • Un Calendrier de l’Avent plutôt surprenant

    Un Calendrier de l’Avent plutôt surprenant

    Un calendrier de l’Avent
    2020 d’un genre nouveau est proposé aux plus petits par l’Association des
    écrivains pour enfants et adolescents « De Basm ». Il s’agit d’un
    calendrier qui compte mesurer la distance qui nous sépare de la fête de Noël à
    l’aide des histoires destinées aux enfants, selon les membres de l’association.
    Et parce que cette année les fêtes de fin d’année seront célébrées plutôt à
    l’intérieur qu’à l’extérieur, souvent grâce à la technologie digitale, le
    calendrier de l’Avent proposé par l’association De Basm n’y fera pas exception.
    Apprivoiser les livres à travers internet, pourquoi pas ?






    L’auteure Adina Rosetti, une des initiatrices du calendrier, nous explique le
    concept : « Il s’agit de
    réinterpréter la tradition du célèbre calendrier de l’Avent, selon laquelle les
    enfants reçoivent chaque jour du mois de décembre un cadeau, et cela jusqu’à la
    veille de Noël. Et nous avons imaginé ces cadeaux d’un genre nouveau, sous la
    forme d’une histoire, enregistrée par son auteur la plupart du temps. Il s’agit
    des auteurs d’histoires pour enfants qui lisent leurs propres créations. Et
    puis, nous avons d’autres invités qui lisent, eux, leurs histoires préférées
    aux tout petits. Comme tout calendrier de l’Avent qui se respecte, le nôtre
    aussi compte 24 jours. Et on a débuté le 1er décembre par une
    lecture collective du livre « Les Insoumises », qui raconte les vies
    et les exploits de ces femmes remarquables, qui ont laissé leurs traces dans
    l’histoire, la science ou la culture roumaine. « Les Insoumises » est
    un projet plus ancien de notre association. Et puis, chaque jour, on poursuit
    de la sorte, par un nouvel invité et une nouvelle histoire, retransmise sur la
    page Facebook de l’association. »






    Mais quand
    et comment sont diffusées les histoires quotidiennes aux enfants, sur
    internet ? Adina Rosetti : « Tous
    les soirs, à 19h00 pile, nous mettons en ligne une nouvelle vidéo sur la page
    Facebook de l’association. Ces vidéos seront archivées sur cette même page, et
    pourront ainsi être réécoutées et regardées à tout moment. Mais j’aimerais
    mentionner les noms des auteurs qui ont d’ores et déjà enregistrés les
    histoires qu’ils avaient écrits. Il s’agit tout d’abord de la poétesse Carmen
    Tiderle, que les enfants adorent pour ses jeux de mots inattendus, Alex
    Moldovan ensuite, auteur de la série des péripéties d’Olguța, puis l’écrivain
    Victoia Pătrașcu, mais aussi l’astronome Adrian Șonka. Il s’agit de quelques
    noms qui me viennent maintenant à l’esprit, mais il y en a bien davantage. Nous
    comptons aussi des invités spéciaux, qui œuvrent hors le domaine littéraire. Un
    acteur de théâtre, puis l’astronome Adrian Șonka, déjà mentionné, et qui s’est
    ingénié à populariser les secrets de l’astronomie pour les rendre accessibles
    aux enfants. Nous proposons donc des histoires variées, adaptées à différentes
    tranches d’âge ».






    Parmi les autres écrivains engagés dans la mise à bien du
    projet du Calendrier de l’Avent 2020 de l’association De Basm rappelons Cristina Andone, Dan Coman, Iulia Iordan, Laura Grunberg, Lavinia
    Braniște, Radu Vancu, Sînziana Popescu, TO Bobe. Leurs histoires seront disponibles
    en ligne même après le 24 décembre, lorsque ce calendrier inédit de l’Avent
    s’achèvera en beauté, par une surprise. A ne pas ébruiter avant, nous
    avertissent les initiateurs du projet. On ne le fera pas, c’est promis. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • La cause des pauvres en France I

    La cause des pauvres en France I

    Cette semaine nous lançons une série de trois émissions sur La cause des pauvres en France. C’est le titre du dernier ouvrage de notre invité, Frédéric Viguier, professeur à l’Institut d’études françaises de New-York. Dans ce premier volet nous allons revenir sur la manière dont ont été organisés les dispositifs de prise en charge des risques liés à la pauvreté et au travail dans les années de l’après seconde guerre mondiale.