Tag: histoire

  • Eli Lotar

    Eli Lotar

    Moins connu en Roumanie que son père, le remarquable poète Tudor Arghezi, le photographe et cinéaste français d’origine roumaine Eli Lotar commence à se faire connaître du grand public de son pays natal. Eli Lotar a hérité de son père l’originalité et la créativité ; la relation, parfois tendue, avec son géniteur allait l’influencer, alimentant son esprit d’aventure. Eliazar Lotar Theodorescu est né en 1905, à Paris, où sa mère, enseignante, Constanţa Zissu, s’était retirée pour éviter les commérages sur la légitimité et la paternité de son enfant. Le père de celui-ci, le futur poète Tudor Arghezi, à l’époque âgé de 25 ans, était moine.

    Renonçant à la vie monacale, Arghezi se rend lui aussi à Paris, où il épouse la mère d’Eliazar, mais le mariage n’est pas fait pour durer. Arghezi reconnaît son fils et, après la Seconde guerre mondiale, on les retrouve ensemble à Bucarest où Eliazar commence à manifester son caractère rebelle. Andreea Drăghicescu, commissaire du Musée national de la littérature, continue l’histoire de sa vie : « Il a tenté à plusieurs reprises de quitter le pays. Avant de s’établir définitivement à Paris, il fait plusieurs fugues, se rendant chez sa mère, Constanța Zissu. Son père, qui, en 1916, avait épousé Paraschiva en secondes noces, le ramène à chaque fois au sein de la famille. Eli Lotar passe son adolescence à Bucarest, dans la famille de son père. Il fait des études au lycée Sfântul Sava (Saint Sava). Lors d’une de ses fugues, Eliazar arriva jusqu’à Chișinău. A chaque nouvelle fugue, son père passait des annonces dans les journaux de l’époque pour le retrouver. Une de ces annonces, parue dans le quotidien « Adevărul » (La Vérité), était formulée de la façon suivante : « Eliazar, passe un coup de fil pour que l’on sache où tu es et retourne tout de suite à la maison. » Signé : Papa. En 1924, le fils rebelle retourne à Paris. »

    Les tentatives de reconstituer la relation entre le père et le fils mettent en évidence certaines ressemblances de caractère entre les deux : à 11 ans, Arghezi avait lui-même fait une fugue. Il est possible que certaines tensions aient marqué la relation d’Eli Lotar avec son père, ou bien que le jeune Eli ne se soit pas adapté à la nouvelle famille de Tudor Arghezi, où deux autres enfants étaient nés entre temps. Andreea Drăghicescu. «Une lettre envoyée par Arghezi à son fils en 1940 nous fait néanmoins penser qu’Eliazar avait été assez proche de la famille paternelle, y compris de ses demi-frères, Baruțu et Mitzura – je cite : « As-tu jamais compté combien d’heures il y a dans 15 ans ? Eh bien, pendant tout ce temps-là, j’ai pensé à toi. Ton frère et ta sœur ont grandi en jouant autour de la table avec ton fantôme, avec ton absence : quand vient-il ? viendra-t-il à Pâques ou à la Trinité? – auraient demandé les deux enfants. En vrai Parisien, tu connaissais l’expression et tu n’es plus revenu. Chaque année j’ai voulu faire monter tout le monde en voiture et aller à Paris. Mon fils, ma fille et ma femme ont vécu avec cette illusion que je n’ai pas pu réaliser. Mon rêve a été, depuis toujours, de trouver refuge en France et, si tu avais été un peu plus patient, nous aurions pu le faire ensemble. Peut-être n’est-il pas encore trop tard. Une autre théorie voit Eli Lotar comme un représentant de la Bohème et, en même temps, de la fuite perpétuelle. On l’associe à la génération des années ’30. De nombreux représentants de cette génération se sont dirigés vers Paris, justement parce qu’ils cherchaient leur place dans le monde ; ils étaient en quête d’un espace occidental, moderne, ils rêvaient d’une autre culture roumaine, moins folklorique et moins tributaire aux idéaux archaïques de l’orthodoxie. Les spécialistes oscillent entre ces deux explications. Eli Lotar était un bohème et, dès ses premières années à Paris, il a essayé de gagner sa vie en faisant beaucoup de choses, des métiers étrangers à la vocation qui allait le consacrer à Paris, où il est devenu un des plus importants photographes et cinéastes de l’époque. »

    En 1926, Eli Lotar a rencontré Germaine Krull. Ensemble, ils ont développé un nouveau style photographique, d’avant-garde. Peu à peu, il entre dans le milieu du cinéma, tout d’abord comme photographe de plateau, ensuite comme assistant réalisateur. Dans les années ’30, il épouse Elisabeth Makosvka, peintre et photographe d’origine polonaise. Et c’est toujours à la même époque qu’ayant adhéré aux doctrines de gauche, il se rend en Espagne, où il est le directeur d’image du seul documentaire réalisé par Luis Buñuel, « Terre sans pain ». Son intérêt pour la problématique sociale ne l’a jamais quitté ; un peu plus tard, en 1945, il réalise « Aubervilliers », un documentaire poétique sur les conditions de vie dans les habitations misérables de cette ville de la banlieue parisienne. Andreea Drăghicescu. « La carrière d’Eli Lotar est très diverse. Il travaille avec Jacques Prévert et avec Luis Buñuel et il a connu Giacometti. Il participe à nombre de projets cinématographiques, pas nécessairement comme réalisateur, mais parfois comme directeur d’image ou comme opérateur. Il écrit des articles, qu’il publie dans les revues de l’époque et même des reportages sur les réalités de son temps. »

    En Roumanie, Eli Lotar n’est revenu qu’en 1956, après 32 années d’absence. Il est mort en 1969 à Paris. Le public roumain commence à le découvrir, grâce à une exposition réalisé ce printemps, par la collaboration du Centre Georges Pompidou et du Musée du Jeu de Paume de Paris et du Musée national de la littérature roumaine de Bucarest. (Trad. : Dominique)

  • Mémoire du communisme (II)

    Mémoire du communisme (II)

    Cette semaine nous continuons de discuter des personnes qui ont été des détenues politiques sous le régime communiste. Si la semaine dernière nous avons donné une idée du contexte dans lequel a émergé la répression, aujourdhui nous allons observer de plus près le destin de ses femmes, leur parcours dans les geôles communistes et leur vie marqué par ce stigmate ultérieurement.




  • La reine mère Hélène rentre en Roumanie

    La reine mère Hélène rentre en Roumanie

    « La Reine des quatre exils », c’est ainsi qu’a été surnommée la reine mère Hélène, dont la dépouille a été rapatriée ce vendredi à Bucarest par un avion militaire roumain. Elle devra rejoindre la crypte royale de la nouvelle cathédrale de Curtea de Argeș, une église épiscopale où sont enterrés les rois de Roumanie, c’est à dire son fils Michel 1er, Carol II, Ferdinand 1er et Carol 1er , ainsi que les reines Elisabeth, Marie et Anne.

    Elle est née princesse Hélène de Grèce et de Danemark, fille du roi Constantin 1er de Grèce et cousine germaine du prince Philip, duc d’Édimbourg. Elle a connu son premier exil en 1910 lorsque la famille de Grèce a été jetée hors du royaume suite à un coup d’Etat contre son grand père, le roi Georges 1er des Grecs. Sept ans plus tard, en 1917, après l’abdication de son père Constantin 1er, sa famille quitte à nouveau la Grèce. Puis elle a vécu (peu de temps) en Roumanie, à partir de 1921, date de son mariage avec le prince héritier Carol. De ce malheureux mariage naîtra Michel, fils unique du couple.

    La vie dissolue du prince Carol pousse son père, le roi Ferdinand 1e à désigner son petit-fils, Michel comme successeur. Carol accepte de renoncer à son trône. Lorsque Ferdinand 1er décède en 1927, c’est leur fils Michel, 5 ans, qui monte sur le trône. Mais en 1930, Carol finit par devenir roi à la place de son fils. Hélène est poussée à l’exil, son troisième, par son ex-mari. En 1931 elle part pour l’Allemagne, pays qu’elle quittera l’année suivante pour s’installer en Italie. Elle rentre en Roumanie en 1940, après la deuxième abdication de Carol II. Michel 1er retrouve son trône et sa mère joue un rôle important à ses côtés. Elle se voit accorder le titre de reine-mère de Roumanie et porte le prédicat de Majesté.

    En 1947, la monarchie est abolie dans le pays et la famille royale roumaine commence en janvier 1948 son quatrième et dernier exil en Suisse cette fois-ci. Elle y vivra pendant de longues années, principalement à Lausanne. Décédée le 28 novembre 1982, à 86 ans, elle est enterrée au cimetière de Bois-de-Vaux à Lausanne. Bref, le destin d’Hélène s’identifie avec l’histoire tourmentée des familles royales de Grèce et de Roumanie. De l’avis de ceux qui l’ont connue, la Reine était un exemple d’intégrité de dignité, d’honneur et de sagesse.

    Onze ans après sa mort, en mars 1993, l’État d’Israël confère à Hélène le titre de Juste parmi les nations, en reconnaissance pour son action durant la Seconde Guerre mondiale en faveur des Juifs roumains dont elle arrive à sauver plusieurs milliers entre 1941 et 1944.

    La Reine mère Marie s’est également opposée aux abus commis par les soviétiques en Roumanie et aux côtés de son fils, dont elle est le conseiller et le confident le plus intime, tente en vain de s’opposer à la soviétisation du pays. Elle est malheureusement le témoin de l’installation du régime communiste en Roumanie. De nos jours, trois décennies après la révolution anticommuniste roumaine, la Reine Hélène est définitivement de retour dans son pays d’adoption.

  • Mémoire du communisme (I)

    Mémoire du communisme (I)

    En décembre nous allons commémorer les 30 ans depuis la disparition du régime communiste. A cette occasion, le Café des francophones vous propose de discuter de la mémoire de cette période sombre de l’histoire. Plus précisément, nous allons parler de femmes qui ont été persécutées sous l’ancien régime avec l’historienne Claudia Dobre qui a récemment publié un livre remarquable sur ce sujet intitulé Ni héroïne, ni victime : les anciennes détenues politiques et les mémoires du communisme en Roumanie.



  • Le Musée national d’histoire des Juifs et de l’Holocauste en Roumanie

    Le Musée national d’histoire des Juifs et de l’Holocauste en Roumanie

    La Journée dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste en Roumanie est célébrée chaque année le 9 octobre. Le choix de cette date n’est pas le fruit du hasard, car c’est à cette même date de l’an 1941 qu’avait commencé la déportation des Juifs de Roumanie. 1941 restera également dans l’histoire comme l’année des massacres des Juifs, perpétrés à Bucarest, en janvier et à Iasi, en juin, par la Légion de l’Archange Michel.


    80 ans après, le président Klaus Iohannis a donné son feu vert à la création du premier Musée national d’histoire des Juifs et de l’Holocauste en Roumanie. Le musée sera abrité par un édifice de 8.000 m2 à huit étages, datant de l’entre-deux-guerres et qui se dresse au cœur de la capitale, Bucarest. La création de ce musée sera cofinancée par le budget de l’Etat et par l’Institut national pour l‘étude de l’Holocauste “Elie Wiesel”. Elle bénéficiera aussi de dons et de sponsoring.


    Le Musée national d’histoire des Juifs et de l’Holocauste en Roumanie devra être un symbole de la solidarité contre l’intolérance, l’antisémitisme et la discrimination et mettre en valeur le patrimoine juif qui est représentatif de la culture roumaine, a déclaré le président Klaus Iohannis. Selon, lui, ce projet devrait unir et non pas diviser les Roumains : “En créant ce musée, la Roumanie défend fermement l’histoire, l’héritage et la culture de ceux qui ont apporté leur pierre au devenir de notre nation. Vous me l’accorderez sans doute, ce musée se doit d’être une institution de l’avenir, un allié de l’éducation contre l’ignorance, une forteresse de la solidarité et du patriotisme civique face à l’intolérance, à l’antisémitisme et à la discrimination.”


    A son tour, la première ministre, Viorica Dăncilă, a précisé qu’elle avait vivement soutenu cette initiative et souligné qu’il ne fallait ménager aucun n’effort pour combattre les préjugés qui alimentent l’antisémitisme, le racisme, l’intolérance, la xénophobie et la discrimination sous toutes ses formes.


    Sous la houlette d’Elie Wiesel, lauréat du prix Nobel de la paix, une commission internationale avait conclu, en 2004 que 280.000 à 380.000 Juifs roumains et ukrainiens avaient été tués en Roumanie et dans les territoires qu’elle contrôlait, lors de la guerre menée en tant qu’alliée de l’Allemagne nazie. En 1941, lorsque l’Armée rouge prenait d’assaut les Balkans, la Roumanie allait changer de camp. Les communistes installés au pouvoir ne se sont pas efforcés de mettre au jour les horreurs de l’Holocauste. Ce n’est qu’en 2003 que la Roumanie a reconnu sa responsabilité dans cette page sombre de l’Histoire.


    Le futur Musée d’histoire des Juifs et de l’Holocauste se donne pour mission de promouvoir l’histoire, la culture et les traditions des Juifs de Romanie et de mettre en exergue leur contribution à la modernisation de la société roumaine. (Trad. Mariana Tudose)


  • Le général Gheorghe Mărdărescu

    Le général Gheorghe Mărdărescu

    En temps de guerre, les figures de militaires deviennent symboliques, les gens mettant leur espoir dans la capacité de ces êtres remarquables à agir dans lintérêt de leur peuple. Chaque nation a sa propre liste de grandes figures militaires et les Roumains nen font pas exception. Le général Alexandru Cernat sest distingué durant la guerre dindépendance de la Roumanie de 1877-1878, les généraux Eremia Grigorescu, David Praporgescu, Alexandru Averescu pendant la première guerre mondiale.



    Dautres personnalités allaient sajouter à cette liste pendant la deuxième guerre mondiale, dont Aurel Aldea, Gheorghe Avramescu et Nicolae Ciupercă. Pendant la guerre roumano-hongroise de 1919, cest le général Gheorghe Mărdărescu qui a gagné une réputation bien méritée. La guerre roumano-hongroise de 1919 a commencé au mois de mars, lorsque le régime bolchévique de Budapest dirigé par Bela Kun a attaqué la Tchécoslovaquie et la Roumanie.



    A la tête de larmée roumaine se trouvait le général Gheorghe Mărdărescu, qui allait la mener à la victoire, entraînant la dissolution du deuxième régime bolchévique installé en Europe après celui de Moscou. Le 4 août 1919, larmée roumaine occupait Budapest, mettant un terme aux souffrances de la population civile hongroise. Mărdărescu est né le 4 août 1866 à Iaşi, ancienne capitale de la principauté roumaine de Moldavie, et il est mort en Allemagne, à Bad Nauheim, le 5 septembre 1938, à lâge de 72 ans.



    Voulant se dédier à une carrière militaire, il fait des études à lEcole supérieure de guerre de Bucarest et ensuite à Brueck, en Autriche-Hongrie, ainsi quà Berlin-Spandau, en Allemagne. Il occupe différents postes dans larmée et dans lenseignement militaire. En 1913, lorsque la deuxième guerre des Balkans a éclaté, il était colonel et chef de lEtat-major du premier Corps de larmée. Lorsque la Roumanie est entrée dans la première guerre mondiale, en 1916, Mărdărescu sest vu confier la commande de la 18e brigade dinfanterie et tout de suite après il a été désigné chef du 3e corps de larmée.



    Au déclenchement de la guerre avec la Hongrie, Mărdărescu commandait trois divisions et un régiment et il avait la mission de déclencher loffensive si larmée hongroise continuait ses attaques, lancées en avril 1919. Larmée roumaine allait gagner la bataille qui sest déroulée sur la Tisza, du 20 au 26 juillet 1919, et occuper Budapest. Pourtant, la victoire de Mărdărescu a dû être défendue par la diplomatie roumaine et par lopinion publique face à la contre-offensive diplomatique hongroise. Lhistorien Şerban Pavelescu nous parle de la dispute que le général Mărdărescu a eue avec le général américain Harry Bandholtz. « Plusieurs prévisions de larmistice de Belgrade et décisions de la conférence de paix donnait à la Roumanie le droit de saisir le matériel de guerre, de procéder à linternement des militaires ennemis et de prendre toute une série de mesures quon lui reprocha par la suite. Noublions pas que la vérité est quelque part au milieu. Je pense notamment à la célèbre dispute, plutôt indirecte, entre les généraux Bandholtz et Mărdărescu. Harry Bandholtz était un des militaires étrangers de la Commission Alliée de Contrôle de Budapest. Mărdărescu était le commandant des troupes roumaines qui avaient occupé Budapest et commandant des troupes doccupation de Hongrie. Il y a eu à lépoque beaucoup daccusations, beaucoup de propagande et beaucoup de malentendus. Je ne mattarderai pas sur ce que lon a raconté sur les troupes roumaines, pour dire si cest vrai ou faux. Cétait la guerre. Il faut comprendre le général Bandholtz et ses mémoires extrêmement controversés pour les Roumains. Le général américain ne les a jamais écrits pour être publiés. Cétaient ses notes, il na pas eu lintention de les publier. Il était le représentant dun certain type de civilisation occidentale. Vis-à-vis des Roumains – et non seulement – il partageait le bigotisme et les préjugés qui circulaient à lépoque dans la société.»



    Après la guerre, le général Mărdărescu a reçu les honneurs quil méritait. Le roi Ferdinand I lui a décerné lordre militaire Mihai Viteazul (Michel le Brave) pour la diligence avec laquelle il avait dirigé la campagne de Hongrie. Mărdărescu entre en politique, rejoignant le Parti National Libéral de Ion I. C. Brătianu – à la différence de nombre de militaires, qui se sont réunis autour du général Alexandru Averescu et du Parti du Peuple. Entre 1922 et 1926, Mărdărescu a été ministre de guerre dans le gouvernement de Brătianu, le plus durable et le plus stable de lentre-deux-guerres. Après avoir quitté la scène politique, en 1927 il est promu général de corps darmée. En 1925, le général Mărdărescu publie le livre « Campagne pour laffranchissement de la Transylvanie et loccupation de Budapest (1918-1920) » où il décrit en détail les combats contre les unités militaires hongroises, la situation déplorable dans laquelle vivait la population hongroise et les mesures de pacification prises par les autorités militaires roumaines. Trad. : Dominique

  • Le duel dans l’espace roumain

    Le duel dans l’espace roumain

    Le duel est une pratique que de nos jours on n’a plus l’occasion de voir qu’au cinéma. Pourtant, il y a moins de 100 ans, il était encore, pour les hommes, un moyen très répandu de défendre leur honneur. Lorsque l’individu avec ses valeurs a été placé au centre de la vie moderne, des normes ont été mises en place pour le mettre à l’abri de toute sorte d’abus. Pour lui, son honneur était tout aussi important à défendre que sa propre personne, sa famille et ses biens.

    Chez les Roumains, le duel est apparu au 19e siècle, sur la toile de fond d’une importation massive de valeurs occidentales. Définitoire pour le comportement social moderne, l’honneur a figuré parmi ces éléments importés d’Occident, tout comme les idées politiques, les goûts littéraires et artistiques, les modes vestimentaires etc.

    L’historien Mihai Chiper de l’Institut d’histoire « A. D. Xenopol » de Iaşi est l’auteur d’une histoire du duel dans l’espace roumain : « L’honneur est lié à l’élite sociale. A l’époque, la société roumaine était essentiellement rurale. Jusqu’en 1900, année du premier recensement, 10% seulement de la population du pays vivait en milieu urbain. Dans ce milieu citadin on peut parler d’une société bourgeoise, il y avait des clubs où les gens se réunissaient pour débattre de différentes questions et les relations qu’ils entretenaient les uns avec les autres avaient changé. Le duel est un rituel censé affirmer l’honneur personnel, qui montre que l’espace roumain était connecté à l’espace occidental. Les études ethnographiques et les documents roumains anciens ne mentionnent pas de ressemblances avec les traditions occidentales. Le duel ne figurait pas parmi les habitudes traditionnelles des Roumains. L’absence du duel a été une conséquence de la civilisation turque et phanariote qui s’était imposée dans l’espace roumain. Pourtant, assez rapidement, dans quelques dizaines d’années seulement, les élites ont adopté cette mode occidentale. Les « affaires d’honneur », comme on les appelait, visaient la dignité et le respect de la personne, compris dans un sens très large, et elles étaient étroitement liées à la découverte des valeurs civiques et à l’édification d’une sphère publique moderne.»

    Les élites roumaines se sont trouvées à l’avant-garde de la modernisation sociale. Et ce sont toujours elles qui ont adopté le duel, pratique à laquelle elles ont eu accès par deux voies : russe et française.

    Mihai Chiper : «La culture européenne de l’honneur a eu chez nous un intermédiaire dont on a moins parlé : l’officier russe et l’aristocrate russe. Le duel est entré dans les Pays Roumains par l’intermédiaire des officiers russes, mais il a également été favorisé par les bouleversements provoqués par la Révolution de 1821, lorsque de nombreuses familles de boyards ont pénétré dans l’atmosphère des affaires d’honneur de Chişinău. Là, une partie de la haute société de Iaşi est entrée en contact avec le célèbre poète russe Pouchkine, qui a d’ailleurs provoqué en duel plusieurs représentants de l’élite sociale moldave. La deuxième filière est celle des fils de boyards partis faire des études en Occident. Ce phénomène appelé peregrinatio academica a joué un rôle essentiel dans cette connexion de l’espace roumain à l’Europe occidentale. Les jeunes roumains partis étudier la médecine, l’ingénierie, le droit, les sciences ont inévitablement adopté les habitudes et les conceptions des sociétés d’étudiants auxquelles ils avaient adhéré. Souvent, les sociétés d’étudiants duellistes ont eu une plus grande importance dans la formation personnelle de ces jeunes que les curricula universitaires. Les étudiants roumains de l’époque affirmaient que l’Occident avait été pour eux une école du caractère, des manières, de la pensée, d’une sorte d’autocontrôle dont naissent l’estime, la considération, le respect de l’autre et qui allaient influencer par la suite les idées politiques. De retour en Roumanie, ces héros civilisateurs ont bouleversé les coutumes du pays. De nombreux participants à la Révolution de 1848, dont le futur prince régnant Alexandru Ioan Cuza, le général et homme politique Christian Tell, l’homme politique et historien Mihail Kogălniceanu, l’historien et révolutionnaire Nicolae Bălcescu, les frères boyards Golescu, le poète et homme politique Dimitrie Bolintineanu ont eu des affaires d’honneur. Les romans de cape et d’épée, les feuilletons qui paraissaient dans la presse proposaient des sujets romantiques et ils ont marqué de leur sceau le code de l’honneur, car une partie de la vie de ces jeunes reposait sur les conventions littéraires françaises.»

    Comme toute forme de rituel social, le duel a été, lui aussi, strictement réglementé. Selon Mihai Chiper, il y avait deux sortes de duels : le duel simple, qui se déroulait en plusieurs phases et qui s’arrêtait à la première goutte de sang qui coulait, et le duel d’extermination, qui se poursuivait jusqu’à ce que l’un des deux protagonistes se trouve dans l’incapacité de continuer le combat. Chose surprenante, les duels pour des raisons sentimentales étaient très peu nombreux, représentant à peine 2% de l’ensemble. Les raisons les plus fréquentes étaient les insultes personnelles et les polémiques publiées dans la presse autour de différentes idées politiques. D’ailleurs, la plupart des duellistes étaient des officiers et des politiciens. L’un des duels les plus connus de l’histoire roumaine fut celui déroulé en 1897 entre deux hommes politiques conservateurs, Nicolae Filipescu et George Emanuel Lahovary. Ce dernier meurt à la suite du duel.

    Dans son livre, Mihai Chiper donne aussi un exemple de duel qui a eu des raisons sentimentales : « En 1933, vers la fin de sa vie, Anibal Teohari, un boyard de Romanaţi, chef de la clinique thérapeutique de l’Hôpital «Brâncovenesc», allait vivre des moments tragiques. Olga, son épouse beaucoup plus jeune que lui, le trompe avec un lieutenant de son domaine de Valea Călugărească. Voulant agir en gentilhomme, Teohari envoie au lieutenant comme témoins deux généraux. Pour sauver Teohari d’une mort certaine, puisqu’il allait affronter un officier, les témoins conviennent d’utiliser des cartouches à blanc, sans que les duellistes le sachent. A la fin du duel, Teohari apprend la vérité. Ses nerfs ont lâché sous le choc et il s’est suicidé quelques jours plus tard.»

    Le Code pénal de 1936, qui prévoyait des peines contre les personnes qui le pratiquait, allait mettre un terme à l’histoire du duel en Roumanie. Des pratiques illégales ont pourtant continué jusqu’à la fin des années ’40. (Trad. : Dominique)

  • District antisismique

    District antisismique

    L’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité — ARCEN — œuvre depuis des années déjà pour la valorisation du patrimoine architectural des quartiers historiques de Bucarest. L’équipe de l’association a répertorié, à compter de l’année dernière, 40 zones importantes du centre de Bucarest. Le périmètre ainsi délimité a été nommé District 40. Le président de l’association, Edmond Niculuşcă, détaille :



    « District 40 est une zone historique de Bucarest, avec le Jardin Icoanei en son centre. Nous avons identifié et divisé cette zone à l’aide d’une recherche historique et anthropologique. District 40 va de la rue Mihai Eminescu à la Place de l’Université, et du Boulevard Magheru à la rue Vasile Lascăr. Il y a donc cette parcelle importante du centre-ville que nous avons nommé District 40 où il y a, d’ailleurs, beaucoup d’institutions culturelles. C’est tout l’enjeu du projet, finalement, d’utiliser le maillage culturel existant pour redynamiser cette partie de la ville. »



    Le projet District 40 a deux volets. Le premier, culturel, s’appelle « Les insomnies du district » et compte une série d’événements se déroulant dans différents espaces du quartier. Récemment, ARCEN a aussi lancé le volet communautaire de District 40. Ce sous-projet, « District antisismique », part d’une évidence qui s’est imposée à l’association : une des principales menaces qui pèse sur les immeubles de patrimoine, mais aussi sur leurs habitants, est le grand tremblement de terre qui pourrait se produire un jour dans la capitale roumaine.



    Le lancement de « District antisismique » a eu lieu à l’Institut français de Bucarest, en présence d’habitants du quartier Icoanei, ainsi que de représentants d’autres associations et des autorités. Le projet, qui aura lieu pendant neuf mois, produira une méthodologie qui pourra ensuite être appliquée dans tout quartier à risque sismique de Bucarest et du pays. Edmond Niculuşcă, le président d’ARCEN, précise :



    « ARCEN a une histoire de dix ans dans le quartier du Jardin Icoanei. Il y a dix ans, nous avons sauvé l’Ecole centrale, en débloquant six millions d’euros pour la restauration et la consolidation de ce monument historique conçu par l’architecte Ion Mincu en 1891. Cela a été le point de départ de toute l’histoire qui s’est tissée dans le quartier Icoanei. A un moment donné, dans nos interactions soutenues avec les habitants du quartier, nous nous sommes rendu compte qu’un des problèmes majeurs de cette zone, c’est le risque sismique. »



    Bucarest compte, à présent, 350 bâtiments évalués qui figurent dans la classe 1 de risque sismique et encore 1.500 immeubles dans les classes de risque 2 et 3. Malgré ces chiffres déjà alarmants, on estime que dans la capitale il y aurait deux fois plus de bâtiments qui ne sont pas encore recensés, mais qui présentent des marques visibles de fissures, des traces laissées par les tremblements de terres qu’ils ont déjà traversés.



    Aux côtés des experts de l’Ordre des architectes de Roumanie, de l’Institut national du patrimoine et de la Commission des monuments historiques, l’équipe ARCEN a mis au point une méthodologie pour recenser 98 zones protégées d’ici 2021 dans le cadre du projet « Catalogue de Bucarest ».



    La conscience du danger, la vitesse de réaction et, surtout, la manière correcte de réagir lors d’un tremblement de terre important pourraient sauver des milliers de vies. C’est pour cela qu’ARCEN s’est fixé pour objectif, après le recensement des zones les plus vulnérables de la capitale, de mener des campagnes d’information et des exercices pratiques avec les bucarestois qui vivent dans ces immeubles à risque sismique. (Trad. Elena Diaconu)

  • En montgolfière, au-dessus de Bucarest

    En montgolfière, au-dessus de Bucarest

    Les plus importantes inventions de l’histoire, l’humanité les doit à des esprits originaux qui ont bénéficié d’un soutien financier pour mettre leurs idées en œuvre. Un engin tout à fait banal de nos jours a été considéré à l’époque de sa création comme quelque chose d’extravagant, suscitant à la fois l’intérêt et l’amusement. Ce fut le cas de la montgolfière, qui a compté au début parmi les inventions les plus prometteuses, mais elle a été surclassée par la suite par d’autres inventions. Le ballon à air chaud le plus populaire a été celui de l’inventeur Samuel Fergusson, héros du roman de Jules Verne Cinq semaines en ballon. En 1863, cet écrivain de génie imaginait un tel voyage au-dessus de l’Afrique.Le premier vol du ballon à air chaud a été effectué à Paris, en 1783, par le mathématicien et inventeur français Jacques Charles.

    Un siècle plus tard, des vols en montgolfière furent entrepris en Roumanie aussi. Le ballon « România » – Roumanie – a été une apparition étrange dans le ciel de Bucarest, accueillie avec étonnement et enthousiasme par ceux qui ont assisté à cet événement. Il y a plus de 100 ans, l’actuel Parc Carol et la colline de Filaret, située à proximité, comptaient parmi les points d’attraction de la capitale. Sur la colline de Filaret avait été construite, en 1869, la première gare de la ville ; c’est là qu’allait être érigée la Grande Exposition de 1906 pour marquer le 40e anniversaire de l’avènement de Carol I au trône de Roumanie, et c’est toujours là qu’allait être ouvert, plus tard, le Musée Technique. Plusieurs fabriques se trouvaient à l’époque autour du parc, dont l’Usine électrique Filaret, un bâtiment imposant en brique, bâti en 1908, et qui allait produire de l’électricité nécessaire à la ville.

    En 1905, année de l’événement dont nous allons parler, cette usine n’était encore qu’un projet. Donc, en 1905, à proximité de l’emplacement de la future Usine électrique, 4 importantes personnalités – à savoir le prince George Valentin Bibescu et 3 militaires – le lieutenant Eugeniu Asachi, le lieutenant Paul Moruzzi et le major Demetriad – montaient à bord de la première montgolfière à s’être jamais élevée dans le ciel de Bucarest et de la Roumanie, pour des observations et des expériences scientifiques.

    L’anthropologue et historien Călin Cotoi raconte en quelques mots l’aventure de ces 4 téméraires. « Avant 1905, un des princes Bibescu achète une montgolfière à Munich, qu’il baptise « România » – Roumanie. Il effectue ce vol secondé par Eugeniu Asachi, lieutenant dans l’armée roumaine, qui avait servi pendant une année dans l’armée austro-hongroise, dans un bataillon de dirigeables militaires et qui savait donc comment fonctionnait un tel engin. « Roumanie » était une grande montgolfière jaune. Son premier vol fut aussi sa première activité de marketing. Les personnes à bord ont lancé sur Bucarest des chocolats fabriqués par une entreprise qui avait payé l’équipage pour cette publicité inédite. Quand le ballon survolait la capitale, les gens saluaient les personnes à bord. Quand il sortait de la ville, les paysans les regardaient de travers et visaient la montgolfière de leurs fusils – raconte Asachi. En 1926, ils réussissent à réaliser les premières photos aériennes Bucarest et d’une partie de la Roumanie, ainsi que des expériences scientifiques. »

    Le 20 octobre, les quatre passagers à bord de la montgolfière avaient emporté dans sa nacelle des équipements nécessaires pour réaliser des observations : aéromètre, psychomètre aspirateur, barographe, quelques appareils photo spéciaux, de nombreuses jumelles, deux pigeons voyageurs, ainsi que plusieurs petites bouteilles de cognac et de champagne – notait la presse de l’époque. Après quelques heures passées sans incidents majeurs, l’engin a atterri en toute sécurité dans le village de Săpunari, à quelque 75 km à l’est de Bucarest.

    Dix jours plus tard, le 30 octobre 1905, avait lieu une deuxième expédition du ballon « România », qui se dirigea, cette fois-ci, vers le nord de la capitale et atterrit à une trentaine de km de celle-ci, à proximité de la gare de Periș. Quelques mois plus tard, le 26 mars 1906, un équipage constitué de quatre officiers a entrepris un voyage de 120 km jusqu’à Zimnicea, la ville la plus méridionale du pays, située au bord du Danube.

    Le 16 juin de la même année, deux officiers ont tenté un long voyage en montgolfière. Ils souhaitaient atteindre la Bucovine, grande région du nord de la Roumanie, située à 500 km de la capitale. Pourtant, au bout de 24 heures, les turbulences atmosphériques les ont obligés à renoncer et à atterrir à une centaine de km au nord de Bucarest. Survoler la Roumanie en montgolfière n’était pas seulement la réponse de ces téméraires à l’appel de leur esprit d’aventure, c’était un projet beaucoup plus vaste et plus précis : voir le territoire du pays d’en haut.

    La géographie, le folklore, la démographie, l’histoire et l’art militaire se retrouvaient dans cette tentative de réaliser une image cartographique de la Roumanie. Ces voyageurs ont suivi le modèle occidental ; ils voulaient apporter une contribution à la science et à l’enseignement.
    (Trad. : Dominique)

  • Henri Mathias Berthelot, l’ami de la Roumanie

    Henri Mathias Berthelot, l’ami de la Roumanie

    A un moment où les relations franco- roumaines traversent une période de
    plein essor, voilà qu’une jeune historienne a choisi de raconter aux enfants
    roumains et francophones l’histoire d’un général français qui joua un rôle essentiel
    dans l’histoire de la Roumanie moderne. Lancé le 26 mars à Brasov, le livre « Henri
    Mathias Berthelot, l’ami de la Roumanie », signé par Mihaela Simina, est
    paru en édition bilingue roumano-française, grâce à la traduction réalisée par
    la journaliste Iulia Badea Guéritée, de l’Institut culturel roumain de Paris.

  • 22.06.2019 (mise à jour)

    22.06.2019 (mise à jour)

    Présidence — Le président Klaus Iohannis a été félicité à la fin de la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne. A la conférence de presse à trois, qui a clôturé, vendredi, le sommet européen de Bruxelles, les chefs de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et du Conseil européen, Donald Tusk, ont fait état de ce qu’ils ont appelé des résultats remarquables, par la finalisation de 90 propositions législatives, y compris dans le secteur des frontières extérieures, pour la réduction des émissions de dioxyde de carbone et pour l’Europe numérique. Le président Iohannis a déclaré que beaucoup s’attendaient à un mandat médiocre, mais la Roumanie a prouvé qu’elle était meilleure que son image. Il a exprimé sa satisfaction qu’à sa demande, les Européens ont été d’accord de renforcer leur appui à la République de Moldova par des mesures concrètes. Pour la seconde moitié de l’année, la présidence tournante sera assurée par la Finlande.



    Histoire — Le ministère roumain des Affaires étrangères précise, dans un communiqué, que toute tentative de réécrire l’histoire et de faire débat autour de positions révisionnistes est inacceptable et inadéquate aux réalités de l’Europe actuelle ou aux ambitions de coopération bilatérale, établies par les accords et les traités entre la Roumanie et la Hongrie. La prise de position intervient après la décision de l’Assemblée nationale de Hongrie de déclarer 2020 Année de la cohésion nationale et de marquer ainsi les 100 ans depuis la signature du Traité de Trianon, de 1920. Selon le ministère des Affaires étrangères de Bucarest, le Traité de Trianon, qui a fixé, entre autres, la frontière entre la Roumanie et la Hongrie, n’est pas un problème qui demande à être solutionné, comme les autorités de Budapest essaient systématiquement de faire croire, et n’est pas non plus une tragédie, comme noté dans le texte de l’acte adopté par le parlement hongrois. Le ministère roumain des Affaires étrangères précise aussi que la Hongrie, partie prenante à ce traité, a l’obligation d’en respecter les dispositions au pied de la lettre et de les exécuter de bonne foi, selon les principes fondamentaux du droit international.



    Exercice – L’exercice multinational de lOTAN le plus important organisé cette année en Roumanie – Saber Guardian 2019 – se poursuit jusquau 24 juin. Les activités d’instruction en commun de Roumanie ont lieu dans cinq bases, dans différentes régions du pays. Il y a des exercices tactiques d’Etat major avec des tirs de combat, des cours d’eau sont forcés, il y a déplacement tactique des unités et des séquences à caractère médical. Lexercice vise à montrer la cohésion, lunité et la solidarité des Etats partenaires et alliés à travers leur mobilisation rapide pour se défendre contre toute agression, partout en Europe. Pour rendre linstruction plus efficace dans le contexte international, Saber Guardian 2019 est lié à plusieurs autres exercices nationaux et multinationaux, de sorte que le nombre total des militaires participants sélèvera à quelque 13.500 dont 7600 de Roumanie. Au total 14 pays alliés et partenaires y seront représentés.



    Cyber attaques — Plusieurs hôpitaux de Roumanie ont été la cible de cyber attaques, ces derniers jours. Selon les spécialistes du Centre national Cyberint du Service roumain de renseignements, les pirates informatiques pourraient être Chinois, d’après les heures auxquelles les attaques ont eu lieu et les indices laissés dans les messages demandant une rançon. Notons que les systèmes informatiques de 4 hôpitaux des villes de Bucarest (sud), Huşi et Dorohoi (nord-est) et Alba (centre) ont été infectés par le virus BadRabbit 4. Ces attaques ont mis en difficulté l’activité médicale des institutions concernées.



    FITS – La 26e édition du Festival international de théâtre de Sibiu, ayant pour thème « Lart doffrir » se poursuit jusquà dimanche. Ce samedi, six grands noms du monde des arts du spectacle ont reçu une étoile sur l’Allée des célébrités du Parc Cetăţii de la ville. Parmi elles, la comédienne roumaine Maia Morgenstern, le directeur du Théâtre de la Ville et du Festival d’automne de Paris, Emmanuel Demarcy-Mota, et le réalisateur et acteur italien Pippo Delbono. Selon les organisateurs, plus de 500 chefs dœuvre issus des plus prestigieuses collections dart de France sont présentés à Sibiu dans le cadre dune exposition virtuelle accueillie par le premier musée numérique de Roumanie. Le Festival international de théâtre de Sibiu est lévénement du genre le plus grand et le plus complexe de Roumanie, voire dEurope. Radio Roumanie figure parmi les coproducteurs.



    Centenaire — L’ingénieur Dumitru Comănescu, 110 ans, a été déclaré le citoyen le plus âgé de Bucarest, par une décision du ministère de l’Intérieur. Elle fait partie du projet « Vies centenaires », lancé par la municipalité, qui s’adresse à tous les seniors qui ont 100 ans révolus et résident dans la capitale. Ils peuvent déposer un dossier et s’il est validé, ils touchent un prix de 5000 lei de la municipalité (l’équivalent de 1200 euros) ainsi qu’une plaquette honorifique, en signe d’hommage pour leur contribution au développement de la communauté. Jusqu’à présent, 57 dossiers éligibles ont été déposés par les centenaires Bucarestois.



    LGBT — Quelques milliers de membres de la communauté LGBT et leurs supporters ont participé, dimanche, à la marche Bucharest Pride, organisée par les associations Accept et Mozaiq, avec pour but de promouvoir la tolérance à l’égard des couples du même sexe. Antérieurement, la capitale roumaine avait également accueilli la marche de la normalité, organisée par l’association Noua Dreaptă, à laquelle ont pris part quelques centaines de personnes qui soutiennent la famille fondée par un homme et une femme.



    Diplomatie — Le nouveau chef de la diplomatie de République de Moldova, Nicu Popescu, fera une visite en Roumanie voisine le 1er juillet prochain, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Bucarest. Il a déjà discuté vendredi, au téléphone, avec son homologue roumain, Teodor Meleşcanu, qui l’a assuré de toute l’ouverture de Bucarest pour l’intégration européenne de la République de Moldova. Investi par le parlement le 8 juin dernier, le nouveau gouvernement de Chişinău, dirigé par la pro-européenne Maia Sandu, a pris ses prérogatives voici une semaine, après le blocage politique engendré par le refus de l’ancien cabinet de centre-gauche, contrôlé par l’oligarque Vladimir Plahotniuc, de quitter le pouvoir.



    Football — L’équipe nationale roumaine de football des jeunes espoirs a vaincu, vendredi soir, 4-2, la sélection britannique, au Groupe C du Championnat européen de football des Moins de 21 ans accueilli par l’Italie et le Saint Marin. Dans un match que la presse de spécialité qualifie de sensationnel, tous les buts ont été marqués le dernier quart d’heure. Les tricolores ont été égalés par deux fois, mais ils ont retrouvé leur avantage et le match a été tranché dans les dernières minutes. Dans le même groupe C, la France a disposé de la Croatie, 1-0. Victorieuse aussi dans son match de début, 4 à 1 contre la Croatie, la Roumanie est leader, avec 6 points et un de 8-3, suivie par la France, toujours 6 points et de 3-1. Les deux équipes se disputeront la 1e place lundi, la qualification dans les demi-finales, et implicitement aux Jeux olympiques prévus l’année prochaine à Tokyo. Cest la deuxième participation de léquipe roumaine des Moins de 21 ans à un tournoi final, après celui de 1998, organisé à Bucarest.

  • Les Roumains et leurs ancêtres

    Les Roumains et leurs ancêtres

    Comme tous les autres peuples, les Roumains ont eux aussi, des mythes sur leurs ancêtres, qui en exaltent la grandeur, la force civilisatrice, la vitalité créatrice dans tous les domaines de la vie matérielle et spirituelle, augmentant la confiance de leurs descendants.

    Les ancêtres des Roumains sont les Daces et les Romains. Les Géto-Daces étaient la population ancienne qui occupait grosso modo le territoire actuel de la Roumanie. Pourtant, d’autres populations – celtiques, germaniques et scythiques – y vivaient aussi. Les Géto-Daces sont mentionnés au 5e siècle av. J-Chr. par Hérodote, l’historien grec de l’Antiquité, et on les retrouve également dans les écrits des historiens des siècles suivants. Les références sont peu nombreuses, ce qui atteste le fait que les Géto-Daces représentaient une population située à la périphérie du grand espace de la civilisation et de la culture méditerranéennes. Les découvertes archéologiques ne sont pas plus riches que les sources écrites. Les Romains, qui représentent l’autre branche d’ancêtres des Roumains, n’ont plus besoin de présentation. En l’an 106 après deux guerres successives, l’empereur romain Trajan a vaincu le roi dace Décébale et la Dacie fut entièrement occupée par l’Empire romain jusque vers l’an 270, lorsque les Romains se sont retirés au sud du Danube.

    Au 19e siècle, la création des Etats nationaux fut précédée par une quête des ancêtres. Les Roumains ont découvert les Daces et les Romains et des mythes se sont tissés autour d’eux. Le plus grand mythe a été celui de l’ancienneté de la langue et de la continuité spirituelle de ces ancêtres et les intellectuels se sont hâtés de « produire de la science » sur eux.

    Selon le linguiste Dan Alexe, Mircea Eliade a compté parmi les créateurs de mythes sur les Daces : « Le livre de Mircea Eliade « De Zamolxis à Genghis Khan » est un exemple précis de méthode erronée et d’approche exaltée dans ce domaine. Ce volume est une compilation d’articles que Mircea Eliade avait publiés dans différentes revues. Ce que l’on y découvre est un magma occultiste d’idées mystiques, selon lesquelles un culte du loup aurait traversé l’histoire des Roumains. C’est là un des fils conducteurs du livre. Et tout est erroné, rien ne tient debout. Eliade prend pour point de départ l’idée que les Daces vénéraient le loup. Pourtant, dans les textes antiques, dans les relations antiques sur les Daces, rien ne soutient cette affirmation. Eliade tente de prouver, sans pour autant apporter des arguments solides, car il n’était pas linguiste, que le nom « Dace » lui-même, aurait signifié « loup ». Or, dans l’anthropologie, c’est absurde. Il n’y a pas de population sur la planète qui se soit désignée, de manière totémique, par un nom d’animal. Il n’y a jamais eu de population qui s’appelle, elle-même, « les loups ». Les populations se désignent par le terme générique d’« homme », comme par exemple cette tribu germanique qui s’est désignée elle-même par le terme d’« Aléman » – c’est-à-dire « tous les hommes ». En général, du point de vue historique, une population n’a pas d’identité ethnique, elle se considère elle-même comme représentant les vrais « hommes » au sens générique du terme, les autres étant pour elle « les étrangers » et « les barbares ». »

    Les mythes sur les ancêtres se caractérisent par leur continuité et leur permanence. Dan Alexe estime que, dans l’œuvre de Mircea Eliade, le loup a été soumis à ce cliché mental : « Le même Mircea Eliade affirme qu’en s’installant en Dacie, les Romains apportaient leur propre loup comme identité totémique – Lupa Capitolina (la Louve Capitoline) – et que Mars lui-même, le dieu de la guerre chez les Romains, aurait été un dieu-loup. Or, dans la typologie de Mars, rien ne justifie cette identification avec le loup. Eliade suggère que le loup dacique et le loup latin auraient fusionné, après quoi, ce loup aurait continué d’exister jusqu’aux invasions mongoles de Genghis Khan, les Mongols ayant eux aussi comme totem le loup. (Selon la légende, Genghis Khan serait né de l’union mystérieuse avec une louve.) Le loup dacique aurait donc subsisté pendant un millier d’années, jusqu’à ce que les Mongols de Genghis Khan y apportent un autre loup. C’est ainsi que le totem et le loup ont fini par nous définir au fil des millénaires. »

    Dan Alexe estime qu’il faut faire très attention à la véracité des informations que les sources antiques nous fournissent sur les populations éloignées : « On trouve quelques remarques chez Strabon et, en parlant des Daces, Hérodote dit, lui, qu’ils étaient « les plus justes des Thraces ». N’oublions pas que les Grecs ne nous ont laissé aucun guide de conversation, aucun dictionnaire, aussi minuscule soit-il, des langues environnantes. Les Grecs avoisinaient les Thraces, les Phrygiens, les Lydiens et d’autres peuples dont on ne sait absolument rien, parce que les Grecs ne s’intéressaient pas du tout aux idiomes qu’ils parlaient, pour eux c’étaient des « barbares ». Si l’on ne dispose pas d’un dictionnaire grâce auquel on puisse découvrir quelle langue parlait Alexandre le Grand, qui n’était pas Grec à 100% – la langue macédonienne était quand même différente, ce n’était pas une langue grecque – pouvons-nous imaginer qu’ils savaient des choses précises sur les barbares du Danube, qui se trouvaient à 2.000 km vers le nord, dans des territoires inaccessibles ? « Dace » et « Gète » sont des appellations génériques. Dans ma jeunesse, quand quelqu’un quittait la Roumanie, passant illégalement la frontière en Yougoslavie, on disait de lui qu’il s’était enfui « chez les Serbes ». Les Macédoniens, les Albanais, les Croates, les Slovènes étaient tous « des Serbes ». Pour nous, c’était «chez les Serbes ». Si, avec toutes les possibilités d’information dont on dispose actuellement, les choses sont ainsi à notre époque, comment pouvons-nous croire qu’Hérodote savait exactement qui étaient les Daces ? »

    Les ancêtres des Roumains ont leur place dans l’histoire ; ils ont été les gens de leur époque, avec leurs aspirations et leurs échecs, en rien supérieurs ou inférieurs aux autres. Tout comme nous, aujourd’hui. (Trad. : Dominique)

  • Târgoviște

    Târgoviște

    Aujourd’hui, nous découvrons Târgoviște, une ville située à seulement 80 kilomètres de la capitale roumaine, qui est connue pour ses nombreuses vieilles églises et pour son ancienne Cour princière. On y retrouve un bon nombre de monuments bien conservés qui datent des XV-XVIII siècles. Le site de la Cour princière est un des ensembles d’architecture médiévale les plus importants de Valachie. Un voyage dans le temps vous est garanti pour seulement 2,50€, le prix d’un billet d’entrée. Nous y verrons les vestiges de la citadelle, des salles et des murs anciens ou qui ont été restaurés au fil du temps.

    Alice Stana, la chef du Bureau pour la Protection du patrimoine culturel et du développement touristique, de la mairie de Târgoviște, nous en dit davantage sur les objectifs touristiques de la ville : « L’emblème de la ville est la Cour princière médiévale, avec son symbole, la Tour de Chindia. Les autres objectifs remarquables sont les musées de Dâmboviţa, neuf au total et uniques dans le pays, tel que le Musée de la Police Roumaine, le Musée de l’évolution de l’Homme au Paléolithique ou encore le musée de l’unité militaire, où ont été exécutés les époux Ceausescu. Ils sont visités par des touristes roumains, mais aussi étrangers, en provenance notamment d’Allemagne, des Pays Bas, de France, Italie, Espagne. Nous avons également un livre d’or et beaucoup de touristes disent avoir été impressionnés par le riche patrimoine de la ville. »

    Le symbole de la ville, la tour de Chindia, a 27 mètres de haut et offre un panorama sur toute la région. Pour arriver au sommet, il faut monter 122 marches en colimaçon.

    Si nous souhaitons être accompagnés d’un guide touristique, suivons les conseils d’Alice Stana: « Nous attendons les touristes au Centre de promotion et d’information touristique, où nous offrons toutes les informations nécessaires pour la visite des objectifs touristiques. Là, les touristes peuvent également bénéficier d’un guide gratuit qui est offert par la mairie. Nos visiteurs choisissent les objectifs qu’ils désirent visiter et nous mettons à leur disposition des guides spécialisés qui parlent le roumain et l’anglais. »

    Târgoviște est une ville où des évènements ont lieu tout au long de l’année. Voici quelques suggestions proposées par Alice Stana pour planifier un séjour en fonction de ceux-ci : « Il y a de multiples évènements organisés par la mairie. L’un des plus importants a lieu le 8 septembre lors de la Fête de la ville, évènement qui s’étend sur deux ou trois jours. C’est une bonne occasion pour les touristes d’apprendre à mieux nous connaitre. De plus, le Théâtre Tony Bulandra organise chaque année, autour du mois de mai, un festival de théâtre appelé Babel Fest. J’invite les touristes à nous visiter, à venir dans une ville où l’histoire est visible à chaque coin de rue. »

    Côté hébergement, il faudrait essayer les pensions de la région de Târgovişte, qui ont une offre gastronomique fort attrayante.

  • L’histoire des relations France-Roumanie (II)

    L’histoire des relations France-Roumanie (II)

    Cette
    semaine nous continuons de discuter des relations historiques entre la France
    et la Roumanie. Lors de notre dernière émission nous avons vu l’importance de
    la France dans la constitution de l’Etat-nation roumain. Cette semaine, nous
    changeons de siècle pour évoquer la nature de ces liens pendant la première
    guerre mondiale et la période de l’entre-deux guerres. Avec notre invitée,
    Claudia Dobre qui est historienne et anime notamment la revue Memoscape.


  • L’histoire des relations France-Roumanie (I)

    L’histoire des relations France-Roumanie (I)

    A l’occasion de la saison France-Roumanie, le Café des francophones se penche sur l’histoire des relations entre ces deux sociétés. Celles-ci sont précoces, devancent même la fondation de la Roumanie comme Etat-nation. L’influence de la France est tout à fait prépondérantes si l’on veut comprendre les bases de la Roumanie. Dans cette première partie nous exposerons cette question sous différents aspects : culturels, diplomatiques, linguistiques. Avec notre invité l’historienne Claudia Dobre.