Category: La Roumanie chez elle

  • « Goûte attentivement. Profite du moment »

    « Goûte attentivement. Profite du moment »

    Selon
    les statistiques européennes, le nombre de jeunes prêts à remplacer les repas
    quotidiens par des casse-croûte est à la hausse. Préoccupés par le contrôle des
    portions, les adolescents sont capables de ne pas toucher au chocolat, par
    exemple, en s’imaginant que de cette manière, ils pourront avoir le corps idéal.
    Malheureusement, la situation sur le terrain dit le contraire : à l’heure
    actuelle, filles et garçons se confrontent soient au surpoids, soit à
    l’anorexie. Du coup, par son programme « Goûte attentivement. Profite du
    moment », la Roumanie se propose d’améliorer les habitudes alimentaires des
    jeunes, en les soutenant dans leurs efforts d’avoir une relation plus saine
    avec l’alimentation.




    Florentina
    Balos, ambassadrice du programme mentionné, affirme que : « Goûte
    attentivement. Profite du moment » est ciblé sur l’attention que l’on doit
    prêter aux repas afin de profiter de l’instant présent, de savourer le goût des
    aliments, d’y prendre plaisir car les goûters font partie de notre vie. Lancé
    par l’Association « Roumain à
    100% », le projet a été initié en partenariat avec l’Autorité nationale
    pour la protection du consommateur et 5 lycées de Bucarest. Les études ont
    montré que les jeunes préfèrent les goûters aux repas consistants, ce qui fait
    que des questions telles « qu’est-ce qu’on mange ? »,
    « pourquoi mange-t-on ? » et « comment
    mange-t-on ? » restent sans réponse. On mange de manière chaotique, souvent
    on ne sait même pas de quoi on se nourrit, puisqu’on ne lit pas les étiquettes.
    Du coup, notre projet se propose d’informer et d’éduquer le jeune public dans
    cette direction ».






    A partir du moment
    où l’on est bien informé, on pourrait enfin faire notre choix, affirme
    Florentina Balos : « Le projet comporte plusieurs étapes. Dans un
    premier temps, on a proposé aux adolescents un atelier de nutrition pour leur
    apprendre à bien manger, à calculer la valeur nutritionnelle des aliments et à
    en décider les quantités idéales, en fonction de l’âge et de l’effort. La
    deuxième étape a consisté en un atelier de lecture des étiquettes alimentaires
    présenté par Veronica Mitran, vice-présidente de l’Agence nationale pour la protection
    du consommateur. L’occasion d’apprendre aux élèves comment interpréter
    correctement une étiquette, tout en leur expliquant la signification de tous
    ces termes que le plus souvent on lit sans en comprendre le sens. Après, on a
    invité un psychologue pour essayer de répondre à la question « le
    grignotage, à quoi ça sert? », ce qui a entraîné un débat sur la notion de
    caprice. Car, le plus souvent, c’est par caprice que l’on grignote, pour
    atténuer le stress, la tristesse ou la colère. Ou encore on sent le besoin de
    manger devant les écrans sans avoir forcément faim. D’où l’importance de tempérer
    un peu nos émotions. »







    Environ 550
    adolescents roumains ont participé à la phase pilote de ce projet, dont une
    dizaine se sont vu proposer une session de mentorat de la part d’un expert en
    planification et organisation des repas. Du coup, ils ont appris comment faire
    pour marier proprement repas, devoirs et loisirs afin de ne pas négliger une
    alimentation correcte sous prétexte d’un manque de temps.






    Florentina
    Balos : « A la fin de cette phase pilote, les jeunes ont passé un
    test. Il convient de mentionner que trois semaines durant et aidés par nos
    experts, ils ont noté dans un journal tout ce qu’ils faisaient au cours d’une
    journée : les heures des repas, celles de leurs devoirs, les quantités
    d’aliments consommés. Nous avons souhaité leur imposer un modèle pour l’avenir
    aussi. A la fin des ateliers, les participants ont été invités à imaginer leurs
    propres plans, en fonction de leur imagination. Du coup, ils ont décrit leur
    façon de manger correctement ou encore les changements que notre programme a
    entrainés dans leur planning. 50 jeunes se sont même vu récompenser. Au moment
    de la remise des prix, on les a interviewés pour apprendre d’eux si ce projet
    les avait vraiment aidés. Et leurs retours ont été plus que gratifiants. Je me
    rappelle, par exemple, une jeune fille qui a affirmé qu’avant, elle pensait que
    tous les aliments faisaient grossir, que tout ce qu’elle mangeait la faisait
    prendre du poids. C’est vrai qu’elle était légèrement en surpoids, mais c’était
    plutôt le stress le responsable. Car elle disait que même boire de l’eau la
    faisait grossir. En revanche, grâce à notre projet, elle a compris les erreurs
    qu’elle faisait d’associer certains aliments et de remplacer les repas par des
    goûters. Du coup, elle semblait déterminée à améliorer sa façon de se
    nourrir. »







    Déroulé entre
    décembre 2020 et juin 2021, le programme « Goûte attentivement. Profite du
    moment » s’est voulu un programme éducatif censé corriger les mauvaises
    habitudes alimentaires parmi les jeunes roumains. Espérons qu’une fois les
    vacances finies, le nombre des adolescents roumains intéressés à se nourrir
    correctement sera à la hausse. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Danse contemporaine – Corps. Rêves. Défis.

    Danse contemporaine – Corps. Rêves. Défis.

    Nous sommes dans une salle de danse de Bucarest. Mais ce n’est pas une salle quelconque. Elle est devenue le 46e membre officiel du réseau européen de danse contemporaine appelé European Dancehouse Network. C’est un espace de création, ouvert à tous les amoureux de la danse. C’est un espace de liberté, qui invite les gens à se découvrir eux-mêmes par cet art. Cet espace appelle « Areal » et il appartient à 4 chorégraphes, dont notre invité, Cosmin Manolescu. Il nous fait une brève présentation du concept d’« Areal » : « Areal, c’est un espace de développement chorégraphique, un endroit de la rencontre, du dialogue et de la créativité, où tout tourne autour des rêves et de la danse contemporaine, bien évidemment. C’est un nouvel espace de danse à Bucarest, dirigé par quatre chorégraphes : Cristina Lilenfeld, Alexandra Bălăşoiu, Valentina De Pliante et moi-même. Nos ateliers sont plutôt atypiques. Par exemple, on aura bientôt une escapade de danse contemporaine dans les îles grecques de Gavdos et de Crète, puis, début août, on dansera au bord du lac de Techirghiol, au delta du Danube, et au bord de la mer Noire. »

    Début juin, Cosmin Manolescu a lancé un défi très intéressant aux Bucarestois : un atelier intitulé « Corps. Rêves. Défis. » : « Tout d’abord, les thèmes proposés par les participants sont un véritable défi. Je pense que nous avons besoin de bouger et d’expérimenter les émotions sous différentes formes, de sortir de cet état dans lequel la pandémie nous a fait plonger, un état d’immobilité, de solitude, d’écart par rapport aux gens et aux activités culturelles. Alors, cette rencontre avec les émotions, avec les traumas du corps, doublée par une méthode de travail personnalisée, qui tourne autour du corps émotionnel – tout cela crée des connexions entres les gens, cela ouvre l’âme et le corps. »

    Lors de ces ateliers, les participants ont parlé des traumas et des signes du corps, mais aussi de leurs rêves. Ils ont bougé, les yeux fermés, et ont dansé guidés par leur cœur jusqu’à l’aube, dans les rues de la ville, sous les regards surpris ou indignés des passants. Qui participe à ces ateliers hors du commun ? Qui accepte de relever de tels défis ? Cosmin Manolescu répond : « Ce sont des gens très divers, des journalistes culturels, mes anciens élèves ou bien des gens qui font à peine connaissance avec la danse contemporaine. Cela me plaît beaucoup de voir les gens découvrir un nouvel univers de créativité et de liberté. Bref, ce sont de beaux gens libres qui cherchent à se découvrir eux-mêmes. »

    Mais au fait, c’est quoi la danse contemporaine ? Voici la réponse du chorégraphe Cosmin Manolescu : « On se pose nous aussi la même question. Pour moi, la danse contemporaine est une forme de liberté, de courage. Le courage d’assumer des choses, de se rencontrer soi-même et de découvrir son corps et ses émotions. Le courage d’aller vers les gens et la ville ou bien vers la nature. Ce sont les éléments avec lesquels je travaille en général. Je pense que la danse contemporaine change notre vie d’une manière positive, elle nous rapproche des gens et nous rend meilleurs. »

    Ce n’est pas pour la première fois que le chorégraphe Cosmin Manolescu répond aux questions des journalistes. Mais il existe en fait des questions qu’ils ont oublié de lui poser, mais qui sont très importantes, à son avis : « Par exemple, pourquoi la danse contemporaine ne se développe pas ? Pour des raisons objectives d’une part et subjectives, de l’autre. D’abord, partout, la danse est considérée comme une cendrillon de l’art, bien qu’à mon avis ce soit un art qui développe tant l’âme que l’esprit et le corps. C’est un art complexe, qui se sert du corps avant toute chose. Je crois que si les gens dansaient plus dès leur enfance ou bien s’ils faisaient de la danse au lieu du sport, si la danse était une discipline optionnelle à l’école, ce serait un grand avantage pour nous tous. »

    La plupart des participants à ces ateliers de danse sont des femmes. Quelle est la raison de l’absence de hommes ? Cosmin Manolescu : « C’est ce que je me demande moi aussi très souvent. Je pense que les hommes ne sont pas attirés par cette activité qui à trait à la fragilité, au côté émotionnel. En général, les hommes préfèrent le sport, car c’est le domaine qui leur permet de se perfectionner. C’est aussi une question d’éducation, je pense. Le système éducationnel roumain ne favorise pas l’accès des garçons et des jeunes hommes à cet art. La plupart y arrivent par hasard, poussés par leurs épouses ou leurs petites amies. Ils ne viennent pas à nos ateliers de leur propre initiative. S’il y avait davantage d’éducation en ce sens, si la danse était plus présente à la télé aussi, si l’on parlait davantage de la danse, alors, qui sait, à un moment donné, la danse contemporaine aurait du succès auprès des hommes aussi. J’avoue que je suis content que la danse de société commence à attirer plus de garçons, qu’il existe déjà une certaine ouverture vers certains styles. Ce n’est donc qu’une question de temps, d’investissement et de travail dans cette voie. Bientôt, nous aurons un nombre égal d’hommes et de femmes à nos ateliers de danse contemporaine, je l’espère bien ».

    Autant de pistes de réflexion lancées par notre invité au sujet de la danse contemporaine et de nos âmes. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le bus d’apprentissage

    Le bus d’apprentissage

    Cette semaine, on vous racontera une histoire émouvante. L’action se passe dans la commune d’Augustin, dans le département de Braşov, au sud de la dépression nommée Baraolt. Un endroit où vit une communauté forte de 1900 habitants, dont la moitié est d’ethnie Rom et très pauvre. C’est à l’intention de tous les enfants démunis d’Augustin que deux instituteurs ont eu l’idée de mettre en place le projet Edubuzz, qui a aussi bénéficié du soutien de la joueuse de tennis roumaine, Simona Halep. Natalia Ginghină et Adrian Secal ont décidé d’aménager, dans un ancien bus voué à la casse, un endroit destiné à l’apprentissage. Davantage sur l’Edubuzz avec Adrian Secal :« Cet espace permet aux enfants de suivre des cours de rattrapage une fois les heures de classe terminées. On a voulu aménager un endroit en dehors de l’école, mais à proximité de celle-ci, afin que les gamins puissent y rester, une fois la journée d’école finie. On a de nombreux enfants jamais inscrits à l’école ou en situation de décrochage scolaire. C’est une communauté frappée par un taux d’abandon scolaire et d’absentéisme élevé et le nombre d’enfants qui ne se rendent pas en cours est très grand. Voilà pourquoi on a décidé de leur offrir la possibilité de rattraper, car il y en a pas mal à ne s’être jamais rendu en classe.»

    A son tour, Natalia Ginghină rajoute : « L’idée d’un tel bus a été alimentée par notre besoin de passer davantage de temps avec les enfants, même en dehors des heures de classe, afin de pouvoir leur proposer plus d’activités à faire ensemble. Mais, une fois qu’on a aménagé le bus et qu’on a donc trouvé cette idée, cet endroit n’est plus destiné à nos élèves seulement ; il est là pour accueillir aussi d’autres enfants, comme par exemple ceux qui ne fréquentent pas l’école pour une raison ou une autre. C’est une sorte d’endroit qui accueille les enfants après la journée d’école, sauf qu’il a fini par servir aussi de salle de classe. »

    Touchés par le nombre impressionnant de décrocheurs scolaires parmi les enfants de la commune d’Augustin, Natalia et Adrian ont mis en place un projet éducationnel qui privilégie la force de s’adapter. Natalia Ginghină explique : « On a créé un système à même de répondre aux besoins de la communauté locale. Du coup, au lieu de faire des programmations, on applique le principe du premier venu premier servi. Cela nous a permis d’accueillir en ce moment presque 200 enfants du village. Pour travailler avec eux, on a renoncé au système d’apprentissage classique, qui impose à l’enfant de se rendre régulièrement en classe et on s’adapte au calendrier des villageois. Par exemple, si les enfants doivent aider leurs parents à travailler dans la forêt ou à la ferme, alors ils ne viendront pas nous voir. Ils le feront quand ils le pourront. Dans le cas de ces enfants, on n’a pas de journée d’école ordinaire, mais on leur propose des activités qui leur permettent d’apprendre à lire, à écrire, à participer à différents jeux pédagogiques ou même à des activités en plein air, telles le jardinage, des soirées de musique autour d’un feu de camp, comme on a fait récemment, ou encore des randonnées dans les alentours. »

    On a interrogé Adrian sur le programme d’ouverture du bus.« En principe, on essaye d’ouvrir ses portes le plus tôt possible, vers 9h30 et souvent, il nous arrive de partir vers 20h30 et même 21h00. On a des enfants qui y passent pratiquement toute la journée, surtout qu’ils trouvent plein de choses à faire. Puisque le village manque d’un endroit où ces enfants puissent jouer, ils préfèrent restent avec nous. Cela leur permet de feuilleter des bouquins, ou encore de se reposer dans des hamacs, de s’activer pour nous donner un coup de main dans la cour, autour du bus, ou encore de jouer à des jeux de plateau ou de faire d’autres activités. Voilà pourquoi ils préfèrent trainer avec nous. »

    Natalia explique :« D’habitude, c’est Adrian qui les attend dans le bus le matin, puisque son emploi du temps est plutôt flexible. Moi, je m’y rends à la fin de mes heures de cours, c’est-à-dire à partir de 11h00, midi ou même deux heures de l’après-midi. Et puis, toujours dans la deuxième partie de la journée, on a une autre collègue qui vient, une institutrice qui enseigne dans un autre village. En ce moment, on cherche à coopter d’autres villageois aussi, afin de devenir suffisamment nombreux pour pouvoir entreprendre des excursions à bord de notre bus. La région est très chouette. Mais pour les enfants qui ne peuvent pas nous accompagner dans nos sorties, il faut qu’un endroit qui puisse les accueillir reste sur place. »

    Quant aux projets d’avenir, ceux-ci ne manquent pas, avoue Adrian :« On dispose d’un espace qu’on souhaiterait aménager pour qu’on puisse offrir le plus de facilités et d’opportunités aux enfants. Du coup, le moindre soutien nous sera bien utile. On espère aménager des douches et des toilettes, y compris une laverie. Après, on envisage d’installer une petite scène et des chaises dans une grange et puis, aménager des places à l’ombre dans la cour, afin que les gamins s’y installent pour travailler leurs leçons. On ne veut pas nous contenter de mettre à profit seulement le bus, mais tout l’espace autour, qu’on a à notre disposition. »

    Et puis, un deuxième bus sera bientôt transformé en espace d’apprentissage, ajoute Natalia.« Derrière la cour, on a installé un deuxième bus qu’on n’a pas encore commencé à transformer, mais on compte le faire, pour y travailler avec les enfants du village. Tout ça pour dire que le besoin et la volonté existent. On aurait besoin davantage de personnes prêtes à nous soutenir d’une manière ou d’une autre, selon leurs possibilités. Par exemple, des personnes prêtes à mettre à profit leurs compétences, ou qui veulent échanger avec les gamins en présentiel ou même à distance, des personnes qui contribuent financièrement à notre projet ou qui s’y intéressent et veulent savoir où on est. En fait, si on était plusieurs, on pourrait faire plus de choses. », conclut Natalia son histoire, tout en lançant un appel à la solidarité. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Le Club sportif des arts

    Le Club sportif des arts

    Aujourdhui, nous vous invitons à nous accompagner dans un établissement culturel privé, ouvert en 2018 : le Musée dart récent de Bucarest (MARe). Depuis mai dernier, une exposition inédite y est présentée, et nous en avons parlé avec lhistorien de lart Erwin Kessler, directeur et fondateur du Musée dart récent. Cette exposition sappelle « Le Club sportif des arts » (« Le sport dans lart roumain de 1900 à nos jours »).



    Lexposition, qui retrace le paysage très diversifié de lintérêt artistique pour le sport et léducation physique dans la culture visuelle de notre pays, présente 53 œuvres dart (peinture, dessin, sculpture, photographie, vidéo, installation), réalisées par 48 artistes roumains, provenant des collections de 12 musées du pays (dont MARe), de neuf collections privées et de quatre galeries dart, nous dit Erwin Kessler :



    Erwin Kessler : « Cest la plus ample collaboration que nous ayons eue à ce jour. Parmi les œuvres que nous exposons, il y a des œuvres du patrimoine national, voire des œuvres figurant au Trésor national, et les amener au Musée dart récent a été un effort considérable pour nous. Il sagit dune exposition couvrant une vaste période, de 1900 à 2021. Nous lavons préparée en 14 mois environ et jai réalisé à un moment donné quil y aurait un chevauchement cette année entre deux événements sportifs, les Jeux olympiques de lannée dernière et le Championnat dEurope de football. Et nous avons pensé que si de toute façon la Roumanie nest plus une force sportive, il était bien de montrer quels résultats la société roumaine a obtenus en sport au siècle précédent. »



    Une association moins commune entre lart et le sport, donc.

    Erwin Kessler : « Honnêtement, tout le monde a été surpris. Cela semble une contradiction – pourquoi soccuper du sport quand vous vous occupez de lart ? Eh bien, lart sest occupé du sport, et cela, nimporte qui peut le voir même sans venir à lexposition – parce que nous avons aussi fait un catalogue, un catalogue tout à fait spécial point de vue aspect. Cest un stade, où il ny a pas que des photos, mais aussi des introductions dans lhistoire de lart roumain qui sest rapporté au sport. Il est instructif sur tout un processus qui commence quelque part à la fin du XIXe siècle, au début du XXe siècle, lorsque, avec lart, élément essentiel de lessor de la société roumaine, les premiers clubs sportifs commencent à acquérir une visibilité sociale aussi. Lart et le sport sont dans le même bateau de la modernisation. Ce sont des vertus. »



    Parmi les artistes célèbres qui ont reflété les domaines sportifs délite, Erwin Kessler a mentionné Ştefan Luchian, Nicolae Grigorescu, se référant à léquitation – mais aussi Victor Brauner ou Hans Mattis-Teutsch, en se référant à la boxe. Lexposition illustre également la seconde moitié du XXe siècle, pendant laquelle les artistes qui reflètent le sport dans lart sont plutôt tributaires à la propagande communiste. Ensuite, nous arrivons à lactualité.

    Erwin Kessler : « Après 1989, les jeunes artistes en particulier, les artistes critiques, voient tout dun coup le sport sous un angle complètement différent, et cest ce que notre exposition montre. Une optique qui transforme le sport dune vertu en un vice, à la fois à lépoque communiste, qui manipule le sport – tout ce qui relève de la conscience aussi bien que des pratiques en matière déducation physique. La critique devient un levier entre les mains de jeunes artistes dans labolition des éléments positifs du sport. La deuxième aile de notre exposition, laile de laprès-1989, est éclairante à cet égard : des œuvres dures, qui montrent la commercialisation du sport. »



    Nous avons demandé à Erwin Kessler de nous présenter quelques-uns des objets exposés les plus provocateurs : « Parmi les œuvres les plus provocatrices que nous présentons, je pourrais vous parler dune collection tout à fait exceptionnelle et, jusquà présent, inédite. Elle comporte toutes les cartes de légitimation du club de Gheorghe Dinu, anciennement Stephan Roll, qui a été un sportif de gauche, depuis la période de lentre-deux-guerres. Nous surprenons le parcours de cet avant-gardisme par les cartes de légitimation des clubs, qui sont des cartes bourgeoises – jusquaux cartes de légitimation des clubs communistes. Cela fait état dune certaine continuité idéologique : le sport prôné par les avant-gardistes est un sport qui prépare le corps de lartiste-athlète à la véritable confrontation, celle avec les forces de lordre, pour la mise en œuvre de la révolution. Tel est laspect essentiel de la préparation sportive de lavant-gardiste : la capacité de résister à la répression, de préparer un corps valide pour la révolution prolétarienne. Cest une pièce importante qui peut passer inaperçue – mais historiquement, cest très évocateur. »



    Et Erwin Kessler dajouter : « Dans lart contemporain, je dirais que lune des pièces les plus fortes que nous ayons, cest le film dIon Grigorescu de 1977, qui sintitule « Boxe ». Un film dartiste, un film réalisé avec de léquipement en grande partie fabriqué par lartiste-même, un film extrêmement robuste, un film dans lequel lartiste est battu à plates coutures par sa propre ombre. Il sest filmé en deux hypostases en même temps, elles se superposent. Avant 1977, cette idée davoir peur de sa propre ombre était un phénomène généralisé pour la société communiste. De lart contemporain, je pense que ce qui mérite lattention, cest lune des toiles les plus intéressantes que nous présentons, appartenant à Ştefan Constantinescu, « Une salle de gymnastique », daprès une photo trouvée dans les années 80. Une salle de gym typiquement communiste, peinte dans les années 90, une salle comme une cathédrale dédiée à de nouvelles pratiques quasi-religieuses, dans laquelle les jeunes font du sport alignés comme par détachements. Et je parlerais encore dune œuvre très intéressante, tirée dune collection privée cette fois – un boxeur de Hans Mattis-Teutsch, une œuvre extraordinaire des années 50, du temps de la guerre, dans laquelle lartiste tente de réunir à la fois le caractère élitiste des sports de lentre-deux-guerres, et nous avons un boxeur avec un short presque empesé, avec les vertus prolétariennes. »



    Lexposition reste ouverte jusquau 19 septembre. (Trad. : Ligia Mihaiescu)


  • 70 ans de jeunesse

    70 ans de jeunesse

    HORA, la fabrique d’instruments de musique en bois de Reghin (est de la Roumanie), est la plus grande d’Europe. Elle fête cette année son 70e anniversaire. Défiant les bouleversements causés par la pandémie, HORA a réussi à lancer sur le marché trois nouveaux produits. Quel que soit le domaine d’activité, il faut s’adapter à l’économie de marché, affirme Dorin Man, le directeur technique de la fabrique, qui explique comment fonctionne la production d’instruments de musique à Reghin: Notre fabrique a développé trois grandes chaînes de production. Il y a tout d’abord celle consacrée à la fabrication de guitares d’une très grande variété, dont les dimensions vont de 1/4 à 4/4. La variété concerne aussi les essences de bois utilisées, la qualité, la structure, le registre. Vient ensuite la ligne de production d’instruments à archet: violons, violes, violoncelles, contrebasses et éventuellement certains autres instruments de ce type, tel le psautier. Là aussi la gamme est très large, en fonction des essences de bois utilisées, de la structure, des couleurs et de la qualité. Cette dernière varie suivant que les instruments s’adressent à des joueurs débutants, avancés ou professionnels. La troisième chaîne de production, créée dans le but d’accroître la diversité dans le contexte du marché international, est celle des instruments spécifiques des différentes communautés ethniques. C’est le cas de la balalaïka et de la domra (instruments traditionnels russes), du psautier allemand, du bouzouki irlandais, de la mandoline, des flûtes de Pan roumaine et péruvienne ou encore des instruments de musique pour personnes en situation de handicap. Ce qui nous a poussé à développer cette gamme d’instruments c’est la baisse des achats de guitares et de violons, sur toile de fond de la crise sanitaire et la forte concurrence des fabricants d’Asie. Nous avons donc fabriqué l’instrument à percussion appelé cajon, ainsi que le violon trompette ou à pavillon, spécifique à la région de Bihor. Nous avons également amélioré les guitares électriques et lancé sur le marché deux types de guitares solo électriques.

    Dorin Man nous a parlé de chacun de ces produits de niche: Le violon trompette a une histoire à part. Un certain monsieur Stroh a combiné la vibration de la corde avec celle d’un dispositif spécial. Cette vibration a par la suite été amplifiée grâce à une trompette et non pas par le biais d’une caisse de résonance, comme cela se passe pour le violon. C’est ce pavillon qui confère timbre et volume à la vibration. La fabrication en série de cet instrument est assez rare.

    Dorin Man, le directeur technique de la fabrique d’instruments de musique de Reghin, nous a également raconté l’histoire du cajon, instrument à percussion spécifique de la musique latino-américaine. Le cajon est une boîte en bois sur laquelle on tape. Il a la forme d’un parallélépipède rectangulaire à six faces et n’est pas plus haut qu’un tabouret. La personne qui veut jouer du cajon s’assoit dessus et tape sur la plaque prévue de cordes dont la structure à part permet de produire un certain son. Ce n’est pas qu’une simple vibration du bois, mais une vibration du bois touché par des cordes. On peut obtenir différentes combinaisons de sons.

    HORA fabrique également des guitares électriques à 6 cordes, avec des finitions très spéciales, qui lancent une nouvelle mode. Ces instruments, aux formes plus complexes, créées avec des machines à commande numérique à haute mobilité, répondent aux dernières exigences des grands guitaristes.

  • Une vie roumano-néerlandaise

    Une vie roumano-néerlandaise

    Journaliste, écrivaine, mais aussi amoureuse de la nature, Janneke Vos de Groot, originaire de Pays-Bas, s’est établie en Roumanie il y a une quinzaine d’années. Elle et son mari habitent dans le village de Oarba de Mureș, dans la commune de Iernut, au centre de la Roumanie, à une trentaine de kilomètres de la ville de Târgu Mureș. Ils vivent aujourd’hui en pleine nature et ont même commencé à développer le tourisme rural dans la région. Janneke Vos de Groot raconte que son mari avait eu l’idée d’une reconversion dans l’agriculture, mais, comme les terrains sont chers aux Pays-Bas, ils ont commencé à chercher ailleurs en Europe. A la fin ils ont choisi la Roumanie, pour la beauté des paysages, mais s’y installer n’a pas été de tout repos.

    Quelle a été pour eux la plus grande difficulté ? Janneke Vos de Groot : « La langue ! Nous avons eu un très bon professeur aux Pays-Bas, un néerlandais qui parle aussi le roumain. Nous étions heureux d’emménager dans un tout petit village où personne ne parle ni anglais, ni allemand. Nous avons alors dû nous débrouiller en roumain dès le premier jour. Au début, cette langue est très difficile et nous avons aussi rencontré une autre culture et la bureaucratie d’ici. C’était ça nos plus grandes difficultés. »

    Janneke Vos de Groot a une grande passion pour les chevaux, passion partagée par son mari : « C’était notre passe temps aux Pays-Bas, les chevaux Islandais. Moi et mon mari, nous faisons souvent du cheval et la reproduction de cette race a toujours été une passion. Nous sommes venus en Roumanie avec neuf chevaux et à présent nous en avons 23. Pour monter, nous en utilisons trois ou quatre, mais nous ne les mettons pas à la disposition des touristes. Monter un Islandais, c’est différent de tout autre cheval, car ils possèdent quatre ou cinq allures différents. Tout cheval se déplace au pas, au trot et au galop. Les Islandais possèdent deux allures en plus, qu’il faut maîtriser, sinon on ne peut pas les monter. »

    Effectivement, les chevaux de la race islandaise sont connus pour posséder comme allure naturelle le tölt, dont la particularité est que le cheval a toujours au moins un pied au sol. Grâce à cela, c’est très confortable de monter un Islandais – le mouvement est stable et il est aisé de tenir en selle. Pour Janneke Vos de Groot, l’endroit où ils habitent est un endroit très sain tant pour les chevaux que pour les humains : « Nous avons toujours habité à la campagne, aux Pays-Bas aussi, même en travaillant en ville. Nous sommes habitués à avoir de l’espace. C’est surtout pour les chevaux qu’en Roumanie nous avons cherché un endroit de liberté, pour les élever et faire de l’agriculture. Les chevaux sont toujours dehors, même en hiver, ils ont beaucoup d’espace pour bouger et c’est très bien pour eux. Et c’est très sain pour nous aussi, bien sûr ! Tout le monde parle de l’air de Oarba de Mureș. Je ne sais pas si l’air est plus pur qu’ailleurs, mais c’est un petit village, entre les collines, et la nature est très belle. Il y a aussi des animaux sauvages dans cette région, des ours, des loups, des chacals, des renards, des cerfs, vraiment de tout et c’est merveilleux. Quand on reçoit des visiteurs des Pays-Bas, ils disent toujours combien c’est beau chez nous. »

    Janneke est très impliquée dans le développement de la région où elle habite. Elle y voit aussi des problèmes, qu’elle se propose de résoudre : « La seule chose qui m’énerve vraiment ce sont les poubelles jetées un peu partout. C’est quelque chose qu’on doit absolument faire cette année à Oarba de Mureș : une campagne de nettoyage. Il n’y a pas de forêt sans bois mort, mais aux Pays-Bas nous sommes habitués à ramasser nos ordures et à les jeter dans des endroits spécialement aménagés et non pas n’importe où, juste pour s’en débarrasser. Ici c’est un peu différent et beaucoup de gens jettent tout simplement des ordures depuis leurs voitures, en roulant. Ce sont des bouteilles en plastique et des canettes pour la plupart, or ça met plus de cent ans à se dégrader. C’est dommage et je le dis toujours aux gens d’ici, que moi je ne vais pas hériter de ce village, mes enfants non plus, mais que pour leurs enfants et leurs petits-enfants, il faut ramasser et vider les poubelles au bon endroit. Nous tenons toujours à donner un bon exemple par rapport à ça. »

    Janneke Vos de Groot a écrit six livres sur la Roumanie, notamment sur sa région, c’est sa manière à elle de donner envie aux touristes de venir découvrir le pays. Quand elle accueille des visiteurs, elle les emmène se promener partout : « D’habitude je les emmène à Brașov, à Cluj, ce sont de belles villes. Après, quand je leur demande ce qu’ils ont le plus aimé, ils me répondent toujours : Oarba de Mureș, la campagne, voir comment vivent et travaillent les gens. Souvent, les femmes du village préparent une « ciorba », une soupe d’ici, et un autre plat traditionnel pour le groupe de touristes et ça fait toujours son effet. Même une visite de la Maison du Peuple (le Palais du Parlement de Bucarest) n’est pas aussi populaire qu’un déjeuner à Oarba de Mureș ! »

    Janneke Vos de Groot aime elle aussi la cuisine roumaine. Elle mange de tout, soupe aux tripes, feuilles de choux farcies, boulettes de viande ou encore terrines en gelée. Mais chez elle, elle cuisine surtout néerlandais, à l’exception de quelques recettes apprises d’un de ses voisins de Oarba de Mureș. (Trad. Elena Diaconu)

  • Des traditions qui perdurent

    Des traditions qui perdurent

    Aujourd’hui nous parlons traditions.
    Souvent, les fêtes religieuses se superposent aux fêtes archaïques. C’est le
    cas, entre autres, des célébrations qui marquent le début du carême de Pâques. En
    Roumanie ces fêtes s’appellent « Lăsata secului », une sorte de Mardi
    Gras, si vous voulez.








    Le printemps venu, les Roumains
    célèbrent par exemple la « Journée des coucous », une tradition très ancienne
    encore vivante à Brăneşti, près de Bucarest. Une fête si importante pour les
    habitants de cette petite ville qu’ils ont fait de leur mieux pour la
    préserver, raconte M Marius Ovidiu Sebe, professeur de géographie et chef de l’Association
    culturelle Brăneşti.






    Marius Ovidiu Sebe : « En 2013, nous avons conclu un partenariat avec les institutions
    importantes de la ville afin de sauvegarder cette tradition. Concrètement, il s’agit
    d’impliquer les établissements scolaires en les invitant à former des groupes
    de « coucous » et à participer à un festival censé ressusciter cette
    tradition qui, malheureusement se dégradait d’une année à l’autre ; en
    fait, elle risquait de disparaître. Cette année, la pandémie qui nous affecte
    tous n’a pas épargné cette coutume. L’année dernière nous avons réussi à la célébrer,
    le 2 mars, juste avant le confinement. Le festival a accueilli des invités de l’étranger
    et ce fut une édition extraordinaire. Cette année, en raison des restrictions
    imposées, il a été carrément impossible d’organiser quoi que ce soit. Les rues
    de Brăneşti étaient vides à l’exception d’un petit groupe de « coucous
    » qui a défilé comme à l’accoutumée juste pour promouvoir la tradition, en
    respectant toutes les normes de distanciation sociale, dont le masque. Alors
    que l’année dernière il y avait eu des centaines de « coucous » dans
    les rues. »








    Ce fut quand même une bonne
    occasion de débattre de cette tradition en ligne, lors d’un symposium qui est
    devenu lui aussi traditionnel, comme nous le dit notre invité, Marius Ovidiu
    Sebe. Il nous explique concrètement en quoi consiste la tradition des « Coucous
    » de Brăneşti : « Les « Coucous » sont de jeunes hommes mariés,
    costumés en vêtements de femmes, portant une ceinture aux clochettes, un masque
    sur le visage et une sorte de fichu sur la tête. Ils sautent et dansent et font
    du bruit avec leurs clochettes, une sorte de balai à la main, ou plutôt un
    bâton avec un fil attaché, au bout duquel il y a une chaussure traditionnelle
    appelée « opincă ». Ils parcourent les rues du village pour chasser les
    mauvais esprits, en frappant sur les épaules toute personne rencontrée, pour qu’elle
    soit en bonne santé toute l’année. Cette tradition fait partie des célébrations
    d’avant le carême de Pâques, elle est une des plus anciennes, censée marquer
    aussi le passage à une nouvelle année végétale. »








    Voilà donc une tradition qui
    a failli disparaître et qui survit toujours grâce à une poignée de personnes
    très motivées de la commune de Brăneşti, malgré toutes les difficultés imposées
    par la pandémie.








    Direction maintenant le delta
    du Danube, pour découvrir une autre tradition de printemps. A Enisala, dans le
    nord de la Dobroudja, parmi les communautés locales de Russes, une autre fête
    marque le début du carême. Les Russes des communes de Sarichioi et Jurilovca
    ont célébré « la Fête du pardon » près de la citadelle d’Enisala par un
    spectacle folklorique. C’était la dernière semaine avant le début du carême de Pâques.






    Davantage de détails avec
    Catalin Tibuleac, président de l’Association de gestion du tourisme dans le
    delta du Danube : « Cette première fête, en partenariat avec la mairie de
    Sarichioi et de Jurilovca, a été marquée par les mesures de sécurité sanitaire
    en place. Et pourtant, la Fête du pardon a été une raison de joie, une occasion
    pour les deux grandes communautés russes du delta du Danube de se réunir. En
    effet, deux groupes représentatifs des deux communes se sont réunis près de la
    cité, à Enisala, afin de fêter la Maslenita et de marquer la fin de l’hiver et
    le début du printemps. D’habitude, cette fête est également connue sous le nom
    de la Fête des crêpes, parce que les crêpes au fromage sont des produits
    gastronomiques spécifiques que l’on prépare et l’on mange à cette occasion. En
    effet, chaque année, les Russes lipovènes marquent la fin de l’hiver et le
    début du printemps la veille du carême. La Maslenita constitue en fait une
    occasion de demander pardon aux autres, une raison de se réjouir, de chanter et
    de se réunir au sein de la famille. C’est une tradition préservée depuis
    plusieurs centaines d’années, que les Russes lipovènes respectent rigoureusement.
    Les vêtements traditionnels des Russes sont pleins de couleurs, il s’agit de
    robes décorées de fleurs, alors que les habits des hommes sont extraordinaires.
    S’y ajoutent les chansons traditionnelles tout à fait spéciales. »






    Les 14 minorités qui
    constituent ce conglomérat qu’est le delta du Danube cherchent à préserver
    toutes les traditions de la région, explique Catalin Tibuleac, président de
    l’Association de gestion de de la destination touristique delta du Danube, qui
    ajoute que : « Cette année, les conditions de sécurité sanitaire et de
    prévention nous ont imposé des restrictions majeures, et par conséquent la
    réunion des deux communautés de Sarichioi et de Jurilovca s’est réalisée en
    ligne, en visioconférence. Nous espérons que l’année prochaine, cette fête sera
    organisée d’une manière beaucoup plus ample, dans le contexte post-pandémie, et
    que nous pourrons présenter en détail ces fêtes et traditions superbes. Nous
    invitons à y participer tous ceux qui souhaitent fêter le printemps. C’est
    également une excellente occasion de donner le coup d’envoi à la saison
    touristique. Nous invitons donc tous les passionnés de nature et du delta du
    Danube à visiter cette contrée. »






    Voilà, amis auditeurs,
    comment, malgré la pandémie et les nombreuses restrictions, en Roumanie les
    traditions authentiques demeurent toujours d’actualité. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

  • Les archives du rock roumain

    Les archives du rock roumain

    Art et parfois manifeste politique, le rock roumain apparaît vers la fin des années 60. Comme à l’époque l’accès à la musique d’Europe Occidentale était limité, les musiciens roumains ont adapté et récréé, dans un style local, musique, partitions, instruments et mode du courant rock. La volonté de préserver l’histoire de ce phénomène a récemment donné naissance au Musée du rock roumain. Un projet en ligne, pour le moment, mais qui serait amené à évoluer.

    Cosmin Năsui, historien d’art et commissaire d’exposition, nous parle de la genèse du projet : « Avant de décider de constituer ce musée, il y a eu une longue étape de documentation réalisée par notre collègue, le musicologue Doru Ionescu. Lui, il est réalisateur d’émissions sur le rock pour la télévision publique, il a aussi publié des livres sur des musiciens roumains partis vivre à l’étranger. Le Musée du rock est donc son idée. Doru Ionescu a commencé par documenter maints aspects de ce phénomène musical pour ses émissions et ses livres. Avec le temps, ces éléments de patrimoine immatériel et matériel demandaient à être placés dans un contexte muséal, pour donner une vue d’ensemble du phénomène. »

    Cosmin Năsui, aujourd’hui notre guide, nous fait visiter le Musée du rock: « Mettre quelque chose dans un musée, ce n’est pas l’ossifier, au contraire. Pour ce projet, nous avons considéré l’évolution de la musique rock en Roumanie – de la fin des années 60 et jusqu’après la révolution anticommuniste de 1989. Il y a, par exemple, tout un débat sur les guitares électriques en Roumanie. Le rock, c’est la guitare électrique, comme le folk, c’est la guitare sèche. Or on ne pouvait pas fabriquer une guitare électrique durant l’époque communiste en Roumanie. On ne pouvait pas les importer non plus, alors on les bricolait de toutes pièces, à partir de photos, en suivant les dessins techniques d’instruments publiés dans les magazines étrangers que l’on se procurait. Pour revenir, le projet a démarré avec l’initiative de Doru Ionescu et il a grandi peu à peu. Nous avons élargi la recherche à d’autres directions et commencé à utiliser les instruments de la muséographie, les fiches spécifiques et les fiches d’inventaire, entre autres. Le défi était de se servir de ces outils pour un domaine qui est par définition éphémère et plutôt proche du support audio ou vidéo. Mais voilà qu’il y a aussi un patrimoine matériel associé au rock, des instruments de musique aux tenues vestimentaires, la correspondance de ces artistes mythiques, les partitions, les brouillons de textes enfin. Tout cela montre le processus de création de l’intérieur. Il y a même toute une infrastructure culturelle de l’époque communiste, les clubs, souvent destinés aux étudiants, voire les clubs emblématiques de Bucarest, Club A ou Preoteasa. Cela montre la caractéristique première du rock roumain, né du mouvement de la jeunesse et des étudiants. »

    Cosmin Năsui, historien d’art et commissaire d’exposition, un des fondateurs du site postmodernism.ro, qui accueille pour le moment le Musée du rock, poursuit :« Avant d’aller vers une forme physique du musée, nous voulions constituer des archives et dresser les inventaires de façon précise. Pour ce faire, nous avons emprunté des objets de collections privées, nous les avons scannés, répertoriés, photographiés. Une partie de ces objets sont scannés en 3D, donc on peut les tourner sur notre plateforme en ligne, on peut zoomer dessus etc. Une partie de ces objets sont encore utilisés, en concert ou en studio, d’autres ne sont plus fonctionnels et d’autres sont perdus, car beaucoup de rockers roumains ont émigré et les ont pris avec eux. »

    La collection du Musée du rock de Roumanie comprend aussi des cartes postales et des lettres échangées entre les artistes, mais aussi des albums accessibles aux non-voyants. Cosmin Năsui : « Un musée ne doit pas seulement regarder vers l’âge de pierre, le Moyen-Âge ou la Roumanie moderne. Nous croyons qu’il est tout aussi nécessaire d’étudier le passé récent. Une partie de ces groupes de musique ont disparu, une partie de ces scènes musicales aussi. Ces choses sont fragiles, on peut en perdre la trace facilement. On peut noter l’histoire orale liée à ces musiciens légendaires. Après la disparition des artistes et de leurs instruments, je crois qu’il serait assez difficile pour quelqu’un d’entreprendre une chose pareille – récupérer, redécouvrir ce que l’on n’entend pas dans la musique. Musique qui reste, naturellement, en première position. »

    Le projet continue. L’étape suivante serait de regarder du côté des spécificités régionales des scènes rock et de la portée de cette musique dans différentes villes estudiantines. Ensuite, des sortes de capsules-musées pourraient voir le jour, qui mettraient en avant une partie de la collection du Musée du rock. Elles voyageraient à travers le pays, en lien avec des concerts ou des festivals, comme une sorte de laisser-passer en coulisses offert aux passionnés de musique. Des coulisses historiques, évidemment. (Trad. Elena Diaconu)

  • De l’art au mètre carré

    De l’art au mètre carré

    Il était une fois un pont qui
    enjambait la rivière Olăneşti, qui arrose la ville de Ramnicu Valcea. Un jour, des gens vinrent y
    installer des panneaux vitrés en plexiglas. Une belle initiative, sauf que la
    lumière, qui s’y reflétait, non seulement déstabilisait les passants, elle créait
    des illusions d’optique. De ce fait, les accidents de la route se multiplièrent
    à cet endroit précis et même les pigeons des parages plongeaient droit dans les
    vitres transparentes. Puisque les panneaux étaient bien nécessaires pour
    protéger ceux qui empruntaient le pont, les édiles locaux eurent une idée
    salvatrice: les faire peindre. Le résultat en valut bien une mention dans le
    Livre des records: Adrian Ionuţ Luță, peintre passionné, fit des cinquante-huit
    panneaux vitrés, bordant le chemin qui longeait la falaise de la ville de Râmnicu
    Vâlcea, un album insolite avec des images de vieux édifices et des scènes de
    vie rurale et citadine d’autrefois.






    Adrian
    Ionuţ Luţă, professeur d’éducation plastique au Palais des enfants de Râmnicu
    Vâlcea, raconte la naissance dudit projet : « La
    mairie m’a proposé de réaliser une peinture qui rehausse la beauté de la zone
    en question, mais qui ait aussi une finalité pratique. Ce qui se traduisait par
    faire baisser le nombre d’accidents de la route, arrêter l’hécatombe des
    pigeons et, en même temps, mettre en lumière l’histoire de notre ville. Alors, moi j’ai pensé y peindre tous les monuments,
    encore debout ou bien disparus, de Râmnicu Vâlcea, et recréer ainsi des pages
    anciennes de l’histoire locale. Chacune des 58 vitres en plexiglas est haute de
    2 mètres et longue de 4 mètres, ce qui donne une superficie totale de 300 mètres
    carrés. C’est la seule peinture à l’huile sur plexiglas au monde. Personne
    avant moi ne l’avait fait, à cause du risque d’exfoliation et de dégradation
    très rapide de la peinture, qui est très élevé. Mais moi, j’ai utilisé des
    couleurs très spéciales, qui résistent en bon état plus de cinquante
    ans. »








    Adrian
    Ionuţ Luţă a choisi de peindre, sur les panneaux vitrés du pont sur la rivière
    Olăneşti, des bâtiments historiques et des monuments dont certains n’existent
    plus de nos jours : « Vous savez, ce
    sera homologué bientôt. Ça aurait dû se passer il y a un
    an et demi, mais la pandémie a tout bloqué. Ce sont des monuments de Râmnicu
    Vâlcea, comme par exemple : la Maison-musée Anton Pann, monument d’architecture
    urbaine construit vers la moitié du XVIIIe siècle et dédié à l’écrivain Anton
    Pann, né en 1794 à Sliven, en Bulgarie, et décédé à Bucarest, en 1854 ; la statue du prince régnant de Valachie Mircea
    le Vieux ; le bâtiment, aujourd’hui disparu, d’un ancien théâtre de la
    ville ; l’ancienne poste, l’Hôtel de Ville, et autres. En tant que prof au
    Palais des enfants, je travaille chaque jour jusqu’à midi ; après, je me
    mettais à peindre ces panneaux jusque vers 10h ou 11h du soir. Je le faisais
    même par moins 10° en hiver, je mettais des gants et des vêtements épais et je
    continuais à peindre. Ça me faisait un énorme plaisir.
    Mes élèves du Palais des enfants m’ont donné, eux aussi, un coup de main. Parce
    que j’avais une date finale à respecter. Et j’ai fait tout mon possible pour respecter
    les délais, malgré la météo. »








    Les
    habitants de la ville de Râmnicu Vâlcea qui passent par le pont Carol apprécient
    ouvertement le nouveau paysage et l’idée de départ, excellente selon eux.






    L’artiste
    peintre le confirme : « La plupart
    des gens de la ville sont très contents de l’existence de ces panneaux vitrés,
    uniques au monde. Moi, j’ai voulu créer un musée en plein air, j’ai placé des
    messages sur chaque vitre peinte, j’y ai indiqué le nom de chaque monument et
    l’endroit où il est ou était érigé. Les couleurs contiennent aussi des éléments
    phosphorescents, qui éclairent ainsi, un petit peu, le coin, lorsqu’il fait
    nuit. J’avoue que j’ai énormément aimé ce projet, dans lequel je me suis
    investi à fond, et j’aime beaucoup mon travail. J’ai essayé de mettre ensemble
    l’art de rue et la peinture sur chevalet. L’art de rue utilise le graffiti, la
    peinture sur chevalet est à l’huile. Moi, j’ai introduit la peinture à l’huile
    dans l’art de rue et j’ai réussi, d’une certaine manière, à créer un musée en
    plein air, sur un thème éducatif. »









    Adrian
    Ionuţ Luţă avoue aussi qu’il traverse, tous les jours, le pont du centre-ville de
    Râmnicu Vâlcea, juste pour regarder les peintures et réparer les éventuelles éraflures
    apparues ça et là, car cela arrive que des graffitis ou des rayures entament un
    panneau ou un autre. En attendant la certification de son record, nous ne
    pouvons que féliciter cet artiste plasticien enthousiaste. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Google Maps revisité

    Google Maps revisité

    Cela fait déjà un certain temps que le service de cartographie en ligne Google Maps est devenu un des meilleurs amis virtuels de l’espèce humaine. La fonctionnalité de navigation virtuelle Google Street View, intégrée à Google Maps et à Google Earth, couvre actuellement plus de 85 pays, sur tous les continents, et même l’Antarctique. Ce service permet aux gens de visualiser un panorama à 360° de nombreux lieux du monde – routes, villes, monuments historiques, repères culturels, nature sauvage – des lieux terrestres, aquatiques et même de l’espace. Les images de Street View couvrent plus de 16 millions de kilomètres de routes, ce qui équivaudrait à plus de 400 tours de notre planète.

    Le service Street View est disponible en Roumanie depuis 2010, lorsque les premières images des plus importantes villes du pays faisaient leur apparition sur Google Maps. En 2012, l’on pouvait déjà visualiser 40.000 km de routes, 39 villes et des centaines d’objectifs touristiques.Gabriela Chiorean, directrice de la communication pour l’Europe centrale et orientale chez Google, raconte: « Je me souviens qu’il y a une bonne dizaine d’années, je gardais une carte dans ma voiture pour trouver la bonne direction, mais je n’avais pas d’informations sur la circulation, ni sur les réservations à tel ou tel restaurant, par exemple, mais depuis, nous sommes sortis des limitations d’une carte classique. Si je pense à l’année dernière, marquée par la pandémie, Google Maps a ajouté de nombreux éléments qui nous ont facilité la vie pendant le confinement ; par exemple, informations sur le nombre de malade de Covid-19 dans une zone précise, localisation des centres de dépistage, restrictions de déplacements à l’étranger, restaurants ouverts ou restaurants avec service traiteur. »

    Puisqu’il s’agit d’un service en phase avec l’actualité, les mises-à-jour sont permanentes, explique Gabriela Chiorean: « Les mises-à-jour ne s’arrêtent jamais. Cette année, il y en aura une belle centaine, reposant sur les technologies d’intelligence artificielle les plus récentes. Parmi celles qui intéresseraient au plus haut degré les utilisateurs de Roumanie, je mentionnerais l’état du ciel – la météo – et la qualité de l’air, les catégories d’informations les plus recherchées sur Google Search et très importantes pour un grand nombre d’utilisateurs. Je remarquerais aussi l’indication sur la carte et sur le même écran du choix du meilleur moyen de se rendre rapidement à une destination, à pied, en voiture ou par les transports en commun. Ce qui me paraît intéressant c’est l’introduction de trajets respectueux de la nature, avec une consommation optimale de carburant, qui prennent en compte des facteurs tels la vitesse anticipée et le dénivelé de la route. Les cartes de Google afficheront aussi Let, lorsque l’on approche une zone à faibles émissions de gaz ou des périmètres avec des restrictions d’accès pour certains véhicules, afin de réduire la pollution. »

    Gabriela Chiorean a aussi ajouté que: « Le jour où les restrictions de déplacement auront disparu, la fonctionnalité Live-View nous sera elle aussi utile. C’est une technologie qui repose sur l’intelligence artificielle et qui utilise des images Street View pour fournir des indications de navigation aux gens qui marchent et qui ont besoin de se repérer. À partir de cette année, Live-View sera aussi disponible dans des espaces intérieurs, galeries commerciales, gares, aéroports. Toutes ces mises à jour, que j’espère utiles pour nos utilisateurs, seront réalisées graduellement, au cours de cette année. »

    Google Maps est un des produits Google les plus utilisés, notamment par l’application de localisation des centres de dépistage du coronavirus et par les informations sur la Covid-19 et sur les différentes entreprises, dont nombreuses ont fermé ou ont changé les horaires d’ouverture où bien se sont reportées sur la livraison à domicile. Gabriela Chiorean, directrice de la communication pour l’Europe centrale et orientale chez Google, a encore précisé: « Ce qui me semble avoir provoqué une réaction particulièrement positive – et je vois mon opinion confirmée par l’utilisation de nos produits – ce sont toutes les fonctions liées à l’écologie ; la qualité de l’air est tout d’un coup devenue une priorité pour un grand nombre de nos utilisateurs ; trajets écolo, trajets pour se déplacer à vélo, tout ce qui est lié à la nature a acquis de l’importance par rapport aux années précédentes. Je crois qu’il s’agit d’un intérêt accru pour des sujets de vie saine, de qualité de l’air, de qualité de vie en général. Et je suis très contente de constater que les compagnies réagissent et proposent des améliorations de leurs produits qui répondent aux attentes des gens. »

    Dans les mois à venir, les voitures Google Street View circuleront sur les routes et dans les rues d’une centaine de villes de Roumanie afin d’actualiser les images Street View disponibles sur Google Maps. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’année Tudor Vladimirescu

    L’année Tudor Vladimirescu

    La Roumanie marque cette année les 200 ans écoulés depuis la Révolution de Tudor Vladimirescu, un moment qui a déclenché la renaissance nationale dans le contexte d’une période de grand mécontentement social. En avril dernier, suite à l’adoption de dispositions légales et règlementaires, le Parlement roumain a décrété 2021 l’année Tudor Vladimirescu et le révolutionnaire Tudor Vladimirescu et la combattante Ecaterina Teodoroiu ont été sacrés héros nationaux. Pour plus de détails, nous avons invité au micro Oana Palos, porte-parole du Conseil départemental de Gorj dont ces deux figures historiques sont originaires. Avec notre invitée, on se penche sur la signification de la Révolution de 1821 :« Il s’agit plutôt d’une révolte populaire connue sous le nom de la Révolution de 1821 et qui a éclaté justement à Gorj, grâce à des gens simples groupés autour de Tudor Vladimirescu, originaire lui-même de cette région et issu d’une famille de paysans libres. Bien que ce mouvement se soit propagé dans toute l’Olténie et jusqu’à Bucarest, il n’a duré que quelques mois, jusqu’au moment où Tudor Vladimirescu a été assassiné, comme cela arrivait souvent aux dirigeants roumains. Mais, pour sa manière de défendre la cause roumaine, il est devenu héros national et il est resté dans la mémoire collective comme prince régnant. Maintenant, je vous invite à un exercice d’imagination : 1821, 1921 et 2021. Un arc à travers le temps qui nous permet de marquer cette année les deux cents ans depuis ces événements-là. En juillet 1921, à l’occasion du centenaire de la Révolution de Tudor Vladimirescu, on a décidé aussi de réinhumer les ossements de la première femme officier de l’armée roumaine qui a participé à la Grande Guerre sur le champ de bataille. Il s’agit d’Ecaterina Teodoroiu, un symbole de courage et de sacrifice, elle aussi originaire de la région de Gorj. »

    Aux dires d’Oana Palos, un programme annuel consacré au bicentenaire de Tudor Vladimirescu a été mis en place par les autorités locales. A l’affiche – des événements culturels et artistiques déroulés dans le respect des restrictions imposées par la pandémie. « Par exemple, le 27 mai, dans la commune natale de Tudor Vladimirescu, une cérémonie militaire a eu lieu devant la maison familiale du révolutionnaire roumain. Les honneurs militaires ont été suivis par des dépôts de couronnes de fleurs et par une brève reconstitution historique et militaire d’un combat de 1821. Une occasion pour présenter au public les uniformes des combattants de cette époque-là. Et puis, quelques jours plus tard, le 9 juin, au centre-ville de Târgu-Jiu, là où se trouve le Mausolée d’Ecaterina Teodoroiu, une série de manifestations ont été organisées à la mémoire de cette héroïne, dont un office religieux assuré par 100 prêtres, suivi d’un événement spécifique à cette région : une ronde que les gens dansent à la mémoire des disparus. Cette tradition est encore préservée de nos jours. Et puis on a eu droit à une première : un spectacle exceptionnel, sorte d’opéra-rock où le rock se mêle aux sonorités traditionnelles et qui refait d’une manière moderne et abstraite des moments de combat menés par Tudor Vladimirescu. On espère que ce spectacle devienne un véritable coup de cœur des vacanciers qui se rendront cet été à Târgu Jiu ».

    Et les projets mis en place pour marquer le double centenaire de la Révolution de 1821 se poursuivent, affirme Oana Palos :« Qu’envisage-t-on réaliser encore pour célébrer l’année Tudor Vladimirescu ? Eh bien, une série de projets à fort impact culturel, l’espérons-nous. Nous préconisons des expositions avec des photos issues des archives de différents musées et de différentes collections consacrées à la vie et aux activités de Tudor Vladimirescu. S’y ajouteront des lancements d’albums photographiques ou graphiques, des spectacles de rue, des festivals de film ou de théâtre. Par exemple, en août, on accueillera une exposition de rue pendant laquelle on mettra en place au centre-ville 50 panneaux métalliques avec des images historiques sur la Révolution de 1821. Parallèlement, il y aura des projections sur les principaux édifices de la ville, tout comme l’édition 2021 du Festival Vatra, de théâtre et de film historique. » Pour faciliter la participation du public à toutes ces manifestations, les organisateurs ont mis en place un système numérique qui, en un seul click, lui permettra de suivre en direct tous les événements que nous venons de mentionner. (Trad. Ioana Stancescu)

  • La Foire européenne des châteaux

    Quelle est la première réponse qui vous vient à l’esprit quand on vous dit le mot « château » : conte de fées ? chevaliers ? princesses ? faste ? Moyen Age ?






    De nos jours, la vie au château est bien différente. En fait, de nos jours,
    les châteaux ont leur propre vie et chacun vous accueille à sa manière. Pour
    mieux faire connaître les monuments historiques de Roumanie et d’Europe, la « Foire
    européenne des châteaux » est organisée depuis plusieurs années déjà, un
    événement unique en Roumanie. Sa 6e édition a eu lieu fin mai à
    Hunedoara, au château des Corvin. Une vingtaine de citadelles, cités, châteaux,
    palais et manoirs de Roumanie y ont présenté leurs événements prévus pour cette
    année.




    Sorin Ţincu, directeur du Château des Corvin de Hunedoara, nous en parle : « Pour
    la première fois, nous avons aménagé les tentes pour les exposants en plein
    air, sur le plateau se trouvant devant le château. Nous avons décidé d’accueillir
    uniquement 20 stands cette année. Nous y avons invité nos collaborateurs les
    plus proches, dont le Château de Bran, le Palais Brukenthal, la Cité médiévale
    de Râșnov (…), la Forteresse d’Alba Iulia, les Citadelles d’Arad et d’Oradea,
    et d’autres. »






    Côté organisation, chaque invité a fait de son mieux pour se présenter au
    public. Sorin Ţincu raconte : « Chaque entité participante à la Foire
    européenne des châteaux n’a épargné aucun effort pour attirer les visiteurs. Certains
    bénévoles qui les représentaient portaient des costumes médiévaux et tous ont
    offert aux visiteurs de beaux souvenirs à emporter. »








    Plusieurs événements ont animé la foire de cette année. Sorin Ţincu nous en
    parle : « Au cours des 3 jours de la foire, nous avons organisé
    plusieurs événements tenus par l’Ordre des Chevaliers de Hunedoara et par l’Association
    Castelul din Carpati (Le Château des Carpates), tels les démonstrations de
    chasse aux oiseaux de proie. On a essayé de faire plonger les gens dans l’atmosphère
    médiévale. Les années précédentes on a eu aussi des concerts, mais cette année
    on a opté pour une manifestation plus restreinte, pour éviter tout risque. »








    Trois jours durant, des princesses en robes médiévales et chevaliers en armure
    se sont baladés devant le Château des Corvin de Hunedoara. Ils ont organisé des
    tournois, des parties de tir à l’arc, des chasses aux aigles et des ateliers de
    forgerons.






    Mais à quoi ressemble une journée normale de la vie du Château des Corvin ?
    C’est toujours Sorin Ţincu qui nous le dit : « Normalement, les
    visiteurs qui franchissent notre seuil peuvent découvrir avant toute chose les
    expositions de la cour extérieure qui portent sur des périodes plus anciennes
    que le Château des Corvin. Elles commencent par le paléolithique et vont jusqu’à
    l’époque romaine. Toujours à l’extérieur, dans l’ancienne maison de l’administrateur,
    qui depuis sa restauration porte le nom de « Maison des guildes », il
    y a une exposition consacrée aux différentes guildes de Hunedoara. Puis, à l’intérieur
    du château, dans ce bâtiment datant du 15e siècle, on a des
    expositions à thématique médiévale ou ethnographique. On a aussi aménagé
    plusieurs pièces selon leur destination initiale : par exemple la chambre à
    coucher royale. Il y a aussi deux collections lapidaires, l’une gothique, l’autre
    datant de la Renaissance. A tout cela s’ajoutent des légendes et des éléments d’architecture
    très intéressants. »







    Avant de quitter le Château des Corvin de Hunedoara, il faut dire que c’est
    un monument unique en Roumanie de par ses dimensions et son architecture. C’est
    aussi un des châteaux les plus intéressants d’Europe grâce à ses différents
    styles architecturaux et aux innovations militaires et civiles qu’il présente,
    témoignant de la vie tumultueuse qui l’a animé 4 siècles durant. (trad. Valentina
    Beleavski)

  • L’histoire des puits à balancier

    L’histoire des puits à balancier

    Ses habitants étaient des paysans libres, des « răzeşi » comme on
    les appelait à l’époque, qui possédaient aussi les collines avoisinantes. Il
    s’agit de la localité appelée actuellement Păuneşti, située dans le nord-est du
    département de Vrancea, près de la frontière avec le département de Bacău, sur
    la rive gauche de la rivière Carecna. C’est une contrée sise dans l’est de la
    Roumanie actuelle. Ce qui est intéressant, c’est que le centre de la commune
    accueille pas moins de 30 puits à balancier sur une superficie de 2 500 mètres
    carrés. Les habitants les utilisent toujours, vu que la commune est située sur
    plusieurs collines et que la nappe phréatique est à une grande profondeur.

    Gheorghe Popa, le maire de la commune de Păuneşti, raconte l’histoire de ce
    lieu pas comme les autres : « Les
    puits à balancier de la commune de Păuneşti datent d’il y a un siècle, et ont
    été creusés par des paysans aisés. Normalement, deux ou trois familles qui en
    avaient les moyens unissaient leurs forces et faisaient creuser des puits dans
    le centre. C’est d’ailleurs l’origine du nom de la commune de Păuneşti. En
    roumain, « păun » signifie paon. On dit que jadis qu’un boyard avait
    perdu ses paons à proximité des puits à eau. C’était à cet endroit que les
    habitants de la région se rendaient avec leurs animaux pour remplir des fûts à
    eau puisque c’était la source d’eau la plus importante. A l’époque, ils étaient
    beaucoup plus nombreux, mais actuellement seulement une trentaine d’entre eux
    existent encore. Nous avons également élaboré un projet de conservation de ces
    puits à balancier et nous attendons qu’il soit approuvé. »



    On dit que le premier puits avait appartenu à
    l’enseignant Ioniţă Chiriac. On dit aussi que les paysans des parages se
    levaient très tôt, la nuit même, pour aller aux puits avec leurs chariots tirés
    par des bœufs. Ils n’avaient pas de source d’eau à proximité de leurs maisons.
    C’est pourquoi ils devaient en apporter pour donner à boire à leurs animaux,
    mais aussi pour la consommation de la maison. Puis, sur ces collines ils ont
    planté des vignes qui devaient être à leur tour arrosées. Le maire de la
    commune a également dit que chaque puits portait le nom de celui qui l’avait
    construit et c’est pourquoi les gens affirmaient aller prendre de l’eau
    « chez Berbece, », « chez Duman » ou bien « chez
    Ichim ». Selon les gens des parages, les puits constituent leur héritage.
    Le puits de Berbece est le mieux entretenu de tous parce que cette famille
    existe toujours et s’enorgueillit d’entretenir la fontaine à perfection.
    Ecoutons un des membres d’une telle famille : « Nous l’avons nettoyé. Nous l’entretenons régulièrement, nous
    y mettons de la chaux. Les gens ont installé aussi des couvercles, mais c’est
    assez cher. Voici quelques noms de familles qui ont fait bâtir des puits à
    eau : Taburasi, Berbeci, Duma, Murgoci, Ifrim. Ensuite, tout le monde a
    commencé à les utiliser. Ils ont transporté de l’eau dans des tonneaux jusqu’en
    1986 – 88 pour remplir leurs citernes. »



    Et pourtant, Gheorghe Popa, le maire de la commune,
    s’est déclaré mécontent du fait que l’eau des puits continue d’être bue, même
    si elle n’est pas sûre : « La commune est actuellement branchée au service communal
    d’alimentation en eau. Nous avons écrit sur chacun des puits que l’eau n’était
    plus potable, mais les gens l’utilisent toujours pour donner à boire à leurs
    animaux, notamment aux vaches. »



    Hormis le besoin d’obtenir de l’eau, une autre
    explication fournie par les gens de l’endroit, c’est qu’il faudrait construire
    ou au moins réparer un puits ou une source d’eau 40 jours après le décès d’une personne.
    Tout près de ces sources d’eau, des croix et des icônes ont également été érigées,
    pratique qui confirme cette théorie. De nombreux étrangers se déplacent dans la région pour filmer ces pièces
    inédites, alors que le projet visant à restaurer les puits à balancier pour les
    transformer en musée attend toujours d’être approuvé. De toute façon, la
    contrée est extrêmement belle et accueillante, selon Gheorghe Popa, le maire de
    la commune : « Păuneşti
    est une commune importante, très belle, avec des collines sises le long de la
    vallée de Carecna. De nombreux chalets viennent d’être bâtis des deux côtés de
    la vallée, à Mohorâta et à Păuneşti. Le paysage est d’une beauté particulière. »



    Enfin, sachez aussi que jadis, à l’occasion des fêtes
    religieuses de la commune, tous les habitants du village se réunissaient autour
    des puits à balancier pour faire bénir l’eau.

  • La chasse aux trésors architecturaux

    La chasse aux trésors architecturaux


    Le
    beau temps et la baisse significative du nombre de nouveaux cas de
    contamination au coronavirus ont permis le déroulement de différentes activités
    socio-culturelles. A Bucarest, une communauté locale a organisé une chasse aux
    trésors architecturaux. Il s’agit d’un jeu qui n’a pas de limite en termes de
    participants, qui peuvent s’y inscrire par équipes ou bien individuellement, et
    participer gratuitement. La chasse au trésor peut commencer n’importe où, il faut
    seulement trouver le plus d’indices que possible. Une fois l’indice trouvé, il
    faut le photographier, pour prouver qu’il a été correctement identifié.






    Elena
    Lucaci est la représentante de la communauté « Parinti de Ciresari »,
    qui organise cette chasse au trésor parle de cette communauté issue du besoin
    d’espaces vert il y a plusieurs années : « Nous organisons des
    événements communautaires, nous sommes un groupe homogène et nous devenons voisins, dans le vrai sens du mot. En novembre dernier nous avons planté
    23 arbres sur une aire de jeux et déroulé toute sorte d’activités
    civiques, telles la collecte des ordures. Actuellement, nous organisons
    une chasse aux trésors architecturaux, afin de mieux faire connaitre le quartier.
    Nombre d’habitants du quartier ne connaissent même pas le fait que certaines
    parties, soit les rues Ion Mihalache et Casin sont même des zones
    protégées. »








    Cette
    zone s’est développée après la première guerre mondiale, lorsqu’un nouveau
    quartier fut créé dans le nord de la ville de Bucarest. Il s’appelait Parcul
    Domeniilor, (Le parc des domaines). A la demande des habitants du quartier de
    faire bâtir une église, une des plus grands lieux de culte orthodoxe de la
    ville apparaît en 1935 : l’église Casin.






    Les
    indices de la chasse aux trésors architecturaux ont été formulés avec beaucoup
    d’humour. Par exemple « trouve un bas-relief » ou bien « trouve
    une chèvre en pierre », et chaque identification correcte se traduit par
    des points.






    Elena Lucaci affirme que les événements organisés par la communauté bénéficient d’une grande popularité : « De
    nombreux participants à l’événement sont en fait des membres de la communauté
    locale, pas besoin donc de faire venir des gens d’autres quartiers, parce que
    nous avons réussi à nous organiser tellement bien. On se connait tous et nous
    sommes assez nombreux d’ailleurs. On est 650 personnes à présent. Certes,
    ils ne participent pas tous au concours, mais en gros, de 50 à 60 familles sont
    actives, avec des enfants de tous âges. »






    Elena Lucaci
    explique aussi quels sont les autres événements qu’elle a organisés et s’il y a
    une limité d’âge pour cette chasse aux trésors d’architecture : « Avant
    cet événement nous avons organisé une chasse aux œufs de Pâques pour les plus
    petits, soit les enfants de 2 à 6 ans, alors que la chasse aux trésors
    d’architecture est destinée aux adultes et aux enfants âgés d’au moins 11 ans.
    Les indices ne sont pas complexes et les enfants de plus d’onze ans peuvent
    facilement participer ».






    Et
    vu que la chasse aux trésors architecturaux est un jeu urbain par le biais
    duquel les participants découvrent ou bien redécouvrent le patrimoine
    architectural dans une zone de la ville et arrivent à connaitre quelques
    notions de base dans ce domaine, Elena Lucaci explique aussi quels ont été certains indices utilisés : « Sur un
    certaine rue ils ont dû découvrir « une odeur particulière », alors
    que sur une autre ils ont eu à déchiffrer « deux sœurs dos à dos »,
    toute sorte d’indices portant sur l’architecture du quartier. C’est un peu
    étrange, parce que normalement les gens sortent aux portes de leurs maisons
    pour nous demander pourquoi nous prenons des photos et c’est pourquoi nous
    devons leur expliquer que ce n’est qu’un jeu, que nous habitons dans le même
    quartier et que rien de mal ne se passe. J’ai travaillé à cet événement avec
    une équipe d’architectes qui s’occupent de ce genre d’événements à Bucarest.
    Ils ont déroulé des événements similaires dans d’autres quartiers protégés
    aussi. »





    Et
    les participants ont été très enthousiastes à découvrir le patrimoine de leur
    quartier, le long d’une superbe journée de printemps à Bucarest. (Trad. Alex Diaconescu)

  • La carte des magnolias

    La carte des magnolias

    « A Bucarest, la beauté existe à chaque coin de rue, à condition de bien regarder autour de nous. » C’est par ces mots que le projet nommé « La carte des magnolias » s’ouvre sur Google. En deux clicks, vous aurez droit à des centaines de magnolias pris en photo dernièrement, dans les rues de la capitale roumaine. L’idée appartient à Diana Robu, une jeune femme de 32 ans, qui témoigne: « Je n’ai jamais imaginé qu’une telle idée puisse se transformer en un véritable projet, une carte avec 500 magnolias de toutes les couleurs: violet, rose, blanc, jaune, il y en a pas mal de jaune. A la base, je me suis imaginé une sorte de jeu pour moi et pour mes proches par lequel j’ai essayé de récupérer un peu de toute cette beauté que la pandémie m’a enlevée au printemps dernier. Et du coup, j’ai voulu profiter de la ville et de ses magnolias qui annoncent les premiers l’arrivée du printemps. Or, ce contraste entre le gris de la ville et les magnolias fleuris bien avant que les feuilles des autres arbres ne se remettent à pousser, c’est très joli. Dans un premier temps, j’ai imaginé cette carte des magnolias pour moi-même afin que j’arrive à les retrouver plus facilement. J’ai donc marqué les dix ou vingt magnolias que je connaissais déjà à travers Bucarest et j’ai décidé de leur rendre visite. Sauf que voilà, sur le trajet, j’en ai découvert d’autres. J’ignorais complètement le nombre de magnolias qui existent à Bucarest. Et c’est comme ça que ma carte a commencé petit à petit à se remplir de tous ces petits cœurs violets. »

    On a demandé à Diana Robu avec quelles attentes elle était partie à la découverte des magnolias de la capitale roumaine : « Sans aucune attente. Je me suis tout simplement proposé de profiter un peu de la ville, de ses ruelles paisibles, que j’ai eu le plaisir de découvrir ou de redécouvrir avant de m’y égarer en quête des quartiers anciens et des coins que je ne connaissais pas. Voilà. Pas forcément des attentes, en revanche, j’ai fini par découvrir des tas de choses dans ma ville puisque la carte des magnolias ne parle pas que des fleurs, mais de la beauté en général. A chaque coin de rue, il y a toujours un grain de beauté ou de couleur. Il y a des magnolias dans les jardins des maisons, d’autres qui poussent sur les parterres en face des immeubles et qui font la joie des locataires ! Ce qui m’a le plus impressionnée ce fut la réaction des gens, car en dehors des magnolias, j’ai eu droit à plein d’histoires. Les gens ont été heureux de m’accueillir chez eux, de me raconter des choses. Par exemple, dans le quartier du 1-er Mai, j’ai fais la connaissance d’un monsieur qui m’a laissée photographier son magnolia et qui, par la suite, s’est mis à me parler. C’était une présence inédite pour notre Bucarest : il était habillé comme Charlot, il était coiffé d’un melon et muni d’une canne et il m’a fait visiter sa boutique. C’était une sorte de boutique-musée, un petit dépôt d’antiquités très joli. Jamais de ma vie je n’aurais imaginé un tel endroit dans un coin de Bucarest ! J’y suis restée presque une heure, il m’a présenté toutes les sculptures et les tableaux qui s’y trouvaient, il m’a parlé de sa femme qui est infirmière en réanimation-soins intensifs, donc en première ligne de la pandémie. Et lui, il a choisi de tenir son commerce ouvert pendant toute cette période, même si les clients se sont faits plutôt rares, par le simple désir de se donner l’illusion de mener la vie la plus proche possible de la normalité d’avant.»

    Des histoires de vie, des histoires autour des plus beaux magnolias, voilà comment l’on pourrait résumer le projet lancé par Diana Robu : « Tout a commencé début avril quand j’ai entamé mes sorties dans les rues de Bucarest. La carte des plus beaux magnolias, je l’avais réalisée à mon propre usage fin mars et en avril, j’ai juste commencé à explorer les petites rues à la recherche de ces magnifiques arbres en fleurs. J’ai fini par marquer 500 magnolias sur cette carte. Les deux dernières semaines ont été assez intenses, car je me suis proposé d’atteindre cette cible de 500 arbres pas forcément pour l’actuel printemps car leur saison touche déjà à la fin, mais pour le printemps prochain. Je me suis dit que moi, j’aurais bien aimé avoir cette carte en début de printemps pour me repérer plus facilement. Les 500 magnolias inscrits sur la carte, je les dois à tous ceux qui se sont impliqués dans mon projet. Finalement, on a mis sur pieds un projet collaboratif, car j’ai reçu pas mal de photos de magnolias de la part des personnes qui les croisaient sur leur trajet vers le boulot ou pendant leurs sorties. C’est grâce à elles que j’ai réussi à marquer 500 magnolias sur ma carte. »

    Passionnée moi-même par ces arbres tellement beaux, j’ai remarqué que cette année, plus que d’habitude, la ville de Bucarest s’est remplie de jeunes magnolias. « Moi aussi, j’adore ces magnolias tout petits. A part des magnolias spectaculaires, dont certains vieux de plus de 100 ans, protégés donc par la loi, on a de plus en plus de jeunes magnolias qui poussent timidement sur les parterres en face des immeubles à travers Bucarest. Une tache de couleur dans un océan de béton qui montre à quel point on a besoin d’embellir l’endroit où on mène nos vies. »

    Et puisque les magnolias de Diana Robu ont fait un tollé sur les réseaux sociaux, de plus en plus de Bucarestois ont commencé à la rejoindre dans ses efforts de faire le recensement de ces arbres si jolis. « Le retour des gens a été inattendu. Jamais je n’aurais imaginé qu’un projet pareil puisse acquérir une telle ampleur, surtout qu’il intervient au bout d’une période difficile qui nous a tous touchés. Les gens ont donc eu besoin de décompresser et de penser à autre chose : à un brin de couleur dans une période plutôt grise. »

    Et puisque la beauté existe, quelle que soit la saison, Diana nous a rappelé qu’une fois la saison des magnolias finie, ce sera le tour de la glycine.(trad. Ioana Stancescu)