Category: La Roumanie chez elle

  • La fête de la Rhubarbe

    La fête de la Rhubarbe

    Les
    collines de Transylvanie regroupent 7 sites (d’intérêt national et classés
    sites Natura 2000), ce qui en fait la deuxième plus grande aire protégée de
    Roumanie après la Réserve biosphère du delta du Danube. Ces collines sont
    bordées par les villes de Braşov, Sibiu, Fagaraş, Rupea, Sighişoara et Mediaş, et s’étendent autour
    des vallées des rivières d’Hârtibaci, de Târnava Mare et d’Olt. Cela représente
    une surface de 267 438 hectares pour 90 000 habitants, dans 44 communes et sur
    trois départements différents (ceux de Sibiu, Mureș et Brașov). Ces collines
    constituent une véritable mosaïque de
    paysages, composés de petites et hautes collines, de vallées et de prairies, de
    petits villages multiculturels, de citadelles et d’églises fortifiées,
    complétés par certains monuments classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
    Cette région est connue pour ses forêts de chênes séculaires et ses prairies de
    sessiles. Ses plaines où l’on fauche aussi le foin sont aussi emblématiques car
    elles permettent de conserver et de valoriser les méthodes traditionnelles de
    pâturage et de récolte du foin.


    Les
    collines de Transylvanie représentent une destination de tourisme actif avec
    plus de 500 km d‘itinéraire de randonnée pédestre ou pour vélo, permettant aux
    visiteurs de découvrir plus de 60 villages aux alentours. Ils peuvent aussi
    visiter les ateliers des artisans et découvrir la gastronomie et les produits
    locaux.



    C’est
    dans ce contexte qu’a lieu, au mois de mai, la fête de la Rhubarbe, comme nous
    l’expliqueBianca Ştefănuţ, experte
    en communication chez WWF Roumanie : « La
    fête de la Rhubarbe se tient à Saschiz. C’est un exemple de bonne pratique, un
    exemple à suivre, celui d’un évènement organisé par les habitants de la région.
    Il rassemble les gens et permet de promouvoir la culture, la nature et la
    gastronomie. La Rhubarbe donne lieu a
    différentes traditions, c’est une plante qui pousse aisément dans les collines
    de Transylvanie, et dont les locaux prennent soin. Ils la travaillent de
    différentes façon : pour en faire de la soupe, des boissons diverses, et
    bien sûr, de délicieuses tartes, que les visiteurs ont pu déguster à
    Saschiz. »







    Comment
    les habitants et les autorités locales peuvent-ils répondre aux besoins de la
    communauté ? Comment préserver ces valeurs traditionnelles et naturelles
    tout en se développant économiquement ? Ce sont des questions tout à fait
    légitimes.

    Bianca Ştefănuţ nous aide à trouver les réponses : « WWF
    Roumanie et ses partenaires locaux des Collines de Transylvanie regroupent 11
    organisations qui tentent d’éduquer, d’informer et de rassembler les habitants
    et les communautés de la région. L’objectif est de les encourager avec vivre en
    harmonie avec la nature, tout en s’impliquant dans le processus décisionnel local.
    WWF Roumanie a aussi mis en place le projet PACT2020, en partenariat avec
    l’Association Mioritics, la fondation Mihai Eminescu Trust et avec le soutien
    financier de l’ Active Citizens Fund Roumanie, de l’Islande, du Liechtenstein
    et de la Norvège grâce à la bourse SEE 2014-2021. Ce projet vise à comprendre
    le fonctionnement de la communauté locale, comment elle est organisée, quels
    sont ses besoins. Nous souhaitons l’accompagner dans un processus de
    sensibilisation afin de la rendre plus active et plus durable. »





    Bianca
    Ştefănuţ nous raconte comment la communauté de Saschiz a évolué au cours des
    dernières années : « Saschiz
    incarne un bel exemple d’engagement civique. L’association « Vecinătatea
    femeilor din Saschiz » « Le voisinage des femmes de
    Saschiz », par exemple, a été crée en 2015. Elle a contribué à créer une
    meilleure atmosphère. Entre les femmes et les familles, certes, car c’était
    l’objectif au départ, mais aussi dans l’ensemble de la communauté. C’est aussi
    le cas des évènements comme la fête de la Rhubarbe. Nous montrons l’exemple aux
    autres communautés de Roumanie, mais aussi d’ailleurs. »





    Avant
    de se délecter avec de la rhubarbe à l’occasion de la fête du même nom
    organisée à Saschiz, les participants ont discuté du processus d’information et
    de sensibilisation qui sera suivi par 150 personnes des 10 communautés
    présentes dans les départements de Brașov, Sibiu et Mureș.

    Comment obtenir
    davantage d’informations sur ce projet ? Bianca Ştefănuţ nous
    explique : « Chez WWF Roumanie, nous aimerions vous encourager à suivre l’ensemble du
    projet, sur les réseaux sociaux mais aussi sur le site internet
    colinele-transilvaniei.ro/pact2020. Vous y trouverez toutes les informations
    recherchées. On y partage les bonnes pratiques, les informations utiles pour
    contacter les autorités locales ou régionales, ou pour relever les différents
    défis auxquels font face les communautés. »




    Des
    projets de ce genre permettent de développer, à long terme, la durabilité, mais
    aussi la capacité des citoyens à s’engager, à participer davantage à la vie en
    société, afin de faire respecter leurs droits, mais aussi pour renforcer les
    liens avec les Etats impliqués, tels quel’Islande,
    du Liechtenstein et la Norvège. Enfin, L’objectif principal est surtout de
    réduire les inégalités économiques et sociales entre les habitants de la
    région.


    (Trad :
    Charlotte Fromenteaud)

  • Fashion revolution et durabilité

    Fashion revolution et durabilité

    La
    mode et l’écologie se sont rencontrées à Bucarest dans le cadre de la campagne
    « Fashion Revolution Week ». Cette dernière s’est adressée aussi bien
    aux créateurs de mode consacrés qu’aux étudiants des dernières années ou en
    master à l’Université nationale d’art (UNARTE). C’est ainsi qu’à force
    d’expériences et d’explorations, des tenues absolument surprenantes ont vu le
    jour. Roxana Petrescu, l’Association Roxy and Kids Arts et Mara Malinovski,
    étudiante à l’Université nationale d’art, partagent avec nous leur
    expérience :




    « Récemment a eu lieu à Bucarest la
    deuxième édition de la campagne « Fashion Revolution Week ». Il
    s’agit d’un mouvement qui chaque année organise une campagne d’une durée d’une
    semaine. L’objectif est de transmettre au public un message très clair. Cette
    année, nous avons choisi de parler de durabilité. Les étudiants de UNARTE ont
    collaboré avec des designers pour créer des tenues dans l’idée de celles
    portées à la période de « la Belle époque ». Le mot d’ordre était la
    durabilité. C’est pour cette raison que tous les tissus utilisés sont recyclés
    ou obtenus de façon naturelle ou teints avec des couleurs naturelles
    etc. »





    Nous
    avons déjà rencontré à plusieurs reprises l’Association Roxy and Kids Arts,
    mais rappelons tout de même qu’il s’agit d’une association roumaine qui
    développe des projets artistiques sur le territoire de la Roumanie, mais aussi
    en Allemagne. Mara Malinovski, étudiante à UNARTE, partage avec nous son
    expérience et celle de sa camarade, Nicoleta Bucşoru. Ensemble elles ont
    travaillé sous la supervision de la professeure Daniela Frumuşanu d’UNARTE,
    dans le cadre du projet Fashion Revolution Week :




    « Nous avons accepté de relever le
    défi lancé par l’association Roxy and Kids Arts. Et Nicoleta Bucşoru et moi
    nous sommes dit que c’était l’occasion pour nous de mettre en pratique ce que
    nous avions appris. L’idée de durabilité a été très importante pour nous. Nous
    nous sommes réparti le travail et nous avons créé des teintures naturelles à base
    de curcuma et de d’épluchures d’oignons. Lorsque nous avons constaté le
    résultat, l’intensité des couleurs obtenues, et ce grâce à des éléments faciles
    à trouver au quotidien, nous nous sommes dit que cet aspect était important à
    mettre en avant. Je pense qu’à l’avenir cette découverte peut changer la donne
    dans le monde de la création de mode et de teintures. En principe nous ne
    teignons les tissus qu’avec des éléments naturels, comme le curcuma, les
    épluchures d’oignons, le choux rouge ou encore de la rouille. Nous avons
    découvert plus de 50 techniques ces derniers temps, avec l’aide de Mme Daniela
    Frumuşanu qui nous a appris tout ce que nous savons sur les teintures
    naturelles. »





    Le
    résultat a été à la hauteur de la créativité des étudiants. Mara Malinovski
    nous raconte :








    « Avec
    ma collègue Nicoleta Bucşoru, nous avons confectionné une robe. Cette dernière
    se compose d’un corset en laine feutrée, et de la superposition de trois
    demi-jupes pour donner la même impression de volume et de dynamisme lorsqu’on
    la porte. La robe dans son ensemble est teinte avec des couleurs naturelles,
    cousue main sur base d’un design unique. »





    Mara
    Malinovski nous explique que pour n’importe quel jeune artiste, l’inspiration
    se trouve partout :




    « Je suis persuadée que tout peut
    devenir une source d’inspiration, du sol à la table de restaurant. Tout peut se
    transformer en idée pour une prochaine œuvre. J’aimerais pouvoir associer à la
    mode des installations artistiques, avec l’idée de provoquer le changement et engendrer
    une révolution dans le domaine de la mode. »





    Roxana
    Petrescu, de l’association Roxy and Kids Arts, nous a raconté l’histoire de ses
    créations et nous a confié ses sources d’inspiration :




    « Comment en sommes-nous arrivés à
    confectionner cette tenue ? Au milieu de milliers d’objets nous avons
    découvert un tableau de style « Belle époque », celui de la « Green Queen »
    (reine verte) signé par Roxana
    et Alexander Ené. Nous avons entrepris quelques recherches, pour voir de quels éléments de
    la Belle époque nous pouvions nous inspirer. Nous nous sommes dit à partir de
    ce moment là qu’il serait bien de mettre en place une collaboration. Et c’est
    comme ça que nous nous sommes tournés vers les étudiants talentueux du master
    d’UNARTE. Voilà d’où nous est venue l’inspiration pour cette robe. Ce tableau
    intitulé « Green Queen » a été réalisé dans le cadre d’un projet
    allemand avec des enfants âgés de 2 à 4 ans. »





    L’exposition
    s’est achevée, mais l’association Roxy and Kids Arts poursuit sur sa lancée
    avec d’autres projets, comme nous l’explique Roxana Petrescu :




    « Nous souhaiterions que tout
    le travail effectué puisse profiter à l’avenir à d’autres projets, par exemple
    dans le cadre d’une collaboration avec la Fashion Revolution d’Allemagne.
    Hasard ou non, Roxana Ené a mis en place un projet d’atelier dans lequel les
    participants se réunissent et travaillent ensemble avec des matériaux recyclés.
    Nous nous demandons s’il s’agit d’un pur hasard, si notre travail s’est aussi
    orienté dans cette direction. Qui sait, peut-être que nous pourrons aussi
    participer à la campagne Fashion Revolution d’Allemagne. »





    Entre
    temps, les organisateurs de la Fashion Revolution Week dressent le bilan suivant : « cette campagne
    parle avant tout des hommes et des femmes, et de notre façon d’agir vis-à-vis
    de la mode. » Un message clair, c’est que nous ne pouvons pas faire
    partie du changement sans y croire. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Il est beau mon chapeau

    Il est beau mon chapeau

    Il
    s’agit aujourd’hui d’un accessoire aux allures désuètes. Mais au siècle passé,
    il était synonyme de prestige, d’honorabilité, porteur d’innombrables messages,
    déchiffrés et compris par les membres des communautés concernées. C’est bien du
    chapeau qu’il s’agit, puisque l’exposition « Chapeau, accessoire, élégance
    et leurs messages dans le Brasov de l’entre-deux guerres » vient d’arriver
    à Oradea, dans le nord-ouest de la Roumanie. Et puisque que l’on parle de
    prestige, l’exposition est accueillie dans l’un des petits bijoux
    d’architecture d’Oradea, la « Maison Darvas – La Roche ». Nous avons
    discuté de cette exposition unique en son genre avec Bogdana Balmuş, directrice
    des relations publiques du Musée ethnographique de Braşov.

    Elle nous a d’abord
    expliqué d’où était venue l’idée de cette exposition, déjà accueillie par de
    nombreux musées : « Notre collègue Oana Țigănuș est à
    l’origine de ce projet. C’est une passionnée, diplômée des Beaux Arts. Elle
    travaille au Musée ethnographique, et à force d’être constamment entourée de
    près de 35 000 œuvres et objets, rien d’étonnant alors qu’une idée comme
    celle-ci ait germé dans son esprit. »



    Le
    curateur de l’exposition propose au public un voyage dans le temps, imprégné
    des parfums d’antan. Une époque où les matières composant les chapeaux et
    autres accessoires des élites de l’entre-deux guerres étaient toujours en accord
    avec la mode d’Europe occidentale. Le public peut d’ailleurs découvrir une
    sélection de chapeaux emblématiques de cette époque. L’exposition regroupe un
    ensemble unique de pièces et va jusqu’à reconstituer les célèbres ateliers de
    chapeau et de couture de cette période.


    L’exposition est
    temporaire et itinérante, comme nous l’a expliqué Bogdana Balmuş : « L’exposition
    « chapeau, accessoire, élégance et leurs messages dans le Brasov de
    l’entre-deux guerres » est arrivée à Oradea, dans la Maison Darvas – La
    Roche qui offre un cadre vraiment original. Au départ, l’exposition a été
    organisée au sein du Musée de la civilisation urbaine de Brasov, à la fin de
    l’année dernière. Et elle a rencontré un franc succès ! Si vous vous
    rendez à Oradea, nous vous encourageons à venir voir ! Vous pourrez y
    découvrir toutes ces merveilles d’un autre temps, dont les chapeaux qui, au
    siècle dernier, transmettaient un message très clair. Vous observerez leurs
    notes d’élégance et de raffinement. Avant, lorsque l’on rencontrait quelqu’un,
    il suffisait de regarder comment il portait son chapeau et en quel matériau il
    était confectionné pour connaître son origine sociale. »



    L’exposition
    est ouverte aux visiteurs jusqu’à la fin du mois de juin 2022, dans le Musée
    « Maison Darvas – La Roche » d’Oradea, le premier musée de Roumanie
    ouvert aux touristes dans un bâtiment Art Nouveau, inauguré en août 2020. Nous
    avons demandé à Bogdana Balmuş si les chapeaux exposés étaient originaux : « Une partie d’entre eux oui, qui
    appartient au Musée ethnographique de Braşov. Les autres font partie d’une
    collection privée prêtée au musée afin que les visiteurs puissent en profiter.
    Surtout n’hésitez pas à venir y jeter un œil. Il existe même un espace dans le
    musée pour essayer des chapeaux qui ont été spécialement conçus pour
    l’occasion, sur les modèles de Cristina Dragomir, du début du 20ème
    siècle. Vous avez la possibilité de prendre des photos afin de repartir avec un
    joli souvenir de l’exposition. »



    Pour
    les visiteurs, c’est l’occasion de voyager dans le temps et d’en revenir avec
    des souvenirs plein la tête. Mais ce n’est pas tout, le musée a plus d’un tour
    dans son sac et l’exposition leur réserve une dernière surprise.


    Un
    Musée des chapeaux, mais du chapeau de paille cette fois, a été inauguré en
    2001 à Crişeni, dans le département de Harghita, à l’initiative de Lajos Szőcs,
    dont la famille a confectionné des chapeaux de paille sur trois générations. Le
    Musée a ouvert ses portes dans une maison de campagne traditionnelle rénovée et
    l’exposition y a été aménagée à l’aide du Centre départemental pour la culture.
    La première pièce met en avant tous les modèles de chapeau de paille du pays.
    La pièce suivante expose différents ustensiles et objets de décoration. Enfin,
    la dernière pièce présente les différentes techniques et étapes de fabrication,
    du séchage de la paille au chapeau terminé. On y trouve aussi le plus grand
    chapeau de paille du pays, d’un diamètre de 2 mètres pour un poids de 2,65 kg
    et dont la fabrication a nécessité 500 m de paille et 1,5 km de fil.


    Dans la cour du Musée les touristes
    peuvent admirer une collection extraordinaire. Plus de 600 pierres sculptées
    par la nature et aux formes impressionnantes, ainsi qu’un chapeau de 5 mètres. (Trad :
    Charlotte Fromenteaud)

  • Ultramaraton le long de Via Transilvanica

    Ultramaraton le long de Via Transilvanica

    Courir un Ultra-marathon, c’est sans doute un grand défi à relever ! Mais
    courir 8 jours durant un Ultra-marathon sur la route la plus belle de Roumanie,
    Via Transilvanica de son nom, c’est vraiment une chance. Et c’est justement ce
    que propose le projet « Transylvania Legends » (Légendes
    transylvaines).






    Comment est née cette idée ? Réponse avec Florin Alexandru, l’organisateur
    de cet Ultra-marathon unique en Roumanie : « L’idée nous est
    venue à l’esprit au moment où nous avons appris de l’existence de ce projet
    merveilleux qui est la Via Transilvanica, mis sur pied par Tibi et Alin Uşeriu.
    Dès que j’ai découvert le projet, je me suis rendu compte que c’était une
    immense opportunité pour nous, pour tous les Roumains en fait, de promouvoir la
    Roumanie. Et pour cause : Via Transilvanica est un itinéraire vraiment
    magique, parce qu’il nous rappelle l’Europe telle qu’elle était il y a très
    longtemps. Pratiquement, la nature y reste intouchée et c’est une véritable
    joie de voir de si près la Roumanie. »






    Via Transilvanica est en fait la seule zone d’Europe qui est restée la même
    qu’au 19e siècle. Quant à l’Ultra-marathon « Transylvania
    Legends », il en est à sa 2e édition cette année. Florin
    Alexandru nous en parle : « C’est la 2e édition, après
    celle de l’année dernière qui a été vraiment merveilleuse. C’est comme si on
    formait tous une grande famille. Prévue du 13 au 21 mai, l’édition de cette
    année s’étale sur 9 jours, dont 8 sont destinés à la course et une journée est
    consacrée au repos. Nous en profiterons pleinement pour construire cette belle
    famille qui est Transylvania Legends. »






    Quelles
    surprises à découvrir par les coureurs tout le long de cette route ?
    Florin Alexandru répond : « L’Ultra-marathon comporte 8 étapes, soit un
    minimum de 80 km à parcourir chaque jour. Le premier jour nous partons de Putna
    (nord) pour arriver au col de Mestecăniş. Après avoir parcouru à nouveau 80 km
    – on s’arrête à Tăşuleasa. L’arrêt suivant est à Şieuţ, alors que le 4e
    est à Câmpu Cetăţii, un endroit superbe au cœur de la forêt mais qui abonde
    aussi en ours. Et ainsi de suite, on continue avec les 4 autres étapes qui
    s’étalent sur des distances similaires, sans oublier le jour de repos. »






    Nous avons demandé à Florin Alexandru qui allait participer à la course et
    si les coureurs de l’année dernière comptaient retenter l’aventure : « Certains coureurs adorent la
    montagne, mais aiment aussi s’aventurer dans les régions vallonnées, comme
    c’est le cas d’une bonne partie de la Via Transilvanica. Certains participent à
    des épreuves du même genre et sont habitués aux longues courses comme celle-ci.
    Mais d’autres viennent aussi dans l’idée de ne courir que 20 ou 40 km. Le bon
    côté de la montagne, c’est que vous n’êtes pas obligé de courir sur tout le
    parcours. Certains craignent de devoir courir en continu sur 40 km. Ce n’est
    pas le cas. Il y a des points de contrôle le long de l’itinéraire où l’on peut
    s’arrêter, on peut aussi se promener ou simplement regarder le paysage car la
    région est magnifique et nous sommes ravis d’être là et de vivre cette
    expérience. Lorsque l’on participe à une course en montagne, ce n’est pas seulement
    le résultat qui nous intéresse. C’est l’expérience en soi qui nous motive, nous
    aimons courir. Les participants de l’année dernière sont revenus cette année.
    L’ambiance est super, on se sent en famille car on court ensemble tous les
    jours et le soir on se retrouve autour du feu et on échange autour de sujets
    variés comme la famille ou la vie en montagne. »








    Nous avons cru comprendre que Transylvania Legends était avant tout une
    histoire de famille, d’amitié et de montagne, mais aussi un moyen de mettre en
    avant la Roumanie. Florin Alexandru nous en dit plus : « Nous avons selon moi le devoir de promouvoir la Roumanie. Nous
    ne l’avons pas souvent fait et je crois que c’est à notre génération qu’il
    incombe de le faire. Pour moi Via Transilvanica est un voyage dans le temps et
    permet de découvrir le patrimoine naturel de la Roumanie. C’est un beau pays,
    un superbe pays, que nous devons nous appliquer à mettre en
    valeur ! »






    N’hésitez pas à vous renseigner pour participer un jour à la Transylvania
    Legends, un rendez-vous à ne pas manquer pour les passionnés comme pour les
    amateurs ! (Trad. Valentina Beleavski, Charlotte Fromenteaud)

  • A la découverte des traditions de Pâques

    A la découverte des traditions de Pâques

    C’est
    une véritable bouffée d’air frais au beau milieu du tumulte de la ville. Quelle
    joie immense de se retrouver en pleine nature, dans cette atmosphère singulière
    des villages d’autrefois. Voici un lieu où petits et grands peuvent renouer
    avec leurs racines, où l’on peut découvrir, en période de fête, les traditions
    ancestrales. Il s’agit du Musée du village « Dimitrie Gusti » de
    Bucarest, où nous avons rencontré Iuliana Mariana Balaci, directrice de la
    communication, pour discuter des ateliers « Découvrir les traditions de
    Pâques ».


    Iuliana Mariana Balaci: « Cette année, comme chaque année
    d’ailleurs, nous essayons de faire nous-mêmes des bijoux, des vêtements et essayons
    d’apprendre des artisans la peinture sur œufs, le tissage de la laine ou du
    coton ou encore la broderie. Cette année nous avons prévu de faire des ateliers
    avant la Fête des Rameaux (le dernier week-end avant Pâques), pour les enfants
    âgés de 6 à 12 ans. L’atelier se tient chaque dimanche, avec l’idée de passer
    un bon moment en famille au Musée du village. Pendant que les enfants
    participent aux ateliers, les parents peuvent en profiter pour se promener.
    Nous sommes ravis de voir que cette année aussi, nous avons eu beaucoup de
    demandes pour l’organisation de ces ateliers. Les enfants sont désireux de
    découvrir l’artisanat, et les parents ravis que leurs enfants apprennent ces
    techniques traditionnelles en compagnie des artisans et artistes plasticiens
    avec lesquels nous travaillons. »



    Les
    enfants célèbreront la fête la plus importante de la chrétienté en participant
    à différents ateliers. Ils apprendront l’art de décorer les œufs et de tisser
    avec deux fils ou encore de confectionner des objets décoratifs avec des
    matériaux naturels et recyclables tels que les feuilles de maïs, les fleurs
    pressées, la laine, les graines, le bois ou encore le carton.


    Iuliana
    Mariana Balaci, nous en dit davantage : « C’est la 7ème édition de
    « Découvrir les traditions de Pâques », et nous sommes ravis de
    constater que chaque année nous attirons un nouveau public, de nouveaux
    artisans et artistes. Nous essayons, dans la mesure du possible, grâce à une
    éducation précoce et continue, d’apprendre aux enfants à apprécier les métiers traditionnels,
    à aimer ce patrimoine immatériel et d’en parler autour d’eux. C’est en effet
    grâce à cette communication que d’autres enfants viennent ensuite s’inscrire chez
    nous. Même si les ateliers n’accueillent normalement que 10 inscrits, nous
    avons toujours 12 ou 15 enfants désireux d’y participer. Chaque dimanche qui
    précède celui des Rameaux, nous avons un atelier de tissage, de bricolage, de
    tressage de feuilles de maïs ou encore de peinture sur œufs. Ces ateliers d’artisanat
    sont maintenus chaque dimanche, même après la fête des Rameaux. Les enfants
    peuvent participer aux ateliers de décoration d’œufs mais aussi aux ateliers
    cuisine pour la préparation de « colăcei » (sorte de brioches), de galettes
    de Lazăr (sorte de galette au fromage blanc et au beurre que l’on offre à ses
    voisins le samedi de la Résurrection de Lazare), de pain et de cozonac (sorte
    de brioche). Cette 7ème édition sera donc prolongée au-delà de la
    durée habituelle, à la demande du public, mais aussi parce que nous proposons plus
    d’activités. »



    Iuliana
    Mariana Balaci a précisé : « Chaque dimanche précédant celui des
    Rameaux, nous accueillons au moins 10 enfants. Mais il y a fort à parier qu’ils
    soient au moins 15 par atelier, soit près de 60 enfants par dimanche. A cela
    viennent s’ajouter ceux qui participeront aux ateliers de démonstration, soit
    un total d’une centaine d’enfants chaque dimanche. Mais c’est une belle
    réussite pour nous, car chaque inscrit est un adolescent de plus initié à
    l’artisanat traditionnel, un art ancestral que nous nous efforçons de
    promouvoir. »



    Même
    si notre vie de tous les jours ne nous permet plus de fabriquer nous-mêmes ce
    dont nous avons besoin, comme le faisaient nos ancêtres, connaître les métiers traditionnels
    offre l’occasion de se les réapproprier afin d’aller vers un mode de vie plus
    durable. En ce sens, le Musée du village « Dimitrie Gusti » de
    Bucarest est une source intarissable d’inspiration, un lieu pour se reconnecter
    à soi. Iuliana Mariana Balaci, directrice du Musée, nous a officiellement
    invités :


    « Nous vous accueillerons à bras
    ouverts. Nous accueillons tous ceux qui souhaitent venir découvrir le Musée du
    village, les petits et les grands. C’est un petit village reculé, pourtant au
    cœur d’une capitale au vacarme incessant. Un village où les arbres sont déjà en
    fleurs ; un village prêt à accueillir le public pour une promenade
    agréable, pour une découverte ou une redécouverte du patrimoine ; un
    village où l’on peut venir apprendre des choses utiles. Nos clôturons notre
    série d’ateliers avec l’évènement Vin Floriile cu Soare şi Soarele cu Florii,
    qui a lieu à la mi-avril, au moment où nous avons beaucoup de jolies choses et
    de belles surprises à partager avec le public, et surtout les enfants à qui
    s’adressent les ateliers. N’hésitez pas à vous rendre sur notre page Facebook
    officielle ou sur notre site internet
    www.muzeul-satului.ro, où nous publions les
    informations relatives à tous ces évènements. »



    Voilà de quoi
    occuper les enfants et donner le sourire aux parents. Joyeuses Pâques à
    tous !


    (Trad. : Charlotte
    Fromenteaud)

  • Les femmes d’affaire mises à l’honneur à m’occasion du Gala Forbes Woman

    Les femmes d’affaire mises à l’honneur à m’occasion du Gala Forbes Woman

    La
    nouvelle édition du Gala Forbes Woman qui reconnaît l’importance du rôle des
    femmes dans un milieu des affaires en constante évolution, a eu lieu récemment.
    Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Raluca Michailov, à la tête de
    Forbes Roumanie, qui nous a parlé de cet évènement et de la place des Roumaines
    dans le milieu des affaires :


    « Il
    s’agit de la 11ème édition, aussi bien pour le projet publié dans le
    magazine Forbes Roumanie que pour le Gala. Chez Forbes Roumanie, nous essayons
    de soutenir le plus de communautés possible. Par exemple celle des 30 ans ou
    moins, que nous tentons de valoriser, en récompensant les jeunes femmes
    extraordinaires qui n’ont pas toujours accès au devant de la scène dans notre
    société. »



    Gala
    Forbes Woman n’offre pas seulement de la reconnaissance à ces femmes impliquées
    et dont le rôle est fondamental dans un monde des affaires en perpétuelle
    transformation. Ce gala fait aussi office d’introduction à la 8ème
    édition du Top 50 des femmes roumaines les plus influentes, publié par Forbes
    Roumanie.

    Raluca Michailov ajoute : « Chaque
    année, 50 femmes sont sélectionnées. La plupart sont en effet des femmes
    d’affaire, mais pas que. On retrouve aussi des personnalités telles que Mirela
    Nemțanu, à la tête de l’Hospice Casa Speranţei (L’Hospice Maison de
    l’espérance) ou Gabriela Alexandrescu de l’association Salvaţi Copiii (Sauvez
    les enfants) et, bien évidemment, la dernière et pas des moindres, Sa Majesté
    la Reine Marguerite. En général, nous mettons en avant deux types de succès :
    nous nous intéressons dans un premier temps à ce qui se passe en Roumanie. Je
    peux vous parler par exemple d’Anca Vlad, qui a fondé et dirige aujourd’hui le
    groupe FILDAS. Elle figure aussi dans la liste « 50 – Over 50 » de
    Forbes USA, un classement des femmes de plus de 50 ans ayant une place
    prépondérante dans le monde des affaires. Nous nous intéressons aussi aux plus
    petites entreprises, aux femmes qui font du conseil par exemple, ou du commerce
    et de l’acquisition, comme Mihaela Miţoiu et Ioana Filipescu. Nous tentons de
    ne pas discriminer, car nombreuses sont les femmes extraordinaires qui occupent
    différentes positions. Elles sont directrices ou se trouvent à la tête
    d’entreprises. En somme des femmes qui ont de l’influence dans le domaine dans
    lequel elles exercent. »



    Nous nous sommes
    renseignés auprès de Raluca Michailov pour savoir si le nombre de femmes
    d’affaires était en ce moment à la hausse en Roumanie.


    « Même
    si la pandémie nous a empêchés de m
    ettre à jour les données officielles, je
    dirais qu’on assiste à un nombre décroissant de femmes d’affaires. Peut-être
    parce que les femmes sont plus prudentes et s’aventurent moins vers des
    positions à risque, comme on en trouve dans le domaine de l’entreprenariat. »



    Lors de la
    troisième édition du Forbes Woman Summit qui a réunit en visioconférence les
    plus importantes voix féminines du milieu des affaires et de la société
    roumaine, Forbes Roumanie a récompensé les grandes dames des milieux
    artistiques de Roumanie, celles érigées en véritables modèles en ces temps
    difficiles. Raluca Michailov passe en revue l’ambiance dans laquelle ce gala
    s’est déroulé :


    « L’ambiance fut fantastique, pleine
    d’émotions positives. On s’est réjoui de se retrouver en présentiel, malgré le
    contexte difficile. Ensemble, on a décidé de s’activer et de voir ce que l’on
    pourrait faire pour la société roumaine. Il est important de faire de son mieux
    pour que les projets de soutien se concrétisent et ne restent pas que de
    simples discours. Notre mission est de prouver qu’au-delà de la rentabilité
    financière, les affaires doivent avoir un impact positif sur l’environnement et
    sur le monde en général. »



    Une ambiance
    fantastique propre à un milieu effervescent comme seules les femmes savent
    créer, opine Raluca Michailov :


    « Je
    voudrais que les femmes deviennent encore plus visibles et plus solidaires,
    aussi bien dans les affaires qu’au sein de la société roumaine. J’espère que la
    prochaine édition du Gala Forbes pourra mettre à l’honneur toutes les femmes
    qui ont marqué la société, par leurs contributions extraordinaires »,
    a conclu Raluca
    Michailov.

  • Însoţitul de Sântoader

    Însoţitul de Sântoader

    Nous nous rendons aujourd’hui dans le sud-est de la
    Transylvanie, dans le département d’ Hunedoara, dans le comté de Hațeg, un lieu
    à l’empreinte historique et ethnographique marquée, respectueux des coutumes
    traditionnelles. C’est là bas que se trouve le « Géoparc des dinosaures de
    la contrée de Haţeg », classé au patrimoine de l’UNESCO, qui met à
    l’honneur la culture et les valeurs locales.


    Un tel exemple de traditions est « Însoţitului de Sântoader » (l’accompagnement de Sântoader) ,
    développé récemment par l’Association des femmes de Sântămăria Orlea, en
    partenariat avec le Géoparc. Silvia Szakacs
    Mikes, présidente de l’association nous donne de plus amples
    informations :


    « La plus part de nos projets ont été mis sur pied en partenariat avec
    le Géoparc. Ce dernier permet de catalyser les énergies et de promouvoir tout
    ce qui se passe dans la contrée de Haţeg, tout ce qui mérite d’être mis en
    avant sur le plan naturel ou culturel. L’un des objectifs du Géoparc est l’éducation.
    Celle-ci se fait dans un cadre organisé. Chaque école accueille un club de géo-explorateurs
    qui vont mettre en place de superbes projets tout au long de l’année. Cela
    permet aux enfants d’apprendre ce qu’est un géoparc, d’avoir des informations
    sur leur région, de prendre conscience de l’importance de la nature, mais aussi
    des patrimoines naturels et culturels. Apprendre à les connaître, d’une part,
    mais aussi à les mettre en valeur. L’un de ces projets était justement celui de
    « Însoţitul de
    Sântoader ». »


    Silvia Szakacs Mikes, présidente de l’Association des
    femmes de Sântămăria Orlea nous explique en quoi consiste exactement cette
    coutume :


    « C’est une coutume très ancienne, consacrée au bonheur des enfants,
    mais qui est en train de se perdre. Le terme « Însoţitul » veut dire
    « se lier d’amitié », mais c’est aussi un concours. Au cours des
    dernières années, nous avons réussi à redonner un souffle nouveau à cette
    tradition. De quoi s’agit-il exactement : c’est une très belle tradition,
    une occasion pour laquelle nous préparons des gâteaux de Sântoader, faites en
    pâte à pain, une pâte que l’on étire et que l’on tresse pour en faire des
    galettes. Elles se distinguent par leur croute en forme de fleur, faite elle
    aussi avec la pâte. Même si la pâte utilisée dans ce cas est un peu plus dense,
    car on y ajoute un peu plus de farine afin de pouvoir lui donner la forme
    désirée. On l’étire ensuite, avant de la couper, de l’enrouler et de la
    disposer sur les galettes. Après quoi on enfourne le tout, on fait cuire et
    lorsqu’elles sont prêtes on les garde jusqu’au dimanche matin, au moment de la
    célébration. Les fleurs en pâtes sont ensuite retirées des galettes avec soin,
    et sont ornées de fleurs, de violettes, de jacinthes, de perce-neiges, selon ce
    que l’on va trouver ce jour-là. Elles doivent être légères afin de pouvoir
    flotter sur l’eau. Cette célébration génère beaucoup d’énergie ! Les
    enfants sont absolument ravis. Vous devriez voir la joie irradier leurs
    visages, ils sont contents comme tout ! »


    Comme chaque année, les enfants ont préparé ces galettes
    dans la joie et la bonne humeur. Ils ont pu les faire cuire chez les différents
    organisateurs, car il n’existe malheureusement plus de four à pain
    traditionnel. Après la cuisson, les enfants ont eu la joie de déguster les
    galettes. Les petits rouleaux de pâtes ornés de fleurs ont quant à eux été
    déposés sur un ruisseau, comme le veut la tradition. Silvia Szakacs Mikes nous
    donne les détails.


    « C’est un peu comme un concours. On dépose les rouleaux de pâte sur
    une planche ou un battoir à linge, puis on les coule. Ceux qui remontent à la
    surface gagnent ! on les appelle les « grands maris ». Il y a de
    quoi être fier ! Mais d’autres aiment aussi suivre les rouleaux le long du
    cours d’eau, c’est comme une course, la position des rouleaux change en
    fonction du cours de l’eau. Nous avons réussi à transmettre aux enfants l’art
    de préparer ces rouleaux. Ils mettent la main à la pâte dès le début. Ils
    apprennent à lever la pâte, à la pétrir, et à fabriquer seuls les petits
    rouleaux. Ca les rend très heureux ! Pour moi c’est une expérience
    extraordinaire, nous parvenons à leur transmettre ces traditions, pour qu’ils
    puissent un jour les transmettre à leur tour, je suis certaine qu’ils en auront
    envie. C’est aussi une joie de faire cette activité ensemble, cela créée du
    lien. Je me souviens de ma grand-mère, qui, jusqu’à un âge très avancé, continuait
    à appeler « ma femme » ses amies qu’elle côtoyait depuis l’enfance.
    C’est une coutume formidable qui mérite d’être perpétuée. »


    L’enfant dont le rouleau de pâte voyage le plus vite sur le ruisseau est
    appelé « le grand mari » ou « la grande épouse ». Mais la
    première obligation des vainqueurs pour honorer leur titre est d’offrir aux
    autres enfants du jus de fruits et des friandises ou des gâteaux. On dit même
    que les amitiés forgées pendant la fête de Sântoader durent toute la vie.


    Notre interlocutrice nous a raconté qu’elle avait elle-même participé à des
    festivités similaires dans son enfance. Et que la seule différence entre les
    fête d’autrefois et celles d’aujourd’hui, c’est que les enfants sont maintenant
    moins nombreux dans les villages. La joie reste immense malgré tout, et il est
    possible de partager ces traditions avec les plus petits, qui, il faut
    l’espérer, auront eux aussi envie de les partager plus tard avec les
    générations futures. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • L’école des anciens

    L’école des anciens

    Mariana Mereu a grandi dans le village de Geoagiu de Sus, dans le département d’Alba (centre), au sein d’une communauté attachée aux traditions, dans laquelle la couture, le tissage, les danses et les chants traditionnels avaient une place centrale. Aujourd’hui elle continue de promouvoir ces traditions. Pour ce faire, elle a participé à des foires du tourisme, des expositions et conférences thématiques et a fait l’acquisition d’une importante collection ethnographique. Mariana Mereu a aussi organisé « l’Ecole des anciens » (Şcoala bunicilor), où ceux qui le désirent peuvent apprendre l’art de tisser, de coudre ou de cultiver et travailler le chanvre afin de fabriquer des objets artisanaux.


    Mariana Mereu a fait de sa maison une école, « l’Ecole des anciens », un lieu de transmission des traditions :



    « J’ai toujours gardé et pris grand soin de mes costumes traditionnels, je n’ai jamais rien jeté parmi les vieux objets de la maison. Le métier à tisser à toujours fait partie des meubles et ma mère et ma grand-mère l’utilisaient. J’ai pris goût au tissage, à la couture et au filage de la laine. J’adore ça, si je pouvais je ne ferais que ça. J’aimerais que tout le monde puisse apprendre, les enfants, les gens de tout âge et de tout horizon. Même ici, au village, j’ai organisé des veillées et des ateliers. »



    Mariana Mereu constate, à regret, que ce sont surtout les étrangers qui s’intéressent à ces traditions.



    « L’année dernière nous avons accueilli une famille de Français à qui nous avons appris à coudre et à tisser, et qui s’est rendue dans la région du Maramureş (dans le nord de la Roumanie) pour apprendre à faucher l’herbe. Ils ont payé afin d’apprendre tout ça. Voilà où nous en sommes aujourd’hui ! Très peu de jeunes savent encore faucher de nos jours, car tout est automatisé. Ils peuvent le faire s’ils sont payés, car ils ont besoin de gagner leur vie comme tout le monde. »



    Mariana Mereu nous a raconté avec passion comment elle cultive le chanvre, le file et le tisse, et son envie de partager ces traditions ancestrales avec les autres. Pour le reste, elle fabrique des serviettes et costumes traditionnels en fibre de chanvre.



    « Cela fait maintenant sept ans que je cultive le chanvre. J’ai commencé sur le métier à tisser chez une dame qui n’est plus là aujourd’hui, et qui avait du chanvre dans son grenier. Ce n’est pas une mince affaire. Il faut obtenir des autorisations, c’est très difficile. Et quand on croit que tout est réglé, un nouveau problème se présente. La préparation du chanvre aussi est un sacré travail. Il faut le faire sécher, puis faire de petits paquets que l’on met de nouveau à sécher, avant le rouissage. On recouvre le tout de pierres afin de les maintenir sous l’eau, et après une semaine, lorsque la fibre commence à se détacher de la tige, alors c’est qu’il est prêt. On recueille la fibre, on la nettoie et on la met de nouveau à sécher. Lorsqu’elle commence à joliment blanchir, on peut la tiller, la peigner, la filer et la travailler. C’est un processus long et fastidieux, mais cela vaut la peine. On fait quelque chose de ses propres mains, à partir d’une plante, faire une blouse roumaine, c’est magique ! Honnêtement, je ne fais pas ça pour l’argent. Personne ne semble apprécier ce travail à sa juste valeur. Cela m’affecte, et si je ne reçois pas le juste prix, je renonce et je me contente de faire des cadeaux. »



    Mariana Mereu regrette que le travail effectué par les femmes et les jeunes filles désireuses de partager ces traditions ne soit pas reconnu à sa juste valeur.



    « Par exemple, lorsque l’on demande 50 lei (10 euros) pour une paire de bas de laine ou en fibre de chanvre, les clients trouvent ça trop cher. Mais une paire de bas ne se fabrique pas en une journée ! L’été, les bas de laine empêchent la transpiration, car la laine est vide à l’intérieur, comme les macaronis, idem pour le chanvre. Cela tient chaud en hiver, et permet de rafraîchir en été. »



    Puisqu’elle travaille le chanvre, Mariana Mereu a décidé de créer une fête en son honneur. C’est ainsi qu’elle a célébré l’été dernier la 4ème édition de la Journée du chanvre, à laquelle ont aussi pu participer les touristes. Les plus curieux ont pu découvrir l’ensemble du procédé, de la plantation à la récolte de la fibre utilisée dans la fabrication de vêtements, de tissus et de costumes traditionnels, à l’époque où chaque foyer cultivait et travaillait son propre chanvre.


    Notre interlocutrice espère voir ces traditions retrouver du soutien.



    « Je souhaiterais vraiment que les responsables politiques décident de rémunérer les artisans qui effectuent ce travail, ainsi que ceux qui souhaitent l’apprendre. J’ai cru comprendre que c’était le cas dans d’autres pays. C’est une bonne motivation pour ceux qui travaillent, cela les encourage à continuer. Ils n’ont pas à avoir honte d’être paysans, ni d’être roumains. Ils ne doivent pas oublier leur langue, leur tenue vestimentaire, car on dit que la culture d’un peuple doit se porter tel un vêtement de fête ! De quel vêtement de fête parle-t-on ici ? Du costume traditionnel ! J’encourage tout le monde à essayer, au moins une fois, de tenir une quenouille entre les doigts, à voir à quoi ressemble un mouton. Si l’on ne sait pas faire tout ce travail, on n’a aucun moyen d’en apprécier le résultat. »



    Mariana Mereu et les membres de son association sont convaincus du potentiel touristique de la région et du talent de ses artisans. C’est pourquoi ils souhaitent que Geoagiu de Sus soit la plus visible possible sur la carte culturelle et touristique du département.


    (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Oraşul M / « Ville M »

    Oraşul M / « Ville M »

    Nous voici au beau milieu d’une station de métro traversée chaque jour par des milliers d’usagers. Bien souvent ils sont pressés, traversent sans s’arrêter, impatients d’attraper le prochain métro. Mais maintenant beaucoup prennent le temps d’une pause pour regarder. Ils sortent leur téléphone, scannent le QR code affiché sur le mur, ou se contentent simplement de regarder et de sourire. C’est justement l’un des objectifs envisagés par les artistes de l’association culturelle VAR, lorsqu’ils ont décidé de transformer certaines stations de métro en galerie d’art contemporain.Andu Dumitrescu, artiste et l’un des coordinateurs du projet Ville M nous raconte l’origine de ce projet inédit : « Pour moi cette idée n’a rien d’inhabituel, surtout vue l’apparence de Bucarest, car c’est cela que nous évoquons justement. Nous avons donc souhaité monter un projet visuel, sur la ville de Bucarest. Une ville polluée dans tous les sens du terme, surtout sur le plan visuel. Nous nous sommes demandé quel endroit serait le plus pertinent pour faire intervenir des artistes et montrer au public ce qu’est l’art contemporain de qualité. Et le métro s’est imposé comme une évidence. La visibilité est optimum ! »

    Pour le moment les artistes ne sont intervenus que dans deux stations de métro de la capitale, mais d’autres « galeries d’art » souterraines similaires devraient bientôt voir le jour. Pourquoi choisir le métro et quelles ont été les démarches pour mener à bien ce projet ? Andu Dumitrescu nous répond : « Nous avons voulu trouver le meilleur endroit pour faire connaître l’art contemporain. Par conséquent, nous avons décidé de transformer la partie souterraine de la capitale en galerie d’art. Ce n’est pas une mince affaire, je le reconnais ! Rien que pour exposer dans une station de métro, et nous en sommes à notre deuxième galerie à présent, nous avons travaillé deux ou trois mois. Nous avons commencé d’abord par discuter avec les artistes, car le projet est sur base de volontariat. Chaque artiste qui intervient dans le métro le fait bénévolement, c’est pour nous une marque de respect pour la ville. D’ailleurs, notre projet dans son ensemble est une marque de respect pour la capitale. Ensuite, nous avons engagé des discussions ponctuelles avec notre partenaire Metrorex (la compagnie du métro bucarestois), pour chacun de nos projets, afin de s’accorder sur les modalités d’exposition. Il faut aussi tenir compte de la sécurité des usagers bien évidement. Et puis, il faut s’atteler à la partie plus technique, en se procurant le matériel nécessaire et faire un planning de travail. Nous travaillions généralement de 23h30 à 5h00 du matin. Même si l’on a travaillé pendant un mois, la période de préparation reste courte. »

    Pour la station de Piata Romana, la plus récemment décorée, les artistes ont travaillé 7 nuits durant. Andu Dimitrescu nous donne les détails : « J’ai lancé un appel à de jeunes artistes, en l’occurrence des étudiants en art ou récemment diplômés, et beaucoup ont répondu. Nous en avons sélectionné 14 jeunes artistes. Pour le moment ils ne sont que 13, le 14ème est un céramiste pour lequel le processus technologique est plus compliqué. Nous avons aussi rencontré quelques soucis avec le matériel à cause de la pandémie, il mettra donc un peu de temps à terminer l’installation pour la station de Piata Romana. »

    Notre interlocuteur, qui nous a invités à faire un tour dans le métro, nous a expliqué que les thèmes choisis étaient très actuels : « J’encourage les gens à découvrir le projet et à se rapprocher de l’association VAR, à l’origine du concept. Tous les artistes ayant participé sont talentueux, chacun de leurs ouvrages a été parfaitement intégré dans l’espace du métro. Pour l’instant nous avons exposé des créations dans les stations d’Izvor et de Piaţa Romană, et prochainement dans celle d’Eroilor. »

    Andu Dumitrescu nous a mis l’eau à la bouche en nous détaillant les techniques utilisées pour ce projet : « Ici nous ne parlons pas d’une simple fresque peinte sur les murs de la station. Le projet va bien au-delà. C’est un ensemble artistique qui regroupe l’art sous plusieurs formes, des installations comme c’est le cas à Piaţa Romană, des fresques, des photographies, de la céramique. De la sculpture aussi, dans la station d’Eroilor par exemple, beaucoup d’objets différents seront exposés. Il y a même une œuvre de réalité augmentée. Il suffit de scanner une affiche et vous pouvez la voir s’animer. Il suffit de sortir votre téléphone et d’aller sur Instagram. On retrouve aussi des illustrations d’ordre graphique. Cela se rapproche de la fresque du point de vue technique. Nous avons essayé de nous approprier toute la station, sur les deux quais et à chaque entrée. »

    En descendant sur le quai de la station Piaţa Romană, une petite table attira l’attention des passants. Deux téléviseurs noir et blanc y sont posés. Le premier – grand, le second – plus petit et peint de différentes couleurs. A côté se trouvaient deux autres objets décoratifs tout aussi anciens, mais moins représentatifs.L’idée même de visiter une station de métro à la manière d’un musée est très tentante. Voilà la proposition faite par les artistes qui visent à familiariser les Bucarestois avec l’art contemporain. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Tout le monde peut faire du ski

    Tout le monde peut faire du ski

    Grands amateurs de sport
    et adeptes de l’égalité des chances, ils
    ont ouvert leur propre club de kayak avant de continuer à diversifier leur
    activité. Ils ont créé le premier club de kayak handisport, avant d’en faire de
    même avec le ski. Leur crédo ? Tout le monde peut avoir envie de se mettre
    au ski. C’est ainsi que l’association Caiac Smile a mis au point une sorte de
    monoski adapté aux personnes à mobilité réduite, qui peuvent désormais elles
    aussi s’amuser sur les pistes.






    Ionuţ Stancovici,
    président de l’association, nous raconte : « L’idée de départ lorsque nous avons créé le club Caiac Smile
    était de promouvoir ce sport, notamment le slalom. En m’occupant d’un groupe
    d’enfants qui venaient s’entraîner je me suis souvenu d’un film que j’ai vu il
    y a quelques années maintenant, dans lequel une personne à mobilité réduite
    s’exprimait avec enthousiasme sur le kayak. Elle expliquait que c’était le seul
    moment durant lequel elle se sentait totalement normale, car en kayak on utilise
    principalement les membres supérieurs, et on ne voit pas les membres inférieurs
    qui sont à l’intérieur de l’embarcation. J’ai commencé à m’interroger sur le
    sujet. J’ai commencé à travailler avec une, deux, dix personnes à mobilité
    réduite, et toutes se sont senties très bien en kayak. Elles ont rejoint notre
    club, et ensemble nous formons une famille. L’hiver est ensuite arrivé, et nous
    étions très pris avec les nombreux groupes d’enfants venus skier. Nous nous
    refusions cependant à interrompre leur activité sportive, car elles étaient
    déjà très investies dans leur pratique du kayak. Je me suis donc penché sur la
    question du ski pour les personnes à mobilité réduite. J’ai trouvé du matériel
    qui coûtait assez cher et que nous ne pouvions pas nous permettre d’acheter.
    J’ai donc pris un fauteuil dont j’ai retiré les roues, j’ai remplacé les pieds
    et j’y ai ajouté des skis. C’est comme ça que tout a commencé. »






    S’il est vrai que tout a
    commencé avec une chaise transformée, l’aventure s’est poursuivie grâce à des
    techniques adaptées aux besoins des personnes à mobilité réduite : « Nous avons constaté que nos sportifs
    adoraient skier, et nous nous sommes procuré ce dispositif en 2019, ce qui nous
    a permis d’en emmener beaucoup au ski, venus du Maramureş ou du département de
    Satu Mare (dans le nord de la Roumanie). Je me suis ensuite rendu en Autriche
    pour une formation de 10 jours sur comment apprendre aux personnes à mobilité
    réduite à faire du ski. J’ai beaucoup appris là-bas, c’était incroyable. Le ski
    a permis à certaines familles de se retrouver, car ce dispositif permet aux
    personnes à mobilité réduite de descendre les pistes comme tout le monde.
    C’était vraiment super ! Je me suis dit qu’il fallait faire la même chose
    en Roumanie. Une fois rentré au pays, j’ai appris à certains de nos sportifs à
    skier seuls, dont certains à mobilité réduite. Ensuite, nous avons partagé le
    dispositif que nous avions mis au point la saison précédente avec d’autres
    stations et clubs de Roumanie. Nous avons commencé à être contactés par tout le
    monde, et beaucoup de personnes à mobilité réduite ont demandé à partir skier
    avec nous. C’est comme ça qu’a débuté notre campagne pour lever des fonds dans
    tout le pays afin de pouvoir acheter le modèle de monoski dernier cri pour
    équiper l’ensemble des pistes de Roumanie. »







    La
    saison du ski a déjà commencé cette année. Qu’en est-il des membres de
    l’association ? Où sont-ils allés ? Ionuţ Stancovici nous explique : « En ce moment à Cluj (centre-ouest),
    avant ça nous étions à Vatra Dornei (dans le nord). Nous avons entamé notre
    tournée. Ce projet est un succès, nous avons reçu des équipements de France. La
    campagne a débuté en novembre l’année dernière, et grâce à certaines
    entreprises dont nous nous sommes rapprochés, nous avons déjà pu acheter 13
    monoskis. Et grâce au soutien de nombreuses personnes qui se sont investies
    dans la campagne et dans la levée de fonds au niveau national, nous pouvons
    voyager à travers le pays afin de faire connaître ce sport dans toute la
    Roumanie. Nous allons rendre ce dispositif disponible pour toute personne à
    mobilité réduite, afin que tous puissent y avoir accès facilement sur les
    pistes. »







    Les associations pour
    personnes à mobilité réduite de tout le pays sont invitées à encourager leurs
    adhérents à découvrir ce dispositif conçu spécialement pour elles. Et nous
    sommes tous encouragés à nous joindre à cette démarche.






    Ionuţ Stancovici nous en
    dit davantage : « Tous ceux qui
    souhaitent nous aider peuvent se rendre sur notre page Facebook afin de nous
    soutenir en faisant un don ou autre. Ils trouveront toutes les informations
    relatives à nos horaires, notre localisation, etc. Vous pouvez nous accompagner
    sur les pistes ou nous rejoindre en tant que bénévoles afin de découvrir cette
    expérience incroyable. Si votre niveau de ski vous le permet, vous pouvez aussi
    accompagner nos adhérents en promenade sur les pistes car certains ne sont pas
    en mesure de skier en autonomie. Si vous ne savez pas skier, vous pouvez
    apprendre, ou nous aider sur le plan logistique. Par exemple en transportant
    nos sportifs de la voiture jusqu’aux pistes, ou pendant les repas. L’idée c’est
    que tout le monde en profite à fond et passe un bon moment ! »



    Suite au succès du
    projet, l’association envisage aujourd’hui d’étendre aussi son activité kayak
    pour les personnes en situation de handicap à d’autres lacs du pays. Il suffit
    donc de suivre le déroulé des activités sur Facebook et de profiter de
    l’occasion pour faire du sport tout en faisant une bonne action !
    (Trad. : Charlotte Fromenteaud)

  • La vie est une exposition ou l’exposition est un mode de vie ?

    La vie est une exposition ou l’exposition est un mode de vie ?


    Ils sont artistes, de Roumanie et d’Allemagne,
    et ont choisi de rester ensemble pendant la pandémie plutôt que de jouer les ermites.
    Lorsque plusieurs artistes passent autant de temps ensemble, à discuter, à explorer
    les espaces urbains ou à partager leur chambre, rien d’étonnant à ce que cela
    donne lieu par la suite à une exposition. Rien d’étonnant non plus que dans cette
    exposition les artistes partagent leur expérience de groupe : le personnel
    vs le collectif, l’universel vs l’individuel, le privé vs le public, le temps
    libre vs le travail. Catinca Tăbăcaru et Daniela Pălimariu relatent l’exposition
    Staycation et le projet dans son ensemble au micro de RRI.


    Catinca Tăbăcaru : « Staycation est né de la pandémie car nous avions tous besoin de
    trouver un espace de détente, un espace bien à nous, tout en restant chez nous.
    Nous l’avions envisagé comme une rencontre, non comme une exposition. Nous nous
    sommes réunis en juillet. Nous étions 6 artistes de Berlin et 6 de Roumanie. Avec
    Daniela Pălimariu de Sandwich et Rachel Monosov du collectif CTG, nous avons décidé
    de passer 7 jours ensemble. Nous étions 12 artistes, 12 personnalités créatives,
    nous avons fait notre propre pain, nous nous sommes promenés dans le delta de Văcăreşti,
    nous avons refait le monde pendant des heures, en parlant de l’écologie, de la
    pandémie et de la vie en général. »



    Daniela Pălimariu nous explique comment l’équipe
    s’est organisée : « Chacune de nous
    trois, Catinca, Rachel et moi-même, devions proposer un nombre de jeunes artistes
    en devenir, venus de Bucarest ou de Berlin. Nous en connaissions certains, d’autres
    avaient simplement éveillé notre curiosité. C’est comme ça que notre groupe s’est
    un peu créé tout seul. Les liens se sont tissés entre nous, notre relation s’est
    approfondie. Nous avons pris ce temps-là en juillet, et c’est ainsi que l’exposition
    a pu voir le jour. Nous voulions que les artistes travaillent différemment, sur
    différents sujets, avec un angle différent. Nous cherchions un genre d’artiste,
    des artistes vraiment impliqués, prêts à s’investir sur le long terme. Ce genre
    de chose se reflète dans leur pratique et leur façon de travailler, mais aussi
    dans leur façon de communiquer et dans leur professionnalisme. On observe que
    les très jeunes sont éduqués et prêts à entretenir la relation sur le long
    terme.
    »


    Catinca Tăbăcaru nous raconte comment les
    artistes ont découvert le meilleur moyen de collaborer et de communiquer : « J’ai
    participé à de nombreuses résidences, et l’on ressent systématiquement une
    forme de frustration, de tension. Cette fois-ci nous avons choisi des artistes
    aussi bien pour leur activité que pour leur élégance, leur ambition et leur générosité.
    Nous sommes partis de l’idée de ralentir notre rythme, car nous subissons tous
    ce rythme frénétique, nous avons pris le parti de tout faire beaucoup plus
    lentement : nous sommes allés au marché, nous avons acheté directement nos
    produits auprès des agriculteurs, nous avons cuisiné ensemble, nous avons
    discuté de sujets importants pour notre nous, nous nous sommes promenés dans le
    delta de Văcăreşti, c’était l’un des meilleurs moments d’ailleurs, et nous avons
    dormi. L’une des artistes, originaire de Taïwan, a créé une méditation à
    laquelle nous avons tous pris part. L’idée étant de méditer tous ensemble, de
    dormir ensemble et de rêver ensemble. En tant qu’adulte on a rarement ce genre
    d’idée. Les enfants, eux, dorment ensemble, mais nous les adultes, très peu.
    Nous avons donc tout mis en place pour créer cette atmosphère de bien-être et d’écoute,
    laissant de côté la parole et les anciennes habitudes, même s’il nous est
    arrivé de beaucoup discuter
    . »

    Yen Chun Lin, Isabella Fürnkäs, Lexia
    Hachtmann, Bethan Hughes, Lera Kelemen, Barbara Lüdde, Catinca Mălaimare,
    Rachel Monosov, Daniela Pălimariu, Ana Pascu, Ioana Stanca, Ana-Maria Ștefan sont
    les artistes ayant participé au projet. Le résultat de cette expérience peut
    être admiré à la Galeria Catinca Tăbăcaru et chez Sandwich Malmaison jusqu’au 12
    février. Qu’y verra le public ? Daniela Pălimariu répond : « La
    deuxième galerie, Sandwich of Space, est une extension de la galerie Sandwich
    inaugurée en 2016. Les travaux exposés dans ces deux espaces sont différents. On
    y trouve des installations de tailles variées, des peintures, des sculptures,
    des céramiques, des installations vidéo, ou encore la performance de l’artiste Catinca
    Mălaimare, visible dans l’espace Sandwich of Space, dans l’immeuble de Malmaison,
    au 2e étage. Il s’agit d’une seule et même exposition, visible dans
    deux espaces différents. Evidemment, beaucoup d’œuvres sont inspirées de l’expérience
    vécue l’été dernier et des liens que nous avons tissés à ce moment-là. On retrouve
    beaucoup de références claires et concrètes au groupe, le nombre 12 apparaît
    dans beaucoup d’œuvres ou images de cette expérience commune. Mais cela reste subtil,
    et chaque artiste a eu carte blanche pour exprimer son propre ressenti sur
    cette expérience, ce qui s’observe dans les travaux de chacun.
    »

    L’exposition est la partie la plus visible
    du projet. Elle est le point d’orgue de ce symposium de l’été 2021, au cours
    duquel les participants de sont rencontrés et ont découvert la ville de
    Bucarest. Les artistes ont trouvé un moyen de survivre à la pandémie, sans se
    perdre en chemin, et c’est le plus important. (Trad. Charlotte Fromenteau)





  • Essence dobrogéenne

    Essence dobrogéenne

    14 minorités ethniques cohabitent en Dobroudja, entre le Danube et la mer Noire (sud-est de la Roumanie). Cette région accueille la minorité turco-tatare la plus importante du pays, vu que pendant plus de 4 siècles, la province a été sous administration ottomane. Il existe aussi des localités avec un grand nombre de Russes lipovènes et dUkrainiens.



    Notre histoire commence sur les rives du lac Goloviţa, près de la côte roumaine de la mer Noire, où se trouve un village qui se démarque par les événements culturels organisés là ; jai nommé Vişina. Tout a commencé après quune citadine a acheté une maison de vacances dans ce village ; la nouvelle propriété a suscité sa passion pour promouvoir les traditions de cet endroit. Bianca Folescu, la nouvelle propriétaire, a déclaré :



    « Dune certaine manière, les choses sont venues en temps et lieu, cela na pas été pas une décision immédiate. Le premier pas a été franchi quand jai trouvé cet endroit tranquille pour me réfugier le week-end avec les enfants et acheté la petite maison dans le village de Vişina. Et, peu à peu, jai commencé à aimer lendroit, les us et coutumes, à comprendre la vie à la campagne et à réaliser que la simplicité de la vie ici est une richesse que jai découverte à peine maintenant. Et à ce moment-là, je me suis dit de métablir effectivement ici. Bien sûr, le ménage a grandi pendant ce temps et jai ressenti non seulement le désir, mais aussi la nécessité dêtre ici jour après jour, et demménager ici pour de bon. Évidemment, sinstaller à la campagne nest pas une décision facile à prendre ; cela a entraîné beaucoup de transformations, mais je pense que cétait une des meilleures décisions de ma vie. »



    Bianca Folescu est passée du confort de la ville à la vie simple, mais après en avoir appris les secrets, à commencer par faire le feu dans le poêle avec des éclats de bois, à lachat « sur le cahier » au magasin du village ou à demander un peu de tout aux voisins, notre interlocutrice a commencé à marquer lendroit de son empreinte. Aujourdhui, sa maison au village a bien une centrale thermique parce quelle souhaitait le confort quelle connaissait, mais son impact sest étendu à la communauté :



    « Ce village navait pas de visibilité, et alors je suis intervenue dans la vie dun ensemble de danses bulgares, qui préservait les traditions du village. Peu à peu, la composition de lensemble, sa visibilité, toute son activité a changé. Les choses ont pris une autre ampleur au fil du temps. Cest maintenant un groupe dune beauté extraordinaire. Ce groupe étant composé de femmes et denfants du village, javais clairement une interaction sociale avec une partie représentative des villageois. »



    Bianca Folescu est devenue la promotrice de la cuisine du terroir :



    « Jai participé à certains événements et jen ai créé dautres, où nous avons tenu à mettre en exergue la gastronomie locale. Nous savons que la population est mixte, cest-à-dire que je ne pouvais pas me borner uniquement à la cuisine dinfluence bulgare, étant donné que Vişina a encore une communauté restreinte de Bulgares dobrogéens. Bien sûr, nous avons ici aussi la gastronomie tatare, dobrogéenne, roumaine, recueillie de partout. La gastronomie est constituée ici d’un bouquet très riche de produits à mettre sur la table pour le plus grand plaisir du palais. Et, oui, le défi, cétait de trouver toute sorte de produits, avec des noms différents, des produits qui peuvent être préparés rapidement, qui peuvent être servis en peu de temps. Noublions pas que les Bulgares étaient de bons maraîchers, donc ici, cest clair, la zacuscă (faite de légumes cuits, hachés à la main, notamment daubergines, de poivrons, doignons, et tartinable) est reine. Ce sont des produits préparés avec des légumes, tels que les cherdele (sorte de galettes) à loignon, par exemple. Il y a une multitude de produits de la cuisine locale que nous avons souvent mis en avant. Noublions pas la galette dobrogéenne, qui est limpératrice dans ma maison. »



    La restauration de la maison achetée et surtout de son intérieur a constitué pour Bianca Folescu la première étape dans lorganisation dune autre maison du voisinage comme un petit musée vivant, nous a-t-elle expliqué :



    « Il y a les 5 chambres, chacune avec une spécificité différente, parce que je pensais représenter Vişina dans son ensemble. Elle est représentée par la pièce du milieu, qui est la chambre bulgare, et dans le voisinage, nous avons la chambre russe lipovène, la chambre dobrogéenne, parce que la population roumaine est dominante, la chambre orientale, pour contenter tant les Turcs que les Tatars, et la chambre aroumaine. Chaque pièce est ornée dans son style spécifique, combinant les objets anciens que nous avons trouvés dans les localités avec une population prédominante de ces ethnies, mais aussi avec de nouveaux objets imitant des objets anciens. »



    Les meubles, les rideaux, les serviettes traditionnelles et les différents objets ménagers proviennent de dons faits par les villageois. Bianca Folescu a fait les modèles de fleurs chantournées elle-même, car elle sest plu à apprendre des artisans locaux. Puis notre interlocutrice a également appris des choses sur la broderie dobrogéenne, sur lartisanat de la région, sur larchitecture traditionnelle, et elle a commencé à collaborer avec les musées dart traditionnel de Constanţa et de Tulcea (les deux dans le sud-est).


    (Trad. : Ligia)


  • L’Eco-chèvre

    L’Eco-chèvre

    Il s’agit d’us et coutumes tels que le colindat (soit la présentation des vœux par un groupe qui va de maison en maison chanter des cantiques ou présenter une coutume) avec lOurs ou la Chèvre, cette dernière étant appelée Cerf à Hunedoara, Ţurcă en Moldavie et en Transylvanie, Boriţă dans le sud de la Transylvanie ou Brezaie, en Munténie et en Olténie.



    Toutefois, aujourdhui, nous parlons dune autre Chèvre qui anime le colindat : lEco-Chèvre, un projet-manifeste dactivation participative par lart. LEco-chèvre est une chèvre recyclée, qui adapte les vœux traditionnels de la « Chèvre » à la réalité actuelle, à savoir la nécessité dun recyclage responsable du plastique. Nous avons parlé de ce projet avec Alina Tofan, actrice et éco-artiste :



    « Depuis lannée dernière, jai essayé ce projet appelé Eco-chèvre ; cest une réaction et un manifeste contre le consumérisme exacerbé et le gaspillage produit pendant les fêtes. Elle est faite de plastique et non seulement. Lannée dernière, elle a été confectionnée à partir des restes demballages que nous avions…, et cette année, nous avons choisi de la faire à partir demballages pour les cadeaux de fêtes. Dune manière ou dune autre, cest un événement en soi, nous allons au colindat avec les partenaires du projet, nous avons adapté le texte traditionnel de la Chèvre pour le rendre beaucoup plus écologique, comme une sorte de manifeste contre ces choses-là. »



    « Cest une chèvre recyclée, de plastique enveloppée… » disent les vers qui ont accompagné le colindat. Alina Tofan précise :



    « Lannée dernière, nous avons également fait une vidéo, nous lavons filmée à la mer Noire et cétait vraiment intéressant dêtre là le premier jour de lannée. Il y avait beaucoup de gens sur la falaise à Mamaia et Constanţa et ils nous ont vus, donc la Chèvre elle-même est devenue un manifeste. Surtout les enfants ont beaucoup résonné avec cette idée et lont comprise. Ils disaient : ah, regardez, elle est faite de plastique ! En dautres termes, nous consommons un peu trop ! Et cette année, nous sommes allés au marché dObor (un grand marché de la capitale) et nous nous sommes photographiés dans des endroits que nous considérions comme emblématiques pour le gaspillage et la pollution engendrés par les fêtes. Cest-à-dire dans les endroits où on vend les sapins de Noël, qui sont emballés dans du plastique. Nous avons déjà pris la pose dans des endroits où on vend beaucoup dobjets en plastique, aux côtés dacheteurs marchant vers le centre commercial ou sur le marché, à côté de ceux qui portaient des sacs pleins. Et en quelque sorte, cest précisément ce que nous voulons capturer – le fait que nous passons indifférents devant tout le gaspillage que chacun de nous laisse derrière soi, dans sa course-poursuite aux cadeaux, sans même sen rendre compte. Et cela est capturé dans des photos. Certes, nous avons aussi croisé les chanteurs de noëls avec leurs masques et leurs costumes traditionnels. Ce fut très intéressant, puisque tout un dialogue sest créé entre ma collègue photographe, Diana Păun, moi et ces danseurs folkloriques, un véritable dialogue entre deux types de spectacle. A mon avis, ce fut une rencontre importante. »



    Selon la tradition folklorique, la Chèvre qui doit mourir demande laide des personnes auxquelles on présente les vœux pour être resuscitée. Pour sa part, lEco-chèvre demande aux gens de lui donner ses bouteilles en plastique vides pour quelle puisse ressusciter. Pratiquement, pendant le colindat, elle collecte le plastique pour le recycler. Les gens ont très bien reçu cette initiative, a constaté notre invitée :



    « Le projet a été très apprécié et très encouragé par les gens, qui ont tous remarqué son côté inédit. On nous arrêtait souvent dans la rue pour nous demander sil était possible dacheter une telle chèvre. Pour dautres, cest juste une mode passagère. Mais nous, on est contents de pouvoir au moins éveiller les consciences sur la pollution au plastique, sur la consommation exagérée de plastique. Le simple fait de voir cette Eco-chèvre doit être une sonnette dalarme. »



    Dailleurs cette « Eco-chèvre » nest quune partie dune initiative plus ample en matière de recyclage. Alina Tofan explique :



    « Cela fait partie dun projet plus grand que Georgiana Vlahbei et moi nous avons mis sur pied. Notre groupe sappelle « Plastic Art Performance » (Spectacles dart au plastique) et il fait la promotion de lart écologique, des spectacles écologiques, des pratiques durables dans lart. Nous espérons bien aider à changer les mentalités et à faire connaître au public des concepts nouveaux comme léco-spiritualité, par exemple, et à les adapter à lespace culturel roumain. »



    Cest le moment de mettre ensemble art et protection de lenvironnement. Cest ce que notre invitée veut dire et ce quelle tente de faire par son projet co-financé par lAdministration du Fonds culturel national. Lart doit parler aussi de lenvironnement, donner des pistes de réflexion au public, mettre en question les mauvaises pratiques et promouvoir les bonnes pratiques. Lart lui-même doit être favorable à lenvironnement. Autant de sujets que ce projet place sous les projecteurs. (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)




  • Histoires de vie découvertes en 2021

    Histoires de vie découvertes en 2021

    Nous avons accompagné dans les écoles le programme déducation nutritionnelle « Goûte attentivement, profite du moment », lancé suite à lidentification dune tendance mondiale chez les jeunes à choisir des collations plutôt que des repas copieux ou à les éviter, de peur de grossir. Florentina Baloş, ambassadrice « Goûte attentivement, profite du moment » nous a dit :



    « Goûte attentivement. Profite du moment » est ciblé sur l’attention que l’on doit prêter aux repas afin de profiter de l’instant présent, de savourer le goût des aliments, d’y prendre plaisir, car les goûters font partie de notre vie. Lancé par lAssociation « Sută la Sută Românesc », le projet a été initié en partenariat avec l’Autorité nationale pour la protection du consommateur et 5 lycées de Bucarest. Les études ont montré que les jeunes préfèrent les goûters aux repas consistants, ce qui fait que des questions telles « qu’est-ce qu’on mange ? », « pourquoi mange-t-on ? » et « comment mange-t-on ? » restent en quelque sorte sans réponse. On mange de manière chaotique, souvent on ne sait même pas de quoi on se nourrit, puisqu’on ne lit pas les étiquettes. Du coup, notre projet se propose d’informer et d’éduquer le jeune public dans cette direction ».



    Un autre projet – une histoire émouvante – nous a menés dans la commune dAugustin, dans le département de Braşov (centre). Une commune de 1 900 habitants, dont beaucoup sont très pauvres et la moitié dorigine rom, où deux enseignants ont jeté les fondements du projet Edubuzz ou le bus dapprentissage. Natalia Ginghină et Adrian Secal sont les enseignants qui ont créé Edubuzz, un projet caritatif auquel la joueuse de tennis roumaine Simona Halep a également contribué. Adrian nous a dit à propos dEdubuzz que :



    « Cet espace permet aux enfants de suivre des cours de rattrapage une fois les heures de classe terminées. On a voulu aménager un endroit en dehors de l’école, mais à proximité de celle-ci, afin que les gamins puissent y rester, une fois la journée d’école finie. On a de nombreux enfants jamais inscrits à l’école ou en situation de décrochage scolaire. C’est une communauté frappée par un taux d’abandon scolaire et d’absentéisme élevé, et le nombre d’enfants qui ne fréquentent pas les cours est très grand. Cest pourquoi on a décidé de leur offrir la possibilité de suivre des cours de rattrapage ou même dapprendre, car certains nont peut-être même pas été en classe du tout jusquici. »



    Et Natalia a complété :



    « L’idée d’un tel bus a été alimentée par notre besoin de passer davantage de temps avec les enfants, même en dehors des heures de classe, afin de pouvoir leur proposer plus d’activités à faire ensemble. Mais, une fois qu’on a aménagé le bus et qu’on a donc trouvé cette idée, cet endroit n’est plus destiné à nos élèves seulement ; il est là pour accueillir aussi d’autres enfants, comme par exemple ceux qui ne fréquentent pas l’école pour une raison ou pour une autre. C’est une sorte d’endroit qui accueille les enfants après la journée d’école, sauf qu’il a fini par servir aussi de salle de classe. »



    HORA, la fabrique d’instruments de musique en bois de Reghin (est de la Roumanie), est la plus grande d’Europe. En 2021, elle a fêté son 70e anniversaire. Défiant les bouleversements causés par la pandémie, HORA a réussi à lancer sur le marché trois nouveaux produits. Quel que soit le domaine d’activité, il faut s’adapter à l’économie de marché, affirme Dorin Man, son directeur technique, qui explique :



    « Notre fabrique a développé trois grandes chaînes de production. Il y a tout d’abord celle consacrée à la fabrication de guitares. Vient ensuite la ligne de production d’instruments à archet : violons, violes, violoncelles, contrebasses et éventuellement certains autres instruments de ce type, tel le psautier. Là aussi la gamme est très large, en fonction des essences de bois utilisées, de la structure, des couleurs et de la qualité. Cette dernière varie suivant que les instruments s’adressent à des joueurs débutants, avancés ou professionnels. La troisième chaîne de production, créée dans le but d’accroître la diversité dans le contexte du marché international, est celle des instruments spécifiques des différentes communautés ethniques. Nous avons donc fabriqué l’instrument à percussion appelé cajon, ainsi que le violon trompette ou à pavillon, spécifique à la région de Bihor (ouest). Nous avons également amélioré les guitares électriques et lancé sur le marché deux types de guitares solo électriques. »



    Une autre histoire merveilleuse, cest celle de la journaliste et écrivaine Janneke Vos de Groot, originaire des Pays-Bas, qui sest installée avec son époux en Roumanie voici 15 ans. Passionnés par la vie dans la nature et par les chevaux islandais, le couple sest établi dans le village de Oarba de Mureş, appartenant à la ville de Iernut (centre), et vit dans un environnement naturel et même développe le tourisme rural dans la région. Janneke Vos de Groot a écrit six livres sur la Roumanie, principalement sur la région quils habitent, et a ainsi tenté plusieurs touristes à venir connaître notre pays. Et quand ils viennent dans la région, elle emmène les visiteurs partout.



    « D’habitude je les emmène à Brașov, à Cluj – ce sont de belles villes. Après, quand je leur demande ce qu’ils ont aimé le plus, ils me répondent toujours : Oarba de Mureș, la campagne, voir comment vivent et travaillent les gens. Souvent, les femmes du village préparent une « ciorba », une soupe aigre du coin, et un autre plat traditionnel pour le groupe de touristes et ça fait toujours son effet. Même une visite du Palais du Parlement de Bucarest n’est pas aussi populaire qu’un déjeuner à Oarba de Mureș ! »



    Nous avons rassemblé de nombreuses histoires, racontées pour embellir votre journée ! Et cest ce que nous promettons de faire cette année aussi.


    (Trad.: Ligia)

  • La rétrospective des projets artistiques les plus inédits de 2021

    La rétrospective des projets artistiques les plus inédits de 2021



    Lart doit être accessible à tous. Ce nest pas un domaine réservé à une certaine catégorie privilégiée, tout au contraire: son but est doffrir des expériences enrichissantes à tout un chacun. Voilà pourquoi de temps en temps, il faut que lart sorte des salles des musées pour conquérir des espaces moins conventionnels. Cest de telles manifestations artistiques que nous allons parler dans les minutes su ivantes, en vous invitant à remémorer ensemble les expériences artistiques les plus inédites que RRI vous a proposées dans le courant de lannée dernière. Et nous allons commencer par vous rappeler le travail surprenant dAdrian Ionuţ Luţă, professeur déducation plastique au Palais des enfants de Râmnicu Vâlcea qui a peint sur les 58 panneaux vitrés installés sur le pont enjambant la rivière Olăneşti, des bâtiments historiques et des monuments dont certains nexistent plus de nos jours. Un travail digne du Livre des Records.


    Lart nous inspire et souvent, il nous amuse. Il suffit de repenser au projet “Museum Quest”, qui a permis à son initiatrice, Catalina Stanciu, de mélanger ladrénaline dun jeu dévasion à la joie dune chasse aux indices culturels.


    Et puis, ce fut toujours dans le courant de lannée dernière quune petite équipe de quatre jeunes a lancé une plateforme en ligne censée permettre aux curieux de visiter virtuellement les musées des villages roumains. Aux 28 musées actuellement disponibles dautres sajouteront bientôt. Ionuţ Toderaşcu, – éditeur visuel et photographe documentariste, affirmait: « A compter du 1er décembre dernier, le public est invité à explorer une nouvelle plateforme Muzeedelasat, consacrée aux musées ruraux. On a commencé par répertorier les musées des 8 départements de la région de Moldavie roumaine, et les deux ou trois prochaines années, on espère pouvoir parcourir tout le pays afin de faire une radiographie complète des musées existants dans nos villages. La plateforme propose donc des tours virtuels, des photographies que nous avons réalisés et des informations recueillies sur place. »


    La plateforme www.muzeedelasat.ro est disponible en roumain et en anglais. Derrière ce projet on retrouve Cosmin Murărașu – chef de projet et technicien flux numérique 3 D, Ionuț Toderașcu – éditeur visuel et photographe documentariste, Nicoleta Felea – rédactrice publicitaire, chargée de la promotion, et Silvia-Alexandra Nistor, traductrice.


    Le Musée National dArt Contemporain de Bucarest ne cesse pas de nous surprendre. Après des expositions non conventionnels, des collections renouvelées tous les six mois ou des installations géantes qui surprennent les visiteurs dès lentrée, voilà que linstitution a du se réinventer pour survivre à la pandémie. Du coup, il a mis en place une série de projets censés attirer le jeune public vers le musée. Cest comme cela que des ateliers sur différents thèmes tels “Lart contemporain depuis le plancton au voyage intergalactique” censé expliquer aux petits les collections permanentes, “Regard sur lHistoire de 1947 à 2007” sur lart contemporain en général, “Une nuit au musée” sur la signification des oeuvres des collections permanente ou encore “LArt par correspondance” qui rapproche le public jeune de celui âgé ont été mis en place. Astrid Bogdan, bibliothécaire au Musée national dart contemporain nous explique les débuts du projet « Weekends au MNAC – Soirées de lecture pour les petits ». « A la fin de lannée dernière, mes collègues et moi avons lancé « Les soirées de lecture au MNAC ». Pratiquement, nous avons rendez-vous, petits et grands, chaque vendredi à 19 h pour lire des histoires de la bibliothèque du Musée. Petit à petit, nous essayons dintroduire dans ces sessions, conçues autour de la lecture, des interventions visuelles dillustrateurs de livres ou des interventions musicales. Nous souhaitons enrichir le texte avec des images et des sons. Il ny a pas de limite dâge pour participer aux ateliers, que nous voulons les plus ouverts qui soit. Nous souhaitons, dans le même temps, continuer la tradition des histoires racontées devant la cheminée, alors la participation est gratuite. Et, avantage dun événement virtuel, nous accueillons des participants de Roumanie et de létranger aussi. »


    Si la pandémie nous a éloignés des salles de spectacle, la danse, elle, est arrivée plus proche des gens grâce au projet “Private Body”, déroulé parallèlement à Bucarest, Cluj et Brasov, avec la participation des artistes Anamaria Guguianu, Oana Mureşanu, Cristina Lilienfeld et Cosmin Manolescu. Celui-ci expliquait: « Tout dabord, je pense que lexpérience de danser dans la ville, dans les parcs, dans les rues, dadresser la danse à des gens qui ne sont pas nécessairement des spectateurs courants de la danse contemporaine est quelque chose de très libérateur et de très fort. Cest extraordinaire quand quelquun vous sourit ou quand vous voyez que votre danse suscite une émotion pure et simple. Cest pratiquement une pause dans le temps, pendant laquelle vous pouvez profiter du moment présent. Jaime minspirer de la ville dans mes projets, de toute façon cela fait un moment que je nai plus dansé dans des salles de spectacles. Il me semble que la ville, avec ses rues, ses appartements, avec tout ce quelle est, avec larchitecture de lespace, offre beaucoup pour la danse et pour moi en tant quartiste.”


    Restez à lécoute de nos programmes pour dautres passages en revue des principaux projets ayant marqué lannée 2021. (Trad. Ioana Stancescu)