Category: La Roumanie chez elle

  • L’octogone confessionnel

    L’octogone confessionnel

    Un témoignage unique de la coexistence millénaire de plusieurs ethnies de confessions religieuses différentes sur cette partie du territoire roumain. Nous avons rencontré Valentin Coman, guide touristique, qui a accepté de nous parler plus en détail de l’histoire de ces différents monuments religieux : «Cet octogone reflète l’histoire de la ville de Constanța à partir du moment où le Sultan a décidé de construire une ligne de chemin de fer (en 1860) faisant d’un petit village de pêcheurs et de bergers une communauté tout à fait exubérante, optimiste et qui s’est développée avec une confiance inébranlable en l’avenir. C’est ainsi que sont apparu à Constanța des communautés de Grecques, d’Arméniens, de Juifs, etc. Ensuite, après la guerre d’indépendance et la mise en place d’une administration roumaine, la communauté roumaine commence naturellement à s’étendre. Chacune des communautés disposaient déjà de ses lieux de culte, la plus ancienne étant l’église grecque Metamorfosis, construite au milieu du 19ème siècle, sous le règne d’un sultan particulièrement tolérant. On raconte que le terrain sur lequel elle a été construite aurait été offert par le Sultan Abdul-Aziz. C’est à la même période qu’aurait été érigée la mosquée de Hunkiar, le plus ancien lieu de culte musulman de Constanţa, qui aurait elle-même été construite à la place d’une mosquée encore plus ancienne. »

    Valentin Coman complète : « La plupart des lieux de culte que l’on retrouve aujourd’hui dans le vieux centre de Constanţa, ville colorée, multiculturelle et cosmopolite, créée entre 1860 et le début de la 2e guerre mondiale, appartiennent à une communauté qui a pris racine à cette époque. La communauté bulgare à, malheureusement, quant à elle disparu suite à un traité plus ancien entre les états roumain et bulgare, le Traité de Craiova. On retrouve la Grande Synagogue, toujours debout, mais malheureusement très endommagée, probablement à cause de la diminution progressive de la communauté des marchands juifs qui s’est aggravée après la seconde guerre mondiale. Les 40, 50 personnes qui composent aujourd’hui la communauté juive n’avaient sûrement plus le courage d’entretenir le bâtiment. Mais la Grande synagogue est liée à un autre édifice, plus ancien, celui de la Synagogue Ashkénaze, disparue aujourd’hui, mais dont l’emplacement resté inoccupé se trouve à côté. On retrouve aussi l’Eglise arménienne. Le bâtiment que l’on connaît aujourd’hui est en fait celui de l’ancienne école arménienne. On doit à cette communauté de marchands de superbes monuments, dont la « Casa cu Lei »/ « la maison aux lions » qu’il convient de mentionner, et qui est surement le troisième plus bel édifice de la ville. Elle avait aussi une petite église en bois qui a malheureusement été détruite dans un incendie. A la place, on a reconstruit un petit cloché de pierre, accolé à l’édifice, et ce lieu de culte a pu poursuivre sa mission spirituelle. »

    La ville recèle encore bien des histoires, car comme nous l’a assuré notre interlocuteur, sous ces nombreux édifices se trouvent les ruines de la vielle basilique de Tomis. Valentin Coman nous raconte : « Nous avons ici, à Constanţa, deux lieux de culte, les plus imposants, à savoir la cathédrale des saints Pierre et Paul, premier lieu de culte orthodoxe de langue roumaine construite aux alentours de la fin du 19e siècle. Elle aussi a une histoire fabuleuse, puisqu’elle est toujours debout, malgré les ravages provoqués par les bombardements pendant la guerre. On retourne ensuite la Mosquée Carol 1e, la seule portant le nom d’un chrétien, le roi Carol 1e de Roumanie. On l’appelle aussi la mosquée du roi, en hommage au monarque qui avait autorisé sa construction, rappelant aux citoyens qu’ils étaient tous frères, égaux et tolérants les uns envers les autres, désireux de construire ensemble plutôt que de se diviser. Il s’agit aussi du premier monument de Roumanie construit en béton armé à la demande du roi qui souhaitait faire un cadeau à la communauté musulmane de Dobrogea. Un lieu qui a toujours été ouvert aux visiteurs. Sans oublier l’église catholique de St Antoine de Padoue, elle aussi construite sur le site d’une église plus ancienne encore. Comme je l’ai mentionné, les Britanniques sont venus, en 1860, construire une voie de chemin de fer reliant les villes de Constanţa et Medgidia dans un premier temps, avant d’être prolongée jusqu’à Cernavodă. La construction de cette église a donc été très très compliquée, elle a demandé de nombreux efforts et nécessité beaucoup de dons. Cela ne fait que rendre son histoire encore plus belle. Pendant la seconde guerre mondiale, l’édifice, considéré comme beau et solide, a été utilisé comme dépôt de munitions par les troupes soviétiques qui avaient conquis la ville. Aujourd’hui il s’agit d’une belle cathédrale qui continue de poursuivre sa mission spirituelle. »

    L’histoire complexe d’une ville cosmopolite parfumée par les embruns de la Mer Noire qui mérite d’être visitée.(Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Danser avec le burnout

    Danser avec le burnout

    Elles
    vivent au même rythme que la plupart d’entre nous. Elles font face aux mêmes
    défis que nous tous. Mais avec une
    sensibilité plus marquée. Les trois femmes dont nous allons parler aujourd’hui
    ont décidé d’explorer plus en profondeur le phénomène du burnout et de trouver des solutions pour lui échapper et s’en
    sortir.


    De cette
    ambition sont nés plusieurs projets de résidence visant à explorer ce
    phénomène, ainsi que plusieurs performances et expériences inoubliables qui se
    poursuivent encore aujourd’hui. Alors, lançons-nous, prenons cette
    problématique à bras le corps, en compagnie de la chorégraphe Andreea Novac, à
    l’origine du projet Burnout :


    Andreea Novac : « Burnout est né du besoin ou
    plutôt d’une réalité, celle à laquelle j’étais moi-même confrontée l’année
    dernière. Je sors d’une période de plusieurs années qui m’ont
    « brûlée ». Et l’année dernière, alors que j’étais complètement vidée
    d’énergie, je sentais qu’il fallait que je continue malgré tout. J’ai alors
    rédigé ce projet sur le burnout. Et aussi, un point important :
    j’entendais beaucoup de gens parler de ce phénomène dans mon entourage, surtout
    professionnel. A chaque fois, lorsque je le pouvais, je leur demandais comment
    ils se sentaient et ils me répondaient « je suis épuisé ! je n’en
    peux plus, je ne sais plus rien, je n’ai plus envie de rien ». J’ai donc
    rédigé ce projet que j’ai déposé à l’AFCN (l’administration du fond culturel
    national) qui a accepté de le financer. J’avais très envie d’explorer cette
    notion de burnout sous plusieurs angles, pas seulement d’un point de vue
    artistique. J’avais envie de comprendre le burnout dans un contexte un peu plus
    large, social, comprendre comment on en arrive là, pourquoi on n’arrive plus à
    rattraper, par exemple, ou pourquoi on ne s’autorise plus à se reposer. J’au
    aussi eu envie de comprendre les effets du burnout sur moi-même, et là je parle
    des conséquences psychologiques, mais j’ai aussi cherché à comprendre ce que
    cela impliquait sur le plan physique, car le burnout se manifeste aussi
    physiquement, pas seulement psychologiquement, le corps se transforme aussi. C’est
    comme ça que j’ai débuté le projet. J’ai
    commencé en partant de cette idée, qui a ensuite ouvert trois directions
    différentes. Car nous étions trois artistes à participer.
    »




    Nous nous sommes entretenus avec Alina Uşurelu, artiste visuel et
    performeuse qui nous a raconté son
    expérience dans le cadre de ce projet :






    Alina Uşurelu: « Le projet Burnout est à l’initiative de la chorégraphe Andreea
    Novac, qui nous a invités à participer, Irina Marinescu et moi-même. L’année
    dernière elle nous a proposé une collaboration avec l’idée que nous sommes des
    chercheuses qui abordent la question du burnout sous un angle différent. Nous
    sommes chacune partie en résidence dans différentes villes de Roumanie. Par
    exemple moi je suis allée à Cluj.
    Là-bas, j’ai effectué mes recherches sur le burnout dans la Casa
    Tranzit, avec Roxana, qui est médecin, et avec qui j’ai étudié ce phénomène de
    burnout en me penchant sur les trois dernières années de pandémies et de
    guerre. Et d’une certaine manière, ce flux d’informations extrêmement puissant
    nous a bouleversées sur le plan émotionnel et nous a submergées sans que nous
    ne nous y attendions. Personnellement, je me suis rendue compte que, comme
    beaucoup dans le domaine culturel ou artistique, j’ai tendance à
    m’enthousiasmer et à plonger à corps perdu dans un processus, et je finis par
    me « brûler » toute seule. Ca a été une expérience déterminante pour
    moi qui m’a appris à m’autoréguler dans ce contexte. Notre société nous pousse
    à jouer plusieurs rôles et nous ne sommes plus en mesure de faire le tri, pour
    ne jouer que ceux qui nous intéressent. Et nous n’avons plus la capacité de
    juger si nous sommes en mesure de jouer le rôle qui nous est imposé par le
    monde extérieur. J’aimerais aller plus loin dans ce projet. J’ai déjà vécu une
    expérience complètement différente lorsque j’étais à Cluj. J’ai présenté ce
    projet, qui a été pour moi une expérience unique, à l’AREAL de Bucarest ainsi
    que dans la vitrine de la Galerie Suprainfinit. Je souhaiterais désormais
    pouvoir le mettre en avant dans d’autres espaces, qui soient encore plus
    déroutants pour moi, mais aussi pour le public
    ».




    Irina
    Marinescu, chorégraphe et danseuse, ajoute :




    Irina Marinescu: « Pour moi ce projet a été très très
    révélateur, et m’a donné de nombreuses pistes de travail. C’est aussi un
    travail personnel, pour ne plus se retrouver en situation de burnout. Car ce
    projet est né de notre volonté à toutes les trois, de notre besoin profond de
    regarder droit dans les yeux un problème qui nous concerne nous, mais aussi
    d’autres. De nombreuses personnes dans différents domaines sont touchées par ce
    phénomène. Je continue à explorer le sujet, car l’année dernière, deux pistes
    de travail ont émergé pendant ma résidence : la mise en place d’un atelier
    de danse pour récupérer après un burnout, et le partage de ces informations
    dans la formation en danse-thérapie que je suis actuellement. Aussi bien le
    projet de danse proprement dit que le processus du travail, j’aimerais bien les
    continuer pour les présenter dans d’autres espaces aussi. Ma résidence s’est
    déroulée près des Gorges de la Nera et du coup, avec mes collègues, on a
    compris ce qu’un vrai repos veut dire. Nos ateliers ont été donc organisés au
    cœur de la nature. Que ça soit Socolari ou à Bucarest, mon travail s’est
    concentré sur l’idée de réconfort, de détente. Une occasion pour remettre en
    valeur le rôle des berceuses. Le fait de sortir au cœur de la nature a un fort
    impact, puisque le spectacle gagne en potentiel. J’aime bien travailler sur de
    tels projets qui rassemblent les gens. Dans le cas de mon atelier, au symbole
    de la berceuse s’ajoute celui du tricotage et du fait que les participants sont
    attachés les uns aux autres à l’aide d’un fil. C’est un geste symbolique dans
    une société dominée par tous ces cahiers de charges qui nous incombent malgré
    nous
    ».

    Les
    experts affirment que pour lutter contre le Burnout il faudrait s’accorder au
    moins dix minutes en début de journée ou pendant la journée à ne rien faire,
    juste pour nous connecter au propre corps. Cela nous permettre de voir plus
    facilement les choses qui s’avèrent essentielles et celles qu’on pourrait
    supprimer.

  • « Sus, inima ! », un nouvel exemple pour la société civile européenne

    « Sus, inima ! », un nouvel exemple pour la société civile européenne

    Le Comité économique et social
    européen (CESE) a décerné des
    prix à six organisations de la société civile en décembre dernier pour leurs
    projets exceptionnels qui illustrent l’engagement de la société civile à créer
    un avenir meilleur pour les jeunes européens et à atténuer les souffrances
    auxquelles sont confrontés les Ukrainiens à la suite de l’invasion brutale de
    leur pays par la Russie. Exceptionnellement, en 2022, deux groupes
    de lauréats ont été récompensés, répartis en deux catégories thématiques :
    l’autonomisation des jeunes et la société civile européenne aux côtés de
    l’Ukraine. L’association « Sus, inima » « Haut les cœurs » de
    Roumanie a obtenu le Grand Prix de la Société
    Civile Européenne 2022, dans la catégorie « Société Civile Européenne aux
    côtés de l’Ukraine » pour son projet « Intégration Rapide des
    Réfugiés Ukrainiens dans la Société Roumaine – Point focal du département de
    Sibiu ». Lu
    Knobloch, directeur chargé de développement nous explique comment l’association
    en est arrivée là :




    « L’association « Sus, inima » est née en 2015 du besoin des
    patients oncologiques et de leur proches d’avoir accès à l’information, aux
    thérapies complémentaires, aux
    thérapies traditionnelles ou
    naturelles, d’ordre médical ou psychologique. Et petit à petit, notre activité
    s’est développée. Chaque année, nous avons ouvert un nouvel établissement « Sus,
    inima », où les personnes souffrant d’un cancer peuvent être logées durant
    leurs traitements, car en Roumanie, il n’existe pas de centres de soin dans
    toutes les grandes villes. Des patients de nombreux départements viennent à
    Bucarest, par exemple, ou à Sibiu. Là ils ont besoin d’un logement pour ne pas
    avoir à abandonner le traitement faute de moyens de rester dans un hôtel ou une
    maison d’hôtes. Puis la pandémie est arrivée et nous avons commencé à
    collaborer avec la Fondation communautaire de Sibiu, la Croix-Rouge et toutes
    les autres institutions au service de la société civile. Après, ça a été la
    guerre en Ukraine, et en collaborant avec ce même réseau, nous avons
    essentiellement commencé à développer des initiatives pour soutenir, intégrer
    et inclure les réfugiés ukrainiens dans la société roumaine. »




    Que représente le Grand Prix de la
    Société Civile Européenne 2022 pour l’association « Sus,
    inima » ? Lu
    Knobloch nous raconte :






    « C’est un immense honneur, surtout
    parce qu’il s’agit d’une reconnaissance fantastique de notre travail. C’est une
    belle mission, mais très difficile. Nous sommes une très grosse équipe,
    composée de 48 personnes, dont 28 réfugiés ukrainiens. Car comment travailler
    pour eux sans travailler main dans la main avec eux ? Ce prix est la
    reconnaissance de notre immense effort et c’est aussi un encouragement pour
    continuer à aller de l’avant et développer d’autres projets. »




    Jusqu’à aujourd’hui, cette ONG
    a aidé des milliers de réfugiés venus d’Ukraine voisine. « Sus
    inima » a développé une série de projets pour les épauler, allant de la
    scolarité à la recherche d’un emploi, en passant par le soutien psychologique
    et le suivi médical. Des projets qui ont permis aux familles ukrainiennes de
    s’intégrer plus facilement au sein de la société roumaine, en leur donnant un
    sentiment d’appartenance et de sécurité, aussi bien physique que mentale. Lu
    Knobloch nous donne quelques détails :




    « Nous avons commencé notre activité dès que
    la guerre en Ukraine a éclaté, nous nous sommes impliqués pour les aider à
    transiter, à se loger, à avoir accès aux soins médicaux et psychologiques, aux
    services sociaux, bref, à tout. Ensuite, le printemps dernier, nous avons mis sur pied un centre éducatif
    afin que les parents puissent y laisser leurs enfants et intégrer le marché du
    travail. Cela a révélé le besoin des enfants réfugiés d’être scolarisés dans leur
    langue maternelle. Nous avons donc ouvert une école primaire, un collège, un
    lycée, trois maternelles et deux crèches, afin de répondre à tous ces besoins,
    sans quoi l’intégration socio-économique est impossible. Il est ici question de
    réfugiés, ou plutôt d’un groupe de réfugiés, composé de mères et de leurs
    enfants. Si une mère n’a nulle part où
    laisser son enfant de la journée, comment peut-elle se rendre disponible pour aller
    travailler ? Nous essayons donc de répondre aux besoins qui nous semblent
    primordiaux de façon pragmatique, en apportant des solutions concrètes. Nous
    n’avons rien inventé, nous avons simplement répondu à une problématique, étape
    par étape, et tenté d’y apporter des solutions
    ».






    Le montant du Grand Prix de la
    Société Civile Européenne 2022 s’élève à 60 000 euros et a été réparti entre
    les six projets vainqueurs. L’association « Sus inima » a remporté le 1e
    prix, d’une valeur de 14 000 euros. C’est ce qui avait poussé l’ONG à déposer
    une candidature, afin de pouvoir ensuite investir cet argent dans de nouveaux
    projets, comme l’explique Lu Knobloch, qui nous donne plus de détails sur la
    suite des évènements :






    « Notre prochain projet, directement
    lié à l’inclusion à moyen et à long terme, s’intitule « Sus inima
    place ». Un projet qui vise à faire jouer ensemble les enfants roumains et
    les enfants réfugiés ukrainiens, dans le cadre d’ateliers créatifs, de musique,
    de danse, de performances artistiques ou encore de théâtre, animés par des
    professionnels roumains ou étrangers. Notre objectif est de démontrer que la culture
    est un moyen de créer des liens et peut unir, quelques soient nos différences,
    nos origines ou même notre langue maternelle.
    »






    Le 2e prix de la catégorie « Société
    Civile Européenne aux côtés de l’Ukraine » a été décerné à la fondation
    espagnole Villavecchia, et le
    3e à l’association des Scouts et Guides de Pologne. Des prix qui
    viennent saluer les efforts et le travail essentiel effectué par la société
    civile pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens qui ne savent pas quand ils
    pourront retrouver leur terre natale.

  • L’alpiniste malvoyant Alexandru Benchea

    L’alpiniste malvoyant Alexandru Benchea

    Son premier
    contact avec la montagne a eu lieu il y a 5 ans seulement, en compagnie d’un
    ami, à Cluj. Puis, il a continué aux côtés de ses collègues de la faculté de
    Cluj. L’année dernière, il a été récompensé par le Club Alpin Roumain du
    Trophée « Zsolt Török » pour avoir conquis les sommets d’Elbrous,
    Kilimandjaro et Mont Blanc. Notre invité d’aujourd’hui n’est pas un alpiniste
    comme les autres. Il s’appelle Alexandru Benchea et il est malvoyant. Il se
    donne une mission très audacieuse : escalader les « Sept Sommets »,
    dont il en a déjà parcouru 3. Il lui reste à conquérir 4 montagnes :
    l’Everest, McKinley, Mount Vinson et le sommet de Carstensz.


    Avant toute
    chose, voyons d’où vient sa passion pour la montagne : « Tout a commencé il y a 5 ans quand un tel exploit est devenu possible
    grâce à un mentor de Cluj aux côtés duquel j’ai escaladé en première, une
    montagne. Il m’avait encouragé et montré ce que la montagne signifiait. Ce fut
    justement le fait qu’il m’a donné tellement de confiance, qu’il était si persuadé
    que je vais réussir, que du coup, je me suis ambitionné. Puis, j’ai continué à
    grimper sur les montagnes aux côtés de mes collègues de faculté, des
    professeurs aussi, puisqu’à l’époque, j’étudiais la Géographie à Cluj. Par la
    suite, j’ai rejoint le Club Sportif Climb Again, grâce auquel j’ai réussi à
    escalader les premiers sommets hauts de plusieurs milliers de mètres. C’est là-bas
    que j’ai trouvé tout le support aussi bien financier, que logistique, et tout l’équipement
    dont j’avais besoin. »




    Avant de
    s’aventurer sur des sommets de plus de 4 000 m qui nécessitent une technique
    avancée et un équipement très performant, tels le Mont Blanc (4 805 m) ou le
    Matterhorn (4 478 m), Alexandru Benchea a commencé doucement, se souvient-il
    encore : « L’escalade, je l’ai apprise pas à pas. Au début, ce ne fut pas facile.
    Lorsque j’ai fait mes premiers itinéraires, je ne savais pas utiliser les
    bâtons de randonnée. C’est sur le Mont Blanc que je l’ai appris et cela m’a été
    très utile. Puis, les gens me demandaient souvent comment je fais pour
    m’orienter en montagne. Que je vous explique : si le sentier est large,
    alors je reste à côté du guide, je le tiens par le bras et, un bâton de
    randonnée dans l’autre main, je m’oriente sur le terrain. C’est déjà un
    automatisme : je me sers du bâton pour détecter les potentiels obstacles
    avant de mettre le pied. Si le sentier est étroit, alors je marche derrière le
    guide, je le tiens par son sac à dos et avec l’autre main je me sers de mon
    bâton pour garder mon équilibre. Enfin, sur un glacier, le guide marche devant
    moi, à une distance de deux-trois mètres, nous sommes attachés l’un à l’autre par
    une corde et, dans ce cas, je me sers de mes deux bras pour délimiter le
    sentier et le parcourir
    ».




    La
    technique s’avère donc très importante pour ce jeune malvoyant surnomme
    « l’alpiniste aux yeux blancs ». Alexandru Benchea nous raconte maintenant
    comment il s’entraîne : « Ca dépend de mon objectif. Si mon intention est d’escalader une montagne
    plus haute, l’entraînement principal comporte des sessions cardio, des courses
    à pied, des randonnées en montagne, des tests d’endurance ou encore des séances
    sur un simulateur de marche. J’ai aussi fait de la natation, ce qui aide
    beaucoup la partie cardio. En revanche, s’il y a des demandes plus techniques,
    je m’entraîne beaucoup dans une salle d’escalade, sur un mur artificiel. Cela
    me permet d’entraîner tout mon corps. Il en va de même pour la partie cardio,
    puisque les montagnes ont un terrain mixte – on y grimpe beaucoup, mais il y a
    aussi des pentes douces qui s’apprêtent à la randonnée ».




    Pas
    facile du tout sans doute, surtout pour une personne malvoyante. Après tant
    d’effort, quel est le sentiment qu’il éprouve une fois arrivé au
    sommet ? Alexandru Benchea
    répond : « Le plus souvent, c’est un sentiment de bonheur, d’accomplissement !
    C’est quelque chose de très profond, très intime, très humain ! C’est
    comme si j’avais gagné la grande cagnotte du Loto. C’est un sentiment de joie d’avoir
    atteint mon objectif et d’avoir dépassé mes limites. Il ne faut pas oublier
    qu’une fois arrivé en haut, je dois aussi descendre. Mais quand je suis au
    sommet, je suis vraiment très heureux et je pense au moment où je serai de
    retour chez moi ou parmi les gens et j’aurai l’occasion de leur faire part de
    mon expérience.»




    Muni d’une volonté hors du commun, Alexandru Benchea a consacré sa vie à
    cette mission : dépasser les limites physiques et mentales et escalader les
    plus hauts sommets de la planète. Malvoyant de naissance, il a su y compenser,
    en développant ses autres sens, si bien qu’il arrive à se débrouiller
    parfaitement tant dans la vie quotidienne, que sur les sentiers des montagnes.
    Il est la preuve que le mot « impossible » n’existe pas pour certaines
    personnes. (trad. Valentina Beleavski)

  • Plantez un arbre à leur mémoire

    Plantez un arbre à leur mémoire

    En Israël, on plante des arbres en
    mémoire des êtres chers qui nous ont quittés. Au Royaume-uni, les familles ont
    la possibilité de payer et de demander à leur mairie de faire installer un banc
    à l’endroit où aimait se rendre leur proche défunt. Récemment, un projet
    similaire a été lancé par l’association « Zi de bine », intitulé
    « plantez à leur mémoire ». Il s’agit du premier projet auquel Claudia
    Udrescu travaille depuis le décès de son père, et c’est pour cela qu’elle a
    accepté de nous parler de cette initiative :






    Claudia Udrescu : « « Plantez à leur mémoire »
    est né du besoin d’expriemr le deuil dans l’espace public. Comment ? Melania
    Medeleanu (fondatrice du centre communautaire « Zi de bine ») a
    rencontré quelqu’un qui avait perdu plusieurs proches dans un accident de la
    route. Cette personne essayait de parler de ces êtres chers qu’elle ne
    reverrait plus. Et la seule réponse qu’elle obtenait était « ça va
    passer », « le temps guérit les blessures », « sois
    forte » ou « ne pleure pas ». Alors qu’elle ne souhaitait qu’une
    seule chose, pouvoir exprimer son chagrin, retenir un peu plus longtemps près
    d’elle ces proches désormais disparus. Elle a pourtant continué à essayer d’en
    parler, mais s’est finalement retrouvée seule face au silence. Plus personne ne
    l’appelait. Puis lui est venu à l’esprit le film « Coco » et cette
    idée que nous cessons d’exister le jour où meurt la dernière personne qui se
    souvient de nous. Nous nous sommes donc demandés comment faire. Comment
    permettre à nos défunts de continuer d’exister même après la mort ? C’est
    ainsi qu’est née l’idée de notre site internet plantațiînamintire.ro, qui met
    en ligne des souvenirs des personnes qui nous sont chères et qui nous ont
    quittés. Certains souvenirs sont à la fois bouleversants et magnifiques, et
    chaque mot pèse très lourd. Nous vous encourageons à les lire. Après le site, a
    émergé l’idée de la plantation d’arbres, car l’arbre est un symbole de vie,
    mais aussi de matérialité. Un arbre peut être étreint. Et notre projet consiste
    à relier le récit d’un défunt à son arbre, auquel on peut avoir accès grâce à
    un QR code. »







    C’est ainsi qu’au début du mois de
    novembre est apparu le premier parc rempli d’arbres à souvenir. Claudia Udrescu
    nous raconte :« Le premier parc à souvenir de Roumanie est donc né à Lugoj, et
    nous l’avons inauguré le 5 novembre. Vu du dessus, le parc a la forme du
    symbole de l’infini, et se compose de 100 bouleaux qui racontent la douleur et
    le chagrin, avec un gincobiloba au milieu, qui symbolise la vie. Voilà donc 100
    souvenirs réunis dans un parc de 100 bouleaux, en plein cœur de la Roumanie. Le
    moment de l’inauguration a été particulièrement émouvant. Nous étions entourés
    de plusieurs dizaines de personnes venues déposer leur plaque avec le QR code
    qui relie l’arbre au souvenir de leur défunt. Quelqu’un nous a dit « grâce
    à cet arbre que j’ai planté, les jours de novembre seront toujours verts, même
    si en automne les feuilles des arbres jaunissent ». Un autre a ajouté
    « J’ai le cœur plus léger maintenant que le souvenir de ma mère n’est plus
    prisonnier de mon âme, que ce bouleau lui donne un nouvel espace pour
    exister ». Quoi de plus vivant qu’un parc dans lequel les générations
    futures pourront se promener, jouer, trouver refuge à l’ombre de ces arbres
    majestueux plantés à la mémoire de nos proches disparus ? »






    Une démarche qui permet à la vie de continuer,
    comme nous l’explique Claudia Udrescu : « Ce
    parc transforme le deuil et le chagrin en vie. Les gens sont venus de Brasov,
    Plopeni, Craiova, Timişoara ou encore de Bucarest. Certains sont venus juste
    pour étreindre un arbre, car ils en éprouvaient le besoin. Quelqu’un nous a dit
    qu’il viendrait arroser son arbre pour qu’il pousse. Il est resté là des
    heures, assis sur le banc à regarder l’arbre. Beaucoup de messages ont été
    échangés sur whatsapp, car beaucoup parmi ceux qui ont planté un arbre sont partis
    à l’étranger. Nous vous encourageons à lire tous ces souvenirs partagés qui ont
    été écris dans le chagrin mais avec amour, et que vous pouvez retrouver sur
    notre site. Car croyez le bien, rien ne vous fait sentir plus vivant que
    l’amour avec lequel ces souvenirs ont été rédigés, le soin avec lequel chaque
    mot a été choisi pour raconter. Nous mesurons la douleur cachée derrière chacun
    de ces récits, et nous vous remercions de votre confiance. Nous tenons aussi à
    rappeler que ce mois de novembre est consacré à rendre hommage à tous ces êtres
    chers disparus et qui restent dans nos cœurs, car nous souhaitons surtout
    accompagner ces personnes dans leur deuil. Une expérience par laquelle nous
    finissons tous par passer à un moment dans notre vie. »







    Il ne s’agit que d’une première étape
    car le projet va se poursuivre ^pour tous ceux qui éprouvent le besoin de
    retrouver la sérénité. Claudia Udrescu nous en dit davantage : « Ce que nous souhaitons aujourd’hui, et
    nous vous remercions de tous cœurs pour tous les messages que vous nous avez
    envoyés, c’est d’étendre ce projet dans le reste du pays. Il est essentiel
    que des projets similaires soient soutenus par d’autres mairies. Car nous nous
    occupons de planter les arbres, mais cela nécessite de l’entretien et c’est le
    rôle des mairies d’entretenir ces parcs sur le long terme, car il ne s’agit pas
    de n’importe quel parc. Ici chaque arbre représente une personne, un être
    proche, pour celui qui l’a planté. C’est avec beaucoup de joie et d’émotion que
    nous vous annonçons que les deux prochains parcs seront inaugurés à Bucarest et
    à Oradea. Les mairies soutiennent le projet et nous avons hâte que cela se
    concrétise. Car tout le monde est
    concerné, tout le monde a besoin d’un espace sacré, si j’ose dire, dans lequel
    venir déposer son chagrin pour qu’il se repose. Merci de soutenir le projet
    « Plantez en leur mémoire » en vous rendant sur notre site
    « zidebine.ro », où vous trouverez toutes les modalités pour le
    faire. Le plus simple reste encore d’envoyer « sms » au 8 8 4 5 pour
    faire un don de 2 euros par mois ».







    Aujourd’hui c’est l’automne, mais
    n’oubliez pas que le deuil, lui, dure. (Trad : Charlotte Fromenteaud)



  • Noël à l’Opéra comique pour enfants

    Noël à l’Opéra comique pour enfants

    A Bucarest, un air de fête plane sur le jardin de l’Opéra-Comique pour enfants, où son traditionnel marché
    de Noël a ouvert ses portes. Et bien que l’hiver ne soit plus aussi blanc
    qu’il l’était autrefois dans la capitale, ici, les enfants peuvent toujours
    profiter de l’atmosphère de fête et des activités spécifiques à la fin d’année,
    en plongeant dans un véritable conte de fées. Car c’est ainsi que s’intitule ce
    marché : « Conte de Noël ». La manager de l’Opéra-Comique pour
    enfants, la soprano Felicia Filip leur lance elle-même cette
    invitation :




    « Il
    y a plein de surprises, plein d’activités qui attendent les enfants. Les
    évènements se dérouleront du 25 novembre au 29 décembre et le programme est des
    plus variés. D’ailleurs, toutes les attractions renvoient à un conte
    d’hiver : patinoire, luge, petit train, carrousel. A part la luge qui est
    réservée aux enfants, tous les visiteurs – petits et grands – peuvent profiter
    de ces activités. Qui plus est, à compter du 05 décembre, notre patinoire
    proposera aussi des cours de patinage pour les enfants. Et puis, une des
    attractions uniques de notre marché est le vol en traîneau, strictement
    conseillé aux visiteurs les plus courageux, qui aimeront se sentir à la
    hauteur, au sens propre comme au figuré. »




    Et
    comme un marché de Noël n’est pas complet sans le Père Noël, alors sachez que
    le vieillard à la barbe blanche fera son apparition dans le jardin de
    l’Opéra-Comique de Bucarest aussi. Felicia Filip nous dit quand :




    « A compter du 2 décembre, le Père Noël
    arrive à la foire ! Il fera halte dans la Maison du Père Noël pour
    rencontrer tous les enfants désireux de le voir et de lui transmettre leurs liste
    de cadeaux. Et puis, pour la première fois, la Contrée de Maramures sera
    représentée au marché par ses maîtres artisans et ses plats traditionnels uniques.
    D’ailleurs, c’est un premier programme par le biais duquel nous souhaitons
    présenter une attraction touristique de la Roumanie. (en partenariat avec le
    Conseil départemental de Maramures et l’Organisation pour le management de la
    destination départementale de Maramures). Enfin, sachez que notre marché de
    Noël est aussi une foire aux cadeaux et aux gourmandises. Cela veut dire que
    nos visiteurs y trouveront les meilleurs cadeaux et pourront aussi prendre un
    repas en famille à l’Auberge Magique. »




    L’atmosphère
    de fête sera, bien évidemment, complétée par de la musique. En fin de compte,
    nous sommes dans le jardin de l’Opéra-Comique pour enfants, où la musique règne
    tout au long de l’année. La soprano Felicia Filip, qui est aussi la manager de
    cette institution, nous explique quels sont les mélodies qui émerveilleront les
    visiteurs de ce marché de Noël unique :




    « Voici une autre surprise : la
    scène des chanteurs de cantiques de Noël sur laquelle monteront les chorales
    d’enfants inscrits au programme Cantus Mundi. Alors, imaginez-vous ce marché
    inondé par les merveilleuses voix de ces enfants ! Et puis, les enfants
    qui souhaiteront mettre à profit leur créativité sont invités dans le ateliers
    des lutins, où ils pourront confectionner des boules de Noël, des décorations,
    des guirlandes, des jouets et des bijoux, bref tout ce qu’il faut pour décorer
    le sapin. Nous avons ouvert aussi la librairie du Père Noël. Car, après avoir
    fabriqué des cadeaux, il faut encore les emballer. Enfin, si vous voulez un beau
    souvenir de votre visite, le coin photos vous attend aussi. »




    L’affiche
    de fin d’année de l’Opéra-Comique pour enfants de Bucarest est tout aussi
    riche. Ses spectacles font salle comble tout au long de l’année et cette
    période de fête ne fait pas exception. Felicia Filip précise :




    « Nous proposons 121 représentations
    durant cette période de fin d’année, ainsi que 25 Nuits des lutins (soit des tours guidés dans les
    coulisses). Les billets ont déjà été mis en vente et la demande est si grande
    que nous avons déjà augmenté le nombre des spectacles et cela ne suffit
    toujours pas. Les 121 représentations réunissent 6 spectacles différents pour
    lesquels sont attendus plus de 15 000 spectateurs. En voici quelques
    exemples : « Casse-Noisette » ou encore « Une nuit à
    Venise » prévu entre Noël et le Nouvel An ».





    Plein de surprises donc, proposées de nouveau par l’Opéra-Comique pour
    enfants de Bucarest, une institution culturelle qui ne cesse de nous surprendre
    par ses initiatives et qui connaît un immense succès auprès du jeune public.


    (Trad.
    Valentina Beleavski)

  • La Roumanie chez elle : du feu dans la cheminée

    La Roumanie chez elle : du feu dans la cheminée

    Parfois, les petits villages de Roumanie nous accueillent avec des petites
    maisons en bois, très peux peintes ou bien manquant de peinture. Ce sont des
    maisons qui semblent abandonnées, mais où les vieux du village vivent toujours.
    Même s’ils n’ont plus d’enfants, ni de petits-enfants, ils ont encore tant
    d’histoires à raconter.


    C’est dans une telle région, près d’Oneşti (ville dans l’est de la
    Roumanie), que pas moins de 196 maisons ont été englouties par les flammes
    l’année dernière. Dans plus de la moitié des cas, l’incendie avait été provoqué
    par des cheminées non ramonées.


    C’est dans ce contexte que les associations « Zi de bine » (Parle
    de bien) et « SufletEȘTI » (Tu es une âme) ont eu l’initiative de
    ramoner les cheminées et de faire des provisions de bois de chauffage pour les
    foyers des personnes âgées qui habitent toujours de tels villages quasi-abandonnés.
    Le but en est extrêmement simple : faire chauffer leurs cheminées !


    Claudia Udrescu, qui fait partie de l’équipe de communication de
    l’Association « Zi de bine », raconte :


    « Cald în vatră (Du feu dans la cheminée) est
    notre projet du mois décembre. Il nous fait penser à nos grands-parents, car
    nous visons 31 personnes âgées qui habitent les villages autour d’Onești, par
    exemple Dumbrava, Brătești, ou Mănăstirea. Concrètement, dans le cadre de ce
    projet nous ramonons et sécurisons les cheminées des maisons de ces personnes,
    qui ne reçoivent d’ailleurs aucune autre aide. Nous leurs apportons aussi du
    bois afin qu’elles puissent surmonter le froid de cet hiver aussi, surtout car cette
    période est marquée par une double difficulté : la crise économique et la pénurie
    de bois de chauffage. Nous y rentrons toutes
    les deux semaines pour leur apporter de la nourriture, parce qu’ils ont besoin
    aussi de provisions alimentaires dans cet hiver tellement compliqué.
    »


    Lorsqu’on pense à nos grands-parents, on se souvient de ces gens si chaleureux
    qui nous recouvraient d’histoires durant les longues soirées d’hiver, à la
    lumière du bois qui craquait en brûlant. Pour beaucoup d’adultes de nos jours,
    la maison des grands-parents est toujours une petite maison avec une véranda ou
    bien un corridor, avec des buissons de roses, avec un chiot qui s’appelle Grivei. A tout cela s’ajoute l’odeur
    et le bruit du feu qui brûle dans la cheminée. Mais ce temps est passé et
    beaucoup de choses ont changé, alors les grands-parents sont toujours là. Ils
    ne cessent d’attendre un signe qui leur montre qu’au mois quelqu’un s’en
    souvient encore.


    Claudia Udrescu nous offre davantage d’explications sur son projet
    censé aider ces personnes quasi isolées :


    « « Cald în vatră » (Du feu dans la
    cheminée) est un projet que j’ai mis sur pied en coopération avec Mihai Zarzu.
    Mihai est l’homme qui anime en fait l’association SufletEsti. C’est lui qui a
    commencé à nettoyer les cheminées des personnes âgées, de ces grands-parents – comme nous les appelons, dont
    il a fait la connaissance dans le cadre d’autres actions déroulées dans la
    région. Vous savez, dans le milieu rural, nombre d’incendies ont comme cause
    les cheminées qui ne sont pas nettoyés correctement ou des cheminées qui ont
    des défauts. C’est pourquoi cette année nous avons commencé cette action en
    compagnie de Mihai de SufletEsti et d’une équipe de ramoneurs véritables. Ce fut
    vraiment très sympa de voir des ramoneurs sur le terrain. Nous nous sommes
    proposés de nettoyer les cheminées et de faire des provisions de bois de
    chauffage pour que ces vieilles gens puissent
    passer cet hiver en toute sécurité, sans risque d’incendie. Et ce nombre des
    incendies est malheureusement à la hausse. C’est un véritable cercle vicieux
    puisque les cheminées bouchées sont un grand danger d’incendie, surtout durant
    la nuit, lorsque les gens entrent dans la maison pour se réchauffer.
    Normalement, ils découvrent ces situations lorsqu’ils sont annoncés par les
    voisins.
    »


    Les hivers sont rudes dans cette région de la Roumanie et si le ciel est
    plein d’étoiles, cela signifie que le gel s’installe bel et bien, disent les
    gens des lieux. Claudia Udrescu précise.


    « Les
    grands-parents que nous aidons dans le cadre de ce projet ont des histoires de
    vie différentes, certains touchent des retraites, d’autres pas, d’autres encore
    ont des retraites très basses, de 1000 lei, soit 200 euros, parce que
    généralement ils ont travaillé dans des Coopératives agricoles de production,
    ou tout simplement dans l’agriculture. Ou bien ils n’ont pas eu d’encadrement
    au travail, et du coup ils ont élevé des animaux et ont pratiqué une
    agriculture de subsistance. Certains ont des enfants, d’autres sont tout seuls et
    dans d’autres cas les membres de la famille vivent trop loin. Ils ont tous des
    histoires de vie différentes et vivent tous dignement.
    »


    Comme notre invité vient de le dire, les bénéficiaires de cette initiative recevront
    du bois de chauffage pour une année. La personne la plus âgée que les
    associations Zi de bine et SulfetEsti aident a 93 ans.


    Claudia Udrescu conclut : « Toutes ces personnes des villages de
    Moldavie qui sont aidées dans le cadre du projet « Du feu dans la
    cheminée » nous font penser à nos grands-parents, parce qu’à notre âge,
    ceux-ci n’existent plus et par conséquent ils deviennent nos propres
    grands-parents. Nous vous invitons à nous rejoindre dans le cadre de la
    campagne « le feu dans la cheminée », tous les détails sont à
    retrouver sur le site « zidebine.ro » et nous vous en
    remercions ! Nous souhaitons tout simplement que ces grands-parents du
    village restent sains et saufs l’année prochaine aussi. Nous souhaitons qu’ils
    allument leur feu en toute sécurité pour qu’ils puissent passer l’hiver.
    »



    Les
    personnes souhaitant contribuer à ce projet, sont invitées par exemple à faire
    un don pour leur votre anniversaire. C’est-à-dire inviter leurs amis et leurs proches
    à ne plus acheter un cadeau d’anniversaire,
    mais de faire un don dans les comptes de l’association « Zi de
    bine » sur la page « zidebine.galantom.ro/fundraising ».

  • La fête nationale célébrée dans une petite école de l’extrême nord de la Roumanie.

    La fête nationale célébrée dans une petite école de l’extrême nord de la Roumanie.

    Aujourd’hui nous faisons une halte dans une petite école de Falticeni, dont les élèves ont organisé à l’occasion de la fête nationale toute une série d’activités, imaginés par une enseignante passionnée de son métier. Sabina Dulgheriu, enseignante à l’école Ion Irimescu de Falticeni nous raconte comment sa classe a célébré la Fête Nationale de la Roumanie : « Même si le 1er décembre les enfants ne se rendent pas à l’école puisque ce jour est férié, nous n’avons pas ignoré l’émotion de cette fête et nous avons organisé plusieurs activités la veille de la fête et au cours des jours qui précèdent le 1er décembre, pour que les enfants puissent sentir, aimer, gouter et se divertir à la roumaine ».

    Sabina Dulgheriu affirme qu’elle essaie chaque année de rendre les écoliers joyeux ou bien émus par les activités du 1er Décembre, mais aussi de les enseigner de nouvelles choses pour qu’à l’avenir ils arrivent à associer ce jour à un immense bonheur, celui d’être Roumain : « L’émotion de cet événement est vécue d’une manière différente à l’école et je crois qu’elle est d’ailleurs encore plus intense, puisque les principales personnes impliquées dans les activités consacrées à la Fête nationale sont justement les enfants. En y participant activement, ils se dédient entièrement aux ateliers et aux leçons consacrées au 1er Décembre – toute leur émotion, tous leurs sentiments, tout leur désir et finalement le bonheur est double. C’est pourquoi, chaque année, moi en tant qu’enseignante j’attends avec impatience de marquer aux côtés de mes élèves la Fête nationale de la Roumanie et à chaque fois j’essaye de toucher leurs âmes. »

    Quelles activités ont été préparées pour la Fête nationale du 1er Décembre dans cette école de Faltinceni ? Sabina Dulgheriu nous en donne un exemple : « Cela fait déjà 5 ou 6 ans qu’autour du 1er décembre j’organise en classe une expo réunissant des objets anciens, traditionnels. Je tiens à préciser que même durant la pandémie je n’ai pas renoncé à cette exposition qui s’est déroulée en ligne. Ma plus grande joie a été de constater que d’une année à l’autre, mes élèves contribuent davantage à l’exposition en y apportant de plus en plus d’objets de valeur, des objets très anciens et surtout des objets dont nous connaissons l’histoire. C’est fascinant d’écouter une fillette de 8 ans décrire une lampe à gaz et raconter comment elle éclairait la pièce de ses grands-parents durant les longues nuits d’hiver ou bien les voir reconnaitre un tonneau à fromage ou d’autres objets. Et précisons qu’il s’agit de parents très jeunes qui aident leurs enfants à contribuer à cet événement. Cela devrait nous encourager et nous rassurer que la beauté de ces traditions ne ne va pas se perdre. »

    En se souvenant avec émotion des années de son propre enfance, Sabina Dulgheriu encourage toujours les enfants à chérir les traditions roumaines. Ainsi, l’exposition « Amour pour la Roumanie », déjà célèbre, est-elle devenue une véritable tradition. Cette année, elle a réuni plus de 100 objets exposés. Sabina Dulgheriu : « La salle de classe a été bondée d’objets. On a eu l’occasion d’exposer des objets vieux de plus de 100 ans, comme par exemple des blouses traditionnelles, une « covată », c’est à dire un récipient en bois très vieux pour ramasser la farine, toute sortes d’objets en bois et quelques parties d’un métier à tisser (car ce n’était pas possible d’exposer la machine entière, à cause de ses dimensions). On a exposé aussi une « maramă », c’est à dire un voile en soie très vieux et très délicat. J’ai été surprise par les objets que les enfants nous ont apportés. En plus de cette exposition, qui a été notre première activité, cette année, nous avons reçu chez nous une artiste locale, madame Mihaela Ursache, qui a appris aux enfants à personnaliser un aimant décoratif pour le frigo, qui reproduisait la forme de la Roumanie. »

    C’est la manière dont Sabina Dulgheriu a accompli une fois son destin : apprendre aux enfants à aimer la Roumanie. Elle en est très contente : « Je suis une professeure qui a réussi à arriver aux âmes des enfants. Ils m’ont dit qu’en ces 2 jours lorsque l’on a célébré la fête nationale de la Roumanie, l’activité la plus agréable pour eux avait été de s’habiller en costume traditionnel, car on avait renoncé à l’uniforme et on avait exposé en revanche nos beaux costumes. Ils ont aussi aimé la liberté de réflexion de ces deux jours, le fait d’avoir reçu des invités et s’être souvenus des traditions roumaines ».

    La fête a culminé par un concours de cuisine, pour lequel les enfants ont préparé des gâteaux en utilisant les recettes de leurs grand-mères. Bien-sûr, tous les participants ont gagné la compétition !

  • Teachers for SwanZ

    Teachers for SwanZ

    Au
    cours des deux dernières années, notre vie s’est tournée vers le numérique.
    C’est donc sans grande surprise que la danse ait elle aussi dû se frayer un
    chemin en ligne, même si cela semble compliqué. Aujourd’hui, découvrons
    ensemble un projet unique en son genre, un partenariat stratégique dans le
    domaine de l’éducation vocale et de la formation professionnelle. Ce projet a
    été cofinancé par la programme Erasmus Plus de l’UE : « Teachers
    for SwanZ ». Il s’agit d’un projet lancé par le lycée de chorégraphie Floria
    Capsali de Bucarest, en partenariat avec l’Ecole nationale d’Art « Prof.
    Vesselin Stoyanov » de Roussé en Bulgarie, la Compagnie Attitude de Vienne
    ainsi que l’Union Elena de Roumanie.


    Le
    projet a débuté le 1e décembre 2020, se concentrant sur la fameuse
    « Génération Z » dont nous a parlé Alina Munteanu, psychologue au
    Lycée Chorégraphique et au Lycée de Musique de Lipatti : « La Génération Z est composée d’enfants nés entre 1996 et 2010. En général, ils
    sont un peu différents car ils ont franchit la barre du millénium. Ils
    partagent donc certaines caractéristiques de la Génération X, mais ce sont eux
    qui posent aujourd’hui les jalons de notre évolution technique. Ils s’adaptent
    très facilement aux nouvelles technologies et sont à l’aise pour faire
    plusieurs choses à la fois. Par exemple,
    nos élèves écoutent de la musique et envoient des messages sur Tiktok en
    faisant leurs devoirs, le tout en distribuant des like sur les réseaux. Il est
    fascinant de voir comment les enfants réussissent à parler anglais, à exprimer
    la culture roumaine par la danse, à travers leur façon de se comporter et de
    danser avec les Grecs, les Bulgares, à connaître la culture autrichienne et à
    promouvoir la culture roumaine à travers le monde. C’est une expérience
    fascinante et je suis convaincue que ce n’est que le début ! »






    Denitsa
    Krastanova, directrice adjointe de l’Ecole nationale d’Art « Prof.
    Vesselin Stoyanov » de Roussé nous a raconté sa participation au
    projet : « Permettez-moi, dans un premier temps,
    de vous présenter brièvement notre école. Nous offrons un enseignement général à
    l’école primaire et secondaire, ainsi que des classes artistiques préparatoires
    en musique, en chant classique, en chant traditionnel, pop, jazz, en danse
    classique ou populaire bulgare, en art plastique, en design publicitaire ou
    encore en art du spectacle. En tant qu’école spécialisée, nous avons considéré
    l’invitation du Lycée chorégraphique Floria Capsali comme un moyen de rejoindre
    le projet Teachers for SwanZ dans le cadre d’Erasmus+. Une fois familiarisés
    avec les objectifs et l’essence même du projet, nous avons estimé qu’il nous
    serait bénéfique sur le long terme. Teachers for SwanZ est un bon moyen de
    gagner en compétence, il permet des échanges de bonnes pratiques et encourage
    la créativité dans le domaine de la pédagogie de la danse, ainsi que le
    développement des compétences sociales. »




    Laura Cristinoiu, professeur de danse
    classique et directrice des Studios Attitude Ballet à Vienne parle des débuts
    du projet : « Je suis ravie que nous soyons parvenus à notre 2ème année
    d’activité, dont une partie s’est déroulée en ligne, ce qui est étrange pour un
    projet de danse. Car nous parlons de danse, de professeurs de danse classique,
    de danse traditionnelle, de danse moderne, etc. Je suis fière que nous ayons
    produit 3 contenus intellectuels, je fais ici référence à un mini-guide à
    destination des professeurs de roumain, de mathématiques et d’autres matières
    enseignées à l’école de ballet. Un autre manuel de danse s’adresse quant à lui
    aux professeurs de danse classique et toute autre matière en lien avec la danse
    classique enseignée à l’école de ballet mais aussi dans d’autres écoles. Enfin,
    le projet le plus important que nous ayons réalisé c’est la plateforme en ligne
    teachersforswanz.eu, sur laquelle vous pouvez retrouver tous les ateliers et
    toutes les activités mises en place au cours de ces deux années. Il s’agit
    surtout pour les futurs professeurs d’obtenir une accréditation en danse
    classique. »






    Diana
    Zăvălaș, professeur de piano au Lycée chorégraphique Floria Capsali de Bucarest
    et coordinatrice du projet nous raconte pourquoi le besoin d’un tel projet
    s’est fait sentir : « Les professeurs ont
    actuellement accès à des méthodes obsolètes, il n’existe pas de cours en
    formation continue pour les professeurs de danse et nous nous sommes dit que
    cela les aiderait de faire quelques ateliers de communication et de création de
    liens, de dialogue interculturel ou encore de coaching pour améliorer les
    relations avec les élèves, les collègues ou encore les parents. Nous avons
    déposé une candidature auprès d’Erasmus Plus avec ce projet en tête, nous avons
    trouvé trois partenaires qui souhaitaient travailler dans cette même
    optique, et qui étaient désireux
    d’améliorer la méthode d’enseignement et les compétences des professeurs. La
    rencontre avec les autres cultures, les autres méthodes, est essentielle et
    très enrichissante lorsque l’on choisi de participer à une expérience internationale
    comme celle-ci. »




    Une
    démarche unique, surtout par sa dimension internationale, comme l’a souligné Ileana
    Racoviceanu, responsable de la communication de l’agence roumaine
    Erasmus : « Le
    projet est financé par le programme Erasmus de l’UE. Il a été approuvé et
    étudié en 2020, puis il a fait l’objet d’un travail de production en ligne, je
    parle ici d’un manuel conçu dans un premier temps pour les lycées de danse et les
    écoles privées et publiques, étendu ensuite aux autres institutions concernées.
    Le plus important, c’est que cette démarche a permis aux élèves d’aller étudier
    à l’étranger, avec des élèves de leur âge, et de voir de leur propres yeux ce
    qui est fait ailleurs. Ainsi ils peuvent se positionner et valider, en quelque
    sorte, la formation qui leur a été dispensée en Roumanie. »





    Au-delà
    des danseurs, Teachers for SwanZ et le Laboratoire virtuel d’enseignement
    s’adressent aux amateurs de danse en général, à ceux qui souhaitent se
    perfectionner dans différents genres de danse : classique, moderne,
    traditionnelle ou encore contemporaine. (Trad. Charlotte Fromenteaud)

  • Le tonneau à glace

    Le tonneau à glace

    Il
    se souvenait toujours avec nostalgie du parfum de la glace faite maison par sa
    mère, et c’est ce qui l’a poussé à redécouvrir le goût authentique des glaces,
    voyageant de village en village, en quête des recettes d’autrefois. Une fois
    qu’il eut trouvé son bonheur, Adrian Mengheş, car c’est de lui qu’il s’agit,
    décida de se reconvertir. Troquant son poste d’ingénieur contre celui de
    glacier, il a décidé de monter sa propre entreprise, et c’est ainsi qu’est né
    « butoiul cu îngheţată » (le tonneau de glace).


    Il
    nous a raconté ses débuts difficiles. Sa mère lui a rappelé qu’à l’époque de
    son enfance, le marchand de glace se promenait avec son « tonneau ».
    Adrian Mengheş nous raconte comment il en est venu à créer cette marque : « Nous avons connu des débuts
    difficiles, car à l’époque je ne maîtrisais pas la technique de la crème glacée
    en baril. Nous sommes allés de village en village écouter les récits, les
    recettes, mais nous n’avons pas toujours été bien accueillis. Ceux qui
    fabriquaient encore de la glace artisanale ne souhaitaient pas partager leur
    recette. Nous frappions aux portes des mairies, affirmant que nous étions une
    chaîne de télévision venue faire un reportage sur les traditions des glaciers
    roumains. C’est comme ça que nous avons obtenu le soutien des maires et leurs
    adjoints, et que nous avons fini par faire la connaissance de Ion de la Vâlcea,
    qui a accepté de partager avec nous sa technique. Il était vexé que son fils
    refuse de perpétuer cette tradition. Il disait « regarde, voilà un
    étranger à qui je vais tout expliqué puisque toi, tu ne veux rien savoir ». »





    Voilà
    presque 12 ans que notre interlocuteur a commencé à faire de la glace en
    tonneau, et au fil des années il a constaté une évolution des habitudes de
    consommation chez les clients, surtout récemment.Adrian Mengheş nous explique : «
    Les clients font de plus en plus attention à ce qu’ils consomment. Ils sont
    davantage sensibilisés à la question de l’alimentation. Nous leur expliquons
    systématiquement que nos glaces sont faites maison. Et qu’elles n’ont rien à
    voir avec celles que l’on trouve dans les supermarchés. D’abord parce que le
    processus de fabrication est différent, il s’agit d’une autre texture, d’autres
    arômes. Nos glaces sont beaucoup plus denses, elles contiennent beaucoup moins
    d’air que les glaces industrielles. C’est la première grosse différence.
    La deuxième, c’est que nous préparons nous mêmes les matières premières qui
    constituent la base de notre crème glacée, à savoir le lait, les œufs, la
    crème, les jaunes d’œufs. Nous fabriquons aussi nos propres
    parfums ! »





    Les
    commandes des clients sont livrées via une application et grâce à un véhicule
    spécialement conçu pour l’entreprise. Le nombre de clients a explosé après le
    confinement, lorsque le laboratoire de l’entreprise enregistrait chaque jour
    entre 1 200 et 1 400 euros de commandes. Le site internet propose
    près de 30 parfums de glace différents, mais les plus vendus demeurent la
    vanille, le chocolat, la mangue, le caramel salé et la menthe. Adrian Mengheş
    nous en dit plus : « Nous
    fabriquons nos parfums à base de fruits congelés ou, à l’automne par exemple, à
    base de potimarrons ou de pommes au four, avec de la cannelle. Nous les
    préparons de A à Z. Nous sommes fiers de pouvoir affirmer que nous sommes de
    vrais glaciers, que nous avons pris des cours et étudié l’art de la fabrication
    de la crème glacée. Nous adaptons les arômes à nos goûts mais aussi à ceux des
    clients lambda. Au fil des ans, nous avons testé plus d’une centaine d’arômes
    différents, mais ce n’est pas toujours évident car la vanille, le chocolat, la
    fraise et la framboise restent les parfums les plus demandés. Souvent l’été, la
    saison des glaces, nous revenons sur des parfums plus classiques, mais nous
    avons plaisir à prendre des libertés durant l’automne. »





    Cet
    automne, Adrian Mengheş a participé au Festival des Hommes de Mătăsari où il a
    présenté une nouveauté : « J’ai participé aux trois éditions de
    ce festival, mais c’est la première fois que je fais une démonstration de
    fabrication de glace sur place. En général, nous apportons nos glaces déjà
    prêtes à être vendues. Mais, à la demande des organisateurs, nous avons accepté
    de relever le défi, et je dois admettre que le résultat a été très probant.
    Nous ne nous attendions pas à vendre autant de glace en plein mois
    d’octobre. »





    Cette
    glace artisanale se fabrique en mélangeant les ingrédients dans un récipient
    cylindrique en inox, qu’il faut introduire à son tour dans le baril, autour duquel
    on dispose de la glace et du sel, afin d’accélérer le processus de congélation.
    Après quoi, le récipient cylindrique doit entamer une rotation effectuée
    manuellement, pendant environ 4 heures. Ensuite, la glace est déposée dans un lieu sûr
    soumis à des critères sanitaires stricts. Parmi les arômes les plus surprenants
    proposés par le glacier, on trouve de la glace au coliva (dessert traditionnel
    roumain à base de blé), à la moutarde, à la lavande ou au basilic. Nous n’avons
    pas encore goûté à celle au gingembre et aux raisins, à la pomme au four et aux
    biscuits, ou encore à la vanille sans sucre. Une aventure pour les papilles
    gustatives les plus téméraires !


    (trad :
    Charlotte Fromenteaud)

  • « Le violon d’Enescu arrive au village » édition 2022

    « Le violon d’Enescu arrive au village » édition 2022

    Tout
    comme George Enescu arpentait le pays durant la Première guerre mondiale,
    partageant sa musique avec les malades et les blessés de guerre,
    aujourd’hui, une initiative similaire
    récente permet – à ceux qui n’y ont normalement pas accès – de découvrir la musique
    chez eux, dans les communes reculées de Roumanie. Il s’agit d’une tournée
    réunissant le violoniste Gabriel Croitoru et le pianiste Horia Mihail. Une
    tournée intitulée « Le violon d’Enescu arrive au village ». Après dix
    ans de pérégrination à travers le pays, le violoniste Gabriel Croitoru a décidé
    d’inviter sa fille Simina à le rejoindre, afin que la musique classique arrive
    jusque dans les villages les plus isolés, mais aussi sur les grandes scènes du
    pays. Une aventure qui s’achèvera en grande pompe à l’Athénée roumain de
    Bucarest, en compagnie du pianiste Horia Mihail.




    La
    tournée « Le violon d’Enescu arrive au village » a débuté cette année
    dans deux villages du département de Bistrița-Năsăud. Entre deux répétitions,
    le violoniste Gabriel Croitoru a accepté de nous raconter cette incroyable
    expérience:




    « Nous
    en sommes à la 10ème édition du projet « Le violon d’Enescu
    arrive au village ». Tout au long de ces 10 éditions, ce violon, ce
    Guarneri, qui a appartenu à George Enescu lui-même, s’est déjà arrêté dans
    plusieurs lycées, parcs. Bref, dans des endroits où les gens n’écoutent
    généralement pas de musique classique. C’est justement l’idée : rendre
    accessible ce genre de musique à tous ceux qui normalement n’ont pas l’occasion
    de se rendre dans une salle de concert. Et au cours de ces 10 années, j’ai été
    chaque fois accompagné par mon ami et pianiste soliste chez Radio Roumanie,
    Horia Mihail. Cette année nous ne nous retrouverons qu’à Bucarest. Pour le
    reste de la tournée dans les départements de Bistrița et d’Arad, je serai
    accompagné de ma fille Simina. C’est plus simple car nous n’avons pas à trouver
    un piano pour chacune de nos représentations.







    Le
    violon Guarnieri, connu aussi sous le nom de « Cathédrale », pour ses
    accords majestueux, date de 1731 et porte la signature de Giuseppe Antonio
    Guarnieri, l’un des plus grands luthiers de Crémone, en Italie. George Enescu
    l’a acheté avec son propre argent. Le grand compositeur et violoniste roumain
    préférait en effet les Guarnieri au Stradivarius. Après sa mort, personne n’a
    plus joué sur ce violon, jusqu’en 2008, date à laquelle ce magnifique
    instrument à fait son grand retour sur scène, après avoir été remporté par le
    violoniste Gabriel Croitoru lors d’un concours. Avant cela, le violon avait été
    envoyé à Cluj pour réparation auprès du luthier Pavel Onoaie qui a confirmé que
    l’instrument n’avait rien perdu de sa qualité initiale.


    Nous avons
    demandé à Gabriel Croitoru quel accueil il recevait dans les villages :




    « On nous accueille à bras ouverts dans
    la plupart des villages. Je me souviens d’une fois où le prête nous a comparé
    aux archanges Michel et Gabriel et nous a dit que nous serions toujours les
    bienvenus. L’attitude des habitants est liée à celui de la mairie. Si la mairie
    fait de la bonne publicité pour l’évènement, alors le public est ravi de venir
    assister au concert. Les prêtres, les élèves et leurs professeurs viennent
    assister à l’évènement. Il est même arrivé que des enfants des villages
    alentours viennent en charrette pour assister au concert. Nous avons pris des
    photos ensemble. Nous gardons de très
    bons souvenirs des ces tournées et je suis persuadé que cette initiative permet
    de créer du lien entre les gens grâce à la musique, quelque soit leur
    connaissance préalable en la matière. »





    Gabriel
    Croitoru nous avoue :




    « Je suis convaincu qu’au
    moins une partie d’entre eux ont pris goût à la musique classique et
    retourneront voir des concerts même si dans les villages les salles de
    spectacle sont des centres culturels rénovés grâce aux fonds européens. Comme
    on dit, ils ne sont pas habitués à ce genre musical et c’est incroyable quand
    on marche à leur rencontre pour leur dire « regardez, il y a ça, et puis
    ça aussi, et il existe une autre possibilité de découvrir la musique. »
    Certains ont même de véritables révélations. Ils se disent « mon dieu, je
    n’avais jamais entendu parler de ça avant. Mais je reviendrai ! ». Je
    ne sais pas s’ils ont tous tenu parole mais j’ai constaté dans certains villages
    que les gens revenaient les éditions suivantes. »











    Gabriel
    Croitoru nous assure que la joie sera aussi au rendez-vous cette année et ajoute :




    « Bien
    souvent nous donnons des concerts mais nous racontons aussi l’histoire des
    instruments, des compositeurs afin de rendre cet univers qu’ils ne connaissent
    pas plus accessible. Au contraire, notre objectif est de leur donner envie d’en
    apprendre davantage. »





    La
    tournée s’achèvera avec un récital incroyable à l’Athénée roumain de Bucarest
    le 19 novembre prochain, où les deux violonistes retrouverons leur compagnon de
    route, le pianiste Horia Mihail.


    (Trad :
    Charlotte Fromenteaud)

  • « Festival des Hommes, rue Matasari”

    « Festival des Hommes, rue Matasari”

    Au bout de deux ans de pandémie, les festivals
    urbains ont à nouveau le vent en poupe. Le dernier en date organisé à Bucarest est
    le « Festival des Hommes, rue Matasari. Lancé dans un premier temps comme une réplique au Festival des
    Femmes, rue Matasari, cette manifestation a réuni au deuxième dimanche du mois
    d’octobre, des centaines de Bucarestois qui ont pris d’assaut la rue Matasari, en
    plein coeur de Bucarest. Deux jours durant, cette petite ruelle charmante
    bordée d’arbres et de vieilles maisonnettes est devenue le fief des artisans,
    des chefs cuisinier, des artistes peintres, bref, de tous les hommes créatifs
    qui ont voulu prouver leurs talents. On a décidé de nous rendre rue Matasari
    dimanche, dans la matinée, pour profiter de l’ambiance bon enfant, tout en nous
    laissant séduir par toute sorte de talents et de compétences déclinés au masculin.
    C’est comme cela que nous avons fait la connaissance d’Adrian Mengheş, un glacier artisanal qui,
    attention, a inventé une recette de glace au chocolat noir, faite maison.
    Présent au festival, Adrian Mengheş a décidé, en avant première, de faire une
    démonstration de force et de préparer sa célèbre glace devant le public, en sachant
    que le temps de préparation va de deux à trois heures. Comme quoi, plus c’est
    long, plus c’est bon. Adrian Menghes :


    « C’est la troisième édition de ce festival à
    laquelle je participe, mais c’est la première fois que ma glace est faite sur
    place. Normalement, je venais avec la crème préparée à l’avance. Sauf que cette
    année, j’ai fini par céder aux demandes des organisateurs qui ont voulu prouver
    que les hommes peuvent être de bons glaciers. Et, voilà, je l’ai fait et je
    dois avouer que le public a très bien reçu cette démonstration. Franchement, je
    ne m’attendais pas du tout à vendre tellement de glaces en un jour
    d’octobre ».


    Transformée en une sorte de musée vivant, la ruelle de Matasari s’est vu
    aménager toute sorte d’espaces non conventionnels pour accueillir les exposants.
    Tout au long du week-end, sous un doux soleil d’automne, les Bucarestois n’ont
    pas arrêté de déferler dans cette partie de leur capitale, pour partager un
    moment de convivialité, tout en admirant le savoir-faire de différents hommes.
    Parmi eux, notre interlocuteur, Adrian Menghes, qui s’est fait un plaisir de
    dévoiler aux gens les astuces d’une bonne glace faite maison. C’est donc sans
    surprise que ces explications ont suscité notamment l’intérêt des enfants.
    Adrian Menghes :


    « Effectivement, les enfants se sont montrés les plus enthousiastes.
    Je leur ai montré comment il fallait faire, ce que la glace cuite veut dire.
    C’est un terme que très peu de monde connaît. Maintenant, je ne sais pas si les
    petits ont compris vraiment tout ce que leur on a expliqué, mais ils avaient
    l’air de bien s’amuser. Alors on parle d’une glace cuite, quand la glace colle
    aux doigts. Pour accélérer le processus de préparation d’une crème glacée, il
    faut que la glace ait la température la plus basse possible. C’est ce qu’on
    appelle une glace cuite. Or, les enfants étaient fascinés de voir que la glace
    collait à leurs doigts s’ils la touchaient ou tout au contraire, qu’elle
    durcissait si l’on ajoutait du sel et qu’on mélangeait rapidement. Surtout que
    la plupart des gens s’attendent à ce que la glace fonde au contact avec le sel,
    or c’est tout au contraire »
    .


    Même si au fil des années, Adrian a préparé plus d’une centaine de recettes
    de crèmes glacées, pour l’édition 2022 du festival des Hommes, rue Matasari, il
    a choisi une glace au chocolat noir, façon maison, puisque, dit-il, elle lui
    rappelle le goût du chocolat que sa mère préparait à l’époque de son enfance. En
    dehors des compliments des clients qui savourent ses glaces, Adrian adore la
    communauté qui s’est formée autour des festivals urbains des Femmes et des
    Hommes, rue Matasari. Des gens de qualité, dit-il, qui apprécient le savoir-
    faire, les traditions, qui sont respectueux avec l’environnement, avec la
    nature et la ville.


    Nous avons emprunté la rue Matasari et nous avons continué à longer les
    vieilles maisonnettes pleines de charme et bordées d’arbres séculaires. Et
    c’est comme cela que nous avons découvert le stand d’un modiste qui
    confectionne des chapeaux sur commande, ou encore les lunettes personnalisées
    d’un opticien. Adrian Menghes nous donne encore quelques exemples d’exposants
    hors du commun :


    « J’ai connu un monsieur qui fabriquait des colliers fantaisies avec
    des boules colorées qu’il faisait lui-même. Après, même si ce fut une édition
    consacrée aux hommes, j’ai rencontré aussi une femme qui faisait toute sorte de
    bijoux dont la fabrication supposait énormément de patience. Puis, je me
    rappelle un monsieur qui faisait des accessoires en cuir, des bracelets ou
    encore des ceintures et qui plaisait beaucoup aux jeunes ».


    Chaque année, la rue de Matasari est prise d’assaut à l’occasion des
    festivals urbains qui s’y déroulent. Hommes ou femmes, jeunes ou âgées, en
    famille, en couple ou seuls, les Bucarestois se donnent rendez-vous au cœur de
    la ville pour profiter d’un moment de détente dans un décor pittoresque. Plus
    qu’une occasion de se faire plaisir, le festival s’avère une occasion pour
    ranimer des valeurs et des traditions du Bucarest d’autrefois, affirme Adrian
    Menghes :


    « Je suis très content de voir que les gens apprécient notre
    savoir-faire, qu’ils nous apprécient pour nos efforts de faire les choses
    autrement. Les Bucarestois nous soutiennent et se réjouissent de notre présence
    à l’agenda de tels festivals ».


    Et pour une ambiance encore plus sympathique, les organisateurs invitent à
    chaque édition, toute sorte de chanteurs ou de groupes de musique pour
    électriser l’atmosphère à la nuit tombante. Comme quoi, la force créatrice, le
    talent, l’inspiration et le savoir-faire sont au rendez-vous rue Matasari, au
    moins à l’occasion des festivals urbains. (Trad : Ioana Stancescu)

  • Un million d’anges

    Un million d’anges

    Nous nous sommes rencontrées lors d’un salon où elle invitait les passants
    à choisir un ange, en peinture ou en sculpture qu’elle confectionne dans le
    cadre d’un projet de charité. Ces petits anges ont éveillé ma curiosité et j’ai
    voulu me prêter au jeu pour en comprendre le fonctionnement. Voilà comment Miki
    Ciobotaru m’a raconté l’histoire de ces millions de petits angelots: « Il
    s’agit, avec ce projet, de comprendre quelque chose qui est en fait assez
    simple et accessible à tout un chacun, mais que nous avons tous tendance à
    oublier : nous pouvons tous être bons, et tout le temps, chaque jour, pas
    seulement les jours de fête. Pour rappeler, aussi, que l’amour et l’acceptation
    sont thérapeutiques, et qu’il n’est nul besoin de se plonger dans des centaines
    de livres pour pouvoir offrir tout cela à des enfants atteints d’autisme. Avec
    ce projet, nous avons créé des millions de petits anges en peinture ou en
    céramique. Une preuve d’amour visuelle et artistique adressée à ces enfants
    discriminés et à leurs familles.
    »




    Nous avons demandé à l’artiste quel impact avait ce projet ? Miki Ciobotaru affirme que « Il s’agit d’un véritable
    processus de transformation, pour moi mais aussi pour tous ceux avec qui je
    rentre en interaction. Car comme je le disais plus tôt, il est question ici de
    simplicité, de naturel, d’amour, mais aussi d’acceptation. Ce que bien souvent
    nous tenons pour acquis, au point d’oublier la valeur de ces choses simples.
    Ces petits angelots ont pour mission d’être choisis par ceux qui en ont
    vraiment besoin, qui ont besoin d’entendre leur message. Il suffit juste
    d’avoir la patience de tendre l’oreille et de les écouter. »




    D’où est venue l’idée de ce projet ? « Ce projet s’est déroulé en plusieurs
    étapes. Dans un premier temps, en 2019, donc avant la pandémie, j’ai décidé de
    profiter de mon anniversaire pour lancer une collecte de fonds. A cette époque
    donc, j’ai mis en place un atelier et ceux qui y ont participé ont pu, à la
    place d’un cadeau, faire un don. Cette collecte m’a servi à l’inauguration d’une
    aire de jeu pour les enfants aux besoins particuliers, dans le village de
    Piscu, à une trentaine de kilomètres de Bucarest. Ensuite, étant moi-même
    depuis longtemps impliquée dans le monde du militantisme, je suis rentrée en
    contact avec des parents, mais aussi avec des enfants en difficulté pour les
    raisons déjà évoquées, et j’ai pris conscience de leur véritable besoin d’être
    écoutés, compris et acceptés tels qu’ils sont. Car après tout, ces enfants sont
    tout à fait normaux. C’est le manque d’information ou la négligence qui nous
    poussent à ne voir chez eux que leur différence. C’est comme ça que m’est venue
    l’idée de ces petits anges, car ils nous rappellent à quel point nous avons
    besoin les uns des autres, à quel point nous devons prendre soin les uns des
    autres. Pendant la pandémie et le confinement, j’ai fabriqué 5 284 angelots,
    j’espère pouvoir en faire encore d’autres, et arriver à en faire un million
    afin de défendre la cause de ces enfants mal compris
    . »






    Une fois terminés, les petits anges peuvent être achetés à prix libre. La
    moitié des bénéfices est reversé à des associations, l’autre moitié permet à
    Miki Ciobotaru de poursuivre son projet : « Nous aimerions réussir à faire
    comprendre au monde que ces enfants aux besoins spécifiques sont en fait comme
    les autres. Nous voudrions créer une communauté dans laquelle ces enfants
    puissent évoluer et s’épanouir. Un centre d’accueil par exemple, où ils soient
    écoutés et entendus et où leurs parents soient appuyés. De tels lieux
    n’existent que très peu en Roumanie, les familles qui font face à de telles
    problématiques rencontrent peu de soutien et peu d’intérêt. Je ne parle pas
    seulement d’autisme et d’enfants à besoin spécifique. C’est à nous tous
    qu’incombe la tâche de créer une société inclusive, où chacun aurait sa place
    et se sentirait aimé et accepté.
    », a concluMiki Ciobotaru.





  • Adopte un arbre

    Adopte un arbre

    L’association Viitor Plus œuvre depuis près de 16 ans pour la protection de
    l’environnement en Roumanie. Notamment en s’impliquant dans le développement
    durable, avec une dimension sociale. Avec le temps, Viitor Plus est devenu l’un
    des acteurs les plus actifs dans le domaine. Teia Ciulacu, présidente de l’organisme,
    nous parle plus en détail de l’implication croissante des citoyens, ainsi que
    des initiatives mises en place par l’association :




    « Nous avons mis sur pied
    plusieurs projets au sein desquels les personnes de tout âge peuvent s’impliquer
    et agir concrètement. Nous avons mis en place plusieurs solutions servant de
    modèles aux autorités ainsi qu’aux entreprises et qui, nous l’espérons, pourront
    s’étendre à plus grande échelle. Par
    exemple, avec le projet de reboisement « Adopte un arbre », nous nous
    concentrons surtout sur le sud de la Roumanie. En effet, beaucoup d’espaces
    sont en mauvais état là-bas. Les terres agricoles et les zones d’habitats ont
    besoin de la protection d’une ceinture verte. C’est pour cette raison que nous œuvrons
    depuis 14 ans pour attirer l’attention sur la question du reboisement, surtout
    dans le contexte actuel de changement climatique. Car nous devons nous adapter à
    cette évolution, et aux conséquences qui en découleront. Il existe déjà une
    solution, peu couteuse et qui ne nécessite que quelques années d’investissement
    de notre part : replanter une forêt. Nous nous occupons de l’ensemble du
    processus. Nous trouvons le terrain, qui appartient souvent à la commune, aux
    communautés locales, afin que les habitants s’approprient la forêt. Nous cherchons
    des financements auprès du secteur privé, même si certains choisissent d’investir
    personnellement dans le projet. Vous pouvez donc vous aussi si vous le
    souhaitez faire un don en vous rendant sur notre site. Les entreprises peuvent qua
    nt
    à elles nous sponsoriser. Avec l’ensemble
    des fonds récoltés nous plantons ce que nous pouvons pour reboiser. »






    Notre interlocutrice nous raconte comment ces moments de collectivité en
    plein air permettent de s’ouvrir et de reconnecter avec la nature. Mais pour l’association,
    adopte quant à elle approche plus technique :






    « Nous prenons soin des forêts sur le long terme. Cela commence par la
    mise en place du projet sur le plan technique, à l’aide des ingénieurs forestiers.
    Ensuite il faut préparer le terrain et les plans, faire tout un travail d’élingue
    qu’il faut ensuite suivre sur plusieurs années. Nous essayons d’impliquer aussi
    des bénévoles quand nous le pouvons. C’est essentiel pour accompagner le
    travail de sensibilisation que nous faisons. C’est une sacrée expérience que de
    sortir de son bureau où l’on a passé toute la journée, pour mesurer pleinement
    la difficulté du terrain, en voyant comment ses petits arbres sont encore
    fragiles, et en prenant conscience du temps nécessaire pour qu’ils poussent et constituent
    une forêt. Cela permet de prendre du recul sur les choses, et c’est une étape
    importante dans le processus de sensibilisation. Le vivre sur le terrain n’a
    rien à voir avec ce que nous voyons à la télévision ou sur les réseaux sociaux. »






    Qui sont les bénévoles participants au
    projet ? Teia Ciulacu, présidente de l’association Viitor Plus nous en dit plus :

    « Nous
    avons surtout collaboré avec des bénévoles du monde de l’entreprise, car les
    entreprises sont bien organisées. Les bénévoles ne donnent pas simplement de
    leur temps gratuitement, ils viennent planter le samedi sur leur temps libre par
    exemple. Il faut prendre en charge leur frais de transport, leur repas, etc. Alors
    que les entreprises prennent en charge directement ces dépenses et encouragent ainsi leurs employés à se porter volontaire. Tout le monde sort gagnant. Notre
    association mobilise ceux qui souhaitent participer évidemment, nous les
    emmenons sur le lieu de plantation et nous les impliquons dans le projet de
    reboisement. Près de 20 000 bénévoles se sont impliqués dans nos projets. »





    En plus de ses activités de reboisement, l’association a lancé sa campagne « adopte
    un arbre ». Elle permet à ceux qui le souhaitent de recevoir un certificat
    d’adoption d’arbre personnalisé à offrir en cadeau, en fonction de l’occasion.
    Cela permet aussi à l’association de récolter des fonds, aussi bien auprès des
    personnes physiques que juridiques. Lorsque la distance a empêché l’organisation
    de campagne de sensibilisation pour réunir des bénévoles, une nouvelle idée est
    née. Teia Ciulacu nous explique :




    « Au moment de la pandémie,
    nous avons mis en place un système de plantation à distance, car il n’était plus
    possible de réunir autant de bénévoles sur le terrain. Nous nous sommes donc
    demandé comment amener la forêt directement chez l’habitant, chez ceux qui
    souhaiteraient participer au projet. Nous avons commencé à leur envoyer des
    plans d’espèce d’arbres typiques de Roumanie : des arbres des plaines, des
    montagnes, etc. Le tout emballé de façon à résister au transport par courrier.
    Nous les avons envoyés à tout le monde, et plus particulièrement aux élèves et
    aux écoles, ce qui nous a permis de mettre en place une grande campagne de
    sensibilisation au printemps. Campagne qui a permis à plus de 100 écoles de
    planter 6 000 arbustes, surtout dans la cour des établissements participants.
    Tout le monde a adoré !
    »






    A Bucarest, nous avons découvert le programme « Recicleta », qui
    collecte les déchets grâce à des vélos électriques. L’association Viitor Plus a
    ainsi mis sur pied une carte du recyclage à l’échelle nationale. Si vous vous
    rendez sur le site hartareciclaree.ri, vous découvrirez quels matériaux sont
    recyclés et les lieux de dépôt par catégorie, ainsi que les différentes règles
    de collecte. A l’heure actuelle, 17 000 points de collecte sont
    enregistrés sur la carte.

  • Une ville, une rivière, une histoire

    Une ville, une rivière, une histoire

    Aujourd’hui nous vous racontons l’histoire de la rivière de Dâmbovița qui traverse Bucarest, la capitale roumaine. Si jadis elle passait presqu’inaperçue, de nos jours les rives de la rivière se veulent une véritable artère verte de la ville, où chacun peut se réunir pour partager et profiter de la nature. Bref un véritable lien entre les quartiers de la capitale. Pour ce faire, tout un événement a été mis sur pied sous le nom de « Dâmbovița Delivery ». Le nom fait référence au festival « street delivery » organisé chaque année à Bucarest et dont l’objectif est de permettre aux piétons de se réapproprier l’espace urbain.

    Rencontre avec Valentin Talabă, manager en communication chez Nod Maker Space, une association qui organise des évènements, qui nous a expliqué la genèse du projet « Dâmboviţa Delivery » : « Toutes les grandes villes d’Europe sont traversées par un fleuve. Berlin par le Spree, Paris la Seine et le canal St Martin, Londres par la Tamise. Bucarest est traversée par la Dâmboviţa, un cours d’eau dont on n’exploite pas pleinement le potentiel. Beaucoup de Bucarestois remarquent à peine qu’une rivière traverse la ville. C’est comme ça qu’est née l’idée : faire le lien entre les deux secteurs traversés par la Dâmboviţa, les secteurs trois et quatre. Utiliser cette ressource pour créer du lien entre les habitants, atour d’activités culturelles et ludiques pour les petits et les grands, dans un lieu agréable. »

    Comment s’est déroulé le festival « Dâmboviţa Delivery » ? Valentin Talabă nous répond : « Nous avions organisé une trentaine d’activités. Des ateliers pour enfants, des activités culturelles, des rencontres littéraires, des concerts, le tout en entourés de food-trucks. L’activité phare de cet évènement était la promenade en barque sur la rivière, entre la place de l’Union dans le centre, où se trouve la Bibliothèque Nationale, et jusqu’à Mihai Bravu. Cela nous a permis de mettre en évidence l’importance de rendre la rivière accessible dans la ville. Nous avons mis au point des pontons permettant aux visiteurs de traverser la rivière d’une rive à l’autre. Le long de ces pontons étaient organisées des activités artistiques collaboratives. Les participants ont pu collaborer avec les artistes et artisans pour mettre au point un arc-en-ciel actuellement suspendu au dessus de la rivière. Nous avons réaménagé le pont de l’Abattoir et travaillé atour du lit de la rivière pour lui redonner des couleurs. L’important, c’est d’avoir permis aux habitants de prendre conscience qu’il était possible de vivre la ville autrement, sans consommer, sans dépenser, simplement en s’adonnant à des activités, en reconnectant avec soi-même et avec sa communauté. »

    « Si vous avez des idées pour transformer la rivière Dâmbovița, dites-le nous ! Nous recherchons des intervenants pour des activités artistiques, des projets éducatifs, des ateliers interactifs afin de redonner vie aux espaces qui longent la rivière » annonçait l’évènement. Alina Tofan, eco-performer était présenter à l’évènement avec son installation Plastic Womb dont elle est venue nous parler : « Georgiana Vlahbei et moi-même, du collectif Plastic Art Performance, avons participé à cette édition de Dâmboviţa Delivery. Nous y avons présenté notre installation d’éco-performance et d’objet. L’objectif était de tirer la sonnette d’alarme et d’attirer l’attention des citoyens sur la pollution plastique dans l’eau et ses conséquences sur les écosystèmes fluviaux. Nous avons eu d’excellents retours, surtout de la part des organisateurs. Cela nous a permis d’aussi présenter notre travail. Les passants ont manifesté de la curiosité. Grâce à un QR code ils pouvaient écouter les explications données sur notre installation. A cette occasion nous avons collaboré avec le designer Teo Rădulescu. Notre installation s’intitule « Plastic Womb », l’utérus en plastic car c’est malheureusement l’image que nous conservons des écosystèmes fluviaux. Notre travail a pour objectif de faire prendre conscience de la situation et d’impliquer davantage la société civile. »

    Quels autres projets sont en préparation afin de consolider la relation qu’entretiennent les habitants avec la rivière ? Valentin Talabă nous répond : « Nous allons réitérer l’expérience de Dâmboviţa Delivery ». En parallèle, nous menons des discussions sur la qualité de l’eau de la rivière et sur la direction à prendre pour exploiter pleinement cette ressource essentielle. »

    Des solutions temporaires et permanentes ont été envisagées. Parmi elles, l’organisation d’activités sur les bords de la rivière: spectacles, discussions, expositions, interventions artistiques, etc, toutes ayant pour objectif de proposer la reconfiguration de cet espace aux autorités locales. Des appels à projet sont en cours pour des reconversions ou des réhabilitations d’espaces urbains, pour des projets artistiques permettant de redonner vie aux rives de la Dâmboviţa, pour des projets sociaux de soutien au communautés. Des projets qui permettront de tisser des liens et surtout, de sensibiliser les habitants à la présence de cette rivière qui traverse la capitale roumaine, un privilège que beaucoup ignorent encore. (Trad : Charlotte Fromenteaud)