Category: Fêtes et traditions

  • Accents traditionnels dans les vetêments contemporains

    Accents traditionnels dans les vetêments contemporains

    Mettre des accents paysans et même porter des pièces vestimentaires traditionnelles signifie que le succès est garanti sur Instagram et Facebook. Et c’est aussi sur les réseaux de partage que l’on peut trouver des groupes de personnes passionnés par les pièces vestimentaires traditionnelles, dont on peut apprendre toute sorte d’astuces sur la manière de porter, d’entretenir, de laver de tels objets de valeur. Explication avec l’artiste Lila Passima, responsable de la section d’éducation muséale du Musée national du paysan roumain : « Une des premières visites sur le terrain a eu lieu en 1997, lorsque j’ai découvert un endroit susceptible d’accueillir une exposition consacrée à la blouse roumaine et à la relation entre le peintre roumain Theodor Pallady et Henri Matisse. J’ai également découvert un couturier qui travaillait pour Jean-Paul Gaultier et qui avait copié quelques éléments figurant sur la blouse roumaine pour les mettre sur des robes de soirée. Ce sont autant d’informations qui nous parviennent difficilement, mais qui nous parviennent par le biais des communautés en ligne, par les groupes tels « Semne cusute » et « Ia aidome ». Ces petites associations et ONGs récupèrent d’une manière ou d’une autre la source traditionnelle des vêtements. Nous sommes donc heureux de posséder une collection merveilleuse. Nous comptons parmi les musées les plus importants, ayant 90 mille objets d’art paysan, qui ont trouvé leur place dans nos collections à commencer par celle d’Alexandru Tzigara Samurcaş, le premier directeur du musée. La collection de vêtements paysans comporte plus de 20 mille pièces : blouses, chemises, vestes. »

    La blouse roumaine est un des éléments de la culture traditionnelle les plus spectaculaires. Il n’y a qu’un pas pour que la blouse soit incluse dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle n’est plus un simple objet vestimentaire, mais une extension symbolique du corps humain, qui semblait jadis relier les plans terrestre et céleste. Portée quotidiennement dans les communautés traditionnelles, mais aussi dans des moments importants qui marquent des rites de passage, lors des fêtes de baptême, de mariage ou bien à l’occasion de funérailles, la blouse a été et sera toujours un élément identitaire incontestable. Lila Passima revient au micro de RRI : « Toute une série d’éléments décorent la partie inférieure du vêtement traditionnel roumain. Il s’agit des tabliers, qui complètent les foulards traditionnels brodés. Un tel costume de la région d’Argeş (sud) est désormais plus connu par la présence aristocrate de la broderie, par l’ingéniosité et par la complexité extraordinaire de la composition qui l’orne. Et cela est valable notamment pour le tablier décoré de compositions végétales. Y sont présentes transfigurées et synthétisées des fleurs des plus diverses, réalisées avec des fils métalliques et des paillettes. »

    Les blouses roumaines sont désormais des pièces de résistance sur les podiums du monde et les grands créateurs de mode incluent des éléments traditionnels authentiques dans les collections qu’ils présentent.

  • Ateliers de Pâques au Musée Grigore Antipa de Bucarest

    Ateliers de Pâques au Musée Grigore Antipa de Bucarest

    Le musée d’histoire naturelle Grigore Antipa est
    l’un des plus anciens de Bucarest, car le musée d’origine a été inauguré en
    1834. De nos jours il est un des musées les plus appréciés des jeunes et des
    enfants. Le majestueux bâtiment, situé juste en face de celui du gouvernement,
    accueille une série de dioramas très intéressants et captivants. Certaines
    datent même de l’époque du scientifique et naturaliste Grigore Antipa (1867 -
    1944) qui a d’ailleurs donné son nom au musée. Rien d’étonnant alors à ce que
    les enfants, habitués à visiter l’exposition permanente, participent aux
    ateliers régulièrement organisés par les muséographes. Pour Pâques, les
    ateliers sont adaptés à la saison.

    La fameuse « chasse aux œufs » en
    est le parfait exemple, et c’est ce dont nous parle Violeta Cosor, éducatrice
    au sein du musée : « Beaucoup affirment que nous avons
    emprunté cette tradition à l’Occident, mais l’objectif est avant tout de rendre
    les enfants heureux. Et si pour ce faire nous nous inspirons de ce qui se fait
    ailleurs, pourquoi pas ? Pâques est une fête de printemps, de jeux et de
    bonne humeur. Nous choisissons donc de mettre l’accent sur la bonne humeur, et
    pas nécessairement sur Pâques. Que font les enfants ? Ils ramassent les
    différents types d’œufs qui leur sont annoncés à l’avance. Par exemple, on leur
    donne pour consigne de ramener un œuf blanc en polystyrène et ils se lancent.
    On organise différentes activités : des ateliers où les enfants jettent
    des œufs dans un panier, un parcours où ils doivent porter un œuf déposé sur
    une cuillère et s’assurer de ne pas le faire tomber, un autre qui consiste à
    peindre les œufs. Voilà quelques exemples pour vous donner une idée. »




    Entouré d’un large jardin et disposant de beaucoup
    d’espace à l’intérieur, le Musée Antipa
    a beaucoup à offrir aux enfants désireux de jouer ou d’apprendre de façon
    ludique. Violeta Cosor nous raconte : « Nous organisons les activités dans le
    jardin lorsque le temps nous le permet. Mais nous avons des alternatives si ce
    n’est pas le cas. Au fond, l’espace dans lequel nous organisons les ateliers
    n’a pas vraiment d’importance. Nous pouvons jouer dans le jardin, dans la grand
    salle ou sur le parking, peu importe, mais pas dans la galerie de l’exposition
    permanente. L’idée c’est d’être dans l’enceinte du musée. L’important c’est de
    repartir avec le sourire et de donner à tous l’envie de venir s’amuser chez
    nous. »





    Le Musée poursuit sa
    série d’atelier en ligne pour permettre aux enfants de s’amuser et de découvrir
    quelques notions de zoologie grâce à l’art plastique. L’institution propose
    aussi ponctuellement d’autres ateliers sur des thèmes divers. De quoi s’occuper
    à n’importe quel moment de l’année ! (trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Traditions pascales dans les communautés catholiques de Roumanie

    Traditions pascales dans les communautés catholiques de Roumanie

    Elle est célébrée chaque année par les communautés catholiques simultanément ou bien – le plus souvent – une semaine avant les orthodoxes. Pâques est une fête mobile, la date étant établie en fonction des phases de la Lune, conformément à une décision du Concile de Nicée de 325. Explication avec Sabina Ispas, directrice de l’Institut d’ethnographie et de folklore « Constantin Brăiloiu » de Bucarest : « Après de longs débats, les conciles œcuméniques ont décidé de calculer la date de Pâques selon une configuration astronomique. C’est une date mobile, parce qu’elle est calculée en fonction des phases de la Lune. C’est pourquoi les chrétiens ont hérité du système de calcul de l’ancienne Pâque juive, période durant laquelle les événements ont eu lieu du point de vue historique. C’est pourquoi la date du dimanche des Rameaux et des Pâques varie entre certaines limites. Ce qui nous intéresse le plus, c’est la limite maximale, c’est-à-dire le début du mois de mai. »

    La tradition pascale la plus connue parmi les communautés catholiques de Roumanie, c’est l’arrosage. Initialement, les jeunes s’arrosaient avec de l’eau, mais de nos jours, les jeunes hommes et les adolescents des villages transylvains arrosent de parfum les filles auxquelles ils font la cour. Cette tradition de l’arrosage symbolise la purification et l’eau en tant qu’élément vital est elle aussi mise à l’honneur par les villageois qui décorent leurs fontaines d’œufs peints en rouge. Davantage de détails sur ce rituel avec Delia Şuiogan, ethnologue de l’Université du Nord de Baia Mare : « Tous les chrétiens catholiques des communautés rurales respectent ce rituel qui est entré dans l’espace roumain par filière germanique. Les jeunes s’arrosent les uns les autres durant le premier et le deuxième jour de Pâques. Au début, ils utilisaient l’eau, en signe de purification. Cet arrosage provient évidement de la période préchrétienne, ayant à l’origine un rituel imposé par Ostara, déesse de la fertilité et de la renaissance. Durant ces journées de fête, tout le monde s’arrosait réciproquement dans le cadre d’un rituel de purification, mais aussi de fertilité. Aujourd’hui, les chrétiens catholiques s’arrosent avec du parfum, en signe d’évolution de la fertilité vers la renaissance spirituelle, l’odeur du parfum ayant cet effet de la renaissance, d’annulation de tout ce qui est mauvais, pourri et de l’institution d’un état d’ordre ».

    La célébration de la Résurrection du Christ s’est transformée dans la société moderne en une occasion de joie collective, dominée par des influences occidentales, notamment dans l’espace urbain. Les figurines en chocolat, les petits lapins et les œufs colorés font partie de l’offre de chaque supermarché qui se respecte, les produits étant proposés aux clients bien avant les jours de fête. Delia Şuiogan évoque les deux symboles annuels de la fête. « C’est toujours via cette filière germanique qu’est arrivée cette légende de la déesse Ostara. En se promenant à travers les champs elle aurait trouvé un oiseau avec les ailes cassées. Touchée par cette image, la déesse souhaite aider l’oiseau pour qu’il ne meure pas. Une voix divine lui dit que si elle réussit à le transformer en un animal qui n’a pas besoin de voler, l’oiseau survivra. Et la déesse choisit de transformer l’oiseau en lapin. Ce qui est intéressant, c’est que ce lapin pond toujours des œufs. C’est pourquoi une fois par an, l’oiseau transformé en lapin offre en cadeau à la déesse qui lui a redonné le droit à la vie des œufs colorés, qui symbolisent la renaissance sous une autre forme. On dit que dès lors, les œufs sont peints et qu’il faut les chercher dans l’herbe en suivant les traces du lapin. Voilà donc comment est expliquée cette renaissance. »

    Tout comme à Noël, les cierges sont des éléments centraux de la fête de la Résurrection du Seigneur. Mais dans les communautés rurales, les cierges sont utilisés dans toute une série de rituels. Les cierges utilisés à Pâques sont gardés le long de l’année parce qu’ils portent une lumière sacrée, qui peut annuler les ténèbres et le chaos. Le cierge signifie aussi le sacrifice. La cire brûle et fond et en allumant des cierges, nous assumons le péché, le désordre, afin justement de restituer le sacré et l’équilibre.Joyeuses Pâques à ceux qui les célèbrent !

  • Le mois d’avril – traditions et symboles

    Le mois d’avril – traditions et symboles

    Dans le calendrier traditionnel roumain, le mois d’avril s’appelle « prier», le mois bénéfique. En roumain « a prii» signifie être bénéfique, propice. Et pour cause : c’est un mois propice pour les travaux agricoles, pour démarrer les semailles, pour nettoyer les constructions servant à l’agriculture ou encore pour réparer les outils agricoles. A compter de ce mois-là, les moutons ne pouvaient plus paître tout seuls, alors que les fermiers commençaient à les tondre avant de remonter vers les pâturages des montagnes. Cette période de l’année a aussi une dimension cosmique, surtout qu’elle est assez instable du point de vue de la météo.

    Détails, avec l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu: « Le mois d’avril se situe au milieu du printemps astronomique. Dans le calendrier traditionnel roumain, il existe une multitude de fêtes et de traditions liées à cette période de l’année. Elles concernent principalement les travaux agricoles, le pâturage, la pomiculture, la viticulture – des occupations que l’on retrouve dans toutes les régions habitées par les Roumains. Comme son nom l’indique, c’est un mois propice pour les semailles et pour les travaux de la ferme. C’est le moment où l’on nettoie les vignes et les vergers. En raison de la météo instable, on dit que, si les températures sont basses et que le temps soit mauvais, le mois de mai sera ensoleillé. Par contre, si en avril il fait beau temps, alors on peut s’attendre à ce qu’il neige au mois de mai. »

    Voici maintenant une tradition spécifique au mois d’avril dans toutes les contrées de Roumanie : la Journée des farces. En fait c’est la version roumaine du Poisson d’avril, dont les origines sont à retrouver dans la France du 16e siècle. A ce moment-là, par l’adoption du calendrier grégorien, la Nouvelle année, célébrée auparavant le 1er avril, fut déplacée le 1er janvier. Et comme, à l’époque, les nouvelles circulaient beaucoup moins vite qu’aujourd’hui, pendant un certain temps, il y a eu des personnes qui célébraient toujours la Nouvelle année le 1er avril. Cette fête des farces a traversé le continent pour arriver dans l’espace roumain, notamment au Banat (dans l’ouest) et en Transylvanie.

    Comment cela se passe en terre roumaine ? Explication avec notre invité, l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu : « Le mois d’avril commence par la Journée des farces. Le 1er avril, les gens jouent des tours les uns aux autres. On dit que celui se laisse tromper le sera toute l’année. Puis, c’est toujours au mois d’avril que l’on célèbre Pâques et le Dimanche des Rameaux, car c’est le moment où fleurissent les vignes et arbres fruitiers. Et puis, on ne saurait oublier les légendes, dont une compare le mois d’avril à un jeune homme qui travaillait pour un patron très riche. Cela dépend de la manière dont ce jeune homme travaille pour son maître, s’il est productif ou non : le mois d’avril en sera de même.»

    Enfin, une dernière tradition répandue sur le territoire roumain est celle des « feux vivants » allumés à l’aide de deux morceaux de bois seulement. Un rituel de purification des champs et des fermes, ainsi que des gens qui osaient sauter par-dessus le feu. Dans la spiritualité roumaine, les « feux vivants » du mois d’avril symbolisaient la régénération de la lumière et son triomphe définitif sur l’hiver qui venait de s’achever. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Saint Haralambie (Charalampe)

    Saint Haralambie (Charalampe)

    L’histoire note qu’au début
    du 19e siècle, une épidémie de peste a éclaté en Valachie,
    principauté qui couvrait le sud de la Roumanie actuelle. La contamination a été
    arrêtée brusquement par les prières des fidèles à Saint Charalampe. Depuis, les
    villages roumains respectent strictement une série de traditions liées à cette
    fête. En Transylvanie, les paysans offrent des céréales et du sel à Saint
    Charalampe. A l’église du village, les produits étaient bénis pour être
    utilisés ensuite dans la nourriture des animaux domestiques tout au long de
    l’année.






    Le rituel le plus répandu pour
    la Saint Charalmape est la confection d’une chemise de la peste. Le long d’une
    nuit entière, neuf femmes du village, choisies selon des critères qu’uniquement
    les communautés connaissaient, devaient filer la laine, coudre et broder une
    chemise de grandes dimensions, qui devait ensuite être accrochée à un arbre aux
    confins du village, avant le lever du soleil. Souvent, les femmes
    confectionnaient aussi une poupée de la peste, qui devait porter la chemise.






    Dans certains villages
    roumains, les confins étaient établis à la veille de la Saint Charalampe, à
    l’aide d’un chariot tiré par deux bœufs noirs, dans le cadre d’un rituel visant
    à protéger contre l’arrivée des maladies. Ce qui plus est, à l’occasion de cette
    fête traditionnelle, les hommes taillaient des visages humains en bois qu’ils
    installaient ensuite à l’entrée du village. Certains documents historiques
    témoignent de l’existence de ces sculptures au 19e siècle. Ces
    sculptures protectrices étaient aussi munies d’armes telles des épées et des
    arcs aux flèches pour créer un paysage hostile censé effrayer les maladies à
    même de menacer la communauté.






    Explications avec Delia Şuiogan,
    ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare : « J’évoquerais un
    rituel beaucoup plus ancien visant à défendre les communautés contre la peste.
    On dit que ces demi-divinités avaient le pouvoir de retenir la peste dans des
    chaines, l’empêchant d’infecter les gens. On parle aussi d’une période pendant
    laquelle tous les membres d’une communauté refusaient de manger avec le même
    but de se défendre contre la peste ».








    Une légende de Bucovine évoque Saint
    Charalampe en tant que personnage mythologique, qui tient la peste enchaînée dans
    des chaînes fer pour la libérer sur terre uniquement si les humains ne
    respectaient pas sa fête. Sur les icônes orthodoxes, Saint Charalampe est
    illustré de la même manière que Saint Georges, celui qui, sur un cheval blanc,
    tue le dragon, symbole du mal. La peste est illustrée en tant que personnage
    fabuleux avec des ailes, une queue de serpent et portant une armure d’écailles.

  • Traditions roumaines au mois de février

    Traditions roumaines au mois de février

    Cette appellation rappelle les forgerons du passé qui confectionnaient pendant l’hiver les outils agricoles utilisés au cours des travaux du printemps. Toutes les activités des habitants des villages roumains étaient étroitement liées au calendrier chrétien orthodoxe, qui régissait en fait toute la vie des fidèles : les jours de travail et de repos, les événements tels mariages et baptêmes et ainsi de suite. Le mois de făurar commençait par la fête de Saint Trifon, né à la fin du 3e siècle, dans une région à population grecque, située sur le territoire actuel de la Turquie. On dit que Dieu lui donna dès son enfance le pouvoir de guérir les malades et de lutter contre les démons. Dans l’espace roumain, Saint Trifon était le protecteur des vignes et des vergers, puisqu’il pouvait tenir à l’écart les insectes nuisibles. Par conséquent, afin de protéger les récoltes, les paysans marquaient strictement cette fête. Le 1er février, à la Saint Trifon donc, ils ne travaillaient pas, mais se rendaient à l’église pour prendre de l’eau bénite et arroser les arbres et les futurs potagers.

    Le deuxième jour du mois de février marque dans le calendrier religieux le 40e jour depuis la naissance de Jésus-Christ. Traditionnellement, c’est la Journée de l’ours, ou la fête de la « Stretenia » une sainte qui aidait les personnes besogneuses. Dans les régions de montagne, les parents mettaient du gras d’ours sur la peau des enfants, afin de pouvoir transférer la puissance de cet animal aux enfants, alors que les malades étaient soignés par la fumée produite en brûlant des poils d’ours. C’était toujours l’ours et son comportement qui constituait un repère pour prévoir la météo : si ce jour, le 2 février, était un jour ensoleillé et l’ours sortait de sa tanière, mais il rentrait aussitôt effrayé par sa propre ombre, l’hiver allait se prolonger pour six semaines de plus. Si, au contraire, le ciel était couvert et l’ours ne pouvait pas voir sa propre ombre et par conséquent il restait dehors, le froid allait s’adoucir, signe du printemps qui approchait.

    Le saint martyr Vasile (Basile), qui a vécu au début du 4e siècle et qui figure dans le calendrier chrétien orthodoxe le 11 février, est le protecteur des oiseaux sauvages et des femmes enceintes. On croyait qu’à compter de ce jour, les oiseaux migrateurs commençaient à rentrer et à chanter. C’est pourquoi il fallait absolument prier afin de protéger les récoltes contre les incursions des oiseaux et des animaux. Les femmes enceintes étaient également tenues de prier et de respecter le carême afin de donner naissance à des enfants sains.

    Après avoir connu un regain de popularité suite à l’importation de l’équivalent occidental de la fête des amoureux, la Saint Valentin, la fête roumaine du Dragobete est de nos jours une des fêtes culturelles et commerciales les plus connues en Roumanie. Fils de tante Dochia, figure importante de la mythologie autochtone, le Dragobete est célébré le 24 février. Les jeunes femmes mettaient leurs meilleurs vêtements et partaient à la recherche des premières fleurs du printemps. Bref, on croyait que l’amour pur des jeunes serait protégé pour toujours par cette créature mythique appelée Dragobete.

  • Les journées de l’ours

    Les journées de l’ours

    Terrifiant, imposant, puissant et habile à la fois, l’ours figure au centre d’une multitude de traditions et de fêtes roumaines. L’hiver est marqué par les « martini » d’hiver, qui se déroule début février. Sachez que dans le folklore roumain, l’ours est appelé ironiquement « Mos Martin » – « Tonton Martin ». Le monde pastoral suivait attentivement l’activité des ours et le cycle de leur vie. Le dernier mois de l’hiver marquait aussi la dernière étape de l’hibernation des ours.

    Traditionnellement, les gens de la campagne roumaine évitaient de travailler au cours de certains jours, pour ne pas fâcher les ours et protéger ainsi les troupeaux de leurs attaques en été. Fin janvier-début février, soit la période la plus difficile de l’hiver, est maquée par cet animal emblématique pour l’espace roumain. Détails avec Sabina Ispas, directrice de l’Institut d’ethnographie et de folklore « Constantin Brăiloiu » de Bucarest : « Les communautés d’éleveurs d’animaux suivaient avec attention tout ce qui se passait dans la nature, là où ils passaient une grande partie de leur vie. Ils étaient particulièrement attentifs à ce que leurs troupeaux ne soient pas attaqués par les prédateurs – loups et ours. Et nous le savons tous, plusieurs journées du calendrier traditionnel roumain étaient consacrées aux bêtes sauvages. »

    Dans les communautés archaïques, les hommes portaient avec eux une dent d’ours en guise de talisman et même des masques d’ours pour invoquer la puissance de cet animal féroce. Les paysans croyaient aussi que l’ours aidait les âmes des morts ŕ ne pas se tromper de chemin, qu’il avait le pouvoir d’écarter les mauvais esprits et les maladies graves. C’est pourquoi le samedi de l’ours, les paysans recevaient dans leurs foyers des jeunes masqués en ours pour être en bonne santé et prospérer.

    Dans les légendes traditionnelles roumaines, l’ours est placé sous le signe de la lune et le rythme de son hibernation marquait le passage des saisons. Écoutons à nouveau Sabina Ispas : « L’existence de ces prédateurs dans nos forêts était marquée par le passage rythmique des saisons. Après de longues observations, après avoir appris jusqu’aux moindres détails la vie de l’ours, les habitants de la campagne roumaine cherchaient à respecter la personnalité de cette bête pour la tenir loin des bergeries et des troupeaux. Et c’est pourquoi lors de certains jours il était carrément interdit de faire toute sorte de travaux. »

    Les Roumains ont même identifié toute une série de similitudes entre cet animal sauvage et les êtres humains. L’ours était respecté et transformé en une sorte de partenaire des habitants des régions montagneuses. Il ne manquait dans aucune célébration, depuis les fêtes d’hiver, telles Noël et la Nouvelle Année, et jusqu’aux anciennes fêtes pré-chrétiennes d’été. Les paysans lui dédiaient des jours de fête et essayaient de vivre en communion avec lui, sans pour autant troubler les cycles de la vie. La forêt pouvait nourrir et accueillir tant les humains que les animaux, et l’ours était une sorte de voisin costaud qui habitait une tanière au beau milieu de la forêt. Tout se passait bien s’il y restait.

  • Les tapis du Maramures

    Les tapis du Maramures

    Le Maramureş
    est une région du nord-ouest de la Roumanie, extrêmement riche en coutumes et
    traditions. Les tapis spécifiques de la région sont impressionnants tant pour
    les connaisseurs que pour toute personne qui les regarde. Couleurs douces,
    détails minutieux, motifs géométriques, symboles anthropomorphes et allégoriques
    – en voici les caractéristiques grâce auxquelles ces objets sont faciles à
    reconnaître.






    Dans
    les villages du Maramureş, il existe toujours des gens passionnés, qui font de
    leur mieux pour préserver les techniques rudimentaires du tissage manuel des tapis
    traditionnels. Parmi eux, Victoria Berbecaru, qui habite dans la localité de
    Botiza, et qui fabrique de tels tapis depuis sa jeunesse. Elle nous dit quelles
    spécificités sont à retrouver sur ses créations : « Premièrement, la couleur,
    qui est très reposante. De même pour les motifs qui sont à part : des
    losanges, des formes zoomorphes ou anthropomorphes. En créant mes compositions,
    je me suis inspirée des coutumes du village, des occupations des paysans que j’ai
    représentées à l’aide des plus belles couleurs. J’ai représenté sur mes tissus la
    célèbre balade « Mioriţa », avec les 3 bergers et leurs moutons. J’ai
    également brodé les symboles de la vie : la femme qui donne la vie et l’eau
    qui entretient la vie. La fontaine aussi, qui disparaît peu à peu du paysage
    rural roumain. J’ai représenté aussi le sapin, l’arbre de la vie. »






    Toutes
    les couleurs utilisées pour fabriquer les tapis du Maramureş proviennent de
    plantes. D’ailleurs, tout le paysage de Botiza est dominé par les couleurs. Les
    maisons du Maramureş sont simples, décorées de couleurs douces, un aspect qui a
    fasciné Victoria Berbecaru. Perpétuer l’art des tapis est une préoccupation des
    femmes de la contrée et une source de fierté pour l’ensemble de la communauté,
    un métier qu’elles tentent toujours de transmettre de génération en génération.
    C’est d’autant plus important que chaque dessin a un message à transmettre.








    Notre
    invitée nous en donne quelques exemples : « A part le fait d’être mère
    et épouse, la femme symbolise aussi le temps. Sur une de mes compositions, j’ai
    donc imaginé 7 femmes représentant la semaine ou la fuite du temps. Chaque
    jour qui passe tourne son dos à l’homme, donc tous les personnages ont le dos tourné.
    Pour que plus tard on ne soit plus à la recherche du temps perdu, chaque
    personnage nous invite à partager notre temps de sorte qu’en regardant le tapis,
    on soit persuadé que l’on a eu une belle vie, sans en avoir gaspillé une seule
    seconde. La ronde des jeunes est un autre motif qui parle de la vie du village.
    Il y a une multitude de motifs spécifiques au Maramureş. »








    C’est
    aussi grâce à l’alternance des couleurs typiques pour les artistes de la région,
    à savoir le rouge foncé, le vert et le jaune, que le tapis de Maramureş devient
    une des pièces de résistance de l’art traditionnel roumain, étant reconnu et
    apprécié par les Roumains et les étrangers en égale mesure. Les fils naturels,
    les pigments obtenus exclusivement de matériaux végétaux – autant de raisons
    pour lesquelles chaque tapis brodé au Maramureş est un objet unique, une véritable
    œuvre d’art. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le sapin

    Le sapin

    Dans la société roumaine actuelle, le sapin est associé aux fêtes d’hiver. Décorer le sapin la veille de Noël est une des plus grandes joies des enfants, mais aussi des adultes. Il y a des Roumains qui préfèrent décorer le sapin début décembre, pour profiter de l’atmosphère des fêtes tout le mois. Et pourtant, ceux qui connaissent la vraie signification du sapin dans la tradition roumaine ancienne sont peu nombreux.

    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare: « Le sapin est un des doubles végétaux de l’être humain dans la culture roumaine. Il fait l’objet de nombreux rituels. Le fait qu’il est connu de nos jours uniquement en tant que sapin de Noël prouve que la culture roumaine a perdu de nombreux rites anciens. D’où l’importance de déchiffrer les sens anciens des symboles de notre culture. C’est à peine au 17e siècle que le sapin de Noël apparaît dans la culture roumaine, donc très tard. Certaines communautés traditionnelles roumaines ne l’acceptent toujours pas. Ce qui est une bonne chose à mon avis. Dans la tradition roumaine ancienne, le sapin a une toute autre signification. Il est même interdit d’apporter le sapin à l’intérieur de la maison. C’était un mauvais signe que d’apporter le sapin coupé prématurément dans son habitation».

    Dans les sociétés traditionnelles, le sapin accompagnait les gens tout le long de leur vie, étant un élément clé de tous les moments de transition : le baptême, les noces et les funérailles. Delia Suigan nous en dit davantage : «Le sapin, en tant que double végétal de l’être humain, est utilisé dès la naissance d’une personne jusqu’à sa mort. Par exemple, lors de la cérémonie du baptême, au moment où un enfant recevait son nom on lui désignait un sapin. La manière dont le sapin poussait illustrait le développement de l’enfant. D’où le parallélisme entre l’univers humain et celui végétal. Le sapin fait aussi partie du rituel des noces. On coupait le sommet du même sapin qui avait été offert à l’enfant, pour que le jeune homme qui se mariait l’utilise en tant que drapeau de noces. Le sapin devenait ainsi le témoin du nouveau contexte social et culturel dans lequel l’homme se retrouvait une fois marié. Le sommet du sapin était attaché à l’extérieur de la maison, où il restait jusqu’au moment où il tombait tout seul. De nombreux symboles l’accompagnaient, dont celui d’une famille qui devenait un tout et qui ne se séparait plus jamais. Enfin, au moment des funérailles, on coupait le tronc du même sapin pour le transformer en lance, un autre symbole funéraire. Il devenait ainsi l’échelle par laquelle l’âme allait remonter vers le ciel ».

    Dans de nombreux ouvrages spécialisés, le sapin est associé à un axis mundi, une liaison permanente entre le Ciel et la Terre que les communautés traditionnelles tentaient de préserver. Cet arbre éternel devient ainsi un des éléments dont les symboles sont presque inconnus de la société moderne, mais dont les valeurs spirituelles sont très anciennes et très profondes. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le jour de l’Ignat

    Le jour de l’Ignat

    Rituel préchrétien à l’origine, accepté ensuite par l’église et superposé aux derniers jours du Grand Carême, la fête de l’Ignat coïncide avec la fête chrétienne du Saint martyre Ignatie. Le long de ces jours qui précèdent la naissance de Dieu, les mères de famille préparent toute sorte de recettes à base de viande de porc, les plats étant ensuite bénites avant d’être posées sur la table de fête à Noël. On parle des fameuses sarmale, soit des rouleaux de feuilles de choux farcies, des saucisses, du boudin, de la tête en aspic, bref toute partie du cochon se retrouve dans un plat spécifique à cette période.

    Les premiers morceaux à être préparés sont consommés le jour quant le cochon est tué et portagé en pièces prêtes à être transformées en toute sorte de spécialités. Bref, il s’agit de morceaux de viande, lard et même organes, cuits dans du saindoux et consommées avec de l’ail et de la polenta. A ne pas oublier non plus les légumes en saumure et le vin rouge de campagne. Comme c’est le cas partout dans le milieu rural en Roumanie à l’occasion des fêtes, ces premiers mets étaient offerts aux personnes les plus démunies.

    Explication avec Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du nord de Baia Mare : « La fête de l’Ignat est connue surtout à l’extérieur de l’arc des Carpates. Il est également attesté en Transylvanie, dans de vieux volumes sur le folklore local, mais il fait désormais partie d’une mémoire collective. Pour les Roumains, la fête de l’Ignat est liée plutôt à la religion chrétienne et ne savent pas qu’elle est une fête très ancienne d’ailleurs. A l’extérieur de l’arc des Carpates elle est soigneusement respectée et s’appelle l’Ignat des Cochons. Normalement c’est le 20 décembre que cet animal est tué et conformément aux croyances il est très important de faire une distinction entre les différentes races : cochons noirs ou blancs. Dans le cas du cochon noir, le sang et le saindoux était utilisé pour toute sorte de cures contre les maladies. Mélangé à la farine d’avoine, le sang du porc noir était utilisé comme soin par toutes les personnes malades de la maison. »

    Comme tous les rituels déroulés autour des grandes fêtes de l’année, ceux déroulés à l’occasion de l’Ignat réunissaient toutes les familles et les communautés d’autrefois. Détails avec Delia Suiogan : « Le cochon devrait être tué le petit matin, dans le cadre d’un rituel auquel participait toute la famille. Le sang du cochon était versé dans un pot neuf en terre cuite était ensuite enterré dans le jardin de la maison. Dans d’autres régions, le sang était bouilli et utilisé dans la préparation du boudin noir, une spécialité présente souvent sur la table familiale à Noël surtout en Transylvanie. A ne pas omettre aussi le rituel de la découpe du lard du cochon. L’aspect du lard en disait loin de l’année qui allait commencer, tant pour ce qui est des membres de la famille que des prédictions météorologiques. L’épaisseur et la couleur du gras recevaient certaines interprétations spéciales »

    Le sang est un symbole de la vie et de la purification, tout comme la lumière et la chaleur, éléments solaires qui accompagneront l’homme tout le long de l’année qui suivait. Dans de nombreuses communautés traditionnelles de Roumanie, les rituels de ce jour se sont perpétués à travers plusieurs générations, malgré les tentatives de la société moderne de mettre fin à ce genre de pratiques. De nos jours, cette activité a été plutôt adaptée aux réalités de la société moderne, étant largement répandue dans l’espace rural de Roumanie.

  • Les plus beaux marchés de Noël de Roumanie.

    Les plus beaux marchés de Noël de Roumanie.

    Tout
    d’abord à Bucarest il y en a plein, certains plus grands, d’autres plus petits.
    A part les marchés privés, le marché traditionnel, organisé par la
    municipalité, arrive cette année à sa 14e édition. Organisé Place de
    l’Université, il peut accueillir un millier de personnes tout au plus au même
    moment, en raison de la pandémie. Qui plus est, l’accès y est permis uniquement
    en présentant le certificat vert numérique, donc pour le visiter il faut être
    vacciné contre le coronavirus, avoir eu la maladie ces 6 derniers mois ou avoir
    un test PCR négatif très récent. Le tarif d’entrée varie cette fois-ci :
    le billet acheté en ligne coûte 5 lei (1 euro), alors que le billet acheté sur
    place coûte 7 lei (1,4 euros). Mais la bonne nouvelle c’est que c’est gratuit
    pour les enfants âgés de moins de 12 ans. La pièce de résistance du marché de
    Noël de Bucarest est son sapin géant, haut de 15 m et réalisé en bois et orné
    de décorations en bois sculpté, donc c’est un sapin réutilisable, durable et
    écologique. Aux dires des organisateurs, Père Noël y sera présent à compter du
    17 décembre, donc il faut vite écrire sa liste de cadeaux. Le reste on le sait
    déjà : vin chaud, desserts traditionnels, pain d’épice, cozonac, jouets,
    décorations, costumes traditionnels – tout cela est à découvrir et à
    redécouvrir sur ce marché. S’y ajoute un endroit spécial appelé Urban Christmas
    Market et destiné aux créateurs et maîtres artisans en tout genre, ainsi que le
    Classical Christmas Market, soit le premier marché de Noël de Roumanie mettant
    en valeur la musique classique des fêtes d’hiver et ouvert sur l’esplanade de
    l’Opéra national de Bucarest. A part ces grands marchés du centre-ville, il y
    en a d’autres, plus petits, ouverts dans les différents quartiers de la
    capitale, garnis aussi de patinoires.




    Un
    autre marché de Noël à ne pas rater est celui de Sibiu, superbe ville
    transylvaine sise au cœur même de la Roumanie. En fait, les marchés de Sibiu
    comptent parmi les plus beaux d’Europe. A la différence des années précédentes,
    cette fois-ci, pandémie oblige, le marché est organisé dans un périmètre clos,
    du coup il est possible d’avoir une évidence du nombre des visiteurs. A Sibiu
    aussi, on peut visiter le marché de Noël uniquement en présentant le pass
    sanitaire. Son principal point d’attraction, c’est la Grande Roue, installé sur
    la Grande Place et qui offre un superbe panorama de la ville. La patinoire n’y
    manque pas non plus. A noter que le concept de ce marché de Noël a été lancé en
    2007, lorsque Sibiu était Capitale européenne de la culture.




    Direction
    Oradea, dans l’ouest de la Roumanie. En
    décembre, la Place de l’Union d’Oradea se remplit de magie : parfum de
    cannelle, son de clochettes, chants de joie – c’est le marché de Noël, un des
    événements les plus connus de la ville. Les traditions, les concerts sur scène,
    les gourmandises n’y manquent pas non plus, alors que sous des milliers de
    petites lumières, les décorations en tout genre et les produits faits à la main
    font la joie des petits et des grands. Les enfants y sont invités pour profiter
    de la patinoire, du carrousel et autres activités intéressantes. Les gourmands
    sont bien servis eux aussi : qu’ils préfèrent le sucré ou le salé, le
    piquant ou le pimenté, il y a des produits délicieux pour tous les goûts !
    Enfin, les habitants de la ville, accompagnés par Père Noël lui-même, vous recevront
    les bras ouverts et feront de leur mieux pour rendre votre visité au Marché de
    Noël d’Oradea un des plus beaux moments de votre journée. Bref, à Noël la
    magnifique ambiance de fête s’empare de la belle ville d’Oradea !




    Les
    autres villes de Roumanie organisent des marchés de Noël tout aussi
    intéressants mais plus petits. Alors où que vous soyez – à Timisoara, Baia
    Mare, Suceava ou Oradea, vous allez profiter pleinement de la belle atmosphère
    des fêtes d’hiver.-

  • La Saint André

    La Saint André

    Andrei ou Andreea comptent parmi les noms les plus répandus en Roumanie. C’est pourquoi le 30 novembre est un jour important pour l’ensemble du pays. De même, Saint-André est le saint patron de la Roumanie. Une raison de plus de faire la fête. Par conséquent, le 30 novembre est jour férié chez nous depuis plusieurs années. Plusieurs coutumes sont liées à cette fête religieuse. Le Saint Apôtre André avait participé au baptême de Jésus et au choix des autres apôtres. C’est lui qui avait réuni les premières personnes converties au christianisme. Dans la tradition roumaine, la fête de la Saint André est liée à plusieurs pratiques de protection contre les loups. Et pour cause, jadis, la veille de la Saint André, pour protéger leurs foyers contre les morts vivants, les Roumains mettaient de l’ail aux portes et aux fenêtres. Selon les ethnologues, l’ail avait le pouvoir d’écarter les loups. La veille de la Saint-André est une nuit magique, une sorte d’Halloween à la roumaine si vous voulez. Une des pratiques était de garder l’ail. Les gens se réunissaient chez une vieille femme qui connaissait tous les détails de cette coutume. Chaque jeune fille du village y apportait trois têtes d’ail qu’elles mettaient à côté d’une poupée appelée Indrei et qui représentait une divinité préchrétienne qui devait mourir. On observait ainsi une sorte de veillée funèbre plutôt amusante, même si c’était carême avant Noël.

    Et c’est toujours à la Saint-André que les jeunes filles tentaient d’apprendre qui serait leur amoureux ou si elles allaient se marier l’année suivante. Parmi leurs pratiques : mettre des graines de blé sous l’oreiller. Le jeune homme qu’elles voyaient dans leur rêve et qui venait leur demander de semer le blé serait leur amoureux. Le blé est d’ailleurs un symbole important des fêtes de l’hiver. Enfin, Saint André est considéré comme le saint patron des loups, un animal important dans la mythologie roumaine car les Daces, les ancêtres des Roumains, l’avaient mis sur leur drapeau de combat.

    Du point de vue de la religion, Saint-André avait parcouru plusieurs pays pour prêcher l’Evangile, arrivant sur le territoire de la Dacie, en passant par la région actuelle de la Dobroudja, pour arriver ensuite en Grèce ou il fut crucifié, devenant un martyre chrétien. Symbole de son sacrifice au nom de la foi chrétienne, sa croix est en forme de X. Il est le patron de plusieurs pays orthodoxes comme la Roumanie, la Grèce ou la Russie. Sa croix se retrouve aussi sur le drapeau écossais. Enfin sachez aussi que le 30 novembre, des pèlerins des 4 coins de la Roumanie se rendent en Dobroudja, à la grotte où l’on dit que Saint André aurait vécu lors de son passage dans la région.

    De nos jours, les pratiques traditionnelles sont tombées dans l’oubli, surtout en milieu urbain. Une coutume persiste toujours : celle de mettre des graines de blé dans du coton trempé dans l’eau ou dans un petit pot à fleurs pour voir si la plante commence à pousser. Une petite superstition dit que l’année qui suit sera tout aussi riche que le blé qui a poussé. En plus, c’est amusant pour les enfants et une bonne leçon de biologie aussi. Il n’y a pas d’autres manières spécifiques de célébrer cette journée. Ceux qui portent le nom d’Andrei ou Andreea reçoivent des cadeaux de la part des proches. Les enfants qui ont ces noms peuvent offrir des bonbons à leurs camarades, les adultes peuvent offrir quelque chose à manger (pâtisseries, chocolats etc) à leurs collègues de bureau. Voilà pour la fête de la Saint-André en Roumanie. Une journée assez importante pour une bonne partie de la population, une fête religieuse aussi et un moment lié à nombre de traditions anciennes. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Les “martini d’automne”

    Les “martini d’automne”

    Dans l’espace
    roumain, la mi-novembre est marquée par une fête presque oubliée mais très importante
    autrefois. « Martinii de toamna », les « martini »
    d’automne étaient célébrés dans les communautés rurales des régions de montagne
    afin de protéger les troupeaux d’animaux et les maisons de toute incursion des
    animaux sauvages. Quelques jours durant, les paysans ne partaient pas à la
    chasse et ne plaçaient pas de pièges afin d’améliorer l’humeur des
    esprits de la forêt.

    A la maison, les mères de famille ne nettoyaient pas la
    maison, ni la cour et ne jetaient pas les ordures. Elles consacraient cette
    journée à une activité particulière et allaient chercher les racines de
    différentes plantes aux propriétés curatives. Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare : « Les femmes cherchaient toutes ces plantes aux propriétés
    thérapeutiques cueillies le long de l’année et prononçaient une invocation pour
    recevoir de la force curative qu’elles vont ensuite transférer aux humains. Il
    y a évidemment tout un rituel dans le cadre duquel les femmes mettaient toutes
    ces actions sous le signe de la puissance de l’ours. Elle recevaient ainsi une
    partie de sa puissance si elles réalisaient ces rituels durant cette fête.
    N’oublions pas que ce fut toujours à l’occasion de cette fête que les jeunes se
    costumaient en ours pour aller visiter les familles paysannes et leur faire des
    voeux. C’est une tradition qui, tout comme celles du printemps, a migré vers
    l’automne. Jadis, dans les villages roumains, certaines personnes portaient des
    peaux d’ours et lors d’une cérémonie publique marchaient sur les personnes
    malades dans une sorte de transfert symbolique de la force et de la santé. »



    Selon les croyances populaires, les personnes qui respectaient ces
    règles allaient être protégées tout le long de l’hiver des influences
    maléfiques. Ceux qui fêtaient les Martini d’automne étaient en même temps
    protégés des mauvais esprits mais aussi des attaques des loups et des ours. Des
    haches étaient suspendues aux toits des maisons en guise de protection contre
    toute attaque naturelle ou surnaturelle. Bref, nous avons à faire à une fête
    qui célèbre la force de la nature mettant l’ours au centre des pratiques. D’ailleurs,
    le nom de « Martini » renvoie à l’ours, que les enfants appellent d’habitude
    Mos Martin (Père Martin). Delia Suiogan revient avec davantage de
    détails : « Dans certaines régions roumaines, cette
    fête s’appelait aussi la fête de Toton Martin. La fête des martini renvoie
    aussi vers une divinité, un demi-Dieu en fait présent dans l’ancien calendrier
    dacique qui portait une peau d’ours et marquait l’union entre l’Homme et cet
    animal. L’ours n’était pas appelé ainsi normalement. On l’appelait
    « toton » ou bien « mon vieux ». Évidemment, il y a un lien
    avec les ancêtres humains. Il s’agit d’un véritable culte des morts. Dans le
    calendrier traditionnel, toutes ces journées qui sont consacrées aux ours précèdent
    en fait les journées de commémoration des morts en hiver, en automne et au
    printemps. Toutes ces fêtes invitent les personnes décédées il y a plus de sept
    ans à rentrer pour aider les vivants. »



    Symbole de la force, de la verticalité, mais aussi de la royauté,
    l’ours est à retrouver dans nombre de légendes et contes roumains, en tant que
    personnage qui aide le héros. Censées gagner sa confiance, ou bien le tenir à
    l’égard des troupeaux de moutons ou de bétails, ces fêtes des
    « martini » se déroulaient tant en hiver qu’au printemps. A l’instar
    des autres journées de fête, soigneusement respectées jusqu’à la fin novembre
    et qui culminent par la Saint Andrée, la fête des martini d’automne ouvrait annonce
    l’arrivée de l’hiver. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Les instruments à cordes dans la musique traditionnelle roumaine

    Les instruments à cordes dans la musique traditionnelle roumaine

    Aujourd’hui nous parlons à nouveau des trésors de la musique traditionnelle roumaine et nous mettons un accent particulier sur les instruments à cordes. Selon la définition du dictionnaire l’instrument à cordes est composé d’une boite de résonnance sur laquelle sont attachées des cordes. Les vibrations qui produisent le sont le résultat de trois types d’action : par pincement des cordes, c’est-à-dire par un déplacement initial de la corde qui est ensuite relâchée, avec les doigts éventuellement armés d’onglets ou un plectre (ou médiator), par frappe avec des baguettes ou de petits marteaux, ou bien par frottement avec un archet ou tout autre dispositif légèrement adhésif qui permet une excitation continue par relaxation, alors que dans les deux premiers cas, la vibration décroît après l’excitation initiale. Finies les explications à retrouver dans le dictionnaire, passons aux spécificités roumaines, puisque les instruments à cordes occupent une place à part dans le folklore roumain.

    D’origine orientale, ayant différents noms tels « kobza », « kobuza », « kobouz » ou « coboz », la « cobza » était connue dès la moitié du 16e siècle notamment en tant qu’instrument d’accompagnement dans la région de la Moldavie, de la Valachie, mais aussi dans le sud de la Transylvanie. La caisse de résonance piriforme est formée sur un moule avec des côtes en bois lamellé-collé. L’instrument a entre 8 et 12 cordes et le son est obtenu par pincement des cordes. Mais dans le folklore roumain, la « cobza » est aussi un instrument utilisé dans des solos.

    Conçue par les grands constructeurs d’instruments classiques le violon est également répandu dans le milieu traditionnel roumain. Le violon s’appelle « scripca » en Moldavie, dans l’est, « cetera » au Maramures, dans l’extrême nord-ouest, « lauta » en Transylvanie dans le centre et « dibla » en Olténie, dans le sud. Afin d’obtenir des sonorités à part, dans l’espace roumain, le violon a été adapté en lui ajoutant des cordes ou bien en lui modifiant la construction pour produire des hybrides. C’est le ca du violon à pavillon, ou le violon Stroh, d’après son inventeur Augustus Stroh, un instrument typique de la région de Bihor, dans l’ouest du pays.

    Originaire d’Italie, la mandoline, instrument à huit cordes, qui produit par pincement des sonorités plus aigues que la guitare est arrivée dans la culture traditionnelle du début du 20e siècle. Grigore Kiazim a été un des premiers instrumentistes de mandoline de Roumanie, un courageux soliste instrumentiste qui a réalisé un remarquable répertoire composé de chansons à danse et de pièces folkloriques turques.

    Instrument à cordes frappés par
    deux petits marteaux en bois, le cymbalum est un instrument spécifique aux
    ménétriers roumains utilisé en Valachie, Olténie et Moldavie. Il y a deux types
    de cymbalum : l’un est plus petit, portable, il peut être accroché au cou
    à l’aide d’une petite ceinture et l’autre est plus grand, posé sur des pieds en
    bois et utilisé par les orchestres plus grands. Il s’appelle le cymbalum
    hongrois, puisque sa forme définitive a été réalisée par le constructeur magyar
    Joseph Schunda.

    Et la fin de notre rubrique d’aujourd’hui est réservée au plus connu des instruments à cordes pincées, qui joue un rôle important dans de nombreux genres musicaux : la guitare. Dans le folklore roumain, elle joue un rôle d’accompagnement et les instrumentistes traditionnels utilisent la guitare à trois cordes pour accompagner la ligne mélodique du violon. Le même type de duo est utilisé aussi dans le nord de la Roumanie, dans la région ethnographique du Maramures, où la guitare a moins de cordes, est tenue verticalement et est appelée « zongora ».

  • La fête de la Sainte Marie

    La fête de la Sainte Marie

    En fait, le 15 août les
    Roumains orthodoxes marquent la Dormition de la Mère de Dieu, une fête appelée
    en raccourci « la fête de la Sainte Marie ». C’est aussi la journée de la
    Marine, car la Vierge Marie est la protectrice des marins du monde entier. Du
    coup deux types de célébrations ont lieu chez nous : l’une laïque,
    militaire, au bord de la mer Noire, avec un défilé des navires de la marine
    roumaine, l’autre religieuse, marquée par de nombreux pèlerinages. Comme le nom
    de Maria est très répandu en Roumanie, c’est un moment très important pour les
    familles aussi. Et puis, dans les communautés traditionnelles, de nombreux
    rituels sont associés à cette fête. Dans le monde rural traditionnel, la
    mi-août était le moment où la nature commençait à changer. Brûlées par le soleil
    très fort, les feuilles des arbres commencent à jaunir, les oiseaux migrateurs
    se préparent pour partir ailleurs, les gens commencent à ramasser leurs
    récoltes. On pensait que l’automne approchait et on faisait le passage vers les
    rituels d’automne, explique l’ethnologue Natalia Lazar, au micro de notre
    collègue Monica Chiorpec. La fête de la Sainte Marie du 15 août se superpose à
    d’autres moments importants du calendrier préchrétien. Par exemple, il y a des
    millénaires, une déité féminine était célébrée en cette même période de l’année,
    dont la fonction était de relier la terre et le ciel dans un équilibre parfait
    avant l’équinoxe d’automne. Un des rituels observés dans les communautés
    rurales roumaines est le carême observé à compter du 1er août,
    lorsqu’il est absolument interdit de consommer des produits d’origine animale,
    explique dans la même interview, l’ethnologue Natalia Lazar. Le 15 août, le
    carême finit et le jour est consacré aux pèlerinages.

    Personnellement j’ai eu l’occasion
    d’assister à une telle fête, il y a deux ans, au Maramures, une contrée du nord
    de la Roumanie où les traditions sont encore respectées. Le 15 août, les
    habitants des villages du Maramures mettent leurs costumes traditionnels et se rendent
    à l’église. Au village où j’étais, tout le monde s’est rendu d’abord à l’église
    nouvelle, pour rentrer ensuite à l’église la plus ancienne du village. Tous les
    villageois s’y rendent ensemble, au même moment, cela s’appelle une
    « procession ». Ils parcourent lentement le village et chantent des chants
    religieux. Les enfants vont devant la foule. Ils sont tous habillées en
    costumes traditionnels. C’est vraiment impressionnant à voir, même pour un
    Roumain. Dans les villes, ces processions n’existent plus. Mais au Maramures,
    toute la journée est consacrée à ces rituels. Au village que j’ai visité, les
    gens ont assisté à la messe dans l’église nouvelle, puis, une fois arrivés à
    l’église ancienne ils se sont répandus dans le jardin et à l’intérieur pour une
    demi-heure de prière. Silence total, partout. Certaines personnes touchent le
    murs de l’église pour être encore plus près de la divinité. C’est un moment
    extrêmement solennel. Et puis, une fois la procession terminée la fête commence.
    C’est la fin du carême, le gens peuvent enfin goûter à leurs plats préférés.
    C’est aussi le premier jour où les mariages sont permis après 15 jours de
    carême. Vu que les jeunes des villages travaillent généralement à l’étranger et
    qu’ils rentrent au pays en vacances, ils en profitent pour se marier avant de
    repartir. C’est pourquoi, le soir du 15 août, au Maramures, on voit des jeunes
    mariés partout et tous les restaurants sont archi-pleins. Alors si jamais vous
    êtes de passage en Roumanie à la mi-août, sachez que cela vaut vraiment la peine
    de visiter un village du Maramures le 15 août. Moi, j’ai été émerveillée par
    tout ce que j’ai vu et vous en serez aussi, j’en suis sûre.